Smirnoff R. de Domino

« Trois sortes d'amis sont utiles, trois sortes d'amis sont néfastes.
Les utiles : un ami droit, un ami fidèle, un ami cultivé.
Les néfastes : un ami faux, un ami mou, un ami bavard. »
(Confucius)

« Et plus tu t'ouvres à moi
Et plus je m'aperçois
Que lentement je m'ouvre »
(Etienne Daho, Ouverture)



-Bien. J'appelle Claire Perry !

Elle rejoignit Mr Coulter qui l'appelait.

-Et Hervé Moreno !

Le jeune homme se leva en souriant et rejoignit Claire aux côtés de l'homme au Carapuce.

***

-Je suis un type sympa mais faut pas me chercher ! J'aime le riz cuit et la salade mais je ne résiste pas aux plats épicés !

Claire et Hervé plissèrent les yeux. Ils se baladaient dans les couloirs de l'établissement.

-Tu crois qu'on va sortir de l'académie avant la fin de l'après-midi ? Marmonna Hervé.
-J'en doute de plus en plus... marmonna Claire.
-Où est la sortie ?! Demanda le prof, embarrassé.

***

-Pistolet à O !!

Carapuce attaqua Fouinar. La pickpocket s'éloigna.

-Tour Rapide !!

La charge tournoyante acheva l'adversaire qui fut rappelé.

-Ca va ! J'ai rien volé !!

Théophile tendit la main. La pickpocket rendit une montre.

-Booon ! Merci !

Elle partit. Claire et Hervé applaudirent.

-Et j'appellerais ça « Botter le cul d'une voleuse ! »
-Monsieur Coulter... soupira Claire, légèrement choquée par l'impolitesse du professeur.

Hervé la regardait, admiratif.

***

Léopold arriva dans le couloir de l'administration, peu rassuré.

« Pourquoi je fais ça ! »

Il arriva devant chez le doyen et frappa en faisant le rythme de « Guantanamera ».

-Entrez !

Léopold ouvrit la porte de Richard Lewis.

-Que puis-je pour vous ?
-Euh... Il fait beau, les détectives sont de sortie... Le temps est clair !
-Je vous remercie !

Léopold partit, embarrassé. Richard prit note.

***

Claire arriva ce matin normalement, pour donner ses cours normaux à sa classe normale. Elle se dirigea vers la salle des professeurs lorsqu'une main l'arrêta.

-AH !
-Oups !

Elle regarda la personne qui l'avait effrayée.

-H... Hervé !
-Salut, Claire !

Un grand gars blond dans une veste de moto en cuir, clope au bec et jean bleu.

-... Mais qu'est-ce que tu fais ici ?
-Bah j'ai appris que tu bossais ici en prenant contact avec Bérengère...
-Oh... Je vois...
-J'suis content que tu ailles bien, on se faisait un peu de sang d'encre pour toi !

Claire sourit, visiblement gênée.

-Ca va, je vais bien...

Léopold tenta de l'approcher mais il vit qu'elle était avec quelqu'un.

« Argh, zut, elle est avec quelqu'un ! Typiquement le genre de situation qui me gêne ! »

Charlie approcha de lui.

-Tu as été faire ta course ?
-Hein ? Oh, oui !
-Bah alors, on y va ?
-... Ok...

Léopold regarda Claire qu'il ne put donc prévenir. Claire semblait vouloir qu'on vienne à son secours.

-Eh, ça t'embête si je viens assister à ton cours ?
-... Non, ça ne m'embête pas...
-Cool ! Je te suis !

Claire grimaça et avança dans le couloir aux côtés d'Hervé. Ils croisèrent Roland. Claire ne fut jamais aussi contente de le voir.

-Oh ! Hervé, je te présente mon collègue Roland !
-Bonjour !

Hervé tendit la main vers Roland qui se gratta le dos. Hervé s'étonna.

-Roland est... un grand combattant, il nous a bien aidés quand on était aux interacadémiques !
-C'est cette compète avec les autres profs, c'est ça ?
-Voilà... Roland, Hervé, mon camarade pour le voyage itinérant !
-Hm.
-... Il... va m'accompagner pour mon cours aujourd'hui !
-Hm. Et alors ?

