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Egaré de Lief97



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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 25/03/2019 à 12:07
» Dernière mise à jour le 11/06/2019 à 21:07

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 3 : S'unir pour grandir
« La prévoyance, donnant comme un avant-goût du succès, prépare mieux à l'action. » Louis-Auguste Martin.


***


La bordure du désert accueillait la caravane de voyageurs depuis deux jours déjà. Lyco, assis sur un rocher plat à quelques mètres à peine des premiers arbres des Forêts de l’Est, observait pensivement les dunes, à l’horizon, et leur douce couleur dorée.

Un vent frais soufflait, malgré les chauds rayons de soleil qui illuminaient la bordure. Les charrettes s’accumulaient en une longue file immobile là où l’herbe rase lassait place à une terre plus sèche et crevassée. Des dizaines d’hommes et de femmes s’appliquaient à lever le camp, éteignant les feux, rassemblant leurs maigres biens, et préparant leurs montures reposées à la reprise de leur voyage.

Darren se tenait près du chef de la caravane d’itinérants ; ils étaient visiblement absorbés par leur discussion. Le stock de bois confié au groupe avait été échangé contre quelques couteaux. Rien d’incroyable. Les pillards n’y gagnaient pour le moment pas grand-chose. Mais Darren voulait peu à peu arrêter d’envoyer ses hommes attaquer d’autres repaires, et souhaitait créer des liens. Négocier avec des voyageurs comme eux était pour lui une stratégie toute nouvelle, qui commençait à peine à porter ses fruits.

Lyco n’était pas contre. Autant profiter pacifiquement de leurs relations avec d’autres, plutôt que d’accumuler des ennemis. Faire fructifier leurs affaires ne passerait plus nécessairement par du pillage, et c’était tant mieux. Le garçon avait beau être un habitué des combats et des vols, il préférait n’y avoir recours que lorsque cela concernait directement le gouverneur Mervald.

En cela, Lyco ne pouvait s’empêcher d’être admiratif envers Darren. Il était capable d’accomplir des choses incroyables, et intelligemment. Qui aurait pensé à faire du troc, à se lancer dans des négociations et du commerce, à une époque où chacun prenait ce qu’il désirait à coups d’épée ou de fusillades ?

Des bruits de pas retentirent dans le dos de Lyco. Avec vivacité et méfiance, il se retourna en posant la main à sa ceinture, où attendait patiemment son poignard. Il se détendit en voyant Ève émerger de la lisière de la forêt, un sac sous le bras. Elle venait sans doute de lever leur propre camp, installé plus loin entre les arbres.

— Il a pas encore fini de causer, notre grand dadais de chef ? s’étonna Ève.

Lyco secoua la tête et reporta son attention sur le colosse. Il soupira.

— Je ne l’ai jamais vu aussi diplomate, souffla-t-il. Il n’arrête pas de me surprendre.
— Tu vas finir par le cerner, ce gros nounours.

Ève laissa retomber mollement le sac près du rocher, et s’agenouilla à côté, fouillant dans ses affaires avec sérieux. Le garçon la regarda faire du coin de l’œil.

— Tu as oublié quelque chose ?
— Non, non, tu vas voir.

Elle en sortit du papier enroulé d’un air triomphant. Et tendit les rouleaux au garçon, qui les prit avec prudence.

— Qu’est-ce que c’est ?
— Un truc que ces mecs nous ont montré tout à l’heure. Ce sont des soldats de Mervald qui leur ont confié pendant leur voyage. Déroule, tu vas bien voir.

Lyco y jeta un œil et resta quelques secondes silencieux, lisant les informations qu’il avait entre ses mains avec un air surpris.

— Des avis de recherche ? Avec des primes ?
— Mervald a l’air de vouloir se débarrasser de ses ennemis le plus vite possible.
— Les récompenses sont monstrueuses.
— Ouais. Jamais moins de douze mille pokédollars par tête.

