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Smirnoff R. de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 26/05/2009 à 15:30
» Dernière mise à jour le 13/06/2009 à 10:00

» Mots-clés :   Drame   Humour   Kanto   Romance   Suspense

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003 - Timides débuts
« Peu d'amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu'il n'y est pas. »
(Blaise Pascal)

« Je m'avance et je vois que tu viens comme moi d'une planète invisible
Ou la pudeur du cœur, impose le respect, et la confiance sereine »
(Etienne Daho, Ouverture)



On ouvrit la porte. Etienne regarda Malcolm, 10 ans et quelques, pendant les vacances d'été.

-B... Bonjour monsieur Smirnoff... Vous allez bien ?
-Aux dernières nouvelles de mon toubib, oui... Tu es là pour Roland, c'est ça ?
-Bah oui...

Etienne sourit en secouant la tête.

-Je l'appelle. ROLAND !

Le gamin descendit les marches.

-Salut... Tu sors ?

Roland haussa les épaules.

-Si tu veux.

***

Ils se retrouvèrent à pêcher devant le lac Courage.

-Pourquoi tu m'as emmené ici ? S'étonna Roland.
-Bah... pour pêcher !
-Hm... Pour attraper un poiscaille inutile. On en a un à la maison, un Poissoroy qui est à ma mère. Il barbote dans un bassin, j'ai jamais vu Pokémon plus inutile.

Malcolm hocha la tête.

-Eh bah... Hier mon père m'a serré très fort contre lui et m'a dit qu'il m'aimait très fort. Y'a des choses dans la vie comme ça...
-Quel est le rapport avec les poissons ?
-Sur le coup j'ai pas compris pourquoi... J'me suis dit « Ca sert à rien de me le dire je le sais déjà »...
-D'où ton envie d'aller pêcher, marmonna Roland.
-Bah oui... geignit Malcolm.
-C'est stupide.
-Je suppose que tout n'est pas raisonnable en ce monde.

Roland plissa les yeux.

-Pourquoi tu viens me chercher tout le temps comme ça pour me faire sortir ?

Malcolm haussa un sourcil.

-Parce que... J'aime bien être avec toi. Je suppose que c'est pareil pour toi.

Roland regarda Malcolm qui avait attrapé un Remoraid et qui le rejeta à l'eau.

-Ouais, probablement... soupira Roland.


***

Malcolm, chez lui, seul. Il soupira et regarda l'heure. 18 heures.

« Ce serait bien si Roland voulait bien sortir ce soir. On irait quelque part. »

Il prit son manteau et sortit.

« Attends, et si j'allais d'abord demander à... »

***

-C'est complètement irréaliste ! Ricana Léopold.
-J'étais sûr qu'on rigolerait bien au moins...
-Mais regarde Shia LaBeouf, on croirait un gigolo roumain !
-Ah non, Léo, sois objectif ! Il est pas mal quand même ! Au second degré, du moins... grommela Charlie.
-De toute façon depuis le moment où on a vu les russes aux Etats-Unis pendant la guerre froide, j'ai arrêté de prendre cet Indiana Jones au sérieux. J'vais m'occuper des petiots, Chimpenfeu trépigne devant sa gamelle depuis tout à...

On frappa à la porte.

-Ah bah ça doit être l'autre grosse bêtasse de proprio... J'vais lui faire le numéro de Shia LaBeouf !
-Ah non !! Léopold, je te défends de lui faire les yeux doux !!

Léo ouvrit la porte à Malcolm.

-Tieeeeens le voisin du dessous... Charlie, c'est Malcolm !

Charlie se couvrit, n'étant vêtu que d'un caleçon.

-Euh... Je vous dérange ?!
« Non, non j'étais en caleçon pour faire des frites... » grommela intérieurement Charlie.
-Oui. Visionnage câlin de film daubesque avant pieutage olé olé. Pourquoi ?
-Oh, je... voulais savoir si vous vouliez sortir un peu ! Héhé...

Léopold plissa les yeux.

