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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 26/06/2016 à 11:28
» Dernière mise à jour le 26/06/2016 à 12:10

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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9.— VEILLER SUR UN MALADE
Le cabinet du docteur Pierre était une bâtisse qui rappelait l'architecture d'un manoir. Il y avait deux entrées : l'une pour les urgences, l'autre pour les visites médicales "classiques". Devant l'entrée réservée aux cas extrêmes était garée une camionnette assimilée à une ambulance.

Un large portail en fer forgé entourait le cabinet. Ce dernier avait vu le jour suite à la fermeture du Centre Pokémon d'Argenta pour cause de crise interne dans la gestion des Centres. Les moyens financiers de ces bâtisses aux toits rouges avaient chuté depuis plusieurs années et avaient mis à terre de nombreuses infirmières, contraintes de fermer leur établissement.

C'est dans ce contexte difficile qu'avait émergé le cabinet privé de Pierre. Il avait pris à son service l'infirmière Joëlle d'Argenta. La pauvre était sans emploi et cette situation avait fait réagir au quart de tour l'ex-champion de la ville. Cela n'avait rien à voir avec son attirance pour les jolies femmes se persuadait-il. Même si il jetait des regards gourmands à son assistante, ça n'était pas un crime. Les jolies filles méritent qu'on les regardent, répétait Pierre quand on surprenait ses yeux baladeurs. Qui pouvait rester de marbre devant une silhouette aussi gracile et svelte ? Certains des patients masculins ne se gênaient pas non plus pour la reluquer. A ces regards, Pierre ne savait comment réagir. Il était content de constater qu'il n'était pas le seul à apprécier la compagnie de Joëlle mais la jalousie pouvait vite le surpasser. Dans ce cas, n'écoutant que son instinct protecteur, il réprimandait avec fougue les malencontreux patients qui risquaient des regards aguicheurs.

Le cabinet était d'une taille plus que convenable. Moins spacieux qu'un Centre Pokémon classique, il avait de jolis dimensions qui donnaient envie aux patients venus pour leur Pokémon de s'y attarder plus que de raison. Les fenêtres étaient très anciennes, sans rideaux. La lumière pouvait ainsi remplir toutes les pièces de vie. Or quand les Pokémon plantes étaient accueillis, il était vital pour eux de sentir dans la salle de repos les vraies lueurs du soleil et non pas de simples radiations dégagées par une lampe.

Le rez-de-chaussée, composé de trois pièces majeures, était entièrement aménagé pour les Pokémon. La salle de repos leur permettait de récupérer des interventions. La seconde salle, que Pierre n'aimait pas utiliser était celle des opérations délicates. On y retrouvait, rangé avec un soin digne des plus grandes salles d'opération, tous les instruments indispensables pour opérer d'urgence les cas extrêmes. La dernière pièce était la salle d'attente. Pierre l'avait organisé de manière conviviale pour éviter aux patients accompagnés de leur Pokémon de leur rappeler qu'ils étaient dans un cabinet médical. On pouvait s'asseoir sur des fauteuils. Une table centrale était couverte de magazines divers et variés. Un distributeur d'eau mis à leur disposition. La pièce était décorée avec goût. Les murs étaient embellis par de jolis tableaux représentant des Pokémon dans leur milieu naturel (aussi bien dans la montagne, que dans l'eau ou bien dans la forêt).

Juste dernière une porte plutôt commune, se trouvait le bureau de Pierre. Il n'était pas aussi vaste qu'il l'aurait voulu mais préférait attribuer des pièces aux mesures spacieuses au confort de ses patients plutôt qu'à son confort personnel. C'est dans ce bureau qu'il examinait les Pokémon et leurs petits bobos. La pièce était sobre, relativement impersonnelle. On pouvait retrouver accrochées au mur, derrière son fauteuil, des photos de ses amis Sacha, Ondine, Flora, Max, Aurore. Sur son bureau une photo de toutes les Joëlle rassemblées ,trônait. Un portrait de lui et de son Leveinard était accroché à part. Il avait envoyé son Pokémon en formation accélérée depuis environ six mois et attentait son retour avec ferveur.

Son assistante avait elle aussi son propre bureau, situé dans une pièce adjacente à la salle de récupération. Ce bureau avait des allures d'archives puisque Joëlle, en plus des soins, s'occupait en majeur partie des dossiers médicaux.

Le cabinet du docteur ne désemplissait pas. La salle d'attente était très souvent bondée en milieu de matinée. En l'absence de Centre Pokémon, le cabinet devenait l'unique bâtiment de soin des environs. La popularité et la réputation que Pierre s'était forgé avec les années permettait à son cabinet d'être l'un des mieux perçus de la région.

C'est dans la période d'affluence la plus forte qu'Ondine arriva chez lui. Elle eut de la peine à circuler entre les patients debout, rassemblés en bloc compacts. Elle put constater que l'absence de Joëlle provoquait le désordre.

« Excusez-moi... Je dois voir le docteur au plus vite, s'excusa la rouquine en forçant l'entrée du bureau de Pierre.
- Pour qui se prend-t-elle ? Faut faire la queue, comme tout le monde ! râla un homme.
- Moi aussi c'est pour un urgence et j’attends ! s'écria une femme outrée par le comportement de la jeune femme. »

Ondine les comprenait mais ne voulait pas envenimer les choses en répondant. Elle entra dans le bureau de son ami avant qu'un patient ne puisse la lyncher. Elle resta quelques secondes dos à la porte, soulagée. Pierre était debout, à examiner les photos prises lors de ses différents voyages. Il paraissait concentré sur celle où il figurait aux côtés d'Ondine et de Sacha.