Claire semblait embarrassée.

-Je... suis curieuse d'avoir ton avis !
-... J'aurais un avis si c'était un sujet de société.
-Sur le fait qu'il vienne me voir !
-... C'est un sujet de société ?
-Eh bien... Oui !
-Oh. Mon avis, c'est...

Il tapota l'épaule d'Hervé.

-Ne dormez pas !

Hervé s'étonna. Roland sourit.

-Bon ! J'ai des choses sérieuses et qui ne nécessitent pas mon avis mais un cours structuré et posé devant une salle calme. A bientôt Claire !

Claire regarda Hervé.

-Oh ! On ne fume pas ici, Hervé !
-Ah... Désolé !

Claire continua à avancer dans les couloirs. Malcolm et Rachel sortirent de la salle des profs derrière eux.

-C'est qui ce type ? S'étonna Malcolm.
-Sûrement son mec.
-Oh... Roland va criser !
-Il faudrait que ce type construise un monument à la gloire de Roland puis le détruise avec une masse. Ce qui n'est pas le cas. Pour le moment.

Rachel repartit. Malcolm haussa un sourcil surpris. Jay Lande passa devant lui.

-Monsieur...
-Bonjour... marmonna Malcolm.

Claire entra dans sa salle. Stressée par Hervé, elle ne remarqua pas que l'inspecteur s'était glissé parmi les élèves.

***

-Et comme vous le voyez, ces Héliatronc se déplacent en champs pour recueillir chaque fois le maximum de soleil. C'est un très bon Pokémon pour l'élevage ! On en élève plusieurs et ils se déplacent, en tournant la tête en même temps, c'est très mignon !

Hervé et Claire regardaient les Pokémon bouger en pas chassés sur les abords de la route.

-C'est tellement romantique ! Sourit Claire.

Hervé acquiesça.

***

-Je ne peux pas me battre contre Claire ! C'est... Pas bien !
-Tu as peur de perdre ? Sourit la jeune fille.
-N... Non, mais... Tu es mon amie, ça m'embête de t'affronter !

Théophile Coulter et son Carapuce essuyèrent une larme.

-C'est beau l'amitié entre deux élèves d'un voyage itinérant ! Rhalala !

Claire sembla dépitée.

-Ca m'aurait plu, moi, qu'on s'affronte !
-Claire, quand même...

Claire haussa les sourcils, se demandant pourquoi Hervé était si réticent.

***

-Ca a été difficile mais voilà ! Nous sommes les rares dresseurs en voyage itinérant à visiter Cramois'île ! Sourit Théophile.

Les deux adolescents observaient le volcan de la ville.

-Rassurez-vous, malgré ce qu'en disent les pancartes en ville, il est éteint ! Des tas de Magmar continuent à vivre en son sein.

Claire hocha la tête, rassurée. Hervé la regarda.

-T'en fais pas, même s'il avait été allumé, on aurait pu s'enfuir avant que la lave ne nous atteigne !
-Je me doute bien, tout le monde doit être un peu sur le qui-vive...
-Sachez que dans la vie d'un dresseur... Chaque moment est un moment qu'on passe à guetter le moindre danger. Les dresseurs de Cramois'île sont formés sous cette égide !

Claire acquiesça. Une vieille dame s'arrêta devant elle.

-Oups ! Excusez-moi !

Elle lui tendit un œuf rouge avec une flamme jaune. Claire s'étonna.

-Pour... Moi ?
-C'est une itinérante de la pension de la ville. Elles donnent leur surplus d'œufs. C'est une fonction particulière dans de vieilles cultures, tu es libre d'accepter ou de refuser... commenta Théophile.

Claire, pas contre un peu de prise de risque avec d'autres cultures, prit l'œuf.

-Merci madame !

La vieille hocha la tête. Hervé s'étonna et regarda Claire.

-Ca va ?
-Mais oui bien sûr ! J'espère que ce sera un Pokémon mignon !
-J'ai suivi une option de reconnaissance d'oeufs, ce sera un...
-N...
-...Magby !

Claire sourit, légèrement amère.

-Chouette...

