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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 06/05/2019 à 10:32
» Dernière mise à jour le 11/06/2019 à 21:13

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 8 : Préparations d'avant-guerre
"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs." Article 35 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.


***


Izyl écouta attentivement Darren tout lui raconter, dans les grandes lignes. Il paraissait de plus en plus étonné par l’ampleur des révélations ; le chef des pillards dévoila tout ce qu’ils savaient du gouverneur. Sa propension à assister à des massacres dans l’Arène, sa manie à expérimenter sur l’homme, et les Mutants à sa solde. Le rôle de Molch, et la volonté du groupe à vouloir le tuer. La mort de ce dernier, qui, en conséquence, avait permis à Izyl et sa bande de prendre facilement d’assaut le palais délaissé.

Darren ne manqua pas de parler en détail de la volonté absurde du gouverneur à vouloir créer une race supérieure d’humains dotés de pouvoirs ; et qui, en passant, avait pour but d’éradiquer les hommes qui en étaient dépourvus, quand la mutation génétique serait maitrisée.

Izyl ne l’interrompit à aucun moment, et garda un air grave et intrigué. Un silence étrange pesa dans la pièce quand le pillard s’interrompit enfin, signe que tout le monde était abasourdi d’entendre ces révélations.

— Je vois, dit simplement Izyl, après quelques longues secondes.

L’anarchiste s’adossa à sa chaise. La fourrure sur ses épaules bruissa, et il resta immobile et silencieux pendant quelques secondes, le regard dans le vide. Ses yeux verts croisèrent les pupilles azur de l’imposant chef des pillards.

— C’est pire que tout ce que j’imaginais. Ce gouverneur n’a aucune limite. Il paraît vouloir franchir tous les interdits.
— Il est prêt à tout, affirma Darren.
— Tout ça pour… quoi ? Laisser l’humanité périr et créer la suivante ? Sa mentalité se rapproche bien plus de l’anarchie que nous !

Izyl paraissait choqué par toutes ces nouvelles. Ses hommes, inquiets, échangeaient des regards mais sans plus oser parler. Leur patron pris de court semblait être un spectacle rare et inattendu. Ce dernier fixa soudain Karyl.

— Donc vous avez des pouvoirs ?
— Ouais.

Karyl tendit son bras devant lui. Sa peau brilla l’espace d’une seconde, et sembla durcir, jusqu’à prendre l’apparence d’une pierre beige et granuleuse. Izyl écarquilla les yeux depuis sa chaise.

— Et c’est rien comparé au reste, ajouta Karyl avec un petit sourire en coin. Mais je vais pas vous faire de démonstration ici, il resterait plus grand-chose.

Certains anarchistes, prenant ça comme une menace, se raidirent et redressèrent la pointe — ou le canon — de leurs armes. Izyl leva une main pour les inciter au calme, et reprit sereinement :

— Je commence à mieux comprendre tout ceci. Vous pourrez compter sur moi comme votre allié. Dites-moi quelle est votre situation exacte à la lisière.
Darren se racla la gorge. La rencontre semblait bien se passer. Même Karyl se permit de se relâcher un peu.

— Avant notre départ il y a deux jours, nous avions déjà deux cent trente hommes formés au combat, sans compter ceux chargés des défenses ou du ravitaillement. Nous commencions tout juste le déménagement vers la lisière, mais ce doit être terminé au moment où je parle. Nous avons aussi reçu des promesses d’alliance de plus de quinze groupes de mercenaires issus des profondeurs des Forêts. On manque seulement de munitions, mais on a plusieurs dizaines d’armes de très gros calibres. Certains voulaient aussi fabriquer des catapultes, sans parler des douze dresseurs de pokémons…

Darren sortit une feuille du revers de sa veste et ne tarda pas à donner l’inventaire à Izyl, qui la survola du regard d’un air impressionné. Il ne s’attendait sans doute pas à un évènement d’une telle ampleur.

— On pourra vous fournir des munitions, et des provisions, déclara Izyl d’un air songeur. Mais je suppose qu’il faudra frapper un grand coup, n’est-ce pas ? Ce ne sera pas suffisant…
— Il nous faudrait des hommes, bien sûr. Et… un moyen pour faire passer le message à la population de Psyhéxa. Nous accepterons tous les volontaires disponibles. Il y en a forcément parmi les civils.

