Smirnoff R. de Domino

« On étouffe les clameurs, mais comment se venger du silence ? »
(Alfred de Vigny)

« La suite serait délectable,
Malheureusement, je ne peux
Pas la dire, et c'est regrettable,
Ça nous aurait fait rire un peu »
(George Brassens, Le Gorille)



Malcolm arriva en courant devant tous les autres.

-Je vous préviens tout de suite !!

Regards éberlués.

-C'est la fête des mères aujourd'hui, Roland est d'une humeur massacrante !
-Pourquoi ?! Il la fait pas cette fête ! S'étonna Rachel.
-Non, mais tous les autres la fêtent, alors...
-T'as appelé maman ?
-Oui bien sûr ! Je lui ai laissé un petit message sur le répondeur !
-Moi je n'ai pas encore appelé la mienne. Ca ne saurait tarder, marmonna Charlie.

Léopold les regarda, silencieux. Claire de même.

-Donc aucune question, aucune référence...
-T'inquiète pas ! Sourit Charlie. Ce sera un plaisir que de ne pas lui dire.
-C'est pas comme si c'était important non plus... soupira Rachel. Au pire il poussera une gueulante.

Dispersion. Claire et Léopold partaient dans la même direction.

-J'imagine que toi aussi ça t'indiffère... marmonna Léopold.
-Ma mère me déteste... soupira Claire.
-T'as fait exploser sa caisse ?
-J'aurais presque préféré... soupira la jeune femme. Et toi ?

Léopold sourit.

-J'ai pas de mère.

Claire le regarda.

-Oh oui c'est vrai... Excuse-moi !
-C'est rien. Mais bon, c'est toujours un jour un peu énervant pour moi cette journée...
-Moi aussi, tous là à parler de leurs mères parfaites...
-Eh bien... Celle de Rachel et Malcolm est adorable, celle de Roland est une crème et j'ai un grand respect pour elle.
-Et celle de Charlie ?!
-On... ne s'est jamais beaucoup entendus... elle est un peu bigotte sur les bords – ça n'empêche que je la respecte mais y'a comme une barrière entre nous.
-Je vois... Et Beau-Papa, il est comment ?
-Super. Heureusement !

Claire sourit. Ils croisèrent Richard Lewis, fulminant.

-Bonjour Mr le doyen !
-Richard...
-Grmbljour...

Léopold le regarda passer.

-Ce type est toujours tendu comme un slip d'obèse !

Richard se dirigea vers le couloir de l'administration et se plaça face à la porte du proviseur Burton.
Il allait frapper...

***

-Qu'est-ce qui vous ferait le plus plaisir au monde, Linda ?

Richard et Nathalie regardaient leur professeur itinérante.

-Très franchement, ce serait... Avoir un bébé !
-Beurk... grommela Nathalie.
-Et toi Nathalie ? A part qu'on s'étrangle simultanément avec des chips ?
-Hmph... J'aimerais bien... Rentrer chez moi !
-On a dit le plus au monde ! Ricana Richard.
-Te tuer était déjà pris !
-...
-Et demande à ton Cradopaud d'arrêter de faire ce bruit avec ses joues !
-Il peut pas ! Tu l'as dans l'os ma vieille !

Nathalie le regarda, méprisante.

-Et toi, Richard ?

Richard réfléchit.

-Moi ce qui me ferait le plus plaisir... Hmmm... Ce serait de devenir prof. C'est une volonté que j'ai depuis longtemps.

Linda hocha la tête.

-Ca n'est pas simple... mais avec un peu de volonté on y arrive.
-Oh quand je vous vois vous, ça me donne bon espoir !

Nathalie éclata de rire. Linda grimaça. Richard temporisa.

-Parce que vous êtes quelqu'un de simple comme moi !
-Oh... J'avais mal compris...
-Moi aussi, houhouhou !

Richard et Linda la regardèrent. « Au moins, elle rigole... »

***

Richard entrainait Cradopaud en compagnie de Linda.

-Toujours imposer le rythme.

Il attaquait Momartik avec l'aide de Casse Brique ce qui n'avait pas d'effet mais avait le mérite d'entrainer Cradopaud à l'attaque.

-Très bien.

