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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 23/08/2016 à 23:05
» Dernière mise à jour le 14/12/2017 à 17:55

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre -21 : Espoirs de guérison
« Mademoiselle Rozon ? »

Lina sursauta. Elle n'était pas habituée à ce nom d'emprunt, et mit un peu trop longtemps à réagir.

« Mademoiselle Rozon ? répéta l'infirmière. Les examens sont terminés. Le médecin et votre mère vous attendent.
- M-Merci. » répondit prestement la jeune fille.

Elle avait passé toute la journée à tourner en rond dans cette fichue clinique, tandis que toutes sortes de médecins déambulaient autour de Stasie et lui faisaient passer une batterie d'examens. Plusieurs fois, sa sœur avait paniqué et Lina avait dû la réconforter en urgence pour éviter qu'elle ne craque. Tout au long de la journée, elle avait eu peur que les médecins comprennent que la famille Rozon n'existait pas, qu'elle et Stasie n'étaient que deux vulgaires filles de la ville basse qui avaient monté cette mascarade pour profiter des soins d'en-haut. Lina avait guetté les regards méfiants, elle s'était forcée à donner le change, à répondre de manière convaincante aux questions. A ce tire, sa « mère », Edge version fille, était bien plus douée qu'elle. L'agent du Rex jouait son rôle à la perfection et l'avait tirée de conversations hasardeuses plus d'une fois.

Après avoir manqué de se trahir une fois ou deux, Lina avait résolu de parler un minimum et s'était arrangée pour sortir le plus souvent possible devant la clinique. Quand elle fumait, personne ne lui posait de questions gênantes.

Elle terminait justement sa cigarette quand l'infirmière était venue la trouver. Jetant son mégot près d'un drone nettoyeur qui passait près d'elle, Lina franchit les portes coulissantes du bâtiment et suivit l'infirmière dans le dédale de couloirs de la clinique Amplizen. Alors qu'elle sortait du hall, un homme à l'air pressé, vêtu d'un imperméable marron du siècle dernier et d'un vieux chapeau usé, manqua de la percuter. Il grommela une excuse à peine audible et reprit son chemin, et Lina maudit une fois de plus ces foutus habitants de la ville haute qui croyaient que tout leur était permis.

La jeune fille parvint enfin jusqu'à un bureau. Elle entra et se retrouva face à sa fausse mère, et à l'un des innombrables médecins qui avaient gravité autour de sa jumelle toute la journée.

« Ah, te voilà. Assieds-toi. » lui ordonna Edge version fille, qui jouait son rôle de mère un peu trop bien au goût de Lina.

La jeune fille obtempéra et la rejoignit sur l'un des sièges face au bureau du médecin, qui les regardait bras croisés.

« Votre sœur est en salle de repos, lança précipitamment le médecin en voyant Lina ouvrir la bouche pour poser la question. Elle va bien. Vous pourrez la voir juste après. J'attendais que vous soyez là pour parler à votre mère des résultats d'examens.
- Nous vous écoutons, docteur. » répondit « Elizabeth ».

Le médecin soupira et saisit une enveloppe kraft posée sur son bureau.

« Je n'ai pas de très bonnes nouvelles. Beaucoup de mes collègues se sont relayés pour étudier le cas d'Anna. Hélas, nous n'avons pas réussi à diagnostiquer exactement ce dont elle souffrait. »

Il ouvrit l'enveloppe et en sortit des résultats d'examens divers et variés.

« Les examens cardiaques ont révélé une anomalie congénitale rare, une sténose aortique supra-vulvaire. »

Devant le regard d'incompréhension de Lina, le docteur pinça les lèvres et expliqua :

« C'est un rétrécissement de l'aorte, la plus grosse artère du corps humain. Une sténose est asymptomatique pendant un long moment, mais finit toujours par s'aggraver et commencer à poser de graves problèmes : douleurs thoraciques, difficultés respiratoires, syncopes…
- Et… c'est génétique ? demanda « Elizabeth ».
- Oui, mais pas héréditaire. Il n'y a aucune raison que vous en soyez victimes vous aussi. Mais ce n'est pas tout. »

Il inspira et reprit :

« Nous avons également repéré une hyperacousie chez Anna. Ses tympans sont anormalement fragiles, et c'est probablement la raison de ses maux de tête. Un environnement bruyant ou certains sons aigus peuvent déclencher des crises qui correspondent à ce qui était décrit dans son dossier. Enfin... »

Lina se décomposa. Quoi, il y avait encore autre chose ?

