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Effacé de Lief97



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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 22/11/2018 à 11:35
» Dernière mise à jour le 25/03/2019 à 12:36

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 12 : Aux portes de la mort
« Il ne faut pas être plus prisonnier de ses amis que de ses ennemis. » Jules Vallès.


***


— Lyco, qu’est-ce que tu as fait ? cria férocement une voix féminine.
— Enfoiré ! rugit un homme. Sale traître !

Des voix, des cris, des pleurs ; le bruit des flammes qui grondent. Un souffle chaud, insupportable. Des bruits de pas précipités, des ordres secs, un fouet qui claque, une détonation sourde.

Une odeur métallique, presque enivrante. Une épaisse fumée malodorante. Les lueurs rougeoyantes, qui s’élèvent haut dans le ciel, dévorant tout sur la plaine à l’agonie. Le vent, froid, glacial. Les bruits lointains et étouffés.

Un sentiment amer ; regret, ou impuissance ?

Le souvenir s’étiole, se défragmente, s’échappe et devient poussière…


***


Lyco fut réveillé par une main secouant doucement son épaule. Il entrouvrit les yeux, et comprit qu’il n’avait pas eu le loisir de dormir bien longtemps. Lacrya le lâcha, et désigna du menton le groupe des pillards.

Comme ils s’en étaient doutés, les problèmes n’allaient pas tarder pour eux.

Darren et Boralf, envoyés par les bons soins de Galok en cellule d’isolation, n’étaient plus là pour protéger et diriger leur groupe. Résultat : Karyl se décidait à en profiter.

Lyco ignorait si sa stratégie était de rallier des pillards à son groupe, ou simplement de faire le malin devant eux, mais il s’était de nouveau levé et était entouré de ses deux gorilles préférés. Sa dernière approche des pillards s’était soldée par une humiliation devant tout le monde, lorsque Darren l’avait saisi à la gorge. Il pensait sans doute que les autres pillards, moins imposants et moins costauds, n’allaient pas faire long feu face à lui.

Bizarrement, Lyco fut inquiet pour eux. Amelis ne semblait pas méchante, et il espérai secrètement que Karyl n’allait pas s’en prendre à elle.

— Alors, bande de voleurs, lâcha négligemment Karyl.

Les pillards l’observèrent sans cacher leur dédain et leur dégoût. Ils n’étaient pas facilement impressionnables, visiblement. Leur assurance n’était pas la même sans leurs chefs, mais ils restaient dignes et fiers.

— Quoi ? grommela une jeune femme blonde, dans la vingtaine.

Aucune peur dans sa voix, aucun respect non plus. Karyl s’empourpra légèrement. La colère l’avait déjà envahi, comme le prouvaient ses poings serrés et la veine qui palpitait sur sa tempe.

— Votre chef est un sacré connard, et vous êtes comme lui, apparemment ! lança Karyl, irrité. Rejoignez mon groupe et aucun mal ne vous sera fait. Je vous apprendrai à me respecter, surtout toi, la garce.

Il désignait la jeune femme en question. Elle émit un court ricanement et se leva en époussetant ses vêtements plutôt bien conservés comparé aux autres prisonniers :

— Je m’appelle Ève, sombre abruti. C’est plutôt à toi qu’on devrait apprendre le respect !

Karyl semblait sur le point d’exploser. L’atmosphère du côté de son groupe semblait tendue. Au contraire, les pillards paraissaient de plus en plus décontractés. Comme rassurés d’avoir affaire à un type aussi facile à faire sortir de ses gonds.

Ève fit signe à un pillard de se lever. C’était un garçon, du même âge que Lyco à peu près, autrement dit qui frôlait bientôt la vingtaine. Ou alors il était un peu plus jeune ; ses traits durs devaient le vieillir un peu.

Plutôt grand, un peu moins musclé que Lyco, ses cheveux sombres mettaient en avant des yeux encore plus noirs, au regard profond. La très fine barbe qui recouvrait son menton et son front large lui donnaient un air adulte et mature. Il semblait plutôt calme et introverti, de ce qu’avait observé Lyco pendant ces quelques jours de cellule.

Karyl le regarda avec méfiance puis cracha :

— Quoi ? Ça veut dire que vous venez dans le groupe ? Ou vous voulez vous frotter à nous ?

Ève sourit.

— Oh, pas besoin de nous frotter à vous. Bakrom peut très bien vous saquer d’un seul coup chacun.

