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Secret Défense de Oustikette



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» Auteur : Oustikette - Voir le profil
» Créé le 21/12/2018 à 13:05
» Dernière mise à jour le 22/12/2018 à 17:55

» Mots-clés :   Action   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Suspense

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Chapitre 6 : Réconciliation ?
Sur un fond de rock rétro, la boule de feu rata sa cible d’une bonne trentaine de centimètres.

— PUTAIN de merde ! Fait chier !

À l’autre bout de la pièce, une salle d’entraînement en sous-sol de la pension, se tenait Coleene, énervée d’avoir encore échoué. Oui, c’était bien elle, l’expéditrice de cette attaque ratée. Pour preuve, un reste de flammes crépitait toujours dans le creux de sa main droite, où les extrémités des doigts s’étaient mues en griffes.

Elle tendit à nouveau le paume en avant, une nouvelle traînée de flammes en sortit. La jeune fille recommença encore, encore et encore. Mais à chaque fois, l’attaque refusait de réduire en cendres le sac de frappe qui lui servait de cible.

Emportée par la colère, les flammes dans sa paume virèrent au bleu néon.

Une volée de pierres anguleuses transperça alors le sac. Marie-Kate, allongée sur un banc à sa droite jusque-là, se redressa, retirant au passage sa main du sol sablonneux de la salle.

— Franchement, comment t’arrives à louper un truc pareil ? C’est pourtant simple !

Saoulée, la fille aux cheveux noirs se contenta de souffler, sans pourtant hurler.

— Ta gueule, s’il-te-plaît ! Bien sûr que c’est facile de laisser des cailloux, même ces crétins peuvent le faire !

Tout à coup, la musique se stoppa, et le téléphone de la fille d’Edgar, posé sur le banc, sonna. Sans laisser le temps à sa propriétaire légitime d’approcher, la blonde décrocha.

— Oui, allô ?… C’est Marie ! Comment tu vas ?
— Putain, passe-moi ça. s’impatienta Coleene, parlant assez doucement, pour une fois.

Mais sa cousine n’en fit cure.

— Ah chouette !… Non, ça ne va pas être possible, elle est en train de bécoter un mec sur le perron !…

La concernée manqua de s’étouffer, comme la personne à l’autre bout, qui lâcha un ’’What !?’’ audible à cent mètres.

Fière de sa farce, Marie-Kate fit un grand sourire à Coleene, qui lui répondit par un pouce levé tranchant son cou.

— … Mais non, je déconne ! Qu’est-ce que tu veux qu’elle fasse ? Elle s’entraîne !… Ouais, c’est bon, je te la passe.

Elle rendit son bien à sa propriétaire. Celle-ci la pointa du doigt, collant de l’autre main, le mobile à son oreille.

— Toi, prépare-toi à en subir les conséquences !

Une voix légèrement plus adulte s’éleva alors du combiné. Une voix de jeune femme, environ vingt-cinq ans.

— Salut frangine. Qu’est ce que tu voulais me parler de si important ?
— S’lut ! Ouais, c’est bien toi qui as enquêté sur le nouveau de la pension ?

Sa sœur ricana aussitôt.

— Yes, pourquoi ? Tu lui as déjà cassé la gueule ? Tu l’as fait fuir ?
— Merde, OK ! s’impatienta la plus jeune, commençant déjà à s’énerver. Sandra, c’est sérieux ! Ce type travaille peut-être avec les antis !

La plus vieille sembla surprise. Non, c’était impossible.

— Fais moi confiance. Je l’ai pris en filature pendant plusieurs semaines. Je n’ai rien remarqué d’anormal. Je l’ai même vu se recueillir régulièrement sur la tombe d’une mutante. Mutante de Gardevoir, en plus. S’il l’a connaissait avant sa mort, c’est pas celle qu’il aurait pu tromper facilement.

Coleene repensa tout de suite à ce qu’avait raconté le jeune homme l’autre jour, son amie mutante qui l’avait quitté. C’était donc vrai ? Non, c’était un subterfuge. Obligatoirement.

— Eh bien figure-toi que j’ai des preuves, moi aussi, pour une fois ! Avant-hier, je l’ai surpris à la sortie d’une arène clandestine ! Tu sais, de celles qui font des combats de mutants !

