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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 22/04/2019 à 15:34
» Dernière mise à jour le 11/06/2019 à 21:12

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 7 : Premier contact
« Le passé est de l'histoire, c'est au présent qu'il faut vivre. » Henri-Frédéric Amiel.


***


La lisière ouest des Forêts grouillait de vie.

Les barricades de bois entouraient un camp qui ne cessait de s’étendre et de se renforcer. Comme des travailleurs acharnés, humains et pokémons coopéraient pour préparer le terrain. Certains fabriquaient des abris, tendaient des hamacs entre les branches des derniers grands arbres qui leur offraient une ombre bienfaitrice. D’autres s’épuisaient à la tâche pour tailler des pieux et les planter autour du camp, pointés vers l’extérieur. Une bien maigre protection, mais suffisante pour le moment.

Sans compter que Grocaillou, sous les ordres de Boralf, commençait à faire jaillir du sol des lames de roc comme de véritables murailles, infranchissables. Quoi qu’on puisse en dire, la construction avançait. Et même plutôt à pas de géants.

L’ambiance, jusqu’à présent restée froide, s’était bien vite réchauffée après le premier « conseil de guerre » tenu entre chefs de bandes, Boralf en tête. Des accords de non-agression avaient été signés — symboliquement, évidemment — pour éviter les traîtrises. Même si, et personne n’était dupe, tout le monde savait très bien qu’un pacte sur papier n’avait aucune valeur dans ce monde.

Mais c’était une manière de rassurer, et d’unifier ces hommes et ces femmes vers un seul but : faire tomber le gouverneur, et, à la manière des anarchistes de Psyhéxa, reprendre le pouvoir. Il avait été décidé que les différents chefs s’octroieraient les mérites une fois l’attaqué remportée et Mervald assassiné. Un gouvernement tenu par plusieurs personnes semblait en intéresser certains.

Mais évidemment, tout ce qui était ressorti du conseil de guerre était concentré sur la partie la plus optimiste de leur plan d’attaque. Il restait encore des groupes à attendre, des réponses à obtenir, et des refus à essuyer. De toute façon, même si le campement se montait déjà, les armes et les hommes manquaient encore en nombre.

Darren et Karyl n’étaient sans doute qu’à peine arrivés à Psyhéxa, après tout. Tant qu’ils ne seraient pas revenus, la situation finirait par s’enliser d’attendre le fameux « Mutant allié » dont tout le monde parlait.

Bakrom, assis contre un des arbres de la lisière, laissa son regard de nuit s’écouler le long de l’orée, puis obliquer vers la terre plus sèche qui délimitait plus ou moins la frontière du Désert de la Désolation. Deux semaines plus tôt, alors que les négociations accéléraient, il était venu ici, avec Darren. Il n’y avait rien, à cet endroit, il y avait encore quelques jours.

Rien du tout. C’était simplement l’endroit le plus proche à vol d’oiseau de Méranéa, depuis le bord des Forêts. Il fallait compter deux ou trois jours à pied, ou un seul sur le dos d’une monture adaptée, pour franchir les dunes jusqu’à la capitale et son gouverneur.

Maintenant, cet endroit désert était devenu un petit village grouillant de vie. Un village prêt à entrer en guerre, où les vivres s’échangeaient dans un semblant de bonne humeur, et où les ouvriers prêtaient main-forte à quelques dresseurs de pokémon chargés de mettre en place leurs défenses, au cas où.

« Au cas où. » Bakrom avait l’impression d’avoir entendu ça de la bouche de tout le monde des centaines de fois, en l’espace de quelques jours.

Mervald savait, c’était évident. Il savait qu’un campement se montait, que quelque chose se préparait. Qu’allait-il faire ? Rester sur la défensive, comme l’avait imaginé Lyco ? Ou les attaquer de front, là, tout de suite, peut-être dans la nuit, pour éliminer le problème à la racine ?

— Alors, tu déprimes ? lança une voix enjouée.

Il tourna la tête. Ève revenait des sous-bois, avec un sac de toile garni de baies pêcha. Elle lui en lança une ; habilement, le garçon l’attrapa et mordit dedans. Avant de hausser les épaules.

