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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 10/11/2015 à 00:40
» Dernière mise à jour le 12/05/2016 à 21:36

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre 30 : Sans résistance
L'hybride tourna à l'angle du corridor et s'immobilisa, stupéfaite.

Là, allongé au sol, face contre terre, se trouvait le corps de Lina, inanimée.

Kate se rua aussitôt vers la jeune fille et la retourna sur le dos, le cœur battant la chamade. Les yeux mi-clos, Lina la regarda sans la voir. Sa respiration était saccadée, rapide, trop rapide, et sur son front perlait une mauvaise sueur.

« Kate... murmura-t-elle faiblement.
- Lina ! Bon sang, qu'est-ce qui t'arrive ?
- Hanche... infectée. Voulais pas... laisse-moi.
- Bon sang, mais pourquoi tu n'as rien dit ? s'exclama l'hybride Métamorph en essayant de redresser l'adolescente.
- Voulais pas... veux pas. Je... »

Lina dodelina de la tête et tomba à la renverse, incapable de continuer à s'exprimer. Kate poussa un juron et grimaça en essayant de soulever la jeune fille. Elle avait besoin d'aide.

« Kate... Veux pas...
-Tu ne veux pas quoi ? demanda l'hybride en se redressant difficilement, la jeune fille dans les bras.
- Ai rien dit... exprès. Veux pas... Veux plus... vivre...
- Tu racontes n'importe quoi. C'est la fièvre. On va te sortir de là, t'en fais pas. Ça va aller, murmura Kate en s'efforçant de paraître moins paniquée qu'elle ne l'était. »

Elle lui caressa fébrilement le front, mais Lina repoussa sa main en gémissant, comme si cela lui demandait un effort immense.

« Non... Tu... comprends pas. J'ai essayé de te le dire... J'en... peux plus... de ce monde. Je veux... je veux mourir, Kate... » souffla l'adolescente.

Elle bascula la tête en arrière en poussant un râle. Ses cheveux collés par la sueur tombèrent devant ses yeux vitreux, et elle tomba inanimée dans les bras d'une Kate chancelante, stupéfaite par cet aveu désespéré.

~*~
« Tu penses que Thrak a pris la bonne décision ? » demanda Joshua, qui lorgnait l'entrée de l'entrepôt d'un œil inquiet.

Comme prévu, aucun d'entre eux ne trouvait le sommeil. Au début, les survivants avaient cru que les cris de douleur les empêcherait de se reposer l'esprit tranquille ; mais maintenant que le silence était retombé, ils se rendaient tous compte que c'était bien pire encore.

« Je ne sais pas. Y aller aurait été trop dangereux. » répondit Amara, tout aussi anxieuse.

Tous deux étaient assis légèrement à l'écart du feu autour duquel les hybrides s'étaient réunis. Aucun des deux n'avait envie de participer à l'agitation ambiante. Chaque survivant y allait de sa petite théorie sur la raison des cris du canyon, ce qui agaçait profondément Joshua.

« On aurait au moins été fixés sur ce qui se passe là-bas. On n'aurait pas forcément eu besoin de s'approcher, reprit le garçon.
- Je ne sais pas, Joshua. Je ne sais pas ce qu'il aurait fallu faire. Je... Non. Ça me paraît trop risqué. Thrak a eu raison, je pense.
- Mouais. Je n'aime pas ça... On n'entend plus les cris. Quoi qu'il se soit passé là-bas, c'est fini.
- Raison de plus pour redoubler de vigilance. »

Le bruit métallique du monte-charge qui redescendait attira alors leur attention. Ce son n'avait d'ordinaire rien d'inhabituel, mais ils étaient tous terriblement à cran.

« Ça doit être Lina et Kate qui redescendent. » fit Amara en se redressant.

La cage métallique s'immobilisa lourdement, attirant les regards des hybrides assis autour du feu.
Les portes s'ouvrirent alors, dévoilant un spectacle qui les laissèrent tous sans voix.

Là, dans l'ascenseur, tremblante, se tenait Kate, portant dans ses bras le corps inanimé de Lina. Haletante, le visage décomposé, l'hybride jeta un regard suppliant à l'assistance.

« J'AI BESOIN D'AIDE ! » cria la jeune femme, paniquée.

