Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Bleuet fané de M@xime1086



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 02/07/2016 à 06:55
» Dernière mise à jour le 02/07/2016 à 16:42

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
10.— CROIRE EN L'AVENIR
Les journées au cabinet étaient chargées. Ondine restait aux petits soins pour chaque Pokémon dont elle s'occupait. Certains étaient même repartis avec leur dresseur. Les lits se libéraient au fur et à mesure, la soulageant du poids dramatique qu'impliquait le soin des Pokémon.

Otaquin était l'un des résidents du cabinet qui n'avait pas beaucoup bougé depuis son arrivée. Son état était stationnaire, mais pour la dresseuse il restait énormément à faire pour redonner la joie de vivre à l'otarie.

Durant son séjour chez Pierre, Ondine dormait dans la chambre d'amis située au premier étage. Le confort y était simple et suffisant. Une salle de bain jouxtait sa chambre et la cuisine était au fond du couloir.
Elle aimait beaucoup passer ses soirées avec Pierre, à discuter du bon vieux temps. Ils dînaient sans la compagnie de la télévision qui ne servait qu'à retransmettre les bulletins d'informations ou les émissions divertissantes sans grand intérêt.

« Tu as des nouvelles de Sacha ? demanda un soir Ondine.
- Il vient de remporter son huitième badge. Il compte s'inscrire pour la Ligue de Kalos. Les éliminatoires sont pour bientôt. »

Ils avaient l'habitude de regarder ensemble toutes les compétitions auxquelles participait leur ami originaire du Bourg-Palette. Ils se souvenaient avec délice des combats auxquels ils avaient assisté au stade Indigo et à la Conférence Argentée. Suivre le parcours de Sacha était un principe auquel ils se pliaient volontiers, certains de la qualité des matchs que leur ami disputait.

« Tiens-moi au courant des dates, je m'arrangerai pour venir ces jours-là.
- On ne va pas chez toi cette fois ? »

A chacun des tournois, ils s'invitaient mutuellement. L'année passée, lors de la compétition de la Conférence de Verteresse, Ondine avait été invitée par Pierre.

« Disons que l'ambiance chez moi est... électrique. Violette n'en fait qu'à sa tête. Je préfère t'épargner sa présence. Te connaissant tu vas passer ton temps à draguer mes sœurs...
- Pas du tout ! s'indigna Pierre. Je me suis assagi. Je ne suis plus le bourreau des cœurs d'antan. »

Ondine n'en croyait pas un mot.

« Ne me fais pas croire que ton charme légendaire s'en est allé. Je te connais par cœur. Avoue que Joëlle te manque.
- Tu n'as pas son élégance ni sa grâce mais...
- Quel goujat ! »

Elle se leva de table et lui attrapa l'extrémité de l'oreille. Elle la lui tira si fort qu'il poussa un cri.

« Ce que je suis en train de faire ne te rappelle pas qu'il faut respecter les femmes ?
- J'allais souligner que ton physique avait beaucoup évolué dévoilant ainsi ta beauté...
- Je préfère ça. »

Elle se rassit et poursuivit son repas. Pierre se mit à dessiner avec sa cuillère des formes imprécises dans son potage.

« Si tu ne supportes plus tes sœurs, pourquoi n'ouvrirais-tu pas ta propre arène ? Après tout, c'est toi la championne, plus elles. »

Ondine posa sa cuillère, mit les coudes sur la table.

« Si je fais ça, je les poignarde dans le dos. Je ne vais pas les mettre dehors, elles sont autant chez elles que moi.
- Tu as bien des économies ? Loue un bâtiment que tu aménageras comme ton arène. »

L'idée n'était pas mauvaise du tout. Être débarrassée de Violette serait déjà bien rentabilisé. Elle serait enfin indépendante et ne devrait plus rendre de compte à ses sœurs. Elle se promit d'y réfléchir plus sérieusement à l'avenir.

