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Smirnoff R. de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 06/07/2009 à 12:03
» Dernière mise à jour le 27/12/2009 à 13:54

» Mots-clés :   Drame   Humour   Kanto   Romance   Suspense

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024 - Chandra
« Je n'ai rien contre les pauvres. Je crois qu'ils méritent aide et compréhension. Je dirai même plus. Je suis convaincue que la majorité des gens qui sont pauvres ne le font pas par méchanceté. »
(Quino, extrait de l'excellente bande dessinée Mafalda – Propos tenus par Susanita)

« Qui n'a perdu ne sait la peine
Plus de réserve, du tout
Ni dieu, ni haine, s'en fout
Plus de superbe, j'ai tout d'une peine…
Un enténèbrement... »
(Mylène Farmer – Si j'avais au moins...)



Rachel arriva tranquillement à l'académie pour ce nouveau jour. Un peu stressée parce que son brushing de ce matin était complètement raté, résultat elle s'était faite une queue de cheval pour changer. Mais ça la changeait un peu trop.

Elle vit tout de suite Malcolm qui s'engueulait avec un prêtre dans le hall de l'académie.

-Vous n'avez pas à être ici !! L'église et l'état sont séparés donc l'église et l'école aussi !
-Nous avons le droit, c'est pour les Petits Frères des Pauvres. Les élèves ont le droit de passer et de nous donner une petite pièce, ce qu'ils font souvent avec plaisir.
-Alors retirez moi au moins ces soutanes ! Ah quand Roland sera là...

Les prêtres se regardèrent, étonnés. Rachel arriva.

-Qu'est-ce qui t'arrive ?
-C'est quoi cette coiffure ?
-T'as pas cours ?! Rétorqua Rachel.
-Hmph...

Malcolm partit. Quand il fut assez éloigné, Rachel serra la main au prêtre.

-Excusez mon frère... Comment allez-vous, père Marlon ?
-Bien, Mademoiselle Heine, et vous ?
-J'ai connu des jours meilleurs mais je suppose qu'à vos yeux un sèche-cheveux qui ne marche pas ne détruit pas une journée...
-Il y a une raison à chaque chose ! Votre sèche-cheveux devait ne pas marcher ce matin.
-Hm. Comme d'habitude...

Elle sortit son carnet de chèques.

-Et n'oubliez pas que vous n'avez pas le droit de regarder le montant ! Ricana Rachel.
-Péché de convoitise... sourit le prêtre.
-Dommage que vous n'ayez pas le droit de vous marier, j'adore les mecs qui passent leur temps à dire des bondieuseries...

Elle glissa le chèque dans la boîte transparente.

-Bonne journée, mon père !
-Dieu vous garde, Rachel !

Une fois assez loin, Père Marlon demanda à une nonne de vérifier le montant du chèque. Père Marlon haussa des sourcils étonnés et sourit en joignant les mains tout en regardant vers le ciel.

-Tu es trop bon avec nous...

***

Rachel soupira et sortit ses cours de la journée préparés avec soin. Malcolm la regarda.

-Toi tu as la tête de quelqu'un qui a accepté que quelqu'un d'autre soit son sauveur !
-Et toi tu as la tête d'un petit grognard malpoli qui crie sur les gens d'église.
-C'est pas légal c'est tout !
-C'est pas légal mais je préfère voir ça dans le hall plutôt qu'un inspecteur d'académie fou-furieux !

Claire arriva à son tour.

-Bonjour tout le monde !
-Claire, tu as vu ces types dans le hall ?
-Les prêtres ?! Oh je n'arrive pas à croire que les bonnes sœurs portent encore ces voileries !
-... C'est tout ce qui te choque ?!

Claire s'étonna et regarda Rachel qui soupira.

-Anticléricalisme primaire.
-Oh Malcolm, ils aident les pauvres ! Geignit Claire.
-Ils pourraient le faire sans couvrir ça de Dieuseries ou de Dieusetés...
-Eh tout le monde !!

Ils se tournèrent vers Charlie et Léopold.

-Ah ! Eux ils vont être d'accord avec moi ! Sourit Malcolm. Oui, Charlie et Léopold, qu'y a t-il ?
-Vous avez vu le prêtre trop sexy à l'entrée, les filles ?! S'enquit Léopold.
-Il est plutôt mignon, oui ! Ricana Rachel.
-Les prêtres sont vraiment bien en noir, c'est vrai ! Murmura Claire.

