Smirnoff R. de Domino

« Music makes the people come together
Music mix the bourgeoisie and the rebel »
(Madonna, Music)



Les six avaient changé de lieu de pitance et mangeaient maintenant au routier, tous les six. Malcom s'était mis face à Roland qui avait Charlie et Léopold à ses côtés, tandis que Claire mangeait entre Malcolm et Rachel.

-C'était une bonne idée d'amener son propre panier repas, les sandwiches en vitrine avaient l'air rances.
-De toute façon rien ne vaut le fait-maison ! Sourit Claire.
-Les bons petits plats de maman ! Rappela Roland en regardant significativement Malcolm.
-Tu… t'adresses à moi ? Parce que je crois me rappeler que toi, les petits plats de ta mère, tu les donnais à tes Pokémon.
-Ou à ceux de mon père. Bon sang Rachel, lâche ce téléphone.
-Megan nous salue tous et espère qu'on s'amusera bien.
-Et arrête de mentir !

Rachel tendit le téléphone où résidait le SMS.

-Ca ne prouve rien ! Et éloigne ça de moi, ça sent les sous-vêtements du diable !
-Abruti…

Charlie et Léopold se faisaient toujours la tronche, ce que Claire ne put s'empêcher de noter.

-Oh voyons les garçons !
-Non, désolé, on ne sacrifie pas une boîte à outils pour faire plus de place ! Grogna Charlie.
-Mais on n'en aura pas besoin ! Charlie, on n'est jamais tombés en panne en douze ans de vie commune !
-Québec, voiture de location, ça te dit rien ?
-C'était une voiture de location !
-Et là c'est un Van loué !! On est maudits j'te rappelle ! Grogna Charlie.
-Il ne tombera pas en panne !
-Autre chose, de quel droit tu vires cette boîte à outils ?
-Elle a jamais servi ! T'y connais que dalle en mécanique !

Roland sembla savourer son taco.

-Hmmm… Comme disait papa, Les tacos sont meilleurs quand deux homos se disputent à côté.
-Léopold, est-ce que tu te rappelles de qui nous a offert cette boîte à outils ?
-… John ? Etienne, Kenny ? Une de tes sœurs ? J'ai toujours trouvé que Marine était un peu plus garçon manqué…
-Mon père ! C'est mon père qui m'a offert cette boîte à outils ! Tu t'en rappelles même pas !
-Ca n'a pas dû me marquer…
-C'était pour notre CREMAILLERE à Céladopole !!! Sale con !!
-M'insulte pas !!
-Si j'veux ! T'es incorrigible, tu penses à rien !!

Roland sourit.

-J'ai bien choisi ces ailes de poulet ! Tu en veux une, Malcolm ?

Tout le monde regarda Roland. Malcolm plissa les yeux.

-Tu… TOI, tu me donnes quelque chose ?!
-C'est la Saint quoi aujourd'hui déjà ? S'étonna Rachel.
-Tu crois que je devrais tout me rappeler ? Charlie enfin !
-On est un couple ! Le but même d'un couple c'est au moins de tout se dire !
-Ailes de poulet, Claire ?
-Si ça ne t'embête pas…
-Je ne te parle plus !
-Moi non plus ! Tu te fous complètement de nous deux !!
-Et toi tu crois que je devrais forcément tenir un journal de notre couple ! Soupira Léopold.
-N'exagère pas, je veux juste que tu te souviennes des détails importants !
-Eh bah quoi ! Ton anniversaire c'est le huit décembre, notre première fois c'est le… euh… le… C'est en avril ou en mai ?
-Va chier !
-TOI VA CHIER !

Charlie et Léopold se tournèrent le dos, fâchés.

-Han merde, le feuilleton est fini… soupira Roland.

***

-Monsieur Barry Emerson, professeur d'Histoire.
-J'appelle Roland Smirnoff !

