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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 20/05/2019 à 19:02
» Dernière mise à jour le 06/06/2019 à 11:06

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 10 : Tour d'horizon
« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres est la violence […] qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. » Hélder Câmara.

***


Lyco et Lacrya furent réveillés par des cris lointains, et des détonations sourdes. Ils sursautèrent ; l’obscurité était totale autour d’eux. Ils se cognèrent l’un à l’autre en lâchant en chœur un « aïe ! » surpris.

Le garçon tâtonna dans le noir, mais impossible de remettre la main sur la torche maintenant éteinte. Il prit cependant conscience d’une chose ; il distinguait des formes dans la pénombre. Il se tourna et aperçut la silhouette courbée de Lacrya, qui peinait à attraper son sac, les bras tendus devant elle.

— On s’est endormis longtemps ? demanda-t-elle à mi-voix.
— Aucune idée…
— Ces bruits, ça vient de Bhataïs, tu penses ?

Il ne répondit pas. Il y avait des hurlements. D’autres coups de feu qui pétaradaient sèchement. Et le rugissement sauvage d’un pokémon.

— Lacrya, tu me vois ? demanda-t-il plutôt.

La jeune femme pivota vers lui. Il ne voyait pas son visage, mais entendit de la surprise dans sa voix.

— Euh, oui… à peu près…
— Alors la Némélia 1 a fonctionné. Nos sens sont plus aiguisés. Je suis sûr que personne n’entendrait tous ces bruits de Bhataïs depuis cette cave. Ou ne verrait quoi que ce soit dans cette cave.
— Tu… tu crois ?

Il hocha la tête sans rien ajouter.

Ils rassemblèrent leurs affaires, encore un peu confus d’avoir été si brutalement réveillés, et de se retrouver seuls dans ce sous-sol mal éclairé. Ils jetèrent rapidement leurs sacs à leurs épaules et rejoignirent le couloir. Le puits de lumière tout au fond leur apparut si lumineux qu’ils attendirent un peu pour s’habituer à sa clarté.

Puis Lyco parvint le premier au fond du puits, et saisit la chaîne qui y pendait. Il la soupesa pensivement, et la tendit à Lacrya tout en s’écartant :

— Essaie de monter. Tu devrais sentir la différence.

Elle le regarda avec surprise, mais obéit. Elle garda son sac sur le dos, l’air de ne pas se rendre compte du poids énorme qu’il était censé peser. Elle s’agrippa à la chaîne et commença à tirer sur ses bras en grimaçant, s’attendant à une ascension difficile et douloureuse.

La tâche lui parut incroyablement facile à réaliser. Elle rejoignit le salle en ruines du clocher par laquelle ils étaient entrés, avec une agilité qu’elle ne se soupçonnait pas, et attendit calmement que Lyco grimpe à son tour. Elle souffla :

— C’est… la Némélia 1, qui nous donne toute cette force ?
— Oui. On n’a plus qu’à rentrer, maintenant. Ça devrait être rapide.
— Oh, c’est vous ! lâcha une voix stupéfaite.

Ils se tournèrent vers l’entrée de la salle. Le vieil homme et ses deux enfants apeurés les regardaient avec un air ahuri.

— Ça alors, je vous croyais partis, depuis le temps ! Il y avait une cave ici ?

Le vieil homme était ébahi par la nouvelle ; et à raison. Il vivait là depuis sans doute quelque jours déjà, des semaines peut-être, et avait précisé avoir tout fouillé, sans succès. Lyco haussa les épaules.

— On s’est assoupi là-dedans. Ça fait longtemps qu’on s’est vus ?
— Hein ? Oh, non. Vous êtes venus hier après-midi. Là, c’est le matin.
— Que se passe-t-il, dehors ? questionna soudain Lacrya.

Les coups de feu avaient repris. Un grondement sourd se faisait entendre, lui aussi. Encore ce mystérieux pokémon entendu plus tôt ?

Le vieil homme s’obscurcit, et les enfants s’agrippèrent à ses jambes.

— C’est Kesner et sa bande. Il vient réclamer son dû à Bhataïs. Il ne fait pas les choses à moitié…
— On va voir ? proposa Lacrya à son camarade.

