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Bleuet fané de M@xime1086



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Informations

» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 06/07/2016 à 10:09
» Dernière mise à jour le 06/07/2016 à 12:11

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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11.— FAIRE DOUTER
Daisy attendait Violette depuis déjà deux heures. Allait-elle se décider à rentrer ou passerait-elle la nuit chez une de ses conquêtes ? Il lui arrivait de découcher quand elle trouvait un homme à son goût. Bien sûr, le lendemain, il n'était plus question de parler de cet individu avec qui elle avait partagé la même couche. Les histoires qui durent n'étaient pas ce que recherchait Violette. Ses premiers petits-amis avaient tenu quelques temps puis son mode de vie de consommatrice l'avait poussée à ne pas éterniser ses relations amoureuses. D'ailleurs elle n'employait jamais ce mot. Amour. C'était trop guimauve et cela manquait de précision et de justesse pour décrire les vraies relations qu'elle entretenait avec les hommes. Sexe. C'était bien mieux comme définition.

Daisy épiait le moindre bruit qui l'avertirait de la présence de sa sœur. Violette avait sans aucun doute bu et sa discrétion légendaire serait proche de zéro. Aucun mal pour l'entendre débarquer dans l'arène.

Daisy fit le tour du bassin qui servait de terrain de combat. L'eau était silencieuse. L'absence totale de bruit dissuada la sœur blonde de rester trop longtemps seule devant l'eau figée. Elle était habituée à être entourée et à entendre toujours plus de voix autour d'elle.

La fatigue de voir l'eau immobile l'accabla. Parfois, elle surprenait Ondine assise devant cette étendue d'eau, figée dans une pose de méditation. En pleine nuit. Comment faisait-elle pour ne pas être angoissée face au calme que dégageait ce liquide sombre ? Cela dit, Ondine était la seule à vraiment aimer l'eau en dehors de leurs parents. C'est d'ailleurs la passion pour cet élément, la mer, les poissons qui avait poussé les parents des Sœurs Sensationnelles à ouvrir une arène de ce type dans la ville d'Azuria. La cité manquait cruellement d'espaces aquatiques.

Daisy était prête à aller se coucher quand elle entendit des éclats de voix et des rires retentissants. Elle reconnut le rire aigu de sa sœur. Elle n'était pas seule.

« Y'a personne ici, tu veux coucher ? entendit-elle. »

L'homme qui l’accompagnait semblait aussi éméché qu'elle. Ils pouffaient comme des enfants et se tordaient de rire pour un rien. Ils commencèrent à s'embrasser langoureusement quand Daisy vint les interrompre, tapant du pied.

« Ce garçon va être gentil et rentrer chez lui, on est pas à l'hôtel. Et toi Violette, au lit ! »

Elle les sépara sans difficulté et poussa l'invité dehors, lui claquant la porte au nez.

« Mais on commençait à peine à s'amuser... se plaignit Violette, déçue de devoir aller se coucher après avoir passé une si bonne soirée. »

Daisy la tira dans la salle de bain comme un prisonnier tire sur son boulet pour avancer. Violette se laissait toujours faire dans cet état. On lui aurait demandé de sauter par la fenêtre qu'elle l'aurait fait par simple défi personnel. L'alcool avait sur elle un effet décontractant.

« Mais il peut rester avec nous, hein ? Fais pas ta mégère ! rétorqua Violette qui peinait à tenir debout.
- La mégère ici c'est toi. N'inverse pas les rôles. Au lit j'ai dit ! »

Violette avait l'air de trouver ça drôle que sa sœur joue les chefs rabat-joie.

« Avoue que t'étais jalouse ! T'es comme Ondine, vous m'enviez toutes parce que je suis toujours accompagnée d'un bel homme...
- En parlant d'Ondine, elle s'est absentée pour trois jours. »

Le comportement de Violette changea subitement. Cette dernière se mit à déblatérer des saletés sur sa sœur cadette comme quoi elle était irresponsable, qu'on ne laissait pas une arène en plan, qu'il en allait de la réputation de leur gymnase. Elle crachait son venin, comme à son habitude. Avec l'alcool, Violette devenait plus légère sauf quand il s'agissait d'Ondine. Dans ce cas précis elle redevenait un serpent au venin acide et mortel.