Lyco survola plusieurs des affiches, avec une légère inquiétude. Ève crut comprendre ce qui l’angoissait.

— On n’est nulle part. Depuis qu’on fait nos affaires dans les Forêts de l’Est, on n’a plus fait beaucoup de tort au gouverneur. Il a dû nous oublier, vu le nombre de bandits autour du désert.
— Ce n’est pas notre groupe que je cherche, répliqua le jeune homme.

Il trouva enfin son affiche. Une silhouette était maladroitement dessinée au centre, avec des traits grossiers esquissés à la va-vite. Encapuchonnée, mince, elle ne permettait pas vraiment d’identifier aisément celui que l’avis désignait.

— Ah, ça ? comprit Ève avec un sourire amusé. « Le Rôdeur ». Trop peu d’infos pour que quiconque sache que c’est toi, tu peux te détendre. Leurs dessins sont pas assez précis.
— Je sais. Je voulais juste savoir si Mervald m’avait encore dans son viseur.
— Après tout ce qui tu lui as fait, tu te doutes bien qu’il l’a encore en travers. Ce type doit être un sacré rancunier.

Lyco sourit et haussa les épaules.

— Rancunier, je ne sais pas vraiment. J’ai détruit quatre fois des recherches sur la Némélia et j’ai mis le feu à plus de huit de ses entrepôts, sans compter les affrontements contre sa milice. Normal qu’il m’en veuille, non ?
— C’est pas faux…

Des éclats de voix leur firent lever la tête. La caravane de voyageurs reprenait la route. Les carrioles branlantes repartaient au pas, longeant la bordure du Désert de la Désolation vers le sud. Le chef leur fit un signe de la main, auquel Ève répondit avec entrain.

Darren s’approchait déjà, avec un sac sur le dos. Il leur lança en s’approchant :

— Allez, retournons vite au camp. Ève, va chercher les autres. On va chasser sur le chemin du retour pour ramener de quoi manger. Lyco, tu pourras m’aider à transporter les épées ?
— Bien sûr.

Le garçon se leva, et, emboîtant le pas à Darren et Ève, ils s’enfoncèrent dans la forêt touffue sans un regard en arrière.




***


Garûnd fit craquer ses doigts d’un air distrait. Son attention était accaparée par l’un des avant-postes en cours de construction. Un soldat fit claquer un fouet d’un air menaçant. Un travailleur terrifié geignit et s’activa de plus belle sur l’échafaudage branlant. Quelques machopeurs l’aidaient dans sa tâche sur la façade de pierre, alors que des dizaines d’autres ouvriers terminaient le premier mur de la fortification.

Le gouverneur avait un don pour mener des projets d’une telle envergure dans des temps records. Garûnd aurait bien donné un coup de main ; mais il avait reçu l’ordre de se préserver pour de futurs combats. Combats dont il rêvait avec excitation à longueur de temps. Il n’avait pas le loisir de jouer les bons samaritains. Après tout, la poigne de fer du gouverneur lui permettait de faire construire des murs autour de Méranéa en quelques jours seulement, avec les bons pokémons en soutien.

Sans parler des petits forts qui se montaient un peu partout en périphérie, parmi les dunes. Les soldats avaient de quoi faire, maintenant. L’ambiance avait changé, elle aussi. Depuis que le gouverneur avait confié des maisons, de l’électricité et de l’eau courante à ses hommes, ceux-ci avaient redoublé d’effort dans toutes leurs tâches.

Le nombre de voleurs en ville avait drastiquement baissé en l’espace de quelques jours, grâce à une vigilance renforcée et des punitions publiques plus nombreuses. Une partie de la population des bidonvilles avait déserté ; mais d’autres venaient et les remplaçaient. Des bras supplémentaires, attirés par l’appât du gain et les récompenses du gouverneur — et par la nouvelle qui disait que Méranéa commençait à offrir du confort à certains — arrivaient en masse depuis la périphérie du Désert de la Désolation.

