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Egaré de Lief97



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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 18/03/2019 à 18:39
» Dernière mise à jour le 20/03/2019 à 16:45

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 2 : Divergence d'opinion
« Le bonheur n'est pas le droit de chacun, c'est un combat de tous les jours. » Orson Welles.


***


Leur première journée se passa sans encombre. Coupant à travers bois, sans jamais quitter trop longtemps des yeux la route qui serpentait du nord au sud et leur ouvrait la voie, Lacrya et Lyco étaient parvenus à mettre plus de distance que prévu entre eux et le campement des pillards.

Plume, leur roucoups, les avaient prévenu à deux reprises d’un danger sur la route : soit un scarhino sauvage, soit une embuscade quelconque, peu importait. Ils avaient pris soin de largement contourner ces zones, et s’en étaient sortis indemnes.

Lyco redécouvrait peu à peu des sensations familières ; les longues marches lui avaient manqué, depuis le temps qu’il tournait en rond dans le camp. Il se sentait en bonne forme. Son endurance était de retour, après ce trop long repos. Lacrya le suivait sans beaucoup parler ; ils échangeaient parfois des banalités, sans évoquer grand-chose d’autre que leur destination.

Lyco avait beau essayé de se souvenir, il ne parvenait pas à se rappeler de la ville dans laquelle il avait enterré le coffret de ses souvenirs.

— Il y avait un clocher en ruines, sur une butte. Le village était plus loin, sur le flanc de la colline et dans une vallée en contrebas. C’était une région aride, mais il y avait des arbres et des plantes. Donc je suppose que ce n’est pas si loin que ça des Forêts.
— J’espère que c’est bien le cas, répondit Lacrya entre deux foulées, légèrement essouflée. On n’a pas assez de provisions pour tenir plus d’un mois.

Plume surgit devant eux, venu du ciel. Sans un piaillement, docile, il se posa sur une branche au-dessus d’eux. Comprenant qu’il fatiguait, Lacrya tapota son épaule ; elle y avait mis des protections en cuir spéciales. L’oiseau piailla et s’y posa, enfonçant ses serres dans le cuir sans risquer de lui faire mal.

Lyco se retourna et soupira :

— Lacrya, tu devrais éviter. Il commence à approcher des vingt-cinq kilos.
— Je sais.
— Ce n’est pas parce que tu t’occupais de lui quand il était plus petit que tu dois continuer comme ça, tu vas t’épuiser.

Il saisit la pokéball de Plume et leva le bras. Lacrya s’arrêta et posa une main sur l’épaule du garçon.

— Non, laisse. Je peux le porter, ça va.
— Donne-moi ton sac, alors.

Elle grommela quand il le lui prit sans lui laisser le temps de répliquer. Le garçon, avec leurs deux bagages sur les épaules, reprit sa marche devant elle. Elle le suivit en soupirant, mais sourit discrètement. Il était parfois plus attentionné qu’il ne voulait bien le laisser paraître.

— Ce soir, on se contentera des fruits, lança le garçon par-dessus son épaule. La viande séchée se conservera mieux en dehors des Forêts, mieux vaut l’économiser.
— D’accord. Dis, ce soir, ça te dirait, un petit entraînement à mains nues ? Ça fait longtemps.
— Oui, pourquoi pas.

Ils continuèrent leur chemin, en silence, savourant le fait d’être en pleine nature, de nouveau sur les routes.

Étrangement, Lacrya éprouvait un peu de nostalgie ; ça lui rappelait leur survie en Arène. Une période difficile, terrible même, mais qui lui manquait parfois un peu. Elle parvenait encore à entendre le rire de Hank, les conseils avisés d’Othéus. Même les beuglements de Galok, le chef des gardes, dont le crâne lustré lui avait fait faire des cauchemars après de multiples coups reçus.

Mais ce qui lui avait manqué le plus, c’était sa proximité et son alliance avec Lyco. Et voilà qu’enfin, après des semaines et des semaines noyés par les conseils entre pillards, ils parvenaient à se retrouver tous les deux, et à se diriger vers une aventure qu’elle parvenait encore assez mal à imaginer. Jusqu’où les mènerait ce voyage vers le sud ?

