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Les Apôtres d'Erubin de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 31/03/2019 à 09:35
» Dernière mise à jour le 31/03/2019 à 10:47

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Drame   Mythologie   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 3 : Affaires de corruption
Bourg-Palette était un bled paumé de Kanto comme on en trouvait beaucoup dans la région. Un village tranquille, sans histoire, perdu au milieu des prés et des clairières. La seule notoriété qu'il avait, c'était la présence du célèbre professeur Erable, qui y avait installé son laboratoire. Beaucoup de gens se demandaient pourquoi un homme comme lui, reconnu mondiale dans son domaine, et qui aurait pu disposer d'un laboratoire dernier cri dans une mégalopole comme Safrania, était venu se perdre dans ce petit village. La raison était que, tout simplement, le professeur Erable préférait de loin la nature et la tranquillité à la vie de plus en plus bruyante et rapide des grandes villes.

Dan ne partageait pas trop son point de vue. Évidement, en tant que Pokemon Ranger, il aimait obligatoirement la nature, mais ayant vécu toute son enfance dans un coin reculé privé de tout nommé Surocal, il était toujours émerveillé quand il se rendait dans une vraie ville. Dan était un jeune homme qui vivait avec son temps : il était pour le progrès, l'accumulation d'infrastructures, et la commodité qu'offraient les avancées technologiques. Cela étant, la Forêt de Jade restait la principale zone boisée de Kanto, et l'un des lieux de travail habituel de Dan dans ses missions de Pokemon Ranger. Qu'on puisse la raser était impensable pour lui, ne serait-ce que pour tous ces pauvres Pokemon qui seraient délogés de force. C'était pourquoi Dan avait accepté l'invitation de Samuel Chen de venir à Bourg-Palette pour aider le professeur Erable dans sa défense de la forêt.

Le professeur l'avait accueilli chaudement, et lui avait immédiatement servi de ce thé divin dont il avait le secret. Maximilien Erable, la soixantaine bien entamée, était un homme distingué mais simple, l'affabilité incarnée. Son sourire bienveillant brillait constamment sous sa courte moustache blanche, et ses fins cheveux gris, encore longs, tombaient jusqu'à sa nuque, laissant à découvert un sommet de crâne chauve. Outre son éternelle blouse blanche, il portait toujours autour du cou un étrange pendentif en forme de flèche agrémenté de deux ailes.

Dan avait souvent eu l'occasion de parler avec lui du fait de son travail. Le professeur brillait par sa passion et son amour pour les Pokemon. Il avait aussi énormément apporter au dressage de Pokemon, en assistant la Sylphe dans la création de Pokeball de masse grâce aux travaux originels du forgeron Fargas, de Johto. Il avait également formé nombre de personnes qui représentaient le futur de la Pokemonologie, tels Spruce Kateleeria, Pressand Hastings, Rowan Sorbier, et bien sûr, Samuel Chen. D'ailleurs, ce dernier était absent aujourd'hui, et Dan en fit la remarque.

- Samuel n'est que mon assistant à mi-temps, répondit Erable. Il est déjà beaucoup demandé, et pas seulement pour la Pokemonologie. En tant qu'ancien Maître de Kanto, il fait toujours figure d'autorité pour la communauté des dresseurs. Les Dignitaires font également souvent appel à lui dans leur lutte contre la Team Rocket, qu'il connaît bien. Oui... Samuel Chen est destiné à devenir quelqu'un d'important, bien plus que je ne le serais jamais.

- Vous êtes déjà bien assez important, professeur, fit remarquer Dan en buvant une gorgée de sa tasse. Rien que votre thé est un trésor national.

- En voilà une bonne idée, sourit le professeur. Je devrai céder ma place et ce labo à Samuel, et me retirer dans la culture de thé. Ce n'est pas l'âge qui me manque. Mais j'ai encore quelque chose à faire avant cette retraite bien méritée.

- La Forêt de Jade.

- Oui. On pourra me reprocher d'être un vieux schnock, un paysan, un rétrograde, ou tout ce que vous voulez... ça je ne peux pas. Je sais que le projet de N.W.C va apporter énormément d'emplois et de richesse dans le coin, mais...