Le jeune homme sombre fit un pas vers Karyl et ses deux gorilles. Le regard intense du pillard sembla les paralyser un bref instant. Ève ajouta en se rasseyant :

— C’est un excellent combattant, même s’il n’a pas été entraîné bien longtemps. Il avait un bon enseignant. À votre place, je retournerai me coucher.

Karyl lâcha une pluie de jurons :

— Vous deux, tabassez cet enfoiré, on s’occupe de la fille juste après !

Les deux colosses acquiescèrent avant d’armer leurs poings et de se préparer à attaquer le dénommé Bakrom, qui les regardait, impassible, sans rien dire.

L’un des deux hommes de main de Karyl lança son poing vers le visage du garçon. Celui-ci esquiva d’un simple pivot du buste, puis frappa.

Un coup, un seul.

D’une fulgurance à couper le souffle.

Un tygnon aurait sans doute offert le même résultat.

Le colosse lâcha un gargouillis et plaça ses mains à son cou en titubant. Bakrom le poussa du bout des doigts et le titan s’affala par terre, sur un matelas, en gémissant de façon ridicule.

L’autre colosse, béat, regarda son camarade à terre. Karyl recula de quelques pas, effaré.

Bakrom n’esquissa aucun sourire et soupira :

— Ridicule.

Il retourna s’asseoir, entre Ève et Amelis. Karyl, étrangement obéissant, retourna à sa place près de son feu de camp pendant que son deuxième gorille traînait le premier, à moitié assommé, auprès d’eux. Aucun des soldats, à l’extérieur, ne semblait avoir remarqué la scène, trop occupés qu’ils étaient. Il fallait dire qu’elle s’était déroulée très rapidement.

Lacrya ne se retint pas de rire avec Hank et Othéus, à voix basse. Les autres membres du groupe de Karyl semblaient avoir perdu confiance en leur propre chef. Il s’était ridiculisé deux fois en deux heures !

Lyco, lui, restait sceptique. Outre l’humiliation de Karyl, dont il se fichait éperdument, il accorda une plus grande attention aux pillards. Amelis, sa chevelure brune envoûtante et son sourire franc. Bakrom, le mystérieux garçon adepte de sports de combat. Et Ève, la jeune femme qui semblait avoir pris la tête du groupe en l’absence de Darren et Boralf.

Cette dernière, jeune et fine, avait des cheveux blonds attachés en queue-de-cheval, et un regard azur aussi limpide que le cristal. Sa peau pâle, pailletée de petites taches de rousseur, mettait en valeur des pommettes hautes. Bien que d’apparence anodine et innocente, son caractère fort semblait plutôt la rapprocher de celui de Lacrya, qui n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds… elle approchait de la trentaine, certainement, mais au contraire de Bakrom, son caractère enjoué et taquin la rajeunissait un peu.

C’était fou ce que ces pillards impressionnaient Lyco. D’où venaient-ils ? Pourquoi savaient-ils si bien se battre ? À quoi ressemblait… le vrai monde, dehors ?

Conscient que personne ne comptait lui répondre de toute manière, il tourna le dos aux conversations pour essayer de trouver le sommeil.

Rêvant de liberté.



***


— Entrez ! dit le gouverneur Mervald en levant les yeux de sa paperasse.

Il fut surpris en voyant Garûnd entrer dans son bureau.

— Qu’y a-t-il ? Un problème ?
— Non, maître. Une bonne nouvelle venue tout droit de vos troupes. Nous avons capturé de nouveaux pokémons.
— Oh, de quel genre ?
— Des carnivores, comme vous l’aviez demandé. Une meute entière de ptyranidurs menée par un rexilius noir.

Le gouverneur haussa les sourcils et se leva, surpris mais souriant :

— Intéressant ! Un rexilius noir, tu dis ? C’est peu commun, comme couleur.
— On pense qu’il a une de ces fameuses nouvelles maladies. Mais ça n’a pas l’air d’affecter sa force ou son agressivité. Il est enfermé en face de la porte du Condamné. Sous la surveillance de Zak.
— Très bien. Tu lui diras que nous utiliserons ces nouveaux pokémons et le rexilius au prochain tournoi. Tu le remplaceras pour surveiller le Condamné cette nuit.
— Bien, maître.
— Tu peux disposer. Et amène-moi Molch, qu’il vienne soigner ma migraine au plus vite !



***


Le soleil caressa son visage fatigué.