Lyco resta silencieux, réfléchissant rapidement. Connaissant Lacrya, elle souhaiterait sans doute faire quelque chose contre ce Kesner s’il martyrisait le peuple. Il était tenté de lui répondre non, mais… c’était un moyen de lui montrer les pouvoirs de la Némélia 1, et de la laisser expérimenter par elle-même. Si affronter le trafiquant de pokémons n’était pas trop dangereux, peut-être qu’il accepterait de perdre un peu de temps pour lui…

Il acquiesça. Lacrya conseilla au vieil homme de rester ici, et ignora ses avertissements quand il comprit qu’ils comptaient aller voir tout ça de plus près. Ils ne tardèrent pas à repartir et sortir du clocher, pour se retrouver à l’air libre, au sommet de la butte.

En quittant les ruines éclairées par un soleil déjà brûlant, ils constatèrent rapidement que Bhataïs était attaquée. Depuis leur point de vue, tout apparaissait très nettement. Des gens avaient été forcés de s’agenouiller en file indienne le long de l’avenue. Certains d’entre eux étaient étendus à terre ; probablement tués pour avoir voulu résister d’une manière ou d’une autre.

— Ma vue… lâcha Lacrya, stupéfaite.
— Tu t’habitueras vite, sourit le garçon.

Il constatait avec soulagement le retour des pouvoirs de la Némélia 1 dans ses veines. Il se sentait bien, ses yeux voyaient mieux et plus loin, ses oreilles percevaient des sons éloignés, et ses muscles étaient prêts à combattre.

— Ils sont une vingtaine, constata le garçon. Ils portent tous des fusils.
— Et ils ont un pokémon, constata Lacrya.

Sur le toit d’une maison, un drakkarmin se dressait. Sa large tête rouge était comme environnée de fumée ; il avait sans doute rugi plusieurs fois, et même craché des flammes. Il paraissait musculeux et impressionnant, même à cette distance.

— Dangereux, ce genre de monstre, soupira Lyco.

Il se souvenait encore de son carnet, où étaient recensés un grand nombre de pokémons et leurs capacités. Les drakkarmins étaient des prédateurs plutôt communs dans le Désert de la Désolation. En plus de pouvoir se faufiler dans des tunnels creusés par des bêtes de Type Sol, ils emmagasinaient de l’énergie grâce au soleil. Un seul d’entre eux pouvait se révéler être un véritable tueur en pleine journée. Sans parler de leurs écailles très solides.

— On devrait éviter de les attaquer maintenant, on n’aurait aucune chance, marmonna Lacrya.

Au moins, elle gardait un pied avec la réalité. La Némélia 1 ne leur octroyait pas une résistance aux balles ou une protection contre le feu ; une seule erreur, et ils pouvaient être tués, d’un seul coup.

— Tu veux vraiment arrêter ce Kesner ? demanda Lyco.
— Il terrorise cette région. Il vaut mieux l’empêcher de prendre trop de place, non ? Imagine qu’il tente de s’attaquer à nous plus tard. Ou même pire, pendant qu’on attaquera Mervald. On serait pris en tenaille, s’il vient du sud.

Le garçon acquiesça, lui concédant bien ça.

— Attendons qu’ils prennent ce qu’ils sont venus chercher. On suivra leurs traces et on attaquera leur cachette par surprise. À la nuit tombée. Avec notre vision, ils seront désavantagés dans l’obscurité. Ça te va ?

Elle hocha la tête, et manqua d’ajouter un argument auquel elle avait pensé. Mais elle préféra le garder pour elle, ne préférant pas s’avancer inutilement.

Ils étaient des trafiquants de pokémons. N’était-ce pas là l’occasion parfaite de leur voler des créatures et des pokéballs ? De s’en constituer une armée pour lutter contre Mervald ? Mais serait-ce seulement possible de s’en procurer en suivant le groupe de Kesner ? Auraient-ils de l’énergie à dépenser pour dresser des pokémons inconnus, probablement encore à l’état sauvage dans leurs balls ?

Elle resta donc muette, alors qu’ils observaient, impuissants, les trafiquants récupérer des objets ou de la nourriture auprès des habitants de Bhataïs, comme s’il s’agissait d’une taxe.

