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Giovanni Boss de Volug



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Informations

» Auteur : Volug - Voir le profil
» Créé le 15/11/2016 à 10:56
» Dernière mise à jour le 15/11/2016 à 10:56

» Mots-clés :   Kanto   Policier   Slice of life   Suspense

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Chapitre 5 : Acide Désoxyribonucléique
Au détour d’une maison, il eut tout juste le temps de voir son pokémon se faufiler dans la cave Taupiqueur. L’inspecteur Conrad accéléra la cadence, il était hors de question que l’homme lui échappe. Il ne pouvait cependant s’empêcher de se demander comment il avait pu atteindre la grotte avant que son Kabutops ne le rattrape. La tempête qui secouait les larges chalutiers faisait toujours rage, noyant littéralement les efforts vains des lamaneurs pour protéger l’amarrage des derniers navires.

Le policier n’y prêtait pas attention ; chercher des yeux son pokémon de la sorte semblait lui remémorer certains souvenirs. Il l’avait en effet obtenu il y a quelques années, lorsque ce n’était encore qu’un Kabuto, ils avaient tous deux créé un lien assez prononcé puisque c’était le premier que son père était parvenu à recréer à partir de restes fossilisés. Lui ayant expliqué que c’était un pokémon très rare, au sang bleu et froid, Conrad s’était par conséquent particulièrement appliqué lors de son dressage, renforçant cette affinité qui les unissait déjà au préalable.

Il était donc très précieux aux yeux de l’inspecteur, et bien que la relation avec son père ait pu longtemps être tumultueuse, le lien du sang restait présent. En effet, ce dernier était féru de préhistoire, il avait été embauché au musée d’Argenta dès sa création ; toutefois, Conrad n’aimait pas beaucoup parler de lui, la dernière fois qu’ils s’étaient vus, cela ne s’était pas déroulé comme il l’aurait voulu.

Il ralentit l’allure, arrivant devant l’entrée sombre de la grotte. Il y avait des traces de pas humains très récents dans la terre humide, son Kabutops ne s’était pas mépris. L’inspecteur y pénétra, replaçant ses cheveux mouillés vers l’arrière afin d’éviter que l’eau de pluie ne lui coule sur le visage. L’homme ne voyait pas très bien, l’endroit était sombre et semblait assez petit.

Il constata que le seul bruit présent était celui du vent qui s’y engouffrait, puis distingua un éclat par terre, devant lui, reflétant le peu de lumière qui parvenait à rentrer depuis l’extérieur, cela s’apparentait à une poignée. Il s’approcha et comprit que c’était en réalité le haut d’une échelle qui dépassait d’un trou béant dans le sol. Conrad y jeta un œil, l’obscurité était trop intense pour lui permettre d’entrevoir quoi que ce soit. Observant un temps d’arrêt, toujours à l’écoute d’un quelconque son, il descendit les barreaux, un à un, sans réellement savoir où il déposait les pieds. Le bruit du vent était sourd, il s’estompait à mesure que l’homme s’approchait du sol de la cave.

Lorsqu’il y fut, l’inspecteur crut percevoir un léger tremblement. Aux aguets, il profita de cet instant pour essayer d’acclimater ses yeux à la pénombre, en vain. Il reprit sa marche, toujours en alerte, prêt à réagir en cas d’attaque. Le silence régnait dans le sous-sol, l’homme ne comprenait pas pourquoi son Kabutops ne se manifestait pas, par un quelconque cri. Ne connaissant pas le secteur, il commença à se demander si ce n’était pas un guet-apens.

Une étrange odeur lui parvint alors aux narines. Conrad fut surpris, c’était une odeur nauséabonde, qui paraissait être apparue instantanément. C’est alors que ses bras furent violemment emportés vers l’arrière, son dos et ses épaules furent coincés contre un mur par ce qui semblait être des étaux. Il tenta de se débattre mais fut secoué par un assourdissant grondement venant de derrière lui, provoquant le départ d’une nuée de Nosférapti qui était installée juste au-dessus de lui. Cette dernière fit un raffut comparable à celui que provoquait la tempête à l’extérieur. Il sentit un souffle brut lui balayer les cheveux, puis un filet de liquide lui glissa sur la joue. L’inspecteur était horrifié. Il était complètement paralysé. Ses membres supérieurs ne pouvaient bouger et ses jambes étaient tétanisés. Dans l’incapacité totale de voir ce qui se passait, il ne comprenait pas la situation. Et cela l’affolait d’autant plus.

« Qu.. Qui êtes-vous ?! » s’exclama-t-il, tentant de camoufler sa terreur.

Un léger rire étouffé se fit entendre, paraissant même hautain. Un claquement de doigts retentit et un point couleur rubis commença à s’éclairer devant lui. Un halo rougeâtre se dessina, laissant apparaître deux yeux perçants et froids sous le joyau. La vision d’effroi ne faisait que s’accentuer pour Conrad. Le contraste soudain de luminosité l’aveugla, il lui fallut quelques secondes pour percevoir les formes qui se dessinaient devant lui. Il vit un homme, de noir vêtu, dos à lui, les mains dans les poches. Sur un rocher adjacent, assez difforme d’ailleurs, était assis un Persian, dont le grenat avait illuminé le périmètre. Il le toisait frontalement, ne détournant pas le regard.

« Je suis Giovanni, déclara le Boss d’une voix rauque, mais si tu es ici, c’est que tu dois déjà connaître ma réputation. Je dois avouer que tu m’as surpris ce soir ; sois-en certain, cela ne se reproduira pas. »

L’inspecteur savait pertinemment que l’homme n’attendait pas de réponse, il tourna légèrement la tête, tentant de comprendre pourquoi il était incapable de bouger. Les étaux et le mur qui le coinçaient complètement étaient en réalité les bras et l’abdomen d’un imposant Nidoking de plus de deux mètres de haut. Ses livides yeux blancs laissaient croire qu’il était possédé. Conrad comprit que c’était sa salive qui coulait le long de son visage. Il n’en était que plus écœuré. Il constata une très nette entaille sur l’avant-bras du monstre, qui permettait à du sang de suinter le long de l’imperméable de l’inspecteur.