— Non. Je m’inquiète un peu…
— À propos de Lyco ?

Ève s’assit près de lui, et enfourna une des grosses baies en entier dans sa bouche. Elle avait toujours fait preuve de gloutonnerie, depuis le temps qu’il la fréquentait. S’il ne pensait pas à l’arrêter, elle finirait par terminer tous les fruits avant la fin de la discussion.

— À propos de Lyco, de Darren… du gouverneur. Tout est allé si vite.
— Tu m’étonnes, bafouilla la jeune femme, la bouche pleine. On a à peine eu le temps d’arriver à la lisière qu’il y en avait déjà de prêts pour commencer à faire des fortifications…

Bakrom observa distraitement un judokrak en train de transporter deux poutres destinées à servir d’ossature à un abri. Un mercenaire ostensiblement équipé d’une tenue de combat garnie de couteaux l’aida alors qu’il peinait à trouver un endroit où les poser. Toute cette coopération réchauffait le cœur de Bakrom, en plus de l’étonner au plus profond de lui-même.

Rares étaient ceux à avoir agi par générosité dans son entourage. À vrai dire, personne en dehors de ceux qui l’avaient sauvé d’un trafic d’esclave ; Lyco, Darren, Ève. Et tous les autres pillards après eux.

Ève, enfournant une autre baie dans sa bouche, jongla maladroitement avec la pokéball de Petite Dent ; heureusement qu’à l’intérieur, le medhyéna ne ressentait pas les secousses. Il en aurait été malade.

— On a eu des nouvelles, au fait, lança soudain la jeune femme.

Elle montra la forêt dans son dos.

— J’ai croisé un chasseur en revenant ici. Il m’a dit que ceux qu’on avait envoyé à Méranéa étaient revenus.
— Oui…
— Alors ?

Bakrom laissa ses épaules s’affaisser. Son expression se fit plus grave encore que d’habitude, et Ève parut troublée par son ton teinté d’angoisse.

— On ne sait pas trop ce qui se passe à la capitale, mais… les troupes sont prêtes pour le combat. Ils ont fait comme nous, en montant des grands camps à plusieurs endroits, dans la capitale et tout autour. Il y aurait même deux avant-postes, à quelques centaines de mètres des bidonvilles. Dont les armes pointent dans notre direction. Ils se doutent que quelque chose va venir des Forêts de l’Est…

La jeune femme grommela.

— Mauvais signe. Lyco avait pas spécialement parlé de ça, si ?
— Je ne crois pas… vu qu’il partait du principe que Mervald n’attaquerait pas avant nous. Je pense qu’il voulait s’en préoccuper plus tard.
— Hm…

Elle se releva en époussetant ses vêtements, et montra le sac de baies déjà à moitié vide :

— Je vais distribuer ça, histoire de faire durer toute cette bonne ambiance un peu plus longtemps. Espérons qu’il n’y aura aucun conflit dans ce beau petit camp avant le retour de Darren !
— Trois jours à attendre, c’est long…
— C’est le temps qu’il faudra aux retardataires pour se rallier à notre cause !

Ève s’éloigna sans plus rien ajouter, faisant un signe par-dessus son épaule sans regarder son jeune camarade. Bakrom posa une main sur l’épée posée dans l’herbe, près de lui. Il n’avait pas spécialement hâte de faire commencer ce conflit d’envergure. Il savait que, quoi qu’il puisse arriver, les pertes seraient terribles.

Le gouverneur possédait deux Mutants et des armes bien plus puissantes et récentes que les leurs. Il avait sûrement moins d’hommes qu’eux, cependant… mais le nombre ne signifiait rien quand l’ennemi possédait des canons et des forts.

Leur seul avantage allait reposer sur un plan ingénieux, qui exploiterait au mieux les failles de l’ennemi, et mettrait en avant les pouvoirs des quelques pokémons à leur disposition. L’ennemi en avait peu, probablement même moins. La plupart servaient de chair à canon dans l’Arène…

Le garçon se releva souplement, et rangea son épée à sa ceinture. Il se sentait tout de même prêt à tout ça : Lyco l’avait sauvé. Il l’avait aidé à prendre confiance en lui. À maîtriser l’art du combat, l’art de la méfiance. L’art de la survie.