-L'an dernier, j'aurais dit Ok. Tu étais plus ou moins tout seul, tu voulais faire ta vie, Rachel aussi, certes... Mais là, tu as Roland. Va le voir.
-Euh, mais...
-Mais quoi ? Malcolm, moi et Charlie on est un couple, on... compte passer une soirée tranquille. Si tu veux bourlinguer, vas-y avec Roland. Puisque vous êtes amis maintenant et ensemble dans la même ville. Les conditions sont réunies... A moins qu'il vous faille la pleine lune...
-Euh... ouais mais...
-Mais ? Il est pas disponible, il est occupé à autre chose ?
-N... Non, j'ai... pas été le voir, je venais vous voir d'abord...

Léopold ferma les yeux.

-Je suppose que tu en as assez de tenir la chandelle surtout pour un couple d'homos, Malcolm. Et je t'avoue que l'an dernier quand tu as voulu nous accompagner en boîte, c'était déjà très limite...
-Je sais...
-Malcolm !

Léopold se retourna et regarda Charlie avec Malcolm.

-Y'a un pote à moi qui disait : « Les façons de ne pas être seul sont simples et dégoutantes, et les façons de ne plus être seul sont belles et difficiles. » Tu devrais réfléchir à un moyen de ne plus être seul.
-N'abuse pas, il a sa sœur et il a Roland, c'est pas non plus « Au secours je suis abandonné de tous » !

Malcolm plissa les yeux.

-Bref désolé, Malcolm, mais... Pas ce soir !
-Ok... Ok, merci quand même.
-Non, inutile de me remercier...

Malcolm partit. Léopold ferma la porte.

-Le pauvre...
-L'avait qu'à pas être pote avec Roland, aussi, il savait à quoi s'attendre ! Il sait depuis tout petit ! Soupira Charlie.

Léopold haussa les sourcils.

-Bon, on continue ? Sourit le blond.
-Bah ouais, moi j'veux voir la fin. Peut-être que ça s'améliore soudainement.
-Pas sûr, cette histoire de crâne là, ça me botte pas trop.
-Faudra aussi qu'on cherche sur Wikipédia si un réfrigérateur peut bien servir d'abri anti-atomique... nota Charlie. Comme ça on songera à en acheter un nouveau, plus grand et à deux places !

Léopold éclata de rire.

***

Rachel s'entrainait avec ses Pokémon, Charmina, Donphan et Musteflott. Elle y avait consacré une pièce de son appartement.

-Allez ! On continue !

Les trois Pokémon étaient devant leur maîtresse à courir sur des tapis roulants adaptés à leur corpulence et à leurs capacités. Elle avait aussi fait en sorte qu'ils puissent s'entrainer d'eux-mêmes grâce à un système d'activation pour chacun d'entre eux.

-Encore trois minutes !

Rachel courait elle aussi. On sonna à la porte. Rachel geignit.

-Argh... Malcolm...

Elle descendit.

-Continuez ! J'ai trois minutes à rattraper...

Elle le nota au feutre sur un tableau dans la salle d'entrainement. Elle alla ouvrir à la seule personne qui sonnait à sa porte pour entrer, mais avant cela elle alluma une sono qui diffusa un flot de musique féminine.

-Malcolm ?
-Euh... salut Rachel, j'peux entrer ?
-Impossible, Malcolm. Soirée entre filles de l'immeuble ! On se maquille, on se pomponne... Elles vont me relooker... La vieille du deuxième étage m'a rapporté une robe à fleurs, tu verras les photos sur Facebook, tout ça...
-Tu transpires...
-Normal, ça me stresse !
-C'est pas l'heure à laquelle tu t'entraines ?

Rachel soupira.

-Tu crois que je mettrais cette musique de guimauve pour m'entrainer ?!

Malcolm hocha la tête.

-Va voir Roland ! Vous vous êtes disputés à cause de ce qui s'est passé dans le hall ?!
-Non !
-Eh bah alors ! Tu es allé le voir au moins ? Tu lui as parlé ?
-N... Non...
-Eh bah alors ?

