Chapitre 39 : Message de rencontre
- Votre nom ?
- Aya Milani. Je suis une camarade de classe de Dennis Keyton. Si je ne me trompe pas, il a été accepté ici quelques heures auparavant.
Si l’androïde devait faire face à ses propres problèmes de virus informatique, partiellement causés par les actions irréfléchies du garçon, elle n’éprouvait pas de ressentiment à son égard. Après tout, elle avait accepté de l’héberger le temps d’une nuit pour échapper à la menace d’Arisa Harriet. Même si elle ne comprenait pas complètement les intentions de Dennis, elle n’avait pas insisté pour l’arrêter au point de se battre verbalement avec lui.
Elle avait tenu sa parole de ne plus s’interposer dans les affaires du jeune homme en ce qui concernait le Cercle des Proxys. Maintenant que son temps d’activité était limité par le virus d’Arisa, elle ne souhaitait pas prendre le risque de cesser de fonctionner plus tôt que prévu. Cela ne l’avait cependant pas empêchée de regarder la confrontation entre Brave et Axerola, ne pouvant pas déterminer avec certitude lequel des deux elle devait encourager dans cette histoire.
Il ne faisait aucun doute que le programme néfaste ayant infecté la Codéwatch de Dennis se trouvait là depuis un bon moment. Comme ses propres facultés s’étaient retrouvées affectées par le maudit virus du Cercle des Proxys, Aya n’avait pas pu remarquer sa présence lorsque le garçon était venu passer la nuit chez elle. Ses chances de remporter la victoire face à Axerola seraient restées incertaines mais cette situation déplaisante aurait pu être évitée.
- Il a été transféré dans la chambre 204 après son opération, indiqua le secrétaire de l’accueil. Si les visites sont acceptées, il se trouve toujours dans le coma. Vous perdez malheureusement votre temps.
- Aucune importance, merci pour vos renseignements.
Sa première réaction interne avait été de donner raison à cet homme. Après tout, peu importe ce qu’elle pourrait dire à Dennis, il ne serait pas capable de lui répondre. Mais malgré tout, elle préférait aller le voir. Son comportement dernièrement était particulièrement stupide mais rares demeuraient les personnes qui acceptaient de passer du temps avec elle. Si Aya comprenait de mieux en mieux les humains, elle montrait toujours des difficultés à s’exprimer comme eux.
L’androïde de Mister Phoenix avait également l’intention de jeter un rapide coup d’œil à la Codéwatch de Dennis pour étudier ce fameux programme qui l’enfermait sur le Réseau Codélia. Si elle doutait de pouvoir le briser avec ses moyens actuels, cela ne coûtait rien d’essayer. Des techniciens du Codélia Network Industries devaient se pencher sur le cas de Brave en ce moment même. Un échec de sa part ne signifierait donc pas grand-chose, Dennis finirait par se réveiller grâce à une aide extérieure.
- Regarde dans quel état tu es… tu aurais mieux fait de m’écouter, lâcha-t-elle en refermant la porte de la chambre derrière elle.
Dennis était couché dans un lit, le corps parsemé d’électrodes permettant de surveiller son rythme cardiaque en temps réel. Aya prit place sur le recoin du lit afin de jeter un œil à la Codéwatch du garçon. Même si elle se révélait moins performante qu’à l’accoutumée, la déléguée de classe avait noté la présence d’une caméra dans le recoin de la pièce. Comme elle comptait connecter son organisme à l’appareil de Dennis, elle se plaça dans un angle qui permettait de ne rien dévoiler de sa véritable nature.
Retrouver Dennis ne fut pas une mince affaire. Si elle l’avait entendu parler du cybercafé où il comptait retrouver Tsubasa pour la combattre, le jeune homme avait déjà disparu de l’établissement lorsqu’elle s’était présentée. Même avec un système interne défectueux, elle pouvait toujours émettre des hypothèses diverses sur la suite des événements. Se retrouver dans un hôpital restait la solution la plus logique si bien qu’elle avait commencé à pirater les systèmes de sécurité des plus proches pour découvrir sa localisation.