L’anarchiste s’éclaira et se détendit un peu.

— Excellente idée ! Je m’occuperai de diffuser la nouvelle dès la fin de cette négociation. Pour ce qui est des hommes, je viendrai en personne vous prêter main-forte, avec des amis de confiance et mon compagnon pokémon. Nous ne serons pas très nombreux, mais nous avons besoin de garder nos effectifs ici, pour conserver Psyhéxa.
— Bien sûr, je comprends. Mais avez-vous vraiment besoin de venir en personne ?
— J’y tiens. Je ne veux pas rester à l’écart d’une bataille pareille !

Ils discutèrent encore une dizaine de minutes, échangeant informations, conseils avisés et points de vue sur la situation. Quelques hommes de main intervinrent ; Karyl commença à s’impatienter. Il avait maintenant l’habitude de négocier en compagnie de Darren, mais il s’ennuyait fermement dès lors que le tout s’orientait vers la logistique et l’organisation.

— Quand et comment comptez-vous attaquer Méranéa ? lança un homme.
— Dans une semaine, nous commencerons à avancer petit à petit dans le Désert, répondit Darren sans paraître surpris par la question. Notre campement est, normalement, imaginé pour être facile à déplacer. Nous avons utilisé des matériaux légers, et conçu quelques abris sur roues. Il est possible qu’il y ait un retard, puisque je n’ai pas encore vu l’avancée du projet, mais je reste optimiste. Quant à une stratégie d’attaque, j’attends de retourner là-bas pour y voir plus clair. Nous avons des stratèges doués et des éclaireurs chargés de nous faire part de la situation actuelle à la capitale.

Izyl ne tarda pas à mettre fin à la conversation ; il semblait déjà convaincu par Darren et son plan encore à l’état d’ébauche. La perspective de s’opposer de front à Mervald semblait plus l’animer que la probabilité de réussite de leur rébellion.

Darren s’excusa bien vite, prétextant à raison qu’il lui fallait retourner à la lisière le plus vite possible, et que partir maintenant serait le mieux. Izyl leur proposa des montures, mais ils en possédaient déjà dans des pokéballs restées au fond de leurs sacs, laissés aux gardes à l’extérieur du palais.

Juste avant de quitter la pièce, Izyl les arrêta tous les deux, curieux :

— Au fait, messieurs.
— Oui ? s’étonna Darren.
— Vous connaissez les raisons qui me poussent à m’en prendre au gouverneur, mais j’ignore si les vôtres coïncident réellement avec les miennes. Vous vivez dans les Forêts de l’Est, n’est-ce pas ? Pourquoi avoir décidé de vous en prendre à lui ? Vous pouviez vivre à l’écart des conflits dans les bois, non ?

Le colosse pivota et esquissa un sourire contrit.

— C’est ce que je comptais faire de ma vie, avant de rencontrer un jeune homme borné. J’ai fini par comprendre sa façon de voir les choses, et par adhérer à ses idéaux. Je sais que ça peut paraître idiot. Je ne demandais qu’à vivre en sécurité. Mais… il m’a persuadé plusieurs fois que laisser l’empire de Mervald grandir et s’épanouir, c’était s’assurer qu’il ne sera plus possible de l’arrêter dans le futur.

Izyl hocha la tête, satisfait. Et lança, dans un élan de sympathie :

— Soit ! Je vous laisse reprendre la route. Je rejoindrai la lisière sous sept jours, Darren. Puisse cette alliance nous permettre de mettre le gouverneur à genoux !



***


— Quel vocabulaire de péteux, grommela Karyl alors qu’ils franchissaient à pied les portes extérieures de la Ville aux Murs Blancs.
— Il a dit être issu des bidonvilles, mais vu sa façon de parler, j’en doute, rétorqua Darren, pensif. Ses hommes, peut-être, mais lui a reçu une très bonne éducation. C’est rare, de nos jours…

Ils marchèrent sur la route pavée qui quittait la ville vers l’ouest, droit vers les plaines arides. Il allait leur falloir traverser quelques bidonvilles sur environ trois cents mètres avant de pouvoir s’éloigner de tout habitant et sortir leurs montures pokémons. Karyl jeta un œil derrière lui ; les murailles pâles de Psyhéxa étaient toujours impressionantes, autant en hauteur qu’en robustesse.