Elle se rua hors du monte-charge, chancelant sous le poids de l'adolescente. Joshua fut le premier à se précipiter vers elle pour l'aider à porter son fardeau, malgré sa jambe encore fragile. Amara lui emboîta le pas, tandis que certains hybrides se levaient, inquiets.

« Qu'est-ce qui lui est arrivé ? interrogea Joshua d'un ton inquiet.
- Je l'ai retrouvée par terre dans un couloir, expliqua précipitamment Kate. Sa blessure s'est infectée.
- Elle est en nage, remarqua Amara. Venez, on va l'allonger dans sa tente. »

Avec difficultés, ils portèrent la jeune fille inconsciente jusqu'à sa couchette. Les yeux clos et le front trempé de sueur, elle s'agitait en marmonnant, comme prisonnière d'un mauvais rêve.

« Elle est brûlante. Joshua, va me chercher de l'eau. Il doit y avoir une gourde qui traîne près de ma paillasse. Et ramène un tissu. » ordonna la Dresseuse.

L'adolescent s'exécuta immédiatement. Kate s'agenouilla près de Lina et lança un regard inquiet à Amara. Ni l'une ni l'autre ne s'y connaissait en médecine - du moins, pas aussi bien qu'Élise.
Avec des gestes maladroits, l'hybride Métamorph souleva le T-shirt de la jeune fille, et ôta son bandage tâché de sang.

Une odeur nauséabonde s'éleva de la plaie. Elles grimacèrent.

La blessure qu'avait Lina à la hanche s'était infectée, et ce depuis déjà quelques temps. Tout autour du petit cratère formé par la balle, la peau était gonflée et rougeâtre. Du pus épais suintait de la plaie, et Kate crut remarquer quelques filaments rouges qui en partaient, serpentant sous la peau de la jeune fille. Avec horreur, elle continua de remonter le vêtement de Lina. Les filaments semblaient remonter vers la poitrine de la jeune fille, se rejoignant entre eux pour former un cordon pourpre qui sinuait sous la peau en direction du cœur.

« Merde. C'est pas bon, jura Kate.
- Ça s'est bien infecté. Pourquoi est-ce qu'elle n'a rien dit ?
- Elle n'a pas voulu nous inquiéter, mentit l'hybride Métamorph. On a des médicaments ? Putain, j'ai aucune idée de ce qu'il lui faut ! s'exclama la jeune femme aux cheveux d'or, paniquée.
- Des antibiotiques... des corticoïdes, peut-être, suggéra Amara, fébrile. On n'a rien de tout ça...
- On n'a rien ? Tu es sûre ?
- Tout est resté au canyon. Si Élise était là, peut-être que...
- J'ai la gourde. » lâcha alors Joshua en réapparaissant à l'entrée de la tente.

Il avisa le flanc dénudé de Lina et grimaça en remarquant la blessure. Amara lui arracha presque la gourde des mains et humidifia le front de la jeune fille avec le tissu, sans vraiment savoir comment s'y prendre. La respiration de l'adolescente était rapide et saccadée, et son pouls dangereusement lent.

« Que... qu'est-ce qu'on fait ? bafouilla le garçon, mal à l'aise.
- On ne reste pas planté là. Il faut qu'on aille au canyon. Tout de suite, décréta Kate.
- Je vais essayer de calmer sa fièvre. Allez prévenir Thrak, déclara Amara.
- Je suis là, intervint le colosse, qui venait de passer sa tête par l'entrebâillement. Qu'est-ce qu'elle a ?
- Sa plaie s'est infectée, expliqua la Dresseuse. Il lui faut des médicaments, et vite.
- Sauf que tout est au canyon, c'est ça ? répondit le colosse du tac-au-tac.
- On n'a rien emporté dans la fuite, non, avoua Amara. Et vu ce qu'on a entendu...
- On ne peut pas attendre l'aube. Elle va y passer. » répliqua Kate en se redressant.

Le colosse inspira profondément et ferma les yeux. Une fois de plus, on le mettait face à un dilemme impossible à résoudre.