Malcolm se décomposa. « Même les homos sont catholiques maintenant !!! »
Roland arriva, normal, tranquille. Tous les autres le regardèrent. Il se contenta de sortir ses cours du matin. Il s'aperçut enfin que tout le monde le regardait.

-... C'est juste une cravate ! S'étonna Roland.
-Tu as vu les fous de Dieu à l'entrée ? Argua Malcolm.
-Je préfère les fous de dieu aux ZZ Tops.
-ZZ Tops ?! S'étonna Claire.
-C'est comme ça qu'il appelle les rabbins... geignit Charlie.
-Oh... Ah oui... Oh... s'étonna franchement Claire.

La populace se dispersa, satisfaite. Rachel regarda Roland, étonnée.

-Pas de « Pourvu qu'un enfant ne passe pas à proximité » ? Étonnant...
-Je suis juste un grand acariâtre rancunier, pas inhumain ou stupide au point de penser que tous les prêtres sont des malades.
-Tu as fait un don ?

Roland sourit.

-Non, mais toi tu es soit passée assez près pour savoir qu'il faut donner, soit tu as été faire un don.
-Deuxième option !

Sourires échangés.

-Alors la petite peste argentée de la famille Heine est généreuse ?! Ouah... Enfant, tu me disais précisément ce que tu voulais pour ton anniversaire et tu voulais qu'on ouvre les cadeaux devant toi pour que tu vérifies ce qu'on allait t'offrir. Si c'était pas bon, on pouvait entrer mais pas de gâteau.
-Quelle bonne mémoire...
-Les actes des grands sadiques m'ont toujours passionné... Du créateur des Bonsaï à Rachel Heine !

Rachel sourit et partit. Roland releva la tête, souriant. Il se pinça pour effacer ça de son visage. Malcolm avait tout observé.

-Aurais-tu souri ?!
-Non !
-Si si si si si ! Roland Smirnoff, je t'ai vu !! Tu as souri !
-Malcolm, arrête la bibine et va expliquer aux autres la fessée déculottée du Père Roger.
-Y'a jamais eu de Père Roger !
-Non mais tu as sûrement subi quelque chose sinon tu n'aurais pas une telle rancœur.
-Roland, ta sollicitude me touche...
-Non, je veux juste une histoire croustillante !
-Pourquoi tu n'es jamais méchant avec Rachel ?

Roland regarda Malcolm et soupira.

-C'était quand on avait quatre ans et demi, sur la banquette arrière d'une vieille limousine...

Malcolm grimaça de dégout. Roland lui tendit l'index.

-Tu vois, c'est ce genre de tête que je voudrais devoir faire quand tu me raconteras ton truc traumatisant !
-Hmph... J'ai COURS !
-Moi aussi, crétin...

***

La porte s'ouvrit. Une femme en chaussures à talons noirs entra dans l'appartement. Portant un tailleur rouge de marque, des lunettes noires et des cheveux en chignon, elle regarda autour d'elle. Nouvel appartement à Kanto. Elle enleva ses lunettes et sourit. On lui monta ses valises.

-On vous met ça où, Mademoiselle Heine ?

Rachel replia ses lunettes.

-Dans le Living-Room.
-Bien mademoiselle.

Rachel les regarda en train de déposer ses valises. Elle leur donna chacun un billet en guise de pourboire.

-Et voilà, bonne journée, messieurs !

Elle regarda son appartement.

-Ca va être le pied !! Ouah... Bon j'appelle les entrepreneurs pour me faire une salle d'entrainement... Ooooh j'ai même une mezzanine !!

On frappa à sa porte. Elle ouvrit à son frère.

-Oh... Malcolm...
-Bonjour... Princesse Ivoirienne ! Je viens voir si tu es bien installée.... m'kassa di Pokasson !
-Tu habites où, toi, déjà ?
-A la résidence Manoir Celadon ! Appartement sous celui de Charlie et Léopold !
-Tu dois t'amuser... Ca doit y aller les bruits la nuit !

Malcolm grimaça, évasif. Rachel sourit.

-Alors que moi, les murs sont insonorisés ! J'ai un écran plasma, des canapés en velours, un lit à baldaquin avec des draps de satin...

Malcolm écarquilla les yeux.