Garûnd bailla un grand coup, sans honte, et plaça ses poings sur ses hanches, avant de tourner la tête vers l’Arène. Le nombre de prisonniers avait augmenté. Le gouverneur y continuait ses glorieux massacres. Et Garûnd rêvait encore d’y être, dans ces combats sanglants. Affronter des hordes de pokémons affamés à mains nues, ça ne l’effrayait pas. Il n’avait pas encore eu l’autorisation d’y participer, mais son maître avait sous-entendu que ça viendrait, un jour.

Rien de tel pour le motiver.

Une silhouette longeait justement l’extérieur de l’Arène ; Garûnd la reconnut et esquissa un sourire crispé en voyant qu’elle venait vers lui.

Il ne savait pas encore trop quoi penser à son sujet. Le nouveau Mutant du gouverneur, Erëbil.

Garûnd avait du mal à savoir s’il l’appréciait ou non. Avait-il envie de l’affronter, lui, un Mutant soi-disant « parfait » selon leurs scientifiques ? Ou était-il seulement jaloux ? Difficile à dire. Peut-être bien les deux à la fois.

Erëbil approchait à pas lents, avec son habituelle démarche assurée. Là où Zak semblait manquer d’entrain dans sa manière de marcher, la lenteur d’Erëbil s’apparentait plutôt à un excès de confiance en lui. Et collait parfaitement à son air charmeur et taquin qui horripilait parfois Garûnd.

— Hé bien, hé bien, lança tranquillement Erëbil avec un sourire amusé. Tu t’ennuies, camarade ?

Garûnd grogna. Il détestait qu’Erëbil l’appelle comme ça. C’était ainsi depuis qu’ils se connaissaient. Ça ne faisait qu’une semaine, à peine, mais le Mutant Combat avait l’impression de déjà trop bien connaître son « camarade ».

Erëbil était un peu plus âgé que lui ; probablement dans la deuxième moitié de la trentaine, quand Garûnd n’avait que trente-deux années derrière lui. Erëbil était un tout petit peu plus petit, et assez fin. Sa peau hâlée faisait ressortir ses cheveux d’un gris presque blanc ; un résultat de sa mutation. Son Type Acier avait causé le blanchissement de ses racines le jour même de sa transformation. Garûnd avait l’impression qu’ils continuaient de s’éclaircir, surtout qu’ils étaient déjà touffus et retombaient dans sa nuque en une épaisse tignasse. Pas très discret.

Garûnd préférait de loin sa crête iroquoise, qui lui tenait moins chaud et ne gênait pas sa vision en plein combat.

— Toi aussi, répliqua simplement le combattant.

Erëbil inclina la tête de côté avec un autre sourire, un brin moqueur.

— Je viens juste au rapport. Le gouverneur veut que cet avant-poste soit opérationnel d’ici deux jours. Est-ce qu’il…
— Tu pourras dire au maître qu’il sera prêt dès demain, rétorqua Garûnd d’un ton sec.

Erëbil hocha la tête en conservant la même expression, et tourna les talons sans rien ajouter. Le colosse le regarda s’éloigner du coin de l’œil, méfiant.

Il aurait aimé l’affronter, ça, oui. Erëbil avait acquis un Type Acier avec sa mutation. Il l’avait déjà vu s’entraîner avec des luminocanons surpuissants ; de véritables rayons de lumière solidifiée capables de tout transpercer. Sans compter sur son épiderme capable de durcir pour faire rebondir des lames, et même des balles. Erëbil n’était pas particulièrement rapide, et encore moins agile. Mais sa puissance de frappe équivalait la sienne, sans parler de sa défense incroyable.

Garûnd aurait aimé le battre, mais il sentait, au fond de lui, qu’Erëbil était un niveau au-dessus de lui. Le Type Combat était, chez les pokémons, efficace contre les Types Acier. Mais était-ce la même chose chez les humains modifiés génétiquement ? Est-ce que ses coups de poings pouvaient réellement percer la garde d’Erëbil ? Et est-ce qu’il résisterait à un de ces rayons métalliques destructeurs ?