***

-Aujourd'hui... La dichotomie. On s'étonne toujours de voir un Pokémon avec deux types, c'est toujours délicat à contrôler et à maîtriser... La... La question qui revient le plus souvent est... Mais dans un double type, quelle est l'importance de l'ordre des types ? La réponse est purement... environnementale. Un exemple : Racaillou et Rhinocorne. Racaillou est Roche-sol, Rhinocorne est Sol-Roche. Parce que Rhinocorne vit de préférence dans les endroits sablonneux, Racaillou préfère les grottes ! C'est rare de rencontrer un Rhinocorne dans une grotte, si on fait le compte de ses localisations connues, il se trouve à plus d'endroits extérieurs qu'intérieurs.

Claire observa les hochements de têtes de quelques élèves qui la rassuraient. Mais la présence d'Hervé n'aidait pas.

-D'ailleurs... Oui ?

Hervé sourit.

-Si tu veux j'ai capturé un Rhinocorne !

Claire hocha la tête.

-Ca ira, je te remercie. On distingue trois formes de doubles types dans le combat : Les doubles types naturels, ceux qui s'assemblent par analogie physiologique simple, comme Insecte et Vol, Plante et Poison, et les doubles types ajoutés qui sont généralement difficiles à percevoir au premier coup d'oeil. Le type Psy de Noadkoko est difficile à voir, tout comme le type Acier de Lucario. Le troisième est l'analogie métabolique superposée. On ne la retrouverait pas dans la nature, c'est une apposition de type visible mais pas naturelle. Exemple : tous les doubles types Dragon. Le type Dragon, nous l'avons vu, est tout sauf naturel... Oui ?!

Hervé sourit.

-Archeodong, c'est quoi alors ?
-Un Double type ajouté. Le type acier est visible, pas le type Psy. De manière générale, le type Psy est très difficile à discerner. 69% des personnes interrogées pensent que Soporifik est un Pokémon Poison.
-C'est cool ça.
-... Pourrais-tu juste te contenter de me laisser faire mon cours, s'il te plait ?
-Okay !

Claire hocha la tête.

***

Claire termina son cours. Hervé l'attendait à la sortie. L'inspecteur Jay Lande monta sur l'estrade. Claire sentit sa colonne vertébrale s'enflammer.

-V... Vous êtes...
-L'inspecteur d'académie, Jay Lande.
-Oh...
-C'était franchement désastreux. Vous acceptez souvent les clochards dans votre salle de cours ?
-C... Ce n'est pas un clochard c'est un ami à moi !
-De plus en tant que professeur vous devriez être habilitée à parler en public...
-J... Je sais ça, mais...
-Vous trembliez comme une feuille et votre propos n'était pas clair.

Claire déglutit et se ressaisit.

-Ecoutez, je suis prof de physique, pas prof de combat direct, mon cours à moi est complexe et demande à mes élèves un minimum de cervelle, si vous considérez que je dois le vulgariser...
-En plus vous avez fait une erreur ! Vous leur avez enseigné une théorie obsolète. On ne classe plus physiquement les types de façon environnementale mais on suggère que ça n'a pas d'incidence. Inutile de mettre une fois de plus dans la tête des élèves des choses inutiles. Et dénigrer le type dragon est quelque peu déconseillé... C'est un type très respecté jusque dans les plus hautes sphères.

Claire fronça les sourcils.

-C'est une prérogative gouvernementale qui nous laisse le choix d'enseigner ou non cette théorie !
-Si vous signalez aux élèves que c'en est une !
-Quand au type Dragon, excusez-moi d'être vulgaire mais je m'en fous complètement !
-Pas le rectorat.
-Vous le faites exprès ?!
-Je vais demander à ce qu'on réduise vos heures et à ce qu'on surveille vos cours à l'avenir.
-C'est ABSURDE !!!

Jay sourit.

-Vous voyez que vous pouvez le vulgariser un peu !

Il partit. Claire était au bord des larmes.

***

Malcolm, Roland, Charlie et Léopold regardaient Claire qui pleurait.

-Il a été odieux... Vraiment odieux ! Je n'ai jamais été aussi humiliée de toute ma vie !
-Et pourtant la terre tourne encore... Quelle égoïste ! marmonna Roland.
-Toi tu aurais pu être plus loquace tout à l'heure ! Geignit Claire.
-Comment ça ?

