Pikachu
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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 07/05/2017 à 11:04
» Dernière mise à jour le 08/05/2017 à 06:25

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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49.— PRENDRE LA FUITE, SCELLER UN BAISER & FAIRE SES ADIEUX
Pikachu n'était plus là. Le pilier auquel il avait été ligoté s'était retrouvé fendu en deux. Gary, en découvrant la salle vide, comprit que le rongeur avait utilisé une attaque Queue de Fer pour se libérer.

Il songea qu'au moins, tout serait terminé pour Sacha. Pikachu était allé chercher de l'aide. Ils le retrouveraient vivant.
Le mari d'Ondine déserta l'entrepôt au milieu de la nuit, conduisant le véhicule qui avait servit au transport des prisonniers. Malgré la bouteille qu'il avait consommé, il avait les idées claires. Une douloureuse lucidité le faisait réfléchir à une destination où il s'arrêterait avant de regagner Azuria.

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La souris électrique courait à toute vitesse, n'osant se retourner de peur de voir surgir une ombre qui le ramènerait là-bas. Pendant sa course, il essaya de se défaire des pastilles qui recouvraient ses joues, l'empêchant d'attaquer. Il renonça, préférant accélérer. Il faisait nuit noire et extrêmement froid. L'herbe était gelée par endroits ; une légère brume s'élevait des racines sorties de terres.

Cependant, sa fourrure l'empêchait de grelotter. Le fait qu'il ait été retenu pendant des jours entiers sans bouger lui rendait chacun de ses mouvements difficiles. Il n'était pas aussi rapide qu'il l'aurait voulu. Sa respiration le faisait hoqueter tandis que la rosée nocturne perlait sur ses oreilles.

Dans les bois qui entouraient Azuria, il se fit agresser par des prédateurs, perdit du temps en riposte. Heureusement que le petit Pokémon connaissait d'autres attaques qui ne nécessitaient pas l'usage de ses joues. Il tomba plusieurs fois, épuisé. A chaque fois il se releva, songeant à Sacha, toujours retenu prisonnier. Si ces satanés pastilles n'avaient pas été collées, il n'aurait pas eu à choisir l'option de la fuite par peur de sa faiblesse. Qui sait combien ils étaient là-bas ?

Il songeait à Gary. Était-il un des ravisseurs ? Ce n'était pas possible autrement. Il n'aurait pas pu circuler librement s'il avait été lui aussi un prisonnier. Se vengeait-il sur Sacha ? Cette idée le fit tressaillir, redoutant le risque que courait son dresseur aux mains d'un homme qui pouvait se montrer prêt à tout par jalousie.

Or, à chaque fois que le jeune homme l'avait nourri, il n'avait pas eu l'air agressif. Au contraire, Pikachu avait senti de la répugnance pour ce qu'il faisait. Gary avait eut l'air plus malheureux que colérique.

Les lumières de la ville étaient proches. Le soulagement rendit sa course plus légère, moins haletante. Les lampadaires lui semblaient des amis le guidant parmi les embranchements qui découpaient Azuria.

Lorsqu'il arriva devant la maison du couple, il manifesta sa présence en grimpant dans l'arbre du jardin qui servait de mangeoire à Tropius puis, il fit un saut de plus de trois mètres jusqu'à la fenêtre ouverte la plus proche. Il atterrit sur une moquette qui atténua sa chute. Dans la chambre, il faisait aussi froid qu'à l'extérieur.

En levant le museau, il distingua une silhouette, penchée en avant dans le lit. Une lampe jetait un éclairage tamisé sur les murs. Il poussa un cri de surprise ; Ondine sursauta.

« Pikachu ? »

Elle se précipita, le prit dans ses bras, appela immédiatement Séréna qui dormait dans la chambre d'ami. Pikachu se laissa câliner, encore sonner par la surprise de découvrir une Ondine chétive. Elle avait perdu de sa superbe. Les seules rondeurs qu'on devinait était celle du ventre et de sa poitrine. Séréna débarqua dans la pièce en chemise de nuit.

« Où est Sacha ? demanda-t-elle après l'avoir prit dans ses bras tremblants.
- Pikapi ! »

Il sauta par terre, prêt à refaire le même itinéraire en sens inverse. Séréna se dépêcha d'enfiler un manteau, attrapa ses Pokéball. Au milieu de l'agitation, Ondine restait debout, inerte.

« Tu ne viens pas ? demanda l'artiste. Et si on retrouve Gary ?
- Il ne doit pas être là-bas. Va retrouver Sacha. C'est toi qui l'aime. Je vais rester ici. »

Pikachu montrait de l'impatience. Peut-être était-il déjà trop tard. Avant de partir, Ondine décolla les pastilles de caoutchouc avec un gant de toilette chaud, permettant au rongeur d'envoyer de nouveau des décharges électriques en cas de danger.
Séréna fixa quelques secondes son amie dans cette chambre froide puis ferma la fenêtre avant de descendre les escaliers en courant.

