Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Giovanni Boss de Volug



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Volug - Voir le profil
» Créé le 31/08/2016 à 00:09
» Dernière mise à jour le 12/11/2016 à 15:34

» Mots-clés :   Kanto   Policier   Slice of life   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 1 : Honor Ball
C'était la première fois qu'il en vit, le reflet verdâtre qui en émanait grâce à la lumière du soleil leur conférait un halo divin. C'est en tout cas de cette manière que l'inconscient du jeune garçon aux cheveux gominés lui permettait de les voir. Le vieux coffre en chêne brut en était rempli, ses charnières rouillées lui suggéraient plusieurs décennies d'âge. « Ça doit encore appartenir à grand-père ». Leur odeur était faible à ces quelques coudées mais toutefois perceptible. Il ne comprenait pas comment cela pouvait provoquer en lui tant de désir. La réponse n'était pas évidente, en effet, nombre de ses homologues auraient , à leur tour, ce désir ; sans pour autant s'attarder sur la même question.

« Giovanni ! Arrête de fouiller ! Ce n'est pas à toi ! »

Cécile se penchait par la fenêtre de la cuisine, vêtue de son tablier bleu nuit, une pomme et un économe dans les mains. Ses cheveux grisonnants retombaient sur ses épaules robustes, couvertes par un chemisier blanc que le lourd tablier laissait deviner. Elle était au service des Boss depuis une vingtaine d'années, si ce n'est plus. Elle avait vu le jeune Giovanni grandir, avait tenté tant bien que mal de l'éduquer lors des longues absences de sa mère mais les gènes n'étaient pas influençables : il semblait n'aspirer qu'à une chose, l'argent. C'était certainement ce qui l'avait poussé à descendre ce coffre du grenier pour l'ouvrir dans la cour. Elle perçut dans ses yeux le même éclat onyx que dans ceux de sa mère.

« Ne t'inquiète pas Cécile ! Je le remettrai à sa place ! »

Il répondit machinalement, il aimait bien Cécile, c'est pourquoi il ne voulait pas lui répliquer aussi sèchement que son instinct lui indiquait. Elle avait toujours été présente pour lui, elle s'occupait de la villa avec Alain et Gabrielle mais ces derniers n'avaient pas autant d'importance à ses yeux. Lorsque sa mère partait pour de longues durées, bien qu'elle fut âgée, Cécile semblait être une deuxième mère. « Elle doit bien avoir 65 ans », pensa Giovanni. Elle lui préparait le goûter pour l'école, mais s'occupait également de sa tenue, le coiffant toujours méticuleusement, en plaquant ses fins cheveux charbon vers l'arrière. Il ne put s'empêcher de songer aux délicieux gâteaux qu'elle lui préparait lorsqu'il lui rapportait les très bons résultats obtenus sans grands efforts. En effet, Giovanni n'aimait pas beaucoup l'école ; du haut de ses 8 ans, il avait déduit, par le biais de ce qu'il avait entendu ci et là, que l'apprentissage se faisait avec l'expérience. C'est pourquoi il n'accordait que peu d'importance, et par conséquent d'investissement, à ce que son instituteur voulait lui enseigner. Soudain il se rappela ce pourquoi il était là, se replongea immédiatement dedans, ces pensées superflues ne devaient pas l'en écarter.

Le coffre était aux deux tiers plein, les liasses de billets qui y étaient disposées dataient d'une autre époque. Cependant, le pokédollar était toujours la monnaie utilisée en Kanto. Faisant mine de s'attarder sur le rebord en métal, sa main glissa délicatement vers les billets. Giovanni en prit une petite liasse, la rapprocha de ses narines puis fit glisser ses composants le long de son nez. Son comportement aurait pu s'apparenter, pour n'importe quelle personne lambda, à de l'avarice. Pour Cécile c'était différent. Elle ne savait que trop bien d'où venait cette obsession, elle avait côtoyé ses parents, bien avant que l'enfant ne naquît.

Son père, au moins aussi jais de cheveux que son fils, s'était fait quitter par la mère de Giovanni, durant sa grossesse. Lorsqu'elle avait découvert qu'il se servait couramment dans le coffre-fort familial, hérité du grand-père maternel de Giovanni, celle-ci l'avait violemment chassé, sans lui laisser quelque espoir que ce soit de voir un jour son fils. De son côté, Mme Boss n'aimait pas perdre son temps, et puisqu'elle suivait le vieux credo familial qui disait que le temps, c'est de l'argent, elle n'aimait par conséquent vraiment pas non plus se faire voler. En revanche, elle ne se privait pas pour dérober quelques objets de valeur lorsqu'elle était en déplacement. Parlons-en d'ailleurs, de ces déplacements ! Sa présence était ponctuelle et éphémère dans cette villa, elle avait délégué l'entretien de ses biens et l'éducation de son fils, même si cela ne semblait toutefois pas affecter Giovanni qui portait le même trait de solitaire que sa mère. Cécile, heureusement, était là pour lui apporter de l'affection, sans quoi il aurait très vite sombré dans la malfaisance.