Ah, que c’était agréable, de se retrouver enfin dehors. À chaque fois, c’était une libération. Lyco avait l’impression que le poids du béton qui le maintenait enfermé s’envolait, pour lui permettre de mieux respirer. Il faisait chaud et sec, la lumière était presque aveuglante et de la poussière s’envolait à chaque rafale de vent, mais c’était mille fois plus beau que les murs sales et poisseux de la cellule collective. Et cette odeur de sueur qui empuantissait l’air disparaissait enfin…

Il suivit son groupe dans leur coin d’ombre. Lyco savait que cette promenade ne durerait pas plus d’un quart d’heure. Après quoi, il irait soit combattre dans
l’Arène, soit il retournerait se tourner les pouces en cellule, craignant ne jamais revoir certains de leurs amis qui iraient combattre.

Bizarrement, et contrairement à la grande majorité des prisonniers, il préférait de loin aller se battre dans l’Arène que d’attendre les survivants. Il aimait trop être à l’air libre, et ça permettait d’entretenir son corps de plus en plus éreinté par l’enfermement. En plus de ça, ses réflexes instinctifs lui donnaient plus confiance que s’il laissait ses compagnons affronter la mort sans lui.

Othéus s’assit au sol avec des gestes lents.

Depuis sa crise, moins d’une semaine auparavant, il était moins vif. Souvent essoufflé. Il parlait un peu moins. Mais, fier comme il l’était, il refusait qu’on l’aide ou qu’on le plaigne. Il préférait rester digne. Et il évitait soigneusement le sujet.

Hank semblait morose ; il était proche du vieil homme et le voir dans cet état lamentable le rendait triste, lui qui d’ordinaire alimentait bien des conversations. Lyco avait évidemment remarqué l’inquiétude grandissante de Lacrya, également. Mais il ne trouvait pas les mots pour aborder le sujet avec elle, et puis de toute façon il était évident qu’elle l’aurait rejeté. Elle aussi, elle était trop fière pour être consolée de quelque manière que ce soit.

Lyco jeta un œil à la bande de Karyl, presque deux fois plus nombreuse que la leur, depuis la fournée de prisonniers arrivés la veille ; ils ne leur prêtaient aucune attention. Les pillards, qui avaient de nouveau parmi eux le colossal Darren et leur colonel Boralf — avec un œil au beurre noir grâce aux bons traitements de Galok — semblaient toujours aussi calmes.

La perspective d’un combat en Arène était d’habitude synonyme de mort et de blessures, mais pour eux, ce ne semblait être qu’une agaçante formalité.
— La foule est en délire, aujourd’hui, commenta un homme du groupe.

Hank soupira :

— C’est clair. Ils gueulent plus que d’habitude, ces fous furieux.

En effet, les bruits de la foule amassés de l’autre côté du mur, dans les gradins, étaient déjà audibles. Lyco tendit l’oreille, car quelque chose paraissait étrange. D’autres cris se mêlaient à ceux de la foule, plus graves et sauvages.

— J’entends des pokémons, je crois… lâcha-t-il avec hésitation.

Les autres écoutèrent, puis Othéus acquiesça :

— On dirait bien. Ils doivent sûrement être en train de les répartir dans les différentes trappes. Le public doit être bien content de voir les pokémons qui vont nous affronter tout à l’heure !
— Vu leur excitation, ça ne va pas être facile, rétorqua Lacrya en grinçant des dents. Ce sont sûrement des pokémons qu’on n’a jamais vu dans le coin.

Un silence tendu lui répondit. Quel genre de distraction Mervald avait-il préparé cette fois-ci ?

— En rang, sacs à merde ! s’écria Galok, le chef des gardes.

Son crâne chauve reflétait autant la lumière du soleil que le canon de sa mitraillette. La dizaine de gardes armés qui le suivaient convainquit tout le monde de se mettre rapidement en rang serré ; il aurait été bête de perdre l’usage d’un membre avant même de commencer le tournoi.

Un soldat commença à leur faire piocher les plaquettes de bois.

Karyl arbora fièrement sa plaquette « Exempté » aux yeux de Darren, qui semblait au contraire participer de nouveau.

Lyco vit venir le tour d’Othéus, exempté lui aussi, puis Hank, « Participant ». Le garçon piocha sa plaquette quand le soldat s’arrêta devant lui avec sa boîte. Il écarta les yeux de surprise.

« Exempté ». C’était une première pour lui. Il espéra que Hank et les membres de son groupe allaient être assez nombreux pour pouvoir se défendre convenablement, mais pas trop pour ne pas être la cible prioritaire des pokémons…

Lacrya à sa gauche grimaça. Elle allait combattre. Lyco lui adressa un bref sourire encourageant mais n’eut pas vraiment le temps d’en dire plus ; la distribution des plaquettes se termina et Galok vociféra :

— Les participants, en file indienne de l’autre côté, plus vite que ça ! Les autres, en cellule ! Allez, tas de bouseux, bougez-vous le cul !