Malcolm hocha la tête et partit. Rachel soupira.

-Quel gros bébé, j'vous jure... J'arrive, les poussins !

***

Malcolm se pointa à la porte de Roland.

-Oh...
-Salut... Roland.
-Qu'est-ce qui t'amène ?
-Bah... J'avais pas trop envie de passer la soirée tout seul alors...
-Ok. Je suis en train de confectionner des boulettes au piment pour attirer de nouvelles sortes de Pokémon dans mon jardin, tout en regardant « Questions de Crimes » à la télé.
-Oh...
-Si tu veux tu peux entrer, mais ça m'absorbe depuis tout à l'heure. J'ai fait trois saladiers avec différents dosages, j'hésite à en faire goûter à mes Pokémon... Bob supporte peut-être bien les épices.

Malcolm hocha la tête.

-Ok, euh... En fait je suis un peu fatigué, alors bon... C'était juste comme ça pour passer te voir, j'avais peur qu'on soit en froid...
-Pourquoi le serait-on ?
-Parce que... Ca faisait grosso modo un an qu'on s'était pas vu et que... avant-hier un peu par ta faute je me suis retrouvé chez le proviseur.
-Mais tu n'as pas eu de problèmes.

Malcolm secoua la tête.

-C'est parfait alors. Bonne nuit, Mac.

Roland ferma la porte. Malcolm haussa les sourcils, hocha la tête et tourna les talons.

***

-S'il... m'apprécie, en tout cas, il ne m'en a jamais rien montré.

La psychologue scolaire hocha la tête alors que Malcolm, 15 ans, était sur le divan.

-Je n'ai presque jamais eu aucun geste d'amitié de sa part, je prends l'initiative de la plupart des sorties, visites... L'inconvénient c'est que quand rarement il m'invite, c'est pour faire des trucs extrêmement chiants comme préparer de la nourriture pour Pokémon ou... L'autre fois il voulait qu'on fasse nos devoirs ensemble... Il n'a aucune notion de l'amusement... De la distraction. J'ai l'impression parfois qu'il se punit de quelque chose, qu'il se prive de... de vivre, tout simplement.
-Pourquoi continuez-vous cette amitié ? Vous pourriez tout stopper...

Malcolm soupira.

-Eh bien d'abord... Je crois qu'en fait ça me convient vu mes aptitudes sociales très limitées... S'il était plus loquace, ça me gênerait en fait.
-Nous avons précédemment vu en effet votre profonde inaptitude à aller vers les autres.
-Voilà... Il y a aussi... Enfin, quand j'avais dix ou onze ans, il s'est passé un truc, le père de Roland était à l'hôpital, et... Mes parents ont eu une sorte de brouille. Après ça, Roland... ne voulait plus venir chez moi si mon père était à la maison, déjà... Et ensuite, mes rapports même avec mon père ont changé du tout au tout. Il était plus distant, moins proche de moi... Idem avec ma mère. J'ai toujours senti que... parfois ils me regardaient comme si j'étais un étranger.
-Revenons sur Roland, qu'est-ce qui a vraiment scellé votre amitié ? Y'a t-il quelque chose qui vous rapproche réellement ?

Malcolm réfléchit.

-Je crois que le jour ou on est vraiment devenus inséparables... Je pense pas qu'il y ait eu de jour comme ça, ça s'est fait progressivement en fait.
-Vous lui avez déjà parlé de votre frustration quant à cette relation anormale entre vous deux ?
-Elle n'est pas anormale... et je ne me sens pas frustré. En fait je crois que si je savais ce qui se passe réellement dans sa tête, le... « charme » serait rompu. Charme au sens de sortilège. C'est une alchimie, on... apprécie mutuellement la présence de l'autre.
-Déjà eu des pensées envers d'autres garçons ?
-Je ne suis pas homosexuel !
-Je voulais dire d'autres volontés d'aller vers d'autres personnes ? Ca arrive qu'on se sente proche de quelqu'un et qu'on veuille faire sa connaissance.