Elle sentit Plume gigoter sur son épaule, et redressa la tête pour emboîter le pas au garçon.

Seul l’avenir lui répondrait.



***


Lyco déposa l’épaisse branche trouvée plus loin dans les bois, et se laissa retomber près du feu en soupirant. Le nuit tombait déjà, et le halo de lumière projeté par les flammes ne parvenait plus à percer la pénombre qui baignait entre les pins. Lacrya avait déployé leurs légers sacs de couchage non loin de l’âtre, en prévision de la nuit fraîche qui les attendait.

Leur pseudo-combat d’entraînement avait achevé de saper les dernières forces du garçon, qui sentait déjà les courbatures réveiller ses muscles endoloris. Il avait été surpris par les résultats de l’entraînement appliqué de Lacrya pendant leur duel ; non seulement elle l’avait emporté, mais elle n’avait même pas semblé peiner pour le vaincre. Il n’y avait qu’avec une épée en main que Lyco pouvait se vanter de dépasser son talent pour le combat… et encore, il n’en était même plus si certain.

Il fallait dire qu’elle s’entraînait sans relâche sur son temps libre habituel, quand Lyco préparait des plans pour les pillards ou aidait Darren à convaincre des mercenaires récalcitrants de les rejoindre…

— Je prends le premier tour de garde, proposa Lacrya.
— Et Plume ?
— Laissons-le se reposer dans sa pokéball pour l’instant. Tu n’auras qu’à le libérer quand ce sera ton tour, ou même après. Il veille mieux que nous.

Il hocha la tête, et approcha ses mains des flammes. Distrait, il ne remarqua pas tout de suite que Lacrya lui tendait son sac de couchage. Il la remercia et se glissa dedans, s’allongeant sur le dos près du feu.

Leur campement provisoire, niché entre trois arbres aux racines noueuses, les abritait des regards ; la route était à environ six cents mètres à l’ouest, trop loin pour y entendre autre chose qu’un cri. Ils devraient être tranquilles pour cette nuit. Les pokémons nocturnes s’attaquaient rarement aux humains dans cette partie des Forêts. Et les Insectes ne se seraient approchés d’eux, par crainte du feu.

Le garçon se laissa aller à la somnolence plus vite qu’escompté. Il avait à peine conscience de la chaleur du feu et de la présence de Lacrya, occupée à veiller.

Rapidement, il sombra dans le sommeil sans prêter attention à son début de migraine.



***


— Être obligé d’en arriver là, grommela Darren en passant une main sur son front couvert de sueur.

Il paraissait bien pâle, pour une fois. Son visage impénétrable était plissé de rides soucieuses, ses yeux évitaient tant bien que mal les cadavres, et son expression frôlait parfois le dégoût. Lyco, habitué à la vision du sang et des massacres, s’agenouilla près d’un des corps encore chauds et palpa le corps sans vie.

Il souleva la veste de l’homme, en vida les poches, et observa en silence la blessure qui barrait son ventre horizontalement. Une vilaine entaille.

— Lame d’insécateur, commenta Lyco. Tiens, on pourrait se servir de ça.

Le garçon lança au chef des pillards une dague retrouvée sur le cadavre. Darren l’attrapa habilement et la soupesa d’un air pensif.

— On ne dirait pourtant pas une attaque de pokémon sauvage, constata simplement le colosse en observant les alentours.

Lyco se releva et resta silencieux.

Ils se trouvaient dans une vaste plaine où trônait un cabanon grossier, aux vitres brisées. Un espèce de petit entrepôt se tenait à quelques pas de là, au toit bas et à l’air branlant. Tout avait été vidé, évidemment ; les corps des mercenaires étaient étendus ici et là dans les hautes herbes, rougissant la végétation sur de vastes zones.

— Une vraie boucherie, soupira Lyco.

Darren le regarda du coin de l’œil ; le garçon surprit son regard. Il retint une remarque. Ça n’aurait servi à rien.