Il le suivrait jusqu’au bout du monde s’il le fallait.

Quel qu’en soit le prix.



***


— Nous avions demandé une entrevue, expliqua Darren. Voici la lettre de réponse. Elle était positive.

Le colosse semblait imperturbable. Karyl, à ses côtés, furetait de tout côté avec un air mauvais, sans cacher sa méfiance et son mécontentement. Il marmonna un juron.

Ils étaient encerclés par une bonne douzaine d’hommes cagoulés ou encapuchonnés, et chacun d’eux avait un fusil d’assaut ou un pistolet braqué sur eux, en pleine rue. Des passants troublés se dépêchaient de passer leur chemin, craintifs.

Les doubles-portes de la cour intérieur du palais de Psyhéxa s’élevaient devant eux, mais restaient obstinément fermées. Le plus gros obstacle était pourtant bel et bien autour, et non devant.

Les anarchistes de Psyhéxa, ceux qui contrôlaient la Ville aux Murs Blancs. Ils paraissaient réellement déterminés à les arrêter.

L’homme à qui s’adressait Darren s’empara brusquement de la lettre et la survola des yeux ; au moins, il savait lire, lui. C’était devenu un don plutôt rare.

— Hm, vous êtes les anciens pillards des Forêts de l’Est, comprit-t-il.
— En effet.

Karyl ne comprenait pas comment Darren pouvait rester si impassible dans des situations pareilles. Il ne l’avait vu s’énerver que rarement, souvent pour s’opposer aux idées de Lyco… ou pour hésiter à le tuer, lui, Karyl, le monstre. Mais cette histoire était révolue, maintenant. Presque oubliée… ou effacée.

Le Mutant Roche se retint de justesse d’émettre le petit rire narquois qui montait dans sa gorge. Même lui, il trouvait le temps de plaisanter dans des moments pareils ! Il fallait dire qu’il n’avait pas vraiment peur pour sa vie. Il craignait surtout de ne pas réussir à protéger Darren et mener à bien leur mission.

— Jepsen, va prévenir le patron.

Un des hommes cagoulés hocha la tête et disparut par une porte plus petite, sur un côté des murs entourant le palais. Porte protégée par une autre pelletée d’anarchistes.

— Suivez-moi, je vais vous mener à lui, conclut l’homme en rendant la lettre à Darren.
— Merci.



***


Darren et Karyl constatèrent bien vite que le palais n’avait pas changé, depuis le jour où ils étaient venus y affronter Molch. Évidemment, l’opulence avait pâti du passage des anarchistes. Rares étaient les murs à ne pas être tâchés de sang, troués de balles, ou recouverts de tags divers laissés là par les nouveaux occupants des lieux.

Mais dans l’ensemble, les couloirs étaient identiques, les tapis toujours là pour étouffer le son des pas, les tableaux toujours fixés — pour la plupart — aux cloisons qui leur permettaient généreusement de s’étaler.

Escortés par une demi-douzaine d’hommes armés et toujours masqués de diverses façons, ils n’eurent évidemment pas l’occasion de voir l’état des sous-sols, brûlés autrefois en partie par leurs soins.

Mais c’était indéniablement vers le fameux bureau de Molch qu’on les menait. Le maître des lieux n’avait donc pas déplacé son centre de commandement dans une autre pièce…

Ils ne tardèrent pas à atteindre la fameuse porte ; elle était entrouverte. Celui qui les guidait jeta un œil à l’intérieur, posa une question brève que ceux dans le couloir ne purent pas comprendre, puis il recula. Il tendit le bras sans un mot, les invitant à entrer.

Darren n’hésita pas et fit le premier pas à l’intérieur, sans laisser le temps à Karyl d’ouvrir la voie, par précaution. Mais ça n’avait rien d’un piège, heureusement.

Le bureau était le même que par le passé… ou presque. Les plantes en pot avaient été remplacées par de multiples chaises et tabourets, sur lesquels étaient installés d’autres gardes armés. Ceux-ci n’avaient pas de cagoules, ni de capuches. Mais ils avaient tous une arme à portée de main, ou alors bien en évidence.

