Smirnoff, 3ème recueil de Domino

« De la vie, faire ripailles… Avant que j'm'en aille »



-J'espère que ça t'embête pas… soupira Norbert.
-Mais non, au contraire… C'est pour officialiser mon autorité sur Léopold et nous marier, ça n'a rien de mortel…
Lionel regarda Léopold qui était devant eux et prenait des photos.
-Je me demande s'il me considère comme son papa…
-Surement…
-Il m'appelle toujours Lionel…
-Ca fait six mois que tu vis à la maison… Et je te signale que c'est toi qui lui as dit que tu lui laissais du temps pour s'adapter.
Lionel acquiesça.
-Je sais… Je voudrais pas qu'il me prenne juste pour un ami…
-C'est toi qui te débrouilles avec ça ! Moi je lui ai dit que tu étais mon mari, c'est à lui de gérer…
-Bon…
-Papa, on peut aller visiter la ville ?
Norbert s'agenouilla devant Léopold.
-Je dois aller faire des papiers importants, mais tu peux y aller avec Lionel.
Léopold regarda Lionel et hocha la tête.
-Ok !
Lionel sourit et caressa les cheveux de Léopold affectueusement.
-On y va ?
Le gamin hocha la tête.

Léopold Finsbury arriva à son casier, la tête basse.
-Hey, Léo… Ouah la tête d'enterrement… s'étonna Charlie.
-Mauvaise journée.
-Qu'est-ce qui s'est passé ?
-Rien.
-Tu meeeeens.
-Nan, y'a rien Charlie.
-Bon, si tu le dis.
-T'es de bonne humeur, toi, par contre.
-Ouais, bizarrement d'ailleurs. En fait je me suis dit, bon ce matin trois heures de Smirnoff et après, virée à Féli-cité avec Léo pour aller acheter deux super ceintures à Pokéballs ! C'est toujours Ok, hein ?
-Oui mais pas trop tard, il faut que je rentre assez tôt, j'ai un truc ce soir.
-Un truc ce soir, toi ?
-J'ai un diner avec toute la famille de mon papa Norbert.
Charlie se glaça.
-Ouah… C'est ceux…
-Que j'aime pas, qui me regardent bizarrement ou qui me font plein de papouilles baveuses toutes dégueulasses… ET CA FAIT CHIER !
Il claqua la porte de son casier sous les yeux ahuris des autres élèves. Charlie hocha la tête.
-Ca va pas aujourd'hui…

-Léopold avait l'air un peu bizarre quand on lui a dit…
Lionel soupira en cherchant une cravate.
-Il déteste ces gens… Et je t'avouerais que je les aime pas trop non plus.
Norbert apparut par la porte.
-Dis donc, c'est ma fam… Oh… Quand as-tu acheté ce boxer ?
-Ne détourne pas la conversatioooon Norbert, et à l'idée que ta famille vienne ce soir ma libido est à -5 !
-Ce sont des gens bien, Lionel ! La dernière fois ça s'est super bien passé !
-La dernière fois, ton parrain Gilbert a parlé de suicide pendant trois heures, c'était très gênant parce qu'il y avait du diabolo grenadine sur la table et qu'il parlait de gens qui s'empoisonnaient au mercurochrome…
-C'était gênant pour toi, mais c'était très sympa comme soirée.
-Je conçois.
Norbert s'étonna.
-Tu ne vas pas plus loin ?
-Non, je n'ai pas envie de te froisser.
Norbert baissa les yeux.
-A cause de…
Lionel regarda Norbert, surpris.
-Non ! Pas à cause de… Du fait que tu m'aies… trompé, non absolument pas. C'est ta famille, c'est plutôt inconvenant de ma part d'en parler en mal.
Norbert hocha la tête.
-Cette méfiance qui revient… marmonna Lionel.
-Oui. Désolé. Je… Je sais pas analyser les réactions des gens correctement.
-Je t'aime. Comment tu interprètes ça ?
Norbert sourit.
-Comme mon petit mari qui essaie de me rassurer.
-Encore faux : C'est la vérité.
Norbert sourit.