« Thrak ! On n'a pas le choix ! s'offusqua l'hybride Métamorph en voyant qu'il hésitait.
- Les cris viennent tout juste de s'arrêter. On ne sait même pas ce qu'il y a là-bas. S'il reste des survivants. Ou si ce qui les a attaqué y est encore, lança le colosse.
- Tu es en train de dire que tu vas la laisser mourir parce que c'est trop dangereux ? s'exclama Joshua.
- J'énonce simplement les risques, répliqua fermement Thrak en croisant les bras. Je n'ai aucune envie de laisser Lina dans cet état-là, mais...
- On doit essayer !
- On n'est pas tous obligés d'y aller, argua Amara. Mais il faut que quelqu'un aille à l'infirmerie et prenne les médicaments dont elle a besoin.
- Vous savez ce qu'il lui faut ? demanda Joshua.
- Corticoïdes, antibiotiques, désinfectant... énuméra la Dresseuse. Je n'en sais rien. Je n'y connais rien.
- On verra plus tard. Pour l'instant, on va là-bas, on ramène tout ce qu'on pense utile, et on regardera ensuite, interrompit Kate d'un ton pressé. Ça te va ? Au pire, j'y vais toute seule. Donnez-moi juste un fourgon et un flingue.
- Je viens avec toi, ajouta Joshua.
- Non, intervint Thrak. Ta jambe n'est pas encore remise. J'irai avec Kate. On est les deux plus à même de faire face à ce qu'il pourrait y avoir là-bas. Amara, j'ai besoin que tu gères les autres. Faites ce que vous pouvez pour Lina. On revient dès que possible. »

Kate lui lança un regard reconnaissant, tandis que les deux autres acquiesçaient, soulagés que le colosse ait accepté de braver le danger du canyon, quel qu'il fut.

« Je vais préparer un fourgon et prévenir les autres, reprit Thrak.
- J'arrive dans deux secondes. Pense à prendre un sac. Et une lampe-torche. » répondit Kate.

Le colosse hocha la tête en silence et quitta la tente, où il rentrait à peine. Kate, elle, se pencha sur Lina et retira le revolver dont la jeune fille ne se séparait jamais, le gardant toujours à sa hanche. Devant le regard interrogateur de Joshua, l'hybride Métamorph haussa les épaules.

« Pas le temps d'en chercher un. Bon, j'y vais. Faites attention à elle. Je reviens vite.
- Fais attention à toi. » rétorqua Amara.

~*~
« On va s'arrêter là. » décréta Thrak.

Ils avaient roulé quelque minutes, sans échanger un seul mot. Kate s'agitait sur le siège passager, vérifiant sans cesse que le revolver de Lina était bien chargé. Le colosse, quant à lui, avait embarqué son fusil, attrapé un sac qui traînait dans l'entrepôt et s'était précipité au volant. Il n'y avait pas de temps à perdre.

Ils avaient roulé sans phares, lentement, craignant de trahir leur présence. Vitres ouvertes, ils avaient écouté attentivement, mais plus aucun son ne venait troubler la quiétude du désert hormis le doux vrombissement de leur moteur. A chaque instant, ils s'étaient attendus à ce qu'un danger quelconque sorte de la pénombre et ne se jette sur eux. Et pourtant, voilà qu'ils approchaient du canyon, et le silence le plus total les enveloppait comme une chape de plomb.

Thrak s'arrêta et coupa le contact en soufflant, mal à l'aise.

« Bon. On y va doucement. Tu as participé aux expéditions à Salmyre, tu connais la règle d'or.
- Si ça se passe mal, on court, on s'attend cinq minutes au fourgon et si l'autre ne vient pas, on s'enfuit, récita Kate à voix basse. Je connais, oui.
- Bien. En avant. »

Il ouvrit sa portière et la referma en prenant garde à ne pas la claquer. Kate l'imita, puis sortit son revolver et commença à suivre le colosse dans le noir.

Ils s'étaient arrêtés à plusieurs centaines de mètres de l'entrée de la colonie, préférant rester le plus discrets possibles. Ils n'en menaient pas large ; perdus dans la pénombre, marchant vers un danger dont ils ne savaient rien -sinon qu'il avait déclenché les cris humains les plus terribles qu'il leur ait été donné d'entendre-, ils avançaient presque à l'aveugle, dans la direction dans laquelle ils estimaient que se trouvait le canyon.

Heureusement pour eux, le ciel était dégagé, et la lueur pâle de la lune suffisait à éclairer les contreforts ocres de la formation rocheuse qui les entourait.