Cradopaud se mit alors à évoluer.

-Oh !!
-Hm !

Nathalie elle-même se retourna pour voir Cradopaud devenir un Coatox.

-Chouette ! Sourit Richard.
-Maintenant il est cool ! Assura Nathalie

Le Pokémon gonfla son jabot et fit un bruit atroce. Nathalie grimaça. Richard afficha un sourire plein de dents.

-Psychopathe... grommela la grosse fille.

***

Richard frappa sèchement à la porte et entra directement, poussant Cubbert l'Ossatueur droit dans une plante verte.

-Bon sang !!! Vous allez finir par me payer les frais d'hospitalisation !! grommela Harold Burton.
-Bien ! J'ai fait le compte de mes doutes et suspicions.
-Et alors ?
-Vous n'avez pas pu décider de tout ça seulement vous tout seul avec Jay. Il y avait un tiers élément. J'en ai parlé avec les petits jeunes, d'après Malcolm Heine, Jay et Roland Smirnoff ne se connaissaient pas. Donc il y a eu intervention d'une troisième personne.

Harold souffla.

-Pourquoi cette affaire vous tracasse t-elle autant ?! Ca fait déjà des lustres !
-Quelques jours ! Grommela Richard. Et aujourd'hui plus que n'importe quel autre jour je tiens à avoir une fixation sur quelque chose de totalement insignifiant ! Mais en l'occurrence ça ne l'est pas, un professeur a été blessé et une autre a été séquestrée !
-D'après les caméras, Claire Perry n'était pas en danger...
-Elle a été enfermée par un Mr Mime dressé ! Dans cet état c'est un crime !
-Vous, vous avez encore fait une session Nocturne Code Civil !
-Non, hier c'était cocktail au bar si on se présentait seins nus...

Harold Burton releva la tête, abasourdi, mais Richard continua sans sourciller.

-... Mais depuis que j'y réfléchis, ça me trotte dans la tête. Qui est le troisième intervenant ?
-... J'ai quoi en échange ?
-La vie sauve !
-Je pensais plutôt à... C'est quoi cette histoire de seins nus ?
-... Pardon ? Je vous parle d'une affaire très sérieuse !! Et vous me parlez de...
-C'est vous qui avez commencé à parler de seins nus !
-... J'habite au dessus d'un bar à cocktails quelque peu olé olé !
-Lequel ?
-PEUT-ON REVENIR AU PREMIER SUJET !
-Si vous me dites quel bar !
-L'Ananas Mécanique !
-Oh ! Très bon endroit ! Vous y allez souvent ?!
-Vous tenez vraiment à ce que je coince l'appareil génital de votre Ossatueur dans votre taille-crayon électrique ?
-... Non... Oui, euh, cette troisième personne... Je ne sais pas qui c'est.
-Menteur !
-Comprenez que je ne peux pas vraiment...
-Si je dis ça à la police ils seront d'un autre avis !
-Très bien, très bien ! Megan Doppler.

Richard s'étonna.

-Elle a suggéré que j'allume cette alarme.
-Suggéré ?
-Oui parce que... Je lui demande régulièrement conseil pour... Certaines choses...

Richard grimaça.

-Nous avons une complicité qui induit que je remplisse certains services pour elle.
-Et en échange...
-En échange elle m'apporte des informations précieuses sur les autres professeurs.

Richard secoua la tête.

-Vous avez une balance...
-On peut parler plutôt de veille.
-Est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous faites ?!
-Oui, et je trouve que vu votre comportement erratique je m'en sors plutôt bien !
-Monsieur Burton, vous m'obligez à faire appel à des moyens drastiques !
-Je suis sous surveillance policière. Si vous tentez quoi que ce soit contre moi, ils le sauront avec la caméra. Qui est cachée dans mon bureau évidemment. J'ai aussi une petite alarme sous mon bureau. Vous tenez à tester ?!

Richard sourit et fronça les sourcils.

-J'ai pire encore que tout ce que la police pourrait arrêter. Vous ne vous doutez pas des moyens que je peux mettre en œuvre.

Il partit. Harold ricana.

-Pauvre type...

