Codélia Network - Tome 2 : Le Pilier Proxy de Kazumari

- Arbalète Transcodeuse. J’ai l’impression que toutes les Cybéri-attaques que je récupère font partie d’une même famille, ça en est presque amusant.

Tsubasa ignorait pourquoi un flux Haute-Vitesse se trouvait au sein même de l’ordinateur-mère du CNI mais elle n’allait pas s’en plaindre. Elle avançait bien plus efficacement en direction de son objectif, le noyau qui détenait certainement les informations qu’elle recherchait. A ce rythme, si tout se passait bien, cela ne prendrait qu’une quinzaine de minutes supplémentaires pour poser le pied dans la base de données secrète de l’entreprise.

Comme madame Victoria le lui avait conseillé, la justicière virtuelle en avait profité pour attraper la Cybéri-attaque signature de ce flux, afin d’accroître son panel de possibilités lors des combats Pokémon. Sa troisième arme Cybérienne se révélait très intéressante par son effet. Si elle pouvait le garder secret des Proxys le plus longtemps possible alors elle pourrait miser sur l’effet de surprise lors de sa future rencontre avec MoonCross. Leur dernière bataille lui laissait encore un goût amer dans la bouche.

- Si tu veux mon avis, ce circuit Haute-Vitesse a pour principale fonction de permettre un traitement plus rapide des données, répondit Cyby à la question muette de Tsubasa.

- Oui, je me doute… souffla-t-elle. Ce qui compose le flux provient du Cybéria non ? C’est pour ça qu’il est possible d’en extraire des Cybéri-attaques. Le CNI vous exploite depuis le départ en fait.

- Cela ne nous a jamais vraiment dérangé, admit l’intelligence artificielle. En échange de cela, ils nous ont laissé tranquille pendant toutes ces années. Nous ne leur avons jamais rien demandé non plus alors que c’est grâce à nous que le Réseau Codélia a explosé en popularité il y a douze ans. Mais forcément, le CNI est mis dans une position délicate tant que le Cybéria sera scellé.

A l’époque, Tsubasa se remettait encore de ses blessures causées par l’Incident Effacé. Ses souvenirs de cette période demeuraient donc flous sur tout ce qui ne concernait pas la triste affaire. Si le Réseau Codélia existait depuis deux décennies maintenant, ce n’était que dans les alentours de la fin de l’incident qu’il avait fini par devenir une véritable référence à travers Ebravia. L’apparition des circuits Haute-Vitesse et du tout nouveau style de combat associé en étaient la cause.

Est-ce que l’Incident Effacé avait été orchestré par le CNI dans l’objectif de ne pas faire faillite avec leur plus gros projet ? Tsubasa en doutait mais préférait ne pas écarter cette possibilité. Torturer des enfants leur avait finalement permis de devenir l’entreprise multi-milliardaire qu’elle était aujourd’hui. Et même si l’exploitation du flux Haute-Vitesse n’était qu’une opportunité prise vis-à-vis de la situation, cela restait néanmoins glauque.

- Plus que quelques mètres et je pourrai enfin avoir le fin mot de l’histoire, songea Tsubasa avec force. Je me demande si Charlotte Linday est entrée dans l’ordinateur-mère elle aussi…

Madame Victoria ne lui avait rien confirmé à ce sujet, ce qui signifiait sans doute que la cyber-chasseuse ne s’était pas encore connectée. Voilà qui était étrange, surtout pour elle qui faisait toujours preuve d’une curiosité à toute épreuve pour ce genre de choses. La jeune fille avait l’impression désagréable qu’il s’agissait d’un piège dans lequel elle sautait à pieds joints. Elle servait peut-être d’appât pour attirer l’attention du CNI et permettre à Charlotte d’atteindre le noyau sans encombres.

Mais Tsubasa tenait toujours fermement le programme créé par son professeur d’informatique dans la main. En forme de cube gris, elle ne pourrait pas être détectée par l’équipe technique de la société tant qu’elle garderait un contact physique avec lui. Si Charlotte espérait l’utiliser de cette manière alors elle risquait d’être fortement déçue. Rien n’empêcherait la justicière virtuelle de mettre la main sur les informations concernant son passé.