- Qu'est-ce que vous racontez ? Bien évidement qu'il faut s'opposer à ça. Ce n'est pas être rétrograde que de vouloir préserver un lieu naturel, un habitat pour des milliers de Pokemon, et enfin un passage obligé et traditionnel des dresseurs de la région. Il y a plein de terrains libres tout autour de Safrania ; qu'ils aillent donc la faire là-bas, leur ville-usine ! Vous aurez le soutien de la Fédération, professeur.

Dan hésita, puis reprit :

- Enfin, je peux pas parler pour la Fédération, elle n'a pas vraiment à s'impliquer dans des affaires privés et économiques concernant une autre région. Mais vous aurez le mien.

- Je ne veux pas vous poser de problème, Dan. Si vous risquez d'être sanctionné par vos supérieurs pour vous être embourbé là-dedans…

- En tant que Top Ranger, je suis seul juge de ce qui est bon ou non pour la nature et les Pokemon dans mon secteur de travail. Mes actions n'engagent la Fédération que si j'agis en son nom et sous ses ordres, ce qui n'est pas le cas. Et puis, ça m'étonnerait franchement que la Présidente Marthe sois d'accord avec ça.

- C'est ce que m'a assuré Haysen Funerol, mais en précisant qu'il serait malvenu que la Fédération s'en prenne ouvertement à l'une des plus grandes sociétés du monde.

- Haysen Funerol ? Répéta Dan. Le directeur du Vert de la Planète ?

- Lui-même. Il est avec nous sur ce coup.

Dan se sentit rassuré. Avoir à ses côtés une association de renommée mondiale comme celle-ci, qui avait déjà accomplis mainte choses pour la nature, était un sacré plus quand on affrontait une société comme New World Corporation.

- J'ai rencontré son père une ou deux fois, quand j'étais encore à Almia, commenta Dan. Un grand monsieur.

- Haysen est jeune, mais il l'est tout autant. Il devrait nous rejoindre sous peu d'ailleurs. Mais, Dan, je dois quand même vous prévenir, avant que vous ne vous engagiez à quoi que ce soit.

Le professeur but une longue gorgée de son thé, avant de reprendre, avec une voix d'une certaine gravité.

- Les personnes qui dirigent New World Corporation sont dangereuses. Leur argent et leur pouvoir leur permettent d'agir au-dessus des lois, mais ce n'est pas tout. Ils ont un allié très puissant, quelqu'un qui leur a permis de s'élever très rapidement. N.W.C était une petite entreprise locale d'Unys il y a encore quelques années, mais son ascension fut fulgurante, pour ne pas dire suspecte.

- Vous voulez dire qu'elle serait de mèche avec une organisation criminelle, style Team Rocket ?

- Oh, ça c'est certain. Quelle entreprise puissante ne touche pas de pots-de-vin de la Team Rocket de nos jours ? Mais ce n'est rien ça. Je ne parlais pas d'elle, mais d'une organisation... bien plus secrète, et maléfique.

- Maléfique, carrément ? Ricana Dan. Ils sacrifient des bébés Skitty à Darkrai, ou un truc du genre ?

Comme Dan vit que le professeur garda son sérieux et son air grave, il fronça les sourcils.

- De quelle organisation vous parlez, au juste ?

- Je n'en parle pas, je ne fais que sous-entendre. Il est des choses en ce monde qu'il vaut mieux continuer à ignorer. Je veux juste que vous sachiez dans quoi vous vous lancez. Vous pourrez y risquer votre vie.

Le jeune Top Ranger haussa les épaules.

- Si j'avais voulu une vie pépère sans aucun problème ni risque, je serais resté dans mon trou paumé de Surocal et me serais trouvé un autre boulot que Pokemon Ranger.

Erable jaugea longuement Dan du regard, comme s'il mesurait sa détermination, puis hocha la tête.

- Très bien. Je suis ravi de vous avoir, Top Ranger Dan Sybel. Je veillerai à ce que vous soyez rémunéré pour vos services.

- Je ne faisais pas ça pour ça, professeur.

- Non, mais vous utiliserez votre temps de travail pour moi et la Forêt de Jade ; un temps que vous n'utiliserez plus pour vos missions de Pokemon Ranger.