***

Au repas de midi, Roland agissait mécaniquement et en silence, découpant avec obstination sa viande. Malcolm mangeait normalement. Claire de même, avec une légère pointe de surprise envers Roland. Rachel semblait détendue, Léopold de même. Charlie avait le nez dans son assiette. Nigel arriva.

-Fête des mères, telle le printemps tu es éphémère, mais tous les jours tu demeures prospère ! Qu'il est agréable de fêter celle qui nous a engendrés !

Nigel observa la table qui semblait limite sortir d'un enterrement.

-Oh... Ce n'est point l'accueil espéré... Dommage qu'on ne puisse refaire ses entrées, ça aurait été avec plaisir...

Megan arriva quelques minutes après. Elle vit la table et regarda Roland.

-... Rachel m'a dit... Pour votre maman, je suis désolé Roland.

Rachel regarda Megan, abasourdie.

-M... Mais non c'est pas qu'elle est morte ! Il veut pas qu'on en...

Roland éclata de rire sous les yeux surpris de Nigel, Léopold, Charlie et Claire. Malcolm ferma les yeux, consterné. Roland n'avait jamais autant ri de toute sa vie.

-HOUHOUHOUHOUHOU ! Oh mon... Oh mon DIEU ! Ca me rappelle la fois où j'ai vu cette erreur de production dans les Simpson !
-Ca alors, tous les instants joyeux de sa vie défilent devant ses yeux... Va t-il mourir ?! soupira Malcolm.
-Megan, je vous avais sous-estimé ! Hihihihi... Cette vanne était excellente ! Bravo ! C'est... Votre meilleure réplique depuis le début de l'année ! Haaaaaahahahahaha ! C'est trop bon !

Table embarrassée, forcément.

-Euh.... Roland, tu... n'abuses pas un p...
-Sinon à part ça, tout le monde va bien ?

Les autres hochèrent la tête doucement.

-La journée a commencé de façon sympa, les cinquième année ont l'air particulièrement actifs. Ca m'a fait plaisir de les voir aussi enjoués d'avoir des exercices supplémentaires à cause des révisions !

Malcolm sembla éberlué.

-T... Tu es de bonne humeur ?
-Megan vient d'illuminer ma journée ! Je ne veux pas qu'on repense à cette fête des mères débile !
-Stewie Griffin est mort, vive Roland Smirnoff... marmonna Charlie.

Megan sourit.

-Exactement ! Ne repensons pas à nos mères, à l'heure qu'il est, elles sont en train de se réjouir de nos absences, alors...

Charlie se leva et partit de la table avec son plateau sous les yeux étonnés de chacun. Rachel plissa les yeux.

-Qu'est-ce qu'il a ?! s'étonna Megan.

Léopold grommela.

-Un truc qui te manque. Un putain de tact. Parce que pour l'instant c'est l'inverse !

Il se leva à son tour et partit. Megan haussa les épaules. Roland sourit.

-Et en plus elle est offensante à souhait ! Je vous avais vraiment mal jugée !
-Merci !

Claire grimaça, surprise.

***

Léopold s'assied face à Charlie qui s'était mit au bout d'une table prise.

-Eh, ça va ?
-Hm hm !
-Charlie ?
-Ca va j'te dis, c'est juste qu'elle m'a... un peu blessé.
-Ta maman te manque ? Tu veux l'appeler maintenant ?
-Mais non ça va aller j'te dis...

Léopold regarda Charlie.

-T'es pas cool... J'pensais qu'on se parlait, tous les deux ! Qu'on se disait les trucs !
-... Mais tout va bien alors j'ai rien à te dire.
-J'ai pas l'impression.
-Léo, tu fais chier, là.

Léopold regarda son compagnon, étonné. Charlie laissa son plateau et sortit du réfectoire.

-Han géniaaaaal, putain...

***

Charlie sortit, maussade. Il croisa Richard.

-Charlie ! Où est Megan Doppler ?
-... Elle mange, je suppose, à moins qu'elle ne se soit étouffée avec ses sarcasmes...
-Il faut que vous m'aidiez !
-J'vais vous donner une nouvelle : J'suis pas votre larbin !
-Charlie...
-MERDE, CHARLIE ! IL S'EN FOUT CHARLIE, C'EST TOUT !!! PUTAIN !!

