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Les Apôtres d'Erubin de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 14/04/2019 à 10:24
» Dernière mise à jour le 14/04/2019 à 10:24

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Drame   Mythologie   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 4 : La championne et l'avocat
D'ordinaire, quand Funerol devait se rendre ci et là dans le monde, il n'avait d'autre choix que de prendre l'avion ou le bateau. Ceux qui ne l'aimaient pas le traitaient alors d'hypocrite, affirmant qu'un véritable défenseur de la planète n'utiliserait pas un mode de transport aussi polluant. Ce à quoi Funerol répondait généralement : « Ainsi donc, j'aurai pu immobiliser le bateau ou l'avion en question par ma simple absence à son bord ? ». Il était marrant de constater que pour les ennemis de la nature, ou ceux qui n'en avait rien à faire, ses défenseurs se devaient obligatoirement de vivre comme à l'âge de pierre.

Mais pour se rendre à Kanto aujourd'hui, Funerol avait renoncé à l'avion ou au bateau. L'attentat à la bombe dans son immeuble était encore trop vif dans sa mémoire pour qu'il se risque à mettre en danger la vie des innocents qui seraient avec lui. La Fédération Ranger lui avait aimablement proposé de le déposer à Kanto, avec ses Etouraptor de voyage. Funerol n'avait jamais eu peur des Pokemon, mais grimper sur ces gros volatiles et se déplacer à l'air libre des centaines de mètres au-dessus du sol était assez impressionnant. Heureusement, l'Etouraptor se contentait de voler droit, et connaissait le trajet. Funerol avait juste à s'agripper et à profiter de l'expérience.

Ce voyage à dos de Pokemon avait aussi l'avantage d'être incognito. Il n'avait pas alerté la presse sur son déplacement immédiat, et donc N.W.C devait l'ignorer. Eux, mais aussi les Dignitaires, les hommes qui dirigeaient Kanto. Funerol devait les rencontrer pour leur expliquer sa position, et les prendre au dépourvu par une visite soudaine serait un plus. Les Dignitaires n'auraient pas la possibilité de ne pas le recevoir, étant donné sa renommée mondiale et la tentative de meurtre dont il avait fait les frais, sauf à passer pour des rustres imperméable aux questions d'environnement, ce qui n'était jamais très bon pour les sondages d'opinion.

Quand, deux heures plus tard, ils se mirent à survoler Kanto, Funerol demanda à l'Etouraptor de le déposer un peu à côté de Safrania. Il préférait éviter d’atterrir en plein milieu de la capitale et attirer ainsi une attention indésirable. Il doutait de pouvoir le faire même s'il l'avait voulu, d'ailleurs. Les Dignitaires étaient assez paranos, et faisaient garder leur ville comme une forteresse. Safrania était entourée d'un mur infranchissable, seulement accessible par quatre postes de garde. Si ces derniers dataient de l'époque de la monarchie, les Dignitaires n'avaient rien fait pour les enlever. Ils avaient même augmenté la sécurité autour. Certes, Funerol aurait pu passer au-dessus du mur en volant, mais c'était au risque de se faire tirer dessus par des gardes qui devaient très probablement patrouiller sur le mur.

Il atterrit donc non loin du poste ouest, entre Céladopole et Safrania. Un dresseur qui était en train d'essayer de capturer un Goupix abandonna immédiatement sa capture quand il vit le grand Pokemon oiseau se poser près de lui avec un homme dessus. Funerol descendit avec une gestuelle hésitante, courbaturé après tout ce temps passé sans bouger. Il caressa néanmoins la tête de l'Etouraptor pour le remercier du voyage.

- Wouah ! J'ai jamais vu ce Pokemon ! S'écria le jeune dresseur. C'est clairement pas un Roucarnage ou un Rapasdepic !

- C'est un Etouraptor, répondit Funerol. On en voit guère à Kanto, mais il y en a beaucoup dans des régions comme Sinnoh ou Almia.

Le dresseur détailla Funerol avec un air surpris et intrigué. Évidement, avec son costume haut de gamme et sa longue écharpe, Funerol ne passait pas trop pour un dresseur chevauchant un Pokemon Vol.