« ERWAN » et « FOREVER » sur les PCs.
-C'est un bel hommage, non ?
-Hm.
-Je sais que ta famille t'embête un peu…
-Le pire c'est que mes parents n'ont pas l'air de comprendre… Papa Norbert est tout content, Papa Lionel me regarde, gêné, mais ne veut rien dire à papa Norbert pour des raisons qui échappent à ma compréhension…
-Calme-toi !
-Hmmm… Même toi tu veux pas m'écouter !
-Mais si, mais ne pars pas dans des trucs comme ça, ne t'agite pas, ne te mets pas en col…
-Ouais bah si j'veux…
-Léo… Bon, j'te laisse tranquille…
Léopold baissa la tête, pas bien. Etienne arriva et vit les ordinateurs des deux élèves. Il sortit Erwan qui observa les ordinateurs à son tour et regarda son maître qui lui expliqua au creux de l'oreille. Le Pokémon sourit, sautilla et applaudit. Charlie sourit alors que Léopold eut un maigre sourire.

-Ca, c'est un zoo…
-Ca sent le caca de Pokémon…
-A Poképolis, c'est illégal. A Parmanie notamment. Il y avait eu une descente de police, y'a longtemps…
Lionel regarda Léopold, un peu ennuyé par ses histoires.
-Excuse-moi, je t'ennuie.
-Nan…
-Je sais que c'est dur pour toi, tout ça…
Lionel aperçut un visage connu et il se cacha derrière une boîte aux lettres, à l'étonnement de Léopold.
-Euh… ?!
-Léopold, viens, viens !!
Léopold se cacha avec Lionel.
-Tu vois ce soldat, là, avec les cheveux gris ?
-Oui…
-C'est le papa de Norbert !
-Hein ?
-Oui oui ! C'est bien lui !
-Ouaaaaah… On peut aller le voir ?!
-Oui, ok, mais il va falloir prendre des précautions ! Ruser !
-Ruser ça veut dire… Mentir ?
-Oui, mais un peu !
-Ok d'accord !
Lionel sourit avec le gamin.

-Ca alors, si j'avais cru que je verrais le fils de Drew ici à New York… Mais qu'est-ce que tu viens faire là ?
-Oh, des vacances avec mon fils. Comme j'ai divorcé de ma femme on partage sa garde alors j'en profite. Hein bonhomme ?
-Ouais papa !
Lothaire sourit.
-Comment va ce vieux Drew ?
Léopold regarda Lionel. C'était l'occasion d'en savoir plus sur ce prétendant papa.
-Eh bien mon père va bien aux dernières nouvelles, je l'appelle régulièrement, il est avec ma mère et ma sœur dans la région de Kanto.
-Oh, bien ! Parce que j'en ai entendu de belles sur les Maloney…
-Ah ?
-Ton oncle s'est fait arrêter. Ton oncle Milton.
Lionel sembla étonné. « Bien fait, ce salaud… »
-Il paraîtrait qu'il aurait abusé de plusieurs enfants…
Léopold s'étonna. Lionel le regarda.
-Euh… C'est rien !
-Non, ne t'inquiète pas, ce sont les détraqués qui font ces choses là. Les détraqués comme mon fils.
Lionel plissa les sourcils. Léopold sembla inquiet.
-Vous… avez des nouvelles de Norbert ?
Lothaire secoua la tête.
-Il peut bien mourir, je m'en fiche.
-Oh… Moi j'en ai, si ça vous intéresse.
Lothaire sembla surpris.
-Vous vous revoyez ?
-De temps en temps. Il travaille dans l'administration scolaire. Il est en couple et il a adopté un enfant.
-Eh bien… C'est beau de rêver. Il peut continuer à croire qu'il mène une vie normale si ça lui chante.
Lionel acquiesça. Léopold était glacé.