Il ne faisait pas encore pleinement partie du groupe des pillards, du point de vue de certains d’entre eux. Il les avait rejoints quelques semaines auparavant, et avait déjà noué quelques liens, avec Amelis, Ève et même le taciturne Bakrom. Mais Darren doutait encore de lui, comme Boralf et beaucoup d’autres.

C’était compréhensible, après tout. Il leur avait déjà révélé être le Rôdeur, un escroc solitaire réputé pour les incendies provoqués sur des installations militaires de Mervald. Certains, dans les villages périphériques du désert, le traitaient même de pyromane. Mais Lyco se fichait de comment on pouvait le voir.

Pour le moment, il était là pour s’intégrer au groupe ; il était trop tard pour ne plus s’attacher à eux. Maintenant, ce qu’il voulait, c’était la survie du groupe avant son objectif d’arrêter le gouverneur. Ce problème impossible à résoudre était peu à peu passé au second plan.

— Ce sont des dresseurs qui ont fait ça ? supposa Darren. Vu les traces, ils devaient être une dizaine, tout au plus. Avec un insécateur, donc.
— Sans doute. C’est rare, dans les Forêts de l’Est ?
— Des dresseurs ? Non. C’est là qu’on en trouve le plus. Ça grouille de pokéballs de l’avant-guerre, dans le coin. Un paradis pour les trafiquants.

Lyco acquiesça en silence. Il n’était jamais allé aussi loin du Désert de la Désolation. Les Forêts l’avaient choqué dès qu’il les avait aperçues à l’horizon. Ces grands arbres aux troncs noueux, aux branches épaisses et aux feuillages parfois imposants ne ressemblaient en rien à la végétation malingre qui survivait dans les bidonvilles habituels.

Le garçon observa les environs. Un semblant de clôture semblait avoir été placé autour de la clairière. Des barbelés s’emmêlaient parmi des ronces épaisses, formant un mur presque infranchissable pour un humain tout autour de la petite plaine circulaire. Il lâcha un sifflement d’admiration.

— Dis, Darren.
— Hm ?

Le colosse était en train de de ramasser un glaive brisé, dans l’herbe. Au ton du garçon, il se redressa d’un air méfiant.

— Ça ne pourrait pas servir pour un campement, cet endroit ? Faudrait évidemment retirer les corps, peut-être même construire un petit bâtiment pour abriter tout le monde, mais… Boralf avait bien parlé de s’installer dans le coin un jour, non ?

Le colosse jugea la taille de la clairière du regard ; observa les arbres alentours, puis haussa les épaules.

— Ma foi, pourquoi pas. Après tout, cet endroit a été pillé ce matin, personne ne songerait à l’attaquer de nouveau avant un moment. Ça pourrait nous laisser le temps de nous installer et de fortifier tout ça.
— On fait quoi, alors ? On revient en arrière pour prévenir les autres, ou on continue de traquer ce type ?

Quelques jours plus tôt, un trafiquant avait volé une des cargaisons que le groupe de Darren devait livrer à un gang du nord ; les traces les avaient conduites jusque dans les Forêts de l’Est, alors que le reste du groupe, plus prudent, s’était déployé le long de la lisière pour empêcher le voleur d’en ressortir.

— On continue. Une fois qu’on aura récupéré puis livré la cargaison, on viendra voir si cet endroit est toujours là. Ça te va ?
— Comme tu veux, répondit le garçon en levant les mains, montrant qu’il se fiait à l’avis du chef.

Darren en resta là ; Lyco crut discerner un début de confiance chez le colosse impénétrable.

Intérieurement, ça le rassura. Il commençait enfin à être pris au sérieux. Peut-être que son entrée dans ce groupe allait positivement changer sa vie. Il espérait simplement que ça ne se terminerait pas comme d’habitude, avec un massacre à la clé et un énième départ en solitaire…




***


Ils repartirent peu de temps avant l’aube. Plume, en bonne forme et plutôt excité à la perspective de découvrir des zones des Forêts de l’Est qu’il n’avait encore jamais visité, s’éloignait allègrement des deux marcheurs. Sans oublier de prendre son rôle de sentinelle à cœur ; c’était Boralf qui l’avait entraîné pour ça, après tout. Il était devenu presque un professionnel du dressage, à force.