- Et vous m'sieur... vous n'êtes pas du coin, si ?

- Ça se voit tant que ça ? Sourit Funerol.

Funerol n'en voulait pas à cet adolescent de ne pas le reconnaître, même s'il était une célébrité mondiale. Les jeunes dresseurs étaient si souvent dans leur monde fait de rêves et de Pokemon qu'on aurait pu leur mettre le visage de leur chef de gouvernement qu'ils n'auraient même pas su dire qui c'était.

- J'ai quelqu'un à rencontrer à Safrania. Pouvez-vous me dire si Leonora est toujours la championne d’arène locale ?

- Ouais, et je vous conseille de ne pas l'affronter si vous n'avez pas au moins déjà cinq ou six badges. Elle est redoutable.

- Je ne suis pas dresseur, mais oui, c'est ce que j'ai entendu dire. Merci à vous, et bonne chance avec votre Goupix.

Alors qu'il se dirigeait vers le poste de garde menant à Safrania, le dresseur l'interpella par derrière.

- Attendez ! Vous comptez aller à Safrania ?

- C'est bien mon intention, oui.

- Pas sûr que le garde vous laisse passer. Ce sont des branleurs désagréables qui se servent de leur position pour extorquer les visiteurs. Si vous n'habitez pas à Safrania ou que vous n'avez pas un rendez-vous, ils vont tenter de vous extorquer quelques billets. Les Dignitaires le savent et laissent couler, car les gardes leur reversent ensuite la moitié de l'argent qu'ils se sont fait.

- Je vois, soupira Funerol.

Ça ne l'étonnait pas trop que la corruption soit à un tel niveau à la capitale de Kanto, mais ça le peinait quand même. Cette région était l'une des plus anciennes du globe, le berceau du dressage Pokemon, mais elle était entravée depuis longtemps dans un immobilisme qui confinait à la décadence. Pas étonnant qu'une organisation comme la Team Rocket ait pu se développer aussi vite ici.

- Je ne suis pas encore prêt à défier Leonora, mais je voulais au moins combattre dans la seconde arène qu'il y a à côté, poursuivit le dresseur. Mais j'ai tenté de passer par les quatre gardes-postes, et je me suis fait rembarrer quatre fois...

- La seconde arène ? S'étonna Funerol.

- Safrania a deux arènes, expliqua le dresseur. Une Combat, et une Psy. En fait techniquement, l'arène Combat est la première, qui date d'il y a un moment, un dojo créé après la Révolution. Mais il y a trente ans, une autre arène a ouverte. Elle était d'abord officieuse, juste un coin pour s'entraîner. Mais au fil du temps, le dojo a perdu en force et en attractivité, alors que l'arène Psy devenait de plus en plus puissante et reconnue. Total, l'arène Psy a décrété qu'elle était l'arène officielle de Safrania, et évidement, l'arène Combat n'a pas apprécié. Du coup les deux existent et délivrent des badges officiels, en attendant une décision de la Ligue Pokemon.

- Pourquoi ne régleraient-ils pas ça lors d'un combat, tout simplement ? Les deux champions s'affrontent, et le vainqueur devient le seul champion officiel.

- Le roi du dojo n'est pas fou, sourit l'adolescent. Il sait que ses Pokemon Combat n'ont pas l'ombre d'une chance face aux Pokemon Psy de Leonora. Du coup il n'a jamais accepté de combat contre elle, et attend que la Ligue tranche. Du coup, les deux arènes sont un peu en situation de guerre froide, et leurs dresseurs respectifs en viennent souvent aux mains quand ils se croisent.

Funerol médita sur cette situation ubuesque. Il n'y avait pas d'arène Pokemon à Almia, donc il ne pouvait pas spécialement juger, mais ce genre de non-sens administratif était bien dans l'esprit de Kanto, qui laissait croître le désordre et l'anarchie avant de se sentir obligé d'intervenir.

- Vous voulez passer avec moi ? Demanda Funerol au dresseur. Les gardes ne me refuseront pas le passage à moi, ni à personne m'accompagnant.