« C'est vraiment tout ce qu'il en reste ? De l'héritage de grand-père ? »

Il ne se rendait pas compte de ce que cela représentait : à l'époque, le pokédollar avait eu une valeur bien plus importante que celle d'aujourd'hui. C'était l'époque où les pokéballs étaient à quelques pokédollars, contre la triple centaine actuelle, ce coffre aurait pu permettre à n'importe quel petit commerce de prospérer ! Qu'il s'agisse d'un commerce légal ou non d'ailleurs, beaucoup de vendeurs à la criée auraient commis des crimes pour récupérer une somme pareille. Les principes d'inflations et de plus-value, bien qu'élémentaires, n'étaient pas encore connus de Giovanni. Mais rien ne pressait, il commençait tout juste à bâtir sa vision du monde, qui était d'ailleurs déjà assez similaire à celle de sa mère.
Lorsqu'elle revenait de temps à autres, elle lui rapportait toujours un cadeau ; pour lui, il était ancré que des présents ponctuels pouvaient se substituer à une présence permanente. C'est pourquoi il pensait que l'argent, sous toutes les formes qu'il eut pu prendre, pouvait tout excuser.

***

« Giovanni, mon chéri ! 
- Maman ! »

Il accourut vers elle, qui se tenait droite, une valise à la main, à contre-jour dans l'entrée car la porte était encore ouverte. A peine eut-elle le temps de poser son bagage qu'il se jeta contre elle. Cécile arrivait dans le vestibule. « Heureuse de vous revoir chez vous Mme Boss ! » La servante était sincère, cela devait faire huit mois que la mère de Giovanni était partie, sans préciser sa destination, comme à son habitude. Le garçon, alors âgé d'une dizaine d'années, avait juste pris quelques centimètres, il devait se rapprocher du mètre quarante. Il était toujours très mince, et son uniforme scolaire noir ne pouvait qu'accentuer cette vision. Il ne voulait plus lâcher sa mère, elle lui avait beaucoup trop manqué. C'est pourquoi elle le fixa dans les yeux, puis un sourire s'extirpa progressivement de sa bouche, elle sortit de sa poche une ball, toute blanche, seul l'anneau de verrouillage était rouge. Les yeux de Giovanni s’écarquillèrent, il baissa le regard vers l'objet, il n'en avait jamais vu une aussi belle, à son tour, un large sourire se dessina sur son visage.

« Il est à toi mon chéri. »

Giovanni prit le présent, sans le quitter des yeux, puis se retourna et se précipita dans la cour. Il se demandait quel pokémon sa mère avait pu lui choisir. La manière dont elle se l'était procuré lui importait peu. Sa mère voyait toujours les choses en grand, c'est pourquoi il aurait été étonné de voir sortir de cette ball un faible monstre. Il appuya sur le bouton principal, un aveuglant laser rouge s'en échappa, commençant à représenter une silhouette imposante, bien plus grande que Giovanni lui-même. Les pupilles rouges de la bête se posèrent sur le jeune garçon, sans aucune animosité, au contraire, presque maternellement. Giovanni ne connaissait pas ce pokémon, son ventre beige laissait apparaître une poche, qui s'ouvrit au même instant pour permettre à une petite tête grise de sortir. Mme Boss avait suivi son fils et attendait sa réaction, derrière lui. Elle était très fière de son présent et gardait le même sourire étincelant aux lèvres.

« C'est une Kangourex trésor, elle n'est pas très expérimentée pour l'instant mais elle est déjà suffisamment puissante pour te protéger de pokémons évolués. Il est peut-être temps que tu découvres le monde Giovanni, à ma manière, non pas en suivant le chemin habituel qui te fait passer par un apprentissage scolaire laborieux mais en l'explorant, en le parcourant. Il y a beaucoup de choses que tu dois comprendre par toi-même, beaucoup de choses qui te rapprocheront de moi. Ce n'est pas urgent, mais sache que si jamais tu le désires, tu n'as qu'à le dire à Cécile, je lui en ai parlé, elle préparera tes affaires, tu ne manqueras de rien. »

Il n'était pas très réceptif à ce discours, toujours focalisé sur la Kangourex, il s'approcha d'elle, lentement, il avait envie de se blottir dans ses bras. Au moment où il toucha la peau de la bête, il fut très surpris, elle n'était pas rugueuse comme les quelques pics ci et là le laissaient supposer. Le pokémon était doux, à l'image de son regard, puis il leva ses deux grosses pattes pour enlacer Giovanni. Mme Boss était persuadée que cette Kangourex comblerait une partie d'affection qu'il pouvait manquer à Giovanni tout en lui inculquant une agressivité animale, qui lui était indispensable pour reprendre un jour l'affaire familiale.
Le choix semblait en effet très judicieux.

***

« Merci Cécile, je reviendrai te voir, merci beaucoup. »

Il semblait fin prêt, son sac à dos carmin et sa petite mallette métallisée étaient bien fermés. Son col roulé blanc était immaculé et son caban en laine était aussi ténébreux que ses cheveux. Le garçon désirait une chose bien particulière depuis quelques temps, il n'était pas intéressé par la quête de la Ligue comme pouvaient l'être beaucoup d'enfants de son âge. Giovanni désirait intimider, et il savait déjà comment. « On a peur de ce que l'on ne peut comprendre ». Il avait en tête l'idée très précise de se procurer des pokémons rares, que les badauds ne voyaient pas tous les jours. De cette manière, même s'ils n'étaient pas invincibles, leurs faiblesses seraient dès lors inconnues, lui conférant l'avantage, tout en lui octroyant une réputation bien spécifique. C'est dans ce but précis qu'il avait décidé qu'il était temps, se rapprochant de sa treizième année, de faire ce que sa mère lui avait conseillé. Cécile lui avait préparé des provisions, des rechanges mais également ce que Mme Boss avait demandé, disposé dans une pochette en cuir, bombée pour l'occasion.

« Il est important qu'il n'en manque pas trop tôt, du fait de son jeune âge, il reste influençable. Giovanni doit faire ce qu'il veut, sans quoi, il ne pourra pas assurer la succession. »