Le Type Combat fit craquer ses jointures avec appréhension. Pour la première fois de sa vie en tant que Mutant, il ressentait de la crainte envers un de ses potentiels futurs adversaires. Il avait envie de le combattre. Il en frissonnait d’avance. Mais il doutait fortement de sa victoire.

— Un jour, j’aurais peut-être la réponse… soupira Garûnd en levant la tête vers les échafaudages. Un jour, plus tard…



***


Karyl attendait, bras croisés, appuyé contre un des remparts. Situé en haut du mur, au niveau de la seule porte permettant d’accéder dans leur campement, il suivait du regard les va-et-vient incessants entre les habitations des pillards et les charrettes.

L’agitation régnait sur le camp. Contre toute attente, dès le lendemain du départ secret de Lyco et Lacrya, ils avaient reçu des propositions d’alliances depuis les profondeurs des Forêts de l’Est. Des groupes dont ils soupçonnaient à peine l’existence, qui vivaient en autarcie dans la plus grande des discrétions, avaient appris la nouvelle ; celle qui annonçait une prochaine attaque contre Mervald.

Darren et Boralf avaient d’abord pris le tout avec méfiance, et à raison. Si ces groupes isolés s’intéressaient à eux, c’était probablement pour tirer profit de la situation qui se dessinait. Darren avait accepté la plupart des alliances, bien qu’avec une certaine ombre de défi dans ses réponses. Le colosse n’hésitait plus à signaler qu’il avait à ses ordres un Mutant surpuissant quasiment immortel.

Karyl avait encore la sensation d’être un outil pour les pillards ; mais désormais, il s’en fichait éperdument. Mervald et Molch s’étaient servis de lui et l’avaient manipulé. Ils l’avaient poussé à bout.

Les pillards, eux, le laissaient libre d’agir comme il le souhaitait. Il n’était pas un bon petit soldat à leurs pieds. Juste un allié. Un allié qu’ils écoutaient, parce qu’ils savaient que ne pas tenir compte de son avis, c’était prendre le risque de s’en faire un ennemi.

C’était ce qu’ils devaient croire, en tout cas.

Karyl soupira. Il n’avait aucune envie de retourner sa veste encore une fois. Au contraire. Les pillards commençaient presque à lui plaire. Ils étaient organisés, malins, et ils vivaient dans de plutôt bonnes conditions. Sans parler de leur volonté grandissante de faire tomber le gouverneur. Karyl en rêvait depuis bien longtemps. Il espérait secrètement pouvoir marquer cette partie de l’Histoire, et effacer le règne de Mervald comme ce dernier effaçait ses ennemis les plus retors.

Karyl s’étira et s’approcha du bord du rempart. S’appuyant contre un rebord rocheux et irrégulier, il observa les membres du groupe s’affairer à préparer leur départ. Après un énième rassemblement visant à décider du futur du groupe, il avait été décidé que le déménagement à la lisière, avec les autres groupes de mercenaires, devait commencer dès maintenant.

Boralf lança un ordre, dans le lointain. Karyl le distingua aux côtés de Grocaillou, son fidèle gigalithe.

— Encore en train de bosser… souffla Karyl.

Boralf était sans doute le plus actif du groupe. Il organisait tout, gérait tout, appliquait tout ce que Darren lui demandait. Karyl lui soupçonnait un petit côté hyperactif ; ses crises de colère en étaient sans doute des conséquences directes. Le Mutant appréciait son efficacité, mais il savait que Boralf était aussi le plus méfiant à son égard. Un mot de travers, et une remarque cinglait. Karyl préférait l’éviter le plus possible.

Darren était bien plus abordable, au contraire de son bras droit. D’ailleurs, en laissant l’organisation du déménagement à Boralf, le colosse préparait son entrevue avec la bande installée dans le palais de Psyhéxa. Visiblement, les choses commençaient à se calmer, là-bas. Le nouveau chef de la cité était parvenu à calmer les combats et le chaos qui grondait dans la Ville aux Murs Blancs. Il ne restait qu’à aller négocier une alliance là-bas, avec cette bande d’anarchistes.