- Vous êtes sûr ?

- Un peu oui.

Effectivement, Funerol trouva un garde bien mal luné et désagréable, qui ne cessa de se plaindre sur les conditions de son travail, et qui insista à demi-mot sur la nécessité d'être « compréhensif » avec lui pour pouvoir passer. Funerol ne s'abaissa pas à donner un dessous de table à ce rustre. Il déclina simplement son identité, affirmant qu'il venait ici pour rencontrer les Dignitaires, le tout sur un ton péremptoire, en agitant sa montre à gousset hors de prix. Aussi pénible que fut son poste, l'homme ne tenait visiblement pas à le perdre en ayant refusé à une personne importante de passer, aussi s'inclina-t-il bien bas. Ravi d'être enfin entré à Safrania, mais intimidé par le nom de son bienfaiteur, le jeune dresseur prit bien vite la fuite avec moult remerciements.

Funerol dévisagea du regard la haute tour qui régnait sur la capitale. Le siège de la Sylphe SARL, la plus puissante entreprise du monde, qui avait le monopole de la fabrication des Pokeball et de quantité d'autres objets nécessaires au dressage. Son PDG était également l'un des Dignitaires, et avait mis un étage de sa tour à leur disposition, ce qui faisait de ce bâtiment la maison-mère de la société avec le plus gros capital du monde, et également le siège du gouvernement. Autrement dit, il fallait montrer patte blanche pour entrer.

Funerol choisit de passer d'abord à l'arène Psy. Leonora, sa championne, était son amie d'enfance. Elle avait vécu à Almia près de lui avant de partir à Kanto pour entamer une carrière de dresseur, chose qu'on pouvait difficilement faire à Almia. Ça faisait trois ans qu'il ne l'avait plus vue. La dernière fois, c'était lors de son triomphe au championnat de la Ligue Pokemon. Funerol était alors dans les gradins pour l'encourager. Il avait appris peu de temps après qu'elle était devenue championne de Safrania.

Comme le jeune dresseur l'avait indiqué à Funerol, il y avait bien deux arènes dans cette ville, et de plus, elles étaient situées côte à côte. Si l'arène Combat avait le look classique d'un dojo traditionnel, l'arène Psy elle avait une architecture plus moderne... et plus fantaisiste. Quand Funerol passa les lourdes portes, un homme en kimono violet vint à sa rencontre.

- Salutation, dresseur. Bienvenu dans la véritable arène de Safrania.

- Je ne suis pas dresseur, juste une connaissance de la championne. Aurait-elle du temps à accorder à un vieil ami ?

Avant que le dresseur n'ait pu répondre, Funerol entendit un éclat de voix tonitruant qui provenait d'une pièce plus loin. Une voix familière, autant dans son timbre que dans le venin qu'elle voulait faire passer. Le dresseur de garde eut l'air gêné.

- Euh... la championne est occupée, monsieur. Un rendez-vous important…

- Raison de plus pour que je la voie au plus vite. Je connais Leonora, et je sais avec quelle patience et sociabilité elle traite les affaires de la vie de tous les jours.

C'était bien sûr de la pure ironie. Leonora était une bonne amie à Funerol, mais depuis que ce dernier la connaissait, il n'avait jamais rencontré quelqu'un d'aussi colérique et de si peu prompt à la diplomatie. Ça lui avait valu souvent des problèmes, ne serait-ce qu'à l'école, où elle avait passé une grande partie de son temps à crier contre ses professeurs. C'était sans doute pour cela qu'elle avait embrassé une carrière de dresseuse : elle pouvait se servir de tout son saoul de ses performances vocales sur le terrain.

Le dresseur tenta vainement d'arrêter Funerol alors que ce dernier marcha vers les éclats de voix. Le jeune homme d'affaire avant souvent eu l'habitude de gérer les interlocuteurs de Leonora pour elle, quel que soit le sujet. Même s'il n'y connaissait rien, il serait toujours plus raisonnable et posé que Leonora. Quand il entra dans ce qui semblait être le bureau de la championne d'arène, il ne fut guère étonné de trouver son amie d'enfance à moitié debout sur la table, en train de vociférer contre un pauvre jeune homme en robe d'avocat. Elle s'arrêta quand elle vit Funerol entrer.

