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Bleuet fané de M@xime1086



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Informations

» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 19/03/2017 à 11:07
» Dernière mise à jour le 21/03/2017 à 17:09

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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46.— S'ENFONCER DANS LES MENSONGES & ROMPRE
Avec ces photos parfaitement truquées, Violette possédait un moyen efficace d'atteindre directement Gary.
Les tentatives précédentes visant à éliminer Otaquin et à faire croire qu'Ondine l'avait molesté pendant leur altercation n'avaient pas porté leurs fruits. Il aura fallu engager un détective spécialiste du trucage pour obtenir un résultat satisfaisant.

Les clichés étaient splendides. Elle n'avait pas voulu écouter les explications techniques de cet enquêteur arrangeant. Peu importait de quelle manière il avait transformé des photos banales en scènes intimes, du moment que le résultat était bien là. Elle prit le temps de choisir la photo qu'elle jugeait la plus significative et la plus mémorable.

Certes, ce n'était pas un baiser mais on y distinguait Ondine, une veste posée sur les épaules, debout devant la tente, réchauffée par l'étreinte quasi-sensuelle de Sacha. On sentait que sa sœur se laissait aller dans les bras du dresseur, un tendre sourire sur la bouche. En mélangeant des éléments réalistes comme la tente ou bien le fait qu'elle portait vraiment la veste de Sacha à des éléments faussés tel que cette étreinte, Violette était sûre de brouiller les pistes.

Pour qu'un mensonge soit le plus vraisemblable, il doit se rapprocher de la réalité. Or pour Gary, la réalité n'était pas aussi clairement définie. Ces photos allaient l'aider à y voir clair.
Après tout, même si le détective lui avait fait un rapport stipulant qu'il ne s'était rien passé entre les deux amis, il n'était pas entré dans la tente pour les surveiller. Peut-être guiderait-elle Gary vers la dure vérité ?

En calculant, la sœur aux cheveux bleus se persuada que le début de la grossesse de sa cadette datait de son voyage. Cela paraissait troublant.
Tout ce qui pouvait perturber le bonheur du couple était bon à prendre.

• • • • • • • • • •
Gary était seul à la maison lorsque Violette vint le féliciter pour la naissance à venir. Cela l'étonna de la voir débarquer après trois mois d'un silence radio. Cette venue ne lui disait rien de bon. Quand Violette se trouvait dans les parages, elle laissait derrière elle des tourments qui, plus d'une fois, lui avait coûté cher.
Il ne voulait pas que ça recommence. Le repos avait été de courte durée.

« Qu'est-ce que tu veux ?
- Je suis tombée sur cette photo. »

Elle mit le cliché sous son nez. Il recula.

« Qu'est-ce que c'est ?
- Tu as besoin de lunettes ma parole ! Regarde ! Ondine et Sacha. Ensemble ! »

Il haussa les épaules, prêt à jeter la photo par terre, dédaigneux.

« Et alors ? Sacha et Ondine ne se voient plus.
- Cette photo date de trois mois. Lorsqu'Ondine est partie avec Sacha pendant quelques jours. »

Il examina le cliché.

« Comment est-elle arrivée jusqu'à toi ? Pourquoi me la montrer ? Tu veux encore faire des histoires ? »

Il monta la voix, ayant déjà marre de son petit numéro. Violette parut offusquée et presque surprise de voir que Gary n'était pas aussi naïf qu'elle l'avait espéré. Pourtant elle ne se démonta pas. Au contraire. Elle rentra dans le vif du sujet.

« Tu vois Sacha qui serre contre lui Ondine, non ? Ça ne te rend pas jaloux ?
- J'en ai marre que tu viennes d'immiscer dans mon couple ! Tu n'as rien d'autre à foutre que de venir nous espionner ? aboya-t-il en la mettant dehors. »

Voyant qu'elle perdait du terrain, elle joua la meilleure carte qu'elle avait dans sa main.