***


Dès que les portes de l’Arène s’ouvrirent, Lacrya bondit en avant, ignorant la soudaine lumière et les rugissements de la foule endiablée massée sur les bancs au-dessus d’eux.

De toute façon, depuis le temps qu’elle était là, elle était habituée. Et les spectateurs aussi étaient habitués à elle ; certains prisonniers devenaient, aux yeux de ces enfoirés, de véritables stars du combat. Elle entendait parfois quelqu’un scander un surnom dans la foule, qu’elle devinait être le sien :

— La démone !

Elle ignorait qui avait commencé par l’affubler d’un pseudonyme pareil, mais si elle le trouvait un jour, elle se promettait de le remercier à grands renforts de coups de poings.

Elle fondit sur son arme de prédilection et saisit celle d’Hank, avant que quiconque n’ait pu le lui emprunter. Les trois autres membres du groupe choisis par le hasard des plaquettes s’emparèrent d’armes légères pendant que les autres groupes se battaient presque pour attraper les épées les plus imposantes.

Lacrya était inquiète. Hank était un survivant expérimenté, certes, mais du fait de ses longs mois de vie entre ces murs, il se battait moyennement bien, à la fois à cause de la fatigue, de la faim et des conditions de vie de la prison. Et les trois autres membres du groupe, s’ils n’étaient pas des plus anciens et ceux auxquels tenait le plus Lacrya, savaient à peine se défendre, ce qui signifiait qu’il allait falloir les protéger. Bon, après, tout dépendait des pokémons qu’ils allaient affronter.

Les pillards n’étaient pas très nombreux à avoir été sélectionnés. Darren, le chef, était accompagné d’Ève, cette jeune femme exubérante, et Bakrom, le mystérieux jeune homme à l’air revêche. Ils n’étaient que trois, mais au contraire le groupe de Karyl était impressionnant, gonflé par les prisonniers tout récents ramenés par Mervald. Une quinzaine de solitaires s’étaient dispersés dans l’Arène, penauds sur ce qui pouvait arriver.

— Derrière la colonne ! s’exclama Lacrya en désignant un côté un peu ombragé de l’Arène.

Hank la suivit ainsi que leurs trois alliés ; il était nécessaire de s’abriter à l’écart avant que les pokémons ne soient lâchés dans l’Arène. Et si les créatures en question avaient mauvaise vue, rester dans l’ombre permettrait de retarder le moment où ils seraient attaqués.

Lacrya s’arrêta pourtant avant d’atteindre leur habituel point de repère. Hank, fébrile, la questionna :

— Quoi ? Pourquoi tu t’arrêtes, Lacrya ? Allons-y !
— Non, je viens de penser à un truc… souffla-t-elle.
— Hein ?
— Cette grille, juste là-bas ! Elle est toute proche de la colonne. Ils ne s’en étaient jamais servis avant la dernière fois, mais à mon avis, ils vont le faire de nouveau. C’est ce dont Othéus parlait : les pokémons ont été répartis tout autour de nous. Mervald en a eu marre de les voir surgir d’un seul côté à la fois. Tu ne crois pas ?
— C’est vrai que ça lui ressemblerait bien, affirma Hank avec anxiété.
— Faisons comme Darren, restons au centre de l’Arène.
— Quoi ? s’étrangla la seule autre femme du petit groupe. À découvert ?
— C’est plus sûr. Il y a toujours ces quelques rochers pour nous aider, même s’ils ne dépassent pas un mètre de haut.

Lacrya n’attendait pas que quelqu’un réfute son idée et elle s’élança au centre de l’Arène. Elle entendit ses camarades la suivre ; ils ne pouvaient se résoudre à se séparer, de toute façon. Cela aurait signé leur arrêt de mort, à tous.

Ils se positionnèrent en cercle, à une dizaine de mètres à peine des trois pillards. Darren et Bakrom ne les regardèrent même pas, mais Lacrya croisa le regard intelligent et légèrement méfiant d’Ève. Elle ne s’en soucia pas car déjà, Mervald s’était levé devant son trône et écartait les bras. La foule l’acclama et les grilles se soulevèrent dans un cliquetis menaçant, avec une lenteur mesurée.

Lacrya regarda autour d’elle ; une grille, deux grilles, trois grilles… Les quinze grilles différentes qui s’ouvraient autour de l’Arène lui donnèrent des frissons. Seule celle par laquelle les prisonniers étaient envoyés au combat restait impitoyablement fermée.