-Qu... QUOI ???
-J'ai pioché dans ce qui me restait de l'argent de mes études et dans mes petites économies !
-Tu es... immonde !
-Oh Malcolm, toujours dans ce schéma « Etre riche c'est mal » !
-... Je ne comprends pas pourquoi tu...
-C'est pas compliqué, quand j'ai pris conscience que ma vie commençait maintenant... J'ai tout de suite adhéré à ce mode de vie là. Avec mes petits investissements, mon travail... Tout devrait aller sur des roulettes !

Malcolm plissa les yeux.

-Je serais toi j'aurais honte et je me sentirais moche !!

Rachel posa ses lunettes.

-D'accord. Pourquoi ?!
-Parce que la façon dont papa et maman m'ont élevé MOI m'a apprise qu'avoir de l'argent n'était pas honteux si on s'en servait bien ! Là ta seule déco peut nourrir l'Asie entière pendant trois semaines !
-Tu as raison, mes décorateurs sont des monstres qui laissent le tiers-monde crever de faim.

Malcolm secoua la tête.

-Tu es un monstre !
-Et toi un idiot qui ne profite pas de la vie.

Malcolm regarda les tapisseries aux murs et la table basse en marbre.

-Ouah... Bah amuse-toi bien avec ta maison où le seul porte-manteau vaut autant qu'une voiture !
-Deux voitures !

Malcolm leva les yeux au ciel. Il sortit de l'immeuble. Près des portes il repéra une clocharde à qui il donna quelques piécettes.

-Namaste.

Malcolm hocha la tête, gêné, et partit.


***

-Entrez !

Malcolm entra chez le proviseur Burton.

-Monsieur, je viens vous faire part d'un immense scandale !! C'est vraiment une infamie de taille !
-Vous êtes qui ?
-... Malcolm Heine ! Vous m'avez vu plusieurs fois...

Harold hocha la tête.

-Peut-être bien. Que se passe t-il de si horrible que vous daigniez vous déplacer jusqu'ici ?
-Mais enfin, cette troupe catholique dans le hall !
-Ils ont le droit.
-Comment ça ?
-Ils ont payé pour.
-... Ah c'est comme ça ? Eh bien... C'est scandaleux !
-Non, c'est juste ! Si vous avez un problème, je peux toujours vous changer d'établissement. Un petit licenciement, ça vous dit ?

Malcolm plissa les yeux.

-Je viens simplement vous signaler quelque chose qui à mon sens...
-Et moi je ne supporte pas cette saloperie de racaille Sinnohite !

Malcolm eut un mouvement de recul.

-Alors sortez de mon bureau et allez poser vos pieds dégueulasses ailleurs !

Malcolm partit, décontenancé par cette entrevue.

***

Le printemps aidant, Rachel donnait son cours de combat direct en plein air.

-Très bien Chrissy. Parfait Loan. Bien, ça, Medhi. Regardez le Mystherbe de Medhi ! Parfaitement préparé ! C'est très bien !

Malcolm vint voir sa sœur.

-Racheeeeel...
-Malcolm je n'en ai pas l'air mais je suis en cours. C'est bien les enfants, continuez l'entrainement de base...

Malcolm plissa les yeux.

-L'entrainement de base... Rachel !! Tu recommences à faire des cours au rabais aux première années !!
-Ils n'ont pas d'exam mais ils seront virés s'ils ne viennent pas en cours jusqu'à la fin de l'année, je n'ai pas envie de les embêter, il fait chaud, ça m'arrange aussi... Petra, non, chérie, on ne frappa pas son camarade avec l'aide d'un Insolourdo c'est très vilain !
-Le proviseur m'a traité de sale Sinnohite !
-Monsieur Burton est un énorme raciste. Pourquoi tu es allé le voir au juste ?
-Pour me plaindre de la venue des agents secrets du pape en terre de Celadopole !
-Tu devrais arrêter de pomper l'humour de Roland, ça commence à se voir. Roberto, plus haut la Flammeche, c'est un Goupix pas un Morphéo !
-Et il a dit qu'ils avaient payé pour avoir le droit de venir.

Rachel fit les gros yeux.

-QUOI ???
-Ouais ! Tu te rends compte, n'importe qui paye et lui laisse entrer ! Quel naze !
-Malcolm, la dernière fois que je me suis mise en colère...
-Noël de nos douze ans, quand tu as reçu le mauvais modèle de tapis roulant pour course de Charmina, tu as piqué une crise et les haies du jardin ont morflé, on a dû appeler un horticulteur pour réparer les dégâts.
-Bien ! Neuf ans, j'aurais tenu NEUF ANS sans péter une durite.
-J'appelle immédiatement papa pour le lui annoncer, nous aurons du champagne lors de notre prochaine visite...
-AH OUI AU FAIT ON VA LES VOIR TOUS LES DEUX LE WEEK-END PROCHAIN !!

