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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 24/07/2016 à 11:07
» Dernière mise à jour le 24/07/2016 à 11:07

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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15.— ANNONCER & BLÂMER
Dans le train qui le menait à la capitale de Kanto, Gary songeait qu'il avait déjà surmonté un obstacle bien moins dangereux qui se révélait être les sœurs d'Ondine. Dangereuse, Violette l'était. Sa mère l'était également. Dans sa tête il se figura une balance dans laquelle se mesurait le taux de dangerosité que pouvait représenter ces deux femmes ensemble. Le taux était élevé mais il était incapable de déterminer qui était la plus menaçante des deux.

La vie loin de sa famille lui convenait. Ses parents étaient issus de la haute-aristocratie kantonienne. De ce fait et par son mode de vie, Gary se sentait exclu et loin des préoccupations qui motivaient la vie de ses parents.

Dès qu'il eut dix-huit ans, il quitta sans regret le confort de la maisonnée qui l'avait vu grandir. Il refusa de prendre la succession des affaires de son père, depuis longtemps attiré par les Pokémon. Il entreprit un voyage initiatique d'abord loin de ses parents à Johto puis était revenu suite aux problèmes de santé de son père.

Sa mère lui reprochait souvent son indifférence quant à la maladie dont souffrait son père. Elle l'accusait indirectement d'en être le responsable, ayant brisé son cœur fragile par ses absences répétées.

En y réfléchissant, sa mère ressemblait beaucoup au portrait qu'Ondine avait dressé de Violette la première fois qu'elle lui en parla. Tyrannique, autoritaire, aimant l'argent et le pouvoir. Son père paraissait tout petit à côté d'elle. Une chiquenaude et il s'écroulait ; déjà qu'il était mal en point.
Une paralysie progressive dévorait ses jambes. Désormais il ne se déplaçait plus sans son fauteuil à roulettes.

Gary soupira. Il avait quitté un monstre aux cheveux bleus pour en affronter un autre. On pourrait penser que le jeune homme n'aimait pas sa mère. Il la respectait plus qu'il ne l'aimait. Les mots "affection" et "tendresse" n'étaient pas exactement les termes qui désignaient le traitement affligé à leur fils. Elle chérissait davantage sa petite Evoli, aussi hargneuse que l'était Violette. Les deux femmes s'entendraient à merveille.

Le trajet Azuria-Safrania dura à peine une heure. Sorti de son train, il prit la direction de la villa où étaient enfermés ses parents presque toute la journée. Sa mère gérait un centre d'élevage Pokémon, une sorte de pension pour riches. Son père était le patron d'une grande entreprise internationale ; mais depuis peu, il reléguait le pouvoir à son fidèle assistant, puisque son propre fils refusait d'entendre parler de l'entreprise familiale.

Séraphine, la mère de Gary, aimait qu'on lise le nom de leur famille dès qu'on franchissait le portail qui entourait la demeure. La fierté et l'orgueil étaient le quotidien de ses parents. On pouvait lire, gravé au dessus de la porte en bois de chêne : "Famille De Bofford".

Gary n'utilisait et ne prononçait jamais son nom de famille. Le lire sur une plaque dorée lui inspirait un malaise. Décidément, il ne sentirait jamais chez lui ici. A aucun moment un sentiment d'appartenance ne l'avait effleuré quand il se rendait dans la demeure familiale.

C'est d'un pas décidé qu'il longea le chemin de marbre qui conduisait à l'entrée. Il sonna puis attendit. Francis, le majordome vint lui ouvrir, toujours aussi sérieux.

« Francis, quand mes parents ne sont pas derrière vous, décoincez-vous ! lui conseilla tout bas le jeune homme en entrant.
- Monsieur est bien trop aimable de me donner une telle recommandation. Madame votre mère vous attend au Grand Salon. »

Il se rappela que le Grand Salon se situait au rez-de-chaussé, contrairement au Petit Salon établit au premier étage. Cette disposition des pièces le dépassait. Même en venant souvent ici et tout en ayant grandi dans cette maison, il ne s'y faisait pas. Un salon restait un salon. Qu'il soit grand ou petit... Mais allez expliquer cela à Séraphine. Justement cette différence avait de l'importance. Tout, dans cette maisonnée, avait de l'importance. Si une ampoule s'éteignait, il fallait appeler l'électricien de tout urgence et il était interdit d'entrer dans la pièce sans lumière.