— Tenez-vous prêts ! lança Hank. On reste soudés, quoi qu’il arrive. On va s’en sortir ensemble, comme d’habitude, compris ?

Les trois autres répondirent à ses encouragements, confiants. Lacrya resta silencieuse ; elle tendait l’oreille pour tenter de reconnaître les cris des bêtes qui semblaient s’approcher des ouvertures.

Elle fronça les sourcils. Elle ne connaissait pas ces cris, mais ils semblaient assez inquiétants. Rauques, secs et graves, probablement des pokémons assez trapus, ou à gueule large. Autrement dit, plutôt des colosses lents que des pointures en vitesse. Un bon point.

Un ptyranidur émergea d’une des grilles en lâchant un cri qui ressemblait légèrement à un aboiement.

Lacrya grimaça. Elle s’était trompée ! En plus d’être costauds et assez imposants, ces saletés pouvaient se mouvoir rapidement. Et attaquer en groupe, de manière raisonnée. Leur seule faiblesse était leur manque d’agilité, à cause de leur peau épaisse typique de bien des types Roche.

— Visez leurs yeux ou leur gueule, jugea bon de rappeler Lacrya à ses congénères. Il doit être possible de percer le dessous de leur ventre si vous avez une bonne arme.
— Compris, fit une voix dans son dos.

Les ptyranidurs semblaient hésiter à sortir des trappes ; Lacrya dénombra ceux qui étaient visibles, encore à moitié dans la pénombre des entrailles de l’Arène. Il devait y avoir une trentaine d’individus, qui se regroupaient lentement vers l’une des trappes, en prenant soin de se tenir éloignés des humains dans l’Arène.

Lacrya trouvait leur comportement étrange. Ils ne semblaient pas aussi affamés que certains pokémons enfermés par Mervald. Ils devaient avoir été capturés récemment. Peut-être que cela expliquait leur manque d’agressivité ?

Ou alors était-ce pour une tout autre raison ?

Un long grondement sourd monta d’une des trappes. Lacrya n’y voyait rien à contrejour, mais elle crut discerner un mouvement dans la plus éloignée de l’Arène.
Un mouvement qui laissait penser qu’une chose énorme était en train de sortir à pas lents de sa cavité.

Une énorme patte griffue apparut en pleine lumière.

Le grondement s’intensifia.

Même le public de l’Arène sembla momentanément très silencieux.

Puis la silhouette d’un géant émergea de l’ombre. Il dépassait les quatre mètres, ce qui était bien plus que la moyenne de son espèce. Lacrya vit avec horreur des crocs de vingt centimètres briller dans sa gueule terrifiante.

Un rexilius noir.



***


On entendait, venus de très loin, les bruits de la foule qui se répercutaient jusque dans la cellule collective.

Se retrouver dans cette salle sombre et humide, en nombre réduit, alors que la moitié des colocataires se battaient à mort dehors… était une sensation étrange, que Lyco avait du mal à garder pour lui.

Il avait même la gorge nouée par l’angoisse. Lacrya et Hank étaient là-haut, presque seuls. Le garçon espérait de tout cœur qu’ils n’allaient pas être gravement blessés, ou tués. Ils comptaient parmi ses seuls amis.

Il aurait mille fois préféré retourner là-haut pour leur venir en aide !

Othéus lâcha un cri de douleur près de Lyco, le faisant sursauter.

Le vieil homme, assis en tailleur, respira bruyamment puis tomba en arrière, sur un matelas rapiécé. Comprenant qu’il faisait une nouvelle crise, le garçon se pencha aussitôt sur lui pour le retenir ; d’autres lui vinrent en aide.

Othéus était de nouveau secoué de spasmes incontrôlables. Rongé par l’inquiétude, Lyco vit du coin de l’œil le plus jeune du groupe aller chercher de l’eau au fond de la cellule, dans la petite source qui coulait dans le mur. Il épongea le front brûlant d’Othéus qui continuait de gigoter et de grogner sous la douleur.

— Tiens-bon, Othéus… grogna Lyco entre ses dents serrées, tout en empêchant le vieil homme de trop gigoter.

Karyl ricana à quelques mètres de là, mais il l’ignora. Cet imbécile mériterait certainement un poing dans la figure, mais là, il avait autre chose à faire que perdre son temps avec cet abruti.

Lyco maintint les bras d’Othéus, priant silencieusement pour que sa crise s’arrête.