Et dans son souvenir, l’endroit grouillait de soldats. Tout semblait plus calme, avec l’arrivée d’Izyl. Contradictoire, quand son groupe était réputé pour être anarchiste.

— En tout cas, ça s’est plutôt bien passé, lâcha Darren en relâchant ses épaules. Je m’attendais à un homme bourru et adepte de la violence, mais je l’avais mal jugé.
— On a de la chance qu’un cas comme lui ait repris la ville, répliqua Karyl d’un air bougon.
— En effet. Il ne nous reste qu’à rejoindre la lisière, et achever les préparations. Après ça, on attendra le retour de Lyco et l’arrivée d’Izyl et de nos derniers alliés. Et après…

Karyl esquissa un rictus. À la fois nerveux et excité.

— Après, on cassera la gueule de Mervald.

Darren hocha lentement la tête, comme soufflé par les termes employés ; il avait beau dire, lui non plus n’avait pas l’habitude d’employer le vocabulaire franc ou grossier issu des bidonvilles. Les tournures de phrases de son camarade Mutant avaient souvent tendance à le prendre au dépourvu.

Darren et Karyl ne tardèrent plus à sortir leurs montures. Deux beaux zéblitz fringants, jeunes et puissants. L’un d’eux avait été obtenu en tuant Molch ; l’autre appartenait au groupe depuis moins de deux semaines, suite à un échange de bons procédés avec un groupe d’itinérants du désert.

Les pokémons, leurs voyageurs sur le dos, s’élancèrent vers le sud-ouest et la forêt encore invisible à l’horizon. Leurs foulées électrisantes disparurent bientôt à la vue des derniers bidonvilles de Psyhéxa, et se confondirent rapidement avec les nuages de poussières charriés par le vent.



***


— Voilà un schéma de la plantation.

Lyco désigna le parchemin en mauvais état ; il avait maladroitement dessiné un long rectangle. Quelques autres formes géométriques, des carrés pour la plupart, semblait représenter des bâtiments, dans le rectangle et tout autour.

— Là et là, ce sont des maisons de repos pour les soldats. Ici, c’est la grange où ils stockent les outils et les cannes à sucre. Mais ce qui nous intéresse, c’est cette maison, à l’opposé.

Les regards attentifs suivirent le doigt du garçon glisser vers le bas. La bâtisse, un carré plus grand que les autres, était situé en plein milieu de quatre parcelles de la plantation. Dans un espace qui, à première vue, paraissait drôlement dégagé.

— Au sommet de la maison, ils ont construit une tourelle où se relaient des guetteurs toutes les quatre heures. Ils peuvent tout voir, de là-haut. Sauf si on attaque de nuit, bien sûr.

Les pillards ne pipèrent mot. Un silence étrange baigna dans leur petite maison de bois. Les couchettes et hamacs étaient si proches les uns des autres que l’âtre du feu n’était qu’à un mètre de certains d’entre eux. Et comme Lyco avait déployé la carte au centre de la pièce, près des flammes, rares étaient ceux à avoir besoin de se lever de leur lit pour voir tout ceci.

En levant les yeux, Lyco constata à quel point ils paraissaient sceptiques. Il était intérieurement agacé par cette réaction ; pour une fois, Darren avait décidé de lui faire confiance, d’écouter son plan. De proposer une affaire. Une affaire qui pouvait à la fois rapporter gros, sauver des gens, et empiéter dans les affaires du gouverneur. C’était le coup parfait !

Pourtant, le colosse debout derrière lui croisait les bras, imperturbable. Il paraissait pensif. Hésitant, même. Boralf, assis en tailleur à deux mètres de là, grogna. Avant de lancer :

— C’est du suicide. On vient juste de s’installer dans les Forêts, et tu nous demandes de les quitter l’espace de deux semaines pour retourner dans le nord du Désert de la Désolation ? Pour quoi, au final ? Sauver quinze clampins inconnus au bataillon et empocher leurs meilleures armes ? On risque gros avec cette histoire ! C’est en plein territoire du gouverneur. Les plantations sont connues pour être étroitement surveillées.