« Nous avons également étudié son… retard mental. J'ai appelé plusieurs collègues experts en psychologie, mais ils n'ont pas réussi à identifier exactement ce dont souffrait Anna. L'anomalie cardiaque, l'hyperacousie et le retard au développement sont autant de signes d'un syndrome de Williams, mais certains symptômes comme la perte de cheveux ou la fatigue musculaire ne collent pas. D'autres tests sont nécessaires. Pour être honnête, jamais un diagnostic ne nous a posé autant de problèmes. Nous n'avons jamais vu ça. C'est comme si… comme si elle souffrait de plusieurs pathologies génétiques à la fois.
- Il n'y a pas de traitement, n'est-ce pas ? » demanda Lina.

Le médecin la regarda d'un air indécis, puis secoua lentement la tête en signe de dénégation.

« Je vais être franc. Compte tenu du nombre d'anomalies génétiques dont elle souffre, il est déjà exceptionnel qu'elle soit encore en vie. D'autres examens sont nécessaires pour affiner le diagnostic, bien sûr, mais au vu des symptômes, Anna n'en a plus pour très longtemps.
- Il… il n'y a rien qu'on puisse faire ? questionna Lina, sentant les larmes lui monter aux yeux.
- Un environnement calme aidera son hyperacousie et lui évitera d'autres crises. Mais tôt ou tard, elle commencera à faire de l'hypertension artérielle et sera sujette à des syncopes. Son retard mental l'empêchera d'être autonome, et elle nécessitera une attention permanente.
- Com… combien de temps ? Combien de temps est-ce qu'il lui reste ?
- Les patients atteints du syndrome de Williams décèdent dans 80 % des cas d'une crise cardiaque aux alentours de la trentaine. Dans le cas de votre sœur, et étant donné de la gravité des symptômes… J'aurai tendance à dire qu'il lui reste deux, trois ans. » estima le médecin d'un air désolé.

Lina tourna la tête, sentant les larmes couler le long de ses joues. Cela faisait des années que l'état de Stasie empirait, et au fond d'elle, Lina avait toujours su que sa sœur jumelle ne vieillirait pas. Et pourtant… et pourtant, elle s'était bercée de l'illusion que la médecine de la ville haute réussirait peut-être là où tous les docteurs d'en bas avaient échoué. Que peut-être, il existait un remède, un traitement qui permettrait de ralentir la maladie, d'atténuer les crises, de diminuer la douleur. Qu'il existait un espoir.

Mais non. Ce médecin ne lui avait donné aucun espoir.

Il ne lui avait donné que la froide certitude qu'Anastasia allait mourir.

~*~
Will attrapa la bouteille de whisky et se versa un deuxième verre avant de se rasseoir lourdement dans son canapé de cuir, face à la télévision poussiéreuse. Fenrir, allongé contre le mur, le regarda d'un œil désapprobateur.

Au diable l'Arcanin. Will avait besoin de boire.

Le soleil déclinait lentement dehors, projetant dans l'appartement des teintes orangées. Le détective fit tourner le breuvage ambré dans son verre tout en réfléchissant à ce que lui avait dit Tia plus tôt dans la journée.

Il jeta un coup d’œil à son téléphone. 20h.

Encore une heure. L'homme contempla le numéro griffonné que lui avait passé Tia. Allait-il appeler ? Il n'en savait trop rien. Toute cette histoire lui paraissait bien trop tirée par les cheveux. Il avait l'impression de se retrouver dans un mauvais film d'espionnage.

Et si tout ça n'était qu'une mascarade ? Un jeu cruel auquel se livrait Tia ? Après tout, il était tout à fait envisageable qu'il ne s'agisse là que d'une simple tentative de manipulation. La fille du Chancelier était intelligente. Il était facile pour quelqu'un avec ses moyens d'accéder aux archives du Commissariat et d'exhumer les dossiers relatant les événements qui avaient pris place à la Chancellerie huit ans plus tôt. Partant de là, il était aisé de découvrir le triste rôle qu'avait joué Will dans ce fiasco. Sa relation avec Diane était un levier d'action facile à utiliser contre lui, et Tia en était sûrement conscient.