Peut-être que s’en prendre à ce Kesner les retarderait un peu ; mais ils pourraient très bien rattraper leur retard avec la Némélia 1 qui coulait dans leurs veines. Lacrya savait — elle le sentait dans son corps — qu’elle avait gagné en endurance. En force. Et en souplesse. Courir avec son gros sac sur le dos ne lui faisait pas peur ; et elle se sentait confiante pour la suite.

Mais il ne fallait tout de même pas oublier qu’ils n’avaient rien pour arrêter des balles. Il allait falloir ruser pour affronter cette bande armée. Même avec une attaque-surprise, il fallait s’attendre au pire.



***


Le gouverneur, juché au sommet de l’arène vide, observait le paysage avec attention. Il ne pouvait s’empêcher de sentir une certaine fierté à l’égard de Méranéa, cette ville qu’il avait bâtie à partir de rien. Sa cité. Son pays.

Ce havre de vie, situé presque au centre de l’aride Désert de la Désolation, était la preuve que l’homme pouvait dominer la nature même dans des conditions extrêmes. Le soleil ardent continuait sans cesse de faire brûler les dunes qui entouraient la ville ; mais pourtant, l’endroit grouillait de partout.

Le regard de Mervald se perdit vers les quelques forts dont la construction était en passe d’être achevée. Ils en avaient monté sept : deux à l’ouest, dans son dos, afin d’empêcher une attaque par l’arrière. Le gouverneur savait que l’attaque qui se préparait dans les Forêts de l’est comptait des ennemis malins. Ainsi, ils seraient contraints d’attaquer de front, soit depuis les bidonvilles qui envahissaient le nord-est de Méranéa, soit par le sud-est plus ouvert.

Deux autres des sept forts s’élevaient non loin de l’Arène et de son palais, protégé de surcroît par des murailles irrégulières, faites rapidement avec des pokémons de Type Roche, pour ralentir une possible invasion et créer des engorgements chez une potentielle armée ennemie. Les trois derniers forts, eux, étaient en périphérie, côté est, prêt à accueillir à coups de canons et de mortiers des troupes mal intentionnées.

Mervald était confiant : avec son armée maintenant motivée par le confort qu’il leur avait offert, ses stratégies retorses et ses forts de guerre — sans compter, en plus, ses trois chers Mutants — l’ennemi n’avait aucune chance de percer ses défenses et de s’approcher du cœur de la ville.

Il ignorait leur effectif, leurs armes et le nombre de dresseurs parmi eux. Mais ça ne l’effrayait pas.

Ce qui l’inquiétait était plutôt la stratégie que l’ennemi risquait d’adopter. En fonction des pokémons en leur possession, il était possible de faire naître des plans particulièrement ingénieux, voire imprévisibles.

Le gouverneur comptait sur son arsenal explosif pour dissuader quiconque de risquer sa vie dans une attaque-suicide.

Il soupira d’aise, sa cape battant au vent dans son dos. La nervosité qui l’avait envahie quand il avait d’abord appris la probabilité d’un soulèvement contre lui avait disparu. Elle était maintenant remplacée par une légère curiosité doublée d’un calme digne de sa position.

— Maître ? lâcha doucement une voix rieuse, presque susurrée.

Le gouverneur tourna la tête. Et reconnut les cheveux neigeux d’Erëbil, son Mutant parfait. Les yeux noirs de ce dernier, insondables, étaient comme plissés de rides amusées. Peut-être était-ce juste à cause du soleil ; mais Mervald avait déjà bien cerné le caractère de son désormais plus fidèle et dévoué serviteur.

Il était confiant, heureux de s’être vu offert une nouvelle vie, et rien ne semblait capable de freiner son enthousiasme discret. Il y avait aussi sans doute une pointe d’arrogance dans son regard, mais le gouverneur était tolérant : cet individu était son plus puissant allié, après tout.

— Erëbil. Des nouvelles ?
— Aucune en provenance des Forêts, maître.
— Auraient-ils trouvé et éliminé nos informateurs ?
— Je l’ignore, maître.

C’était une possibilité des plus évidentes. Mervald avait envoyé une poignée de soldats déguisés en mercenaires dans les Forêts, quelques jours plus tôt. Il n’y avait eu aucun signe qu’ils étaient arrivés à destination.