Il partit, bougonnant dans les couloirs. Richard s'étonna.

« J'ai vraiment des professeurs bizarres... »

***

-Pour finir... Ahem... Je vais laisser ma place à un jeune homme qui fait son entrée en tant que professeur à l'âge de seulement seize ans. Veuillez accueillir le petit Richard !

Jools Siviter s'éloigna du piédestal et accueillit l'adolescent qui approcha. Il serra la main du professeur qui lui tapota les fesses, mais Richard supposa qu'il voulait lui tapoter le dos et ne trouva que ça à sa hauteur.

-Merci monsieur Siviter... Euh, c'est... Bien, que je sois là... Je suis content ! Sourit Richard.

Il regarda la salle qui attendait un discours plus élaboré.

-Euh... C'est tout !

Petit blanc puis applaudissements. Richard haussa les épaules. En coulisses, Jools le rejoignit.

-Eh bien, un discours un peu âpre !
-Je n'aime pas parler inutilement.
-Je comprends cela, jeune homme. Oh, j'allais oublier. Pour votre premier jour en tant que professeur j'ai décidé de vous offrir un présent.
-Un présent, tiens donc.
-Voilà !

Jools tendit la Pokéball. Richard soupira.

-Oh...
-Ca va vous plaire quand vous verrez ce que c'est.

Jools sortit le Morpheo. Richard s'étonna.

-Oh ! Il est mignon...
-N'est-ce pas !
-C'est gentil, monsieur Siviter. Merci beaucoup.
-Vous me rappelez un de mes anciens élèves. Il était un peu comme vous, timoré, mais à cause de la mort de son père. Il avait.. un Capumain, oh qui a évolué depuis, et aussi un Pomdepik...
-Etienne Smirnoff ?!

Jools claqua des doigts.

-Exact ! Vous le connaissez ?
-J'ai vu son sang couler, oui, on peut dire ça comme ça !

Jools s'étonna, quelque peu surpris par la remarque.

-Je... plaisante ! Rien de grave, il est en vie bien sûr !
-Oh....
-Oui... Il a dû sortir de l'hôpital, je ne sais pas trop où il est à l'heure actuelle mais si j'ai des nouvelles, je vous tiens au courant.
-Ce... serait appréciable, oui. Merci bien, Richard.
-Ce n'est que justice, ce Morpheo est adorable.

***

-J'vois pas pourquoi on s'en préoccuperait, on dirait que chaque semaine il met un point d'orgue à piquer sa crise ! Soupira Roland.

Rachel soupira.

-Charlie est quelqu'un de sensible, il a l'air fort comme ça mais c'est quelqu'un qui a tendance à... faire l'épreuve de ses sentiments.
-C'est une tarlouze, quoi ! Acquiesça Roland.
-Pourquoi t'es aussi rude avec lui ? S'étonna Malcolm.
-Ne me demande pas pourquoi, apprécie !
-Je veux dire... Il ne t'a jamais rien fait, Roland ! C'est un des types les plus adorables qui soit...
-Ouh... Toi tu nous caches quelque chose !
-Roland... soupira Claire.
-Quoi ?
-Ce que Malcolm essaie de te dire c'est que... Tu t'en prends à Charlie pour des raisons qui nous échappent...
-Voilà ! Admit Malcolm.
-Ouah, Malcolm, tu as besoin d'une fille pour penser !
-... Va t'excuser auprès de Charlie ! Vraiment ! Il ne mérite pas que tu t'en prennes à lui comme ça.

Roland soupira.

-C'est unanime je suppose ?!
-Non, moi je m'en fiche... marmonna Megan.
-Si tu pouvais leur refiler ton virus...

***

-Il a l'air... Je ne sais pas, de l'apprécier !
-Roland a des goûts très étranges en matière de femme, dans ce cas là... marmonna Malcolm.

Claire plissa les yeux.