-Et le combat du jour qu'il est bien qu'il est beau… Après la victoire Winchester, après la pitoyable chialerie entre copines, après les fils spirituels de Pamela Anderson, après la comparaison de biceps Filles/Garçons, après la crise d'épilepsie sur un beat de Tecktonik, après « C'est moi qui m'habille mieux que toi », après les deux qui ignorent ce que signifient Syphilis…
-Wikipédia, visions d'horreur… grommela Charlie.
-J'appelle Vito Blach et Léopold Finsbury !
Léopold ne bougea pas.
-Oh putain, c'est pas ton jour…
Vito Blach, un petit typé italien, se déplaça dans l'amphi jusqu'à la scène. Pas un mouvement de Léopold.
-Bouge-toi sinon tout le monde va se moquer de toi !
Léopold se leva à contrecœur. Etienne soupira.
-Oh, regardez cet océan de souffrance et de peine…
Ricanements, et Léopold retourna à sa place.
-Mr Finsbury ! S'il vous plait…
Léopold soupira et se dirigea vers la scène. Les deux élèves furent face à face, aucun ne regardant dans les yeux de l'autre.
-Vous vous connaissez ?
-Nan.
-Non…
Etienne s'étonna.
-Vous avez l'air de vous connaître.
-Nan.
-Non non, continua Léopold la tête baissée.
Alors que Vito avait la tête en l'air, regardant au dessus de Léopold. Etienne hocha la tête.
-Etes-vous amis ?
-Non.
-Non.
-Vous êtes vous entrainés avant ce match ?
-Oui.
-Pas pour le combat.
Tout le monde sembla surpris. Etienne regarda Léopold, sachant de quoi il en retournait et hocha la tête.
-Je vois… Bon… Commencez.
-Osselait !!
Le Pokémon de Vito sortit de sa Pokéball. Léopold lâcha nonchalamment Mime Junior qui regarda son maître, soucieux. Etienne soupira.
-Les Pokémon sont notre reflet, quand ils vont mal, nous allons mal. Quand nous allons mal… Ils souffrent.
Léopold se recroquevilla un peu plus sous le regard affolé de Charlie.
-Quelque chose vous tracasse ?!
-Il aime pas se battre !
Tout le monde regarda Charlie.
-Je crois que Léopold est doté d'une bouche… Aux dernières nouvelles ! fit remarquer Etienne.
-Il… déteste se battre, il a toujours redouté ça. Il aime pas, c'est tout. Son truc à lui c'est les concours.
Etienne soupira. « Je sais ça, tête de nœud… Mais j'peux pas le dire devant tout le monde… »
-Commencez…
-Osselait, Masse d'os !
Le Pokémon fonça sur Mime Jr qui esquiva d'un bond et se retrouva sur le bureau du professeur.
-Coup d'boule !
Osselait fonça sur Mime Jr qui continua de sautiller.
-Mime Jr… Encore.
Le Pokémon tapa dans ses mains et laissa Osselait foncer perpétuellement sur lui tout en l'évitant. Vito soupira, lassé. Léopold restait renfermé. Etienne soupira, lâcha Connor, son Riolu et stoppa le combat.
-Ok, qu'est-ce qui se passe entre vous deux, là ?
-Rien du tout, c'est lui qui fait son bébé, là ! soupira Vito.
Léopold regarda Etienne, regarda Vito, puis regarda Mime Jr, soupira, ferma les yeux, puis lâcha devant tout le monde :
-Ce matin, au moment ou je me dirigeais vers les toilettes, tu m'as tapoté l'épaule, tu m'as enfermé dans un casier et tu as donné des coups de pieds dedans pendant cinq bonnes minutes. J'ai été libéré par Samantha et Lydie qui t'ont vu m'enfermer, et après j'ai été pleurer aux toilettes.
Charlie écarquilla les yeux, étonné.
-Mais le pire dans tout ça c'est que ce soir j'ai un diner nul, avec la famille nulle de mon père qui croit que ça va me faire plaisir. Bah nan, c'est nul. C'est super nul.
Vito soupira.
-J'suis désolé…
Etienne s'étonna. « Ouah, un agresseur qui s'excuse ! »
-Nan t'as pas à être désolé. T'as gagné c'est pas grave. J'm'en fiche c'est qu'un stupide match. Et toi aussi t'es stupide. Et j'veux plus qu'on se reparle ou même qu'on se revoie.
Léopold rappela son Pokémon et repartit en reniflant vers sa place devant les élèves qui le regardaient. Vito soupira et retourna à sa place à son tour. Charlie se leva.
-TOI, J'VAIS TE CASSER LA TETE A LA SORTIE !!
Vito regarda Charlie, dédaigneux. Léopold arriva à sa place, tristounet. Charlie lui tapota l'épaule.
-Ca va aller mon vieux… T'aurais dû me le dire !
-Nan parce que t'aurais réagi comme ce que tu viens de faire et c'est pas bien…
-J'suis désolé pour tout ça…
Etienne notait sur sa feuille. Il estima que le match fut un match nul. Il regarda Léopold, pas très rassuré pour lui.