- Ça ne change rien, je suis pas payé à la tâche, j'ai un salaire fixe chaque mois, sourit Dan. Continuez juste à me faire de votre fameux thé, ça sera un salaire suffisant. Alors, je commence par quoi ?

- Il nous faudrait déjà un rapport préliminaire sur les conséquences néfastes du projet de N.W.C. Déplacement des populations de Pokemon selon leur race, taux de mortalité, ce genre de chose. Le Vert de la Planète devrait nous assister dans…

Le professeur s'arrêta quand la sonnerie de son téléphone retentit. Il s'excusa, se leva difficilement, et alla prendre l'appel. Qui que ce fut, les nouvelles ne furent visiblement pas à son goût. Dan vit de là ses yeux s'écarquiller.

- Bonté divine... Dan, allumez la télé, sur une chaîne d'infos continues !

Intrigué et anxieux, le Ranger s’exécuta. Le reportage en direct d'Almia montrait un immeuble que Dan connaissait bien, encore fumant à son sommet, avec nombre de pompiers, policiers et Rangers tout autour. Le sous-titre en bas de l'écran était on ne peut plus explicite : « Explosion au siège du Vert de la Planète à Véterville. Piste criminelle privilégiée ! ».


***


Au siège de N.W.C à Volucité, les directeurs de la communication et des investissements, respectivement Maxwell Briantown et Adrian Hubertin, regardaient eux aussi le direct d'Almia à la télévision, dans la salle du conseil d'administration, qu'ils avaient pour eux tout seuls. Hubertin secoua la tête d'un air de dégoût en écoutant les nouvelles.

- C'était vraiment une idée de merde, digne de Stylord. Il n'a jamais eu la moindre parcelle de raffinement. Et en plus, cet imbécile s'est raté. Le gamin Funerol est toujours vivant, et visiblement plus déterminé que jamais.

- Je ne sais pas si son but était réellement de le tuer, fit Briantown en caressant son bouc châtain clair.

- Quoi que fut son but, il n'y est pas parvenu. Ça ne va faire qu'attirer les soupçons sur notre société, qui a pas mal de raisons d'en vouloir au Vert de la Planète. Et si une enquête en bonne et due forme est lancée…

- Adreover n'est pas bien subtil, certes, coupa le directeur de la communication mais même lui a sûrement pris des précautions sur le moyen employé pour faire sauter cette bombe là-bas. Les flics ne pourront pas remonter jusqu'à nous. Et s’ils remontent un peu trop, nous aurons juste à les acheter, eux et les magistrats, comme nous l'avons toujours fait. L'argent peut tout résoudre, mon cher Adrian.

- Pas tout non. Almia est le chef-lieu de la Fédération Ranger. Si ces gars là s'en mêlent, c'est une autre histoire. On peut difficilement les acheter.

- Le boulot des Rangers, c'est de ramasser les feuilles mortes en ville ou à la limite de dégager un tronc d'arbre qui bloque un chemin en forêt. Qu'est-ce qu'ils viendraient fiche dans cette affaire ?

- Funerol a le soutien de la Présidente Marthe. Un soutien officieux, mais un soutien quand même. Et le professeur Pressand est un ancien élève du professeur Erable, celui qui compte nous faire le plus obstacle sur notre projet à Kanto.

Briantown eut un ricanement méprisant en se versant un verre d'un whisky hors de prix.

- Erable n'est rien. Un vieillard qui a déjà un pied dans la tombe.

- Il n'est pas bon de sous-estimer les personnes âgées, kish kish kish !

Les deux humains se figèrent quand ils entendirent cette voix odieuse et irritante. Un Pokemon venait de traverser le sol pour se matérialiser devant eux. Un curieux Pokemon, qui portait un haut de forme blanc avec un chapeau assorti. Outre cela, il flottait dans les airs, et son visage était indiscernable, une masse noire avec une bouche et un œil jaune grossier. Si les deux cadres de N.W.C purent s'éviter la crise cardiaque à cette apparition démoniaque, c'était uniquement parce qu'ils connaissaient le Pokemon en question.

- Tu dis cela parce que tu es toi-même âgé de plusieurs siècles, Fantastux ? Questionna Briantown avec un sourire après que son cœur eut repris un rythme normal.