-Tu les ignores ?!
-On n'a jamais été très... tournés vers les femmes. Enfin moi oui mais lui c'est plutôt... J'ai jamais perçu cette facette de sa personnalité. Je trouve cependant ce rapprochement avec Megan quelque peu... mauvais.
-C'est vrai que ce n'est pas une fille pour... lui ?
-Oui voilà, on ne peut même pas se poser la question parce qu'il n'a jamais fait d'approche.
-Il... n'est pas intéressé ou...
-Je tends à penser qu'il cherche surtout à ne pas blesser ses éventuelles conquêtes, il pèse intérieurement le pour et le contre et il se voit comme quelqu'un d'infréquentable alors... Finalement il se prive de tout !
-C'est triste...
-Pour lui ou pour les filles qui éventuellement cherchent à le fréquenter ?
-Les deux... marmonna Claire.

Malcolm soupira.

-Mais c'est vrai qu'il dépasse un peu trop souvent les bornes avec Charlie...
-D'autant que Charlie est un gentil garçon...
-Je sais pas trop ce que Roland a contre lui... Si c'est à cause de son homosexualité...
-Mais Roland n'est pas aussi acerbe avec Léo !
-Si... Mais Léo sait répondre ! Remarqua Malcolm.
-Et pas Charlie, ajouta Claire.
-Donc c'est de Charlie que vendrait le problème... C'est débile ce qu'on dit là ! C'est Roland qui l'insulte !

Claire hocha la tête.

-Je suppose que fréquenter Roland impose ce genre de pensées...
-Pas faux. Bon, j'ai cours, à plus !
-Ok.

Claire le regarda partir. Elle croisa Léopold.

-Comment va Charlie ?
-Oh, il est déprimé aujourd'hui, je crois qu'il était pas d'humeur à supporter les piques de Roland.
-Bon... et toi ?
-Moi... Bah j'me sens isolé parce que j'ai pas de maman, inutile parce que Charlie refuse de me dire ce qui se passe... La vie sera idéale si tu me jettes un seau d'acide à la face !

Claire sourit.

-C'est juste une passade. Si sa mère est si désagréable que tu me l'as dit, ça ne doit pas être un jour facile pour lui...

Aucun des deux ne remarqua que Richard venait d'aborder Malcolm pour lui faire d'importantes révélations.

-Non, il adore sa mère, même si... Elle n'a jamais vraiment été très fan de notre couple, il l'adore. Elle doit lui manquer en fait, si ce n'est que ça, on ira les voir ce week-end...
-Tu penses que ce n'est que ça ?
-Bah... Sûrement oui... J'vois que ça en fait ! Sinon il a dû revoir la fin de Bambi, auquel cas je ne peux pas ressusciter cette pauvre madame chevreuil !

Claire éclata de rire. Léopold ricana avec elle. Petit blanc un peu embarrassé. Claire plissa les yeux.

-Qu'est-ce qui se passe ?
-Rien... C'est juste que... Le prends pas mal, hein...
- ?
-Tu es... enfin ça fait quelques semaines qu'on s'est un peu rapprochés et... Je dois avouer que j'ai un petit béguin pour toi !

Claire tomba des nues.

-Je suis... flattée mais... Je suis une femme !
-Et moi je suis bisexuel !

Claire s'étonna. Léopold hocha la tête, pas très fier.

-Aow... Mais avec Charlie...
-Ah non avec Charlie c'est une relation pleine et engagée... Mais un jour dans l'année, pour l'anniversaire de mariage de ses parents, lui part les rejoindre et moi j'ai droit à une journée... femmes !

Claire grimaça.

-J'aurais... presque préféré ne pas le savoir !
-Désolé ! C'est juste que... Je pensais pas vraiment que tu rentrais dans mon genre de fille mais...
-Oui bon là tu dépasses un peu les bornes des limites ! Sourit Claire.
-Pardon, pardon. On se sépare et on oublie cette conversation ?
-On essaiera de s'en rappeler quand on aura 70 ans et qu'on sera dans la même maison de retraite après avoir fini nos mots croisés !

Léopold sourit en secouant la tête et se sépara de Claire qui partit dans l'autre direction. Malcolm était éberlué.