Entendant cela, Marie-Kate s’approcha.

— Si je peux me permettre, est-ce qu’il avait un paquet sur lui ?
— Ouais, peut-être bien. J’ai pas fait gaffe. Qu’est-ce que ça change ?
— Tout ! L’autre jour, il cherchait des composants électroniques. C’est moi qui lui ai conseillé d’aller voir au marché noir.
— C’est pas incohérent, confirma Sandra, après une seconde de réflexion. C’est un hackeur. L’appartement qu’il occupait à Sinnoh était remplit de matériels informatiques non-civils. On peut lui reprocher plein de choses mais certainement pas d’être un anti…

De rage, la mutante de feu serra les poings. Elles étaient définitivement toutes contre elle. Était-elle donc la seule à voir clair dans le jeu du sinnohïte ?

Sa sœur reprit alors, sur un ton plus grave.

— … Tu es sûre que ce n’est pas la haine de Tsubasa que tu transfères sur lui ?

Coleene se mordit la lèvre supérieure. Non, elle se refusait à tomber une nouvelle fois dans le panneau. Elle haussa la voix, les yeux humides.

— Oui ! Justement ! J’ai pas envie que ce qui s’est passé recommence !… Peu importe, que soit Tsubasa ou un autre, ils ne valent pas mieux les uns que les autres !…
— COLEENE ! Ferme-la un peu !…

La plus jeune marqua aussitôt un temps d’arrêt, c’était exceptionnel d’entendre sa sœur hurler.

— … Tu comprends que tu agis comme eux, en étant aussi obtuse ?! Ils ne sont pas tous comme lui ! Sois au-dessus de ça, s’il-te-plaît !
— Complètement d’accord ! ajouta sobrement la blonde.
— Fais-nous plaisir, va t’excuser. Propose lui de boire un verre, un bowling, ou je ne sais quoi.

Forcée d’accepter, Coleene soupira.

— J’essayerai !

==

En tailleur au milieu de sa chambre, Samuel méditait. En face de lui, un lucario dans la même position. Sur son bureau, le tas informe avait laissé place à un ordinateur au centre duquel trônait l’étrange poké-ball.

D’un coup, le pokémon rouvrit les yeux.

— Senseï, quelqu’un arrive ! informa-t-il son dresseur, d’une voix sage.

À peine quelques secondes plus tard, on frappa effectivement à la porte. Le jeune homme sortit aussitôt de sa méditation et alla ouvrir. Quelle ne fut pas sa surprise de retrouver Coleene, de l’autre côté du battant. Adossée contre le mur, les bras croisés, elle lui lança un regard froid.

— Salut ! Qu’est ce qu’il se passe ? l’interrogea le jeune homme, soudain inquiet.
— Rien de grave, l’immigré. Je voulais juste savoir si ça t’intéressait qu’on boive un verre ensemble. Je connais un bar plutôt sympa à cinq minutes d’ici en bécane…

Ne s’y attendant absolument pas, le brun fit des yeux ronds.

— … Ne t’inquiète pas, je suis pas lunatique ! L’autre soir, rappelle-toi, je t’ai dit que je t’en devrais une. Comme ça n’arrivera jamais, je voulais au moins te remercier en t’offrant un verre.

L’adolescent acquiesça aussitôt avec un grand sourire. Il était ravi. Il avait enfin l’occasion de pouvoir enterrer la hache de guerre avec elle.

— C’est avec plaisir que j’accepte, Coleene.
— T’as pas besoin de faire toutes ces simagrées, non plus.

==

Le bar en question était assez chic. La devanture en lambris noir était ouverte par deux larges baies vitrées encadrant la porte à doubles battants, elle aussi transparente.
Au dessus, était écrit en caractères d'imprimerie blancs, le nom : L'initial.
L'intérieur respectait à peu près le même code couleur : murs noirs, carrelage et plafonds blancs.
La gauche de la porte était occupée par un long comptoir en inox avec derrière, des étagères remplies de bouteilles multicolores. Des tables rondes, quant à elles, étaient disposées à la droite, sous des lampes en métal.

L'endroit embaumait des effluves de tabac et de l'alcool. Pourtant, le monde n’avait pas encore conquis la place. Il n’était que vingt heures, la foule aurait bien le temps d’arriver.

