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Sol Lucet [Concours USUL 2017] de Verocayden



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Informations

» Auteur : Verocayden - Voir le profil
» Créé le 23/10/2017 à 23:28
» Dernière mise à jour le 26/10/2017 à 00:18

» Mots-clés :   Alola   Amitié   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense

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Pénombre
Le voilà, tout mon monde, enveloppé dans une chaleureuse obscurité. Le silence régnait, entrecoupé d’une mélodie orchestrée par les clapotis dansant au cœur d’une vaste étendue d’eau. C’était si paisible, beau à en pleurer.

Jamais un paysage ne m’avait semblé aussi naturel, harmonieux que l’archipel d’Alola. Le sable chaud de la côte sauvage, les douces vagues caressant la plage, le bruit des remous de l’océan, l’odeur salée de la mer… La lune resplendissait de mille feux, déchirait l’obscurité, alors que d’infimes étincelles apparaissaient, une à une, et illuminaient le ciel nocturne, le baignant dans une atmosphère magique. La lune souriait, ses amies les étoiles riaient doucement, de peur de réveiller les enfants endormis à cette heure-là.

Tout était si calme…
C’était comme si quelqu’un m’avait tendu la main, m’avait plongé au cœur d’une carte postale illustrant un endroit idyllique, immuable, dont on ne saurait décrocher le regard, hypnotisé par son charme.

J’ai tâté le fond de ma poche, cherchant la Pokéball que j’avais l’habitude de conserver précieusement.
Rien.
Vide.
Néant.
Apparemment, il faudra que je m’y fasse.

Puis, à ma gauche, des bruits de pas.

Un homme d’âge plutôt avancé s’est approché de moi. Sa démarche nonchalante m’avait frappé au premier abord. Ses yeux étaient envahis de ténèbres. Un air blasé, tel un masque, recouvrait tout son visage. Tout cela contrastait avec son accoutrement. L’écusson cousu sur sa veste noire laissait visiblement croire qu’il était un ancien membre de la police. Son chandail couleur écarlate contrastait avec son collier noir sur lequel pendait une étrange pierre couleur de jais. Il portait à son bras gauche un mystérieux bracelet argenté. Ses pieds étaient vêtus de sandales, qu’il a probablement choisies en raison du climat de la région. Un Miaouss gris l’accompagnait.

L’homme m’a interpelé :

- Hé! Toi, petit gars! Qu’est-ce que tu bidouilles dans le coin à cette heure?

- Je regardais simplement la mer, ai-je répondu.

- Juste ça? Les jeunes de ton âge sont plus hyperactifs habituellement, a marmonné l’homme mystérieux.

Ce dernier jouait avec son collier. Il a baillé et regardé le ciel.

- Je ne t’ai jamais vu dans le coin, a commenté l’étrange personnage. Avec tes habits blancs, j’en serais presque à croire que t’es de la Fondation Aether…

Sa phrase ironique m’avait arraché un rire. Cependant, la fin celle-ci m’avait laissé dans le doute.

-Qu’est-ce que la Fondation Aether?

-Oh, juste une association lambda qui protège les Pokémon…

-C’est plutôt bien comme objectif, non? ai-je répliqué.

-Bah, si tu le dis, a lancé mon interlocuteur, qui jouait toujours avec son collier. En même temps, je ne sais pas, mais on dirait qu’à chaque fois qu’une association liée aux Pokémon est créée, elle finit toujours par mal tourner, mais bon, si tu veux rejoindre la Fondation Aether, c’est pas moi qui t’en empêcherai…

Je lui ai demandé comment faisait-on pour intégrer cette association. L’homme sombre m’a répondu qu’elle possédait un QG flottant sur les eaux aloliennes.

-Si tu le veux, je t’amènerai à l’embarcadère de Malié, puis tu pourras t’y rendre en bateau, m’a-t-il dit alors que son ventre gargouillait. On pourrait également s’arrêter pour manger chez Sushi Sans Chichis.

Nous avons gravi la côte et nous sommes arrivés à Malié. Des lanternes bordaient les rues baignant l’endroit dans une atmosphère mirifique. Les constructions étaient d’un style oriental très différent de ma région d’origine. Cette ville était un vrai régal pour les yeux.
Voyant que son Miaouss commençait à mourir de faim, l’homme m’a rapidement conduit à notre destination. Quelque chose me disait que ce n’était pas seulement le chat gris qui avait un appétit vorace…

Nous sommes entrés dans le restaurant Sushi Sans Chichis. Dès lors, je me suis cru transporté dans une région totalement différente. Un pont japonais reliait les deux parties du restaurant. Les murs étaient ornés de lanternes et décorés d’ombrelles rouge vif. Des plantes parsemaient l’endroit ici et là. Des instruments de musique, tels que le taisho koto ou le piccolo murmuraient une mélodie sobre, mais de bon goût. Un fumet particulier m’envahissait les narines et m’a donné l’eau à la bouche. Le serveur nous a demandé ce que nous allions choisir. Mon guide m’a suggéré le Plateau Ronin Raté, en disant que c’était un mets très réussi.
Je ne peux pas vous cacher que dès la première bouchée, j’ai eu une forte envie de vomir.