Elle partit comme une fusée.

-SURVEILLE MES ELEVES !

Malcolm s'étonna qu'elle s'énerve si vite. Il regarda les élèves, surpris.

-Bah... Continuez !

***

Rachel poussa la porte d'un coup de pied, cassant le nez de Cubbert, l'Ossatueur.

-VOUS !
-Non mais dites d...

Rachel empoigna le proviseur.

-COMMENT OSEZ-VOUS FAIRE PAYER DES GENS D'EGLISE QUI FONT UNE COLLECTE DE CHARITE ??? ESPECE DE MONSTRE !!!

Elle le poussa dans son siège. Il la regarda, surprise.

-Comment ça !! C'est la même règle pour tous !!
-Ah oui ? Même pour une récolte charitable de dons ? Combien vous les avez fait payer ?!
-En quoi cela vous regarde ?!

Rachel grogna et brandit son poing. Harold geignit et chercha dans ses papiers.

-255 Pokédollars la journée !
-Espèce d'enfoiré !! Ils sont là pour la semaine !!
-Ca ne me regarde pas !
-Pauvre couille molle !
-Pardon ?!! Vous voulez être virée ?

Pour seule réponse, elle lui balança sa lampe qu'il esquiva de justesse.

-VA CHIER !!

Elle sortit sous les yeux de l'administration. Richard lui-même s'étonna.

« Wow.... Ca c'est une femme de caractère ! »

***

Rachel allait en cours et revenait de cours. Chaque matin, elle voyait cette femme, emmitouflée dans des drapures rouges. Chaque passage impliquait un « Namaste madame ». Rachel ignorait copieusement cette femme mais avait remarqué son existence.

L'hiver arriva. Il neigeait dru sur Kanto. Elle vit que la femme était toujours là, immobile. Rachel laissa son naturel lui échapper.

-M... Madame ?! Madame, vous allez bien ?

Elle réussit à la faire se lever.

-Vous allez bien ?!

Elle lui parla indien. Rachel regarda la femme indienne qui vivait dans un profond dénuement.

-Votre nom, madame ?! Je vais vous faire entrer.
-Chandra, Chandra !
-D'accord, Chandra...
-Chandra !

La femme sortit la photo d'une fillette.

-C'est votre fille ? C'est votre enfant ?
-Chandra, Chandra oui oui !

Rachel tapa le digicode de son immeuble et fit entrer l'indienne.

***

Le lendemain, on frappa à la porte de Rachel qui avait laissé l'indienne dormir chez elle.

-Quoi ?
-Miss Heine !

Le gardien d'immeuble.

-Les couloirs sont dégoutants ! Des témoins ont dit que vous aviez fait porter par votre Charmina une clocharde jusqu'en haut des marches ! Les escaliers sont plein d'eau !!
-Elle avait besoin d'aide...
-Dans ce cas madame il y a des foyers !!
-Vous savez comme moi que...
-Que quoi ? Où est cette femme ?
-Non mais dites, je paie un assez gros loyer comme ça !!

Il entra, brandissant le bail qu'il pouvait déchirer à tout moment.

-Hmph... Chambre d'amis, je vous y amène...

Ils ouvrirent la porte.

-Ca pue le chacal ici !!
-Dites vous pourriez être poli !! grommela Rachel. Madame... Euh... Oh je ne peux pas la virer !

Le concierge secoua la femme.

-Debout, feignante ! Allez !
-Ne la secouez pas comme ça bon sang !
-Allez ! On se lève, la squatteuse ! Bon sang c'est pas possible ce qu'elle fouette !!

Une heure plus tard, un médecin prononça le décès de l'indienne, tranquillement dans son sommeil. Rachel en fut bouleversée.


***

-Et 75 ce qui fait 1275 ! Vous voilà remboursés !
-Rachel, c'est inutile voyons...
-Mon père bon sang vous n'avez pas à payer pour venir faire la quête ici ! Les enfants adorent vous donner quelque chose, moi même c'est un plaisir, et les étudiants apprécient cette ouverture de la laïcité à d'autres horizons ! J'insiste sans cesse pour que les imams puissent venir donner des conférences mais le proviseur et la direction refusent !
-Ca a l'air de vous tenir à cœur...
-Ils ne pensent qu'au fric ! Vous faire payer je trouve ça insupportable ! L'argent ça rend idiot et égoïste !