Aya se montra impressionnée par la complexité du mystérieux programme qu’elle tentait d’analyser. Même s’il ne faisait aucun doute qu’un humain l’avait conçu du début à la fin, elle ne se montrait pas capable de le briser. Elle aurait sûrement pu le faire au maximum de ses capacités mais elle n’opérait à présent qu’à environ soixante pour cent de son potentiel. Il fallait posséder le contre-programme pour sauver Dennis. Et il appartenait sans aucun doute au Proxy derrière ce programme.
***
- Ta tutrice aimerait que tu lui parles de la situation ?
Après avoir stationné le camping-car sur la place de parking que Victoria louait, elle retrouva aussitôt son élève à l’arrière du véhicule. Cette dernière lui raconta rapidement le contenu de la conversation téléphonique entretenue avec Stella. Avoir un responsable travaillant dans le milieu des médias reliés au Réseau Codélia ne leur facilitait pas la tâche, une chance pour elles que Shironeko se montrait compréhensive vis-à-vis de sa petite protégée.
Révéler trop de choses à Stella restait bien entendu exclu mais il allait falloir lui offrir un récit suffisamment détaillé pour qu’elle ne se montre pas trop inquiète. Alors qu’elle prenait place sur son fauteuil de prédilection, l’institutrice blonde commença à y réfléchir. Tsubasa n’était pas spécialement douée dans l’art du mensonge, ce serait donc à elle de créer une histoire suffisamment crédible, qui soit vrai mais à la fois cache les informations cruciales.
- Pendant que vous conduisiez, j’ai réussi à pénétrer le système de sécurité de l’hôpital où Dennis a été amené par son frère après notre match, révéla alors la brunette pour changer de sujet. Cela m’a permis d’obtenir l’accès à de nombreuses données.
- C’est une violation du secret médical, miss Axerola. Tu viens de commettre un délit des plus graves, intervint Cyby sur un ton vicieux.
- Cyby voyons. Nous sommes des hackeurs, rappela Victoria en tapotant l’écran de la Codéwatch de Tsubasa. Le hacking en lui-même est un délit. A ce stade, pirater un hôpital pour obtenir des informations ne représente plus grand-chose.
Tsubasa plaqua son main contre son visage. Être une intelligence artificielle n’empêchait pas Cyby de faire des remarques particulièrement inutiles tel un être humain ignorant. A croire qu’il le faisait volontairement dans un objectif d’amuser la galerie. Et pourtant, cela ne l’empêchait pas de commettre des actes irréfléchis comme celui de transmettre l’utilitaire des Cybéri-attaques à Dennis de façon à l’impliquer dans le conflit et attirer les Proxys hors de leur tanière.
Si la jeune fille disposait de sa propre part de responsabilité dans cette histoire, elle ne pardonnait toujours pas à Cyby d’avoir agi de la sorte. S’il avait confié pendant l’affrontement sur le circuit que Dennis agissait de manière bien trop incompréhensive par rapport à ses prévisions, son plan initial avait tout de même été d’utiliser le garçon comme appât. Dennis n’était pas une victime de l’Incident Effacé, ni un Proxy, ni lié au Cybéria d’aucune manière, il n’aurait pas dû être impliqué et finir dans un tel état.
- Tu as pu consulter le dossier de Dennis ? demanda alors Victoria afin d’éviter que la conversation ne dévie du sujet initial.
- Hélas… soupira Tsubasa. Il se trouve toujours dans le coma et l’équipe médicale chargée de lui ne parvient pas à mettre une raison sur le phénomène. Mais apparemment, ce n’est pas un problème physique. Cela a donc bien un lien avec ce programme activé depuis sa Codéwatch.
- Dans ce cas, c’est dû à un virus contenu dans le programme, dévoila l’envoyé du Cybéria.
Coder des virus qui fonctionnaient pleinement sur le Réseau Codélia n’était pas une mince affaire. Même des hackeurs talentueux s’avouaient vaincus face à cette épreuve. Si Tsubasa n’avait jusqu’ici jamais tenté l’expérience, elle ne pensait pas en être capable. En revanche, les membres du Cercle des Proxys montraient à chaque intervention leur maîtrise de cette capacité. Entre la suppression des barrières protectrices du circuit ou les annulations des tentatives de déconnexion, il y avait de quoi faire.