- Tsubasa, fais attention au virage, tu vas te cogner contre le mur ! s’exclama soudainement Victoria.

Perdue dans ses pensées, la concernée ne fit pas immédiatement attention à la remarque et manqua de percuter la paroi en réalisant trop tard que la ligne droite se stoppait. Elle parvient toutefois à se reprendre et faire pivoter sa planche dans la bonne direction mais dans la précipitation, fit malheureusement tomber l’appareil permettant de masquer sa présence. Le temps que Tsubasa s’en rende compte, il était déjà bien trop tard.

L’atmosphère autour d’elle, déjà pesante à l’origine, ne fit que s’intensifier. La couleur noire jusqu’ici prédominante laissa sa place au rouge et une alarme stridente et désagréable commença à retentir. Le programme de protection de l’ordinateur-mère n’avait pas attendu pour s’activer dès l’instant où Axerola cessait d’être invisible. Amère, Tsubasa comprit que le reste de l’opération n’allait pas pouvoir se faire dans la discrétion absolue.

- L’équipe technique du Réseau Codélia est au courant de ta présence maintenant ! confirma la professeur d’informatique avec inquiétude. Dépêche-toi d’atteindre le noyau, nous n’avons plus de temps à perdre maintenant, il faut agir vite !

- Tu as vraiment été maladroite sur ce coup-là, miss Axerola ! Vicky t’a pourtant bien dit de ne lâcher ce cube sous aucun prétexte, avoua Cyby qui ne semblait nullement concerné par la situation.

- Mets-là en veilleuse, programme en carton. Je vais avoir besoin de concentration ! pesta Tsubasa en tentant de couvrir le son de l’alarme qui ne semblait pas vouloir s’arrêter.

Qu’allait-il se passer maintenant ? L’équipe de sécurité du Codélia Network Industries ne parviendrait pas à la déconnecter de force tant que madame Victoria serait présente pour assurer sa protection depuis le monde réel. Leur seule alternative serait d’envoyer quelqu’un dans l’ordinateur-mère pour l’affronter et l’éjecter avant qu’elle n’atteigne le noyau. Restant sur ses gardes, Tsubasa posa sa main sur l’une des Pokéball accrochées à sa ceinture.



***


Fait assez rare, Aya avait décidé de ne pas passer la soirée enfermée chez elle comme elle avait l’habitude de le faire. Elle se trouvait en ce moment dans le cybercafé le plus proche de chez elle, qui ne fermait qu’après minuit. L’androïde n’aurait su dire ce qui avait motivé cette décision. Peut-être sa sitaution qui empirait de plus en plus. Elle ne fonctionnait à présent qu’à seulement quinze pour cent de ses capacités initiales, ce qui n’était pas bon signe.

Le remord et les regrets lui étaient interdits mais Aya ne pouvait s’empêcher de réfléchir à ses multiples possibilités d’avenir si elle n’était pas intervenue pour sauver Dennis des griffes d’Arisa Harriet ce soir-là. Elle aurait échappé au virus qui la détruisait à petit feu, lui permettant ainsi de continuer à étudier les êtres humains le plus longtemps possible pour un jour pouvoir se mêler définitivement à eux. Mais maintenant, il était trop tard.

- Oh pardon, je crois que je me suis trompé de numéro. Je suis vraiment étourdie !

Ce cybercafé contenait des petites pièces privées où les clients pouvaient se rendre et s’isoler avec un rideau afin de se retrouver en intimité. Aya n’avait pas grand-chose à cacher à ce stade mais jugeait que cela serait utile si elle se souhaitait se connecter au Réseau Codélia plus tard dans la soirée. Comme elle devait créer un réseau privé entre son organisme, sa Codéwatch et l’ordinateur pour que cela fonctionne, il valait mieux que personne ne puisse l’observer.

Du moins, c’était sans compter sur l’étourderie dont pouvait faire preuve certains êtres humains. Faisant pivoter son fauteuil pour faire face au rideau situé dans son dos, Aya remarqua qu’une fille se tenait sur le seuil. Une fille aux longs cheveux blonds raides, au visage doux et disposant d’une petite carrure. Sa particularité qui la faisait sortir du lot était le fauteuil roulant sur lequel elle était assise. Et à en voir son expression, elle semblait réellement gênée d’avoir confondu la salle privée d’Aya avec la sienne.