Malcolm soupira.

-C'est une chose d'y penser... Mais aller vers... J'ai toujours détesté m'exposer aux refus. On se sent tellement plus seul après un refus...


***

Le lendemain, à l'académie, Malcolm préparait son cours de l'après-midi. Il aperçut Megan qui nourrissait son Vortente.

-Eh bien, encore à travailler ? Décidément, tu ne sais rien faire d'autre.
-Je suppose que si comme toi je savais faire le trottoir, ma vie serait pleinement accomplie...
-Tes insultes sont moins éclatantes quand tu ne cogites pas toute la nuit pour les perfectionner.
-Toi par contre tu as le temps, la nuit, je suppose, entre deux verres de ponch.

Megan regarda Malcolm, méprisante.

-Bah voyons. Continue à m'insulter, moi au moins je ne suis pas toute seule.
-Les peluches ça compte pas pour de vrais gens, rappela Malcolm.

Megan grommela et partit de la salle des professeurs. Claire la croisa en partant. Roland arriva.

-Pardon...

Malcolm releva la tête et regarda Roland arriver à la suite de Claire. Roland vint s'asseoir face à lui avec ses propres cours.

-Alors, ta soirée ?
-Hmmm... Bof.
-Tu aurais dû venir hier. Bob a réagi de façon hilarante aux boulettes au piment. Il ricanait comme s'il avait été touché par un gaz hilarant. J'avais jamais vu un Pokémon rire comme ça.
-Hm. On... pourrait faire un truc un de ces soirs ? Demanda Malcolm à tout hasard.
-Je suis le genre à faire des trucs un de ces soirs ?
-Non mais je suppose que... qu'on pourrait aller se manger une pizza !
-Ce midi ? Mais enfin y'a la cantine, non ? Signala Roland.

Malcolm sembla légèrement embarrassé.

-Oui... oui en effet... Euh...

Malcolm cessa de parler et se contenta de préparer son cours.

-Mais ça a été au moins ton entretien avec le proviseur et le doyen ? Tu n'as pas eu de blâme ou une connerie comme ça ? Parce que ça me fendrait le cœur que par ma faute tu aies des problèmes.

Malcolm releva la tête.

-Quoi ?

Roland le regarda.

-J'ai rien dit... T'as la berlue ou quoi ?!

Malcolm cligna les yeux plusieurs fois de suite.

-Oh...

***

Rachel donnait son cours.

-Bien, Combat Direct, chapitre 2, on amorce sur les différences de force pendant les combats. On peut affronter un adversaire très puissant et être en position de faiblesse sans pour autant perdre le match. On va voir plusieurs parties, je vous les donne dans le désordre : Préméditation, Jauge, Elan, Détermination. Sur Internet, vous pouvez aller voir les schémas à l'article 13 de mon blog. Bien, on commence par la Préméditation. Prévoir un match à l'avance est un bon moyen d'avoir un plan et de se sortir d'une situation perdue d'avance...

Le doyen Richard Lewis entra dans la salle. Les élèves se levèrent.

-Monsieur le doyen...
-Je ne pensais pas que le cours avait commencé, je souhaitais m'entretenir avec vous.

Rachel s'étonna.

-Je suis en plein cours, on a commencé en avance vu que la plupart des élèves étaient là et que j'étais là aussi...
-Alors vous ne voyez pas d'inconvénient à ce qu'on s'entretienne ?

Rachel plissa les yeux.

-Si vous vous battez contre moi.

Les élèves sourirent à l'éventualité.

-Mademoiselle Heine, je n'oserais pas...
-C'est moi qui vous le demande ! Si vous gagnez, j'interromps mon cours pour qu'on se parle.

Richard monta sur la scène sous les applaudissements des élèves. Le doyen, ce gringalet brun courbé à lunettes, regarda Rachel.

-Eh bien, battons-nous... Un deux contre deux, je présume...
-Vous présumez-bien ! Donphan !! Charmina !