- Haysen ?

- Je t'ai déjà dit de m’appeler par mon nom de famille, répliqua celui-ci.

Leonora bondit sur lui dans une étreinte qui semblait un mélange entre la marque de son affection et une tentative de meurtre par suffocation.

- Crétinus ! Débilus ! Abrutus ! Tu manques de te faire exploser et tu viens ici l'air de rien, sans un coup de fil !

Leonora Davosh était une jeune femme à la peau et aux cheveux sombres, dotée d'une grâce féline à la fois sensuelle et dangereuse. Ses yeux roses, toujours colériques, semblaient capables de fouiller dans les tréfonds de votre âme. Peu étaient ceux qui pouvaient soutenir son regard, encore moins quand elle était furieuse... et Leonora était toujours furieuse. Funerol était sûr que la moitié des challengers qui repartaient bredouilles de son arène ne le faisaient pas après une défaite, mais parce qu'ils avaient fui le combat avant même qu'il ne commence.

- Je voulais juste voir si la Ligue Pokemon ne t'avait pas viré après le meurtre d'un ou deux dresseurs, avant d'aller voir les Dignitaires, répondit Funerol.

- C'est pas un dresseur que je risque de buter actuellement, mais ce crétin de gratte-papier en noir coincé du cul !

Funerol observa l'homme qui avait subi l'insulte tout en tâchant de demeurer impassible. C'était un jeune avocat avec des lunettes en demi-lune et la peau mâte, qui portait déjà une moustache respectable.

- Navré d'interrompre à l'improviste un rendez-vous sans doute important, lui dit respectueusement Funerol. Je ne vous connais pas, et vous ne me connaissez pas, mais j'ai entendu les éclats de voix de ma chère amie dès que j'ai passé le seuil de la porte de l'arène, et connaissant bien son caractère, je me suis permis de m'inviter pour tenter de résoudre tout calmement, comme je l'ai toujours fait.

- J'ai jamais eu besoin de toi, répliqua Leonora.

- Je crois que si. Quand on est incapable de parler plus d'une minute sans évoquer des menaces de tétraplégie, quelqu'un de diplomate à ses côtés peut aider.

L'avocat dévisagea Funerol avec un mélange de respect, de curiosité et d'agacement.

- Sachez que je vous connais, monsieur Funerol, fit-il enfin.

- Vous avez donc un avantage sur moi.

- Oswald Brenwark, avocat du barreau de Safrania, se présenta l'homme en robe. J'ai déjà eu à étudier des procès opposant votre ONG à de puissantes entreprises lors de mes études. J'ai grand respect pour ce que vous faites, et ce que faisait votre père avant vous. Mais je vous prie de m'excuser : l'affaire actuelle concernant mademoiselle Davosh est soumis au secret professionnel tant qu'un procès n'aura pas lieu, et je suis ici aujourd'hui sous injonction de justice.

Funerol coula un regard exaspéré en direction de son amie.

- Qu'est-ce que tu as encore fait au juste ?

- Rien qui nécessite tout ce cirque ! Se défendit la championne. Il se peut que j'ai frappé un peu fort ce pseudo Roi du Dojo quand il est venu me chercher des noises, mais je n'aurai jamais pu imaginer qu'il était une telle chochotte !

- Le rapport médical fait état d'une lésion sévère du testicule gauche, ce qui entraînera sans doute des complications permanentes, rappela Brenwark en lisant une feuille de papier. Je crains que sa plainte ne soit légitime.

Funerol ferma les yeux et soupira pou lui-même.

- T'abuses, Leonora.

- Cet abruti est venu me menacer dans mon arène même ! Se défendit la jeune femme. Et puis quoi, c'est pas si grave. Ce serait même un cadeau de fait à l'humanité si ce crétinus ne peut plus se reproduire ! Il a de la chance que je me sois chargée moi-même de lui. Si j'avais appelé un de mes Pokemon, ça n'aurait pas été une lésion des bourses, mais un traumatisme cérébral... si tant est que cette grosse nouille en ait un, de cerveau.