« Les De Bofford n'entrent jamais dans l'obscurité. La lumière doit se faire sur leur passage, lui répétait sa mère quand il était petit. »

C'est à avoir la peur du noir. Techniquement, la lumière ne se faisait pas sur leur passage puisqu'ils appuyaient eux-même sur l'interrupteur. Mais cette destruction du mythe suprême ne devait jamais être entendue de sa mère sinon elle risquait un infarctus. Toutes ces histoires sur leur famille dataient de l'époque où il n'y avait pas encore d'hommes sur Terre.

Et puis franchement, appeler un électricien alors que changer une ampoule est si facile... Ses parents jetaient l'argent par les fenêtres sous prétexte d'assurer leur sécurité. Et si on s'électrocutait ? prétendaient-ils.

« Madame, Monsieur Gary votre fils est là, annonça le majordome révérencieux. »

Séraphine était debout, digne et grasse. Depuis que son mari était à la maison en permanence, elle avait doublé de volume. Sa forte corpulence ne se mariait pas avec les robes bouffantes qu'elle enfilait tous les jours. Ces tenues la gonflaient davantage.

Séraphine avait un joli visage quand il n'exprimait pas la colère ou le dépit. Ses cheveux d'ébène coupés au carré encadraient des joues pâles et ridées.

Derrière elle, Gary reconnut le minois éploré de Daniela. La jeune femme n'avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés. Elle était toujours aussi belle. Grande, svelte, des cheveux blonds ramenés en un chignon qui laissait choir des mèches sur son front.
Un homme quelconque aurait été jaloux du couple formé par ces jeunes personnes. Les hommes l'auraient sans aucun doute choisi si un dilemme les contraignaient à décider de qui ils étaient plus attirés entre Ondine et elle.

« J'aurai dû me douter qu'en vous prévenant de ma visite, vous feriez venir Daniela. Tant mieux, parce que je viens en grande partie pour parler de cette affaire. »

Séraphine n'aimait pas qu'on oublie les salutations comme se doit de les faire un fils de bonne famille. Pour se faire pardonner de cette introduction trop directe, Gary l'embrassa sur les deux joues. La mère avait accepté la familiarité du fils. Juste pour les baisers.

« Asseyez-vous près de moi, mes enfants. »

Ça commence bien, commenta pour lui-même Gary. Il laissa Séraphine poursuivre. Evoli sauta sur ses genoux, en grognant. Son air mauvais fixait Gary.

« Daniela a fait des bêtises, c'est vrai. Elle te l'a avoué.
- Je ne reviendrai pas sur ma décision. »

Séraphine n'appréciait pas qu'on lui coupe la parole, que ce soit son fils ou non.

« Elle s'est excusée. On a tous droit à une seconde chance. »

Gary crut qu'il allait tomber de son siège. Lorsqu'il s'était défendu contre Evoli à l'âge de six ans et que ce Pokémon diabolique lui tirait les cheveux avec sa mâchoire de Sharpedo, il avait été mit au coin pendant trois jours. Le petit garçon, puni, avait dû manger ses repas contre le mur, par terre. Pendant ce temps Evoli était à table, sur sa petite chaise haute, consolé par sa maîtresse qui lui cédait tout.

Lui, il n'avait pas eu de seconde chance ce jour-là. Cela lui faisait mal d'entendre sa mère parler de principes qu'elle n'appliquait pas dans la vie de tous les jours.

Tout à coup Evoli bondit de sa place et lui choppa la main toute entière dans sa gueule. Gary ouvrit de grands yeux avant de bondir de son siège. Séraphine cria un "assez" qui stoppa toute l'agitation : autant la hargne du Pokémon que la détermination de Gary à le faire lâcher prise. Les murs avaient semblé trembler.

Evoli resta pendu aux bout des phalanges du jeune homme. Il finit par lâcher prise. Daniela se jeta sur la main flagellée de son ancien petit-copain pour l'arroser de ses larmes. Gary lui enleva le plaisir de baiser les traces de canines laissées sur sa peau en retirant sa main avant qu'elle ne l'embrasse. Il était déjà bien assez gêné comme ça. Le sang coulait de sa main meurtrie.

Le Pokémon se délectait de la morsure qu'il avait infligé à Gary. Il sortait sa langue pour lécher ses canines aussi aiguisées que des lames de rasoirs.