-De la dinde ?
-Oui ! Tante Molly adore la dinde ! Je te rappelle qu'ils sont…
-Douze, je sais merci, j'ai rayé ce chiffre de toutes les pendules à aiguille du commissariat exprès !
Norbert soupira en souriant.
-Je suis désolé.
-Tu n'as pas, c'est ta famille, mais qu'ils n'importunent pas Léopold.
-Eh, c'est à moi de veiller sur Léopold.
Lionel regarda Norbert, surpris par cette réponse.
-Hein ?
-Je veux dire : Ne te préoccupe pas de Léopold ce soir, ça va aller, je… Je peux me charger de ça.
Lionel secoua la tête.
-Non, Norbert, tu ne peux pas tout prendre en main, je veux dire… Le petit, le diner… la culpabilité.
Norbert se mordilla les lèvres.
-Tu as été au cimetière avec Léopold récemment ?
Norbert regarda Lionel, intrigué.
-Non… Pourquoi ?
-Pour qu'il aille voir la tombe de son père, bien sur.
-Lionel, je pense que ce serait trop dur pour lui…
-Moi je pense que ça lui ferait du bien. Tu le couves trop, tu n'as pas idée de la force de caractère que Léopold a en lui.
-Non, moi je vois plutôt un gamin fragile, sensible et émotif. Lionel, il a fondu de chagrin quand on lui a montré Bambi !
-Et moi je te dis que Léopold est très fort. Il a ce truc au fond de lui qui… Je sens qu'il est vraiment fort.
-Ou tu voudrais qu'il soit.
Lionel s'étonna.
-Pas du tout ! Alors là putain, si on avait un gosse fan de sport et de musculation, ça me ferait mourir de honte !! Tu te rends compte, un gosse sportif ! Beurk !
Norbert ricana.
-On a du temps pour un petit câlin ?
Norbert soupira.
-Petit alors !
-Ok !

-Et là ma sœur a dit a tout le monde : « C'est rien, il adore le ketchup ! »
Lothaire ricana.
-En fait je revenais de ma première enquête et j'avais oublié de me nettoyer. C'était stupide mais dans le feu de l'action, j'avais été tellement passionné que j'avais oublié de me laver. C'est comme ça que j'ai su que je voulais être policier.
Léopold avait été plutôt fasciné par l'histoire de Lionel.
-Je pense que tu voulais plutôt laver un crime subi dans ta jeunesse, en devenant policier…
Lionel prit Léopold contre lui.
-Pas… Pas devant le petit, Mr Finsbury…
-Tu as connu mon fils, quand nous étions en France. Tu as dû t'apercevoir à quel point il était malsain…
-Oh, je n'ai jamais trouvé Norbert malsain. C'est quelqu'un de très gentil. Vous avez toujours eu des rapports difficiles, c'est tout.
-Disons plutôt que c'était une pauvre tête de con. Heureusement ce petit bout de chou est élevé par une famille tout ce qu'il y a de plus normal, hein ?
-Normale, ouais… acquiesça le gamin.
-Bien, il va être quatorze heures…
-Déjà ! Il faut qu'on y aille, Léopold ! Ta maman va s'inquiéter !
Lionel se leva et se dirigea vers la sortie. Léopold regarda Mr Finsbury. Il hocha la tête et s'exprima :
-Mon papa Lionel, il me dit que les gros mots c'est pas bien.
-C'est vrai, bonhomme.
-Mais mon papa Norbert il m'a toujours dit que si j'avais quelque chose à dire, il fallait que je le dise. « Faut que ça sorte, alors vas-y, sors tout ! » qu'il dit.
Lionel regarda Léopold, étonné. Lothaire écarquilla les yeux.
-Alors moi j'vais vous dire que vous êtes un sale monsieur, méchant, nul et que vous êtes pas gentil avec mon papa Norbert. C'est le meilleur papa du monde et mon papa Lionel aussi. Et je suis content d'être avec eux. Voilà. Papa Lionel dit qu'il faut être poli avec les vieux gens alors… Au revoir, vieux monsieur !
Léopold suivit Lionel qui haussa les épaules devant un Lothaire Finsbury abasourdi.
-Ces enfants… Incapables de tenir leur langue !