-C'est ELLE qui a tout organisé ?!
-Elle est en liens étroits avec le proviseur Burton, c'est eux qui ont manigancé tout ça, je ne peux pas la licencier et à peine l'avertir, tout se fait avec son aval à lui.
-Dur... Mais... ça se tient... maintenant Roland l'adore, il est tout sucre avec elle !
-Quel est le rapport ?
-Depuis le début de l'année, elle est quelque peu obsessionnelle avec lui... Personnellement ! Elle est quelque peu érotomane.
-Elle croit qu'il l'aime.
-Voilà !... J'ai un peu peur maintenant en voyant ce dont elle est capable...
-Ce sont les vacances d'avril à la fin de la semaine, j'aimerais régler les choses avant.
-Régler... Vous voulez dire...
-Je me charge du proviseur, à vous de prévenir Roland.
-... Ok...

Richard retourna à son bureau. Et Malcolm de faire face à un dilemme.

***

-Vous voyez, si je lui dis, il va détester Megan à nouveau, alors que... j'ai l'impression que cette amitié féminine lui fait du bien, ça m'embêterait !

Nigel regarda Malcolm.

-Vous... êtes son ami, n'est-ce pas, son ami le plus proche.
-Je crois oui.
-Quel est le sens de votre amitié ?

Malcolm plissa les yeux.

-Sens...
-La signification.
-Oh... Eh bien... Roland... Euh.... est une compagnie agréable parfois... Je m'efforce de... lui améliorer la vie, lui... Lui est parfois de bon conseil, il a un détachement... Je sais pas, elle est dure, votre question !
-Déterminez le sens de votre amitié et ensuite vous saurez si vous devez vraiment le lui dire ou l'occulter. Le pouvoir est entre vos mains. Retenez-le ou déléguez-le.

Malcolm plissa les yeux, se questionnant sérieusement.

***

Richard regarda le Barpau. La créature semblait vouloir à tout prix retourner à l'eau. Richard l'y rejeta, dégoûté.

-Beurk.

Il avait quelque 19 ans. Professeur depuis trois ans, il avait pour habitude de pécher dans les lacs de Mauville. Comme ça, pour le plaisir. Il crut avoir une grosse prise à un moment, et tira fort.

-GNNNNNN... TU M'ECHAPPERAS PAS SALETE !!! HHHHGNNN...

Il extirpa... Un sac en plastique couvert de boue.

-Beurk...

Un truc y remuait. Richard observa l'Axoloto qui en sortit, exténué.

-Oh... Pauvre bête...

La créature, reconnaissante, se jeta sur Richard.

-Argh ! T'es tout visqueux !!

Il décida néanmoins de capturer la créature. L'attachement primaire d'un Pokémon à son maître, c'était quelque peu primordial dans l'entrainement.

***

-Bon, aujourd'hui un cours un peu particulier...

Malcolm se trouvait au milieu des troisièmes années, observant le cours de Roland.
Le professeur sortit son Scorvol. Les élèves applaudirent.

-Merci, merci... Voici Voldo. Il a évolué en Scorvol récemment. Et l'ennui c'est qu'il ne m'obéit plus vraiment...

Le Pokémon poussa un cri, électrisant ses crocs.

-L'avantage c'est qu'il améliore ses attaques tout seul sans que je lui dise ! Le désavantage, c'est qu'à la maison, il casse tout !

Rires dans la salle; Malcolm secoua la tête en souriant.

-Bref. De nombreux ouvrages de psychologie Pokémon m'ont appris que la désobéissance était soit l'effet d'une capture traumatisante, soit d'une évolution trop soudaine. Cependant, Scorplane avait déjà atteint son âge mature quand il a évolué, et je l'ai capturé de façon somme toute normale. J'ignore donc pourquoi il est ainsi. Je n'ai pas vraiment de piste, alors j'attendais vos proposition si éventuellement vous en aviez. Oui ?
-Il est peut-être malheureux...
-Non au contraire il était très jovial avant d'évoluer.

Scorvol poussait des cris en sautillant. Roland le regarda, lassé.

-Tu m'ennuies, toi !
-Vous pourriez être plus gentil avec lui !
-Je ne fais pas preuve de gentillesse avec mes Pokémon, je suis correct avec eux. Être gentil c'est leur mentir. Je les fais se battre, je ne les entraine pas à devenir des animaux de compagnie.

Malcolm leva les yeux au ciel.

-Bref... Pas d'autre suggestion ?... Oh non pas toi !

Malcolm sourit et baissa le bras.