Les deux Pokémon apparaissent, puissants et préparés. Richard eut un rictus.

-Ca ne va pas trainer... Coatox, Maraiste !

Le Pokémon académique et la dernière capture en date de Richard Lewis apparurent.

-Bien...
-Bien...
-A vous l'honneur ! Sourit Rachel.
-Maraiste, Danse Pluie !

Il se mit à pleuvoir sur l'enceinte du terrain.

-Je vois qu'on aime la pluie... marmonna Rachel.

Coatox semblait en effet revigoré. Richard sourit.

-Je pense être légèrement plus tacticien que vous...
-Charmina, Choc Mental !

L'attaque visait Maraiste qui sembla gêné par l'attaque.

-Direct Toxik !

Coatox fonça sur Charmina et plaça un coup de poing surmonté d'un dard toxique.

-Charmina, Coupe Psycho !!

Le Pokémon se mit dans une pose de Yoga, ferma les yeux et agita les bras. Coatox fut frappé par des lames invisibles.

-Argh... Cette technique est redoutable...
-Vous avez affaire à une prof de combat direct, ne l'oubliez pas.
-Je l'ai été aussi, fut un temps... Maraiste, Pistolet à O !

L'attaque visait Donphan.

-Roulade !!

Le Pokémon contra parfaitement l'attaque.

-BELIER !

Donphan fonça droit sur Maraiste.

-Je vois... Hydroqueue !!

Maraiste frappa Donphan en pleine face. Le Pokémon le sentit passer.

-Coatox ! Machination !!

Le Pokémon se concentra dans une aura noirâtre.

-Charmina ! Forte Paume !

Le Pokémon courut vers Coatox, bras préparé. Coatox ricana.

-Bomb'Beurk !

Le batracien cracha une grosse balle gluante. Charmina esquiva d'un rapide salto qui impressionna Richard.

-Maraiste ! Pistolet à O !

Le Pokémon tenta de ralentir Charmina qui utilisa la Forte Paume en préparation pour stopper l'attaque.

-Direct Toxik !

Coatox fonça sur Charmina pour le prendre par surprise, mais Donphan lui roula dedans.

-Zut... geignit Richard.

Coatox frappa Donphan de ses Direct Toxik alors qu'il tournoyait toujours contre lui.

-Maraiste ! Giga Impact !!

Rachel s'étonna de cette soudaine manœuvre offensive.

-Mitra-Poing, Charmina !

Charmina frappa Maraiste quand sa charge le porta vers lui. Les deux Pokémon tombèrent KO, tout comme Coatox et Donphan. Les élèves semblaient étonnés.

-Double KO... marmonna Rachel.
-Vous n'usurpez pas votre réputation, encore moins le nom de votre père. Bien, on peut se parler maintenant ?

***

Rachel sortit avec Richard.

-C'est à propos de votre frère...
-Oh, bah voyons...
-Il n'a pas été sanctionné pour son geste, cependant... Je vous avouerais que je suis inquiet pour lui.

Rachel hocha la tête.

-C'est un jeune homme très futé, il a un vrai talent pour l'enseignement, je ne regrette absolument pas de l'avoir engagé sur intuition, mais... Qu'il fasse ça en début d'année ne me rassure pas loin de là. Et je soupçonne...

Rachel regarda Richard, amusée.