Ils franchirent ainsi aisément la distance qui les séparait du canyon. Kate sentit ses tripes se nouer. Elle ne s'était jamais vue comme quelqu'un de particulièrement lâche, mais en cet instant, elle aurait payé cher pour pouvoir retourner au laboratoire. Le silence qui les entourait avait quelque chose d'oppressant ; on n'entendait que leurs pas qui crissaient dans le sable, et la jeune femme était convaincue que son cœur battait si fort que Thrak aurait pu l'entendre.

Finalement, ils arrivèrent près de la Barricade qui marquait l'entrée de la colonie.

Et constatèrent qu'elle avait été pulvérisée. Les palettes et les caisses qui constituaient jadis la muraille sommaire qui barrait l'accès au canyon avait été comme soufflée. Les débris de bois, projetés contre les parois rocheuses, avaient été brisés en autant d'échardes qui s'étaient fichées dans le sable, comme repoussées par un choc d'une violence inouïe.

Kate frissonna et jeta un regard interrogateur à Thrak, qui haussa les épaules. Quel genre de monstre avait bien pu causer ce genre de dégâts ? On aurait dit qu'une tornade avait traversé le camp.

« On avance. » murmura Thrak si bas que la jeune femme parvint à peine à l'entendre.

Ils reprirent leur avancée, redoublant de prudence. Kate jetait des regards alertes à chaque grotte, chaque promontoire rocheux, craignant à tout moment de voir une silhouette s'agiter, fût-elle humaine ou Pokémon.

C'est alors qu'elle buta sur le cadavre. Manquant de pousser un cri de surprise, elle se rattrapa in extremis et avisa le corps qui avait manqué de la faire trébucher.

C'était l'un des radicaux de Kendall - ou ce qu'il en restait. L'homme, assez jeune, présentait des traces de lacération au visage et aux bras, comme s'il avait été griffé. Les plaies étaient cependant relativement superficielles, trop pour avoir causé la mort. L'hybride Métamorph peinait à examiner le cadavre dans la noirceur de la nuit, mais elle remarqua facilement la gorge du macchabée, tranchée d'un coup net.

Elle fit signe à Thrak, qui s'approcha en silence et examina le corps.

« Aucun humain ne pourrait faire ça, chuchota Kate en détournant les yeux du spectacle.
- Il n'y a pas que celui-ci, répondit Thrak sur le même ton. Là-bas. »

Le colosse pointa du doigt une masse sombre et informe qui gisait quelques mètres plus loin dans le sable. Kate leva le regard et plissa les yeux. La stupeur la frappa lorsqu'elle réalisa qu'il n'y avait pas qu'une seule silhouette, mais une deuxième. Non, une troisième. Une quatrième.

Au nom de..., pensa la jeune femme en raffermissant sa prise sur son arme.

Là, étendues dans le sable, sur toute la longueur du canyon, se trouvait une bonne vingtaine de cadavres. Effarée, la jeune femme s'approcha du deuxième corps. Lui aussi avait la gorge tranchée, et présentait des griffures étranges sur chaque parcelle de peau exposée à l'air libre.

Ils se dirigèrent ainsi de cadavre en cadavre, empreints d'une stupéfaction à laquelle se mêlait une curiosité morbide. Tous avaient été tués de la même manière : égorgés et lacérés.

« Ils sont tous morts... murmura Thrak. Quel genre de Pokémon peut faire ça ?
- Un banc de Carmache, suggéra Kate. Ça ressemble à des griffures.
- Je ne parle pas des griffures. Vu les cris qu'on a entendu, ils ont d'abord été lacérés, puis égorgés. Tous. Systématiquement. Aucun Pokémon ne fait ça. »

Ils contemplèrent un cadavre quelques instants. Ils avaient vécu avec ces gens pendant des mois, et ils reconnaissaient la plupart des visages lacérés ; malgré tout, ils ne s'émouvaient pas plus de leur mort.

« L'infirmerie est là, indiqua Thrak en pointant le promontoire rocheux du doigt. Je monte la garde, vas-y.
- Passe le sac et la lampe, murmura Kate. »

Le colosse s'exécuta et l'hybride Métamorph entama sa montée vers la grotte où Elise officiait jadis. Elle serrait la crosse de son revolver si fort que ses phalanges blanchissaient. Et s'il y avait quelque chose dans la grotte ? Si la ou les créatures responsables de ce carnage étaient encore dans les environs ?