-Tu as pensé à la théorie de Stapleton ?
-Le vieux conflit mal réglé ? C'est entre Pokémon eux-mêmes.
-Oui mais, il est tout à fait possible que tu aies eu un problème avec Scorplane qui n'ait pas été réglé et qui reste en suspens avec Scorvol. Seulement Scorvol est plus mature, plus... âpre. Il faudrait que tu cherches à faire un travail d'élevage sur lui et à régler ce vieux conflit.

Roland hocha la tête.

-Je le réprimandais souvent parce qu'il était trop foufou...

Il regarda son Scorvol, quelque peu amer.

-C'est très probablement ça. Remercions votre professeur de mathématiques qui entre deux cours inutiles trouve le temps d'aider ses collègues !

Rires dans la salle. Malcolm ricana aussi.

-...Hm... Bien, on va reprendre sur... Attaques et incapacité physique de les exécuter. Colossinge peut apprendre Queue de Fer mais il n'a pas de queue. Ymphect peut apprendre Casse-Brique mais il n'a pas de bras, et Togekiss peut apprendre Mitrapoing. Tout cela peut paraître étrange mais pourtant bien réel.

***

Malcolm vint voir Roland après son cours.

-C'est gentil de venir me voir... Tu aimes les cours de Roland ? Je fais payer à la minute maintenant !

Malcolm sourit. Il sembla embarrassé.

-J'ai un truc à te dire. C'est... important, et j'espère que tu ne vas pas... partir dans des... gesticulations inconsidérées...

Roland plissa les yeux et regarda son ami, étonné.

***

Roland sortit de sa salle, en pétard, suivi par Malcolm.

-Ou elle est ?!
-Roland, je t'ai dit...
-OU EST-ELLE ? MEGAN !!

Elle se retourna, en pleine discussion avec Rachel.

-Ouiiiii ?
-C'est toi qui a organisé toute cette mascarade de la dernière fois avec l'inspecteur ?!
-Je ne vois pas de quoi tu...
-Quoi, mais Roland, ça va pas ?! S'étonna Rachel.
-Le Doyen est au courant !! Tu as monté cette combine avec Jay Lange et le proviseur pour tes petites manigances à la noix !

Megan sourit.

-Bah voyons. Et tu vas faire quoi ?

Rachel s'étonna.

-M... Megan mais comment...
-C'est une longue histoire... soupira Megan.

Rachel secoua la tête et s'éloigna. Roland envoya Scorvol. Megan plissa les yeux.

-Non, un match, vraiment ? Roland, mon pauvre Roland, si tu crois que je vais m'embarquer dans tes...
-MEGAN DOPPLER DANS LE BUREAU DU DOYEN SUR LE CHAMP !

Elle leva la tête étonnée. Elle regarda Roland.

-Si jamais je me fais virer, tu vas souffrir !!

Elle partit. Roland rappela Scorvol. Rachel resta abasourdie. Roland la regarda.

-Toi, la prochaine fois que tu te fais une copine, engage de meilleurs casteurs !

Malcolm regarda sa sœur, perturbée.

Megan entra dans le bureau du doyen où se trouvaient le doyen, le proviseur et trois personnes.

-Hm... C'est un échafaud ?
-Pas du tout... Megan, je suis contraint de vous donner deux avertissements... soupira Harold Burton.
-Oh...
-Le troisième entrainera des sanctions disciplinaires.
-C'est qui ces trois là ?! Marmonna Megan.

Ils lui serrèrent la main.

-Nous sommes les inspecteurs administratifs du Cabinet Gisèle Bowyer !

Megan plissa les yeux. Harold semblait anéanti. Un grand sourire super jouasse illuminait le visage de Richard.

***

Malcolm retourna prendre ses affaires à la salle des profs. Nigel revint l'accoster.

-Alors ?
-Alors quoi ?
-Vous l'avez dit à Roland, c'est que vous avez trouvé la signification. J'aimerais savoir.

Malcolm hocha la tête.

-Je crois... que sa signification c'est qu'on cherche sa signification ! Ensemble. On se teste en permanence pour voir ce qui nous lie, on se défie mutuellement pour voir qui va tenir le plus longtemps... Jusqu'à ce qu'il y en ait un qui lâche.

