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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 11/07/2016 à 10:15
» Dernière mise à jour le 11/07/2016 à 22:36

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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12.— ATTENDRE & CONSTATER
Depuis son entrevue d'avec Violette, une boule au ventre ne le quittait plus. Gary se jeta sur le canapé, abattu. Son regard se fixa sur l'horloge qui indiquait dix-sept heures. La soirée et la nuit allaient être longues...

Les paroles médisantes de Violette lui revenaient aux oreilles comme une sirène l'avertissant d'un imminent danger. Il savait que tout ce qu'elle avait dit au sujet de sa sœur fut programmé dans le but de le rendre jaloux. Il n'en était rien. Ce n'était pas la jalousie qui lui retournait l'estomac. C'était une sensation de manque qui le tiraillait.

Cette rencontre inopportune lui avait fait prendre conscience qu'il tenait plus à Ondine qu'il ne le croyait. Elle lui manquait comme il ne l'aurait jamais imaginé. Les heures qu'ils avaient passées ensemble lui semblaient peu de chose devant l'amour et l'envie qu'il ressentait à son contact. Sa vie, son existence même lui paraissaient vides, sans saveur.

Il n'avait pas beaucoup d'amis. La plupart voyageaient aux quatre coins du monde. Il recevait de leurs nouvelles par intermittence.
Il entretenait une relation plutôt difficile avec ses parents.

C'est assis là, devant un tableau qu'il avait récemment acheté, qu'il comprit l'ampleur de sa solitude. Il avait arrêté de papillonner, de chercher des relations sans lendemain parce que cet isolement se faisait d'autant plus sentir quand il se réveillait seul tous les matins, sans personne avec qui parler. Il avait envie de bâtir une histoire sérieuse et Ondine lui semblait être la bonne personne.

Il entendit son portable vibrer dans la poche de son blouson. Quand il lut sur l'écran le prénom de son ancienne copine, il abandonna son téléphone au milieu des coussins pour aller prendre une douche.

Daniela, son ancienne copine, ne cessait de le harceler depuis leur rupture. Elle espérait recoller les morceaux brisés de leur couple. Mais même avec la meilleure volonté du monde, on ne force pas un homme à revenir vers une femme une fois que tout est terminé.
Il lui avait pourtant expliqué d'abord calmement, ensuite en élevant la voix que cela ne lui servait à rien de l'appeler, qu'il ne répondrait plus. Ils s'étaient expliqués ; la page devait d'elle-même se tourner.

Sa mère était bien pire que Daniela. Elle l'incitait férocement à reprendre contact avec son ex petite-amie. Gary lui avait exposé les raisons de leur rupture mais pour sa mère, Daniela était un excellent parti. Riche, belle, cruche surtout. S'il lui était arrivé de se marier, sa mère aurait sans problème manipulé Daniela avec qui elle s'entendait à merveille, pour lui extorquer de l'argent.

Quand il jeta un œil à son portable après sa douche, il remarqua que Daniela n'avait pas laissé de message. C'était un immense progrès. Il était terminé le temps des messages vocaux brouillés par les larmes et la voix cassée. Cela faisait un mois que cette situation durait. Daniela finirait par se lasser.

Heureusement, Ondine était arrivée et son visage lumineux avait fait disparaître pour un temps ses tracas. Quand ils étaient ensemble, il se sentait respirer et non plus étouffer. Son absence était dure à combler. Il lui avait donné son numéro mais elle devait être trop occupée pour l'appeler.

Gary ne voulait pas paraître tel un mort-de-faim et préférait attendre son retour pour obtenir de sa bouche des nouvelles. Retourner à l'arène serait un désagrément qu'il préférait éviter de s'infliger une seconde fois, sachant Violette dans les parages.

Ses blessures recommencèrent à le faire souffrir. Il prépara le flacon de désinfectant, des compresses neuves et entreprit les soins nécessaires. Il enleva son peignoir bleu nuit, se posta devant la glace. Il étudia son visage. Son front lui paraissait plus large que de coutume. Les joues creuses, ses lèvres pâles et contractées lui faisaient présager qu'il ne se sentirait mieux qu'après le retour d'Ondine.