Lequel frappa du front contre la table. « Putain non PAS AVEC UN PROF D'HISTOIRE !!! »

-Et Francine Cuvert !

Une jeune fille à lunettes, un peu coincée à première vue, habillée très sobrement, se plaça aux côtés de Roland.

-Cuvert, hein. Jeunesse difficile. Enfin, ce n'est pas Cublanc, c'est déjà ça.
-Tu veux mon poing dans ta face ?

Roland regarda Francine, ébloui.

« Ouah… Ca, c'est de la poulette ! »

***

-Bien, présentez-vous !

Barry Emerson est un homme plutôt frêle, avec des taches de rousseur et des cheveux roux.

-… Je suppose que la galanterie impose que tu me laisses la place, Francine.
-Va te faire mettre !

Roland hocha la tête.

-Commence, abruti !
-Bon. Je suis Roland Smirnoff mais vous pouvez m'appeler Roland tout court. Je suis sorti premier de mes quatre classes à l'académie…
-Bah voyons, vous l'avez entendu ce petit merdeux ? Tu peux aussi lui mettre tes couilles sous le nez pour qu'il les lèche !

Roland plissa les yeux et regarda leur professeur.

-La seule idée me fait vomir !
-Moi aussi !

Ils se regardèrent. Roland sentit naître une complicité mais Francine lui colla une tarte.

-Continue à répondre au monsieur, sale blanc-bec !
-… Oui… J'ai 15 ans et j'ai quatre Pokémon, sans compter mon frère et ma sœur.
-En plus t'as un humour de merde !
-Oui, merci, on me le dit souvent, surtout quand je suis à côté d'une pétasse hystérique !

Deuxième baffe dans la gueule pour Roland. Ca ne le rendit que plus épris de la jeune fille.

-Moi je suis Francine Cuvert. Le premier qui me fait une réflexion sur mon nom de famille a droit à une tarte dans la gueule !
-Et attention, elle est bonne cuisinière malgré les apparences !

Nouvelle tarte.

-Mon nez va finir par saigner… grommela Roland.
-J'ai fait mes classes au Lycée Catholique de Saint Thomas d'Aquin, et j'étais une fort bonne élève.
-Et le vœu de chasteté alors ?!

Nouvelle tarte.

-Toi, je te ferais lire des pages de la Bible !
-Comme disait Maman en me proposant de lire Harry Potter : « On ne lit jamais assez d'idioties ! »

A la fin de la journée, le visage de Roland avait doublé de volume.

***

Retour dans la voiture. Malcolm prit le volant avec Léopold en passager. Charlie se plaça à côté de Roland qui soupira.

-Pourquoi j'ai l'impression que mes pilules contre la migraine vont m'être très utiles ?
-Léopold m'énerve.
-Ca me fait une belle jambe.
-Comment il peut oser éprouver une telle indifférence envers notre couple !
-Je me le demande…
-En plus il savait que cette boîte à outils m'était précieuse !
-Je n'en doute pas… Les filles, assommez-le !
-Désolées, sourit Rachel, mais lui qui t'accapare, c'est ta bile de moins sur nous !
-Exactement ! Sourit Claire.

Malcolm conduisait avec le plus de flegme possible. Léopold le regarda.

-Ca va, Mac ?
-Hm-mm.
-Ecoute, je sais que… C'est un peu pas bien de ma part, mais… Je sais un peu ce que c'est que d'être adopté.
-Ta situation est différente.

Léopold plissa les yeux.

-C'est vrai, mais…
-Léo, toi depuis le départ tu savais que tu n'étais pas issu de tes parents. Je viens de l'apprendre !
-Oui mais très jeune, j'ai su que… j'étais pas élevé par mes vrais parents ! Ca m'a mené sur de mauvaises voies, j'ai très vite été un peu névrosé à cause de ça. Sans Charlie j'aurais peut-être mal tourné.
-Alors réconcilie-toi avec lui.
-Oui mais tu as un problème bien plus important…
-Je suis pas en couple, j'ai juste… un souci parental !
-Oui mais Malcolm, c'est assez grave quand même…
-Non, ça ira. Je t'assure.