-T'es fâché ?
Lionel ricana.
-Tu plaisantes ? Norbert aurait été fier de toi. Et… Je suis content que tu m'appelles enfin papa. Je sais que c'est dur pour toi…
Léopold regarda son père qui sourit.
-Mais franchement, tu m'as impressionné, bonhomme. Un jour tu pourras être policier si tu veux. Ca serait facile pour toi.
-Nan… Nan moi je veux faire des concours, comme papa…
Lionel mit un temps à comprendre.
-Comme Eddy ?
Léopold hocha la tête.
-Ok… Je… ne connaissais pas bien ton papa Eddy mais… Je sais que c'était un type bien et qu'il t'aimait très fort. Fais comme tu le sens.
Léopold hocha la tête.
-Allons rejoindre ton père avant qu'il ne se demande ou l'on peut bien être !
-Ok papa !
Lionel regarda Léopold, surpris.
-Ca, bonhomme, c'est la chose la plus gentille que tu puisses me dire aujourd'hui !
Lionel serra son petit garçon contre lui, ému.

-Pourquoi… tu ne m'as… RIEN DIT ?!
Léopold regarda Charlie à la cantine.
-Parce que sinon, tu aurais réagi exactement comme tu aurais réagi : Indignation, menaces…
-Je te promets je vais tuer ce type.
-Tu ne vas rien faire du tout, ce serait stupide.
-C'est toi qui est stupide, Léo ! Faut te faire respecter quoi !
Vito arriva près de leur table.
-Euh, Léopold… Charlie… Euh… J'veux pas me battre contre toi à la sortie…
-Moi, si ! Et je vais te casser la tête !
-On m'a dit que tu faisais du judo et j'ai pas envie qu'on se batte…
-Super raison !
-Tu es vraiment désolé ? Tu ne disais pas ça parce qu'il y avait toute la classe ? demanda Léopold.
-Ouais, j'suis désolé, c'était… pour rire.
-Bah c'était pas drôle… soupira Léopold. Casse-lui la tête, Charlie.
-Non, non, non !!! geignit l'italien.
-Alors…
-Excuse-moi ! C'était… Je sais pas trop pourquoi j'ai fait ça… T'as l'air tellement… chochotte !
Charlie allait se lever, Vito recula.
-Non, ça va, ça va ! Pardon, Léopold ! J'suis vraiment, vraiment désolé !
-Ok. Ne reviens plus me parler et ne me fais plus de mal sinon je le dirais à mon père le policier. Et il va venir chez toi pour t'arrêter toi et tes parents !
-N… Euh… Désolé encore !
Vito partit en courant. Léopold soupira.
-Qui est la chochotte maintenant ?
Charlie ricana.
-T'en as dans le ventre.
-Hm. Merci d'avoir voulu me protéger UNE FOIS DE PLUS dans ta grande bonté !
-C'est pas méchant…
-Je sais.
-Pourquoi tu es ironique ?!
Léopold soupira.
-Mon père passe son temps à me dire qu'il me trouve fort et courageux. Alors que la partie forte et courageuse de moi c'est… toi.
Charlie sourit.
-Je suis flatté. Je savais pas que j'étais une part de toi.
-Tu es mon meilleur ami. Je suis toi et tu es moi. En quelque sorte.
Etienne vint s'asseoir à côté des deux enfants.
-Les frites ! Le meilleur aliment de la planète. Savez-vous qu'aux Etats-Unis, les frites sont citées à 65% comme étant « L'aliment qu'on devrait envoyer en Afrique pour arrêter la faim » ? Pourtant c'est un aliment issu de Belgique, très proche des Pays-Bas d'où ma famille est originaire. Vous vous rendez compte ?
Charlie soupira.
-Devinez quel duo d'enfants dormira moins stupide ce soir ?
-Je suis venu parler à Léopold. Comme tu le sais, ton père et moi sommes très bons amis. Je veux juste te dire que je ne lui dirais rien sur ce que j'ai entendu aujourd'hui.
-Ah… Merci…
-Je me faisais parfois agresser quand j'étais gosse, les autres enfants me faisaient de mauvaises blagues… Enfin surtout Sherman, mais… Si mes parents l'avaient appris, ça m'aurait vraiment, vraiment mis très mal devant eux. Je passe te dire que je ne dirais rien.
-Ok…
-Quant à toi, pas de meurtre devant l'académie à la sortie !
-Reçu, Caporal !
Etienne se leva et repartit. Léopold soupira.
-Et ce soir c'est l'horreur à la maison… soupira Léopold.
-Rectification : L'horreur à la maison avec une nouvelle ceinture à Pokéballs !
Léopold sourit.