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La dresseuse, à mesure qu'elle approchait de l'entrepôt, retrouvait des forces évanouies. Une énergie la poussa à ne pas s'arrêter avant d'arriver à destination, malgré un point de côté qui la pliait en deux. L'aube se levait paresseusement au dessus de la voûte étoilé. Pikachu précédait la jeune femme qui ne perdait pas de vu le bâtiment aux sinistres murs qu'elle voyait s'élever. C'était donc ici qu'il avait été retenu ! Il ne pouvait pas lui sembler un autre décor possible au drame qui s'était joué quelques heures plus tôt.

La souris électrique fila à travers une ouverture discrète tandis que Séréna découvrit une entrée grande ouverte. Cette bouche béante qui allait l'avaler dans les ténèbres lui semblait ouverte volontairement. Qu'allait-elle trouver ? Un hurlement provoqué par les courants d'airs la fit sursauter. Les vitres avaient subis les dommage du temps et des voyous ; quelques Hoot-Hoot avaient élu domicile après le départ de Gary.
Après un parcours dans plusieurs pièces où elle perdit la trace de Pikachu, elle trébucha sur une barre en ferraille qui traînait devant une chaise.

Elle retrouva Sacha attaché. Ce fut la seule présence qui restait dans cet entrepôt.
Roussil alluma sa branche pour réchauffer la pièce et pour leur permettre d'y voir clair. Elle dénoua ses liens, enleva le bandeau qui couvrait ses yeux. La lumière succédait à l'obscurité.

Enfin libre, le dresseur voulut se tenir debout mais s'écroula immédiatement dans les bras de son amie. Séréna le serra contre elle, l'embrassa même, noyant son visage de baisers. Pikachu vint les rejoindre après avoir inspecté les alentours avec Nymphali et Mustéflott. Les effusions continuèrent jusqu'au lever du jour.

Ils quittèrent enfin cette prison aux premières lueurs. Sacha se tenait à Séréna pour avancer. Il n'arrivait pas à marcher droit. Ils s'assirent sous un arbre malgré la pelouse qui pleurait des larmes de rosée.
Elle lui donna son manteau car il grelottait. Après les épreuves qu'il avait vécu à Kalos, en songeant à l'Homme masqué*, il réalisa qu'il s'en était encore miraculeusement sorti.
Il éclata en sanglots, n'arrivant plus à contenir les larmes et l'angoisse qui s'exprimaient après toutes ses heures de captivité.

« J'ai cru que j'allais mourir. Qu'ils avaient fait du mal à Pikachu. »

Le voir dans cet état la fit pleurer. Les soupirs de soulagement sortaient de leur poitrine dans un concert entrecoupé de reniflement harmonieux. Sacha se montrait vulnérable malgré la force qui l'animait d'ordinaire. Elle le rassura comme elle pût. Malgré la fatigue, il voulut reprendre le chemin d'Azuria.

Tandis qu'il se tenaient debout, l'un à côté de l'autre, les yeux encore rouges, Séréna l'embrassa sur les lèvres, la main retenant son visage surpris. Cet instant qu'elle attendait depuis longtemps arriva enfin. Ce fut long, doux et puissant. Sacha ne fit rien pour la repousser, trouvant du réconfort dans cette marque d'affection. Ils s'enlacèrent un moment puis poursuivirent la route, silencieux et rassasiés par cet abandon.

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Séréna avait appelé Ondine dès son retour à Azuria. L'artiste avait emmené Sacha au Centre Pokémon qui servait aussi d'hôpital. La championne sentit sa poitrine se dégonfler. Elle put respirer de nouveau avec facilité. Le poids de l'inquiétude s'était à demi-levé ; Sacha n'était pas mort. Gary ne l'avait pas tué. Mais où était-il, lui ?

D'après les détails que lui avait fourni son amie, les deux hommes avaient été fait prisonniers. On les avait capturés mais dans quel but ? On ne leur avait pas demandé de rançon en échange de leur liberté. Si Gary s'était enfui, pourquoi n'avait-il pas appelé de l'aide ? Peut-être voulait-il simplement se débarrasser de son rival en le laissant derrière lui.

Elle regrettait de l'avoir accusé à tort, d'avoir déformé et exagéré ce qu'elle avait prit pour une vérité. Maintenant l'inquiétude prenait le pas sur la suspicion. Au moindre bruit qui la faisait sursauter, elle espérait que ce fusse son mari qui rentrait pour la prendre dans ses bras.
Elle envisageait le pire : s'il était blessé, agonisant dans les bois ? Elle serait la première avertie lorsque la police le retrouverait.

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Slimane – Adieu
Le jour se levait à Carmin-sur-mer. Gary n'avait dormi que deux ou trois heures tout au plus. Il traînait sa détresse dans les quartiers animés de la ville. Le bruit, la joie des commerçants, les clients qui écumaient les allées du marché l'agacèrent.
Il s'éloigna de cette agitation matinale pour gagner le port. L'air mordant ne lui faisait plus rien. Peu de Goelise étaient de sortie ce matin-là. Le ciel dégagé annonçait une journée agréable. Le soleil cognait doucement dans le dos des passants telle une caresse chaleureuse qui lui fit poursuivre sa route.