- Je ne vous dérange pas plus longtemps, pardon pour le dérangement, j’espère que je ne vous ai pas perturbé pendant que vous faisiez quelque chose d’important…

- Skadia ?

Même si ses facultés continuaient de diminuer à vue d’œil, l’androïde de Phoenix System pouvait encore user de ses capteurs sonores pour analyser les voix de ses interlocuteurs. C’était grâce à ce système qu’elle avait pu automatiquement associer Axerola à Tsubasa en la rencontrant pour la première fois lors du Festival Numérique. Pour elle, cela ne faisait aucun doute, la demoiselle handicapée qui se tenait devant elle était l’utilisatrice Skadia.

Si l’attention des médias sur le Réseau Codélia restait généralement portée sur Cataclysme, Elkira et Meijin, qui formaient le trio en tête du classement général de la plateforme, Skadia n’était toutefois pas en reste. A la sixième place, elle atteignait assez régulièrement les demi-finales du Festival Numérique, même si sa dernière victoire lors d’une édition remontait déjà à l’année précédente. Skadia demeurait à ce jour la seule utilisatrice qui avait vaincu l’ancien Roi du Réseau Armageddon et ce, à deux reprises.

La concernée lâcha une expression surprise, en venant même à oublier qu’elle devait rejoindre la pièce privée qu’on lui avait attribué pour les deux prochaines heures. Elle ne se serait pas attendue à ce qu’on s’adresse à elle directement par son pseudonyme alors que les seules personnes au courant de sa double identité à ce jour étaient son père et certains membres d’une guilde de cyber-chasseurs qu’elle avait côtoyé par le passé pendant une courte période.

- Ce ton et ce visage complètement vide… tu ne serais pas Elkira des fois ? demanda-t-elle, espérant ne pas se tromper.

- C’est exact, confirma Aya qui ne voyait pas de raisons de dissimuler son identité.

- Alors ça pour une coïncidence, c’est une sacrée coïncidence ! s’exclama la fille blonde en entrant dans la pièce privée. Cela fait déjà trois éditions du Festival Numérique que nous n’avons pas eu l’occasion de nous retrouver l’une contre l’autre. J’ai vu ton dernier combat contre Cataclysme, tu t’es encore améliorée !

La fille en fauteuil roulant ne tarda pas à se présenter. Melody Derran, étudiante universitaire en physique. L’androïde se contenta des informations habituelles également, relevant la manche de sa veste pour cacher les marques de son corps. Très enthousiaste à l’idée de rencontrer une de ses plus grandes rivales dans le monde réel, Melody ne pouvait plus s’arrêter et commençait déjà à parler stratégies et sur ses objectifs lors de la prochaine édition du Festival Numérique.

Généralement à l’écart des conversations, notamment lors des cours, Aya n’était pas habituée à devoir gérer des interlocuteurs aussi réactifs. Et dans son état actuel, cela se révélait d’autant plus compliqué. Melody ne tarda pas à s’en rendre compte et s’arrêta subitement, étudiant subitement le visage de la déléguée de classe. Un silence de marbre s’installa pendant l’espace d’une dizaine de secondes avant que la demoiselle handicapée ne lâche une bombe.

- Mon père travaille à Phoenix System, une société de robotique. J’ai déjà eu l’occasion d’en visiter les locaux et de voir un peu comment il travaille, avoua-t-elle.

Si en temps normal, Aya aurait réagi immédiatement, elle se montra impuissante avec seulement quinze pour cent de ses capacités. D’un simple geste, Melody releva la manche de la veste d’Aya retroussée précédemment et nota les marques d’androïde présentes sur son bras. Elle ne fut pas spécialement surprise et lâcha même un sourire en cernant la situation. Phoenix System avait travaillé pendant longtemps sur un prototype d’androïde à apparence humaine qui s’était échappé pour se perdre dans la nature.