Lyco secoua la tête.

— Pas tant que ça. Ce sera bien moins compliqué que le coup du laboratoire Némélia. Ou même que n’importe quelle usine de Mervald.
— Encore heureux, répliqua Boralf, irrité. On n’a attaqué des endroits pareils que quand on n’avait plus le choix pour s’équiper ! On pensait même crever dans ce labo ! C’était une foutue attaque-suicide, je te signale.

Ève apaisa les tensions en se levant d’un bond et en posant les poings sur ses hanches. Dans son ombre, Bakrom, assis, écoutait sans faire mine de participer à la conversation. Lyco ne lui en voulait pas de rester discret et de ne pas l’aider à les convaincre. Il avait conscience que le garçon n’avait guère d’autorité dans le groupe, en matière de choix décisif.

— Et pourquoi pas ? fit la jeune femme. C’est Lyco qui nous a sauvé de notre attaque-suicide au labo, avec ses stratégies. Les infos sur ce coup-là sont fiables, non ? Les sources, on les connaît ?
— Oui, répondit simplement Darren.
— Bon. Ce n’est pas si impossible que ça, alors. Si c’est partir d’ici qui te fait peur, Boralf, tu peux rester et garder la maison au chaud pour quand on reviendra, non ?

Le trentenaire se redressa, avec un air qui commençait presque à être menaçant. Darren s’accroupit près de la carte, intrigué, et coupa court à toute dispute.

— Je ne suis pas certain qu’on y gagne tant que ça, souffla le colosse. Ce sont de bonnes armes, vraiment ?
— Fabriquées récemment, à peine sorties de l’usine, confirma Lyco. Armes à feu en tout genre et explosifs.
— Combien de gardes en tout ?
— Vingt-huit soldats, deux gradés. Parfois, ils recrutent quatre ou cinq mercenaires pour surveiller les esclaves. Mais ça n’est plus arrivé depuis au moins deux mois.

Darren saisit son menton. Leurs effectifs étaient seulement de vingt-cinq, et ils étaient moins armés. Mais avec une attaque-surprise et une bonne organisation…

— Hm. Prenons le temps de réfléchir à un plan, alors, conclut Darren. Mais ne nous pressons pas. Laissons-nous le temps de nous installer ici. Et si nous l’attaquions, dans… disons un mois ? Le temps de consolider les défenses de ce campement ?

Malgré les protestations de Boralf et d’une poignée d’autre, la majorité se rangea à l’avis du chef. Lyco fut évidemment désigné pour continuer à aller se renseigner régulièrement sur l’état des choses, par le biais d’autres contacts dans la forêt. Il assura aussi pouvoir créer un plan efficace.

Il avait encore du temps devant lui, heureusement. Il ne pouvait s’empêcher d’être satisfait. Il avait fallu longtemps, très longtemps, avant qu’il ne puisse enfin leur prouver sa bonne volonté.

Il n’avait pas pour objectif de nuire à Mervald uniquement pour sa propre satisfaction. Mais quand il avait appris l’existence de cette plantation, en périphérie du désert, et des richesses accumulées là-bas, il s’était dit qu’il pourrait faire d’une pierre deux coups : renforcer le groupe et gagner définitivement sa confiance.

Il ne restait plus qu’à espérer que tout se passerait sans accrocs.

En repliant la carte alors que les conversations reprenaient autour de lui, il sentit quelque chose peser sur sa nuque. Il se retourna et croisa le regard souriant et bienveillant d’Amelis. Il lui sourit, comprenant qu’elle voulait lui parler en tête à tête, dehors. D’un signe de la main, il lui indiqua qu’il n’allait pas tarder à la suivre. La jeune femme s’éclipsa d’un pas léger.

Lyco commençait juste à s’habituer au fourmillement et aux pensées brouillonnes qui envahissaient ses pensées quand il la voyait ; et c’était devenu réconfortant, d’être aimé. Il avait rarement connu ce sentiment d’euphorie avec qui que ce soit auparavant. Jamais, en vérité.