L’autre chose la plus marquante était sans doute l’absence de lumière naturelle dans la pièce. Les fenêtres du fond, et le balcon situé sur la gauche de la salle, étaient tous deux rebouchés par des plaques métalliques. Sans doute l’œuvre d’un pokémon de Type Acier. Quelques lampes électriques disposées à des endroits stratégiques faisaient baigner l’ensemble du bureau dans une atmosphère tamisée, à la fois chaleureuse… et oppressante.

La porte se referma dans le dos de Karyl. Personne ne les avait suivis.

Ils remarquèrent seulement alors que l’ancien bureau de Molch, poussé contre le mur du fond, servait de banc à deux mercenaires. Le chef, ou celui qui semblait en tout cas l’être, était assis dans un fauteuil en bois, à haut-dossier. Vêtu de grandes bottes brunes, de brassards et de jambières renforcées de cuir, il dégageait déjà quelque chose, une sorte d’aura ; Karyl vit tout de suite en lui l’âme d’un leader. Sans trop savoir pourquoi.

Peut-être était-ce dû au symbole sur son maillot, une sorte de félin dressé sur ses pattes arrière ? Ou alors à cause de ce gilet ouvert sur le devant, et dont la fourrure sur les épaules se dressait et se hérissait de manière intimidante ? En tout cas, il paraissait charismatique, rien qu’à ses vêtements.

La peau hâlée, un visage fin, un bouc et une moustache parfaitement harmonisés… tout sur lui indiquait qu’il tenait à son apparence. Ses cheveux, assez longs sur un côté de son visage, retombaient presque sur une de ses joues, et il gardait ses yeux verts froncés, attendant que les invités s’installent.

Il avait une épée en main, ce qui tranchait radicalement avec l’arsenal plus moderne des autres autour d’eux.

— Bienvenue, messieurs les pillards, annonça-t-il d’une voix grave.

Aucune animosité dans son ton. Il paraissait calme, et prêt à les écouter. C’était certainement bon signe.

Karyl nota brièvement sa posture, dans sa haute chaise. Penché légèrement vers l’avant, une main tenant l’épée qui touchait le sol et à ses pieds, et l’autre main appuyée sur une jambe, il semblait plutôt intéressé. Peut-être que ce genre de choses le sortait de l’ennui ? La ville n’avait pas l’air particulièrement active, depuis qu’ils étaient arrivés là dans la matinée…

— Je me présente, je m’appelle Izyl. Je suis le chef de ce groupe. Vous devez être Darren.

Le dénommé hocha la tête.

— Tout à fait. Et voici Karyl. Un de mes bras droits.

Ce dernier bougonna quelque chose sa barbe. Une part de lui en était un peu flattée, mais il était avant tout agacé d’être traité comme partie intégrante des pillards.

— Votre message m’a intrigué, je dois l’avouer, dit soudain Izyl en passant une main sur sa barbe bien taillée. J’ai été surpris au début, d’apprendre que vous vouliez faire tomber le gouverneur.

Karyl haussa les sourcils. Il était drôlement poli et courtois, cet anarchiste en chef. Le « gouverneur » ? Le « connard » n’aurait-il pas mieux convenu ?

Non, peut-être pas. Tout le monde n’adhérait pas à sa manière de parler, après tout.

— La chute de Psyhéxa nous a fait comprendre que ce n’était pas impossible, répondit Darren. On a commencé à s’organiser après ça.

Karyl hocha la tête pour marquer son — faux — assentiment. Caresser les anarchistes dans le sens du poil, en faisant croire qu’ils s’étaient inspirés d’eux, faisait partie du plan. En vérité, ils avaient commencé à préparer ça juste après avoir tué Molch. Izyl sembla apprécier la remarque, et se montra assez surpris.

— Vous avez choisi de ne pas être trop précis dans ce message, et je peux le comprendre. Sachez en tout cas que participer à sa chute nous intéresse. Mais il me faudrait des détails. Détails que vous êtes venus me donner, je suppose ? En échange de notre coopération ?

Malin, l’anarchiste en chef. Darren prit une longue seconde pour proposer sa réponse. Signe qu’il devait réfléchir à la manière de tourner toute cette discussion à leur avantage.

