Chapitre 8 : Qui ? - corrigé -
"Nous sommes haïs de tous, les Monstres sommes-nous nommés, toutefois notre puissance est telle que nous pouvons lutter contre tous, l'Etat n'est même pas au courant de notre existence. Donc nous continuons à évoluer dans l'ombre seuls ou avec un Maître. Notre Credo est : vivre dans l'ombre et faire croire.
Ecrit d'un Sion."
Pierre balaya la ville du regard en contrebas de la vallée. L'Enquêteur avait quitté Jadielle avec bout de papier et ce dernier était plus qu'important, peut-être qu'il révélerait l'identité de cet Assassin.
- Belle ville, non ? Demanda une voix rouillée, j'y habite depuis des années et jamais il y a eut lieu de meurtres... Contrairement à Jadielle !
Un vieux se tenait à côté de Pierre, son vécu semblait avoir éteint l'éclat de ses yeux. Ses habits n'étaient qu'une veste à carreaux rouges et verts, un béret vert sur la tête et un pantalon marron bizarre. Quant à ses pieds je fus surpris de voir des chaussons.
- Ah bon, pourquoi ? C'est une ville tranquille pourtant, demandai-je innocemment.
- Hum... Si vous saviez !
L'Enquêteur souriait en partie voyant en lui un vieux papi marqué par le temps et incapable d'oublier son antique passé. Et Pierre n'aimait pas trop ces gens-là, autant vous dire que ce dernier espérait mourir l'arme au poing luttant contre les pires criminels de la planète.
- Cessez de rêvasser et portez-moi ! Continua le papi tendant son bras. Amenez-moi sur un banc.
L'Enquêteur le regarda froidement mais le papi lui fit trop pitié, surtout son vieux bras écorché vif par maintes cicatrices.
- Comment avez-vous eu toutes ces cicatrices ?
- J'étais bûcheron, dans cette forêt je coupais le bois avec joie en sifflotant devant les pokémons qui me regardaient tendrement, seulement certains étaient très sauvages, si vous saviez !
- En effet j'ignore tout. Moi ma vie est bercée par d'autres choses.
- A vous voir je dirais un dresseur pokémon aguerri, combien de ligues avez-vous faites ? Cinquante je dirais à vu d'œil.
- ... Non, je ne suis pas un dresseur aguerri bien que mes pokémons soient forts. L'art de la déduction est mien.
Silence.
- Dans ce cas vous devez connaître la légende du petit garçon ayant commis divers meurtres et mis à feu un bâtiment avant de s'enfuir dans la forêt de Jade ?
- Non, racontez-la-moi.
- Ce gosse était orphelin et il vivait dans un foyer de Jadielle, un petit bourg gentil à l'époque avec son arène, ses marchés de pokéballs et surtout le passage pour la Ligue. La ville prospérait très bien. Et... il est arrivé et a tout renversé.
- Qui ça il ? Qui était ce garçon ? Quel était son prénom ?
- Il me semble qu'il n'en avait pas à ce qu'on disait ; sa mère est morte en accouchant, son père était porté disparu. Seulement toujours est-il qu'il est venu et a tout saccagé. Jadielle ne s'en est jamais vraiment remis. Faites attention, on raconte qu'il est devenu un Assassin vraiment très fort.
- J'en ai déjà fait les frais, mais c'est gentil de vouloir me prévenir.
- C'était juste comme ça, pas pour vous prévenir.
- Vous m'en direz tant, souffla l'enquêteur se moquant du vieux.
Ainsi les deux hommes continuèrent durant un petit moment jusqu'au début de la ville, d'après ce qu'il avait dit on serait proche. Ce fut avec joie que Pierre délaissa le vieux qui marchait d'un pas chancelant tant bien que mal boitillant sur la jambe gauche.
Aussitôt une grand-mère vint avec levant en l'air sa canne et courant presque vers lui.
- Espèce de mari croûton malpoli ! Viens par-là que je te tape avec ma canne !
- Mais non, tu vas te casser une jambe et un bras ! Prépare-moi un bain et un bol de chocolat chaud plutôt !
La grand-mère avait des cheveux grisonnants en chignon, des yeux à demi clos d'un bleu qui avaient dû être magnifiques. Elle portait un tablier rempli de fleurs diverses avec une robe aux couleurs délavées. Comme le Papi elle portait de vieux chaussons.
- Tu vas voir de ce que je pense de ton chocolat chaud dans un bol ! Continua la vieille à la voix rouillée levant la canne toujours en tremblant, tandis qu'elle continuait à marcher fébrilement.