Il versa quelques gouttes d'alcool sur le coton et l'appliqua sur ses plaies et brûlures. Les muscles de ses bras se raidirent un instant.

« Il a beaucoup de qualités et l'a sauvée de nombreuses situations périlleuses... »

Lui aussi avait risqué sa vie pour la sauver. Un homme pouvait avoir ce genre d'acte héroïque pour une amie proche. Violette avait laissé planer le doute concernant Sacha. Ces deux-là se connaissaient depuis des années. Si Sacha l'aimait vraiment, ils seraient sortis ensemble depuis longtemps, se persuada-t-il. De toute façon, si ce dresseur était véritablement un rival, Gary ferait le maximum pour qu'Ondine fasse en sorte de la choisir.

Après avoir posé les compresses et jeté les cotons imbibés d'alcool dans la poubelle, il fit un peu de cuisine. Sa boule au ventre lui renversait toujours l'estomac. Il lui restait des pâtes, du poulet et quelques légumes.
Pendant que les tagliatelles au poulet cuisaient dans le wok, il installa son ordinateur portable sur la table de la salle à manger.

Une fois l'assiette sous le nez, il commença ses recherches. Dans le moteur de recherche, il écrivit "Sacha Ligue Pokémon". Mais des centaines de résultats défilaient. Il manquait d'informations. Ondine avait été plutôt discrète sur le sujet.

Il étoffa ses mots-clés de "Kanto", "Bourg-Palette", connaissant la ville d'origine des dresseurs débutants. Si Ondine était la championne d'Azuria à l'époque, elle avait sans doute croisé sa route à Kanto.

Il survola un article relatant le parcours d'un dresseur prénommé Sacha Ketchum, originaire du Bourg-Palette. Il y avait des portraits de lui disséminés tout au long de la page internet.

La première chose qui le frappa, même s'il était au courant que Sacha était un excellent dresseur, ce fut son palmarès. Arrivé dans les quarts-de-finale au plateau Indigo, à la Conférence Argentée, à la Ligue d'Hoenn et à la Conférence de Verteresse ; vainqueur de la Ligue Orange (il y avait une photo de lui brandissant le trophée). Il avait également récolté tous les emblèmes extrêmes. Son meilleur classement fut à la Conférence du Lys dans la vallée à Sinnoh où il avait accédé aux demi-finales.

Les photos dataient d'au moins quelques années, sinon une décennie pour les plus vieilles. Depuis, Sacha était devenu un homme. A travers l'écran, le sourire figé du dresseur lui paraissait sincère et teint d'un ravissement qui le rendait humble. Sauf pour la toute première photographie prise au plateau Indigo sur laquelle il riait béatement devant l'objectif.
L'article datait de plusieurs mois. Sacha était actuellement à Kalos dans l'intention de participer à la Ligue régionale.

Dans un nouvel onglet, il se mit à chercher les dates durant lesquelles la compétition se déroulerait. C'était bientôt. Dans un peu plus d'un mois. Si Ondine et Sacha étaient vraiment des amis proches, elle le soutiendrait et suivrait les matchs retransmis à la télévision. Ça serait une occasion pour lui de découvrir l'étendue des qualités de ce dresseur.

Il essaierait de se procurer des billets pour emmener Ondine voir en direct les combats. Ce serait une chance d'apprendre de nouvelles choses si Sacha était aussi bon que le suggérait le journaliste.

• • • • • • • • • •
Physiquement, Gary n'avait rien à envier à Sacha. Ils étaient tous deux bruns. La touffe dissimulée sous la casquette rouge et blanche de Sacha faisait témoin de négligence et d'un manque évident d'amour de soi. Gary était sans aucun doute celui des deux qui passait le plus de temps dans la salle de bain le matin, au moins pour se coiffer convenablement.

Il estimait que les yeux verts étaient mieux assortis à sa chevelure ombragée. Les yeux châtains étaient communs et ne faisaient aucunement ressortir ni la beauté ni l'intensité d'un regard.

Dans la physionomie même qui les séparait, il n'était pas dans la même "catégorie". Le dresseur du Bourg-Palette était plutôt grand, élancé. Dans la posture qu'il adoptait devant les caméras et les photographes, il dévoilait involontairement un manque de maturité flagrant. Il était gentil, ça se voyait. Gary, en le regardant, avait l'impression qu'avec le temps il n'avait pas beaucoup grandi et était resté prostré dans ses dix années bien comptées.