« Francis, apportez des compresses ! ordonna Séraphine, toute pâle. »

Un silence pesant tomba. Evoli rejoignit son panier. Pour éviter de regarder les entailles que lui avait faites le Pokémon, Gary inspecta le Grand Salon. Rien n'avait changé. Les tableaux étaient toujours aux mêmes endroits. Les tentures dorées recouvraient les murs, donnant une impression de préciosité au lieu. Les meubles laqués brillaient. Moelleux sous les chaussures, les tapis et la moquette se partageaient le sol de cette grande pièce à vivre.

Des fleurs fraîches remplaçaient tous les jours celles de la veille. Ce confort semblait exagéré pour le jeune homme qui préférait les endroits moins chargés en décoration, plus sobres. La sobriété n'était pas non plus dans la liste des mots favoris de sa mère.

Francis vint, les mains prises par un plateau d'argent. Dessus il y avait déposé du coton, des compresses, de l'alcool à 90. Gary soigna sa plaie tout en jetant des regards haineux envers ce canidé qui lui pourrissait la vie depuis sa naissance. A chacune de ses visites, ce Pokémon enragé trouvait le moyen de ne pas lui donner envie de revenir. La fois précédente il avait fait ses besoins à l'intérieur de ses chaussures. Le vicieux était allé les chercher dans un placard, les traînant par la gueule pour les remplir de liquide fécal.

Séraphine ne le grondait jamais. Il était tellement adorable avec elle, tellement mignon et doux. Gary n'éprouvait pas de jalousie à son égard. Quoique petit garçon, il ne comprenait pas qu'il puisse passer après un Pokémon aussi teigneux.

Il pansa son écorchure. Daniela ne quittait pas la main endolorie. Un mouchoir essuyait ses larmes.

« Je disais donc : on a tous droit à une seconde chance. Regarde la tristesse, le chagrin, le désespoir dans ses yeux. Tu es un monstre, mon fils. »

Le ton dont avait été prononcée la dernière phrase était tel que si on arrosait de sel ses entailles à la main, Gary n'aurait pas fait pire grimace. Il attendit que sa mère pose ses yeux sur lui pour détourner volontairement le regard vers le panier d'Evoli. Il voulait lui signifier que le seul monstre dans cette pièce n'était pas celui qu'elle croyait être.

Il se leva, prêt à leur avouer à toutes les deux qu'il était épris d'une autre. A cet instant, Théophile entra. Francis se tenait derrière lui, traînant le fauteuil à roulettes.

Gary fit la grimace quand sa mère se jeta sur les cuisses de son mari pour s'y asseoir. Heureusement il était paralysé et ne ressentait plus rien. Mais à l'idée du poids que devait peser Séraphine, il plaint son père. Surtout qu'il était très maigre. Ses jambes auraient pût se briser.

Théophile était plus âgé que sa femme. Des cheveux grisonnants commençaient à émerger de son crâne. Il portait de fines lunettes dont il ne se servait jamais. Pour se donner un genre, il préférait poser son regard par dessus les verres. Cette manie le rendait plus sévère et fin observateur.

« Bonjours fils. Comment vas-tu ? lui demanda Théophile d'une voix fatiguée.
- Et vous ? Vos jambes vont-elles mieux ? »

En posant cette question, il se doutait que non. Le fait de porter une centaine de kilos sur des jambes aussi frêles que des branches d'arbres n'allaient pas arranger son état de santé. Malgré sa maigreur, Théophile faisait preuve d'une grande résistance physique. Même une tronçonneuse n'aurait pas réussit à découper ses cuisses osseuses.

« Puisque tout le monde est là, je ne vais pas m'attarder plus longtemps. »

Evoli avait bondit de son panier pour déchiqueter le pantalon de Théophile. Tous avaient levé la tête pour boire les paroles du jeune homme.

« J'ai rencontré une femme. Je suis amoureux. »

Séraphine sauta au cou de son fils, ravie et comblée. Daniela essuya ses paupières humides pour le gratifier d'un sourire reconnaissant.

« Comme je suis contente de vous avoir réconcilié. Parlons du mariage ! »

Elle saisit son bras, le forçant à s'asseoir auprès d'elle et Daniela.

« Vous n'avez pas compris... J'ai rencontré une femme...
- Mais oui ! Daniela, tu l'as déjà rencontré puisque vous étiez ensemble... ! Je savais que tu étais encore amoureux !
- Je te promet que nous seront heureux, nous aurons pleins d'enfants, renchérit Daniela, pleurant de nouveau, mais de joie.
- Arrêtez !! »

Evoli cessa son petit jeu et vint s'asseoir docilement auprès de sa maîtresse, effrayé. Gary était essoufflé d'avoir crié aussi fort pour se faire entendre. Cela lui avait coûté de devoir interrompre ce faux moment d'allégresse.