Mais Cyby ajouta alors qu’il s’agissait sûrement d’un virus différent par rapport à ceux qu’ils avaient pu rencontrer depuis leur implication dans cette guérilla. Dans le cas présent, l’utilitaire néfaste dont Dennis s’était servi possédait pour fonction de pénétrer dans le cerveau des gens afin de les contrôler. Tsubasa objecta que ce genre de choses ne pouvait pas exister mais l’intelligence artificielle insista. Après tout, la brunette avait été aux premières loges pour voir le changement de comportement de son camarade de classe.
- Moi qui pensais que ça se contentait simplement de rendre incontrôlable l’avatar de l’utilisateur, admit Victoria en croisant les bras.
- Ce n’est pas exactement ça, rectifia Cyby. Ce virus-ci se sert directement du Réseau Codélia afin d’infecter l’utilisateur. J’ai pu m’en rendre compte en analysant brièvement le programme à la suite du match. Certes, ça n’a pas duré longtemps mais ce fut suffisant pour que j’en comprenne la structure. J’ai ressenti une impression désagréable pendant toute mon analyse.
- Un virus informatique… murmura Tsubasa pour elle-même.
Si ce que leur expliquait Cyby était vrai alors cela signifiait que le Cercle des Proxys disposait d’un hackeur extrêmement talentueux dans leurs rangs. Il fallait avoir atteint un niveau exceptionnel en informatique pour parvenir à réaliser une telle prouesse. Nul doute que ce virus était une arme secrète des cyber-terroristes qui n’allaient pas pouvoir en abuser. Comme CE-01 se trouvait toujours auprès d’Axerola, le résultat final se montrait décevant pour eux.
Tsubasa lui demanda alors si avec suffisamment de temps, il se montrerait capable d’effacer ce virus afin de permettre à Brave de se déconnecter et à Dennis de pouvoir se réveiller dans le monde réel. Cyby ne se montrait malheureusement pas très optimiste sur le sujet. Le créateur du programme étant un véritable génie, l’intelligence artificielle allait avoir besoin du contre-programme pour être certain d’apporter son aide au jeune homme.
- Il est fort possible que le Cercle des Proxys cherche à nous contacter bientôt pour tenter de procéder à un échange, dit Victoria en se balançant sur sa chaise. Si nous acceptons de leur donner Cyby alors on recevra le contre-programme.
Un chantage qui ne plaisait pas vraiment à la brunette. Certes, elle utilisait l’envoyé Cybérien comme un otage afin de mettre pression sur les cyber-terroristes et ne ressentait donc pas d’attachement particulier pour lui. Mais le céder aux Proxys revenait à perdre son seul argument et possiblement sa seule chance de faire la lumière sur l’Incident Effacé. Mais d’un autre côté, la vie de Dennis dépendrait de ce programme miracle détenu par leurs adversaires.
Pour une fois, Cyby préféra ne rien à ajouter, comprenant la situation délicate dans laquelle ils se trouvaient maintenant. Il craignait ce que les Proxys entreprendraient si jamais ils parvenaient à faire main basse sur lui. Leur leader MoonCross avait tenté de détruire le Cybéria le mois dernier, nul doute qu’il chercherait à recommencer. CE-01 représentait à l’heure actuelle l’unique moyen de rallier le monde secret caché sur le Réseau Codélia, l’ayant scellé pendant l’attaque des Proxys pour protéger ses congénères.
- Nous ne pouvons rien faire à part attendre de voir si quelque chose se passe, déclara l’institutrice en rétablissant l’équilibre de son fauteuil. A moins que tu ne veuilles envoyer un message privé à Ethergeist ou à Arisa Harriet pour voir ce qu’il en est…
- Je préfère éviter, frissonna Tsubasa rien que de penser à cette idée.
Anxieuse, cette dernière posa la main sur sa ceinture qui avait accueilli récemment une seconde Pokéball. Après la confrontation contre Dennis, elle était parvenue à assurer la déconnexion de Blizzi pendant que Cyby procédait à l’étude du programme dangereux. Une chance que le Pokémon Arbregelé n’ait pas été affecté par le virus, contrairement à son dresseur. Par la suite, elle avait récupéré la Pokéball sur le corps inconscient de Dennis avant de fuir le cybercafé.