L’adolescente s’installa rapidement sur un des tabourets le long du zinc, suivie de près par Samuel, qui prit la place juste à côté. Apparemment habituée des lieux, elle ne se gêna pas pour poser son casque sur le bar. Ce que le jeune homme ne fit pas, et préféra poser le sien sur le tabouret d’à côté.

Aussitôt installée, la fille d’Edgar héla le barman : Steven, le colosse chauve qui l’aidait dans ses missions.

— Hey, Steven ! Vodka !…

Quand Samuel aperçut l’homme au fond, il le reconnut immédiatement. Un frisson parcourut son échine. Sa voisine l’avait-t-elle mené dans un piège ? L’autre soir, elle lui avait assuré que le combat n’était pas fini. Elle avait vu sa puissance. En avait-t-elle profité pour établir des stratégies ? Se tenant près, il posa sa main gauche sur sa Super-Ball.

La jeune fille se retourna alors vers lui.

— … Tu bois comme moi ?
— Merci ! Mais je ne préférerais pas boire d’alcool.

Elle leva les yeux au ciel. Elle se voulut insistante.

— Roh, tu vas pas refuser un bon tord-boyaux importé directement de la Mère Patrie.
— Bon, d’accord, capitula-t-il. Mais juste un verre.
— J’aime mieux ça…

Sur ses lèvres, apparut alors un léger sourire satisfait. Le jeune homme s’en aperçu mais ne préféra pas relever.

Entre temps, le patron du bar apporta la fameuse bouteille devant eux, accompagnée de deux petits verres. Il en remplit un premier, qu’il tendit à sa coéquipière. Les deux échangèrent alors un étrange regard entendu.

— Au fait, elle est pas là Coralie ?
— Nan. Je l’ai envoyée faire deux-trois courses. Elle doit revenir dans pas longtemps, normalement.

Déçue, la mutante de feu jeta un œil sur son voisin.

— Ah. Merde. Elle aurait pu me rendre service.

Continuant de servir, l’homme se tourna vers Samuel. Il lui tendit son verre, en l’interrogeant de sa voix rauque.

— C’est donc toi, le fameux Samuel dont Coleene me parle depuis un moment.
— Oui, c’est moi ? confirma l’intéressé, sans comprendre.
— Très bien. Il paraît que tu viens de Sinnoh ? J’y ai vécu pendant quelques années. T’es de quel coin ?

L’adolescent sembla perplexe. Que cherchait cet homme ? Lui tendre un piège ? Ou juste sympathiser ? Néanmoins, dans le doute, et pour ne rien laisser paraître, il joua son jeu.

— Vestigion.
— Aaah, Vestigion, sourit Steven, nostalgique. Que de souvenirs. Je m’en rappelle comme si c’était hier ! On attendait toujours la fin du printemps avec impatience, pour la fête des fleurs. Tu y allais aussi ? C’était magnifique !

Le sinnohïte ne répondit rien et commença à paniquer intérieurement. Ce festival avait toujours eu lieu à Verchamps. L’homme cherchait vraiment à le piéger.
Une personne impromptue lui vint alors en aide. Elle posa une main sur son épaule. Coleene.

— Mais laisses-le, Steven !…

Pour la première fois, Coleene lui souriait. Qu’elle était belle quand elle souriait. Mais était-ce franc ? Jouait-elle le même jeu que son ami le barman ?

— … Tu vois bien que tu me le stresses ! Il ne ment pas sur ça. J’en ai déjà les preuves !…

Steven retourna à son affaire. Elle lui intima de laisser la bouteille.

Tout à coup, le sourire de la jeune fille s’éclipsa sous une expression plus sombre. Elle braqua aussitôt un regard accusateur sur lui.

— … Par contre, moi, j’ai vraiment une question… Si tu n’y étais pas pour le spectacle, qu’est-ce que tu pouvais bien foutre dans cette arène ?!

Redoutant la question, le jeune homme se mordit la lèvre.

— Je devais voir un receleur de composants, disons… rares. J’avais besoin de quelques trucs pour un de mes projets.
— Ah oui ! C’est vrai que t’es hackeur. Tu t’es spécialisé en quoi ? Détournements de fonds ? Vols de secrets industriels ? Ou peut-être même des secrets militaires ?