Le cœur de l'Enquêteur paré d'un voile aurait dû se moquer de ces vieux et les renvoyer. Bizarrement il réagit autrement. Pierre attrapa la vieille mamie. Ce fut comme s'il portait un poids et non un corps, la vieille ne dit rien et se laissa ramener gentiment chez elle ; le croûton le remercia d'un clin d'œil, Pierre se taisait encore pétrifié par ces gestes inhabituels de sa part. Et quand il reposa la vieille les deux grands-parents le regardaient avec gratitude, enfin selon lui puisque intérieurement la mamie se disait : « Si j'aurais été jeune, ce jeunôt aurait reçu une correction digne de moi, ne jamais interrompre une femme en colère. »
- Je t'ai menti, dit soudainement le vieil homme. Quand j'étais jeune je vivais pleinement accompagné de mon défunt ami, j'avais un objectif précis et rien n'aurait pu m'en dévier et jamais je ne gardais un instant pour me reposer. Pourtant à force de vivre à cent à l'heure mon ami et moi allions au devant du danger, la dernière fois fut quand des voleurs nous cherchèrent des noises, et mon ami en fit les frais. Mort à coup de Mackogneur. Ecoute-moi il y a des gens bizarres partout, tous n'ont pas de bonnes idées ; tu n'es pas insensible comme bien d'autres, prends quelques secondes et regarde les étoiles, la lune ou le soleil. Nous finirons tous par mourir un jour alors garde-toi quelques instants, juste pour toi.
Devant cette tirade Pierre fut acculé à se replier sur lui-même. « Pourquoi me disait-il cela ? Je ne comprenais pas » se disait-il en son for intérieur choqué. Alors l'Enquêteur recula de quelques pas pour s'enfuir ne disant rien aux grands-parents l'observant encore.
A présent l'Enquêteur était en face de la bibliothécaire regardant le bout de papier. Un visage sérieux et avenant à la fois, une longue chevelure brune lui tombait sur ses épaules en boucles. Elle était vêtue d'une tenue banale : slim et tunique noire avec une ceinture tombante. C'était une genre de bibliothécaire jeune et intrépide se moquant un peu des vraies règles de la bibliothèque, et encore une fois de plus elle dut faire une entorse aux règles.
- Ce document est dans un fond précis, c'est une sorte de magasin où sont rangés des documents de faits divers donnés par la police. A vrai dire ils renvoient à des rapports et des interrogatoires confidentiels. Je vous amène ça tout de suite.
- Merci beaucoup, je me serais attendu à ce que vous requériez ma carte de policier.
- A quoi bon ? Beaucoup de gens ont de fausses carte de policier, notamment des Assassins.
Sur ce elle s'en alla d'un petit pas ouvrant une porte quasiment blindée qui lorsqu'elle se referma déclencha un petit déclic.
L'Enquêteur attendit sagement sous le regard méprisant de la vieille bique à l'air pincée et détaillant de la tête au pied l'étranger de ses yeux gris dur, appréciant les bonnes vieilles règles aux nouvelles, le temps passa sous les bruits de l'horloge.
L'autre bibliothécaire ne l'avait toujours pas délaissé de son regard haineux, Pierre essayait tant bien que mal de l'oublier, mais il n'y arriva pas. Il trépignait, son esprit en ébullition était prêt à exploser. Horloge, regard, calme, horloge, regard, calme, horloge, regard, calme... Vint enfin le gong qui le sauva de son ébullition. La jeune bibliothécaire était de retour tenant un manuscrit jauni par le temps toutefois en très bon état.
Ce fut avec joie que Pierre prit le manuscrit en murmurant un léger merci, pour ensuite partir s'asseoir à une table en fer entourée de chaises en coussin pour éviter de faire trop de bruits.
Oubliant tout et sachant qu'aucune personne à part lui et les bibliothécaires étaient là il se jeta en pleine lecture happé par le rapport.
« S'il m'était possible de ne pas connaître cette histoire j'aurai opté pour.
Telle histoire n'a pas son pareil. Comment commencer son rapport sinon par dire que là je dois expliquer qu'un jeune homme âgé de quinze ans aurait, d'après les dires, anéanti un foyer et l'aurait brûlé. Si mon esprit rêvait quand j'ai entendu ceci je fus vite ramené à la réalité. Une dizaine de personnes appelèrent pour nous prévenir du feu. Et qu'à l'intérieur carbonisaient des corps.
