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Effacé de Lief97



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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 08/11/2018 à 21:51
» Dernière mise à jour le 25/03/2019 à 12:35

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 8 : Bourgeon de liberté
« Nous ne sommes pas encore libres, nous avons seulement atteint la liberté d’être libres. » Nelson Mandela.


***


— Lyco, qu’est-ce que tu as fait ? cria férocement une voix féminine.
— Enfoiré ! rugit un homme. Sale traître !

Des voix, des cris, des pleurs ; le bruit des flammes qui grondent. Un souffle chaud, insupportable. Des bruits de pas précipités, des ordres secs, un fouet qui claque, une détonation sourde.

Une odeur métallique, presque enivrante. Une épaisse fumée malodorante. Les lueurs rougeoyantes, qui s’élèvent haut dans le ciel, dévorant tout sur la plaine à l’agonie. Le vent, froid, glacial. Les bruits lointains et étouffés.

Un sentiment amer ; regret, ou impuissance ?

Le souvenir s’étiole, se défragmente, s’échappe et devient poussière…



***


Lyco fut réveillé par trois gardes, qui entrèrent dans la petite cellule d’isolement sans se préoccuper de sa fatigue. Deux d’entre eux le relevèrent en le tirant par les bras, le troisième vérifia ses menottes et retira les cordes qui lui enserraient les bras.

Conscient qu’il allait être ramené avec les autres dans la cellule collective, Lyco songea soudain qu’il n’arpenterait certainement plus jamais ces couloirs dans lesquelles on le poussait. Le seul qu’il reverrai avec certitude, c’était celui qui le menait à l’Arène.

N’ayant pas non plus oublié sa petite idée de plan d’évasion, il se concentra pour éviter les moqueries des gardes en essayant de se souvenir des croisements, des corridors et des escaliers qui s’enfonçaient dans la pénombre, ou alors s’élevaient vers les étages. Ces détails pouvaient l’aider, peut-être, à se représenter mieux l’intérieur des murs de la prison. Pour une évasion, il supposa que c’était l’essentiel.

Le trajet dura une petite minute. Cela pouvait sembler peu, mais c’était tout de même très long : le nombre de choses à retenir sur ce court trajet était fou. La prison était vraiment immense, et les couloirs labyrinthiques.

Il arriverait sûrement à retrouver la cellule d’isolement sans aide, mais pour se repérer dans l’espace avec tous ces virages… autant dire que c’était peine perdue.
Un soldat ouvrit la grille de la cellule collective, le poussa dedans, et referma dans son dos.

Il se releva souplement, parfaitement remis malgré la belle migraine laissée par Molch, avant de remarquer tous les regards des prisonniers converger vers lui. Normal, en même temps. Ce ne devait pas être très commun pour eux de voir un des leurs se rebeller, se faire emmener pour être passé à tabac, pour ensuite le revoir en pleine forme…

Il s’avança vers le feu d’Othéus avant de s’asseoir sur son matelas. Le vieillard le regarda en fronçant les sourcils, inquiet.

— Rien de cassé ?
— Molch m’a soigné. Galok y était allé un peu trop fort.

Hank posa une main compatissante sur son épaule. Juste avant que Lacrya ne bondisse littéralement devant lui.

— Pourquoi t’as fait ça ? T’es stupide ou quoi ?

Elle avait l’air un peu mal en point. Molch n’était pas encore passé pour elle. Mais au moins, elle restait toujours aussi franche et directe. Sachant qu’un sourire amusé ne ferait qu’agacer la jeune fille, Lyco se contenta de baisser la tête en haussant les épaules.

— J’allais pas le laisser te frapper sans rien faire… répliqua-t-il.

Il pensait qu’elle allait rétorquer quelque chose, de ce ton amer qu’il était déjà habitué à entendre. Au lieu de cela, elle se renfrogna. Puis détourna le visage et, tout en s’allongeant sur son matelas en prenant soin d’éviter de le regarder, elle marmonna.

— Merci quand même, idiot.

Étrangement, cette phrase anodine venant d’elle lui réchauffa le cœur.



***


— Alors, les p’tits Couaneton ? se moqua Galok derrière les barreaux. On commence à flipper ? Le prochain tournoi débute demain, j’vous signale…

Il acheva sa phrase sur un ricanement. Les prisonniers, las, fébriles ou furieux, ne répliquèrent rien. Lyco se contenta de serrer les poings sans bouger de son matelas. Il aurait tellement aimé lui mettre son poing dans la figure et sentir ses os craquer sous ses doigts…

Le jeune homme avait profité de quelques heures de répit pour dormir un peu, mais il n’arrivait plus à trouver le sommeil. Othéus, silencieux, fixait les flammes d’un air songeur. Lacrya somnolait et Hank discutait avec une femme du groupe. L’ennui se lisait sur les visages faiblement éclairés par les flammes.