C'est alors que le pire qui puisse arriver arriva : Le moteur cala.

-Oups… marmonna Malcolm.
-BORDEL DE MERDE !!! Hurla Charlie.

***

Claire, Rachel, Roland et Malcolm observaient Charlie et Léopold qui s'enguirlandaient devant le capot.

-J'aurais dû écouter ma mère !! Grommela Charlie.
-Oh bah voyons !
-Tu es un INCAPABLE !!! TA CONNERIE NOUS BLOQUE AU MILIEU DE NULLE PART ! ON SERA MEME PAS RENTRES POUR LA REPRISE DES COURS !!! J'EN AI MARRE DE TON INCONSCIENCE DE MERDE !!!
-ET MOI J'EN AI MARRE QUE TU JOUES LES PERES-LA-MORALE !!!
-Moi j'aimerais voir l'effet que ça ferait si on leur lançait des cailloux pendant leur dispute ! Vous croyez qu'ils exploseraient ?! Demanda Roland.
-Si j'avais pas joué les pères la morale, tu serais sûrement dans le coma suite à une orgie puissance 10 !
-Oh bah voyons parce que toi avec les prostitués ça restait chaste !
-Je t'ai déjà demandé de ne plus parler de ça !! Surtout pas devant nos amis ! Grogna Charlie.

Roland soupira et approcha le van.

-Ok, Will et Grace, éloignez-vous de ce van.
-Pardon ?!
-Tu vois pas qu'on se dispute ?!

Roland se retourna vers les trois autres.

-Vous voyez une dispute vous ?
-Bah…
-Comment dire…
-Ahem…
-Moi je vois… deux personnes qui s'aiment mais qui ont décidé de s'engueuler pour une raison idiote.
-On s'engueule parce que ce connard de bisexuel a oublié la boîte à outils !
-… J'apprends de nouveaux mots ! C'est quoi, une boîte à outils ? S'étonna faussement Roland.
-Ouais bah la lope refoulée en face n'a pas été foutue d'y penser AVANT le départ !
-Je pensais que c'était une évidence qu'elle y soit et que tu ne serais pas assez CON pour l'enlever.
-Mon Dieu si vos mères entendaient ça ! Par contre ce serait super si la mienne entendait.

Roland ouvrit le capot du van.

-T'es un abruti ! Je l'ai toujours su, le jour où on a reçu les réponses des facs, quand j'ai vu que tu avais été reçu qu'à Céladopole…
-C'est moi l'abruti et c'est toi qu'est pas foutu de passer une connerie d'examen de champion d'arène ?!
-Oh mais vas-y, balance ça sur la table !! Connard !
-C'est moi le connard ? Attends, en matière d'oubli t'es pas mieux, Charlie ! Tu oublies souvent le lubrifiant pour « Tu sais quoi » !
-Pardon ? C'est toi qui adore ça !

Roland se retourna.

-Claire, j'ai besoin de ton Groret pour soulever légèrement le moteur.

Elle s'étonna.

-Tu t'y connais ?
-Un peu. C'est une surchauffe mêlée à une défaillance batterie. L'ennui c'est qu'on n'a pas de Pokémon électrique, donc la seconde ne sera réparable qu'avec… Hm… Malcolm, tu as du lustrant acier ?
-Bien sûr, oui, pour Blast. Il faut bien que je récure sa carapace.
-Ok, avec cette solution, on devrait combler la défaillance batterie sur 200 kilomètres, mais il nous faudra des piles de rechange. J'en aurais pour une heure avec Newton pour refroidir correctement le moteur. Rachel, si tu peux remplir la batterie et la refroidir aussi…
-Ca devrait se faire… T'es sûr de ton coup ?
-Ouais. Oncle Travis m'a appris pas mal de trucs. Ca devrait aller. Je tends à penser qu'il s'y connaissait un peu.