« Et si ton gosse était celui de Sacha ? J'ai calculé. Ondine est tombée enceinte pendant son voyage avec lui. Ils dormaient dans une tente et regarde comment ils sont proches sur la photo ! »

Le temps s'était arrêté. Dès que Violette se retrouva dehors, Gary respira plus à son aise. Un silence feutré tomba dans la pièce si bien qu'il en fut troublé. Le calme avait succédé aux cris.
Alors qu'il regagnait la chambre où l'attendait une pile de chemises à repasser, il foula la photo. Tandis qu'il la considérait avec plus de recul, il lui semblait que l'attitude des deux "amis" n'était pas anodine. La façon dont sa femme se laissait prendre dans les bras affectueux d'un autre homme l'interpella enfin.

Un doute s'insinua en lui. Après un rapide calcul, il arriva à la même conclusion que la funeste visiteuse. Et s'il n'était pas le père ? Impossible. Elle ne lui aurait pas menti à propos d'un sujet aussi grave. Peut-être qu'Ondine ne le savait-elle pas elle-même... ?
Maintenant que des questions sans réponses avaient élues domicile dans son esprit, comment s'en débarrasser ? Il devait savoir ! Le reste de la grossesse ne devait pas se dérouler dans l'incertitude.

Ce qui l'interpella une seconde fois fut l'absence de Pierre sur le cliché. Il passa un coup de fil au médecin et quand il apprit que ce dernier n'avait pas accompagné ses amis pendant ces quelques jours, il tomba des nues. Il fit l'amer constat qu'Ondine ne lui avait rien raconté de ce séjour en pleine nature. La grossesse était arrivée avant qu'elle n'ai pu raconter quoi que ce soit.

Continuant ses vérifications, il apprit par Séréna que Sacha n'était toujours pas parti à Alola. Se voyaient-ils toujours ? Trop de questions le bousculaient, si bien qu'une épouvantable migraine l'accabla le reste de la journée.
Il attendit sa femme jusqu'au soir ; elle était partie faire les boutiques avec Daisy.

Shawn Mendes – Stiches
Lorsqu'elle passa la porte d'entrée, il ne la quitta plus du regard. Il surveillait chacun de ses gestes, essayant de déceler quelque chose de caché. Voyant son mari aussi pâle qu'un cachet d'aspirine, elle lui demanda ce qui n'allait pas.

« Tu ne m'as pas raconté ton voyage avec Sacha, il y a trois mois. »

Il perçut un léger tremblement de ses mains. Elle sentit le sujet bourbeux dans lequel elle allait bientôt sombrer. Elle prit un air faussement badin, lui racontant dans les grandes lignes ce qui s'était passé.

« Pourquoi me parles-tu de ça maintenant ? Ça date.
- Ça t'a rappelé des souvenirs de voyager avec Sacha et Pierre ? »

Il voulut la tester, voir si elle mentait sur la présence ou non de leur ami médecin Pokémon. Ondine sentit une once d'agressivité et d'ironie dans sa voix qui lui déplut. Elle esquissa un geste d'impatience, voulut passer à autre chose. Lui attendait la réponse. Elle finit pas dire qu'en effet, voyager à trois lui avait fait remonter de superbes souvenirs.

Elle venait de mettre un pied dans les sables mouvants. Il lui était impossible de faire machine arrière, elle devint prisonnière de ses propres mensonges.
Cela avait paru étrange à Gary qu'Ondine arrête du jour au lendemain de voir Sacha. Avec la grossesse il ne s'était pas posé assez de questions, il s'en mordait les doigts à présent.

« Tu as des nouvelles de Sacha ?
- Pas vraiment... Tu sais, la communication entre Alola et les autres régions est difficile. Il a fallu des mois à Euphorbe pour répondre à Sacha et vice-versa. »

Gary s'était levé, écoutant les explications fumeuses de son épouse. Il sortit une bouteille de vin d'un carton qu'il avait remonté de la cave et se servit un verre devant une Ondine hébétée. Pendant qu'il humait l'odeur carmin, des vers lui revinrent, ceux continuant le poème entamé l'autre soir :

[size=4]« J'allumerai les yeux de ta femme ravie ;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs. »[/size]*

« Qu'est-ce qui te prend ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Tu m'as promis de ne plus toucher à l'alcool ! Pourquoi m'avoir menti ?
- Pourquoi t'avoir menti ? Et toi ? Pourquoi me ment-tu ? »

Il avait posé la bouteille sur la table, fixant le verre à moitié plein qu'il porta à ses lèvres. Il ressentait le besoin d'avoir dans la bouche une autre saveur que celle de la tromperie amère.

