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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 30/11/2018 à 10:14
» Dernière mise à jour le 25/03/2019 à 12:30

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 13 : Duel contre le tyran du désert
« Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit. » Khalil Gibran


***


Lacrya se sentit tressaillir. La terreur lui enserra brièvement la gorge, envahit et bloqua ses poumons, la fit écarquiller des yeux.

Le Rexilius noir, ce géant du désert issu d’un autre temps, s’avança lentement et pesamment en dehors de sa cage. Il entra intégralement dans l’Arène, dévoilant sa silhouette trapue mais agressive, sa carapace épaisse, ses crocs pâles et acérés.

Les ptyranidurs semblaient excités, désormais. Ils restaient près des pattes anormalement grandes de ce rexilius hors norme, mais semblaient prêts à en découdre.

Lacrya se rendit compte que la plupart des prisonniers avaient reculés de plusieurs mètres. Même les pillards avaient bougé, et Lacrya fut abasourdie de voir Ève, Darren et Bakrom avec un visage soudain en proie à la surprise et au doute.

— Hank, lâcha faiblement Lacrya pour lui parler.

L’homme ne répondit pas. Elle se tourna vers lui, mais il gardait le regard fixé sur le Rexilius.

Lacrya se rendit alors compte de l’étrange silence qui pesait sur l’Arène. Le public lui-même était effrayé. Des vagues de murmures l’agitaient, en lieu et place des cris et applaudissements enragés.

Le Rexilius Noir rejeta la tête en arrière et poussa un rugissement si puissant que le sol en vibra. Lacrya vacilla, surprise, et comprit qu’il s’agissait d’un signal d’attaque ; les ptyranidurs se divisèrent en petits groupes. L’un de ces groupes, comptant six pokémons, fonça droit sur Lacrya et ses trois alliés. La jeune fille vit du coin de l’œil que le Rexilius et sa silhouette énorme se jetait aux trousses de deux prisonniers solitaires qui hurlèrent à la mort. Ils n’allaient pas s’enfuir très loin, vu les enjambées du monstre.

Lacrya ne porta pas plus d’attention que ça au pokémon Alpha qui allait probablement tous les réduire en pièces. Elle esquiva la mâchoire d’un ptyranidur, et en bloqua une deuxième avec son sabre.

Elle se retourna avec vivacité et enfonça sa lame dans la gueule ouverte d’un des reptiles, qui s’écroula, secoué de spasmes. Lacrya bondit derrière l’un des pokémons, et son arme décrivit une courbe élégante avant d’ouvrir le ventre d’un carnivore imprudent.

— Hank ! Leur ventre est bien moins solide qu’on le croyait !

Elle lâcha sa phrase avec décontraction, mais elle était tendue. Elle espérait remonter le moral de son groupe. Ça n’eut pas l’air de bien fonctionner.

La femme du groupe lâcha un cri de douleur. Lacrya pivota et remarqua que deux ptyranidurs venaient d’arracher le bras droit de leur alliée ; le sang giclait de son épaule et dégoulinait sur son corps alors que son arme était tombée sur le sol poussiéreux de l’Arène, inutile.

— Aidez-moi, aidez-moi ! hurla la blessée d’un air horrifié.

Lacrya voulut intervenir. Elle connaissait cette femme depuis à peine deux semaines, et bien qu’elle ne lui parlait que très peu, elle lui avait paru sympathique.

Hors de question de l’abandonner.

La jeune fille bondit. Elle devait faire vite, car un pokémon approchait voracement. Lacrya plongea sa lame dans le ventre du ptyranidur qui tentait d’ingérer le bras en lambeaux, et elle contourna vivement la femme aveuglée par la douleur pour intercepter l’ennemi.

Le ptyranidur marqua un temps d’arrêt, surpris, et Lacrya lui trancha proprement la gorge. Elle se retourna vers la femme :

— Reste près de moi, je te protège !
— Aidez-moi, aidez-moi…

La blessée s’était agenouillée au sol, le regard dans le vide, et murmurait sans cesse les mêmes mots. Lacrya grinça des dents et tua un pokémon trop curieux qui avait osé s’approcher.

Il fallait qu’elle voie les choses en face ; leur alliée était devenue un poids mort. Elle ne survivrait pas. Surtout avec un bras en moins et si elle continuait à gémir ainsi.

— Désolée, souffla Lacrya, terriblement peinée.