Soit ils avaient été démasqués et tués, soit ils étaient emprisonnés, soit personne n’avait l’autorisation de quitter le campement qui se montait à la lisière ou d’envoyer des messages. Impossible à dire pour l’instant. Il fallait attendre.

— Je ne comprends toujours pas l’intérêt d’un campement en frontière du désert, souffla Mervald en reportant son attention sur l’horizon ocre. Ils mettent beaucoup de temps à se rassembler, c’est étrange. Ils auraient déjà pu avoir le temps d’avancer vers nous, et de monter des abris à proximité de la cité. Mais ils nous laissent tout le temps de monter des forts…

Erëbil s’avança et suivit le regard de son maître, pensif.

— C’est peut-être un plan trop difficile à concevoir pour des bandits désorganisés.
— Hm.

La réponse, évasive et peu convaincue, éclaira quelques doutes dans l’esprit du gouverneur. Si le Rôdeur était bel et bien parmi eux, et qu’il avait récupéré ses souvenirs… pourquoi ? Pourquoi perdre du temps ? Toutes les bandes des Forêts avaient déjà eu largement le temps de les rejoindre, en une semaine !

À moins qu’ils n’attendent des renforts venus d’ailleurs… ?

— Qu’en-est-il du septième fort ? demanda Mervald pour changer de sujet.

Il désignait le plus lointain à l’horizon : celui qui était à l’extérieur de la ville, coincé entre quelques dunes du Désert, tourné vers les lointaines Forêts de l’Est.

— Il a été piégé comme selon vos plans. Il est garni d’explosifs et servira de leurre. Ce sera parfait pour les tenter de s’en emparer et les éliminer d’un seul coup.
— Bien, bien. Ça devrait les refroidir suffisamment pour les repousser dès la première attaque. Et la négociation ?

Erëbil désigna une petite foule en contrebas. Des soldats, pour la plupart. Il y avait des montures parmi eux, arcanins, galopas, bourrinos et zéblitz attendaient impatiemment.

— Zak et Garûnd ne devraient plus tarder à y aller.



***


Des habitants curieux observaient l’agitation en restant à une distance respectable ; certains avaient même cessé leur errance sur la place et sur le marché fermé pour admirer le spectacle.

Une vingtaine de soldats surarmés s’équipaient, préparaient les pokémons pour le voyage, et attendaient docilement devant les portes grandes ouvertes de l’Arène. Celles-ci étaient généralement toujours fermées, même pendant les combats destinés à faire diminuer le nombre de prisonniers. C’était donc un évènement plutôt rare pour la capitale de Mervald. Quelque chose se préparait, en plus de tous ces forts qui avaient poussés comme des champignons au milieu des habitations.

Zak et Garûnd ne tardèrent pas à passer par ces grandes portes, et firent signe à des soldats de les refermer ; ils n’eurent que de légères pièces d’armure à enfiler avant de grimper sur des galopas, prêts pour leur court voyage.

Avec leurs montures en bonne forme, il suffirait d’une journée pour rejoindre la frontière du désert jusqu’au campement des bandits. L’objectif n’était pas de les éliminer, ou de semer la panique. Mais de prétexter des négociations tout en pouvant dénombrer les ennemis et leurs armement.

Une sorte de mission d’éclaireur, en vérité. Zak était plutôt inquiet à cette idée. Garûnd, lui, paraissait amer. Il aurait préféré avoir l’autorisation de casser quelques bras et de briser des ennemis en deux. Mais le gouverneur avait été clair : il était inutile de se risquer à agacer encore plus ennemis, ou simplement de mettre leurs vie en danger, puisqu’à l’approche des forts, la menace serait vite éradiquée à coups d’explosifs.

— Vous êtes prêts, messieurs ?

Zak tourna la tête vers le chef de l’armée, Galok. Son casque métallique surmonté de plumes d’airmure cachait mal son crâne dégarni et son visage maussade.

— Oui, Galok, lança Garûnd en faisant craquer les jointures de ses doigts. Prends-soin de l’armée en notre absence. On sera de retour dans deux ou trois jours maximum. Continuez à fortifier les murs en attendant !
— Je le ferai, répondit mécaniquement le sergent.