Je pensais que c'était une blague douteuse d'un jeune... Les sirènes des pompiers m'interpellèrent et le fumée s'élevant acheva mes doutes.
Là commença le début de l'enquête quand les pompiers avec leurs Tortank maîtrisèrent le brasier. Nous dûmes faire appel à la police scientifique pour savoir d'où venait le feu. Les gens racontaient sans cesse que le Démon des Cauchemars lointain était venu les malmener en s'incarnant en un jeune homme. Nous les écoutâmes d'une oreille distraite, le jeune en question n'avait aucun casier judiciaire. La personne en question provenait d'un centre pédopsychiatre. Tant que nous avions que des théories personne pensait que ce jeune était coupable. Seulement les résultats de la police scientifique vinrent trop tardivement.
Voici un extrait du rapport :
Effectivement nous pouvons parler d'explosion voulue et exécutée sans que personne ne gêne l'homme. Sur divers supports figurent des traces de sang assez explicites, avant qu'intervienne le déclenchement du feu il y a eu une bagarre mortelle. Nous avons trouvé divers restes de squelette. La reconstitution dirait qu'il y a eu cette bagarre pour une raison inconnue, puis dès que tout le monde fut neutralisé, on peut croire que la personne a eu recours au matériel ménagers pour entraîner l'explosion. Cette dernière serait due à du gaz et à du feu, chose très simple à faire tant qu'on est débrouillard. En ce moment nous recherchons qui est mort.
Cela va sans dire que ce rapport amoindri, par moi-même, était pourvu de chiffres et statistiques.
Alors nous nous mîmes à oublier cette affaire car l'adolescent avait disparu ; ce ne fut que vingt ans après qu'une jeune femme se présenta dans mon bureau. Très gentille madame, sauf qu'elle fit remuer beaucoup de choses délaissées. Elle disait vouloir avoir des nouvelles du criminel... et elle ajouta que c'était un jeune du foyer à Jadielle. Dans ma vaste mémoire des informations vinrent me hanter, par conséquent je dus lui dire que son ami était mort. La madame s'effondra en larmes, j'en fus affligé et jouai mon rôle.
Elle partit déçue et moins j'étais intrigué, je tapais le nom de la personne et mon ordinateur afficha « INCONNU », je dus rappeler la madame, lui demander correctement le nom et prénom. Le résultat fut le même, c'était à croire que la jeune femme se trompait... Plus tard elle revint apportant une photo de classe quand elle était adolescente, le jeune était bien là portant le nom qu'elle m'avait donné.
J'étais frappé par l'incohérence puisque ce jeune d'après l'Etat n'avait jamais existé ! Alors qui était ce jeune ? Je demandais un rapport plus approfondi à la police scientifique, sa réponse fut telle : « Nous sommes en incapacité de le faire avec le charge de travail. Désolé. » Autrement dit ne pas compter sur eux.
Je recueillis des témoignages des villageois mais ne pus rien faire d'autre. Et cette histoire resta ancrée comme légende dans la tradition de Jadielle. Voici les témoignages anonymes :
« Ce jeune homme était... spécial, de manière morbide. Je me rappelle combien de fois le jeune menaça de mort mes propres filles, il était ingérable comme une tempête et pourri jusqu'à la moelle par le ver de la folie. Une folie meurtrière... Si seulement j'avais su quel serait son destin j'aurai essayé de le sauver. Au fond on percevait en lui une certaine lumière, mais étouffée. Quand le soir arriva... Ce fut un cauchemar, le foyer en feu et impossible de secourir les personnes dedans, nos enfants cherchaient à voir et quand ils virent, ils se mirent à pleurer. Franchement comment pouvions-nous annoncer ça à nos enfants inconscients ? Nous leur avons toujours fait croire certaines choses... »
« Bonjour, je suis... J'ai 6 ans et je l'ai côtoyé maintes fois... Il est très gentil et adore aider les gens, moi savez-vous ce qu'il m'a fait ? Eh bien un soir j'ai menti à Maman et je me suis aventuré dans la forêt de Jade. J'avais très peur et me suis fait pipi dessus quand un essaim de Dardagnan est venu vers moi ; figurez-vous qu'il est apparu et s'est battu à mains nues pour me protéger, moi je l'aime, je veux devenir comme lui plus grand. Protéger les enfants. En tout cas ma Maman m'a mis une sacrée fessée, et le garçon n'a même pas été remercié, il y a des gens qui le traitaient de fou... Qu'est-ce qu'un fou ? »
« La première fois qu'il apparut à l'école tout le monde le trouvait bizarre, comment vous dire ça ? Ténébreux et mystérieux. A nos questions il répondait par monosyllabe, son prénom nous l'ignorions tous, même les profs ne le savaient pas. Seulement... je le trouvai intéressant et mon premier amour fut lui... Dès que nous avions commencé nos relations il devint moins ténébreux, mais toujours mystérieux. Ensemble, je pensais qu'il oublierait le passé douloureux qu'il possédait. Quand... Lâchez-moi ! Je veux m'en aller, je ne répondrai plus à vos questions ! »
« Ce jeune homme avait une intelligence en matière de combats inégalables, je lui donnai un avenir fructueux de richesse. Ce garçon avait la capacité de mettre K.O. un pokémon en un coup, ses pokémons étaient très forts et durs avec les autres. Le dresseur lui s'avérait être aussi très dur, mais ce qu'il aimait avant tout étaient l'égalité et la fraternité. Jamais il n'a laissé sa petite amie en difficulté. Lui premier, elle seconde. Mais alors, pourquoi a-t-il fait ça ? »
Fin du rapport.