Elle écarta l'étoffe rouge qui barrait l'entrée de la grotte. A l'intérieur, l'obscurité était telle que Kate discernait à peine les étagères remplies de médicaments au fond de la salle. Elle n'était même pas sûre que la caverne soit vide ; la pénombre était si épaisse que n'importe qui aurait pu se cacher à côté d'elle sans qu'elle ne le remarque.

Kate sortit la lampe-torche de sa veste et l'alluma, braquant son revolver dans la même direction que le faisceau, prête à faire feu.

Rien. La pièce était vide. En lâchant un soupir de soulagement, la jeune femme posa son sac et commença à inspecter les boîtes de médicaments diverses et variées disposées sur les étagères. Elle était bien incapable de reconnaître le moindre de ces produits, aussi préféra-t-elle en prendre trop plutôt que trop peu. Dès qu'un médicament lui semblait vaguement correspondre à ceux énumérés par Amara, elle le jetait dans le sac. De toute manière, ce qui ne servait pas à Lina serait probablement utile un autre jour. La jeune femme eut également la présence d'esprit d'attraper quelques seringues, bandages et lotions désinfectantes, qui pouvaient toujours servir. Les paroles de Lina, fiévreuse, lui revinrent en tête.

« Je veux mourir, Kate. »

L'hybride secoua la tête, refusant d'envisager le fait que Lina ait envisagé de se suicider. C'était impossible. Pas Lina. Lina était une battante ; elle n'aurait jamais laissé sa plaie s'infecter volontairement. De toute façon, il y avait d'autres moyens de s'ôter la vie. Pourquoi la jeune fille avait-elle choisi celui-là ? Comptait-elle sur l'absence de médicaments ? Voulait-elle faire en sorte qu'on croit sa mort naturelle, qu'on voit son départ comme une simple conséquence de la précarité dans laquelle ils vivaient ?

Tout à coup, ses pleurs et sa détresse de la journée prenaient un nouveau sens. Elle avait essayé de le lui dire. Elle avait essayé de lui dire qu'elle comptait se suicider. Et Kate n'avait pas compris.

La jeune femme secoua ses cheveux blonds en grommelant. Si cette idiote de Lina s'imaginait qu'elle allait la laisser mourir sans se battre, elle se trompait lourdement.

Après plusieurs minutes passées à fouiller minutieusement, Kate attrapa son sac et ressortit de la grotte. Thrak, debout en bas du promontoire, continuait de surveiller le canyon, désormais désert, l'arme à la main.

« J'ai tout, chuchota-t-elle en passant près du colosse.
- Bien. On s'en va. Lina a trop attendu. On reviendra sûrement à l'aube récupérer d'autres choses. »

Kate acquiesça et ils repartirent en sens inverse, pressés d'en finir avec cette ambiance morbide. L'état de Lina était urgent, et ils n'avaient pas envie de rester une seconde de plus dans cet endroit maudit. Leur esprit bouillait de questions quant à l'origine de l'attaque qui avait éradiqué l'entièreté des habitants de la colonie.

L'hybride Métamorph se surprit elle-même en réalisant qu'elle ne ressentait aucune tristesse, aucune compassion pour ces gens massacrés sans pouvoir résister. S'était-elle habituée à la mort, ou était-elle trop rancunière pour pardonner ce que ces gens lui avaient fait, à elle et aux siens ? La seule chose que ce spectacle macabre suscitait chez elle était une inquiétude pour sa propre survie ; l'inquiétude que les survivants du laboratoire puissent potentiellement subir le même sort que ceux du canyon. Un nouveau danger rôdait dans les parages ; et si ni elle, ni Thrak n'osaient se l'avouer, Kate savait très bien qu'en ce moment, tous deux pensaient au même nom : Lyrian.

Ils retournèrent sans encombres jusqu'au fourgon à l'écart du canyon, perplexes et anxieux, mais soulagés de ne pas avoir rencontré de problèmes.

Trop soulagés, peut-être ; car ni Kate, ni Thrak ne remarquèrent la silhouette solitaire qui les suivait de loin.