Léopold et Charlie se regardaient en chiens de faïence.

-Tu vois, lui il fait quelque chose !
-Oh mais vas-y, Charlie, tape-toi Roland !

Roland regarda Charlie.

-Mais oui, vas-y, encule-moi ! Vous devriez même vous y mettre à deux, j'ai l'anus si extensible à force d'en chier de vous entendre… J'vous jure, déjà une fiotte ça va mais alors deux…

Charlie regarda Roland, éberlué. Léopold lui tapota dans le dos et, quand Roland fut retourné, lui asséna un coup de poing.

***

-Oh…

Les Pokémon de Roland réussirent à merveille un parcours d'obstacle. Tetarte, Phyllali, Metamorph et Absol étaient alignés après leur parcours.

-Je n'ai jamais vu une telle cohésion entre quatre Pokémon. Votre équipe est très bien formée, Roland.
-Merci monsieur Emerson.
-On passe à vous, Francine.

Elle sortit Macronium, Migalos, Elecsprint et Keunotor. Roland ricana (Ca le faisait toujours rire ce genre d'équipe) ce qui lui valut un coup de pied dans les tibias.

-Ouch !!
-Cesse de rire, pauvre tâche !

Les Pokémon réussirent beaucoup moins bien que ceux de Roland (Mais comparer l'agilité de Migalos et d'Absol ne se fait pas.)

-Eh bien Francine… Vous ne faites pas mieux !
-Hmph… C'est la faute à ce pauvre type ! Il a le cul bordé de nouilles !
-… J'aimerais bien mais ça serait un peu trop décoratif…

Elle lui colla une gifle.

-C'est comme si j'étais giflé par des pétales de rose !

Elle lui colla une béquille.

-Arrête de me PARLER !
-Oui d'accord !

Elle le gifla encore.

***

Roland massait Metamorph, exercice indispensable pour qu'il conserve sa capacité à se transformer rapidement. Le professeur approcha Roland. « Je devrais vraiment m'inscrire sur ce groupe « Mort aux roux » sur Facebook ! »

-Excuse-moi, Roland… Est-ce que ça va avec ta camarade ?
-Francine ? Il est fort probable qu'on finisse dans des toilettes publiques, la fièvre au corps. Pourquoi ?
-… J'ai cru ressentir une tension…
-La fièvre, c'est tout !
-… Vraiment ?
-C'est une simple anicroche, vous n'avez pas à vous en préoccuper.
-Enfin, elle te frappe beaucoup quand même !
-J'ai quelques bleus mais… Ca vaut le coup, je suppose.
-Comment ça ?!
-Oh rien. Des broutilles.

Roland regarda Francine qui sortait de la douche du centre Pokémon, habillée mais les cheveux mouillés. Un net sourire se dessina sur son visage.

-Monsieur, si vous voulez y aller…
-Volontiers !

Francine vint s'asseoir sur le banc à côté de Roland.

-Qu'est-ce que tu regardes toi ?
-… Toi !

Nouvelle baffe.

-Vicieux.
-Tu es jolie c'est tout !
PAF ! - Menteur !
-Si tu le dis… sourit Roland, toujours fixé sur ces cheveux trempés.

***

Roland rouvrit les yeux sur Malcolm.

-Ca va ?!
-Hm…
-J'ai collé une bière fraîche contre ta joue. Ca te donne un look de saoulard…

Roland s'étonna. Il vit soudain Rachel et Claire hurlant sur Charlie et Léopold.

-CA SUFFIT VOS DISPUTES A LA CON !
-Frapper Roland alors qu'il essayait de faire quelque chose c'est vraiment minable !! Geignit Claire.
-EXCUSEZ-VOUS L'UN ENVERS L'AUTRE ET ENSUITE ENVERS ROLAND !

