Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Bleuet fané de M@xime1086



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 20/11/2016 à 11:28
» Dernière mise à jour le 20/11/2016 à 11:28

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
34.— PRÊTER MAIN-FORTE & SOULAGER
Par égard à l'amitié qu'entretenaient les parents d'Ondine et Jeff, ce dernier renonça à lui faire payer une quelconque location ou bien l'achat du bien immobilier qu'il lui cédait. Comme s'il lui offrait un cadeau de mariage, étant un ami de la famille. Frédéric et Éliane le connaissait depuis des années, pêchant tous les dimanches avec lui depuis qu'ils s'étaient retirés de leur fonction de champions.

La jeune femme avait déjà la totalité des travaux à financer. Un loyer supplémentaire lui aurait plongé la tête sous l'eau. La tête noyée dans les abysses, elle l'avait déjà. Elle ne s'en sortait pas du tout avec ce qui lui était tombé entre les mains : s'occuper des travaux, des challengers, des spectacles et de l'avancement de la salle de spectacle. Son quotidien devint très vite un enfer. La tête lui tournait.
Elle avait la seule satisfaction de savoir son salaire en sécurité en gardant l'arène ouverte. Même ce petit morceau de soulagement s'envolerait quand elle l'offrirait aux mensualités du prêt.

La fatigue la rendait irritable et Gary en faisait les frais. Elle dormait mal, n'avait plus faim malgré les bons plats cuisinés par son mari. Elle faisait des insomnies, la tête bourrée de choses à se rappeler et à faire pour le lendemain.

Gary la regardait sombrer sans parvenir à lui apporter l'aide dont elle aurait eu besoin. Elle refusait avec acharnement toute initiative venant de sa part. Il ne comprenait pas ; la vaine présence aux côtés de sa femme le piquait d'une déception à peine voilée. L'ambiance à la maison s'en trouvait morne. Il dû se complaire dans la solitude que lui laissait Ondine le soir et le reste du temps.

Pour combler l'ennui, il se concentra sur ses Pokémon. Eux réclamaient des matchs. Il leur expliqua, désœuvré, que leur voyage ne reprendrait pas tout de suite. Il ne voulait pas se l'avouer mais recommencer son voyage, affronter les champions qui lui restaient à battre, le tentait plus que de rester seul dans la désillusion qui s'était installée. Ils ne faisaient plus rien ensemble, ni l'amour, ni rien. Leur vie de couple tombait en lambeaux.

Le dimanche, journée de repos, se déroulait dans les bras d'un sommeil réparateur pour la championne. Lorsqu'il lui proposait de sortir, elle répondait par un sourire désolé et replongeait dans une profonde léthargie.

Gary était le seul qui rendait visite à Otaquin. Comme lors des préparatifs du mariage. Il avait espéré que cette période malheureuse de leur couple fut derrière eux mais elle semblait revenir au galop, plus forte.

Lorsque l'otarie voyait arriver celui qu'il considérait comme son père adoptif, seul et vidé, il comprit que quelque chose n'allait pas. Gary faisait en sorte que ses visites soient gaies autant pour lui que pour le Pokémon malade. Il trouvait un certain réconfort à changer d'environnement et de climat. Le Centre Pokémon n'était pas un endroit joyeux mais aller là-bas donnait un sens à son quotidien.

Le jeune homme ne parlait pas beaucoup. Il n'avait pas grand-chose à raconter. Il répétait ce qu'Ondine lui apprenait sur l'avancée des travaux et sur ses démarches.

Otaquin réalisa qu'il ne pourrait pas associer son rêve à celui d'Ondine. Si la rouquine ouvrait une arène hors du cadre des spectacles, Otaquin serait sous les ordres d'autres personnes. Or il la considérait comme sa dresseuse.

« Si un jour tu sors d'ici et que tu veux entrer dans la troupe des Sœurs Sensationnelles, prépare-toi bien. Violette est une vraie dictatrice. Sachant qu'elle sait l'affection qu'Ondine te porte, elle te fera la vie dure. Ondine ne sera pas là pour te protéger. »

Et il le regrettait. Otaquin avait traversé des épreuves terribles et elles n'allaient pas s'arrêter de sitôt avec la discipline qu'allait lui imposer la sœur aux cheveux bleus.

L'état du Pokémon eau s'était amélioré. Il suivait encore un traitement mais les perfusions avaient disparu. Bientôt il pourrait rentrer avec eux. Son arrivée prochaine allait peut-être forcer Ondine à s'occuper un peu plus de la famille qu'ils formaient.

Gary revenait avec le sourire des pitreries que s'amusait à faire Otaquin pour lui remonter le moral. La joie était trop souvent de courte durée. Dès qu'il tournait la poignée de la porte de la maison, la tension lui retombait dessus comme un seau d'eau glacée.