Will n'était pas idiot. Il n'était peut-être plus qu'une épave alcoolique, mais il ne comptait pas se laisser mener par le bout du nez impunément. Il appellerait, et il obtiendrait ses réponses.

Son téléphone se mit soudain à vibrer, et il sursauta. On l'appelait ? Mais… non, ça ne pouvait pas être le numéro que lui avait indiqué Tia, c'était Will qui était censé appeler, pas l'inverse.

L'appel venait de Garvin.

« Allô ? fit Will en portant l'appareil à son oreille.
- Will ? Je ne te dérange pas?
- Non, non, bien sûr que non.
- Comment tu vas ? Je suis passé chez toi dans l'après-midi, mais tu n'étais pas là.
- J'étais passé voir Tia, expliqua Will.
- Tu l'appelles par son prénom, maintenant ? »

Le ton était moqueur, mais l'avertissement fondé. Will s'attachait.

« Comment elle va?
- Contusion pulmonaire. Ça me fait quelques jours de vacances.
- Sans toi, elle y passait. T'as bien mérité de te reposer.
- Mmh.
- Ça va ? T'as l'air bizarre. »

Un peu que j'ai l'air bizarre. Je m'apprête à parler de complot gouvernemental avec un inconnu au téléphone, se dit Will.

Le détective reposa son verre de whisky bien entamé et soupira intérieurement. Il ne pouvait pas en parler à Garvin. Et de toute façon, le cinquantenaire avait déjà bien assez de soucis comme ça.

« Ça va, t'en fais pas. Et toi ? Comment ça se passe ?
- Justement, c'est un peu pour ça que je t'appelle, figure-toi...
- Mmh ?
- Tu te souviens de l'offre de X-Corp ? demanda la voix de Garvin.
- Le traitement expérimental anti-cancer ? Leur espèce de cure révolutionnaire ?
- Oui. J'ai pas trop eu le temps de t'en parler, mais… j'ai accepté. J'ai rempli les formulaires, et j'ai même eu un de leurs médecins au téléphone. Il m'a expliqué les procédures. Je te l'avais dit, j'étais moyennement confiant au début, mais ça a l'air sérieux.
- J'imagine, oui. Alors tu vas quitter Omnia ?
- Oui. Après-demain, en fait. Ils disent qu'il faut commencer le traitement le plus vite possible. On déménage dans les îles Sogulen. X-Corp prend la moitié des frais en charge. Ils nous ont dégoté une petite baraque en bord de mer, tu verrais le truc… C'est vraiment une aubaine pour Sandra et les enfants. J'aurai aimé pouvoir t'en parler avant, mais avec cette histoire d'attentat…
- T'en fais pas, papy, je comprends. La famille réagit bien ? s'enquit Will.
- Sandra, oui. Elle est ravie que j'ai accepté. C'était son idée, ce traitement, à la base. On en a parlé aux enfants… On a évité de leur dire que leur père était mourant, tu vois, mais ils ont compris que c'était sérieux. Ils seront un peu perdus, mais je pense qu'ils se plairont dans l'archipel. Ça les changera d'ici.
- Tu auras besoin d'aide pour le déménagement ?
- Non, t'en fais pas. Tout est déjà arrangé. Je t'appelais juste pour te prévenir, vu que tout s'est fait assez rapidement. Je risque d'être assez occupé d'ici au départ, donc on n'aura pas forcément le temps de te voir… Quand on sera bien installés là-bas, tu n'auras qu'à passer nous voir. Vu que la fille Taylor te paye monts et merveilles, tu devrais avoir le budget, non ?
- Ça se pourrait bien, sourit Will. Mais qu'est-ce qui te fait croire que j'ai envie de passer voir un vieux rabougri comme toi ?
- C'est sûr que j'ai pas le joli minois de la fille du Chancelier.
- Aucun rapport, se défendit le détective. Je risque d'être occupé dans les prochains jours, c'est tout. »

Des voix aiguës se firent entendre derrière Garvin.

« C'est ça, ricana le retraité à l'autre bout du fil. Bon eh bien monsieur l'occupé, je vais te laisser. Les gosses sont en train de se chamailler.
- A la prochaine, papy.
- A la prochaine. Hé, Will... »

Le ton du cinquantenaire se fit soudain plus sérieux.

« Pas de conneries, hein?
- Pas de conneries. » promit Will, en sachant pertinemment qu'il ne pourrait pas tenir parole.