Léopold et Charlie se regardèrent.

-Tu as oublié la boîte à…

Rachel gifla Charlie.

-Aïeuuuh !!
-DES EXCUSES !
-… Excuse-moi.
-Excuse-moi aussi… d'avoir oublié.
-… Pas grave.
-A Roland, maintenant !

Roland observa Groret et Musteflott qui s'étaient mis au travail avec le moteur. Rachel tenait le lustrant.

-Super… On va pouvoir redémarrer.
-Roland, tu devrais pas essayer de bouger, t'es quand même tombé dans les pommes.
-Pourquoi tant de gentillesse après tant de froideur ? S'étonna Roland.

Malcolm sourit.

-Je sais ce que tu penses vraiment à propos de… mes parents et moi, et ça me fait plaisir que tu fasses preuve d'une telle compréhension.
-Claire t'a raconté ?
-Non, je faisais semblant de dormir, sourit Malcolm.
-… Quelle humiliation !
-Ca m'étonne que tu soies aussi sincère avec Claire et pas avec moi.

Roland sourit.

-C'est plus dur avec toi. Avec toi ça prend du sens.
-C'est pour ça que je suis fier d'être ton pote ! Sourit Malcolm.
-Je croyais que c'était pour ma capacité à te ramener à la réalité !
-Aussi, mais moins.

Léopold et Charlie se pressèrent devant Roland qui soupira.

-Nan. Ca me ferait trop plaisir. Rabibochez-vous, au lieu de vous disputer stupidement.

Charlie et Léopold hochèrent la tête. Roland sortit Newton qui refroidit le moteur avec ses Poinglace. Le Pokémon usait de ses mains gelées sur la pièce mécanique.

Cela prit un bout de temps mais les autres en profitèrent bien. Charlie et Léopold s'étaient réconciliés. Claire jouait avec ses Pokémon. Rachel était encore sur son téléphone. Au bout d'une heure et demie, Roland ferma le capot, en nage.

-Et voilà ! On peut repartir ! Ouf…
-On y sera à temps ?! S'étonna Claire.
-Oh, avec notre chance, je pense qu'on peut espérer…

Tout le monde remonta en voiture, Claire se mit au volant, à la surprise de tous.

-Désolée, j'avais envie de me défouler sur un volant !

Malcolm prit la place passager.

-Et moi j'ai besoin d'une place confortable !

Claire sourit et partit à toutes berzingues.

-CA MARCHE ! S'enjoua-t-elle.
-MOINS VIIIIITE !!! Geignit Charlie.
-Oh lala… geignit Rachel à son tour, pas rassurée.

Et Roland qui pionçait de son effort de la journée…

***

Peu avant l'examen, les rapports de Francine et Roland semblaient apaisés.

-Ce genre de fleurs qui restent éternellement belles.
-Tu en sais des choses.
-C'est une de mes qualités.

Roland et Francine se regardèrent.

-Je… suppose que le moment est bien choisi.
-Pour ?
-… Eh bien… Francine, je… suis pressé par mes sentiments de te dévoiler… l'affection débordante que je te porte.

Francine s'étonna et éclata de rire devant la déclaration éclatante de sincérité de Roland.

-Quelque… quelque chose ne va pas ?!
-Ah mais voyons Roland, quel crétin tu fais ! HAHAHA !
-… Je ne comprends pas…
-Espèce d'abruti ! Je préfère les filles ! Je pensais que c'était assez clair ! Les hommes me dégoûtent !
-…
-Et toi en matière d'homme… Bah excuse-moi mais… T'es franchement ridicule ! Haha haha ! Amoureux de moi bah voyons !

Roland plissa les yeux.

« La garce… »

***

Roland se réveilla. Il faisait presque nuit et il était seul dans le van. Il en sortit, étonné.

Les autres regardaient le ferry, déjà loin.

-Han la haine !
-A une demi-heure près on l'avait ! Soupira Léopold.
-Eh ben… soupira Malcolm, tout ça pour ça.