Lyco, un peu pensif, parlait moins que la veille. Quelques souvenirs étaient revenus à la surface. C’était rassurant : le voyage pouvait bel et bien accélérer les choses. Il avait besoin de sortir de sa routine, de prendre l’air, pour éveiller ses sens et sa mémoire.

Il commençait à mieux comprendre tout ce qui l’avait mené avec le groupe de Darren. Il avait d’abord accepté une alliance, après une grosse attaque contre un laboratoire de Mervald. Bien que réticent, il avait fini par s’attacher à eux, et à penser à leur bien avant son objectif personnel ; avant sa volonté de vengeance contre Mervald et son règne.

Songeur, il se demanda si d’autres parmi les pillards savaient qu’il avait autrefois bu de la Némélia 1 pour augmenter ses capacités physiques ; mais il en doutait. Peut-être que certains d’entre eux l’avaient deviné, ou soupçonné. Même le gouverneur Mervald ne semblait pas au courant : dans l’Arène, Lyco avait affronté Garûnd pour que celui-ci jauge sa force. Mais c’était à un moment où les pouvoirs de la Némélia 1 le quittaient déjà, à cause des effets secondaires de son Effacement.

Seule Lacrya, à qui il avait tout avoué très récemment, savait.

En cela, le garçon était content d’avoir pu se confier. Elle était la seule à l’avoir épaulé dans toutes les situations. Malgré les doutes. Malgré son passé nébuleux. Malgré ses erreurs.

Il releva la tête et fixa le dos un peu courbé de la jeune fille. Peinant à escalader une légère pente avec son sac sur le dos, elle avait attaché ses cheveux noirs en queue-de-cheval, et avançait avec détermination. Sans un mot, il passa une main sous le sac de la jeune femme pour en alléger le poids et l’aider à grimper. Elle le remercia dans un souffle, et il passa l’obstacle à son tour, avant de continuer leur chemin entre les arbres.

Il avait bien fait de partir en sa compagnie ; il avait une confiance quasiment absolue en elle. Et c’était réciproque. Tous les autres n’étaient pas dans le même cas. Tous doutaient parfois de lui, depuis qu’il avait récupéré ses souvenirs et une partie plus calculatrice et froide de son ancienne personnalité. Lyco comprenait bien leurs réactions. Il ne leur en voulait pas pour leur prudence, au contraire.

Mais c’était étrangement rassurant d’avoir quelqu’un sur qui compter en toutes circonstances, même si une confiance aveugle était un sentiment à double-tranchant.

— On fait une petite pause ? proposa Lacrya par-dessus son épaule, visiblement essouflée.

Le garçon acquiesça vivement, et désigna une grosse racine, parfaite pour se reposer l’espace de quelques minutes. Ils s’y dirigèrent, et laissèrent tomber leurs sacs au pied de l’arbre, avant de s’asseoir et de vider leurs gourdes par petites gorgées.

Lacrya soupira d’aise en désignant la sienne :

— Vide. Faudrait qu’on trouve vite un ruisseau. Il fait plutôt chaud, j’ai l’impression.
— Oui. C’est bientôt l’été…

Il releva la tête, et observa les rayons de soleil qui filtraient dans le feuillage épais des grands feuillus. L’approche de l’été n’était jamais un moment très attendu. Dans les Forêts de l’Est, ça pouvait aller. Mais aux alentours du Désert de la Désolation, c’était un véritable danger. La température en journée pouvait atteindre les cinquante degrés sans difficulté, et la nuit devenait glaciale. Sans parler des régiments entiers de pokémons sauvages qui migraient pendant la saison, attaquant des villages sur leur passage.