Gary paraissait plus adulte. Il avait un physique qui s'accordait à son âge. Il prenait soin de son corps et entretenait sa forme. Au niveau de la carrure, un fossé les séparait quelque peu. Gary était peut-être légèrement plus petit que Sacha mais paraissait plus bâti. Le sport qu'il pratiquait de façon régulière lui permettait de garder un physique travaillé.

Entre deux aller-retour pour obtenir un nouveau badge, il courait, nageait, escaladait même parfois. Gary n'aimait pas le sport collectif en salle. Ces endroits puaient la sueur et l'individualité.
Courir dehors, au petit matin, quand les rayons du soleil sont à peine chauds, était un régal pour les yeux comme pour les poumons. Regarder évoluer le paysage citadin ou végétal d'Azuria pendant sa course valait bien les écrans de télévision qui passaient en boucle des musiques censées motiver les abonnés aux salles de sport.

Pour la natation, il préférait les endroits discrets, non pas qu'il fut pudique mais à l'idée de nager au milieu des gosses qui urinaient, des grands-mères aux peaux fripées ou bien des hommes aux poils dorsaux proéminents avaient l'effet d'un violent répulsif. La mer ou bien les lacs comme celui où il avait été avec Ondine étaient idéals. Pas de cris ni de chlore. Juste la mélodie du vent, des arbres et de l'eau suffisait à rendre ses exercices physiques plus agréables.

Pour l'escalade, il n'en faisait qu'à de très rares occasions. Les reliefs de Kanto étant peu propices à ce genres d'activités, il avait néanmoins tenté l'expérience au Mont Sélénite. L'escalade demandait une condition physique rigoureuse.
La structure des montagnes entourant le Mont Sélénite formait un parcours ardu. Plusieurs fois il avait préféré s'arrêter à mi-chemin devant le danger que représentait une traversée complète des massifs. Beaucoup de journaux relataient la mort accidentelle de montagnards suite à de mauvaises chutes.

Gary entendit encore son téléphone vibrer. Redoutant une nouvelle charge de la part de Daniela, il refusa de répondre. La nuit tombait dans la salle à manger. Gary ne s'en était pas rendu compte, absorbé par ses recherches. Il était près de vingt heures.

Le jeune homme débarrassa son assiette, fit la vaisselle en allumant seulement le néon qui se trouvait au dessus de son front. A cause de l'eau, il n'entendit pas la sonnerie qui indiquait un nouveau message vocal. Il laissa son téléphone sur la table du salon et monta dans sa chambre.

Il s'allongea lourdement sur le lit. La douceur des draps et le soyeux de son peignoir facilitèrent son assoupissement. Il se réveilla plusieurs fois à cause de ses brûlures qui se ravivaient quand il sommeillait sur le dos. Le silence et le vide qu'il sentait dans la pièce l'oppressaient. La boule au ventre ne le lâchait pas.
Il ouvrit la fenêtre parce qu'il avait chaud puis la refermait deux minutes plus tard parce qu'il tremblait de froid. Du moins croyait-il que c'était à cause de l'air frais de la nuit.

Il sortit un livre de la table de chevet et tenta de se concentrer. Les lignes sous ses yeux défilaient sans qu'il n'y comprenne rien. Il devait s'y reprendre plusieurs fois avant de terminer un paragraphe.
Frustré, il rangea le livre là où il l'avait pris avant de replonger dans un état de semi-léthargie jusqu'au lendemain.

Lorsqu'il ouvrit les yeux le jour suivant, une sorte d'éclair lui fit prendre conscience que cette situation ne durerait pas encore deux jours. Une envie de partir, d'explorer les routes sur son moto le tira de son lit désordonné.

Il se prépara en vitesse, visualisant dans sa tête la carte de la région. En deux jours il avait le temps de faire un aller-retour à Carmin-sur-mer. Là-bas l'attendrait l'une des résidences de ses parents dont il avait toutes les clés.