Pierre fut ramené à la réalité en se prenant une baffe de la bibliothécaire. Sa joue était en feu.
- Comment se fait-il que vous ayez un tel document ? Et c'est l'heure de la pause ! Je crève de faim ! Du balai !
L'Enquêteur déguerpit de la bibliothèque l'esprit en ébullition. Tant d'informations a enregistré, pourtant un point restait mystérieux : son prénom ? Pourquoi demeurait-il censuré ou encore inconnu ? Cet homme avait un passé chargé. Comment enquêter sur un fantôme sans un nom ni prénom ? Surtout que tout demeurait secret. Pierre n'espérait pas refaire un tour à Jadielle pour en apprendre plus... Si, parmi eux il y a cette personne qui a sortie avec lui, elle seule doit savoir des choses très importantes.
- Pardon, monsieur, mais est-ce vous qui recherchiez une personne ayant un passé...
Ca tombait trop bien. Il se braqua en un instant.
- Oui, pourquoi ? Et qui êtes-vous ?
Pierre était assis sur un banc en face d'un étang où barbotaient des pokémons eau, en face de lui se trouvait le vieil homme de tout à l'heure l'air sérieux et grave. Il s'assit à côté tenant sa canne, soudainement sur lui passa une expression fugace de tristesse, ce Papi n'avait plus rien de tout à l'heure.
- Quand j'étais encore un gamin le monde me souriait, je ne craignais personne. Puis dans mon adolescence apparut la Team Rocket, ces gens là me gâchèrent une partie de ma vie en passant aux informations. Alors je pris la décision d'enquêter sur eux. Seulement on me confia un dossier spécial en fin de carrière... Il fut la cause de mes tourments, ainsi que celle de mon collègue. Après beaucoup de questions auprès des Jadiellains nous sûmes la vérité. Un homme lui donna l'idée, cette machination qui coûta de nombreuses vies, treize exactement. Alors nous nous mîmes à rechercher l'homme, nous pensions avoir à faire aux Assassins, quand nous leur demandâmes qui était-il ... ils se mirent à rigoler. Ils nous expliquèrent qu'en réalité existerait une Secte. Ennemie de tous toutefois performante et secrète ; nous commençâmes à enquêter sur elle. Bien évidemment dans les archives rien, les historiens répondaient énigmatiquement par Séparation des Pouvoirs. Cette Séparation de Pouvoirs est caractérisée par la dissolution de l'Ordre du Secret qui était remplie tueurs, si on demandait si ces tueurs étaient dirigés on nous répondait "oui, par le futur Ordre des Assassins". Nous remarquâmes que l'Etat ne possédait que très peu de documents dessus, en réalité il y avait eu une censure.
» Arriva le jour où nous tombâmes sur ces deux surhommes, sans le faire exprès, il y eut un combat acharné se résultant par ma fuite crachant du sang et la mort de mon collègue, dès lors on nous rangea dans un bureau sagement. D'après les supérieurs je devenais inapte pour le terrain.
» Seule la mort de mon ami me fit revenir à la vie, mettre tous les jours ma vie en insécurité voilà quelque chose qui occit... Abandonne tes travaux de recherches sur son passé, c'est impossible ; en revanche tu peux essayer de l'arrêter.
- Vous êtes schizophrène, fou ou menteur ?