Père Marlon soupira.

-Il est malheureusement indispensable. Bien, bon appétit.

Rachel hocha la tête et repartit.

***

-Bon, bah nous voilà sur un deuxième changement de table : La table à huit, pour accueillir nos deux nouvelles recrues, dirons nous... Megan et Nigel ! Marmonna Léopold.
-C'est un honneur que de manger à ta table, ça doit t'embêter à mort ! Grinça Megan.
-Affreusement ! Nigel en revanche c'est un plaisir !
-Tout le plaisir est pour moi... Encore que je m'en moque un peu, c'est juste pour vous faire plaisir !
-Eh bien vous êtes devenu le nouveau fantasme de Charlie alors bon...
-N'importe quoi ! Grommela le brun.
-Bah si quand même... sourit Léopold.
-Tu divagues mon vieux...
-Comment va votre Scorvol, Roland ?

Roland soupira.

-On pourrait parler d'autre chose ? Geignit le fils Smirnoff.
-Non, ça nous intéresse ! Sourit Malcolm.

Claire leva les yeux au ciel.

-Nigel, vous en pensez quoi, vous, du prêtre dans le hall ?
-Eh bien... La laïcité est un principe fort de Poképolis – Tellement fort que nous ne voulons que le moins possible de noirs et d'arabes sur notre sol, de plus en plus ces dernières années...

Acquiescements à la table.

-Néanmoins je tends à penser qu'à petite échelle on fait avancer les choses. En aidant l'immigrant qui a réussi à entrer et qui tente d'échapper à la vindicte...

Rachel plissa sombrement les yeux.

-Ou en faisant face au raciste impudent...

Malcolm hocha la tête.

-Ou même en assumant son impuissance face à un Pokémon nouvellement évolué qui désobéit à son maître !

Sourires pour Roland qui grimaça.

-Chacun de nos actes, tel une contribution sur Wikipédia, contribue à faire avancer les choses. Même à petite échelle.
-On avait besoin d'un moraliste sensé pour faire face à la morale insensée de Roland ! Sourit Charlie.
-Et qu'en pense Roland ? Sourit Megan.

Il leva les yeux au ciel.

-Eh bien... Je ne crois personnellement pas en une puissance supérieure qui nous guide parce que si elle le faisait, nous sentirions son action. Mais je pense que chacun a le droit de croire en quelque chose si ça le rassure.

Tout le monde regarda Roland, étonné. Il soupira.

-Comme je l'ai dit à Rachel je suis juste acariâtre et rancunier, pas Hitler avec des Boxers !
-Tu portes des BOXERS ???! s'étonna Léopold.
-... Aurais-je perdu une occasion de me t... HEEEEH !
-Je confirme ! Sourit Claire en lâchant la chemise de Roland.
-Immonde perverse !! grommela Roland en ajustant son habit.

Tout le monde ricana. Le tout sous le regard meurtrier de Megan.

-Alors il n'y a que Malcolm qui soit non déiste à cette table... marmonna Charlie.
-Tu crois en Dieu, toi ?! S'étonna Roland.

Charlie regarda son collègue.

-Bah voyons, j'te vois venir. « Mais, Charlie, Dieu déteste les pédés ! »
-J'aurais plutôt utilisé tarlouze renifleuse de papier hygiénique, mais continue !

Léopold éclata de rire. Charlie lui frappa l'épaule.

-Quoi ? Je trouve que pour un homophobe primaire, Roland fait preuve d'humour et d'imagination !

Claire, Malcolm, Nigel et Rachel ricanèrent.

-Merci Léopold. Non, je trouvais juste bizarre qu'un homosexuel croie en Dieu.
-Le fait d'aimer les hommes ne signifie pas qu'on ne croie pas en Dieu. Je crois en quelque chose au dessus de nous.

Léopold acquiesça.

-Tout à fait. C'est juste que les autres croyants ne te regardent pas d'un très bon œil. Mais l'important c'est la conviction personnelle, pas les restrictions imposées par cette conviction.
-Moi je crois qu'il ne faut croire qu'en les hommes, pas en quelque chose d'irréel.

Tout le monde regarda Megan.