« J'ai rencontré une AUTRE femme. Je suis amoureux d'une AUTRE femme. »

Si le plafond du Grand Salon s'était écroulé sur elles, cela les aurait moins surprises et consternés. Une autre femme ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
Séraphine tira son fils dans un angle de la pièce et lui posa des questions tout bas.

« Est-ce sérieux ? Est-elle riche au moins ? Quel est son nom, sa particule ? A quelle famille appartient-elle ? »

Ces interrogations l'assommèrent. Il préféra rejoindre Daniela sur le sofa, qui sanglotait de nouveau. Au moins, il avait un peu de calme. Il n'était pas insensible à la peine qu'il infligeait une nouvelle fois à son ancienne compagne mais elle s'accrochait à lui comme une sangsue. Elle se blessait seule. Cette situation durait depuis des mois.
Gary pensait s'être débarrassé d'un poids logé dans sa poitrine depuis qu'il leur avait annoncé cette nouvelle mais une boule au ventre le tiraillait.

Séraphine retourna s'asseoir auprès de Daniela pour la cajoler. Si Gary ne la connaissait pas aussi bien, il aurait bien cru qu'elle avait l'air de compatir pour la jeune femme. C'était évidemment de la comédie. Le seul être pour lequel elle pouvait ressentir de la compassion, c'était Evoli. Et son mari par respect pour ce dernier.

Séraphine fit apporter des boissons et liqueurs. Il était difficile de reprendre une conversation qui avait jeté un tel froid. Gary hésitait à mettre un terme à cet entretien douloureux pour lui comme pour Daniela.

« Ton voyage se passe correctement ? lui demanda Séraphine avait avoir bu quelques gorgées d'une liqueur amère.
- Cela vous intéresse ? Je croyais que le sort des idiots -dont je fais partie- qui parcourent la région pour récupérer des pièces en plastiques à accrocher à leur veste ne vous concernait pas.
- Tu es mon fils. Raconte à ta mère tes exploits. »

Il toussa. Daniela sursauta.

« J'ai quatre badges.
- Tes Pokémon, où sont-ils ? demanda Théophile, soudain intéressé par la conversation. »

Contrairement à Séraphine, son mari aimait regarder les combats de Pokémon. Il n'avait pas été difficile pour Gary de le convaincre que c'était cette voie qui l'intéressait. Lui aussi, plus jeune, avait combattu des arènes. Il comprenait la fougue de la jeunesse et patientait jusqu'à ce que son fils ait atteint l'âge mur pendant lequel il reviendrait lui demander de s'occuper de l'affaire familiale. Il était persuadé que Gary s'en occuperait tôt ou tard.

Le jeune homme, chaleureusement invité à montrer ses Pokémon par un simple regard de son père, les dévoila. Lucario et Hyporoi. Tropius était un peu trop grand, quoique le plafond fut haut. L'aura puissante de Lucario effraya Evoli qui gémit. Gary aurait volontiers ordonné à son Pokémon d'écrabouiller cette petite teigne.

« En parlant de Pokémon, et votre pension, maman ? »

Cette question agaça Séraphine. Elle se remit à boire un verre de liqueur avant de répondre sèchement :

« J'ai encore dégagé des Pokémon, ces derniers mois. Des incapables. Te souviens-tu de Floréal, l'Otaquin dont ton père s'était épris ? Au point de lui acheter une chaîne toute dorée alors qu'à moi, il ne m'offre jamais de bijoux.
- Tu es capable de t'en offrir toute seule, Séraphine, répliqua son mari.
- Ce n'est pas la même chose. Un mari doit gâter sa femme et non une sale bestiole. Vous êtes un goujat. »

Théophile reprit le fil de la conversation.

« Eh bien quoi, Floréal ? »

Elle attendit, but une nouvelle fois, pour ménager son effet. Elle posa bruyamment son verre.

« Il a dégagé. Il n'était capable de ne faire que des bulles de morves avec son nez. L'entraînement ne l'intéressait pas. Heureusement pour lui qu'il n'était pas arrogant ou insolant, sinon il aurait fini dehors mais avec mon coup de pied dans le derrière. Hein, ma petite chérie ? »

Elle serra contre son sein son Pokémon de compagnie, lui baisa son doux pelage brun.
Théophile pleura silencieusement. Décidément, entre Daniela et son père, Gary fut condamné à regarder des larmes couler de tous les côtés, aujourd'hui.