Elle s’empêcha tant bien que mal de sangloter en s’éloignant de la femme qui devînt aussitôt la proie d’une demi-douzaine de pokémons. Lacrya prit soin de ne pas regarder, et elle se regroupa avec Hank et l’homme qui était leur seul et dernier allié dans cette bataille perdue d’avance.

— Regarde ! cria Hank à Lacrya, en désignant l’autre bout de l’Arène.

Le groupe de Karyl se faisait décimer. Des dizaines de corps jonchaient déjà le sol. Une véritable rivière de sang sinuait sur le sable, formant une mare glissante et dangereuse. Le Rexilius Noir happa un solitaire qui tentait de lui échapper, et l’avala tout rond.

— C’est… C’est terrible… chuchota Lacrya. Qu’est-ce qu’on peut faire contre ça…

Les pillards avaient, comme eux, échappé au pire et accueilli comme il se doit les petits groupes isolés de ptyranidurs. Mais ça n’allait pas durer. Bientôt, très bientôt, il ne resterait qu’eux dans l’Arène. Certes, ils ne finiraient pas forcément dévorés puisque les pokémons auront été rassasiés, mais Lacrya doutait fort que le Rexilius et sa meute allaient les laisser gentiment sur leur nouveau terrain de jeu…

Le public était fou de joie dans les gradins. Lacrya se sentit déboussolée. Pourquoi ? Pourquoi un combat si inégal ? Mervald voulait donc à ce point vider ses cellules de prisonniers ? Lacrya n’avait pas d’alliés sur qui compter pour mener une attaque d’envergure. Hank était un piètre combattant et l’homme qui était avec eux n’en menait pas large non plus. Il ne serait pas prêt à passer à l’attaque, c’était certain.

Si seulement Lyco avait été là ! Lacrya aurait pu tenter quelque chose avec lui. Ce Rexilius ne devait pas être invincible…

Lacrya eut soudain une idée. Elle pivota et vit que les pillards n’étaient qu’à une dizaine de mètres d’eux, combattant un ptyranidur qui semblait agacé par leurs esquives. Elle s’approcha, entendant Hank et leur allié la suivre.

— Hé, Darren ! lança Lacrya.

Le colosse acheva le pokémon de son énorme hache et se retourna sans un mot. Son regard d’acier croisa celui de Lacrya sans broncher. La jeune fille s’expliqua en jetant un coup d’œil vers l’autre côté de l’Arène :

— Une alliance, ça vous va ? On pourra jamais s’en sortir en restant chacun de notre côté.

Darren grommela quelque chose. Il semblait d’un avis contraire. Ève, la femme blonde à l’air dédaigneuse, soupira :

—Allez, Darren. C’est provisoire. Ce sera moins risqué à six qu’à trois. Bakrom, tu suis ?

Le garçon acquiesça légèrement la tête pour marquer son accord. Darren finit par grogner.

— Bon, très bien. Tu as une idée, fillette ?

Lacrya se serait outrée de ce surnom en d’autres circonstances, mais elle avait autre chose à penser.

— Éliminer les ptyranidurs. Attaquer le gros après.
— Et où voudrais-tu qu’on frappe ce monstre ? s’étonna Ève. Faisons-le courir jusqu’à épuisement, plutôt !

Darren secoua vigoureusement la tête :

— Ève, nous ne sommes pas tous taillés pour la vitesse comme toi ! Et je doute que ce monstre s’épuise dans cette Arène. C’est le Rexilius Noir. J’ai entendu des rumeurs sur lui, dans le Désert de la Désolation.

Lacrya s’agaça :

— On s’en fiche, des rumeurs ! On n’a pas le temps de discuter !

Un prisonnier fut broyé par la patte postérieure du Rexilius. Son cri se brisa net, tout comme sa colonne vertébrale. Des prisonniers du groupe de Karyl couraient vers eux, séparés de leur chef plus loin dans l'Arène.

Des ptyranidurs furent attirés dans leur sillage. Lacrya se mit en garde :

— Merde ! Tuez-en le plus possible. L’autre ne va pas tarder à les suivre !

Lacrya se positionna de biais, dos à Hank. Leur allié, les jambes flageolantes, resta en retrait, les mains serrées autour de la poignée de son épée rouillée.