De ce qu’elle avait pu apercevoir pendant la bataille, le Pokémon Glace et Plante s'était montré perdu par le changement soudain de comportement de son ami mais avait tout de même continué à suivre ses directives pour lui faire honneur. Tsubasa n’avait pas encore osé ouvrir la Pokéball pour discuter avec Blizzi mais il était grand temps de le faire. Le pauvre ne méritait pas de rester dans l’ombre alors que la vie de son dresseur était en danger.
Alors que l’étudiante universitaire libérait un Blizzi désemparé de sa Pokéball pour converser avec lui, Victoria sentit le téléphone portable dans la poche de son pantalon se mettre à vibrer. Se demandant qui pouvait bien chercher à la joindre un dimanche en début de soirée, elle attrapa l’appareil avec appréhension. Si ses premières pensées se tournèrent vers son ami Takeru, qui passerait ses examens la semaine qui suivait, c’était un autre nom qui s’affichait sur l’appareil.
- Je viens de recevoir un message de Charlotte Linday, prévint-elle en commençant sa lecture. Vu le timing, je préfère m’attendre au pire.
- Attendez, depuis quand vous avez le numéro de cette femme ?
- Depuis que nous avons fait cette excursion à Phoenix System, dévoila Victoria. Je me suis dit que ça pourrait être intéressant de pouvoir rester en contact avec un cyber-chasseur, ça peut toujours être utile. Je te l’ai bien dit, non ? Même si nous devons nous méfier de tout le monde, il vaut mieux s’entourer d’alliés que d’ennemis. Et de ce qu’elle m’a raconté, Charlotte Linday aimerait bien qu’on élimine les Proxys.
Le professeur d’informatique s’attendait à ce que ce texte envoyé par l’aristocrate soit relié d’une manière ou d’une autre à l’histoire avec Dennis et ne fut pas déçue. Le chef de la Sécurité du CNI Edouard Keyton souhaitait discuter avec Axerola dans une zone protégée du Réseau Codélia que les utilisateurs ne pouvaient pas atteindre. Un mot de passe était indiqué à la fin du message pour rejoindre le point de rendez-vous si elle acceptait de se montrer.
Charlotte confirmait également ne pas avoir dévoilé l’identité de Tsubasa ni l’implication de Victoria dans l’affaire. Elle était simplement chargée de faire passer le message et ne se préoccupait pas vraiment de la réponse. De plus, Axerola n’avait pas besoin de se connecter en important l’intelligence artificielle du Cybéria avec elle, Edouard Keyton souhaitait simplement parler de Dennis et comprendre ce qui s’était réellement passé pendant le match de la matinée.
- Je vais y aller ! décida la brunette sans l’ombre d’une hésitation.
- Je ne sais pas si c’est ma méfiance qui parle mais il peut très bien s’agir d’un piège. Si ça se trouve, ils vont te capturer et t’empêcher de te connecter jusqu’à ce qu’on apporte Cyby. Je ne connais pas bien Edouard Keyton donc je ne peux pas vraiment anticiper ce qui t’attend si tu y vas.
Tsubasa ne pouvait pas vraiment se vanter de mieux connaître le frère aîné de Dennis. Certes, elle l’avait déjà rencontré quelques fois par le passé lorsqu’elle rendait visite à son ami mais ne lui avait jamais parlé sur une longue période. Même sans être un membre du Cercle des Proxys, Edouard Keyton resterait un adversaire tant qu’elle serait en possession de CE-01. Après tout, c’était sûrement lui ou un de ses collègues qui avait orchestré le combat avec Cataclysme.
Blizzi s’était montré compréhensif vis-à-vis de Tsubasa et ne montrait pas de signes de mécontentement à l’idée de se retrouver séparé de son dresseur pendant une période limitée. Le Pokémon Arbregelé savait que l’amie de Dennis ferait tout pour le tirer de ce mauvais pas et cela lui suffisait amplement. Bien déterminée à rejoindre le Réseau Codélia, la brunette rappela Blizzi à l’intérieur de sa Pokéball et nota rapidement le mot de passe de la zone protégée.
- Il agit certainement davantage en grand-frère qu’en employé du CNI, je peux comprendre qu’il veuille savoir pourquoi Dennis ne se réveille pas. Je vais lui expliquer ce que Cyby vient de nous révéler au sujet des virus informatiques. Peut-être que ça pourra aiguiller les techniciens pour briser le programme sans disposer de la solution possédée par les Proxys.