Il détourna le regard, alors qu’une foule de mauvais souvenirs lui revenait en tête.

— C’est compliqué. À un moment, j’ai bien été forcé d’utiliser mes talents pour récupérer certaines choses, comme de l’argent. Comment crois-tu que j’ai eu les moyens de voyager jusqu’à Kalos ?

Saisissant son verre, la fille d’Edgar haussa les épaules.

— J’en sais rien, moi ! C’est pas mes oignons ! Si tu pouvais pas faire autrement, c’était forcément la meilleure solution... Mais bref, j’ai soif alors…

Elle leva son verre en l’air. Son invité en fit de même.

— … À ta santé, pour samedi soir !
— Je te remercie ?

Ils trinquèrent.

— Maintenant, Cul-sec !

Puis, l’adolescente descendit son verre d’une traite. Sans sourciller. Samuel la suivit à nouveau. À une époque, pas si lointaine, il s’était habitué aux liqueurs fortes. Mais celle-ci était d’un tout autre calibre. Il fut pris d’une quinte de toux.

— Mais, qu’est-ce… que c’est… que ce machin ? parvint-il à articuler entre deux spasmes.

Faussement étonnée, la mutante s’empara de la bouteille pour en examiner l’étiquette.

— Teneur en alcool : quatre-vingt-sept pourcents. C’est vrai que pour le commun des mortels, ça arrache !

Alors penché sur le bar, en proie à la toux, le jeune homme se redressa.

— Pourquoi, ça te fait rien à toi ?
— Et nan ! fanfaronna la jeune fille, en se penchant en arrière sur son tabouret. Faut croire que je m’y suis habituée. Avec la quantité que j’ai pu en boire en soirée !…

Les yeux du brun clignèrent plusieurs fois. Elle, en soirée ? Sérieusement ? Il n’y croyait pas. Et elle le vit très bien. Elle sourit.

— … Je déconne ! C’est en faisant des duels avec ceux de la pension. Et j’arrive juste à en tenir un. C’est à partir du deuxième que ça commence à plus trop aller…

Sur ces mots, la fille en profita d’avoir la bouteille en main pour remplir les verres à nouveau.

— … Tiens, d’ailleurs. Si on en faisait un !…

De force, elle lui tendit le sien. Il l’accepta à contrecœur.

— … À ta santé ! répéta-t-elle.

Encore une fois, ils trinquèrent et burent cul-sec. Ce coup-ci, Samuel se préparant au choc, il ne toussa même pas. Coleene elle, ne sembla pas plus affectée que pour le premier.

D’un coup, le jeune homme sentit une présence à sa gauche. Intrigué, il pivota, et tomba nez-à-nez avec les prunelles rubis de Coralie qui le fixait avec un grand sourire. Elle s’était assise à côté de lui sans qu’il s’en aperçoive.

— Mais c’est bien toi ! se réjouit la jeune femme, la nouvelle élargissant davantage son sourire.
— Euh, oui, bien sûr ?

C’était la seconde fois qu’on lui faisait cela ce soir. Il ne savait toujours pas s’il valait mieux répondre oui ou non.

— Tu ne vois pas qui je suis, c’est ça ?… Tu voulais me secourir, l’autre jour. Dans un garage.

Les éléments se remirent aussitôt en place dans sa tête : son premier jour, le garage. C’était la mutante de gardevoir. Le brun se réjouit à son tour. Un sourire se traça enfin sur ses lèvres.

— Ça me revient ! Ça fait du bien de savoir que tu vas bien maintenant !
— Oui. Mais c’est clair que je vous dois tous une fière chandelle.

Le jeune homme fouilla à nouveau sa mémoire. Il se rappela aussi que la mutante était avec Coleene ce fameux samedi soir.
Une question germa alors dans son esprit embrumé. Si sa camarade de l’Institut refuserait de lui en parler, peut-être que Coralie accepterais de le faire.

— C’est vous trois qui avez permis aux mutants de l’arène de s’évader ?

L’adolescent ne remarquait pas que, derrière lui, Coleene le fusillait d’un regard assassin.

— Coralie ! somma-t-elle immédiatement. Évite d’en dire trop !
— Mais, tu t’inquiètes pour rien !