Lacrya fut rassurée quand Darren et sa hache géante se placèrent près d’elle, et tout autant quand Bakrom et Ève, armés respectivement d’un sabre recourbé et de deux longs couteaux, chargèrent le premier pokémon qui les atteignit.



***


Lyco cessa bien vite de se préoccuper et de s’inquiéter pour Lacrya, Hank et leurs alliés restés dans l’Arène, quand Othéus attira l’attention de tout le monde.
Une autre crise le faisait s’égosiller et convulser sur le sol.

Précipitamment, quelques alliés intervinrent pour l’immobiliser sur un matelas. Le vieil homme lâchait des cris rauques de plus en plus sourds, comme s’il peinait à trouver de l’air.

— Tiens bon, Othéus ! dit Lyco en lui maintenant un bras.

Le vieil homme s’agitait, se démenait ; ses yeux étaient injectés de sang, les rides de son visage se tordaient en grimace effrayante. La douleur qu’il éprouvait semblait terrible.

Le jeune homme sentit ses yeux s’embuer de larmes. Cela le surprit, car c’était la première fois qu’il était tenté de pleurer depuis son arrivée dans la prison. Il n’avait pas souvenir d’avoir pleuré autrefois, faute à sa mémoire supprimée, mais là, voir un de ses seuls amis dans un tel état le secouait fortement.

Cette sensation de vouloir réprimer des sanglots, elle, était étrangement familière. Il se contint non sans mal face à ce spectacle effrayant.

Le vieil homme bougeait de moins en moins, sa respiration était saccadée. Il semblait si pâle, si faible.

— Othéus, tu m’entends ? demanda un homme.

Le vieillard hocha lentement la tête et ferma les yeux. Sa respiration fatiguée s’affolait moins, mais jamais Lyco n’avait vu Othéus aussi mal en point. Il n’avait pourtant aucune blessure physique. C’était donc la faute à l’âge ou une maladie quelconque. C’était injuste de mourir ainsi, sans pouvoir se battre une dernière fois, sans pouvoir rien faire. Sans avoir le choix de lutter pour vivre.

Impuissant, Lyco observa le visage de ses alliés. Ils étaient comme lui, inquiets et angoissés.

Othéus était le liant du groupe, presque la voix de la sagesse. S’il venait à disparaître, Lyco doutait que le groupe continue ainsi. Ils n’étaient pas aussi soudés que les pillards. Ils étaient juste des alliés pour survivre.

La fin d’Othéus, s’il y en avait une, signerait la fin du groupe. Mais Lyco gardait espoir. Othéus n’était pas n’importe quel vieil homme.

Il croisa les doigts en songeant à ses camarades restés en surface.

Et eux, allaient-ils revenir en vie ?



***


Lacrya se servit d’un des ptyranidurs à terre comme d’un appui pour bondir vers un autre, bien vivant celui-là, et qui ne la vit pas lui tomber dessus.

La lame s’enfonça dans sa nuque, un flot de sang en jaillit et le pokémon lâcha des glapissements avant de s’éloigner, effrayé. Il mourrait dans quelques minutes, aussi Lacrya ne prit la peine de le poursuivre pour l’achever.

Elle se retourna et constata à quel point l’Arène était un lieu de massacre.

Des cadavres d’humains comme de pokémons jonchaient le sol. Jamais Lacrya n’avait vu ni senti autant de sang. D’ailleurs, quelques prisonniers semblaient s’être évanouis sous le coup de l’émotion. Lacrya en repéra même deux ou trois qui faisaient les morts, un peu plus loin. Les ptyranidurs, déjà rassasiés, ne faisaient même pas attention à eux ; c’était sans doute une solution viable, si on avait la chance de son côté.

Lacrya songea que simuler une mort était trop lâche pour elle. Et trop risqué. Ce Rexilius Noir avait en effet l’air de s’amuser avec des corps, à quelques dizaines de mètres, les croquant en partie ou les écrasant avec fureur.

— Attention, Lacrya ! s’écria Hank.

Elle pivota et vit la gueule béante d’un reptile qui lui fonçait dessus.

Surgie de nulle part, une silhouette frappa et la bête s’écroula sans bruit.

Pendant un instant, Lacrya crut qu’il s’agissait de Lyco et l’espoir l’envahit… Mais non, c’était stupide de sa part. Il s’agissait de Bakrom, le ténébreux jeune homme qui semblait si peu prompt à ouvrir les discussions.