Daisy en eut assez d'entendre encore des critiques pleuvoir sur la championne en titre. En plein milieu d'un discours virulent, Violette s'interrompit, son cerveau traversé par une réalité qui s'offrait tout à elle. Un sourire d'abord narquois puis démoniaque parcourut ses lèvres.

Ondine était absente. Gary serait seul. C'était sa chance.

Un plan diabolique se mit en place dans sa tête gonflée par la fatigue et par l'alcool. Des paroles se figèrent dans sa bouche empâtée. Un sourire pernicieux se dessina sur son visage épuisé.

Quand elle se retrouva allongée dans son lit, elle se mit à réfléchir à un plan d'action. Son idée de base était de séparer sa sœur de ce gentleman. Ondine la détestait ; donc, ce n'était pas la peine d'aller fouiner de ce côté. Gary ne la connaissait pas. Elle pourrait le manipuler comme elle en avait l'habitude.

Cependant, un problème se posait puisque lors de leur première rencontre ils ne s'étaient pas bien entendus. Il fallait rattraper le coup. Violette se ferait caressante et douce pour endormir sa méfiance.

Deux choix s'offraient à elle : séparer le jeune couple ou piquer le compagnon de sa sœur. La seconde alternative ne lui plaisait pas. Elle tenait à sa réputation de briseuse de ménage. Mais peut-être qu'à l'avenir, elle tiendrait la promesse faite à sa cadette et lui volerait son homme. Il était très beau garçon et avait plus de charme que celui qu'elle avait ramené ce soir, qui lui avait seulement servi à payer ses consommations.

Elle s'arrêta un instant sur la première option. Les séparer. Facile. D'ailleurs étaient-ils seulement ensemble ? Cela restait à vérifier.
Comment procéder à la césure de leur joli petit couple... ? Ils n'avaient pas dû faire énormément connaissance. Peut-être même qu'Ondine ne lui avait pas parlé d'elle.

Quelle carte abattre.... Ah ! Elle tenait son joker. Si avec ce plan il ne filait pas entre les doigts d'Ondine, elle se convertirait en bonne sœur.

• • • • • • • • • •
Le lendemain, Violette se fit toute belle. Plus que de coutume. Au petit-déjeuner, elle se montra d'excellente humeur. Elle se proposa pour faire la vaisselle, chose qu'elle détestait faire habituellement. Daisy fut étonnée de ce changement radical. Qu'est-ce que sa sœur avait derrière la tête pour être aussi gentille ? Quand elle était comme ça, c'est qu'une crasse allait bientôt s'abattre sur l'un de ses ennemis.

Une joie secrète rendait la sœur aux cheveux bleus aussi douce qu'un agneau venant de naître. Daisy n'avait même pas idée de ce qui se tramait dans le cerveau tordu de sa sœur.

La matinée parut longue. Violette attendit la visite de Gary. Avec un peu de chance, dans la précipitation, Ondine ne l'avait prévenu et il se montrera.
Elle avait vu juste. Le beau brun se présenta à l'arène.

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« Oh bonjour, Gary.
- Ondine n'est pas là ? demanda-t-il en jetant un œil à l'arène vide. »

Violette, excellente actrice, prit un air contrit. Elle avait l'air peinée d'être la personne qui lui annoncerait une telle nouvelle.

« Ondine est à Argenta pour trois jours, chez son ami Pierre. »

Gary hocha la tête puis se dirigea vers la sortie.

« Dans ce cas je repasserai quand elle reviendra. »

Violette se mordit la lèvre supérieure. Si elle le laissait filer, il lui serait impossible d'avoir une seconde chance de briser leur couple. Elle se précipita vers lui, aimable comme jamais elle ne l'avait été pour un homme.

« Je peux vous raconter des anecdotes sur elle, si vous voulez. Vous la connaîtriez mieux après.
- Je préfère que ce soit elle qui me les raconte. »

Gary se méfiait clairement d'elle. Il lui serait impossible dans ces conditions de mener à bien un plan visant à le manipuler. Rien ne faisait froid aux yeux de Violette. Tant que Gary était là, devant elle, elle avait toutes ses chances.