Hervé vint s'asseoir à leur table, à la place de Rachel, à la surprise générale.

-Mince alors, on change de sexe à une de ces vitesses actuellement... marmonna Roland.
-Alors, Claire, ça a été ton inspection ?

Claire secoua la tête en essuyant rapidement ses larmes.

-Ah ouais ? Il est où ce type ? Que j'aille lui casser la gueule ?!
-Bonne idée ! Après ça, je vous invite tous à la circoncision de ma sœur ! Sourit Roland.

Malcolm sourit évasivement. Claire regarda tout le monde.

-Vous vous en fichez que ça ait été si terrible pour moi ?
-Mais non, ma petite Claire ! S'empressa Hervé.

Roland lança un regard mauvais au blond.

-En fait...

Claire regarda Léopold, embarrassé.

-Claire, je suis désolé, je... Je le savais ! Je voulais te prévenir ce matin, mais...

Léopold hésita. Claire secoua la tête, désabusée.

-Je... Je pensais que vous étiez de vrais amis...

Elle prit son plateau et quitta la table.

-Claire, non att...

Elle jeta violemment son plateau par terre et quitta le réfectoire sous le regard des autres profs et de la cantinière.

-ON RAMASSE, LA ! OH !

Claire partit sans plus de procès. Léopold plissa les yeux. Roland lui-même semblait frappé. Malcolm grimaça.

-La vache ! Soupira Hervé. Vous craignez, les gars. Moi qui la pensait en sécurité ici... J'vous dis pas bravo !

A quelques tables de là, Rachel soupira.

-J'étais sûre que Roland lui ferait péter les plombs un de ces quatre...
-La pauvre... marmonna sinistrement Megan. Elle est si sensible..

***

Charlie regarda Léopold, songeur, dans la salle des profs.

-J'aurais pu l'aider...
-T'as pas osé à cause de son envahissant pote... J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi relou... Et je crois qu'on n'a jamais mangé aussi vite !
-J'ai eu tort, j'aurais dû la prévenir malgré ce lourdu !
-T'as eu raison socialement parlant, mais... tu aurais dû la prévenir, c'est ce qui se fait entre amis.
-Elle doit me détester. Je l'aime bien en plus, Claire. Mais je lui ai jamais assez dit. T'as jamais eu ce sentiment de jamais avoir assez dit aux gens que tu les aimais bien ?
-Si, à toi entre autre, avant qu'on se mette ensemble.

Léopold regarda Charlie.

-L'inspecteur sait qu'on est en couple toi et moi... je lui ai dit...

Charlie regarda Léopold, abasourdi.

-Quoi ?
-Il... A plus ou moins menacé d'en faire mention dans un rapport.
-Oh non...
-Désolé...
-Bon sang Léo si tu commences à occulter des trucs... Merde, on n'a pas fini ! Ca va être quoi après ? Tu couches avec Roland ?
-Même avec un flingue sur la tempe et la promesse de 50 000 Pokédollars, non, jamais !
-Tu veux dire « Ou » la promesse...
-Non non, il faudrait me menacer et me récompenser après !
-... Wow. Il est pas trop mal pourtant !
-Je suis sûr que pendant l'amour il doit dire des trucs du genre « Ma grand-mère serait plus énergique »...

Charlie éclata de rire. Léopold pouffa à sa suite.

-Désolé pour...
-Oh je suppose que notre relation est assez solide pour passer au dessus de ça.

Léopold plissa les yeux.

-Je me demande parfois ce qu'il faudrait pour qu'on se sépare.
-Pourquoi tu te demandes ça ?! S'étonna Charlie.
-... Je sais pas trop. Parfois je me demande ce que ça serait sans toi...

Charlie plissa les yeux, surpris.

-Léo, t'as pas à penser à ça !
-Je sais, mais... Ca fait parti de mes petits désespoirs personnels. Je n'arrive pas à rester dans le présent, je suis en projection permanente.

Charlie hocha mollement la tête.

-J'aimerais être comme ça, moi. Un peu plus, du moins.