Roland arriva.

-On l'a raté alors ?!
-Désolés, Roland… geignit Charlie.
-Ouais, c'était surtout toi qui y tenait… soupira Claire.
-Bwooooh, on aura fait un beau voyage. On n'y va pas, on n'y va pas. Si on part maintenant on sera rentrés demain matin. J'ai pas sommeil du tout, je nous ramène.

Tous acquiescèrent et retournèrent au van. Roland regarda au loin l'île de Cramois'ïle.

« Désolée, Cramoi'Looza. Personne ne te verra. Cette année du moins. Parce que la prochaine fois j'y serais à l'avance ! Héhéhé… En fait oui si je les avais pas invités… Je serais déjà là bas. »

Roland sembla réfléchir.

« Au fond, c'est peut-être mieux de ne pas y être mais d'y avoir été avec eux… Je sais pas, je suis même pas mécontent. »

Roland s'en retourna vers le van et prit le volant. Sur le chemin, tous semblaient globalement heureux. Charlie et Léopold étaient réconciliés malgré leurs différends. Malcolm dormait contre Claire. Rachel était assoupie sur le siège passager. Roland regarda son portable, elle venait de recevoir un nouvel SMS de Megan. Il secoua la tête en soupirant et repartit avec Hey Jude dans le poste.

Lors de l'examen final, Roland fit preuve d'un aplomb extraordinaire. Le jour des résultats, il fut affublé d'une mention spéciale pour excellence. Un fait qui constitua sa grande fierté. Il se contenta de dire à ses parents qu'il avait été reçu.

Il aperçut Francine. Il quitta Malcolm qui l'avait accompagné. Francine était avec ses amies.

-Oh, Francine !
-Tiens ! Les filles voici le mec avec qui j'ai fait mon voyage itinérant.
-Hihihi ! T'avais raison, on dirait un farfadet !
-Hihi !
-Je suis content que tu sois là, Francine. J'avais peur que tu ne viennes pas !

Francine éclata de rire.

-Regardez-le, si serviable, si touchant, si… MINABLE ! HAAAAHAHAHA !

Malcolm s'étonna du flegme de Roland. Il l'approcha.

-Euh… Tu m'expliques pourquoi tu fréquentes ces pétasses ?!
-Chut. Regarde.

Roland et Malcolm accompagnèrent Francine jusqu'au tableau des résultats.

-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!!!
-Oh mon DIEU !!
-Bon sang !!
-Oh Francine !!

Malcolm s'étonna. Il regarda le tableau et écarquilla les yeux.

-C'est la seule recalée ???
-Eh oui… sourit Roland.
-… Ouah… T… tu as eu une mention spéciale et elle est recalée ?!
-Ouais.
-M… Mais…
-OH NON JE VAIS DEVOIR REDOUBLER TOUTE MA CINQUIEME ANNEE !!! OUIIIIIIN ! ET JE DEVRAIS REPASSER L'EXAMEN !!!
-Cruelle ironie… soupira Roland. Viens, on s'en va.
-EN PLUS ILS ONT ORTHOGRAPHIE MON NOM « CUL VERT » !!

Roland ricana. Malcolm s'étonna.

-C'est vache ! Tu t'es délecté de la tristesse de cette pauvre fille ?!
-C'est une pétasse, un point c'est tout.
-Qu'est-ce qu'elle t'a fait ?!
-Elle est lesbienne.

Malcolm plissa les yeux.

-Roland, je n'arrive pas à croire que tu sois homophobe !
-Oh, tu n'as pas été en voyage avec elle, toi, ça se voit.
-Tes parents ont des tas d'amis homosexuels !
-Et alors ? J'ai le droit de ne pas aimer ça !
-...Et ton prof ? Ca a été ?
-Un rouquemoute.
-Aouch… Là je peux comprendre !
-N'est-ce pas !