-Allez-y, allez au bout de votre raisonnement.
-Je soupçonne Roland d'être plus ou moins à l'origine de son comportement étrange.
-Bingo.
-Vous n'avez pas l'air surprise...
-Vous connaissiez nos parents... Nos familles à moi, Malcolm et Roland.
-Oui.
-Donc vous savez que ça n'a jamais été très facile entre eux tous.
-Je me rappelle effectivement que c'était un sacré sac de nœuds... Et d'ailleurs je n'ai pas tout suivi, mais... Je sais, oui.
-Voilà. Vous êtes assez intelligent pour savoir que les difficultés des parents déteignent parfois sur les enfants.
-Oui... je sais ça...
-Eh bien... Avec Malcolm, on n'a pas eu une adolescence très simple, nos parents ont eu une crise de couple et nous on a été pris en plein dedans. Moi j'ai résisté comme j'ai pu. Malcolm, lui... il en est ressorti très affaibli. Et surtout il n'avait plus qu'une personne vers qui se tourner. Devinez qui.
-Roland...
-Voilà. Suite à ça, eh bien... Mon frère s'est mis à... adopter Roland, à faire ce qu'il fallait pour que Roland l'accepte. Seulement... Quand on les voyait ensemble, on était INCAPABLE de dire qu'ils étaient amis. J'ai dit des dizaines de fois à ma mère qu'elle devrait interdire à Malcolm de voir Roland, elle me disait que je ne pouvais pas comprendre et que je devais laisser mon frère. Mes parents ont toujours été trop laxistes avec lui.

Richard s'étonna.

-Et vous, vous ne faites rien pour lui ?!

Rachel soupira.

-Je suis prof de combat direct, ce que vous me demandez de faire c'est équivalent à ramener la paix au proche-Orient.

Elle retourna dans sa salle.

-Mais c'est votre frère ! Acheva Richard.

Rachel acquiesça.

-Oui... Mais il a l'âge de se débrouiller, je serais pas toujours derrière son dos.

***

-A Kanto ?!

Rachel, 19 ans, acquiesça.

-Charlie m'a trouvé une place à l'Académie de Céladopole.

Kenneth et Judith, à table, regardèrent leur fille.

-Depuis quand vous êtes en contact ? S'étonna Kenneth.
-Bah... avec Facebook, tout ça...
-Quand même, il a cinq ans de plus que toi...
-Et il est homosexuel... Et je suis une femme adulte et évoluée, qui fait ses propres choix ! Charlie et moi on partage la même vision du combat, alors bon...

Malcolm regarda sa sœur étonné.

-Alors tu vas partir ?!

Rachel regarda son frère.

-Non, je vais faire comme si je n'avais pas d'argent et rester ici, en prenant le train pour 4 heures chaque jour aller-retour. Bien sur que je vais partir, Malcolm !
-Mais tu peux pas faire ça !
-Si, parfaitement.
-Alors je pars aussi.

Kenneth et Judith s'étonnèrent. Rachel plissa les yeux.

-Toi ? Avec ton diplôme de mathématiques de Précision ? Tu vas faire quoi, compteur d'arbres ?
-Prof, comme toi !

Rachel leva les yeux au ciel.

-Achète-toi une vie, crotte...
-Rachel... marmonna Kenneth.
-Mais quoi ? Vous allez le laisser faire ?
-Si c'est ce qu'il veut, pourquoi pas... marmonna Judith.
-Oh, je vois. Malcolm, je vais me jeter d'un pont. Maintenant. Suis-moi, on va rater le bus !
-Euh...
-Rachel, ce que je voulais dire c'est que si c'est la décision de ton frère tu dois la respecter. Et je compte sur toi pour ne pas rabaisser ses décisions.

Rachel soupira.

-Très bien. Mais on n'habite pas ensemble.

Malcolm haussa les sourcils.

-Mais...
-Oh je t'en prie ! J'ai passé neuf mois avec toi dans le ventre de maman, ça va quoi la colloc !

Judith grimaça.

-Ne vous disputez pas non plus...

Rachel soupira.

-Tu prends vraiment le terme Jumeau au pied de la lettre, toi !
-Tu es ma sœur, c'est normal que je ne veuille pas te perdre !
-Perdue dans l'espace à deux heures de train...

Kenneth haussa les sourcils, étonné.


***

Malcolm acheva son cours.

« Et si ce soir je faisais quelque chose d'inhabituel ? Au lieu de me faire chier, pourquoi je ne prendrais pas un peu les devants ?! »

Il hocha la tête, déterminé.

« Voilà. Ce soir je vais passer une soirée sympa. Avec aucun de mes amis... »

Il sortit de sa salle et croisa Roland.