Malgré l’avancement technologique d’Ebravia par rapport au reste du monde, le domaine de la robotique restait toujours au même stade. Phoenix System continuait de tourner grâce aux robots ménagers de forme cubique qui savaient nettoyer tous seuls les domiciles. Un androïde proche de l’humain disposant d’une intelligence artificielle surdéveloppée restait encore d’inconcevable. Il faudrait encore quelques années avant qu’une véritable production ne commence enfin à ce sujet.

- Papa m’en avait parlé un peu. Le Projet Yrmétruc bidule, je crois. Ce fut un désastre à Phoenix System quand le prototype s’était échappé, je n’aurais jamais pensé que le spécimen se serait fondu dans la masse après tout ce temps…

- Très peu de personnes sont au courant de mes activités, révéla Aya sans montrer le moindre signe d’inquiétude. Mister Phoenix et le personnel de son entreprise ne sont pas dans la confidence. Est-ce qu’il serait possible que tu tiennes ta langue, s’il te plaît ?

- Les affaires de papa ne sont pas les miennes, assura Melody. Mais je comprends un mieux ton comportement sur le Réseau Codélia maintenant. Pas facile pour un androïde d’exprimer des émotions. Sans parler de ton talent pour les combats Pokémon. Une intelligence artificielle qui a pu apprendre pendant toutes ces années est forcément un redoutable adversaire. Ce qui rend Cataclysme encore plus terrifiant d’ailleurs vu que tu ne l’as jamais vaincu…

La déléguée de classe nota que son interlocutrice ne semblait nullement dérangée à l’idée de converser avec un androïde. Elle aurait pensé que son comportement changerait subitement en apprenant la vérité à son sujet. C’était l’une des principales raisons pour laquelle Aya ne parlait pas de sa véritable nature aux personnes qu’elle côtoyait au quotidien. Son souhait de se mélanger aux humains deviendrait compliqué si on la traitait différemment.

Aya reporta alors son attention sur son écran d’ordinateur, qu’elle n’avait pas regardé depuis l’arrivée de Melody dans sa pièce privée. Cette dernière avait par ailleurs complètement oublié qu’elle payait pour une autre mais ne s’en souciait même pas. Elle paraissait réellement ravie d’avoir fait la rencontre d’Elkira. La numéro deux du Réseau Codélia, qui avait branché sa Codéwatch à l’ordinateur, remarqua alors qu’elle venait de recevoir un message privé.

- Il n’y a pas d’objet et ça provient d’une utilisatrice nommée Deltaziroh…

- Tu es presque au sommet du classement général, tu dois recevoir des centaines de messages privé chaque jour de tes fans, déclara Melody avec le sourire. Moi-même j’en reçois mais un peu moins, j’ai moins d’apparitions médiatique que toi ou Meijin.

La demoiselle handicapée n’avait pas tort sur la question mais Aya prenait néanmoins la peine de tous les lire, même si elle ne répondait directement à presque aucun d’entre eux. Même si cette Deltaziroh souhaitait uniquement lui souhaiter bonne chance pour le prochain Festival Numérique, elle n’allait pas faire exception cette fois-ci. Mais en lisant le texte, Aya se rendit compte aussitôt que ça n’avait rien d’un message de fan.



***


- Qu’est-ce qui se passe ?

Henry Linday débarqua en catastrophe dans la salle des techniciens, la seule pièce des locaux du Codélia Network Industries où il restait encore des employés à une heure aussi tardive. Le nouveau chef de la Sécurité se trouvait alors dans son bureau, surveillant l’avancée de son projet ambitieux d’intelligence artificielles capables de livrer des combats Pokémon par elles-même jusqu’à ce que l’alarme sonne et retentisse à travers tout l’immeuble.

- Il y a un intrus dans l’ordinateur-mère, signala l’un des techniciens. Je vais l’afficher sur l’écran principal.

- Axerola ! s’exclama Henry Linday en voyant la justicière virtuelle apparaître sur le mur principal du centre de la sécurité.

Henry sentit son cœur qui commençait à battre bien plus rapidement contre sa poitrine. Qu’est-ce qu’Axerola pouvait bien fabriquer dans l’ordinateur-mère de la société ? Le chef de la Sécurité pensait que son ennemi principal était le Cercle des Proxys. Espérait-elle trouver des informations complémentaires concernant le Cybéria en effectuant une telle intrusion ? Retirant ses lunettes carrées pour les nettoyer, il préférait ne pas réfléchir à comment elle s’y était prise pour entrer.