— Merci, lâcha Lacrya avec méfiance.

Ève, Darren et Hank les rejoignirent au pas de course. Ils venaient de tuer pas moins d’une dizaine de ptyranidurs en quelques poignées de secondes. Lacrya était impressionnée.

Elle croisa le regard attristé d’Hank qui lui désigna, au loin, le corps de leur allié. Il ne restait qu’eux deux.

Quelques prisonniers solitaires erraient encore ici et là, loin du Rexilius Noir. Les membres du groupe de Karyl, eux, n’étaient plus ; à part leur irritable chef, caché derrière un rocher et tenant le cadavre d’un de ses gorilles comme bouclier humain.

Enfin, le Rexilius Noir pivota. Il remarqua l’absence de sa meute.

Son rugissement furieux fit trembler le sol une nouvelle fois.

Puis le pokémon fondit sur eux, tel le prédateur qu’il était.



***


— Ce tournoi est plaisant, lâcha le gouverneur Mervald en grignotant des grains de raisin. N’est-ce pas, Molch ?

Le Mutant Psy, debout près du siège du gouverneur, s’inclina poliment pour marquer son accord.

Le gouverneur observa le Rexilius Noir. La bête rata de peu le petit groupe de résistants qui tentait encore de survivre. Il sourit :

— Ils se débrouillent. J’aime bien ce Rexilius aussi. Nous pourrions en faire la star de l’Arène, non ? Il n’a pas l’air facile à tuer, et c’est agréable de le voir s’acharner sur les corps. En plus, ça fait toujours du bien aux cellules de se retrouver vides de temps à autres. On reçoit trop de prisonniers, ces temps-ci…
Le gouverneur se tourna vers un soldat et lui fit un signe de la main ; celui-ci lui tendit un verre qu’il remplit d’un des meilleurs vins qui existait encore dans ce monde.

Le gouverneur porta le verre devant ses yeux et prit un air presque carnassier.

— Le rouge. Quelle belle couleur…



***


La large mâchoire du Rexilius claqua dans le vide ; Lacrya avait bondi et esquivé de justesse les dents rougies du monstre de roche. Pendant un instant, elle croisa le regard fou et tourmenté de la bête, comme si le temps s’était figé. Son instinct reprit le dessus quand le pokémon pivota, et elle évita un coup de tête sans trop savoir comment.

L’ouverture laissée par le monstre permit cependant à Darren d’enfoncer sa hache dans l’une de ses jambes trapues, et il se retourna aussitôt vers le responsable, furieux mais sans avoir l’air dérangé par sa plaie.

Lacrya leva son sabre au-dessus de sa tête et frappa entre deux écailles noires ; du sang coula, mais là encore, cela ne sembla pas affecter beaucoup le monstre. Ève et Bakrom faisaient de même un peu plus loin, alors que le Rexilius balayait les environs de sa queue pour éloigner les moustiques qui le piquaient.

Hank, légèrement en retrait, ne put se résoudre à attendre plus longtemps sans agir. Il s’avança aux côtés de Lacrya et ils donnèrent ensemble un coup sur la patte droite du pokémon.

Ce dernier rugit ; le sol commença à trembler.

— Séisme ! prévint Ève. Reculez !

Les combattants s’éloignèrent précipitamment. Mais l’attaque, à grande portée, les fit tous trébucher. Lacrya fit attention à ne pas perdre son arme, car la moindre erreur dans ce genre de moment pouvait être fatale.

Elle se releva alors que les vibrations s’amenuisaient ; le monstre, immobile, souffla bruyamment. Puis, surgie de nulle part, une onde de noirceur émana de lui.
Une vibrobscur.

Lacrya se demanda comment ce pokémon connaissait l’attaque. À moins que Mervald ne lui ait fait apprendre via une méthode de laboratoire peu recommandable, il était impossible pour le Rexilius d’utiliser une capacité comme celle-là.

L’onde de choc projeta tout le monde à distance, les dispersant un peu partout. Lacrya redressa la tête ; Hank n’était qu’à une vingtaine de mètres. Mais il avait lâché son arme.

Le Rexilius cessa d’être statique et fonça droit sur lui. Lacrya se releva et courut dans sa direction. Hors de question de laisser Hank seul face à ce monstre !