Hubertin ne put faire preuve d'autant de bonhomie que son collègue. Il s'éloigna le plus possible du Pokemon Spectre sans réussir à cacher le dégoût sur son visage. Adrian Hubertin avait toujours considéré les Pokemon avec méfiance, et celui-ci, non content de savoir parler et de le faire toujours à la troisième personne, était fort désagréable, avec un rire des plus disgracieux. Mais aussi infréquentable soit-il, les six membres de N.W.C devaient traiter avec lui. Car Fantastux était l'envoyé du Marquis des Ombres, celui grâce auquel N.W.C était devenu ce qu'elle était. Parce qu'ils vénéraient Horrorscor, le Pokemon de la Corruption, ils devaient respect et écoute à son représentant terrestre, le mystérieux Marquis.

- Kish kish kish ! Fantastux est en effet âgé de plus que vous ne pourriez atteindre en dix de vos tristes vies fugaces, répondit le Pokemon. Mais en dehors de son âge, Erable est un danger réel. C'est un ennemi du Marquis. Un ennemi du Seigneur Horrorscor lui-même ! En lieu et place de ce Funerol qui n'a aucune espèce d'importance, vous auriez dû plutôt l'attaquer lui.

- En quoi le professeur Erable pourrait inquiéter le Seigneur Horrorscor ? S'étonna Hubertin. N'est-il pas un dieu ?

- Il en est un, confirma Fantastux. Et justement, cet humain Erable en sert un autre... ou plutôt, il sert le souvenir d'un autre dieu, un qui fut l'ennemi juré de notre seigneur.

Briantown n'était guère au fait de la mythologie Pokemon. Il n'avait par exemple jamais entendu le nom d'Horrorscor avant que Fantastux ne le prononce. Il s'était mis à vénérer le Pokemon de la Corruption, comme ses cinq autres collègues, uniquement à cause des profits que le Marquis des Ombres et son organisation pouvaient apporter à N.W.C. Il n'était pas un fanatique comme le PDG Kabora, qui croyait dur comme fer à l'instauration de ce nouveau monde, Venamia, que le Seigneur Horrorscor comptait créer. Et il savait que c'était pareil pour son confrère Hubertin. Vénérer un Pokemon était contraire à tout ce qu'il était ; mais il le faisait quand même, ou faisait semblant de le faire, pour l'argent. Seul l'argent avait de l'importance.

- Quel genre de dieu pourrait être l'ennemi du Pokemon de la Corruption ?

- C'est une déesse en l’occurrence, et elle a disparu, précisa Fantastux. Et cela ne vous concerne pas tant que le Marquis n'aura pas décidé de vous en parler. Sachez juste qu'il ne verrait pas d'un mauvais œil la mort d'Erable.

- Tout ne se résout pas toujours avec des meurtres, répliqua Hubertin. Nous sommes une société respectable et respectée. Nous ne sommes pas familiers de méthodes aussi vulgaires.

- Vous en direz tant à Fantastux, ricana le Pokemon. Tous ceux qui se servent de la corruption pour leurs intérêts ne peuvent se satisfaire des stupides lois humaines. N'allez pas faire croire à Fantastux que vous êtes de gentils agneaux marchant toujours dans les clous.

Briantown ne pouvait décemment pas prétendre le contraire, en effet. N.W.C se permettait nombre de choses, plus ou moins illégales et graves, pour accroître constamment ses bénéfices et sa puissance. Cela étant, lui non plus n'était pas accro du meurtre. Non pas car il éprouverait une quelconque pitié pour sa victime, non. Juste parce que le meurtre était la méthode qu'on utilisait quand toutes les autres n'avaient pas fonctionné, et donc un aveu d'échec. Il se doutait cependant que le fameux Marquis des Ombres n'ait aucun scrupule à se débarrasser de qui il voulait.

- Nous informerons le PDG Kabora de tout cela avant le prochain conseil, dit Briantown à Fantastux pour enterrer le sujet.

- C'est cela, faite donc. Et souvenez-vous bien de ça, humains : nous apprécions votre dévotion et nous la récompensons. Pour notre Seigneur Horrorscor, toute corruption est bonne à prendre, d'où qu'elle vienne, et une société comme la vôtre en produit énormément. Mais vous n'êtes en rien indispensable pour le Marquis. N'ayez donc pas une haute opinion de votre propre importance.