Et du risque élevé de réapparition d’un Némélien. Le virus avait beau avoir grandement disparu dans la région, il restait parfois des cas isolés, et ceux-ci survenaient plus souvent en période sèche. Heureusement qu’ils restaient assez rares.

Plume surgit entre les arbres, et se posa près d’eux sans un bruit. Il ébouriffa son plumage avec son bec pour se gratter, et sursauta de plaisir quand Lacrya lui tendit des baies ceriz fraîchement cueillies. L’oiseau se régala sous l’œil amusé des deux compagnons.

— Tu t’étais renseigné sur le sud, avant de partir, je suppose ? demanda soudain la jeune femme.

Plus sérieuse, elle se tourna vers lui. Il hocha la tête.

— Oui, mais… il n’y a ni pays, ni gouverneur, là-bas. Rien d’officiel. Pas de cartes précises, pas toujours les mêmes noms de villes, selon les sources…
— Donc on n’a rien pour nous guider ?
— À part la route qui va dans cette direction, non.

Voyant sa moue, le garçon haussa les épaules.

— J’aurais aimé qu’on puisse être mieux préparés, mais c’était ça ou attendre des semaines qu’un groupe venu du sud accepte de négocier pour nous échanger des informations contre autre chose.
— Je vois. J’espère que la ville avec le clocher dont tu parles existe encore…

Il ne répondit pas. L’idée lui avait déjà effleuré l’esprit. Il préférait la mettre de côté, et éviter de paniquer à ce sujet. Le coffret enterré dans le clocher en ruines était peut-être même pillé depuis des mois. Son contenu, envolé.

Impossible à dire.

C’était pourtant la seule piste qu’il avait pour renouer avec son passé une bonne fois pour toutes.

— Et sinon ? dit soudain la jeune fille. Tes souvenirs ? Tu en as récupéré d’autres ? Tu n’as plus de migraines ?

Le garçon, surpris par son changement de ton, prit quelques secondes pour répondre. Il ne chercha pas à mentir ; même s’il n’aimait pas s’étaler sur ce sujet, Lacrya n’aurait pas apprécié qu’il détourne la conversation.

— Quelques maux de têtes, parfois, mais rien de grave. Je me suis aussi souvenu de quelque chose cette nuit. J’ai récupéré une partie de ma mémoire, jusqu’au moment où les pillards ont décidé de s’installer dans la clairière.
— Le campement entouré de barbelés ?
— Oui, celui-ci.

Lacrya sembla réfléchir quelques secondes.

— Ça doit faire un peu moins d’un an, alors ? Cet ermite a bien fait son travail. On dirait que tu pourras bientôt retrouver tous tes souvenirs.
— C’est son Xatu, plutôt. Mais sinon, oui, j’espère pouvoir bientôt tout me remémorer. Même si certaines scènes me reviennent facilement, j’ai quand même des mois entiers qui restent très flous, dans ma tête…

Compréhensive, Lacrya hocha la tête, sans oser rien ajouter. Le garçon observa sereinement Plume en train de déloger un jeune chenipan caché sous un tapis de feuilles mortes. Le bec du premier manqua de peu l’insecte, qui rampa vivement dans un trou creusé dans le sol. L’oiseau, têtu, tenta de creuser le sol, en vain. Lacrya lâcha une boutade pour se moquer du volatile, qui, courroucé, accepta malgré tout les baies que lui tendaient la jeune femme.

Lyco sourit sans même s’en rendre compte.

Cette vie était loin d’être aussi terrible qu’autour du désert. Parfois, il lui arrivait de se demander si ce n’était pas mieux, de rester là, abrité par les arbres, et d’ignorer les problèmes du monde extérieur. Mais une part de lui était incapable d’abandonner et de se résigner ; Mervald n’avait pas le droit de rester impuni.

— Repartons, lança-t-il en sautant à terre. Si on n’a pas besoin de faire d’autres détours pour éviter des groupes, on devrait sortir des Forêts dans moins de deux jours.
— Plume, pars devant !

L’oiseau obéit au ton ferme de Lacrya, et le groupe reprit sa marche en silence.