***

Jay se rendit dans le couloir d'administration. Il sentit que quelqu'un était derrière lui. Il se retourna, étonné. Personne. Il continua son chemin. Soudain, Hervé lui passa devant.

-Hm.
-Oh... Vous êtes... le clochard qui levait sans arrêt la main durant le cours de Mademoiselle Perry !
-Ouais.
-Je vois. Vous voulez une piécette ?

Hervé sortit une Pokéball.

-Suivez-moi dehors.
-Je vois, sourit le frère de Megan.

Ils se dirigèrent vers une sortie. Roland les croisa mais pas le temps de sortir le service à thé, il entra chez Richard.

-Yo.

Richard rehaussa ses lunettes.

-Bonjour... Que me vaut ce « Yo » ?
-Claire a été inspectée, ce matin.
-Je suis au courant.
-C'est vous qui avez lâché ce type ? Il a inspecté quatre personnes de mes fréquentations ! C'est de l'acharnement ou quoi ?
-C'est plutôt étrange en effet, mais Mr Lande est bel est bien inspecteur de l'académie, il est même assez connu comme étant vainqueur de deux ligues Pokémon.
-Oh... Il a salement incendié Claire.
-Je sais, malheureusement... Cet inspecteur est terrible. Visiblement il s'en prend aux jeunots.

Roland hocha la tête.

-Si Claire vient demander sa démission, refusez-là. Elle a l'air instable depuis cette inspection. En plus un vieil ami à elle est là, et elle n'a pas l'air de l'apprécier tant que ça.

Richard hocha la tête.

-Si elle vient je refuse. Compris.
-Merci.

Roland sortit du bureau.

-Euh, Roland...

Il regarda Richard, la porte ouverte.

-J'ai eu vent d'un incident impliquant Claire au self service...
-...
-J'espère que vous ne me demandez pas de faire la basse besogne que vous n'avez pas su ou osé faire...
-... C'est facile de rabaisser les gens, ça l'est moins... D'être sincère avec eux directement. Et j'ai trop de mal avec la sincérité de face, directe.
-Vous n'aimez pas qu'on en parle, mais... votre père était assez habile pour trouver les mots sans avoir à les dire en face.
-... Vous osez me parler de mon père, on dirait que vous pensez avoir un avantage sur moi...
-En fait depuis votre exploit aux Inter académiques, j'ai une sorte de respect biblique mêlé à une fâcheuse méfiance envers vous. Je me dis que je peux tout oser et que je dois me méfier également.

Roland haussa les sourcils.

-Eh bien... Vous n'avez pas à vous méfier. Et vous ne pouvez pas tout oser.
-Comme par exemple votre maman...

Roland ferma la porte. Richard éclata de rire.

***

Hervé se releva, saisi d'effroi. Jay se tenait face à lui, entouré par Pingoleon, Dardagnan et Démolosse. Derrière Hervé, Archeodong, Luxray et Rhinocorne.

-La vache...
-Je vous serais gré à l'avenir de faire attention à qui vous affrontez et à comment vous l'affrontez. Parce que, mon pauvre ami, avec votre équipe de minables, je me demande si vous réfléchissez avant de sortir une Pokéball.
-Hello !

Jay se retourna vers... Nigel Bonelly qui se dirigeait vers les buissons. Il ouvrit sa braguette et fit son petit pipi.

-Désolé, mais si vous voyiez les toilettes des hommes en ce moment, Pfou !

Jay écarquilla les yeux alors que Nigel remettait sa braguette et repartait vers le bâtiment.

-Cet endroit est hallucinant...

***

Examen de Claire. Elle stressait beaucoup, tout comme les autres élèves présents. Bérengère vint à sa rencontre.

-Ca va aller ?
-Ouais...
-Il est plutôt mignon, ton camarade !

Claire regarda Hervé, plus loin qui discutait avec une bande de mecs et soupira.

-Il est mignon mais terriblement excessif. C'est un gentil garçon mais il en fait toujours trop.
-Oh... Chez moi on appelle ça un crétin.
-Le pire c'est qu'il embarrasse tout le monde mais qu'il ne s'en aperçoit même pas.
-Oh. Je vois. Bon vent après le voyage itinérant quoi.
-Probablement.