La jeune femme toussota.

« Tu peux m'expliquer ce que tu fais alors que ta salle d'attente est bondée ?
- Je t'attendais. »

Pierre détacha son regard des souvenirs accrochés au mur et se retourna. Il tira une blouse propre d'une étagère et la tendit à Ondine.

« Pas de temps à perdre si le monde s'est rassemblé derrière la porte. Je vais te briefer rapidement. »

Ondine enfila la blouse immaculée et elle fut attentive aux consignes de son ami.

« Tu te chargeras de surveiller les Pokémon dans la salle de repos. Comme je te l'ai dit, la plupart sont de type eaux. Il faut rester attentif à leur besoin, les hydrater toutes les heures et veiller à bien suivre les prescriptions que j'ai noté dans leur dossier médical. Il faudra aussi noter chaque jour l'avancée du traitement et passer des commandes de médicaments si tu constates qu'il en manque. Pour le reste, je m'en occupe. »

Ondine acquiesça. Pierre s'avança avec entrain, lui tendit la main. Elle la serra et tous deux se séparèrent. La mission de remplacement que devait effectuer Ondine ne durait que trois jours.

• • • • • • • • • •
Quand Ondine se dirigea vers la salle où reposaient nombre de Pokémon, son corps se figea. Il y a avait au moins vingt lits de tailles diverses et tous étaient occupés. Elle circula entre les lits pour trouver le bureau de Joëlle. Au moment d'ouvrir la porte, une vision la stoppa net.

Sur un lit isolé reposait un Pokémon qu'elle n'avait encore jamais vu. Ce n'était pas tant ça qui l'avait arrêté mais plutôt tout ce qui l'entourait. Une sueur froide la fit tressaillir. Des perfusions s'éparpillaient autour du corps inerte de cette toute petite créature bleue. Sa truffe rose pâle ainsi que ses maigres bras étaient perforés par ces tubes transparents. Des hématomes recouvraient son corps et à son air souffrant, Ondine comprit que son état était plus que préoccupant.

Elle ne pût s'empêcher d'aller examiner le dossier médical de ce Pokémon.

[size=3]DOSSIER MEDICAL[/size]

Espèce du Pokémon : Otaquin.
Contexte : Abandon.

Ces simples informations suffirent à Ondine pour comprendre que ce nouveau Pokémon avait été délaissé par son dresseur. Elle lut attentivement son traitement constitué d'une liste interminable de médicaments aux noms savants.

État du patient sur le long terme si traitement inefficace : Paralysie totale ou mort.
Elle leva les yeux du dossier qu'elle tenait en main et déglutit. Pour ne pas se laisser abattre, elle lut les autres fiches médicales qui traitaient de cas bien plus optimistes.

La jeune femme fit le tour de chaque lit, donna à boire et à manger à tous les Pokémon qui le réclamaient. Mais quand se fut au tour d'Otaquin, elle s'assit sur une chaise, accablée.

Pierre entra dans la pièce. En voyant les yeux embués de son amie, il comprit de quoi il était question.

« Je suis désolé de t'infliger une pareille vision... Tu as lu son dossier médical je suppose ? »

Ondine n'arrivait pas à répondre. Sa gorge était nouée par la détresse. Pierre se voulut encourageant.

« Il fait des progrès. Il arrive à ouvrir la bouche pour se nourrir et reste éveillé pendant plusieurs heures d'affilées.
- Depuis combien de temps est-il dans cet état ?
- Deux semaines.
- Il a une chance de s'en sortir ? Sois sincère. »

Des larmes silencieuses glissèrent sur ses joues. Le docteur mordit sa lèvre, incapable de pouvoir lui répondre avec certitude.

« Il est dans un profond état de décrépitude. Même si il fait des progrès, j'ai remarqué qu'il n'avait plus l'envie de se battre. Il s'autodétruit. »

Ondine se leva avec la sensation que ses jambes allaient lâcher. Un sentiment de révolte et de compassion la dévorait. Elle se contint de ne pas hurler sa rage.

« Qui a fait ça ? demanda-t-elle à Pierre quand il se fut approchée du lit.
- Tout ce que je sais, c'est qu'une chaîne dorée était à son cou. »

Il fouilla dans la poche de sa blouse. L'objet brillant attisa l'indignation d'Ondine. Elle le saisit entre ses mains.

Floréal De Bofford
Cette chaîne en or était la propriété du dresseur qui avait abandonné Otaquin. Le nom qui y était inscrit sonnait aristocratique. Floréal... Était-ce le surnom donné à Otaquin ?

« Je veux m'en occuper, lança Ondine. Pendant ces trois jours, je veux m'en occuper. »

Sa main se referma sur la chaîne.

« Il a besoin d'une attention constante et va te demander beaucoup d'énergie. Tu t'en sens capable ?
- Oui. »

Ce "oui" fut prononcé d'une voix claire et forte.

« Dans ce cas, je vais te laisser gérer. Pour les repas et la toilette, traite-le comme n'importe quel autre Pokémon. Pour ce qui est de son traitement médicamenteux, je te l'expliquerais tout à l'heure, à la pause. »

Il laissa Ondine à côté du lit d'Otaquin, rassuré d'avoir trouvé en elle un ange gardien pour veiller sur le Pokémon.