« Où est mon Kabutops ? » interrogea-t-il, se ressaisissant.

N’obtenant aucune réponse, il se remit à se débattre en répétant plusieurs fois sa question, semblant finalement presque menaçant. Il se rendit soudain compte qu’il avait les pieds dans un liquide bleu assez visqueux. Ce dernier semblait émaner du rocher sur lequel était assis le Persian, qui se pourléchait d’ailleurs les pattes antérieures, encore sanguinolentes.

***

Le soleil tapait ardemment sur les Rondoudou des deux dresseurs qui se battaient devant le centre pokémon. Bien que ces derniers ne furent pas très forts, le combat était toutefois équilibré. En effet les protagonistes s’endormaient tour à tour dès leur réveil mutuel. Quand l’un parvenait à prendre l’ascendant sur son opposant, il lui assénait d’incroyables coups de tête. Cela semblait interminable.

Giovanni marchait très vite, il semblait pour lui que le temps était compté. Il traversa l’aire de combat que se partageaient les deux pokémons, n’hésitant pas une seconde à passer entre eux, sans même adresser un regard à leurs dresseurs, qui étaient ébahis par l’attitude de l’homme. Il sortit une ball blanche de sa poche, et se faufila par l’entrée du Mont Sélénite.

A peine eut-il marché quelques dizaines de mètres qu’une secousse sismique se fit ressentir. Giovanni l’ignora, continuant son chemin, toujours aussi pressé. La secousse semblait le suivre.

L’homme soupira. Il décida alors d’anticiper et ordonna à son Nidoking de s’arrêter. Le sol s’ouvrit littéralement sous ses pieds ; il eut tout juste le temps de sauter vers un côté pour esquiver l’énorme serpent de pierre qui jaillit de l’ouverture. Giovanni prit quelques secondes pour l’observer, examina alors la crevasse qu’il venait de provoquer, puis sourit de manière machiavélique. Son pokémon, pourtant imposant pour un membre de son espèce semblait bien trop petit pour combattre l’Onix d’une trentaine de pieds de long.

C’est pourquoi il se fit en effet étreindre instantanément et se retrouva bloqué, seules ses voûtes plantaires étaient encore en contact avec le sol. Giovanni savait, c’était tout ce dont il avait besoin.

« Nidoking ! Abîme ! »

Le pokémon perceur entreprit alors de relever les genoux comme il le put, émit un grondement terrifiant puis claqua ses lourdes pattes sur le sol dur de la grotte. Une onde de choc se propagea sur plusieurs dizaines de mètres. L’Onix n’eut pas d’autre choix que de relâcher son étreinte, permettant au pokémon de Giovanni de sauter à son tour sur l’un des bords de la nouvelle crevasse. Le serpent de pierre chuta très rapidement, un bruit sourd tonna quand il eut atteint le fond, qui semblait, à vue d’œil, se situer à plus de soixante mètres.

Giovanni s’approcha du bord de l’ouverture, brandit une honor ball le bras tendu au dessus du trou. Il appuya sur le bouton central et un laser rouge s’y répandit. La ball clignota quelques instants, puis se stabilisa. L’homme reprit alors son chemin, avec la même hâte qu’auparavant, comme s’il ne s’était rien passé.


***


« Giovanni.. Giovanni.. Giovanni »

Le nom tournait en boucle dans son esprit. Les yeux rivés vers la fenêtre, mélangeant son café avec sa cuillère, Conrad était perdu dans ses pensées.

Il venait de revenir dans son bureau à Safrania, en effet, de l’eau de pluie gouttait encore de ses mèches brunes. Suite à la découverte du corps recroquevillé de son pokémon sous le Persian, et après quelques explications du bandit, il avait été violemment assommé par le Nidoking. A son réveil, il était évidemment seul dans la cave ; et bien qu’il ait pris la peine de fouiller les alentours, il n’avait trouvé aucun indice. C’est pourquoi il n’eut pas d’autre choix que de sortir de la grotte bredouille.

La tempête de la soirée avait effectivement effacé les traces qu’il avait lui-même laissé en entrant. L’air marin et la vision de la nuit étoilée lui avaient fait le plus grand bien, mais il n’avait plus rien à faire à Carmin-sur-Mer. Il s’était donc laissé emporter sur le dos de son Roucarnage, sous la bruine.

Giovanni lui avait au préalable expliqué que son Kabutops n’était pas encore mort, et qu’il ne le serait peut-être pas. En effet, il avait décidé de l’emmener avec lui pour analyser son sang. Ce dernier était susceptible de présenter des sédiments fossilisés, encore utilisables, à l’intérieur de ses cellules. C’est grâce à cette explication que le Boss avait témoigné sa curiosité envers le pokémon. L’homme avait par ailleurs détaillé que des études avaient été menées sur un fossile ambre, duquel on était parvenu à extirper une séquence de l’ADN d’un pokémon volant, mais également un second brin, provenant d’un pokémon encore inconnu à ce jour.

Conrad but une gorgée de son café. L’homme au caban s’imposait déjà dans la pègre, il ne fallait en aucun cas qu’il fasse de même avec l’élite scientifique de la région. L’inspecteur regarda l’horloge qui ornait le mur près de la porte, elle indiquait trois heures trente sept.

Ses pupilles étaient complètement dilatées, il avait vraiment besoin de repos.