Il se retrouvait néanmoins dans l’embarras. Si jamais Eléonore Nakano ou un directeur d’un autre département apprenait qu’Axerola s’était infiltré dans leur ordinateur-mère, cela lui retomberait aussitôt dessus. Et il n’avait clairement pas l’intention de laisser son siège alors qu’il avait travaillé dur pour le prendre des mains d’Edouard Keyton. Il fallait qu’il évince rapidement la justicière virtuelle et efface toute trace de son passage. Sans parler de faire tenir leur langue à toute son équipe de techniciens.

- Vous avez essayé de la déconnecter de force ? demanda alors Henry.

- Bien entendu ! Mais cela ne fonctionne pas, malheureusement. Axerola doit avoir un complice qui assure le support depuis l’extérieur pour que nous ne puissions pas intervenir…

- Très bien. Dans ce cas, nous allons envoyer quelqu’un pour l’exterminer. Déployez immédiatement le prototype alpha sur le circuit Haute-Vitesse où elle se trouve. Nous allons en terminer dès maintenant. Le serveur crypté de l’ordinateur-mère obéit à ses propres règles après tout. Une défaite en son sein entraîne une déconnexion immédiate, peu importe la quantité de support qu’elle pourra avoir.

Henry savait qu’il s’agissait d’une opération risquée. Comme son nom le laissait supposer, le prototype alpha ne restait qu’un prototype. Et même s’il fournissait de très bons résultats ces derniers temps, il n’avait pas encore affronté un être humain jusqu’ici. Rien ne garantissait donc qu’il soit capable de venir à bout d’Axerola ici. Mais pourtant, le petit frère de Charlotte était prêt à prendre le risque. Une victoire ici lui apporterait de nombreux avantages.

En plus d’éjecter Axerola et de l’empêcher d’accéder au noyau, il pourrait mettre la main sur le Cybérien en sa possession, clairement visible sur les images fournies par son équipe. Eléonore Nakano réaliserait également que son projet d’IAs dresseurs serait viable sur le long terme et fournirait donc un bien meilleur support à ce sujet. Une nouvelle promotion aussi rapidement après la précédente n’était pas à écarter si tout se passait bien ce soir.

- Prototype alpha est lancé dans le circuit Haute-Vitesse, ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’il ne rattrape Axerola, signala l’un des techniciens. Nous avons également programmé son comportement pour qu’il continue de suivre Axerola même si elle tente de lui fausser compagnie.

- Si prototype alpha remplit correctement sa mission, notre avenir à nous tous au sein du Codélia Network Industries sera radieux, je peux vous le garantir, affirma Henry en s’asseyant sur l’un des sièges disponibles, joignant ses mains au-dessus du bureau.

Il fallait de toute façon que le baptême soit effectué un jour. Axerola serait le premier adversaire humain de leur projet, qui avançait considérablement bien depuis le rétrogradation d’Edouard Keyton. Afin d’assurer une synergie parfaite, prototype alpha allait combattre aux côtés d’un programme Pokémon plutôt que d’un vrai, qui aurait sûrement des difficultés à suivre les directives. Leur bijou calculerait en temps réel les meilleurs choix à effectuer pour remporter la victoire.

Henry essayait toutefois de comprendre ce qu’Axerola pouvait bien fabriquer dans leur ordinateur-mère. Avec un peu de recul, sa première hypothèse ne semblait pas si convaincante. La justicière virtuelle devait s’y connaître un minimum sur le Cybéria pour avoir réussi à capturer l’un de ses représentants et prendre de court à la fois le Cercle des Proxys et le Codélia Network Industries. Il devait y avoir une autre raison à sa présence ce soir.

- Je ne compte pas prendre le risque mais ça aurait été intéressant de savoir ce qu’Axerola compte dénicher dans le noyau de l’ordinateur-mère. Moi-même je n’en ai pas les droits d’accès. Se pourrait-il que le CNI renferme des secrets connus seulement des plus haut-placés ? Il faudra que je me renseigne plus tard. Cela pourrait faire un excellent moyen de pression contre Eléonore Nakano.