« Au fait, j'ai une nouvelle à t'annoncer. J'ai rencontré un garçon... »

Pierre faillit avaler de travers. Comment Ondine devait-elle le prendre ?
Après avoir bu une gorgée d'eau, il cessa la toux qui le pliait en deux.

« Il s'appelle Gary. Je crois que c'est du sérieux. »

Pierre avait l'air d'y croire lorsque son amie lui expliqua en détails ses impressions ainsi que tout ce qui s'était passé depuis leur rencontre.

« Fonce alors ! Je suis content pour toi ! »

Ondine hésita avant de parler de ses doutes et incertitudes concernant sa relation avec le jeune homme.

« J'ai peur de mal agir ou de déraper.
- Vas-y en douceur et en sincérité. Comme moi.
- C'est cela, oui... »

Elle avait peur d'aborder avec lui un sujet bien plus délicat et intime : la sexualité. Pierre était un ami proche, il était son confident masculin attitré. En parler la rebutait. La raison lui semblait évidente : c'était un homme. Jamais il ne pourrait l'éclairer comme pourrait le faire une femme sur... la première fois.

Cela lui semblait abstrait. Elle avait du désir pour Gary et s'imaginait aller très loin avec lui. Ses sœurs lui avaient raconté leur "exploits" très tôt, comme pour la dégoûter. Ça avait marché, mais aujourd'hui tout était différent puisqu'elle était amoureuse et éprouvait une vive attirance physique pour Gary.

Elle avait pris ses précautions depuis qu'elle le fréquentait, présageant une histoire solide. Mais des questions et des interrogations la faisaient cogiter dans son lit le soir. Il lui arrivait même de rêver qu'ils s'embrassaient et allaient plus loin... Mais avant l'instant fatidique, elle se réveillait en sueur, encore choquée de l'aventure onirique qui la secouait.

Il était sûrement trop tôt pour en parler à Daisy. Depuis peu elles entretenaient une relation complice. Sa méfiance la rendait prudente. Elle allait devoir rester avec ses interrogations suspendues au dessus de sa tête comme une épée de Damoclès. Cela l'angoissait. D'autant plus que Gary l'avait déjà fait, elle en était certaine. Un homme aussi désirable avait déjà attiré à lui de nombreuses femmes par un simple sourire.

Son inexpérience allait être flagrante. Elle s'était confortée dans l'idée que sa première fois serait avec Sacha, un garçon encore moins adroit qu'elle. Ce changement dans sa ligne toute tracée n'était pas pour lui déplaire mais le dresseur du Bourg-Palette était lui aussi sans nul doute un novice et ne la jugerait donc pas.

Glee – The Scientist
Gary saurait la guider et la rassurer. Il était doux et patient. Même dans les songes qui l'épouvantaient, il se montrait tendre et attentif à ses préoccupations.
Elle préféra donc taire ses angoisses. Elle prit sur elle la menace de sa sœur et n'en dévoila rien à son ami qui la prendrait pour une paranoïaque.

Ces inquiétudes s'ajoutaient à l'état toujours préoccupant d'Otaquin. Malgré les soins constants qu'elle appliquait au Pokémon eau, ce dernier ne semblait pas s'inquiéter de sa santé fragile. Sa souffrance était une épreuve de tous les instants. Même les paupières closes, ses traits restaient figés dans une crispation qui faisait peine à voir.

Elle lui donnait à manger à la petite cuillère. Sa toilette était difficile à cause des perfusions qui s'accrochaient à son épiderme. Il fallait veiller à le maintenir quelques heures éveillé pour qu'il ne soit pas dans un état de léthargie constant.

« C'est terrible de finir paralysé comme un légume... pensait-elle quand elle remontait dans sa chambre. »

Elle gardait toujours sur elle la chaîne dorée, symbole de tant de souffrances. Un jour, elle le questionna sur ses origines, son passé. Il répondit distraitement par des cris laconiques.