-Bonsoir Tante Molly !
-Oh Norbert tu es ravissant ! Et c'est ce mignon petit Léopold !!
-Bonsoir tante Molly…
-Gilbert…
-Norbert, bonsoir…
-Oh et c'est mon oncle Stanley !
-Bonsoir Norbert !
Lionel et Léopold se regardèrent, pas vraiment contents, mais bon.

-C'était horrible, elle avait les pieds tous noirs. Alors je lui dis : « Madame Driscoll, il va falloir amputer ! »
Léopold grimaça mais autour de la table cela sembla amuser.
-Et là elle me dit : Mais docteur, c'est du cirage !
La tablée éclata de rire. Lionel sourit poliment. Léopold se contenta de ricaner bêtement avec tout le monde.
-Et sinon, Léopold, comment ça se passe à l'école de dressage ?
La tablée se tourna vers le benjamin de la famille.
-Euh…
-Tu as eu ton premier Pokémon ?
-Oui, un… Un Mime Junior.
-Ooooh !
-Superbe !
-Bravo, Léopold !
Norbert et Lionel regardaient Léopold, tout souriant.
-Et aujourd'hui à l'école, un garçon m'a jeté dans un casier et a donné des coups de pieds dans la porte. Comme ça pour rien.
Tout le monde se tut, gêné.
-Et après il s'est excusé et est parti comme une chochotte.
Norbert regarda Léopold, affolé.
-Ex… Excusez-nous…
Norbert prit Léopold par la main et partit en cuisine. Lionel s'essuya la bouche.
-Si vous voulez, j'ai une histoire sur une affaire de viol désopilante !
La tablée s'étonna.
-Les patates douces de Norbert sont délicieuses, cela dit…
-Oui je me demande quelle sauce il utilise… marmonna un oncle.

Norbert prit les épaules de son fils, s'accroupit devant lui et le regarda, étonné.
-Poussin, ça va ?
-Hm.
-Pourquoi tu ne nous as rien dit ?
-J'avais peur… que tu… réagisses mal.
-Poussin je suis désolé qu'il te soit arrivé une chose aussi horrible !
-C'est rien… Charlie était là, et… Mr Smirnoff aussi…
Norbert hocha la tête.
-J'espère que ça ne t'a pas trop… Enfin, je me doute de la raison qui l'a poussé à…
-Il a juste dit que c'est parce que j'étais faible. Mais je lui ai montré que c'était pas le cas.
Norbert hocha la tête.
-Pardon, chéri… J'aurais préféré que tu aies une famille normale…
-Mais j'ai une famille normale. Au point que ça m'embête de diner avec eux, là…
-Toi aussi ?! Oh, toi et Lionel décidément…
-Mais ils sont gentils ta famille. Et toi et papa vous êtes cools.
Norbert sourit et serra son bonhomme dans ses bras.
-Je t'aime, mon fils. Tu sais ça, hein ?
-Je t'aime aussi papa.
-On y retourne ?
Léopold hocha la tête.