Samuel le savait. Aidé des pouvoirs de Coralie, c’était le moment ou jamais pour gagner la confiance de la jeune fille. D’un seul mouvement, il se tourna vers Coleene.

— Écoutes, Coleene. Tu ne me fais pas confiance. Certes. Je le comprends tout à fait. Mais je connais un moyen de te prouver définitivement ma valeur… Si tu lui fais confiance, tes craintes s’envoleront… Coralie !
— Oui ?

Il pris une grande inspiration, sachant pertinemment tout les risques que sa proposition générerait.

— Sonde ma mémoire. Si ça peut prouver mes dires, je t’y autorise.

Les pupilles de la femme se dilatèrent de surprise. Ce n’était pas le genre de chose qu’on lui demandait sur un coup de tête, d’habitude. Pendant l’opération, elle verrait tout de lui, jusqu’à la moindre petite bride de souvenir. Il ne pourrait rien lui cacher.

Coleene, quant à elle, haussa les sourcils, intriguée.

— Tu es sérieux ? s’inquiéta la mutante.
— On ne peut plus.

Si tel était son choix. Elle l’acceptait.
Coralie hocha finalement la tête puis se plaça debout derrière le sinnohïte. Elle posa ses mains autour de la tête du jeune homme. Ce n’était pas de la télépathie classique, à la portée du premier pokémon psy venu. Il fallait beaucoup de concentration et de puissance pour plonger aussi profond dans l’esprit d’une personne.

C’est quand elle ferma les yeux, que cela commença vraiment.

L’hybride de gardevoir vit aussitôt défiler la vie du jeune homme devant ses yeux. Au début, elle ne vit que des banalités, des choses sans importance. Puis, petit à petit, les souvenirs devinrent plus intéressants. Plus joyeux, aussi. C’était encore la partie la plus simple.

Elle sourit.

Mais quand elle entama la partie la plus difficile, tout son corps tressaillit, et son sourire disparut vite. C’était les mauvais souvenirs, les plus intenses. Samuel le ressentit. Et il ne fut pas surpris. Il s’y attendait, même. Amy lui avait expliqué les problèmes que pouvait créer l’accès à cette zone de la mémoire.

— Laisse-toi porter par le flux, lui conseilla-t-il calmement. Contente-toi d’observer. Ne te focalises pas sur les événements.

Malgré les conseils du jeune homme, Coralie grimaça. Des lourdes larmes glissèrent le long de ses joues. Tristesse, peur, haine : elle ressentait tout, comme Samuel à l’époque. En ne pouvant passer outre ces émotions, la mutante ne faisait pas que voir les souvenirs, elle les vivait. Imaginez revivre toutes les mauvaises expériences d’une vie en l’espace de quelques secondes.

Pouvant enfin arrêter son supplice, la jeune femme écarta ses mains de la tête du brun. Mais il faut croire que ça ne suffisait pas pour évacuer ce qu’elle avait vu. Sur sa chaise, elle était tremblante.

Aussitôt, le sinnohïte pivota vers elle, inquiet. Il savait pertinemment ce qui était responsable de son état. Derrière lui, il sentit la jeune fille se rapprocher.

— Alors, qu’est-ce que t’as vu, Coralie ? s’empressa-t-elle de demander.
— Je peux confirmer qu’il n’est pas contre nous.

Les yeux rougis, la jeune femme adressa à l’adolescent un regard plein de tristesse et de compassion. Elle s’effondra soudain dans ses bras, évanouie. Il sut tout de suite qu’elle avait tout vu.

— Qu’est-ce qui lui arrive ? le questionna Coleene, par dessus son épaule.
— Je crois qu’elle s’est évanouie ! Son corps n’a pas supporté l’afflux soudain d’émotions fortes.

La mutante de feu fronça les sourcils.

— Si tu savais ce qui allait se passer, pourquoi tu l’as laissé faire ?!
— Amy maîtrisait parfaitement ce talent ! se justifia-t-il, confus. Comme Coralie est plus âgée, je pensais que c’était aussi son cas !
— Bworf ! Peu importe, en fait. Rends-toi donc utile. Aide-moi à la porter jusqu’en haut !

Samuel accepta. Il saisit Coralie par dessous les aisselles. Coleene elle, pris ses pieds.