Karyl en ferait partie, évidemment. Pour servir à la fois de garde du corps et pour dissuader une traîtrise. Bientôt, il n’aurait plus le loisir de respirer. Il lui faudrait enchaîner les rencontres avec les chefs de groupes concurrents, et les persuader de les suivre.

Karyl jalousait presque Lyco d’être parti dans le sud ; pendant que le garçon se prélassait en profitant d’un voyage, tout le monde ici travaillait pour les préparations de la guerre à venir.

Piaf, le roucarnage du groupe, lança un cri strident depuis la cime de son arbre, au milieu du campement. Karyl releva la tête pour l’apercevoir ; le pokémon avait bien grandi depuis qu’il avait rejoint le groupe. Son évolution et la naissance de ses deux petits avait provoqué un certain émoi chez les pillards. Les pokémons Vol se faisaient rares. Qu’un roucarnage donne naissance à deux petits en bonne santé relevait du miracle.

Gagner la guerre allait sans doute aussi demander un miracle.

Mais leur miracle allait peut-être bientôt revenir du sud, si Lyco retrouvait cette boîte dont il avait seulement un vague souvenir…

— Karyl, changement de plan.

Le Mutant pivota. Darren approchait. Avec sa musculature, ses yeux bleus et son visage buriné, et la peau d’ursaring qui lui servait de cape, il ne passait pas inaperçu. N’importe qui aurait vu en lui l’âme d’un leader. Même Karyl parvenait presque, de temps en temps, à le trouver intimidant.

— Ouais, quoi ? grogna-t-il.
— Nous partons ce soir pour Psyhéxa. Avant le coucher du soleil. Emporte le minimum, nous irons là-bas avec des montures rapides.
— Hein, si vite ? s’étonna le Mutant.

Il désigna les autres, en contrebas, qui continuaient de charger les carrioles.

— Tu vas laisser tout ça à Boralf ?
— Il est bien capable de gérer le groupe sans moi.
— À cette vitesse, on sera déjà prêt à combattre Mervald avant que Lyco ne revienne, ou quoi ?

Darren hocha la tête lentement, et s’accouda sur le rebord à son tour, le regard fiché sur la cime des arbres autour de la butte.

— Ce n’est pas impossible. Aucun de nous ne pensait qu’autant de gens étaient prêts à s’allier pour combattre le gouverneur. On a reçu des aides imprévues. Lyco serait sans doute surpris ; c’est bien la première fois que ses prévisions étaient si pessimistes.

Karyl grommela un juron surpris, et resta silencieux un moment. Darren le regarda du coin de l’œil, et esquissa un sourire presque imperceptible.

— Sois prêt avant le crépuscule.
— Ouais, ouais, j’ai compris.

Karyl fit un geste de la main agacé, et Darren repartit sans un mot de plus, une lueur amusée dansant dans ses yeux azurés. Le Mutant Roche reprit son agaçant poste de surveillance en se tournant vers l’extérieur. Une plaine rasée où il ne restait que des souches d’arbre séparait le camp de la forêt. Rien n’était en vue, pour une fois. Pas de groupe rival en train de négocier des armes, ni d’alliés attendant la visite et les explications de Darren.

Pourtant, Karyl n’était même plus ennuyé par ce rôle de sentinelle devenu presque inutile.

Il ressentait comme un début d’excitation, et en était le premier étonné.

Peut-être que cet entrevue à Psyhéxa était à l’origine de son trouble, ou alors était-ce l’idée que vaincre Mervald n’était plus un rêve inaccessible ?

Il refusait encore d’admettre qu’il avait enfin la sensation d’être ici chez lui, avec les siens.

La confiance était pour le moment une chose qu’il connaissait trop mal pour pouvoir en assumer pleinement l’existence.