-Je t'attends un peu plus loin.
Léopold hocha la tête et se retourna vers la tombe d'Eddy.
-Salut papa. J'espère que ça va… Euh…
Léopold semblait un peu mal à l'aise.
-Euh… Papa Norbert s'est marié avec un autre monsieur… J'espère que tu n'es pas trop fâché… Je veux devenir coordinateur comme toi. Je veux faire des concours et gagner plein de rubans. Et comme ça, tu seras fier de moi là ou tu es. Et je suis content de t'avoir connu.
Léopold se retourna vers Lionel qui s'approcha de lui.
-C'est bon ?
-Hm.
-Ok… On y va ?
Léopold hocha la tête.

Le soir même, après le repas, le gamin portait deux gamelles pleines qu'il posa devant deux Pokémon endormis. Charmillon et Feunard s'éveillèrent.
-Excusez-moi… Je voulais pas vous réveiller.
Les deux Pokémon se serrèrent contre Léopold.
-Moi aussi je suis content de vous voir ! Hey… Feunard, il faudrait que je te brosse, ta fourrure est pleine de poussière !
Le Pokémon lécha affectueusement Léopold tandis que Charmillon frottait affectueusement sa tête contre le gamin.
-Vous êtes trop mignons ! J'espère qu'un jour j'aurais des Pokémon aussi affectueux et gentils que vous !
-Léo ?
Il se retourna vers Lionel.
-Euh… Je voulais attendre un peu, mais… Je crois que c'est le bon moment.
-Pour… ?
-Eh bien… Tu es un Finsbury, mais tu es aussi un peu un Maloney, hm ?
-Oui…
-Quand j'étais plus jeune, mon père m'a emmené en Chine. Là bas, il y a une tradition qui consiste à se passer un Pokémon représentant un signe astrologique chinois afin de placer sa confiance dans l'enfant de la famille. Eh bien… j'ai décidé de perpétrer cette tradition avec toi. Voilà… il est à toi.
Lionel passa une Pokéball à Léopold.
-Pour moi ?!
-Oui… j'ai pensé à ton rêve évidemment, alors ce n'est ni un serpent, ni un dragon, ni un rat…
Léopold sourit et ouvrit la Pokéball. Un Ouisticram en sortit.
-Ouaaaah…
-Il est mignon, hein ?
-Merci papa !
Lionel sourit.
-C'est normal, bonhomme. Tu le mérites. Tu es courageux.
Léopold baissa la tête.
-Tu m'en veux parce que je me suis fait taper à l'école ?
Lionel caressa les cheveux de son gamin.
-Comment je pourrais t'en vouloir ?! Pourquoi je t'en voudrais ?!
-Parce que… tu es policier.
Lionel s'étonna.
-…et que tu veux pas d'un fils… faible.
-Crois-le ou non, je me suis fait taper comme toi à l'école. On en passe tous un peu par là. C'est la lutte de pouvoir quoi. Je connais ça. Surtout en tant que fils de policier moi-même. C'est pas un passe-droit. Je préfère que tu sois normal. On passe tous par là. C'est dur, mais tu survivras.
Léopold hocha la tête. Lionel sourit.
-Maintenant, au lit !
-Hm !
Léopold alla se coucher tandis que Lionel alla rejoindre Norbert qui baissa ses lunettes.
-Tu as donné un Pokémon à notre fils ?
-Ouais… Retire ces lunettes de lecture, tu es horrible avec !
-Pardon… Tu lui as donné un Pokémon ?!
-C'est une tradition familiale !
-Ok… Alors je dois lui en trouver un aussi !
-J'ai eu du mal à le lui attraper, et ça fait un mois que je lui garde !
-Tu insinues que j'en serais incapable ?
-J'insinues que tu devrais y réfléchir à deux fois.
Norbert hocha la tête.
-Ok… La concurrence est lancée !
Lionel ricana.