Avec son ricanement habituel et horripilant, il partit comme il était venu, en traversant le sol. Briantown fit tournoyer son whisky dans son verre avant de demander :

- Quand est-ce que nos bénéfices ont explosé sans explication déjà ?

En tant que directeur des investissements, Hubertin connaissait les chiffres mieux que lui.

- Il y a six ans, lors de la fusion avec Arenpoll Industries, répondit son confrère. Ce fut toute une série de hasards bien heureux qui ont renforcé notre entreprise en lui permettant d'absorber nombre de concurrents.

- Des hasards bien heureux, hein ? Et ce cher Fantastux ? Depuis combien de temps il s'est présenté à nous pour nous convertir au culte d'Horrorscor ?

- Cinq ans. Mais ça tu le sais.

- Que trop bien. Et ça ne signifie qu'une chose pour moi. Une chose que tu as dûe deviner toi-même je crois.

Hubertin hocha la tête, l'air sombre.

- La montée en puissance de N.W.C a commencé bien avant que l'on vénère Horrorscor. Fantastux n'est pas venu vers nous par hasard. Ça signifie donc…

- … que son Marquis des Ombres est parmi nous depuis le début, acheva Briantown. Il est l'un de nous six, les membres du Conseil d'Administration.

Les deux confrères échangèrent un regard, pour la première fois teinté d'une pointe de suspicion l'un envers l'autre.


***


- Vous m'avez roulé ! S'écria Vaslot dès que l'écran géant s'alluma et que l'image d'Adreover Stylord apparut.

Le directeur des ressources humaines de N.W.C haussa les sourcils d'un air surpris et vaguement indigné, mais Vaslot put discerner son petit sourire attendu, même sur écran interposé.

- Comment cela, jeune homme ?

- Vous fichez pas de moi ! Vous ne m'avez jamais dit que le colis en question était une foutue bombe !

- Non, effectivement, je n'ai rien dit. Mais ça change quoi à notre contrat ? Tu as accepté de livrer le colis sans poser de question. Et si j'en crois les médias, tu as réussi ta mission. Tu as donc droit à l'autre moitié de la prime.

Stylord fit un geste à son employée, qui se trouvait dans la salle avec Vaslot, et cette dernière tendit à l'adolescent une seconde liasse de billets. Malgré l'attrait et le besoin qu'il avait pour l'argent, Vaslot répugna à y toucher. Il était furieux, et la colère lui fit perdre toute prudence.

- 5000 Pokédollars de plus ne vont pas suffire à me racheter une vie après ça ! Les gars du Vert de la Planète ont vu mon visage, et tout le monde a survécu ! Je suis donc probablement recherché par tous les flics de la région, et sans doute par les Pokemon Rangers également !

- Sans doute oui, acquiesça Stylord sans aucune émotion. Je te souhaite bonne chance, mon garçon.

Vaslot se retint de prendre la liasse de billet pour l'envoyer sur l'écran.

- Vous croyez que je vais vous couvrir s'ils m'attrapent ? Je vais vous balancer dès la première question, oui ! Si je tombe, vous tombez avec moi !

Le cadre de N.W.C se permit un petit rire.

- Tu penses que les allégations d'un petit vaurien qui travaille pour le banditisme local auront de quoi inquiéter une société comme la nôtre ? Dis-leur tout ce que tu voudras. Nous dirons le contraire. Et tu sais ce qui se passe quand deux personnes se traitent mutuellement de menteurs, sans aucune preuve sur la table ? On croit celle qui a le plus d'argent ou de pouvoir.

Stylord haussa les épaules devant l'air désemparé de Vaslot Worn.

- Si tu veux parler, libre à toi. Sache juste que ça ne nous inquiétera nullement, et surtout, que ce sera sans doute la dernière chose que tu diras de ta vie. Nous avons les moyens de faire disparaître les gens... un peu trop bavards, si tu vois ce que je veux dire. Donc, un conseil garçon : prend ton pognon, et tâche de te faire discret un moment.