Tout en ignorant la pression qui pesait sur lui, avec ces dizaines d’hommes surarmés au regard chargé de méfiance.

— Nous avons pour but de stopper sa tyrannie. Nous savons qu’il a des médicaments, des chaînes de productions, de l’électricité, et de l’eau courante. Sans parler de son monopole des cultures. Il détient toutes les plantations du nord. Et aussi des documents relatifs à l’avant-épidémie. Tout notre savoir passé.

Izyl hocha la tête, visiblement au courant. Pas de trace de colère sur son visage. Le gouverneur le laissait de marbre ?

— Avant de vous préciser certaines choses sur notre plan, continua Darren, j’ai besoin de savoir quelles sont vos intentions. Pourquoi voudriez-vous nous aider ? Quel est votre but ?

Izyl esquissa un sourire.

— Je suis heureux de voir que je n’ai pas affaire à un plaisantin. Rares sont ceux qui oseraient poser la question aussi directement à un groupe comme le nôtre !

Quelques hommes réagirent, dans la salle. Des rires discrets, de brefs mots échangés. Karyl se tendit. Mais Darren garda les yeux fixés sur Izyl, insensible à l’atmosphère électrique.

— Je suppose que vous craignez une traîtrise. Ou en tout cas, ce qu’il adviendra, une fois Mervald mis hors-combat. Vous craignez une course au pouvoir, n’est-ce pas ? C’est tout naturel. Mais… croyez-le ou non, le pouvoir ne nous intéresse pas plus que ça.

Il tendit son bras vers les fenêtres rebouchées.

— Regardez ce que l’on doit faire pour éviter d’être abattus à distance ! Tout le monde nous prend pour des anarchistes purs et durs, seulement bons à envahir le palais de la ville comme des parasites et à jouer les chefs. Pourtant, la ville se porte mieux depuis que nous y sommes. L’ordre règne malgré une milice limitée. Des vivres sont distribués chaque matin devant les portes du palais. Nous sommes en train d’étudier la tuyauterie du palais et le réseau électrique pour en comprendre le fonctionnement et en faire profiter la population.

Karyl faillit lâcher un « Wouah » sarcastique et se retint. De justesse. Il n’osa pas imaginer où aurait pu le mener cette bourde. Certainement pas dans la bonne direction.

— Nous ne sommes pas de bons samaritains non plus, avoua Izyl en jetant un œil vers le Mutant, curieux. On s’est battus pour arriver là. On a tué. On a pillé. Nos méthodes sont celles d’un groupe radical, c’est certain. Mais notre but n’est pas de remplacer Mervald et de laisser le monde sombrer. Avec mes gars, on a tous grandi dans des bidonvilles, ou presque. On connaît la misère. Même si on doit tuer pour y arriver, on veut faire de ce monde un endroit meilleur. Chose que ce gouverneur semble ne même pas imaginer…

Il paraissait sincère ; Izyl devait être un cas un peu à part. En regardant autour de lui, Karyl ne constata pourtant pas de lueur moqueuse ou de rictus sur le visage de ses hommes. Ils paraissaient droits dans leur bottes, eux aussi. Après des dizaines d’années d’errance dans un monde détruit, où le plus fort l’emportait toujours, est-ce que l’humanité commençait à faire ressortir ses bons côtés pour vivre dans de meilleures conditions ? Il semblait que oui.

— Je vois, dit Darren, visiblement un peu rassuré. Tant mieux, alors. Nous allons pouvoir discuter.
— Parfait. Dites-moi donc : votre but est bien d’attaquer Méranéa ? J’ai entendu des rumeurs à ce sujet.

Darren et Karyl échangèrent un regard ; c’était le moment. Le colosse se retourna vers Izyl.

— Avant cela, je dois vous mettre au courant d’une chose qui ne s’est pas beaucoup ébruitée, au sujet du gouverneur.
— Hm, quoi donc ?
— Vous avez sans doute trouvé des choses étranges dans les sous-sols du palais, n’est-ce pas ?

Les hommes de l’anarchiste se regardèrent entre eux. Murmures étonnés. Une ombre discrète passa sur le visage d’Izyl.

— Des horreurs, confirma-t-il à mi-voix.
— Alors il faut que vous sachiez.