« J'ai appelé Pierre. Il n'était pas avec vous. J'ai appelé Séréna. Sacha n'est pas parti à Alola. Vous vous voyez toujours ? Pourquoi me l'avoir caché et ne pas m'avoir dit tout ça ? »

Il n'exprimait aucune colère. Juste une incompréhension ainsi qu'une envie de comprendre. Ondine devint aussi pâle, voir plus blanche encore que l'était Gary. Elle baissa les yeux, avouant à demi mots sa faute.

« Je ne t'ai rien à propos de Sacha parce qu'il part la semaine prochaine. C'est la vérité. Tu peux l'appeler si tu veux. Je t'avais dit l'autre soir qu'il allait partir bientôt mais finalement il est resté.
- Comment veux-tu que je te croies ?
- Appelle-le.
- Je n'en ai pas envie ! »

Elle trembla avant de poursuivre sa plaidoirie.

« Pour Pierre, je n'ai été mise au courant qu'au dernier moment. J'ai hésité, redoutant ta réaction si tu apprenais que j'étais partie seule avec Sacha.
- Je ne t'aurai pas empêché d'y aller. Je t'ai fait confiance. Tu en a abusé.
- Mais non ! Pourquoi dis-tu ça ? »

Il sortit de sa poche la photo, la jeta dans sa direction. Elle l'attrapa tant bien que mal ; son visage se décomposa en même temps qu'elle découvrit la scène immortalisée.

« Tu nous as suivis ?
- Ce n'est pas le problème. Est-ce que vous avez couché ensemble ?
- Mais non ! Comment peux-tu croire ça ! »

Il la rejoignit, le verre à la main. Il examina la photo puis la lui rendit.

« Tu ne portais pas sa veste ? Vous ne dormiez pas dans cette tente ?
- Si. Mais le reste est faux, il faut me croire !
- Comment veux-tu que je crois après tous les mensonges que tu m'as servi ? »

Elle avait joué avec le feu et venait de se brûler. Elle regrettait tous les mensonges qui visaient à le préserver de la jalousie. Ils se retournaient contre elle au moment où elle avait le plus besoin d'être innocentée d'un acte qu'elle n'avait pas commis.

« Le pire dans tout ça, poursuivit-il, avalant le reste du verre, c'est que je ne suis peut-être pas le père de cet enfant. Ta grossesse est tombée pendant que tu couchais avec lui.
- Je n'ai pas couché avec lui ! s'indigna-t-elle. »

Comme un automatisme, elle porta ses mains à son ventre qui commençait à montrer de belles rondeurs. La colère d'avoir été épiée par son mari, d'avoir vu juste lorsqu'elle se doutait que Sacha et elle avaient été suivis pendant leur escapade, transforma son visage. La pâleur de ses joues avait laissé place à une teinte rouge, presque carmin.

« Je n'arrive pas à croire que tu nous ai suivi.
- Ce n'est pas moi. Violette a eu raison de le faire. Sinon j'aurais continué à croire que cet enfant était le mien.
- Violette ? répéta-t-elle, devenant à nouveau pâle. Mais... cet enfant est le tien ! J'ai commencé à avoir les premiers symptômes pendant que j'étais avec Sacha ! »

Il monta l'escaliers, se retournant pour lui répondre que cela ne servait plus à rien de nier, qu'il ne la croyait plus. Que cela faisait trop longtemps qu'il se doutait de quelque chose entre elle et Sacha, qu'il en avait maintenant la preuve formelle.

Il fit ses bagages, laissant la maison à Ondine, le temps qu'elle trouve un moyen de se retourner. Une fois dehors et avant de s'installer dans un hôtel, il passa la soirée dans un bar, avalant à grandes rasades un alcool qui lui brûlait moins la poitrine que le malheur d'avoir été trompé, d'être fait cocu.

* ("Le Vin de l'âme", Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal)