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Effacé de Lief97



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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 14/02/2019 à 15:36
» Dernière mise à jour le 04/04/2019 à 14:35

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 36 : L'ancien Lyco
« Les révolutions n'ont jamais allégé le fardeau de la tyrannie, elles l'ont seulement transféré sur une autre épaule. » George Bernard Shaw.


***


— Au voleur ! s’écria un homme.

La rue rectiligne, encombrée de stands vendant couteaux, bijoux en toc, vêtements rapiécés et fruits rabougris était prise d’assaut par des foules de voyageurs harassés. Les maisons de glaise, cubiques et d’un brun sale, s’alignaient de chaque côté de l’avenue pavée. Collées les unes aux autres, la plupart avaient les fenêtres grandes ouvertes. Des vêtements séchaient, suspendus à des cordes ou des volets grinçants. Quelques silhouettes se tenaient parfois derrière les fenêtres crasseuses, fumant ou buvant quelques produits issus des trafics qui faisaient vivre la bourgade.

Des enfants accourraient parfois dans la foule, tirant une bourse par-ci, arrachant une piécette des mains des vendeurs par-là.

Les « Au voleur ! » retentissaient bien une douzaine de fois par heure, lorsqu’il y avait un marché comme celui-ci. Chacun s’y habituait, et au final presque personne n’en venait à courser les gamins des rues ; ils étaient trop vifs et se faufilaient avec beaucoup d’aisance entre les passants et les étalages. Certains, les plus hardis, s’élançaient même à l’assaut des maisons cubiques en glaise ; étant toutes collées les unes aux autres, il était facile de s’échapper par les toits et d’éviter les embouteillages causés par la foule.

En plus, comme la bourgade, Karistan, n’était pas reconnue par le gouverneur, on n’y trouvait pas de soldat pour faire régner l’ordre. Généralement, les gens faisaient la loi eux-mêmes. Il n’était pas rare non plus que des meurtres soient commis en pleine journée ici, sans la moindre discrétion. Mais les gangs et les trafiquants mettaient tout de même assez la pression par leur simple présence pour décourager les assassins ; ça dégénérait moins qu’avant leur arrivée et leur mainmise sur Karistan.

A l’entrée de l’avenue de la ville de glaise, approchaient Amelis, Lyco et Boralf. Ce dernier, un gros sac sur le dos, portait ostensiblement une machette et un pistolet à la ceinture. Lyco avait préféré ne pas s’encombrer d’armes trop lourdes et dissimulait simplement ses couteaux dans les replis de ses vêtements et ses fourreaux dissimulés. Amelis n’avait qu’un long poignard, et une cape de voyage d’un vert pâle, qui faisait ressortir ses yeux émeraude.

Boralf aperçut la foule de Karistan et soupira de dépit.

— Y’a de plus en plus de monde qui vient quand y’a de la marchandise… on est arrivé trop tard.
— On a peu de chances de pouvoir négocier des armes, y’a presque plus rien, constata Amelis d’un air dépité.

Boralf se tourna vers eux.

— Je vais marchander directement dans les bars du gang. J’ai une ou deux connaissances dans le coin, ça devrait le faire. Par contre, mieux vaut que j’y aille seul. On se retrouve ici dans… disons deux heures ?
— Et nous, qu’est-ce qu’on fait ? demanda Lyco.
— Toi, tu escortes Amelis.

Le jeune homme soupira. Il faisait partie de leur groupe depuis près d’un mois, mais Boralf se montrait toujours aussi méfiant à son égard. Il faisait en sorte que le garçon ne prenne pas d’initiative. Il avait l’impression d’être là uniquement pour obéir aux ordres du trentenaire ronchon. Ce dernier, trop bourru, ne remarqua même pas son air agacé et continua.

— Avec un peu de chance, vous trouverez des trucs pas trop chers. Bouffe, vêtements, armes, il nous faut un peu de tout.

Boralf s’éloigna directement vers une ruelle contournant l’avenue principale ; il disparut bien vite entre les maisons cubiques sans un regard en arrière. Amelis tira le bras d’un Lyco peu motivé :

— Viens, on va voir ce qu’il reste.

Il la suivit avec un air vigilant ; il n’aimait pas les bains de foule.

C’était quelque chose de rare, les foules. Il n’en voyait qu’à peu d’occasions et se sentait vite oppressé par les gens. Ce qui l’inquiétait, c’était que le danger pouvait venir de partout. Sans compter qu’à Karistan, tout le monde portait des armes !

Il suivit donc Amelis, accordant plus d’attention aux autres voyageurs qu’aux étals presque vides. La jeune fille, assidue, étudiait les derniers fruits avec attention, mais se résigna à ne pas en acheter. Certains étaient pourris, d’autres avaient été croqués.

Après quelques minutes d’errements et de négociations, Amelis parvint à mettre la main sur deux pantalons en assez bon état ; elle annonça à Lyco se sentir capable de les recoudre avec le talent de couturier de Poeba. Il fallut une bonne demi-heure aux deux jeunes gens pour réussir à obtenir une pierre à aiguiser, quelques munitions que personne ne voulait, et un petit couteau. Rien d’incroyable, mais ils avaient besoin de se ravitailler. Même le plus insignifiant des objets pouvait servir au troc, ou simplement pour chasser ou se défendre.

— Bon, on ferait mieux d’aller plus loin, j’ai aperçu des… commença Amelis.

Un jeune adolescent, d’à peine douze ans, la bouscula violemment. Lyco lui attrapa le bras pour l’empêcher de tomber avec ses achats récents.

— Pardon ! s’écria le garçon avant de prendre la poudre d’escampette.

Amelis grogna, et Lyco baissa les yeux vers la ceinture de la jeune fille :

— Il t’a volé ta bourse !

La jeune fille suivit son regard et afficha un visage pâle.

— Oh, non ! J’avais laissé mon amulette dedans !

Lyco n’attendit pas une seconde de plus ; il jeta les pantalons dans les bras déjà chargés d’Amelis et, la laissant seule en arrière, s’engouffra dans la foule à la suite du jeune voleur. Il l’aperçut quelques mètres plus loin derrière un groupe accompagné d’un jeune tiboudet ; Lyco sauta par-dessus la bête stupéfaite, et rattrapa considérablement le voleur. Ce dernier entendit ses pas et se retourna avec surprise ; Lyco savait que le garçon n’avait aucune chance de lui échapper.

Il avait bu de la Némélia 1, après tout. Sa condition physique était excellente. Voire même surhumaine.

Le voleur s’élança sur une pile de cartons branlants ; sa légèreté et son agilité lui permirent de grimper rapidement cette pyramide bancale, et de se jeter sur le toit d’une maison de glaise. Des passants stupéfaits le regardèrent faire ; Lyco posa un pied sur le premier carton et poussa de toutes ses forces pour se projeter en hauteur.

Le carton se brisa mais l’élan prodigieux qu’il fit lui permit de crocheter du bout des doigts le rebord du toit plat de la maison cubique. Il poussa sur ses bras pour se jucher sur la maison et courut derrière le jeune homme.

Ce dernier comprit qu’il était cuit ; il laissa retomber la bourse et sprinta sur les toits collés les uns aux autres, en jetant des coups d’œil derrière lui. Lyco reconnut la bourse d’Amelis, la ramassa, et laissa le mauvais bougre s’éloigner dans les bas-quartiers de Karistan.

Revenant lentement sur ses pas, Lyco vérifia subrepticement le contenu de la bourse. Six pièces, une petite pierre brillante, et le collier mentionné par Amelis ; un simple cordon de cuir au bout duquel pendait une petite plaquette de bois taillée à la main. Sûrement un cadeau symbolique ? Il referma la bourse et se dirigea vers l’avenue d’un pas assuré.



***


Lyco retrouva Amelis, pantelante, légèrement à l’écart de la foule. Craignant peut-être de se faire voler ses récents achats, elle s’était placée contre un mur et cherchait Lyco des yeux d’un air inquiet et impatient.

Quand enfin elle le vit s’approcher d’elle, elle soupira de soulagement. Lyco se porta à sa hauteur et lui tendit sa bourse :

— Je l’ai rattrapé sur un toit.

La jeune fille récupéra sa bourse et se jeta brusquement au cou d’un Lyco désemparé.

— Merci, merci, merci ! Je m’en serais voulu toute ma vie si j’avais vraiment perdu ça…

Elle recula et sortit son collier de sa bourse, avant d’accrocher cette dernière à sa ceinture. Elle mit l’amulette autour de son cou en silence, et la cacha sous son col.

— Pourquoi tu ne le portais pas ? s’intéressa Lyco.
— Il est assez encombrant. Ça me gêne vite.

Il était vrai que la plaquette en bois taillé suspendue au cordon mesurait bien cinq centimètres sur trois. Ce n’était pas non plus très discret… mais ça n’avait pas l’air de valoir grand-chose.

— Pourquoi tu le gardes si ce n’est pas pour le mettre, alors ? s’étonna le garçon.
— C’est un cadeau. Une amie d’enfance me l’a offerte il y a quelques années. Je le garde en souvenir d’elle.

Lyco n’eut pas besoin de la questionner davantage. Il devina aussitôt à sa mine plus sombre et à son ton attristé que l’amie en question n’était plus de ce monde.
C’était bien la raison pour laquelle Lyco s’était promis de ne plus s’attacher à personne. Il en avait assez de souffrir dès que ses compagnons mouraient ; et ça arrivait souvent.

C’était la seule règle qui dictait sa vie depuis qu’il avait quitté les chasseurs de pokémons : ne plus s’attacher à personne.

Et pourtant… les pillards avaient réussi à le convaincre de les rejoindre. Avec le recul, il se disait que ça n’avait pas été une mauvaise idée. Mais malgré son air distant et froid, il sentait qu’il commençait sérieusement à tisser des liens.

Darren avait beau être bourru et sec, il n’en restait pas moins un leader sage et protecteur. Boralf, sous ses airs colériques et son regard méfiant, prenait presque toujours les bonnes décisions. Ève était amusante. Amelis lui parlait beaucoup et l’empêchait de se murer dans sa solitude. Bakrom l’avait visiblement pris en respect et était élève appliqué et sérieux lorsqu’il s’agissait d’entraînement.

Non, décidément, il n’avait pas réussi à tenir sa promesse. Il s’attachait, et c’était trop tard pour revenir en arrière.

— On a encore une bonne heure devant nous avant le retour de Boralf, commenta Amelis en levant les yeux vers le soleil brûlant. On se trouve un coin d’ombre en l’attendant ?

Lyco acquiesça. Il prit leurs affaires et suivit la jeune fille dans une ruelle ombragée, sans ajouter un mot.




***


— Lyco, ça va ? Tu m’entends ?

Lacrya secoua le garçon sans ménagement. Voyant qu’il réagissait à peine, les yeux dans le vide et à moitié affalé sur lui-même, elle le gifla violemment. Le garçon bascula presque en arrière et sembla soudain reprendre ses esprits. Stupéfait, il se souvint d’où il se trouvait. L’obscure plaine de leur nouveau quartier général s’étendait autour d’eux. Il regarda Lacrya sans comprendre et passa une main sur sa joue douloureuse.

— Désolée, mais tu ne bougeais plus, marmonna-t-elle sans avoir le moins du monde l’air désolée. Qu’est-ce qui t’arrive ?
— Je… c’est depuis que l’ermite m’a débloqué la mémoire. D’habitude, c’est pendant que je dors que j’ai des souvenirs qui remontent, mais là…
— Ah, c’était à cause de ça ? Tu t’es souvenu d’un truc ?
— Oui, mais pas grand-chose…

Lyco craignait que Lacrya prenne mal le fait qu’il se soit rappelé de quelque chose en lien avec Amelis, alors que la jeune fille s’était confiée à lui en racontant une partie de son passé ; déjà que c’était une chose difficile pour Lacrya…

Il s’attendit à ce que son amie lui demande des précisions, pose des questions. Au lieu de cela, elle posa subitement sa paume de main sur le front du garçon. Elle grimaça dans l’obscurité :

— Tu as de la fièvre, Lyco.
— Je sais… ça ne s’arrête pas depuis que…
— Oui, l’ermite et son Xatu, j’ai compris. Tu ferais bien d’aller dormir. Il faut que tu te reposes !
— … oui, tu as raison. Je… je te raconterai mon passé la prochaine fois.

Lacrya sourit et l’aida à se relever alors qu’il chancelait sur ses jambes flageolantes. Sourcils froncés, tentant de cacher son inquiétude, elle décida de le guider jusqu’à la grotte où reposaient toutes leurs couchettes.

Elle avait encore plein de choses à lui dire, à écouter de lui, mais ça attendrait bien encore un peu.



***


Le soleil commençait à être haut dans le ciel un peu nuageux. Le vent soufflait sur la clairière, agitant les hautes herbes comme les vaguelettes d’un océan de verdure. Piaf planait avec joie près de son pin, lançant parfois des cris qui partaient en écho vers la forêt environnante.

On entendait le martèlement des outils, le raclement des scies, les voix qui s’élevaient dans l’air frais et sec. Le camp, agité, terminait de construire le chemin de ronde derrière les hautes palissades de bois et de tôle. Deux hommes parmi les nouveaux commençaient, de leur propre initiative, à construire une porte d’entrée.

Alors que les trois pokémons herbivores broutaient, et que certains étaient partis à la chasse avec Petite Dent, d’autres se tenaient à l’autre bout de la clairière.
Le long de la falaise de roche qui formait un demi-cercle derrière le camp, Karyl était ligoté fermement et maintenu dos à la roche grâce à un piton métallique enfoncé dans le sol.

Darren et Boralf lui faisaient face. Le premier avec sa hache à la ceinture, le deuxième avec un fusil à pompes chargé, bien en vue dans ses mains.

— On devrait lui tirer dans l’autre bras, lâcha Boralf.
— Pourquoi faire ? marmonna Darren.
— Pour qu’il ne nous attaque pas ! J’ai pas confiance, Darren. Tu nous as peut-être convaincu, en partie, de ne pas le tuer… mais je ne suis pas d’accord pour le laisser comme ça, bêtement, après son massacre.
— Je t’ai expliqué. Il n’était pas pleinement lui-même… enfin, à ce qu’il paraît…

Karyl soupira et releva la tête vers eux.

— Tuez-moi si vous voulez, alors ! lança-t-il, avec un regard provocateur.

Darren et Boralf se turent en se regardant d’un air grave. Cette idée n’était visiblement pas complètement écartée. Karyl frissonna, de froid comme de peur. Il savait qu’en ce moment, sa vie ne tenait qu’à un fil. Le gros calibre de Boralf pouvait le tuer, il le savait.

Il aurait aussi pu se libérer de ses entraves, fuir, les attaquer à nouveau. Mais à quoi cela lui aurait-il servi ? Il fallait qu’il soit de leur côté. Battre Mervald… était une chose qui lui plaisait bien. Il pouvait bien mettre sa fierté de côté, et ses doutes. Saren n’avait plus à être déçue de lui, depuis là-haut…

— On ne doit pas le tuer, dit une voix.

Karyl ne reconnut pas tout de suite de qui il s’agissait ; il pencha la tête pour apercevoir Lyco derrière Darren. Il s’était approché sans faire de bruit et s’arrêta derrière les deux chefs des pillards, avec un air sérieux et déterminé… très inhabituel chez lui. Karyl se demandait à quel point il avait changé.

Où était passé le stupide gamin naïf, curieux et trop confiant envers les autres ? Était-ce à cause de la récupération de ses souvenirs ? Son ancienne personnalité remontait à la surface ? Les deux fusionnaient ?

Karyl ne connaissait pas bien ces histoires des Rôdeur… tout ce qu’il savait, c’était qu’il était recherché pour avoir, autrefois, causé un beau chaos dans les affaires du gouverneur. Jamais il ne se serait douté que le Rôdeur était ce jeune homme… l’Effacé.

— Lyco, lâcha finalement Boralf après un silence tendu. C’est encore un de tes plans à l’ancienne, pas vrai ?

Il semblait mécontent et grommela même un juron devant le hochement de tête du garçon.

— Karyl connaît Psyhéxa. On aura besoin de lui.
— Tu penses vraiment qu’on va attaquer Molch sur son propre terrain ? questionna Darren, agacé. Qu’on va encore risquer la peau des nôtres pour simplement renverser ce Mutant ? Tu ne penses pas que Mervald a de quoi le remplacer par un autre ?
— Peut-être… mais ils font des expériences à Psyhéxa. Tuer Molch serait un genre de… d’objectif secondaire.
— Parce qu’il y a plus important ? répliqua Boralf.

Il rejeta la tête en arrière et lâcha un faux ricanement, ses mains serrées autour de son fusil.

— Tu te fous de nous, c’est ça ?
— Pas du tout, répliqua sèchement Lyco. Karyl, tu confirmes qu’ils essaient de… créer des Mutants, là-bas ?

Les autres pivotèrent vers le prisonnier, qui soupira et haussa les épaules.

— Probablement, ouais. Mais j’pense qu’ils ont pas réussi sur les autres. C’est pour ça qu’ils se sont servis de moi. Et encore, j’dois pas être parfait à leurs yeux…

Lyco s’approcha et fixa Darren dans les yeux.

— Darren. Je sais que j’ai changé depuis que j’ai récupéré mes souvenirs. Je le sens bien. Je le vois aussi bien que vous. J’ai… une nouvelle façon de voir les choses… ou plutôt, non, c’est ma vraie façon de voir les choses. Et là, je peux t’assurer que je n’ai pas l’intention de mener qui que ce soit à la mort, ou de foncer dans le tas. On a tout le temps de se préparer. Réfléchissez-y, un peu ! On a un Mutant quasi-invincible avec nous, que vous le vouliez ou non. Et Psyhéxa est pleine à craquer de produits pouvant nous transformer nous aussi en Mutants…
— Pardon ? s’étonna Darren. Tu comptes devenir comme ce…

Il ne termina pas sa phrase, tendant dédaigneusement le doigt en direction du bras écailleux de Karyl, qui se sentit profondément vexé par la remarque. Lyco hésita.

— Peut-être pas, non, concéda le garçon. Si ce n’est pas au point, il vaut mieux ne pas essayer… mais déjà, détruire les recherches serait un bon point pour nous, non ? Mervald perdrait du temps, encore, à créer des Mutants. Il n’aura pas l’occasion de se créer une… armée de Mutants, si l’idée lui venait.
— Venant de Mervald, ça m’étonnerait à peine, bougonna Boralf.

Darren soupira ; mais il ne pouvait pas nier que c’était possible de la part du gouverneur.

— Et en plus, renchérit Lyco, s’il y a des Mutants… ratés là-bas, dans des laboratoires ou je ne sais quoi, cachés dans le palais de Psyhéxa… peut-être qu’ils se joindront à nous. Ils sont des victimes du gouverneur, après tout.
— Je vois, répondit simplement Darren. Ça pourrait gonfler nos rangs…

Le colosse était en pleine réflexion. Lyco avait beau avoir des manières de faire et de convaincre qui frôlaient la manipulation et flirtaient avec son ancien lui-même trop calculateur, l’idée n’était pour autant pas si mauvaise que ça. Elle méritait même d’être plus élaborée…

Darren tourna la tête vers les autres, à l’opposé de la grande clairière. Ils s’affairaient à attacher d’autres barbelés sur les remparts. Il souffla un grand coup et baissa les yeux sur Lyco, qui ne l’avait pas lâché de ses yeux acérés.

— Laisse-nous au moins quelques jours. Le temps de monter le camp, d’organiser des défenses valables. De nous mêler aux nouveaux, aussi. Ce serait bête qu’ils veuillent se mutiner en voyant leur chef constamment absent.
— Bien sûr. La récupération de mes souvenirs m’épuise. Je ne voulais pas attaquer tout de suite.
— Tant mieux. Je suppose qu’il faudra partir en repérage sur place, avant la véritable opération ?
— Pas si Karyl a une bonne mémoire.

Darren questionna le Mutant d’un regard méfiant. Ce dernier râla :

— Ouais, ouais, je devrais pouvoir dessiner vite fait un plan du palais, si vous voulez… mais j’vous préviens, j’ai pas été dans les étages ni à l’entrée principale. Je connais juste quelques couloirs, des salles souterraines et les geôles.
— Les geôles… murmura Lyco, songeur.

Darren posa une main énorme sur l’épaule du garçon :

— Tu as une idée du nombre des nôtres qu’il faudra sur place ?
— Déjà, Karyl et moi, au minimum. Il ne faudra pas être trop nombreux, ça risquerait de rendre l’infiltration difficile. Je dirais… quatre. Ou cinq, grand maximum. En tout, bien sûr.
— On verra pour les volontaires, alors. Mais avant ça, repos pour tout le monde, compris ?

Lyco hocha la tête et s’éloigna sans plus rien ajouter. Darren eut l’étrange sensation d’avoir été lobotomisé par l’assurance de ce garçon... sentiment qu’il n’avait pas eu depuis longtemps.

Oui, le Lyco d’avant était en partie de retour.

Heureusement que la garçon leur était loyal plus qu’à quiconque. L’avoir en ennemi était quelque chose d’angoissant ; et Darren imaginait sans mal pourquoi Mervald avait cherché à l’effacer.