-C'est pas faux... marmonna Claire. Moi personnellement je trouve que ce n'est pas un sujet qui se discute à table, du moins...
-Exactement ! Un point pour Claire. On mange !

Tout le monde resta sidéré devant Rachel qui venait d'intervenir. Elle se resservit. Voyant que tout le monde la regardait, elle soupira.

-J'aime pas qu'on parle de Dieu à table ! Ca me stresse. Désolée.

Roland plissa les yeux, intrigué.

***

Elle arriva sur le tarmac presque à l'heure prévue. Récupérer son bagage serait une gageure mais elle l'aurait.

Rachel attendit deux heures avant d'avoir le corps de Nouri Shadgam, l'indienne qui était presque morte devant chez elle. Elle venait de faire tout le voyage en avion depuis Kanto jusqu'à l'Inde. La pauvreté du pays l'avait poussée à réfléchir une semaine entière à ce voyage. Elle ne voulait pas y être confrontée. Trouvant le courage, elle y était allée.

Rachel avait fait les recherches, elle savait où vivait la famille de Nouri. Elle leur ramènerait le corps.

L'Inde lui apparut terriblement triste. Elle qui aimait le faste et la brillance, la satisfaction de tous les désirs, elle se retrouvait dans le lieu le plus frustrant de la planète. Tant de gens à nourrir et parfois si peu de nourriture. Tant de personnes et si peu de place.

Pour se rassurer, elle passa par Calcutta, Bombay et autres villes aisées. Elle visita le Taj Mahal. Rien à faire. Si le Portugal avait donné un nom propre à sa mélancolie, l'Inde n'en avait pas mais elle était trop communicative, cette mélancolie. La beauté pauvre, cette terrible sensation de gâchis. Ce pays d'une insondable brillance mais sombrant dans une telle ignorance mondiale...

Elle trouva finalement le village et la maison en question.

***

-Oh non ! Oooooh...
-Je suis désolée, Chandra...
-Elle disait qu'elle tenterait sa chance... On avait essayé de la décourager, elle y est allée quand même... Oh ma pauvre maman...

Rachel était assise à la modeste table, face à la jeune Chandra, quatorze ans.

-Je vous remercie d'avoir rapporté le corps, c'est important pour nous...
-A Poképolis, elle aurait été mise à la fosse commune...
-J'ai cru comprendre que ce n'était pas un pays très tolérant...
-Pas vraiment, non. C'est même incroyable qu'un pays situé entre l'Europe et les Etats-Unis soit aussi monstrueux envers ses immigrants... Mais je dois avouer que j'aurais pu en faire plus pour votre mère. Tellement plus.
-Vous avez accompli votre devoir. Maman devait mourir, c'était écrit...

Rachel hocha la tête, honteuse. C'était loin d'être son avis.

***

Une fois sortie de cette entrevue, elle se dirigea vers la place du village. Elle repéra les tristes visages devant les maisons. Elle soupira, secoua la tête et envoya Donphan puis Charmina. Le Pokémon Combat dansa sur le dos du Pokémon Sol ce qui amusa les habitants. Rachel sourit.

Elle souscrit à plusieurs associations auxquelles elle fournit des virements réguliers, ce dont on la remercia. L'Inde lui avait appris l'humilité envers l'argent.

Rentrant chez elle, Rachel revendit tous ses biens inutiles. Elle ne conserva que ce qui constituait sa passion : La salle d'entrainement qu'elle avait fait faire. Les autres caprices, elle les supprima littéralement. Et bien sûr, en cherchant une association proche où elle pourrait faire un don, elle rencontra le père Marlon avec qui elle devint amie.


***

Rachel allait se rendre à sa salle pour les cours de l'après-midi. Elle sentit quelque chose derrière elle. Une fois retournée, elle ne vit rien. Elle haussa les épaules et partit.

Richard faisait face à Harold.

-Monsieur Burton, un problème avec Mademoiselle Heine ?
-... C'est une insolente ! Elle est venue dans mon bureau...
-Elle a raison. La loi nous interdit de demander de l'argent à une association religieuse.
-C'est le comble ! Vous la soutenez ?!
-Elle a eu une colère disproportionnée mais juste. Puis-je vous poser une question ?

Harold haussa un sourcil.

-Quoi donc ?
-Il n'y a que trois personnes qui peuvent activer l'alarme d'exercice. Moi, vous et la loge. Mr et Mme Currie sont en vacances, ça ne peut être que vous.
-Pardon ???
-Vous avez demandé à cet inspecteur de s'en prendre à mes professeurs !
-Mais absolument pas, vous débloquez !

Richard sourit.

-Vous m'avez déjà vu débloquer. Je prie pour que vous n'ayez jamais à le revoir. C'est VOUS ou pas ?
-Pffff ! Oui et alors ?

Richard fronça les sourcils.

-Vraiment ??? Pourquoi ça ???
-Cet inspecteur avait une cible précise, ça m'arrangeait de m'en débarrasser.
-... Vous vouliez leurs morts ?
-Non, leur départ ! Ces Sinnohites qui prennent le travail de braves cantonnais, ça me révulse !
-... Je suis de Johto vous savez ?
-Oui et d'ailleurs j'aurais préféré l'apprendre avant de vous engager ! Vous m'avez ramené plein d'étrangers !
-... Vous êtes un sacré abruti puissance dix, vous !
-Ne me parlez pas sur ce ton !

Harold Burton partit. Richard soupira.

-Quel kéké...

***

Roland et Malcolm se baladaient dans les jardins.

-Alors, toujours pas décidé à raconter cette histoire trépidante de ton traumatisme anti-religieux ?
-Roland...
-Tu as un problème avec ça visiblement !
-C'est ridicule...
-Mais non ! Allez raconte, je suis tout ouï.

Malcolm soupira.

-Quand... J'avais douze ou treize ans, je... J'avais découvert un chemin sympa pour accéder à un champ de buissons où se trouvaient des tas de bonnes baies. J'y avais lâché mes Pokémon, ils s'étaient goinfrés comme des porcs.
-Ouah ! Et tu m'as rien dit ?!

Malcolm soupira.

-Quand j'en suis reparti... J'ai constaté que le jardin était à un prêtre à la retraite, le Père Claudius. Il... m'a entrainé chez lui et...

Le visage de Roland se glaça d'effroi.

-... J'ai eu droit à un séminaire affreux de quatre heure sur les enseignements de la Bible. Depuis ce temps là, je ne supporte rien de ce qui se ramène à Dieu. Rien du tout. Ca me débecte.

Roland plissa les yeux.

-Moi qui m'attendait à une super histoire !! Crotte, Malcolm, t'aurais au moins pu te faire violer, ça aurait corsé les choses !
-J'devais pas être assez bien... Mais merci de vouloir à tout prix qu'un prêtre me viole, ça me rassure, tu avais l'air tout sucre tout miel depuis ce matin !
-C'est à cause de ta sœur. Elle a changé de coiffure.

Malcolm haussa les sourcils.

-Et alors ?

Haussement d'épaule de Roland.

-Ca me perturbe, voilà tout !

Roland repartit vers l'académie. Malcolm secoua la tête.

-Hé bé... Il lui en faut peu !

***

Rachel, 12 ans, durant un cours en option suivi par des deuxième, troisième, quatrième et cinquième années.

Elle portait un chignon, préparé par sa mère le matin même, alors que traditionnellement Rachel préférait les cheveux lâchés.

-Et on voit donc que la combustion d'un Pokémon Plante est plus rapide en plein soleil ! La combo Lance Soleil-Zénith est donc dangereuse !

Un papier chiffonné tomba à côté d'elle. Étonnement de sa part; Elle l'ouvrit.

« Jolie nouvelle coiffure »

Elle se retourna vers une amie à elle et lui sourit. L'amie lui rendit poliment ce sourire.
Mais Rachel ne prêta pas attention à Roland, deux rangs derrière elle, qui l'observait depuis le début de la séance.


***

Rachel rangea ses affaires avant de repartir.

-Quelle journée de merde...
-A qui le dis-tu...

Elle regarda Roland.

-C'est vrai qu'une journée à te fréquenter plus que d'habitude est forcément pas terrible !
-Pauvre Rachel toute traumatisée... A part ça... Jolie nouvelle coiffure.
-Joli double mensonge : Cette coiffure est merdique et tu ne peux pas trouver la coiffure d'une femme jolie, tu es Roland !
-Je t'ai pas dit ? Je fais semblant de sortir avec ton frère pour approcher les poulettes !

Rachel secoua la tête et partit.

-A demain, crétin !
-Pareil, la vieille !

Roland sourit en secouant la tête, puis il rangea lui-même ses affaires.