« Dis-moi ton rêve, qu'est-ce que tu aimerais faire une fois sorti de ton lit ? »

Cette question attira toute son attention. Ses paupières fatiguées se fermèrent. Sa bouche se crispa. Des larmes filaient sur sa figure navrée. Il désigna sa truffe pâle et tenta des mouvements descriptifs mais la fatigue l'empêcha de continuer.

Quand elle s'entretint avec Pierre, ce dernier lui interpréta les gestes de l'otarie.

« Sa truffe lui permet de former des bulles dont il se sert pour exécuter des figures acrobatiques. Je crois que son rêve est de faire du spectacle, comme n'importe quel Otaquin. Mais si son état ne s'arrange pas, son ambition sera compromise... »

A partir de ce moment, pour motiver sa guérison, Ondine lui raconta les spectacles que ses sœurs jouaient à Azuria. Il semblait intéressé, voire enthousiaste. Il restait éveillé le plus longtemps possible pour écouter la fin de ces représentations qui prenait un aspect féerique.

« Quand tu seras sur pied, tu feras partie de notre troupe. Peu importe ce que diront mes sœurs, tu seras la vedette du show. »

Elle imaginait déjà Violette hurlant au scandale. Une otarie qui lui volerait la vedette, quelle honte !
Mais quand Daisy et Lily apprendront l'histoire de ce petit Pokémon, elles ne pourront qu'approuver de le laisser réaliser son rêve, que ce soit au détriment de Violette ou de leur réputation.

Les trois jours défilèrent aussi rapidement qu'une longue journée à faire les magasins. Devenir infirmière intérimaire était éreintant. Le cœur gros, Ondine se prépara à ne plus passer des heures entières aux côtés de son malade préféré. Elle dût expliquer à Otaquin qu'elle repartait à Azuria. Ondine lui assura qu'elle reviendrait régulièrement lui rendre visite.

La première personne qu'elle appela lorsqu'elle quitta la salle de récupération fut Gary. Elle devait au moins lui expliquer la raison de son absence. Lui raconter ce qui était arrivé à Otaquin.

« Salut... Désolée pour mon absence mais Pierre avait besoin de moi... Il n'était pas le seul d'ailleurs... »

Elle soupira. A l'autre bout du fil, Ondine crut discerner une voix souriante. Le jeune homme avait l'air soulagé d'avoir de ses nouvelles. Dans son enthousiasme, il balbutia des phrases qui l'auraient fait sourire si la fatigue n'avait pas été aussi accablante.

« Ça va ? Tu as l'air épuisée.
- C'était harassant de s'occuper de tous ces Pokémon. Si tu savais ce que j'ai vu. Il y a un dresseur qui a...
- Tu es rentrée à l'arène ? »

Il ne lui avait même pas laissé le temps de terminer sa phrase, pris dans un élan de fougue, d'excitation.

« Pas encore, répondit-elle dans une grimace. J'imagine déjà Violette qui me joue sa tirade habituelle à chaque fois que je pars pour une urgence. »

Gary redevint soudain sérieux.

« On peut se voir demain soir ? »

Ondine eut du mal à se concentrer ; elle fit le vide dans sa tête malgré la vision incessante d'Otaquin cloué au lit.

« Ça me changera les idées, oui.
- On dit dix-neuf heures chez moi ? »

Elle répondit par l'affirmative, voulant faire taire un bâillement sans y parvenir. Elle retourna auprès d'Otaquin une dernière fois avant son départ.

Le Pokémon eau avait la mine piteuse et semblait attristé du départ de la championne. Elle fit le nécessaire pour le convaincre de se battre pour qu'il puisse réaliser son rêve. Elle le quitta avec le sourire, convaincue qu'il serait en meilleure santé la prochaine fois qu'elle le verrait.

Otaquin n'avait pas réclamé la chaîne qu'Ondine avait gardé, n'ayant jamais existé à ses yeux.
La rouquine prit soin de la conserver comme un talisman lui rappelant le comportement égoïste de nombreux dresseurs.