Le Rexilius, plus rapide que ce que Lacrya avait pu estimer, atteignit Hank en premier. Un violent coup de tête frôla l’homme, mais l’attaque suivante, un balayage surpuissant de son appendice caudal, le prit au dépourvu.

Le choc souleva Hank et le projeta violemment contre un mur de l’Arène. Lacrya entendit avec horreur des os craquer.

— Non ! hurla-t-elle en accourant.

Le Rexilius rugit encore ; la jeune fille, l’ignorant totalement, se rua vers Hank. L’homme, étendu sur le côté, ne bougeait plus.

Le pokémon se serait démené sur elle sans l’intervention des trois pillards qui le narguèrent pour l’attirer vers eux et mieux l’affronter.

Lacrya dérapa sur le sable imbibé de sang et tomba à genoux près de Hank. Elle posa une main sur son épaule.

— Hank ! Hank ! Ouvre les yeux ! Tu m’entends ?

Elle se pencha au-dessus de lui et le retourna sur le dos ; elle remarqua que sa poitrine se soulevait encore, légèrement. Un souffle infime jaillissait de ses lèvres.
La jeune fille nota l’angle bizarre que formaient ses jambes, ainsi que son épaule déboitée, et devina que son bras droit était cassé. Il ne pourrait jamais retourner en cellule dans cet état lamentable. Il mourrait avant que Molch ne daigne venir le soigner.

Contre son gré, des larmes coulèrent sur les jours de Lacrya. La jeune fille sentit sa poitrine être prise d’un sanglot incontrôlable.

— Hank, non ! Tu ne peux pas nous laisser maintenant…

L’homme rouvrit alors les yeux ; l’un d’eux était rougie par le sang d’une entaille qui s’était formé sur son front. Il esquissa un pâle sourire grimaçant :

— Lacrya… Désolé…

Une quinte de toux l’interrompit. Un crachat sanglant éclaboussa le sol près de lui. Lacrya fondit en larmes.

Dans son dos, le Rexilius rugissait, piétinait, se faisant peu à peu taillader par les lames. Les pillards criaient, proposant des stratégies et se concertant pour les attaques ; Lacrya ne les entendait que comme si elle était derrière une vitre opaque.

— Je… bafouilla Hank avec difficulté. Je suis vraiment désolé… remercie les autres pour moi… d’accord ?
— Oui… oui, si tu veux… sanglota la jeune fille.
— C’était… un plaisir de… de combattre à vos côtés. Dommage, mais… on savait tous…

Il toussa de plus belle. Du sang coula de son nez et de sa bouche. Lacrya se força à ne pas détourner le regard, à être près de Hank jusqu’au dernier instant.

L’homme inspira avec difficulté, et termina sa phrase avec amertume.

— On savait tous que… ça se terminerait comme ça… pas vrai ?

Le regard de Hank se ternit, son souffle s’atténua jusqu’à devenir imperceptible. Lacrya lui prit sa main valide et la serra avec espoir malgré la réalité de la situation. Elle ne dit rien, trop secoué pour parler de quoi que ce soit.

La poitrine de Hank se figea. Lacrya, aveuglée par les larmes et le sang, passa maladroitement sa main sur le visage de l’homme, pour lui fermer les yeux. Il semblait presque dormir, à la différence près que son sourire n’en était pas vraiment un, et que le sang lui barbouillait le visage.

Hank avait été un des survivants les plus anciens de l’Arène. Et il mourait, après des mois d’enfermement, comme mouraient tous les prisonniers de l’Arène. Tué par un pokémon de Mervald. À présent, il paraissait plus maigre et faible que jamais.

Lacrya resta une minute près de Hank, accroupie et chancelante, sans rien dire, sans lâcher la main de l’un de ses plus anciens compagnons d’armes.

Entendant un énième grondement du Rexilius, elle lâcha finalement son camarade et se redressa en récupérant son sabre. Elle se retourna froidement, chercha l’épée de Hank et la ramassa.

Elle avança calmement vers le combat qui opposaient les pillards et la bête du désert. Une épée dans chaque main, elle songea à ce qu’aurait fait Lyco. Il se serait battu comme un diable, comme il en avait l’habitude. Du moins, elle l’espérait, car c’était bien ce qu’elle comptait faire. Venger Hank était peut-être inutile, car ça ne le ramènerait pas d’entre les morts, mais tuer le Rexilius Noir était pourtant une nécessité.

Un tel monstre ne devait pas vivre plus longtemps.