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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 04/09/2016 à 09:59
» Dernière mise à jour le 04/09/2016 à 09:59

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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23.— AVOIR PEUR DE LA PERDRE & ÊTRE INVITÉS
Des lumières s'échappaient du stade endormi. Des projecteurs envoyaient dans le ciel des arcs-en-ciel de couleur.
Des éclats de voix se posaient dans les rues presque vides. Les bars étaient surtout le rendez-vous des spectateurs. Gary s'arrêta devant l'un d'eux. Son ventre se noua. Les bras ballants, il resta à regarder la façade du bar. Ses lèvres frémissaient ; il déglutit sans parvenir à écarter son attention de ces vitres qui laissaient passer une vision fiévreuse de festivités. La joie arrosée par l'alcool qui coulait sans discontinuer.

Il lui semblait entendre les verres trinquer, la pompe à bière ruisseler. Une vague de froid passa dans son dos. Il baissa la tête pour ne plus avoir à regarder ce spectacle, pour ne plus avoir à écouter ces rires qui l'excluaient. Tout Illumis profitait de la fête. La solitude le terrassait maintenant qu'il se retrouvait dans une ville qu'il ne connaissait pas. Il aurait aimé qu'une main le guide loin de tout ça. Loin de cette solitude qui l'accablait ; loin de cette épreuve qu'il s'infligeait.

Ellie Goulding - Here's To Us
Un couple, bras-dessus bras-dessous quitta le bar, le rire au bout des lèvres. Gary jalousait la complicité qu'il redécouvrait dans ce couple qui s'en allait sans le regarder ni se retourner. Il se revoyait avec Ondine au début, lorsque tout était encore léger. Il regrettait ce temps révolu mais les couples évoluent et tout se gâte, tout devient sérieux et prend de l'importance.

Ondine n'avait pas l'air de s'inquiéter de ce malaise, de cette rivalité silencieuse qui s'était imposée entre Sacha et Gary. Celle-ci avait l'aspect d'un rideau de fer tombé brusquement séparant Gary des autres.

Qu'allait-il se passer ? Entrerait-il dans ce bar pour boire un verre, en toute innocence ? Il ne le pouvait pas. L'innocence s'était depuis longtemps envolée lors de cette nuit d'hiver. Jamais plus l'alcool ne devait prendre ses quartiers dans ce corps noué par l'incertitude et la jalousie. Il savait très bien ce qu'il se passerait ensuite. Tout le tracé de ce jour d'anniversaire lui revint comme un éclair le foudroyant sur place.

Le scénario se répéterait ; et là, personne ne viendrait le sauver. Il n'aurait plus personne sur qui compter. Ondine avait Sacha, plus rien n'existait désormais.
Elle ne connaissait rien de sa vie. Peut-être la perdrait-il si elle apprenait... ou peut-être était-ce déjà trop tard. L'avait-il déjà perdu sans le savoir ?

Il sentait qu'elle lui échappait sans qu'il puisse ne rien faire pour la retenir. Il regrettait d'être venu à Kalos. Disputer des combats, en regarder dans un stade, lui avait procuré une frustration qu'il n'avait jamais ressenti auparavant. Celle de ne pas pouvoir réaliser son rêve. Il avait l'habitude qu'on lui cède tout et là, c'était comme si tout foutait le camp, qu'il perdait le contrôle de sa vie, qu'elle ne lui appartenait plus. Que quelqu'un d'autre la contrôlait, la manipulait comme une balle en mousse. Une balle qu'on écrase, qui se comprime, comme son cœur.
Il soupçonnait que cette personne fut Ondine.

Jouait-elle avec ses sentiments ? Quand elle disait qu'elle l'aimait, était-elle sincère ? Lui, était prêt à supporter beaucoup de choses pour elle. Il en avait supporté beaucoup. Et elle, supporterait-elle de vivre un homme qu'elle aimait moins que Sacha ?

Ce séjour à Kalos avait eut au moins le mérite de l'informer de la situation. Il ne se doutait pas que les sentiments d'Ondine étaient aussi forts pour Sacha ; quand elle en parlait, c'était par nostalgie. Là, maintenant, tout se dévoilait comme un drap qu'on enlève et qui montre deux corps enlacés.