Ondine, assoupie entre deux coussins du canapé, n'avait pas remarqué sa présence. En même temps qu'il s'occupait de préparer une machine, le téléphone sonna. Comme à chaque fois qu'on la réveillait trop brutalement, le jeune femme poussa des grognements, prête à mettre une raclée au malheureux qui interrompait sa sieste.

« Allô ?
- Ondine ? Je ne te dérange pas ? »

C'était Daisy. Si ça avait été une autre personne, elle aurait raccroché. Quoique l'envie ne lui manquait pas. Imaginer ses sœurs au soleil pendant qu'elle travaillait pour quatre...

« Comment tu vas ? »

La rouquine répondit par un soupir, comme si la réponse allait de soi, qu'elle était l'évidence même.

« J'ai juste envie que vous rentriez vite, que je puisse avoir moins de poids sur les épaules. »

Pourquoi se mettait-elle soudain à pleurer ? La voix cassée alarma sa soeur à l'autre bout du fil.

« Je craque, j'en ai marre, dit-elle en manière d'excuse.
- Je vais rentrer, lui annonça Daisy, décidée. »

Ondine crut lâcher le combiné du téléphone.

« Comment ça, tu vas rentrer ? Et ton voyage ?
- Tu as besoin de quelqu'un pour t'épauler. »

Après un silence gênant, Daisy lui demanda enfin :

« Gary ne t'aides pas ?
- Il fait déjà beaucoup. Il me supporte alors que je lui aboies dessus. Je suis devenue comme Violette : une mégère.
- Ne dis pas ça ! Il t'aime !... Vous n'avez pas prévu de voyage... de noce ? »

En un éclair, elle se souvint qu'ils n'avaient pas même abordé le sujet. C'était peine perdue avec la montagne de travail qui l'attendait encore.
Daisy insistait pour revenir, certaine d'avoir trouvé un moyen de raccourcir son séjour. Ondine la laissait parler, incapable de l'interrompre, trop lasse pour stopper cette conversation qu'elle jugeait inutile.

Quand Daisy raccrocha, certifiant son retour prochain, sa petite sœur n'eut plus sommeil. Elle alluma la télévision mais n'arrivait pas à fixer son attention sur les images qui défilaient.

« Vous n'avez pas prévu de voyage... de noce ? »

Elle était complètement passé à côté de sa vie de couple. Soudain les semaines passées sans rien avoir partagé avec son mari lui explosèrent au visage. Comment avait-elle fait pour délaisser autant son compagnon ? Il ne lui avait rien dit, acceptant tacitement ce passage à vide dans leur couple. Elle lui en voulait d'avoir caché sous un mouchoir que leur union s'était arrêtée d'exister, qu'elle s'était comme éteinte.

Même à l'avenir elle ne pourrait pas y remédier. Il restait tant à faire avant d'enfin se reposer. Une soudaine envie de tout plaquer, de partir avec Gary, la fit se lever du sofa.

Il repassait des chemises. Il ne l'entendit pas entrer dans la chambre, discrète et honteuse. Dès qu'il remarqua sa présence, elle tenta de dissimuler ses yeux rouges.

« Je suis désolée. »

Brusquement, une nouvelle crise de larmes la secoua toute entière. Il posa le fer sur la planche avec hâte. Quand il fut devant elle, Ondine se jeta dans ses bras sans parvenir à calmer ses sanglots. Il attendit, inquiet, qu'elle détaille ce qui n'allait pas.

« Je n'en peux plus... Tout ce travail et puis toi... que j'ai abandonné.
- Tu ne m'a pas abandonné. Tu es débordée, c'est tout. »

Elle le regarda, des larmes nichées entre les cils. Il avait ce sourire chaud et rassurant. Les doigts posés sur ses joues, il essuyait les perles qui avait coulé.

« Ça va aller. Ça ne va durer qu'un temps. Ensuite tout redeviendra comme avant. »

Il avait l'air confiant en l'avenir tel un guide qui la ramènerait sur le bon chemin. Le ton salvateur avec lequel il lui avait parlé l'apaisa, la fit presque sourire. Elle resta nichée dans ses bras.

« Je voudrais qu'on puisse se retrouver, rien que tous les deux. Partir loin de toute cette agitation.
- Tu veux dire... partir en voyage ? »

Il avait du mal à réaliser qu'elle puisse aborder le sujet qui lui brûlait la bouche depuis des semaines. L'élan de joie retomba aussi vite.

« Ce n'est pas raisonnable de laisser tout ici dans l'état où sont les choses.
- J'ai peut-être une solution... confia-t-elle après un moment d'hésitation. Daisy m'a dit qu'elle voulait revenir pour m'aider. »

Il haussa les sourcils. Cela l'étonnait un peu. Pourtant il n'y avait rien de surprenant : Daisy l'avait bien soutenu lors les préparatif du mariage. Il ne voulait pas voir le mal partout mais Gary redoutait que Violette n'ai envoyé Daisy pour surveiller sa sœur cadette.
Le dire à Ondine l'aurait sans doute inquiété ; il tint donc sa langue.