Le port était presque désert. Les bateaux à quais. Les voiles se recroquevillaient, craignant elles aussi la bise glaciale. Les vagues frappaient en cadence les coques qui dansaient sur la piste qu'était l'immense mer.
En voyant l'étendue infinie, Gary sentit monter en lui le goût de l'aventure, le besoin de vivre de nouvelles choses, ailleurs. Il songea aux combats de Pokémon, à sa quête des badges toujours interrompue. Il avait tout le loisir de faire ce qu'il voulait maintenant. Plus aucune attache ne le retenait.

Alors qu'il longeait les quais, il pensa confusément à Ondine. Elle devait l'avoir retrouvé à cette heure. Il les imaginait installés là où lui avait laissé ses affaires. Il allait le remplacer aux yeux d'Otarlette et de ce fils qu'il ne verrait jamais naître. Gary les voyait roucoulant dans ce lit où il l'avait serré si souvent.
Il songeait à partir sans avertir personne. Il était fugitif. Personne mis à part Violette était au courant du rôle qu'il avait joué. Pikachu l'avait reconnu mais personne ne saurait le faire parler.

Il aurait aimé connaître les pensées de sa femme. Se repentait-elle de l'avoir soupçonné d'avoir éliminé Sacha ? Peut-être était-elle inquiète que les secours n'ai trouvé personne d'autre à l'entrepôt ?

Il n'était pas capable de reprendre le cours de sa vie, de lui mentir. Elle avait réussi à lui cacher tant de choses qu'il avait fini par pardonner. Cependant, il ne voulait pas se bercer à nouveau de vains espoirs. Quoiqu'il en dise, le mal était fait, le choix l'était aussi.

Pour poursuivre son projet de conquête d'aventures, il devait emporter avec lui quelques affaires dont ses badges et ses Pokéball. Tout cela était regroupé à Azuria.
Avant de prendre le volant, il attendit quelques heures. Il redoutait de tomber sur Ondine lorsqu'il rentrerait. Pourtant il lui fallut prendre la route car il ne se sentait pas d'attendre une journée de plus sans avoir recouvré sa liberté de dresseur.

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Pour s'occuper les mains, Ondine fit du rangement dans toute la maison. Depuis des jours, le ménage n'avait pas été fait. Tandis qu'elle dérangeait un placard, elle tomba sur le portrait que Jacky lui avait offert. L'incroyable ressemblance avec les traits qu'elle portait aujourd'hui la rendit perplexe. C'était donc ça le grand malheur qui devait arriver, la tristesse et la terreur qu'on lisait sur ce visage crayonné ?

Laissant tomber son ménage pour un temps, elle prit place dans le canapé, étudia le portrait pour essayer d'y déceler une réponse à sa question. Garderait-elle cette expression figée toute sa vie ou le bonheur reviendrait-il sonné à sa porte ?
A force de fixer le dessin, ses paupières se fermèrent sans qu'elle ne s'en rende compte. Le papier glissa de ses mains. Son sommeil était si profond ; elle n'avait pas dormi depuis des jours.

Elle n'entendit pas Gary entrer. Ce dernier fit le maximum pour pas trahir sa présence dans ce qui avait été sa maison, leur maison. Il monta à l'étage sans regarder autour de lui, courant presque à l'étage récupérer ses Pokéball et ses badges. Il fit un second sac qui s'ajoutait à celui qu'il avait récupéré à l'hôtel.

C'est au moment de descendre les marches qu'il distingua un soupir régulier. Il aperçut sa femme endormie sur le canapé. Il s'approcha, posa le sac par terre.

Il ne l'avait plus revu depuis des semaines. Ils avaient tous deux changé. Elle avait maigri affreusement, plus que lui. Ses cheveux désordonnés dévoilaient une négligence dont lui avait fait preuve en oubliant de se raser. Il songea que peut-être, sa femme s'inquiétait de son sort. Elle dormait si paisiblement qu'il ne voulut pas la réveiller.

Alors qu'il chargeait la voiture, il n'imaginait pas partir comme un voleur. Il voulait entendre de sa bouche tout ce dont il était déjà certain. Lui dire ce qu'il avait sur le cœur avant de lui annoncer qu'il partait pour ne jamais revenir. Il ne souhaitait plus rien lui cacher, qu'elle n'ai pas de remords de l'avoir laissé partir.

Pour cette ultime entrevue, il eut l'idée d'un endroit coupé du monde, qui avait été le théâtre d'un épisode important de leur histoire. Faisant attention de ne pas la réveiller, il embarqua la jeune femme avec lui, laissant une dernière fois Azuria qu'il observa par les rétroviseurs.

* (Cf - N'abandonnez jamais de Goldenheart)