Funerol lui fit signe de la fermer, et s'adressa directement à Brenwark.

- Vous êtes l'avocat du Roi du Dojo, maître ?

- Effectivement monsieur.

- Je dédommagerai votre client personnellement et généreusement, s'il veut bien retirer sa plainte.

Ça ne sembla évidement pas plaire à Brenwark. Si l'affaire s'arrêtait là sans procès, il ne pourrait pas compter sur un cachet bien élevé.

- Et vous aussi, pour le dérangement, ajouta Funerol.

- Je ne fais pas cela pour l'argent, monsieur Funerol, répliqua Brenwark. Quand je décide de prendre une affaire, je veux la mener jusqu'au bout, jusqu'à que justice soit faite. Et la justice ne peut pas s'acheter. Je suis sûr qu'un homme comme vous sait cela.

Funerol haussa les sourcils, surpris. Ils n'étaient pas légions, les jeunes avocats qui débutaient dans le métier, à pouvoir ainsi rejeter un chèque d'un homme comme lui.

- T'as jamais entendu parler de ce couillon ? Ricana Leonora en désignant Brenwark. Le tout jeune avocat qui choisi lui-même ses affaires, défends seulement que les victimes, qui n'a jamais perdu un seul procès et qui se permet même le luxe de travailler gratuitement si ses clients ne peuvent pas le payer ? Le défenseur de la veuve et de l'orphelin, le grand chevalier blanc de la justice, ah ! Juste un arriviste de plus en quête d'une bonne publicité !

- Je ne fais que suivre mes convictions, mademoiselle, répliqua Brenwark. C'est ainsi que j'ai choisi d'exercer ce métier.

Intéressant, songea Funerol. Il revint toutefois à l'affaire présente.

- Je n'essaie pas d'acheter la justice, répondit Funerol. Je ne doute pas de la culpabilité de Leonora. Il s'agit juste de conclure cette affaire à l'amiable. Mon amie ici présente serait tout bonnement incapable de se défendre correctement lors d'un procès, du moins sans insulter les juges et tout le juré. Je me propose seulement de payer les dommages et intérêts à l'avance.

- J't'ai déjà dis que j'ai pas besoin de ton aide, crétinus ! Intervint Leonora. C'est une affaire de principe ! Hors de question que je me couche face à cette andouille en kimono ! Ça fait déjà trop longtemps que lui et sa bande nous courent sur le haricot, parce qu'ils savent que leur soi-disant arène est condamnée face à la nôtre.

- Tu es championne d'arène, lui rappela Funerol. Tu veux vraiment que la Ligue Pokemon soit éclaboussée pour une histoire de couille écrasée ? Tu crois qu'elle va laisser passer ça, surtout en plein conflit entre ton arène et celle d'à côté ? Tu seras probablement virée, et l'arène combat aura remporté un point.

Leonora marmonna dans sa barbe, mais dut se rendre compte de la véracité des propos de son ami. Ce dernier se tourna ensuite vers Brenwark.

- Dites à votre client qu'il recevra bien plus de ma part que ce que la justice aurait demandé à Leonora. Et vous concernant, je trouve que vous gâchez vos talents sur ce genre de faits divers. Que ce soit la justice que vous souhaitez, ou la renommée, j'ai bien mieux à vous proposer.

- Vous comptez me déposséder de mon affaire en cours, et tenter de m'acheter pour travailler pour vous ? Vous n'êtes pas l'homme qu'on reflète dans les médias.

Funerol haussa les épaules.

- Je suis un écologiste idéaliste, mais je suis aussi un homme d'affaire. Et vous seriez surpris : les deux se combinent assez bien en fait.

- Quelque soit votre affaire, je suis sûr qu'un homme comme vous n'a qu'à claquer des doigts pour qu'une armée d'avocats célèbres et expérimentés se jettent à vos pieds. Tous vos procès contre les grandes entreprises ou pays que votre ONG a mené leur a toujours fait une publicité d'enfer.