Que pouvait-il faire d'autre que de patienter que tout retrouve un ordre ? L'ordre était-il bouleversé jusqu'à la fin ? Pouvait-il faire quelque chose qui puisse changer le cours des choses ?
Il se sentit aussi impuissant que la précédente fois... Quand il était amoureux de Linda. Son premier amour.
C'était un sentiment qu'il n'avait toujours pas réussi à apprivoiser. Il recommençait à tâtonner. Au début, il fallait se l'avouer, Ondine et lui, c'était un jeu de séduction, quelque chose de badin, rien de bien sérieux. Tout était aller très vite, les sentiments s'étaient déclarés spontanément, comme une évidence.

Sa première histoire s'était mal terminée, il ne voulait pas que ça recommence. C'était pour ça qu'il avait choisi l'assurance avec Daniela. C'était une relation affective sans grands sentiments. D'ailleurs il n'avait pas fait le quart du parcours qu'il avait déjà accompli avec Ondine : escapades, vie commune...

Comment devait-il s'y prendre ? S'imposer face à Sacha ? Offrir une totale confiance à Ondine ?
Au moment d'entrer dans le bar, il se ravisa. Il serra les poings dans un léger tremblement tout entier de son corps.

Il devait rejoindre la maison. Prendre une aspirine et s'endormir. Ne pas boire. Le choc des verres l'invitait à prendre place au comptoir. Boire ne serait-ce qu'une goutte lui ferait perdre la femme qu'il aimait. Il devait se battre pour la garder auprès de lui.

Courir était la dernière chose qui lui restait à faire. Jusqu'à épuisement, il se hâta vers le quartier résidentiel. Des lampadaires posés à égale distance indiquaient les différentes ruelles conduisant aux maisons.
Il fouilla dans une poche et retrouva la clé. Dès qu'il entra, il se mit à l'aise. Il prit une douche, avala un verre d'eau avec une aspirine. La chaleur était telle qu'il ouvrit grand les fenêtres et resta torse nu.

Il s'écroula sur le lit double, examinant le plafond dans l'obscurité. Une main dans les cheveux, il songea à Sacha. L'attitude de ce dernier lui avait paru aux antipodes du jeune homme qu'il s'était imaginé rencontrer. Ondine l'avait décrit comme la joie de vivre par excellence : il en était loin. Il venait de gagner une place en finale mais se montrait plutôt réticent à fêter la nouvelle.

Sacha voyait-il en Gary un rival ? Si c'était vraiment le cas, si Sacha était jaloux, pourquoi alors n'avait-il jamais rien tenté pour se rapprocher d'Ondine lors de leur voyage ?

En voyant un autre homme lui tourner autour le rendait-il amer ? Ondine avait eut l'air déstabilisée par la distance que Sacha avait instauré. Comment Gary devait-il prendre les regards gênés et la subite rougeur de la jeune femme ? Était-ce des signes que tout était déjà fini entre eux ?

C'était avec lui qu'elle avait décidé de vivre. Elle devait donc l'aimer un peu. Visiblement pas assez pour l'éclipser lorsque Sacha faisait son grand retour.

Ondine avait cru lire de l'admiration dans le regard de Gary lorsqu'ils avaient assisté au combat. Il savait que Sacha était un grand dresseur ; plus grand qu'il ne le serait jamais. Il respectait ça. Mais ce qu'il avait ressenti lorsqu'Ondine avait posé ses yeux sur lui, c'était de l'envie. L'envie de combattre à nouveau contre des dresseurs puissants.

A présent qu'il sentait la bataille commencer, il n'allait pas déserter. S'il partait en voyage, Ondine le quitterait. Sacha était un fantôme qui ne demandait qu'à ressurgir entre eux. Lui laisser le champ libre n'était pas une chose à faire.
Peut-être que si elle le quittait, Sacha accepterait-il de sortir avec elle maintenant qu'il réalisait combien il tenait à elle ?

Il était prêt à rester, à vivre un quotidien morose dans l'unique but de garder à ses côtés la femme qu'il aimait. Il ne supporterait pas de la voir partir, de la voir s'éloigner. Il avait comprit à quel point il était fou d'elle, jusqu'à sacrifier ses rêves pour la garder là, auprès de lui.

Gary somnola pendant un long moment puis s'endormit seul.

• • • • • • • • • •
« Il est l'heure de se lever. On a une finale à aller voir. »

Ce fut un réveil tout en douceur que lui réserva Ondine. Elle était sortit lui acheter des viennoiseries.