Depuis plusieurs années la région de Kanto s'était adaptée à l'essor des bicyclettes et des scooters. Des pistes adaptées avaient émergé à côté des traditionnelles routes pour la marche. Gary aimait bien voyager à pied mais la vitesse procurée par un bolide comme la moto était unique.
Rouler sur les chemins allait lui vider la tête. Il en avait besoin. Quand il reviendrait à Azuria, Ondine y serait aussi. Il aurait l'esprit apaisé et l'absence de la championne ne lui chamboulerait plus l'estomac.

La route qu'il suivit pour rejoindre la ville portuaire était calme et peu empruntée. Il fit de nombreuses pauses, profitant allègrement du paysage que proposait la piste motorisée. Il déboucha sur un pic d'où il avait vue sur tout le parcours qui lui restait à faire. Au loin, la mer bordée d'immeubles tendait vers un aspect balnéaire de la ville. La solitude qui lui pesait à Azuria semblait devenir son partenaire de route sans qu'il ne s'en plaigne.
Comme il l'avait justement estimé, il arriva à Carmin-sur-mer dans la soirée. En arrivant en ville, son esprit était comme débarrassé du nuage de poussière engendré par toutes ses préoccupations.

Il retrouva une maison encore plus vidée de tout. Les meubles étaient épars, le silence dominait. Aucun moyen d'y échapper. C'est dans l'épais calme ambiant qu'il écouta le message que lui avait laissé sa mère la veille.
A sa voix furibonde, il comprit le motif de son appel : Daniela. Elle ne comprenait pas pourquoi il refusait de la prendre au téléphone et l'exhortait à la rappeler.

Il ne le fit pas. Quand sa mère se mêlait de ses histoires de cœur, cela finissait toujours mal. Il n'avait pas envie de se rabibocher avec Daniela dans l'unique intérêt de sa mère.
Cette nuit-là, il s'endormit comme un loir. Les blessures s'estompaient en même temps que le sommeil l'emportait vers la douceur de l'inconscience.

• • • • • • • • • •

Il fit un peu de lèche-vitrine avant de reprendre la route. Il avait fait un tour chez un artisan pour commander deux objets bien particuliers. Il les recevrait d'ici quelques semaines.

Puis il refit le chemin inverse pour retourner à Azuria. Pendant les arrêts, Gary surveillait son portable. Fébrilement, il attendait un appel ou un texto de la femme dont il souhaitait le retour. Mais à chaque halte, l'écran restait figé. Au moins il n'avait plus de nouvelles de Daniela, c'était déjà ça...

Il rentra en fin d'après-midi. Pendant la soirée, il poursuivit son plan de cheminement fictif à la conquête des badges. Il lui en manquait quatre. La moitié du chemin avait été réalisé.

Son téléphone vibra. Il s'en saisit en un éclair et décrocha.

« Salut... »

Il crut exploser de joie en reconnaissant la voix d'Ondine. A partir de ce moment, plus rien n'était sous son contrôle. Il obéissait à sa bouche qui sortait des fragments de phrases pendant que son cerveau se remettait du choc de cette surprise.

« Désolée pour mon absence mais Pierre avait besoin de moi... Il n'était pas le seul d'ailleurs... »

Dans l'explosion de joie que lui procurait la simple idée d'avoir au bout du fil l'être aimé, il crut discerner un soupir las.

« Ça va ? Tu as l'air épuisée.
- C'était harassant de s'occuper de tous ces Pokémon. Si tu savais ce que j'ai vu. Il y a un dresseur qui a...
- Tu es rentrée à l'arène ? le coupa Gary, impatient.
- Pas encore. J'imagine déjà Violette qui me joue sa tirade habituelle à chaque fois que je pars pour une urgence. »

A la simple évocation de la sœur aux cheveux bleus, Gary fut vidé de tout l'enthousiasme qui l'avait animé jusque-là.

« On peut se voir demain soir ? demanda-t-il pour retrouver un semblant d'ardeur et de fougue. »

Ondine, au bout du fil, prit le temps de réfléchir. La fatigue l'avait terrassée. Otaquin restait suspendu à ses pensées.

« Ça me changera les idées, oui.
- On dit dix-neuf heures chez moi ? »

Ondine approuva avant de faire taire un bâillement récalcitrant. Gary raccrocha avec dans l'idée que demain soir allait être la soirée qu'il ne fallait pas manquer.