- Il en sera de même pour vous si vous acceptez. Je prédis que cette affaire-ci sera la plus grosse que le Vert de la Planète n'a jamais menée, et contre un adversaire de taille.

- Et puis-je savoir pourquoi moi ? Demanda Brenwark. J'exerce que depuis deux ans, et on se connaît que depuis cinq minutes.

- Vous savez comment mon père a fait pour engranger tant d'argent, et comment moi j'ai fait pour gérer tout cela et en engranger encore plus ? Nous suivions nos intuitions, qui sont, la plupart du temps, justes. Si j'en crois qu'a dit Leonora, vous êtes un avocat intègre, agissant par idéal plutôt que par appât du gain. C'est ce que je recherche. Quelqu'un qui croit en ce qu'il défend. C'est le grand capital que nous allons affronter, et nous devons donc le faire avec nos idéaux et notre sincérité, pas avec l'argent et le pouvoir, qui sont leurs armes.

Funerol ne savait pas trop pourquoi ce jeune homme lui avait tapé dans l’œil, mais comme il l'avait dit, il avait appris à faire confiance à son instinct. Il savait regarder un homme droit dans les yeux et dire ou non s'il était intègre. Probablement que cet Oswald voulait se faire connaître pour bien pénétrer dans le milieu ; c'était naturel et légitime. Mais Funerol pouvait dire avec certitude qu'il était avant toute chose attirée par la justice. Comme leur recherche d'un avocat pour combattre N.W.C n'avait pour l'instant pas été très fructueuse, Funerol voulait tenter le coup avec lui.

- Je vais rapporter votre proposition à mon client, dit enfin Brenwark, puis je vous écouterai sur votre affaire. Mais sachez une chose : je les choisis moi-même. Même si j'étais au chômage pendant des années, je ne défendrai jamais une personne ou une cause que j'estime dans le tort. Si ce que vous proposez ne me plaît pas, vous vous trouverez un autre avocat.

Funerol retint un sourire. Fougueux et insolent. Tant mieux. Il en aura besoin contre N.W.C.

- Je ne l'entendais pas autrement, assura-t-il. Et je ne suis pas seul dans le coup. Je représente le professeur Erable de Bourg-Palette ; un homme dont l'intégrité n'est plus à prouver. Si vous voulez bien…

Funerol s'interrompit en un gémissement de douleur quand le poing de Leonora rencontra son oreille droite.

- Non mais j'y crois pas ça ! On s'est plus vu depuis quatre ans, tu te repointes l'air de rien pour ensuite me snober et faire les yeux doux à cet intello coincé du cul devant moi !

- Je vais dépenser mon argent pour toi, répliqua Funerol en se massant son oreille douloureuse. Et tu es la bienvenue si tu veux prendre part à ce qui va se jouer.

- Et c'est quoi ? Qu'est-ce que tu trames avec le vieil Erable ?

- Ce que je trame toujours : la défense de la nature et des Pokemon. En tant que championne d'arène, ça devrait te parler. En attendant, nous allons voir le Roi du Dojo pour que je lui fasse mon offre... et tu vas venir avec nous, pour lui présenter tes plus plates excuses !

Une grimace des plus imagées vint tordre le beau visage de Leonora.

- Le putain de Créateur Arceus crèvera de vieillesse avant que quelqu'un me voit faire des excuses à ce lourdeau débile !

- On vous laissera seulement tous deux alors, pour que personne ne te voit. Mais tu les feras, ou je lui raconterai la totalité des emmerdes dans lesquelles tu nous as mené quand on était gosses. Crois bien qu'après ça, la réputation de ton arène sera souillée à jamais.

Leonora dut saisir le danger, car elle foudroya Funerol du regard, mais finit par baisser les yeux.

- Ce type me hait, marmonna-t-elle à l'adresse de Brenwark.

- Au contraire, je t'adore, répliqua Funerol. Sinon, ça ferait bien longtemps que j'aurai moi-même porté plainte contre toi pour tout ce que tu m'as fait subir.