***

Claire resta assise sur le banc. Hervé vint s'asseoir à côté d'elle.

-Ca va, Claire ?
-Non.
-J'ai... cru voir que tu allais au rattrapage...

Claire remit sa tête entre ses mains.

-Oui...
-J'suis désolé.
-Je croyais avoir... réussi... Je pensais avoir tout bien fait...
-Je suis sûr que tu as bien fait !
-Je me sens tellement mal par rapport à Mr Coulter !!
-Ca, c'est compréhensible.
-Lui qui avait mis tant d'espoirs en moi !

Hervé embrassa Claire. Elle écarquilla les yeux, surprise.

-...
-... Désolé. J'ai senti que tu en avais besoin...

Claire regarda Hervé, choquée.

-... Tu réussiras au rattrapage. J'en suis persuadé. A plus !

Il repartit.

***

-Claire...

Elle se retourna vers Léopold, dans la salle des profs.

-Tu n'es pas obligé de t'enfoncer en t'excusant, marmonna Claire. Ne sois pas ridicule à ce point. Je croyais que toi et les autres vous étiez de bons amis mais en fait... Vous êtes comme tous les autres gens de votre âge et même pires !

Léopold hocha la tête. Il soupira et parla :

-... Tu vois, ce matin, j'aurais voulu te le dire. Mais... tu étais avec Hervé, alors j'ai... pas osé aller vers toi, parce que... je suis le genre de personne qui ne va pas voir ses amis quand ils sont avec des gens que je ne connais pas parce que... Je n'ose pas, parce que les personnes en question, je les connais pas et ça me gêne, et je suis aussi ce genre de personne qui ne reparle pas aux gens quand il a eu des problèmes avec eux, qui croit au dicton « Les amis de mes amis ne sont pas forcément mes amis », bref... Désolé, vraiment. C'est moche ce qui t'es arrivé... Je compatis et je suis de tout cœur avec toi, si tu as besoin d'aide...

Claire regarda le grand blond tout timide qui venait de lui ouvrir son coeur.

-... Et je suis vraiment désolé... ?!

Elle se serra contre Léopold.

-........ Claire ?!
-Merci ! C'est tout ce que je voulais entendre !
-... Alors on n'est pas fâchés ?!

Claire sourit.

-Je n'aurais jamais cru que j'avais cette importance là à tes yeux !
-Bah, t'es une chic fille...
-Ah ça on me le dit souvent, mais de ta part...
-On... connaissait une fille comme toi, avant, Charlie et moi. Tu lui ressembles un peu, elle s'appelait Dawn...

Claire pencha la tête.

-... Elle est partie en Europe, et... Elle nous manque un peu. C'était une fille sage qui avait la tête sur les épaules contrairement à nous. Sans elle, moi et Charlie on serait pas ensemble. Mais... Elle est tombée amoureuse de Charlie.

Claire sembla surprise.

-...et elle est partie. Tu lui ressembles un peu et... Ca m'embêterait qu'on fasse avec toi la même erreur qu'avec Dawn.
-Je vous trouve très choux tous les deux mais pas au point de tomber amoureuse ! Sourit Claire.
-Oui mais... Ca m'embêterait tout autant qu'on se dispute. Tu vois le truc, trop proches ou carrément en haine l'un avec l'autre.

Claire sourit.

-Ca m'a juste embêtée que... vous fassiez tous preuve d'aussi peu de solidarité. Envers chacun de vous... Depuis l'arrivée de cet inspecteur personne n'a rassuré personne. Je trouve ça... Terrifiant. On est six et on est incapables de se soutenir mutuellement.

Léopold acquiesça.

-Je vois ce que tu veux dire.
-La prochaine fois, on devrait plus se serrer les coudes. C'est peut-être gamin ce que je dis mais c'est vrai.

Hervé arriva. Claire regarda Léopold.

-Et lui c'est le plus gros lourdingue que la terre ait jamais porté...
-Oh... Je vois...
-Ca m'aurait sauvé la vie que tu viennes me parler en fait, dans tous les sens du terme.
-Claire ! Ce type qui t'a inspecté ce matin, c'est un dingue ! Il est trop fort !