« Comment tu vas ? Je me suis inquiétée. Hier soir tu étais tout pâle. »

Toutes ces bonnes intentions étourdirent Gary. Il s'étira, frotta ses yeux fatigués. Il réprima un bâillement puis s'assit en tailleur au centre du lit.

« Je suis désolée pour Sacha. Il n'était pas dans son assiette.
- Il était plongé dedans tu veux dire, ironisa-t-il. »

Ondine avait l'air abattu. Gary la prit dans ses bras, oubliant son sursis pour un temps. Il ne voulut rien savoir de la soirée qui s'était déroulée sans lui. Cela ne regardait qu'elle.
Cette confiance aveugle l'attendrit. Elle avait vraiment de la chance de l'avoir.

Ils rendirent la clé à l'infirmière du Centre Pokémon situé à côté du stade. Ce soir ils seraient rentrés à Azuria. Leur week-end serait terminé. Le quotidien reprendrait ses droits.

Cette fois, Ondine préféra se vouer toute entière à Gary. Ils n'avaient pas croisés Sacha ni le pokégroupe et si cela avait été le cas, ils n'auraient pas été voir la finale tous ensemble.

Avait-elle quelque chose à se faire pardonner ? Sa soudaine bienveillance cachait-elle un mensonge ? C'est avec ces questions que Gary entra dans les tribunes avec elle.

La rouquine songeait au départ de Sacha. Il reviendrait au Bourg-Palette après la Conférence. Elle aurait l'occasion d'aller le voir s'il restait un moment chez lui. Bien sûr ces visites n'auraient de but que de renforcer leur amitié mise à l'épreuve par la distance qui les séparait et par leur train de vie différents.

La finale fut hasardeuse. Alain, un dresseur que Sacha avait déjà rencontré auparavant, prenait l'avantage. Sacha avait suivit son plan initial et n'avait choisit d'utiliser que les Pokémon qu'il avait capturé à Kalos. Il avait réussit à prendre un bon avantage. Malheureusement cela ne suffit pas : le titre de Maître Pokémon lui passa sous le nez une nouvelle fois.
Alain reçut le trophée de la victoire des mains de Dianthéa.

Plus tard dans la soirée, au moment de partir, Ondine et Gary s'arrêtèrent sur le quai pour admirer le feux d'artifice qui clôturait la Ligue de Kalos.
Dans le train, pendant qu'Ondine s'était assoupie, le jeune homme reçut un appel imprévu.

« Papa ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Oh rien, ne t'en fais pas. Je t'appelle pour prendre des nouvelles, c'est tout...
- Ce n'est pas votre genre d'appeler pour simplement demander comment je vais.
- Pourquoi chuchotes-tu ?
- Ondine est à côté de moi. Elle dort. »

Gary décida de se lever, persuadé que son père avait une bonne raison de l'appeler.

« Je vous écoute, que voulez-vous ? demanda-t-il, assis à une table du wagon restaurant.
- J'aimerais organiser un déjeuner pour... comment dire ça... j'aimerais beaucoup faire la connaissance de ta petite-copine. »

Gary eut envie de rire. "Petite-copine" était un terme tellement ridicule quand il y songeait. Ondine était bien plus qu'une petite-copine, c'était sa compagne, la femme de sa vie.

« Et maman ? Vous lui avez parlé ? Parce que si elle adopte le même comportement que l'autre fois, je ne mettrais plus les pieds à la maison. Est-ce clair ? Insulter ma femme n'est pas envisageable.
- Ta femme ? s'étouffa Théophile. »

Il y eut un silence. Gary réalisa qu'il avait un employé une expression très sérieuse pour qualifier Ondine.

« Je la considère comme tel. Est-ce que vous as bien comprit que si maman recommence...
- Je m'occupe d'elle. Si elle apprend que tu ne viendras plus à la maison, elle sera malheureuse. Elle se tiendra à carreau.
- Bien.
- Mercredi midi ça te va ?
- Parfait. »

Quand il revint à sa place, Ondine était réveillée. Il lui apprit qu'ils allaient déjeuner mercredi midi chez ses parents.

« Ça ressemble à des présentations officielles, fit-elle remarquer, encore dans les vapes.
- Avec ma mère, c'est le cas. Pour mon père, c'est juste un premier contact. »

Devait-il la mettre en garde contre le caractère intempestif de Séraphine ? La championne était assez grande pour se forger une opinion toute seule.
Séraphine prendrait conscience de ce qu'il risquait de lui arriver si elle ne se contrôlait pas pendant le déjeuner : perdre son fils.