« Ondine vous a-t-elle dit des choses sur moi ?
- Non, elle n'en a pas eu besoin. Je vois très bien quel genre de femme vous êtes.
- Et de quel genre suis-je, alors ? »

Gary préférait éviter d'envenimer la situation -déjà tendue- entre Ondine et sa sœur en critiquant cette dernière. Ondine lui avait raconté dans les grandes lignes qu'elles s'étaient disputées, qu'elle n'en pouvait plus de ses aînées. Il se dirigea une nouvelle fois vers la sortie. Violette n'eut pas le choix et rabattit son joker.

« Elle vous a sûrement parlé de Sacha... ? »

Gary se figea un moment puis reprit sa marche. Violette n'en resta pas là, trop contente d'avoir déposé la graine qui donnerait plus tard, elle en était certaine, un arbre fourmillant de doutes et de jalousie.

« Il a été son premier amour. »

Gary se retourna et vint planter son regard dans celui de la jeune femme. Peu lui importait que Sacha fut son premier amour, il fallait bien commencer à aimer. Si ce n'avait pas été lui son premier coup de cœur, il survivrait. Ondine avait elle aussi le droit d'avoir une vie privée avant leur rencontre.

« Je ne dis pas le contraire mais je doute qu'elle ait tourné la page. Elle en parle souvent à Daisy et n'arrive pas à se résoudre à tirer un trait sur lui. »

Tout chez Violette faisait authentique, sonnait vrai. Ces paroles semblaient aussi sincères que le noir est noir. Ondine y aurait cru elle-même.

Gary perdit toute l'assurance qu'il avait amené avec lui. Il essayait de lire sur le visage de son interlocutrice si elle disait la vérité. Violette ne se laissa pas démonter et prolongea ce jeu qui semblait être le début d'une jalousie pour le jeune homme. Elle connaissait ce sentiment chez les hommes. Au début ils n'y croyaient pas pour ensuite plonger tout entier dans l'incertitude et la rivalité malsaine.

« Il faut avouer qu'ils sont très TRES proches. Ils s'appellent régulièrement. Ils ont même voyagé ensemble pendant des années. Ce genre de voyage est le moyen le plus efficace pour nouer des relations intimes. Quand elle en parle, c'est une fontaine à compliments à son encontre. Elle a les yeux qui pétillent, n'est-ce pas ? »

Violette espérait qu'en effet, Ondine lui en avait parlé. Connaissant sa sœur, elle n'aurait pas pu s'empêcher de montrer qu'elle était une grande admiratrice de Sacha.

« J'ai bien vu qu'ils étaient proches et qu'elle l'estimait. »

Gary avait mordu à l'hameçon et luttait ; Violette tirait sur la ligne pour l'attirer dans ses filets.

« Évidemment, elle ne va pas vous montrer ses sentiments. Il a beaucoup de qualités et l'a sauvé de nombreuses situations périlleuses... »

Gary voulut répondre que lui aussi l'avait sauvé la veille.

« Il est brave, drôle, intelligent, sensible... et est un excellent dresseur avec un joli palmarès. Plusieurs championnats à son actif. »

C'était ce qui lui faisait défaut. Il avait bien vu dans le regard admiratif qu'Ondine portait à son ami qu'il était un bon dresseur. Bien meilleur que lui. Il savait que les femmes aimaient les dresseurs forts. Ondine était-elle comme les autres ?

Pourquoi Violette lui disait-elle tout ça ? Elle espérait sûrement créer un conflit. Il s'en rendait bien compte.
Rongé par un sentiment qu'il n'avait encore jamais connu et apprivoisé, il fit mine de ne pas être touché par le stratagème de la perfide Violette. Il ne voulait pas qu'elle gagne.

« Ondine m'aime, elle me l'a dit.
- Si vous saviez combien de fois elle nous a dit qu'elle aimait Sacha... Un dictionnaire ne suffirait pas. Pourtant cela ne l'a pas empêché de vous dire la même chose. »

Le jeune homme ne réussit plus à se contenir. Son visage n'était que colère et amertume.

« Ça suffit ! Vous ne me ferez pas renoncer à la femme que j'aime !
- Ce n'était pas mon intention, répondit innocemment Violette. Je voulais simplement vous prévenir. »

Elle s'échappa avec élégance pour laisser mûrir la graine qu'elle avait planté dans la poitrine du jeune homme. Il ne restait plus qu'à attendre que le temps fasse son travail et tout serait réglé comme du papier à musique.