Claire plissa les yeux.

-Il m'a collé une de ces raclées !
-Tu t'es battu avec lui ?! Hervé !!

Léopold haussa les sourcils.

-Il... Vu comme il t'a rendu malheureuse, je pouvais pas...
-Je comprends, je comprends... Mais c'était pas nécessaire !
-J'voulais juste...
-Je sais, je sais, Hervé. Je comprends ça.
-Bon... Euh... Bah...
-Léopold, tu peux nous laisser cinq minutes ?
-Hm...

Léopold s'éloigna. Claire prit une grande inspiration.

-Hervé, je ne t'aime pas.

Le blond s'étonna.

-Euh... M...
-Tu peux faire ce que tu veux. J'ai une grande amitié pour toi, mais rien de plus. Par ailleurs, je... suis déjà amoureuse.
-De qui ?
-... Hervé, le principe d'un amour secret c'est qu'on le tient secret !
-De ce type, là, Léopold ?

Claire se retourna vers Léopold qui attendait.

-Si tu veux, oui, de lui.
-Oh... Je comprends, mouais... il est pas mal... Tu mérites quelqu'un de bien de toute façon.
-Voilà.
-Mais... T'es sûre que t'as de bons amis ici ? T'as pas l'air... heureuse en fait. J'voudrais pas que tu te mettes à changer pour les gens plutôt qu'ils t'aiment comme tu es en fait...
-Rassure-toi, je suis bien entourée. C'est très gentil de t'en soucier, merci beaucoup.

Hervé se tourna, en même temps, vers Roland qui farfouillait dans son casier.

-Même avec ce type ? J'le trouve méprisant !
-Roland ? Oh, c'est le métier de Roland d'être méprisant.

Hervé se déplaça vers Roland, à la surprise de Claire et de Léopold qui du coup se rapprocha de Claire.

-Hé, toi !
-J'ai un nom, deux syllabes, difficiles à retenir mais mes parents ont jugé que ça ferait un bon moyen de me décrire en un seul mot.
-... Tu pourrais soutenir un peu plus Claire, non ? C'est ton amie ! Tu es quel genre d'ami pour elle ?

Roland se tourna vers Hervé et le regarda dans le blanc des yeux.

-Le genre d'ami qui la voit comme ce qu'elle est c'est à dire une femme forte, très capable, qui n'a pas beaucoup confiance en elle mais qui a une grande force intérieure. Elle est un excellent professeur et je doute qu'elle ait vraiment besoin de soutien face aux élucubrations d'un abruti qui l'a scruté deux heures dans sa vie. Elle sait ce qu'elle vaut. Ce type peut avoir eu les mots les plus durs qui soient envers elle, il n'a pas pu démolir son professionnalisme. Sur ce, monsieur « Mon prénom à moi peut être écrit en deux lettres de l'alphabet et je trouve ça cool », je prends congé de vous... Éternellement je l'espère !

Roland partit sous les yeux surpris de Léopold et Claire. Hervé retourna vers elle.

-C'est bien ce que je disais ! Quelle tête de nœud !
-... Un sacré nœud, oui... marmonna Claire. Mais quand on le démêle...

Roland sortit de la salle.

-Bon, bah... T'as pas besoin de moi, on dirait...
-C'est très gentil d'être passé en tout cas.
-Salut, Claire.

Hervé partit. Claire regarda Léopold.

-Tu vois, moi aussi je déteste revoir des gens du passé. Que j'ai pas revu depuis longtemps.
-Je vois ça oui.
-C'est pas bien, hein ?
-Le père de Charlie, avocat de profession, nous dirait que ce n'est pas illégal mais que ce n'est pas conseillé.

Claire acquiesça. Léopold la regarda.

-Toi, tu penses à Roland.
-...
-Son discours était bien, nan ? Je crois qu'il ressent plein de trucs sans oser les dire. C'est un brave gars en fait.
-Oui... C'est vrai. Mais... essayer de le changer c'est...
-Impossible ! Une mère, un père, un frère et une sœur n'y ont pas réussi !

Claire plissa les yeux.