- Tu comptes vraiment y aller alors qu’il y a tout de même une possibilité que ce soit un piège ? s’étonna l’envoyé du Cybéria.
- Il a raison. Peut-être qu’Edouard Keyton a promis une somme d’argent à Charlotte Linday en échange de ce message. Il vaut mieux éviter de se jeter dans la gueule du loup, on peut lui expliquer le problème autour de Dennis par voie textuelle, ce sera moins dangereux, proposa Victoria, tendue.
- J’ai une part de responsabilité, rappela Tsubasa en allumant l’interface de connexion de sa Codéwatch. Tu vas venir avec moi, Cyby. Tu seras plus à même que moi de fournir un rapport sur la situation. Et puis s’il s’agit d’un piège alors je me déconnecterai illico. Le CNI n’utilise pas les virus comme le Cercle des Proxys, ils ne pourront pas me coincer.
***
Le point de rendez-vous se situait dans l’un des nombreux entrepôts virtuels de la cité Codélienne. Une limite invisible avait été construite autour afin d’empêcher les utilisateurs ne disposant pas des droits suffisants de la franchir. De même, il était impossible de filmer ce qui se passait à l’intérieur. Même les employés du CNI ne pourraient pas espionner une conversation avec Axerola sans se connecter par eux-même au sein de la dimension numérique.
Si son équipe de techniciens se trouvait encore sur place quelques instants auparavant, Edouard avait usé de son autorité en tant que chef de la Sécurité pour congédier tout le monde et avoir l’entrepôt pour lui seul. Il ne disposerait plus de ce pouvoir très longtemps donc attendre pour rencontrer Axerola était exclu. L’aîné des Keyton préférait ne pas penser à ce qui arriverait à son cadet s’il restait dans le coma pendant une durée très avancée.
- C’est vrai que je n’aimerais pas vraiment être à sa place. Être inconscient dans le monde réel et même sur le Réseau Codélia… commenta calmement Mirage.
La curiosité était bien trop forte pour que Charlotte Linday accepte de s’écarter sans écouter ce que Tsubasa aurait à dire si jamais elle acceptait de se montrer. Sous les traits de son avatar Mirage, la demoiselle s’était assise sur un des cartons présents dans un coin de l’entrepôt et fixait du regard Brave. Ce dernier se trouvait allongé à l’intérieur d’un tube aux parois translucides. Dans d’autres circonstances, on aurait pu penser qu’il dormait paisiblement.
Concernant Edouard Keyton, sa connexion était effectuée par le biais de son propre compte modérateur. Son apparence ne changeait pas par rapport au monde réel et il ne disposait pas de pseudonyme. Rares étaient les moments où le chef de la Sécurité devait lui-même se présenter sur la plateforme numérique, se contentant généralement d’orchestrer les événements depuis l’extérieur. Il avait presque oublié ces sensations de se retrouver séparé du monde réel pour en rejoindre un entièrement virtuel.
- Tu penses qu’elle va accepter de me rencontrer ? demanda Edouard, anxieux en réajustant la cravate de son costume. Après tout, cela peut sembler suspect qu’un employé du Codélia Network Industries souhaite subitement entrer en contact avec elle. Axerola doit savoir que l’entreprise souhaite faire main basse sur l’entité Cybérienne au même titre que les Proxys.
- Je pense qu’elle viendra, assura Mirage en enroulant une mèche de ses longs cheveux oranges autour de son doigt. Par contre, je ne peux pas confirmer que CE-01 sera avec elle. La logique voudrait qu’elle nous rejoigne seule.
- Aucune importance. C’est Dennis qui est le centre de mes préoccupations à l’heure actuelle, pas le Cybérien. Ce sera à ton frère et mon équipe de techniciens de se soucier de lui par la suite.
Leur conversation fut stoppée par un flash de lumière qui illumina l’entrepôt le temps d’une poignée de secondes. Quelqu’un venait de se connecter dans la zone modérée et il ne s’agissait pas d’un membre de l’équipe d’Edouard, qui ne reviendrait pour s’occuper de Dennis que le lendemain. Une tenue d’aviatrice, des lunettes sur le visage, une chevelure bleue coiffée en double-couettes. Il s’agissait bien de la « justicière virtuelle » Axerola.