Vaslot comprenait maintenant pourquoi Jorgand n'avait pas accepté cette mission en la marquant comme trop dangereuse. Il avait pris son patron comme un poltron, mais en réalité, Jorgand avait fait preuve d'une naturelle prudence face à un contrat qui depuis le début était louche. Ou peut-être que Jorgand avait connaissance des méthodes de cette entreprise. En tout cas, Vaslot se traita de tous les noms pour s'être fait avoir de la sorte, mais était assez intelligent pour reconnaître la vérité dans les paroles d'Adreover Stylord. Ça ne servirait à rien d'essayer de le faire chanter. Face à N.W.C, sa parole n'avait aucun poids, pas plus que sa misérable vie.

Vaslot prit donc l'argent sans un mot de plus, et quitta la succursale de N.W.C à Bonport. Il s'inquiéta un moment de savoir s'il était suivi, mais visiblement, Stylord le considérait vraiment comme sans aucune importance ou danger, et ne prendrait même pas la peine de l'éliminer directement. Non, ce dont Vaslot devait s'inquiéter maintenant, c'était des autorités. Poser une bombe au siège d'une ONG connue mondialement comme le Vert de la Planète n'était pas anodin. Il aurait de la chance si c'étaient seulement la police d'Almia et les Rangers qui le recherchaient, et pas carrément les Forces de Police Internationale !

Évitant les grandes allées de Bonport pour courir dans les quartiers insalubres et louches qu'il connaissait bien et dans lesquels il se sentait plus en sécurité, Vaslot réfléchit à sa situation en essayant de se calmer. Il doutait d'être capable de continuer à vivre comme si de rien n'était, en se sentant traquer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. De plus, si Jorgand ou n'importe qui d'autre de sa bande apprenait qu'il était recherché, il n'hésiterait pas une seconde à le trahir et à le livrer lui-même, dans l'espoir d'une récompense.

Vaslot se demanda s'il n'était pas mieux de se livrer lui-même, mais ne voyait pas d'issue de sortie après ça. Il allait se faire interroger, peut-être même fouiller la cervelle par des Pokemon Psy, et retour donc à ce que Stylord avait dit. Et surtout, s'il se faisait prendre ou se livrait, Marine en serait impactée également. On allait l'interroger, peut-être même l'accuser de complicité. Elle verrait toutes ses chances d'intégrer un jour l’École Ranger réduites à néant, et surtout... surtout, elle saurait ce que son grand-frère était réellement : un misérable bandit, poseur de bombes par-dessus le marché. Vaslot pouvait accepter la pauvreté ou l'emprisonnement, mais serait incapable de soutenir le regard déçu ou méprisant de sa propre sœur.

Il n'avait plus qu'une seule solution. Quitter Almia, et se créer une nouvelle identité. Il aurait moins de chance de se faire attraper à l'étranger, et Marine vivrait mieux sans l'ombre de son frère hors-la-loi, même si ça en coûtait énormément à Vaslot. Mais un problème demeurait : Jorgand. Si Vaslot quittait Almia sans avoir réglé les dettes de son père, Jorgand n'aurait aucun scrupule à se retourner vers Marine, dont il connaissait l'identité et l'adresse. Vaslot aurait certes pu l'amener avec elle à l'étranger, mais il savait que Marine aimait cette région, et surtout, que la vie qu'elle voulait était ici.

Conclusion : Vaslot devrait soit rembourser Jorgand, soit s'occuper de lui et de ses gars d'une façon ou d'une autre. Il n'avait pas de quoi le rembourser totalement pour le moment, donc ça laissait la seconde option. Mais que pouvait au juste un gamin de seize ans face à toute une bande armée ? Vaslot commença à y réfléchir, et peu à peu, un plan se forma dans son esprit. Un plan qui lui permettrait à la fois de se débarasser de Jorgand, mais aussi des poursuites qui le guettait à cause de la bombe. Car il y avait quelque chose que Jorgand n'avait jamais voulu voir chez sa jeune recrue qu'il méprisait : Vaslot Worm était bien plus intelligent et sournois que lui.





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Image de Fantastux ( que j'ai déjà mise plusieurs fois sur X-Squad, mais sait-on jamais, peut-être que vous lisez cette fic en premier )