« Tu ne vas pas pouvoir tout lui reléguer ? »

Elle sentit sa respiration s'accélérer et s'emballer. Les forces l'abandonnèrent. Elle s'écroula de fatigue. Gary l'allongea sur le lit et partit chercher un verre d'eau. Si l'arrivée de Daisy pouvait débarrasser Ondine de tout ce poids, il ne serait pas contre.

• • • • • • • • • •
A vrai dire, ils espéraient que Daisy ai menti ou fait preuve d'un trop plein de zèle. Ils ne voulaient pas croire qu'elle serait la Deus ex machina.
Ondine dût bien reconnaître que voir sa sœur rentrer à l'arène avec une jambe dans le plâtre l'avait fait paniquer.

« Ne t'inquiète pas, je n'ai rien. J'ai fait croire à une mauvaise chute pour rentrer plus vite. »

Chez ses sœurs, la manipulation et le mensonge étaient dans les gênes. Pour Violette cela servait à faire le mal, pour Daisy, Ondine se persuada que c'était l'inverse.

« Elles t'ont cru ?
- Là-bas, il y a avait un médecin raide dingue de moi. Je lui ai demandé de me faire ce plâtre. Il ne pouvait rien me refuser. »

Comment devait-elle réagir ? Partagée entre l'attendrissement et l'incertitude, elle renonça à demander plus d'explications. Maintenant qu'une main tendue se présentait, elle n'allait pas la refuser.

« J'ai réfléchit. Prenez dix jours de vacances, pour vous retrouver, Gary et toi.
- Je ne vais pas te laisser tout gérer !
- Ce n'est que dix jours, je survivrais. »

Ondine n'insista pas.

« Comment vas-tu enlever ce faux plâtre ? »

Daisy sourit et appela Tarpaud. Un Ultimapoing et le plâtre se trouva réduit en mille morceaux. Elle voulut tenir debout mais sa jambe était toute engourdie.
Sa sœur, les bras croisés sur la poitrine, méditait à cette échappée belle que lui offrait Daisy. La championne la gratifia d'un sourire reconnaissant puis lui expliqua en détails ce qu'elle attendait d'elle.

En lui communiquant ses instructions, Ondine donnait l'impression de se débarasser de sa fatigue, de la transmettre par les mots à sa soeur fraîchement rentrée.
Daisy s'occuperait aussi de l'arène. La championne avait une réputation à tenir et de l'argent à faire rentrer.
La surveillance des travaux était ce qui lui tenait le plus à cœur ; elle se montra indulgente dans le cas où Daisy n'aurait pas le temps de passer tous les jours. Il fallait tout de même qu'elle vérifie régulièrement l'avancée.

Quand la rouquine eut terminée ses explications, elle referma la porte de l'arène avec un soulagement non dissimulée, un sentiment de bien-être qui allégea sa poitrine. Ses vacances commençaient maintenant.

Elle sauta au cou de son mari qui lui annonça avoir réservé un hôtel, assez loin de la région. Il s'était occupé des billets d'avion qui décollait demain matin. Gary avait économisé en cachette dans l'attente de ce voyage. Ils avaient tout juste le temps de faire leurs valises et de rêver.

La soirée fut délicieuse. Ils dînèrent en amoureux ; cela n'était pas arrivé depuis longtemps. Au dessert, Gary lui réserva une petite surprise. Il tenait une Pokéball et lui demanda son contenu..

« Un nouveau Pokémon que tu as attrapé ? Comme tu travailles dans un restaurant, je dirais... Un Goinfrex ? »

Il libéra Otaquin que l'infirmière avait délivré de sa chambre au vu du séjour de repos.

« Nous allons à la mer, avait-il dit à Joëlle. Emmener Otaquin avec nous vous semble-t-il être une bonne idée ?
- Etant donné qu'il est un Pokémon eau, oui. Retrouver son élément va lui faire du bien. Il retrouvera des forces plus rapidement qu'enfermé entre les quatre murs de sa chambre. »


Dans les bras d'Ondine, le Pokémon reprenait vie. Il applaudissait avec ses nageoires pendant qu'elle lui chatouillait la truffe du bout des doigts. Cette scène fit l'effet d'un grand bol d'air frais à Gary. Elle aussi fut comblée d'emporter dans sa valise les deux êtres qu'elle aimait le plus.

Il avait hâte de la retrouver. C'était comme d'emmener sa famille en vacances : sa femme et leur enfant adoptif, qu'ils avaient pris sous leur aile. Il eut soudain le cœur soulevé par l'allégresse en imaginant un petit-garçon dans ses bras à lui. Le leur.