-Il déteste sa famille à ce point ?
-... Je crois que la personne de sa famille qu'il déteste le moins... Ex-æquo son frère et sa tante. David est la seule personne avec qui il est éventuellement condescendant et il a un très bon rapport avec sa tante.
-Je le plains...
-Tu ne devrais pas. Quelque part il aime les détester. C'est son seul vrai vice.

Claire haussa les épaules.

***

Richard triait ses papiers en soupirant. On entra dans son bureau.

-Frapper est une coutume de bon aloi... Oh, Nigel...
-Richard, je viens vous parler de votre inspecteur.
-On m'en parle beaucoup... soupira Richard.
-Il s'est battu avec un visiteur de l'académie aujourd'hui.

Richard s'étonna.

-Inspecteur et bagarreur ?
-J'ai fait la rime aussi dans mon esprit, mais... C'est un peu grave, non ? S'il en vient à se battre...
-...c'est que ce n'est pas un homme de dialogue. Ce que tout bon inspecteur se doit d'être...

Nigel se tenait devant Richard qui hocha la tête.

-Je crois qu'on va essayer d'agir.
-Essayer d'agir ? Vous voulez qu'on réponde par la bataille ?
-Il y a bataille et bataille, Nigel...

Richard soupira.

-Je vais devoir m'entretenir avec le proviseur Burton. Sérieusement.

Nigel hocha la tête.

-A la bonne heure.

***

Claire, fatiguée de sa journée, se dirigeait vers la sortie. Malcolm la rejoignit.

-Claire, je suis déso...
-Tu n'as pas à t'excuser.

Malcolm souffla.

-Tu ne nous en veux pas alors ! Ouf !
-Non, à toi je n'en ai jamais voulu.
-Oh... Pourtant...
-Malcolm, tu es un gentil garçon, ce serait idiot que je t'en veuille.
-... Claire, on a vraiment été vaches avec toi.
-Ca va, Malcolm, je t'assure. Je sais que toi tu étais inquiet. Ca se voyait je t'assure.

Le brun haussa les sourcils.

-T'es sûre ?
-Hm !
-Bon. Je vais profiter de mon état de grâce alors. J'ai un sursis ?

Claire ricana.

-Non ! C'est juste qu'à toi je ne peux pas en vouloir.
-Oh, j'ai une protection spéciale quoi. En fait la vie avec toi c'est un RPG, tu te téléportes, et nous on a des boucliers...

Claire secoua la tête en souriant.

-Sacré Malcolm va. Ce qu'il y a de bien avec toi c'est qu'au moins on rigole !

Malcolm la regarda.

-Tu as pris quelque chose ou c'est moi qui ai l'impression que tu es... euphorique ?! Un inspecteur a failli te démolir ce matin !
-Oui mais entretemps on est venu me rassurer. Des gens plutôt inattendus en plus.
-Et pas moi... Ca veut dire que je vais perdre mon bouclier ?
-Ca veut peut-être dire qu'avec toi c'est plus simple qu'avec d'autres !

Elle avança un peu plus vite. Malcolm resta sur place, intrigué. Il plissa les sourcils et pencha la tête.

***

Claire sortit de son rattrapage.

Personne.

Elle avait quitté peu de temps auparavant le domicile familial pour aller s'installer chez Bérengère.

Personne pour l'accueillir à la sortie de son rattrapage.

Elle sortit, saine et sereine. Il faisait beau. C'était les vacances pour elle, les vraies. Claire respira l'air au dehors, il n'avait jamais paru si bon après avoir été enfermée comme ça, comme pour rien, pour rattraper quelques points...

Elle goûta à cette liberté nouvelle. Dehors, Bérengère la retrouva. Les deux copines de toujours discutèrent de la pluie et du beau temps.

Quelques jours plus tard, elle eut son diplôme, entourée de ses amies.

***

Megan vit son frère entrer dans sa salle.

-Tout est en place.
-Tu es sûr ? Marmonna la sœur.
-Ah oui... Je pense qu'ils ne se doutent pas de jusqu'à quel point tout ça va aller.

Megan sourit.

-J'ai patiemment disposé les fils mais on dirait que tout va marcher mieux que prévu.

Jay sourit.

-J'espère au moins que tu auras ce que tu veux.
-Oh que oui... Je l'aurais.