Les pillards étaient toujours rassemblés de leur côté. Darren, leur armoire à glace de chef, était assis légèrement à l’écart, comme pour dissuader les autres prisonniers de discuter ou de s’approcher trop près.

Lyco sourit en songeant qu’il servait un peu de porte ; si on voulait accéder au groupe, il fallait passer par lui avant tout. L’homme aux cheveux noirs et à l’air colérique, Boralf, paraissait buté dans son silence. Amelis restait elle aussi muette. La bonne humeur n’était pas au rendez-vous de leur côté. Lyco pouvait le comprendre.

Le groupe de Karyl était moins agité que d’ordinaire ; leur chef était toujours avec un bras en compote, et Molch n’était toujours pas passé le soigner. Bah, ce n’était pas ça qui allait déranger Lyco. Pendant ce temps, Karyl ne se vantait pas de ses soi-disant capacités devant eux. Et il ne rackettait pas les nouveaux. C’était plus agréable ainsi.

Il soupira. Il aurait donné cher pour aller dehors et revoir le soleil. Se dégourdir les jambes, aussi. La cellule ne donnait pas très envie de faire les cent pas. En plus, s’approcher de Darren ou des gorilles de Karyl lui aurait attiré des problèmes. Il en avait déjà eu bien assez ces derniers jours…

Des bruits de pas retentirent dans le couloir. Trois personnes se postèrent devant les grilles de la cellule. Aussitôt, Lyco écarquilla les yeux de stupéfaction.

Mervald, entouré de deux soldats vêtus d’armures rutilantes et de longues épées à la ceinture.

Que venait faire le gouverneur ici-bas ?

Les prisonniers s’agitèrent, stupéfaits. Darren se leva de toute sa hauteur en fixant Mervald avec colère, et Boralf cracha sur les pavés avant de se relever d’un bond.

— Quoi, gouverneur de merde ? Tu viens renifler ceux que t’as enfermés ? T’es fier ?

Le gouverneur ne lui accorda pas la moindre intention, ni ne laissa d’émotion transparaître sur son visage. Il fixa Lyco, et son regard acéré le transperça comme une lame glacée. Puis sa voix, plus limpide que ce que dont il se souvenait, et qui respirait la dangerosité, résonna froidement entre les murs de pierre.

— L’Effacé. Sortez-le d’ici.

Le garçon se leva prudemment, et les autres en firent autant. La grille s’ouvrit ; d’autres soldats armés de fusils braquèrent leurs armes dans leur direction. L’un d’eux ordonna sèchement :

— Tous à genoux, les mains sur la tête ! Sauf toi ! ajouta-t-il à Lyco.

Il chercha le regard de ses compagnons ; et n’y lut qu’inquiétude dans celui d’Othéus et colère chez Lacrya. Comprenant qu’il ne servirait à rien de poser des questions ni même de chercher à résister, il suivit docilement le soldat en armure qui lui fit signe de le suivre dehors.

Il sentit des dizaines de regards le fixer en sortant de la cellule. La porte se referma, les prisonniers commencèrent à murmurer entre eux, et les soldats restèrent près de Lyco. Il se rendit seulement compte qu’il était entouré d’une véritable escorte ; peut-être une quinzaine d’hommes lourdement équipés.

Le gouverneur, à quelques pas de là, fit un signe de la main, l’air pressé :

— Allez, allez ! Emmenez-le dans l’Arène, et vite.

Le gouverneur s’en alla par une porte en acier tandis que Lyco, lui, impuissant et de plus en plus angoissé, fut escorté sans ménagement sur le chemin habituel : droit vers l’extérieur.

Droit vers l’Arène et la mort.

Seul.



***


C’était étrange.

Lorsqu’il se retrouva seul, sur le sable de l’Arène, et que la grille se ferma derrière lui, il eut un sentiment étrange.

L’Arène était déserte.

Pas de public.

Les gradins, vides, donnaient l’impression que l’endroit était bien plus vaste que d’habitude. Il n’y avait que quelques soldats en faction qui faisaient des rondes, et aucun Pokémon à l’horizon. Il était seul.

Seul avec le soleil qui dardait ses brûlants rayons sur lui, insensible et impérieux.

Puis Lyco vit Mervald apparaître là-haut, sur les gradins qui lui étaient réservés. Dans sa petite tribune personelle. Molch était près de lui avec une poignée d’hommes armés.