Une longue série de marches plus tard, les deux ados portèrent la jeune femme jusque dans sa chambre. Heureusement, C’était la première à gauche. Une fois Coralie sur son lit, ils redescendirent.

À nouveau dans la salle principale, Coleene stoppa son camarade de classe qui la devançait.

— Écoute, l’immigré. Tu as gagné. Ton petit numéro m’a convaincue. J’admets que tu n’es pas mon ennemi.
— Donc, on peut repartir sur de bonnes bases ? sourit le brun, content.
— Calme-toi ! Ça ne veut pas dire que je te fais confiance ! L’évanouissement de Coralie prouve que tu sais très bien cacher ton jeu. Et que ce que tu caches est loin d’être anodin.

Les pupilles du jeune homme se dilatèrent de surprise. Elle comprenait décidément très vite.

Mais la tristesse reprit aussitôt le dessus. Il se mordit la lèvre, peiné. Non. Il ne pouvait pas lui en parler maintenant.

— Ce n’est pas le genre de choses qui se racontent au coin d’un bar.
— Peu m’importe ce que tu as fait. Saches juste que je t’aurais à l’œil…

La fille d’Edgar agrippa son casque. De l’autre main, elle s’empara de la bouteille de vodka, traînant toujours sur le bar, et bu une longue gorgée.

— … Bref. Assez parlé. Je te ramène à la pension. J’ai à faire, ce soir.

Samuel acquiesça, non sans hausser les sourcils. Il récupéra alors le casque qu’elle lui avait prêté.

Quelques minutes plus tard, Coleene le déposa devant la grille de la pension. Ne lui laissant qu’à peine le temps de descendre, elle repartit immédiatement.

==

Samuel se retrouva à nouveau dans le néant, c'était ainsi que ces cauchemars débutaient chaque fois.

Tout à coup, il se retrouva devant une statue de Dialga, assurément il se trouvait à Vestigion mais bien plus jeune. Le jeune homme avait huit ans.
En face de lui, se tenait une fille de son âge, à la chevelure châtain qui tombait sur ses épaules et aux yeux étonnamment rouges. Elle lui tendait la main en souriant.

— Salut ! Je m'appelle Amy, et toi ?
— Grégory, répondit il timidement.

La vue du sinnohïte se brouilla.

Une explosion retentit, suivie de cris. Maintenant, le jeune homme était plus vieux. Il allait sur sa seizième année. L'endroit était sombre : sous le choc, les plafonniers avaient explosé.
Le brun marchait difficilement, son bras gauche meurtri par des éclats de verres et d'acier. Il avait mal, très mal, mais il s'en fichait. Une seule chose l'obsédait : retrouver son amie dans ce capharnaüm apocalyptique.
Une douleur bien plus violente se réveilla alors au niveau de son torse. Il retira son vieux t-shirt déchiré, avant de découvrir qu'une lame métallique lui transperçait le thorax en un éclair ensanglanté.

Un peu plus tard, le garçon aperçut celle qu'il cherchait : Amy. La jeune fille, blessée elle aussi, se trouvait assise contre un pan de mur effondré, les jambes allongées. Son souffle était saccadé. Son corps, seulement recouvert par quelques bouts de tissus déchirés, était couvert de profondes griffures. Elle affichait un faible sourire pendant que le jeune homme se mettait à pleurer.

— Grégory ! J'ai froid, c'est normal ?

Le brun la couvrit comme il le put avec la banderole d'une supportrice. Il se voulut rassurant, malgré ses larmes.

— Oui, ne t’inquiète pas.

Amy aperçut la plus grande blessure de son ami. Délicatement, elle l'effleura.

— Tu es blessé ! Tu as mal ?
— Non, pas tant que ça. C'est surtout ton état qui me préoccupe.

La fille se mit à rire, nerveusement.

— Tu crois qu'on va s'en sortir ? J'ai peur.

Le jeune homme regarda autour d'eux. Le couloir, partiellement détruit par la bombe, était rempli par les gravats et les dépouilles des personnes s'y trouvant avant l'explosion. Allez savoir s'il y avait des survivants. L'air était chargé de particules de poussières. On n’y voyait pas à plus de deux mètres. Il éternua.

— Je ne sais pas ! Si on savait déjà ce qu'ils veulent. déglutit-il, terrifié.

Elle fut alors parcourue par un frisson.

— Je me sens pas bien, Grégory.
— Ne t’inquiète pas ! Je suis sûr que les secours vont bientôt arriver !
— Je crois pas qu'ils auront le temps, chuchota sa meilleure amie.

Cependant, paniqué, le brun ne l'entendit pas. Il épiai frénétiquement le moindre mouvement dans le corridor, de peur que les terroristes rappliquent.

— Putain ! Il sont vraiment cinglés ces types !
— S'il te plaît, embrasse-moi !

Encore une fois,le jeune homme ne l'écoutait pas. Du coup, elle tira son ami vers elle et colla ses lèvres aux siennes. Ce n'était en aucun cas irréfléchi ou fait dans le feu de l'action. Ils s'aimaient depuis un bon moment, mais ne se l'étaient jamais avoué. Ce baiser était chaud et doux, un véritable moment divin sortant du chaos.
Leur étreinte dura une minute, jusqu'à ce qu'Amy ferme les yeux, à tout jamais.
Le sinnohïte poussa un long cri de désespoir. Il pleurait, tout en gardant dans ses bras son amie, tandis que derrière lui, arrivait un individu armé qu'il ne vit pas.

==

James Monroe profitait du calme de la nuit. Il aimait observer Illumis du haut de son bureau, situé au dernier étage d’une tour du quartier d’affaire. James Monroe était un quinquagénaire aux cheveux gris plaqués en arrière. Toujours très propre sur lui, il ne quittait jamais son costume-cravate. Sa fonction, de toute manière, lui imposait un strict contrôle de son image. On pouvait souvent le voir à la télévision. James Monroe était directeur de la M.E.A.

Néanmoins, ce soir là, il n’était pas seul. À ses côtés, se tenait un colosse qui le dépassait de plus d’une tête. Lui aussi avait les cheveux gris, mais étonnamment, il était plus jeune. Trente ans, tout au plus. Comme un militaire, l’homme portait son arme, une lourde hache valkyrie, dans son dos. Même son corps témoignait de ses glorieux combats. Le plus flagrant était au niveau de son œil gauche, où une cicatrice lui zébrait le visage de haut en bas.

— Commandant Pierce, je vous avoue que le week-end a été riche d’enseignements…

Le dirigeant tendit une tablette tactile à son subalterne.

— … L’unité Mya a récupéré ces deux vidéos via les serveurs de la police. L’une vient d’une caméra de surveillance publique. L’autre a été perquisitionné à la résidence d’un industriel, suite à l’agression de quatre de ses vigiles.
— Et en quoi ça nous intéresse ? grogna le commandant.
— Regardez les plutôt ! On n’y voit l’assaillant, mais vous conviendrez vite que ce n’est pas le plus intéressant.

L’homme s’exécuta et démarra son visionnage. Les deux caméras avaient enregistré le combat entre Samuel et Coleene dans son intégralité. On voyait parfaitement l’affrontement mais difficile de reconnaître les deux adolescents. La résolution était trop faible.

Pourtant, à la vue de la jeune fille, le visage balafré du soldat se fendit soudain d’un sourire machiavélique. Malgré ces années, il l’avait reconnu.

— Enfin, nous nous retrouvons, ma très chère Coleene !

Son supérieur garda quant à lui le sérieux qui lui incombait.

— Vous vous en doutez, votre mission est de la retrouver au plus vite. Nous ne savons pas combien de temps elle restera sur Illumis.
— Bien sûr. Considérez que c’est déjà fait, monsieur. Et le garçon ? Vous savez qui c’est ?
— Non. Et il ne nous intéresse pas.

Pierce fronça les sourcils, peu convaincu.

— Et pourtant… Et pourtant, marmonna-t-il. Les attaques du gallame ne me sont pas inconnues. Je les ai déjà vues quelque part.
— Bref, je veux que cette mission soit un succès. Coleene Dorgman doit être entre nos mains le plus tôt soit le mieux.
— Je sais, monsieur !

Partant de ce pas préparer l’opération, le militaire disparut dans la cabine d’ascenseur.

Seul, James pianota un instant sur son appareil. Il transmettait les deux vidéos dans un mail. Le destinataire : un certain Augustin.