Il se promit intérieurement de tout faire pour que cette ultime affaire à la plantation soit le dernier plan risqué de sa vie. Après ça, il suivrait docilement la nouvelle ligne de conduite du groupe s’il le fallait. Négocier, s’entraider, fabriquer. C’était mieux que de tuer, brûler, piller. Moins fatigant, et presque aussi rentable.

Il s’éclipsa rapidement, comme une ombre, dans la fraîcheur nocturne du dehors, ayant hâte de pouvoir enfin serrer Amelis de nouveau dans ses bras.




***


— Lyco, ça va ? s’inquiéta Lacrya en posant une main sur l’épaule du garçon.

La torche continuait à diffuser sa lumière rougeoyante sur les murs pierreux du souterrain. Lyco, un peu hébété, avait l’impression d’émerger du sommeil. Il se rendit compte qu’il avait eu un vertige ; et le souvenir de ce plan d’attaque lui était revenu avec brutalité. Il se demandait même comment il avait pu oublier cet évènement. Ça lui paraissait récent, et à raison ; ce ne devait pas être situé chronologiquement moins de six mois avant ce jour.

Il mit de côté le souvenir flou — mais réconfortant — de sa relation avec Amelis. Il comprenait mieux maintenant pourquoi elle avait été si attentionnée avec lui pendant leur séjour en Arène. Ça ne devait pas être simple pour elle de le côtoyer alors qu’il était amnésique et avait tout oublié. Il culpabilisait bien malgré lui…

— Hé, Lyco !

Il releva la tête. Lacrya lui tendait la clé. Le petit objet métallique luisait dans sa paume de main. Il s’en empara, marmonna une excuse, et se baissa pour ouvrir le coffre devant eux. Ses mains tremblaient légèrement ; d’excitation, mais aussi à cause de son vertige récent.

Un déclic résonna avec force dans la pièce lugubre. Lyco ne chercha pas à faire durer le suspense et souleva aussitôt le couvercle du coffre. Ils se penchèrent tous les deux au-dessus, laissant la torche en éclairer l’intérieur.

Il était presque vide. Pas d’arme incroyable leur permettant de vaincre Mervald. À vrai dire, c’était plutôt décevant.

Au fond reposait une petite boîte noire, en métal. Et à côté d’elle, une feuille pliée à la va-vite, et légèrement froissée. Une sorte de lettre.

Le voilà. Le message de son lui du passé. Destiné à son lui du futur. Une lettre vouée à lui raviver la mémoire, peut-être ? À dévoiler un point faible du gouverneur ?

— Déplie-la, s’empressa de dire Lacrya.

Sa confusion avait déjà disparu, remplacée par une curiosité déterminée. Lyco attrapa la feuille et l’ouvrit. Elle était garnie d’écritures, écrite par une main habile. Le papier en était presque entièrement noir. C’était un véritable pavé qui était inscrit là.

— C’est quoi ?

Lyco toussota et lut à voix haute le début de la lettre.

— « Salut, futur moi. J’espère que tu vas bien, et que tu n’as rien de cassé. Tu n’as pas eu trop de mal à revenir ici, au moins ? J’espère que c’est bien toi, et pas un voleur un peu trop malin. Cela dit, vu comme cet endroit est loin de tout, ça m’étonnerait que quelque d’autre soit venu fouiller ici. ».

Lacrya écarquilla les yeux. Lyco marqua une pause. C’était bel et bien destiné à son futur lui-même. Pourquoi, comment ?

— « J’ai pas mal de choses qui m’attendent, donc je vais devoir faire vite. Je vais essayer d’être bref, mais je ne te promets rien ! Et surtout, lis bien cette lettre jusqu’au bout. Libre à toi de la brûler ou de la conserver après ; par contre, la boîte, elle, il va falloir la garder précieusement. Sans son contenu, ton combat contre Mervald ne pourra jamais être remporté. »

Lacrya et Lyco échangèrent un regard stupéfait. La jeune femme fut tentée de l’ouvrir pour en regarder le contenu, mais quand Lyco commença à enchaîner avec la suite, elle se tut, stupéfaite.

Et commença à comprendre à quel point le Lyco d’avant était calculateur, prévoyant, et indispensable.