Il n’avait jamais apprécié la compagnie des Mutants, et on voyait bien qu’il se forçait. Il avait récemment été promu chef de l’armée après avoir été longtemps responsable de la prison et des combats d’Arène : tout le monde savait qu’il s’impliquait beaucoup pour obéir à Mervald, mais Zak le soupçonnait d’agir surtout par crainte d’être du mauvais côté. Le gouverneur l’intimidait plus qu’autre chose.

Et les Mutants encore plus.

Galok ne leur souhaita pas bon voyage, ni ne leur donna de conseil. Il se contenta de reculer, l’air sombre, et de regarder la petite troupe s’éloigner au trot vers le Désert de la Désolation et ses températures ardentes.

Zak se retourna plusieurs fois, observant la silhouette ramassée de Méranéa, de son Arène et de ses forts devenir de plus en plus fine, de plus en plus discrète, jusqu’à être absorbée par les dunes.

Il reporta son regard vers l’océan sableux qui les séparaient de l’ennemi.

L’ennemi.

Zak avait déjà pris une décision vis-à-vis d’eux. Distraitement, il vérifia qu’il avait ce qu’il fallait dans la poche. Et jeta un regard en biais à Garûnd, prudent.

Bientôt, il serait temps pour lui d’assumer son rôle et ses choix.



***


Ève, perchée sur une tourelle en bois équipées de grosses roues métalliques, était assise sur une plate-forme branlante, ses jambes se balançant dans le vide. Elle grignotait une baie ceriz du bout des dents, en sifflotant un air entendu dans la soirée de la veille.

Avec les nouveaux arrivés d’hier, il fallait dire qu’ils avaient passé un bon moment autour du feu. Des musiciens amateurs avaient dévoilé leur talent sur des instruments de musique de leur cru ; l’ambiance avait changé avec la nuit tombée, passant d’atmosphère un peu tendue à festive.

Le campement avait encore grandi. Des stocks de munitions étaient arrivés, ainsi que quelques bras supplémentaires, encore. L’aide n’arrêtait pas de venir des quatre coins du pays. Mervald n’était sans doute pas prêt à une rébellion d’une telle ampleur.

Darren et Karyl étaient revenus de Psyhéxa sains et saufs, et avec d’excellentes nouvelles. Même si le chef de la Ville aux Murs Blancs, un certain Izyl, ne leur enverrait pas autant d’hommes qu’escompté, c’était mieux que rien. Et puis, il avait des dresseurs !

Ève était donc plutôt guillerette en jouant la sentinelle ce matin-là. Il ne leur restait qu’à attendre les renforts de Psyhéxa, dans une poignée de jours, et hypothétiquement celui de Lyco et Lacrya. Ce n’était pas nécessaire pour lancer le plan, mais ce serait sans doute mieux. En tout cas, ça rassurerait Ève de les savoir vivants.

Et d’apprendre que Lyco avait réussi ou non à trouver de quoi affronter Mervald dans le sud. Peut-être une arme qui n’avait pas besoin d’être rechargée et tirait des lasers ?

— Le rêve… souffla la jeune femme en engloutissant sa baie.

Soudain, elle sursauta. Il y avait du mouvement, à l’horizon, côté nord. Une silhouette. Non, deux. Pourtant, d’habitude, de nouveaux arrivants venaient par grappes de dizaines d’individus. Qui était-ce ?

Elle plissa les yeux, et distingua la forme étrange d’une des deux silhouettes. C’était vraisemblablement un pokémon, avec des ailes déployées… mais immobiles. Et ce drôle d’oiseau paraissait léviter.

Elle écarquilla les yeux de surprise en le reconnaissant : un xatu.

— Le… l’ermite ? s’écria-t-elle en se relevant d’un bond.

Elle souffla dans la corne qui pendait à sa ceinture ; peu important si le campement tout entier s’alarmait. Il fallait que Darren l’entende et rapplique au plus vite.

La présence du vieil homme était quelque chose qui devait être éclairée au plus vite, et en priorité face au représentant du mouvement rebelle. Surtout que son xatu était un des derniers Type Psy connus… qui savait quelle capacité il allait pouvoir leur offrir, s’il était ici pour les accompagner dans leur lutte ?