-Oh, Malcolm... Tu veux toujours qu'on fasse un truc ?
-C'est à dire ?
-Bah j'avais pensé qu'on pourrait passer la soirée à... ranger ma collection de photos d'attaques différentes !

Malcolm soupira. « Purée mais ce type s'amuse t-il au moins une fois dans sa vie ?! »

-Une... autre fois, Roland. Ce soir, je suis occupé.

Roland s'étonna.

-Vraiment ?
-Vraiment, oui !
-Quel genre d'occupation ?!

Malcolm haussa les sourcils.

-Ca te regarde ?!

Roland regarda Malcolm.

-Non.
-Alors ne t'en mêle pas. Merci.

Malcolm partit. Roland inspira et tourna les talons.

***

Le soir venu, Malcolm chercha à se préparer pour sortir, observé par son Qulbutoke, son Noctali et son Boskara.

-Je sais que j'ai l'air idiot...

Qulbutoke hocha la tête. Malcolm secoua la tête.

-Ton avis à toi n'est pas nécessaire !

Qulbutoke prit le peigne et le tendit à son maître.

-Quoi ? Mes cheveux sont très bien !

Qulbutoke insista. Noctali et Boskara se regardèrent.

-Boooon je me peigne... On croirait maman !

Malcolm se passa un coup de peigne.

-Quelque chose à rajouter, vous deux ?!

Boskara et Noctali secouèrent la tête.

-Mouais... Ca se paiera ces conseils, là !

***

Quelques minutes plus tard, Malcolm était au comptoir d'un café. Il se sentait quelque peu dépaysé.

« Mais qu'est-ce-que-je-fais-là !!! »
-Vous voulez quelque chose ?! Demanda le barman.
-Un... Bloody Mary !
-J'vous sers ça.

Malcolm soupira. « Si papa me voyait... »
Une jeune femme s'assied à côté de Malcolm. Elle commanda une vodka.

« Tiens, une fille... Oh, ça doit pas être pour moi... Non, c'est la seule place qui restait au comptoir. Te fais pas d'illusions, Malcolm. »
-Vous avez du feu ?

Malcolm s'étonna. Ah oui c'est bien à lui qu'elle parlait.

-Euh... Non, désolé, je ne fume pas !
-Oh moi non plus ! Je voulais juste faire flamber mon verre !
-Flamber votre verre ?
-Oui, c'est plutôt amusant, non ? L'alcool flambe, on éteint les flammes, on boit ! Tu n'as jamais regardé Dr House ?
-Ca m'est arrivé parfois, sans plus...
-C'est quoi ton nom ?

Malcolm hésita.

-M... Malcolm.
-Comme la série ! Cool !
-On me dit souvent ça, oui... et toi ?
-Aude. Aude Henderson. C'est austère et médiéval mais c'est mon nom !
-Oh je trouve pas ça austère. Tu aurais pu t'appeler Audeline !
-C'était grosso modo l'idée de départ de mes parents !

Malcolm sourit.

-C'est la première fois que tu viens ici... marmonna Aude.
-Oui... Je voulais un peu changer mes habitudes on va dire.
-C'est bien ça. Je trouve ça bien que les gens se bougent un peu par eux-mêmes.
-Oui voilà...

On leur servit leurs boissons.

-Bloody Mary ? J'adore ça ! Tu mélanges la vodka et le jus de tomate j'espère ?
-Ouais, ouais... En fait c'est la première fois que j'en commande une, je trouvais le nom intriguant depuis le temps que je connaissais cette boisson, alors bon...

Aude éclata de rire.

-J'ai jamais vu quelqu'un boire un truc parce qu'il trouvait le nom marrant !
-Ah bon ? Je croyais justement que les noms marrants c'était fait pour ça !
-Je sais pas, j'ai jamais étudié le sujet de près... Mais c'est une hypothèse intéressante. On fait flamber ma vodka ?
-J'ai pas de feu...
-Attends, au billard là bas, ils fument comme des pompiers, viens on va leur demander !
-Euh, Aude, je suis pas...
-Eh, t'es venu ici pour prendre des risques, non ?