Ce n'était pas la première fois que sa mère se montrait dure et intransigeante envers les Pokémon qu'elle accueillait dans son centre. Les dresseurs acceptaient de les lui confier mais en contre-partie, si le Pokémon ne progressait pas rapidement, elle les éjectait. Les dresseurs connaissaient cette terrible règle. Sa mère exigeait alors une forte somme d'argent pour le temps perdu.

C'était bien la première fois qu'il voyait son père pleurer. Même lorsqu'il avait apprit ce fameux incident le soir de l'anniversaire de son fils, il n'avait pas versé une larme.
Il devait être attaché à ce Pokémon pour exprimer sa peine aussi ouvertement.

Séraphine n'aimait pas avoir des Pokémon chez elle. Elle ne supportait que la présence d'Evoli. Après des heures de négociations Floréal était passé entre les griffes de la mère de famille. D'habitude elle ne s'occupait que des Pokémon des dresseurs riches mais là, c'était son mari qui l'avait recueillit. Apparemment le traitement était identique pour tous ces Pokémon logés à la même enseigne.

Théophile rapprocha son fauteuil pour boire cul-sec un verre de liqueur. Gary choisit ce moment pour réfléchir à un plan d'évasion.

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« Alors, ta nouvelle conquête, comment s'appelle-t-elle ? demanda Théophile. »

Séraphine fusilla son mari d'un regard malveillant mêlé de consternation. Elle désigna discrètement Daniela, toujours là, à chouiner. Quel indélicatesse !

« Elle se nomme Ondine.
- Je me méfie des sirènes. Elles ont le don d'envoûter le cœur des hommes. Elle jouera avec toi. Tu regretteras le choix que tu as fait.
- Oh que non. Je n'ai... »

Il jeta un œil à Daniela, hésitant à révéler une vérité trop dure à entendre pour elle. Il se ravisa, estimant ne pas vouloir réitérer la faute commise par son père quelques secondes plus tôt.

« Fait-elle partie d'une famille riche ? »

Gary aurait voulu répondre oui : une famille riche en emmerdements avec Violette. Mais il savait que ce que sa mère entendait par là concernait la richesse matérielle.

« Pas vraiment. J'ai rencontré ses sœurs. Ondine ne m'a pas beaucoup parlé de ses parents ou de sa famille en général. »

Il ajouta, sachant pertinemment que ce qu'il s'apprêtait à dire était une bombe à retardement prête à exploser dans le Grand Salon :

« Elle travaille. »

Tous poussèrent un cri : Daniela de surprise, Séraphine de dégoût, Théophile d'incompréhension.

« Elle travaille ? Quelle honte ! C'est une paysanne ou bien ? Elle n'est pas de notre milieu. Elle joue hors catégorie.
- Qu'est-ce que cela peut bien vous faire qu'elle travaille ? Si elle aime ce qu'elle fait, c'est le principal.
- Mais... mais... les femmes ne doivent pas travailler ! »

Selon les principes de Séraphine, les femmes devaient être cantonnées à la maison et aux tâches domestiques.

« Vous tenez bien une pension, c'est un travail.
- FAUX. C'est une occupation, un hobby. Et ne répond pas à ta mère sur ce ton, répliqua Théophile. »

Voilà que maintenant son père la défendait. Après ce qu'elle avait fait à Floréal... Avait-il déjà oublié ?

« Que fait-elle, cette miséreuse ? Elle tient un hôtel de passe ? »

Gary serra les dents. La boule au ventre remontait au niveau de sa poitrine et se transforma en soudaine colère. L'hôtel de passe serait une bonne idée pour Violette, songea-t-il.

« Ondine est championne d'arène. »

Cela acheva Séraphine. Une femme qui se bat ? Les combats étaient réservés aux hommes, voyons !

« Voilà ce que ton voyage te fait faire comme mauvaises rencontres. Cette gueuse ne mettra jamais les pieds ici ! »

Gary quitta ses parents avant de s'emporter, de ne plus pouvoir se contrôler. Ils ne changeraient jamais. C'était illusion de croire qu'ils allaient bien accueillir cette nouvelle. En retournant dans le hall, il entendit le rire nerveux de sa mère ainsi que des cris vociférés contre Ondine.

Gary songea qu'il était entré avec une Daniela larmoyante et venait d'en sortir avec la même femme mais en pire état. Il était sincèrement désolé et espérait que son ancienne compagne referait sa vie comme lui l'imaginait déjà avec Ondine.