-On voit que ce n’est pas ta tasse de thé, petit!

L’homme étrange a ri, pris mon assiette et dégusté le tout en laissant échapper de petits « miam! » Il a finalement dû s’arrêter, histoire de bien digérer son « succulent » repas. Il a laissé quelques rares restes à son Miaouss gris. J’ai jugé le moment opportun à la conversation :

-Alors, qui êtes-vous, monsieur?

-Oh, juste un ancien type de la police. Je m’appelle Danh. Que fais-tu ici, le jeune? C’est dangereux de partir seul, tu sais? Tiens, prends ça.

Il m’a donné une écaille cœur offerte avec le repas.

-Juste un petit voyage pour me changer les idées, ai-je répondu. Cependant, alors que j’allais partir, des brigands nous ont attaqués, mon dragon et moi. Un d’eux a tenté de me blesser, mais mon Pokémon s’est interposé et a reçu le coup qui m’aurait été fatal. Je n’ai pas eu d’autre choix que de capituler et de leur laisser mon Pokémon.

-Bon, je vois… Ça doit être la Team Skull; les sbires de cette association aiment voler les Pokémon des autres dresseurs. Ils sont en constante rivalité avec la Fondation Aether.

L’homme a bu une dernière gorgée de thé. Je suis allé dormir dans une chambre d’un hôtel situé à proximité de l’embarcadère.
Allongé sur un lit moelleux, la tête remplie de songes, je pensais au dragon que j’avais lamentablement perdu. Je m’en souviens comme si c’était hier.
La Fondation Aether et ses ambitions respectables, les révélations de Danh… Toutes ces pensées gravitaient dans ma tête. Elles me turlupinaient, s’amusaient avec moi, me narguaient, pressentaient déjà le terrible futur qui m’attendait. Me voilà désormais bercé par la douce mélodie de Morphée, alors que les ténèbres envahissaient le ciel.

Jamais je n’aurais su ce qu’il allait m’arriver une fois rendu à la Fondation Aether. Pourtant, j’ai laissé le destin me briser en mille morceaux. Encore une fois.

_ _ _


-Rends-toi ou viens te battre! rugit le brigand.

-Si tu penses que…

Le brigand lève son bras; sa main tenait une fine lame acérée.
Puis, un éclair. Un coup vif comme le vent.
Une aile s’interpose. Reçoit le coup qu’aurait dû subir le jeune dresseur attaqué.
Le dragon glapit, gémit. S’écroule sur le sol. Laisse tomber quelques plumes tachées de sang. Son regard devint vide. La créature n’a eu d’autre choix que de rentrer dans sa Pokéball.
Un cri déchire le calme régnant dans les alentours. Un cri de rage. De haine. De désespoir.
Le brigand s’approche. S’agenouille, prend la Pokéball et part avec son nouvel allié, fier, ne pouvant s’empêcher de ricaner, alors que sa victime gisait là, le cœur réduit en mille morceaux après que son plus grand compagnon l’ait quitté.

_ _ _


Le silence du matin a été rompu par un coup de tonnerre foudroyant. Une pluie torrentielle se déferlait sur Alola. Le ciel envahi de nuages aussi noirs que la cendre était lardé d’éclairs vifs. Les gouttes d’eau ne cessaient de tomber et de s’échouer sur les diverses flaques parsemant les rues de la ville. Le vent hurlait, les palmiers peinaient à rester debout. La tempête diluvienne n’était probablement pas prête de s’arrêter. Comme si la nature voulait déferler sa rage, une averse éternelle de larmes, au cœur de ce déluge perpétuel.

La réalité ne cessait de me rattraper; l’incident qui s’était produit entre mon Pokémon et le brigand ne cesse de me tourmenter, de me turlupiner, jusque dans mes rêves.

-Hé, le jeune! Tu t’es enfin réveillé, a lancé une voix derrière moi.

Je me suis retourné. Danh avait conservé son air blasé, comme s’il était en permanence presque endormi. Son Miaouss gris l’accompagnait toujours, émettant quelques ronronnements de possible affection (un Miaouss pouvait-il vraiment « aimer »?)

-Bon, tu as une traversée en haute mer au programme aujourd’hui, le jeune… Pas de temps à perdre, a-t-il dit avec son enthousiasme habituel.

Après avoir déjeuné chez Masala Délices, nous nous sommes dirigés vers l’embarcadère. L’orage ne nous avait pas encore quitté et Danh essayait, tant bien que mal, de ne pas laisser son parapluie et son Miaouss s’envoler avec le vent.