Malcolm acquiesça.

-Allons demander aux gros loubards !
-Ouaiiiis !

***

Roland rangeait comme prévu sa collections de pictographies d'attaques.

-Et voilà. D'Ecras'Face à Jugement. Si tant est que cette gravure puisse un jour être remplacée par une vraie photo.

Roland sirota une vodka orange.

-Bon... Et maintenant...

***

Malcolm sentit son téléphone vibrer. Il était cependant trop occupé.

-Ca alors, ce truc en fait c'est des maths ! Regardez, je tape là...

Il tapa avec la queue dans la boule de billard. Autour de la table on applaudit le point marqué.

-Yeah ! Ca c'est marqué !
-Whouuu ! Sourit Aude.

***

-Doit être en train de dormir... Bon, eh bah tant pis. Au dodo moi aussi.

***

-C'est... la seule personne pour qui j'aie de vrais sentiments.

La psychologue hocha la tête.

-C'est marrant d'ailleurs parce que au fond c'est quelqu'un de très commun, il est juste... Entré dans ma vie au bon moment. Et finalement je suis incapable de le détester. Pourtant il est dans une position quelque peu défavorable, et n'importe quel autre aurait été châtié. Ce qui m'a plu chez Malcolm c'est qu'il était dans une position de faiblesse, comme moi, mais j'avais l'impression qu'il la supportait mieux que moi, comme s'il était plus fort, plus résistant. Je crois que quelque part au départ ça m'a déplu de le voir... sourire pour un rien, ou être plus à même de profiter de la vie que moi. Au fur et à mesure, quand je me suis aperçu que j'attendais avec impatience qu'il vienne me chercher pour qu'on sorte, j'ai compris que... Qu'enfin j'avais trouvé quelqu'un avec qui j'aimais passer du temps, ce qui de base n'était pas évident à trouver. Le seul problème...

Roland, 15 ans, sur le divan de la psychologue scolaire, soupira.

-Le seul problème c'est qu'avec un père qui n'a eu de cesse de contrôler ma vie et de me diriger là ou il voulait me diriger, et avec une mère que... je ne suis jamais arrivé à vraiment aimer... Bah le souci c'est que je suis dans un schéma répulsif. Je repousse tout autour de moi. Et par nature je me suis mis à entrainer Malcolm dans tous mes petits travers un peu chiants... J'aime bien passer des soirées à reclasser des trucs, à faire de la nourriture pour Pokémon, à faire moisir une patate pour attirer des oiseaux... Des corvées idiotes, mais vraiment, et le pire c'est que moi ça me botte complètement ! Parce que dans le fond, même si j'apprécie beaucoup la compagnie de Malcolm, il y a tous ces petits trucs qui font que... C'est dur pour moi de lui témoigner de l'affection. Voire quasiment impossible. J'ai jamais eu un seul mot affectueux pour lui, jamais une parole rassurante. S'il a des problèmes, je l'enfonce. S'il est heureux, je le ramène à la réalité...

Il soupira.

-Je sais qu'une partie de lui me déteste. Qu'un jour cette partie va ressurgir et qu'il va comprendre qu'il y a mieux que moi, mieux que... cette amitié ridicule entre nous... Et ce jour là j'ai peur d'être incapable de faire quoi que ce soit pour récupérer Malcolm. Pas parce que je n'en aurais pas envie, mais parce que je ne saurais pas... trouver les mots, mettre la forme. J'ai jamais vraiment aimé mes parents, son père à lui m'insupporte par sa seule vision, mon frère et ma sœur... J'ai jamais vraiment su... Mes cousins, là c'est moi qui ait un problème avec eux, avec leurs choix de vie. Mon oncle... c'est particulier. A la limite ma tante est la seule personne de la famille avec qui je peux supporter de rester. Mais... J'ai pas de modèle de personne que j'apprécie réellement. A part mes Pokémon mais ça c'est normal je suppose.

La psychologue prenait des notes.