Nigel hocha la tête.

-C'est fragile, alors... Parce qu'on ne se lasse jamais d'une amitié, mais d'un jeu, très vite, oui.

Il partit, laissant un Malcolm déboussolé.

***

Charlie soupira, prenant le téléphone contre son oreille, assis dans un couloir vide.

-Allô... Papa ?
« Fiston... Comment ça va ? »
-Bien, bien... Je... voulais parler à maman.
« Ta mère vient de partir avec ta sœur pour... son traitement. »

Charlie ferma lourdement les yeux.

-Ca... se présente bien ?
« Les médecins ont dit que ça serait dur mais qu'elle avait des chances de s'en sortir... Que si elle suivait régulièrement la chimiothérapie, elle augmenterait ses chances de guérir... »

Charlie hocha la tête en se mordillant les lèvres.

-Je vais essayer de venir passer quelques jours avec vous pendant les vacances d'été, en plus du week-end prévu pendant les vacances d'avril, j'ai encore rien dit à Léopold...
« Oh, Charlie, ça va aller, ta mère est une battante... »
-Quand même, papa, j'peux pas m'empêcher de... De me sentir mal par rapport à ça ! Si j'étais plus près, je pourrais vous soutenir...
« Tout se passe très bien, ne t'en fais pas. Je te laisse, Jonathan est là. »
-Ok... Bon courage papa. Dis à maman que je l'aime très fort.
« Promis. Bon week-end, fiston. »

Charlie lâcha le téléphone et se laissa aller, pleurant sans retenue. Il pleura entre ses genoux une bonne dizaine de minutes avant qu'une main amicale ne se pose sur son épaule. Il mit quelques temps avant de voir Roland, à côté de lui.

-Je sais pas pourquoi tu pleures mais... si c'est ma faute je suis désolé.
-... Non, non, c'est... autre chose. Mais merci pour ces... excuses ?
-En fait oui je te cherchais pour m'excuser. D'avoir été si méchant avec toi. Injustement par ailleurs.
-Boh... T'es pas plus méchant avec moi qu'avec un autre. C'est juste que... En ce moment c'est pas super simple pour moi.
-Comment ça, tu t'es soudainement aperçu que tu étais hétéro ?
-Nan... Je... Prof c'est pas ma vocation première, je voudrais être champion d'arène.

Roland plissa les yeux.

-De l'un à l'autre je vois pas trop le rapport !
-Je suis devenu prof pour voir Léo tout le temps.
-Je vois. On a du mal à couper le cordon.

Charlie sourit.

-Nan... J'ai foiré mon examen pour devenir champion, résultat... Je suis à la dérive depuis 6 ans.
-Ah ça c'est idiot. Tu as perdu six années de ta vie après avoir raté un examen. T'es naze.

Charlie regarda Roland.

-Et toi t'es nul pour rassurer les gens.
-Merci ! On s'comprend bien en fait.
-Tu crois vraiment que je suis naze ?

Roland soupira et se releva.

-De pas réessayer, oui. D'avoir peur, non. On a tous peur.

Charlie regarda Roland partir. Il hocha la tête.

« Merci, Roland... »

***

Le soir venu, Richard zigzaguait entre les filles de l'Ananas Mécanique qui se maquillaient et s'habillaient; Il alla voir une danseuse noire, Bamali.

-Bamali, excuse-moi...
-Oh bonjour Mr Lewis ! Vous allez bien ?
-Très bien, très bien.
-Vous serez là demain soir ? Je ferais mon numéro sur Galopa !
-Oh ! Je ne raterais ça pour rien au monde. Vous allez danser sur « Picture of you » avec un appareil photo factice, n'est-ce pas ?
-Oui, Mr Lewis !
-Venez avec moi.

Ils se placèrent derrière le rideau rouge, l'ouvrant légèrement.

-Vous voyez le type au premier rang, avec la bouteille de porto, l'imper vert et le chapeau ?
-Oui !
-C'est mon patron, Mr Burton ! Si vous remplaciez votre appareil photo factice pour un vrai, ça me serait très utile !

Bamali ricana.

-Vous êtes un petit diablotin, Mr Lewis !
-Moi ? Pensez vous ! Ricana Richard.