L’endroit était désert. Presque personne n’y était, mis à part deux jeunes femmes et un couple d’âge mûr.

-Voilà, le bateau est prêt à partir, m’a murmuré mon guide, après avoir réservé une place pour prendre le prochain traversier.

-Vous ne venez pas, vous aussi?

-Non, j’ai d’autres Miaouss à fouetter, répondit mon interlocuteur d’un ton morne. Amuse-toi bien, le jeune!

Danh a pris dans ses bras son Miaouss gris, ronronnant de bonheur, et est parti sans se retourner. Ce n’était probablement rien de plus qu’un au revoir. En tout cas, c’est ce que j’espérais…

_ _ _


M’y voilà enfin. Le Paradis Aether.

Tout était si blanc, si propre. Comme si une fée, qui passait par là, avait pris le soin de nettoyer chaque millimètre de cet endroit paradisiaque, avec la précision d’un horloger et la minutie d’un chirurgien.

-Intrus détecté! s’est écriée une voix derrière moi.

C’était un employé de la Fondation, vêtu de blanc de la tête aux pieds, sa tête décorée de grandes lunettes vertes très originales. Alors que l’homme m’a sommé de quitter les lieux, une étrange dame du Paradis Aether s’est approchée. Ses yeux étaient dissimulés derrière d’extravagantes lunettes rose pastel. Ses vêtements se mariaient à la perfection avec la pureté des lieux. Sous son étrange veste blanche, j’ai pu discerner un pull d’une teinte aussi douce que le lilas.

-Allons, allons, Saubohne… Tu vois bien qu’il n’a pas de mauvaises intentions, a-t-elle assuré à son acolyte.

-Mais, mais… a bégayé l’employé avant de se retirer après que la femme aux cheveux extravagants lui a signifié de la main de partir.

Elle s’est adressée à moi :

-C’était Saubohne, le directeur de notre Fondation; il se considère un peu comme le bras droit d’Elsa-Mina, notre présidente. Tu as dû être surpris par la tempête aujourd’hui, m’a-t-elle confié. Rassure-toi, les orages n’arrivent pas souvent à Alola. Tu peux rester ici, en attendant que la pluie se calme. Fais comme chez toi.

Je l’ai remercié pour son chaleureux accueil et lui ai demandé si je pouvais rencontrer la présidente de la Fondation, avec qui j’aimerais discuter, intéressé par la mission de son organisation.

-Elsa-Mina est occupée actuellement. C’est une personne assez difficile à cerner, si je peux me permettre. Néanmoins, pourquoi ne pas en profiter pour faire une visite des lieux avec moi? Avec un peu de chance, le soleil pointera peut-être son nez. Je m’appelle Vicky, en passant.

Elle s’est dirigée vers l’ascenseur et m’a fait signe de la suivre.

-Destination : la Réserve Pokémon! s’exclama-t-elle. Attention, le départ de l’ascenseur peut être un peu brusque!

Quelques instants plus tard, nous voilà arrivés au premier étage du Paradis Aether. Des arbres tropicaux surplombaient la salle, des arbustes étaient plantés ici et là. Des Grotadmorv colorés d’un vert feuille profond s’amusaient au cœur de cette jungle de bonheur. Vicky m’a ensuite amené vers le sud de la salle. Le décor était tout à coup devenu plus montagneux, parsemé d’imposantes roches rougeâtres. Puis, nouveau changement d’environnement. De petits étangs étaient ornés de rochers, à proximité de Pokémon aquatiques se présentant à nous, comme des Staross dansant de joie avec des Corayon.

-Dans la Réserve Pokémon, nous essayons de reproduire le plus fidèlement possible les différents écosystèmes d’Alola, m’a informé ma nouvelle guide. Du coup, les Pokémon qui trouvent refuge dans ce lieu paradisiaque sont moins dépaysés.

-En effet… dit une voix inconnue.

C’était une femme à l’apparence jeune. On aurait dit que la Vie lui avait donné le don de l’éternelle jeunesse, l’idéale beauté. Ses longs cheveux blond platine teintés de discrètes mèches mauves descendaient jusqu’à ses genoux. Le vert émeraude de ses yeux m’a frappé, aussi lumineux qu’un cristal brillant de mille feux. Elle était vêtue d’une robe blanche sophistiquée; une pierre sibylline était posée sur son bustier. Un mince tissu rappelant la toile recouvrait une partie de son habillement. Je la regardais valser sur ses échasses, hauts talons noirs comme de l’obsidienne.

-Oh! Un touriste qui nous rend visite! s’est exclamée la mystérieuse femme.

Je n’avais pas eu besoin de qui que ce soit pour la reconnaître.

C’était Elsa-Mina.

Sa beauté était à couper le souffle.
Elle était magnifique…
Elle était mortelle.