La voix de Mervald, amplifiée par un quelconque phénomène, résonna jusqu’au garçon.

— Garûnd, à toi ! Teste-le.

Surpris, Lyco avança un peu dans l’Arène, se demandant à qui il parlait, puis…

Une grille s’ouvrit. Le jeune homme s’attendit à ce qu’une vague de Pokémon en surgisse, la boule au ventre. Surtout qu’il ne possédait aucune arme.

Mais non.

Un homme en sortit lentement.

Il était grand, presque autant que Darren, mais il n’était pas aussi imposant malgré ses muscles saillants sous son humble toge brune. Le vêtement, très simple et léger, ressemblait plus à ce que porterait un homme en vacances ou un ermite qu’un soldat. Lyco fronça les sourcils en observant l’inconnu s’approcher.

Son teint buriné et son regard franc le sondèrent aussitôt, le mettant immédiatement mal à l’aise. Il avait un front large et des cheveux très courts lui donnant un air strict et sans pitié. Une longue cicatrice était visible à son cou. Ses yeux d’un vert exotique paraissaient capables de l’y noyer.

Quelque chose lui disait que cet homme n’était pas un simple combattant ou un soldat.

Et si…

Il s’arrêta à deux mètres de lui et se tapa la poitrine la force :

— Je m’appelle Garûnd, l’Effacé. Souviens-toi de mon nom. Même si je doute que nous nous revoyons à l’avenir !

Il termina sa phrase sur un petit rire désagréable. Il fronça les sourcils, méfiant :

— T’es qui ? Qu’est-ce que vous me voulez ?
— Je veux voir si tu sais réellement te battre. Et si tu vas pouvoir convenir aux plans de mon maître.

Lyco remarqua distraitement que Garûnd avait évité sa première question. Il n’eut pas le temps de lui en demander davantage car l’homme s’était jeté sur lui.
Si rapide qu’il ne comprit son mouvement que lorsqu’il fut achevé.

Lyco se retrouva allongé sur le dos, par terre, le souffle coupé. Garûnd, debout devant lui, souriait :

— Pas très rapide. Je vais devoir ralentir si je veux juger ton niveau.

Lyco se releva d’un bond, furieux d’être ainsi pris de haut.

Il frappa encore.

Son poing percuta le ventre du garçon, vif comme l’éclair, et il se plia en deux en criant de douleur. Un regard lui apprit que Garûnd était dans son dos.
Comment pouvait-il se déplacer si vite ?

— Alors, l’Effacé ? Tu te réveilles, un peu ?

Il frappa encore. Cette fois-ci, Lyco vit le coup venir. Et laissa son instinct prendre le contrôle.

Pivot du buste, pas de côté, jambe repliée, et contre-attaque.

Garûnd frémit à peine quand un poing ébranla sa mâchoire violemment. Rien n’indiqua qu’il ressentit une quelconque douleur ; au contraire, il esquissa un sourire satisfait.

— Pas mal, pour un humain sans pouvoir. Au fait, tu as dû entendre parler de moi, Effacé.
— Tu… tu es un Mutant ? comprit Lyco en reculant prudemment.
— De type Combat, en effet. Qu’est-ce que ça fait, de se retrouver face à un être supérieur ?
— Un être supérieur, n’importe quoi ! rétorqua Lyco en attaquant de nouveau.

Garûnd esquiva, et le frappa dans le dos avant de lui balayer les jambes. Lyco s’écroula dans la poussière en grognant de douleur. La voix de Mervald retentit.

— Garûnd, doucement !
— Oui, maître !

L’homme tourna autour de lui comme un prédateur autour de sa proie. Lyco se releva, craignant le pire. S’il ne comprenait pas les raisons d’un duel de ce genre, il n’avait toutefois pas l’intention de se laisser marcher dessus.

— Allez, reprenons, lâcha Garûnd avec détachement. Montre-moi ta force.

Sans réfléchir au sens de ses paroles, Lyco attaqua.



***


Mervald regardait le combat avec attention.

Galok avait salement amoché le Rôdeur, et le gouverneur n’avait pas du tout apprécié. Il s’était toujours dit qu’il voulait voir Lyco mourir face à ses pokémons ; qu’il puisse ainsi se délecter de son désespoir en direct. Qu’il puisse voir cet ennemi trop gênant mourir la bouche ouverte à ses pieds, dans une mare de sang. Car c’était ce qu’il méritait.

Mais depuis que Galok avait passé ses nerfs sur le Rôdeur, une autre idée avait naquit dans l’esprit du gouverneur.

Si l’Effacé avait conservé ses facultés au combat malgré la perte de ses souvenirs, celles qui avaient forgées sa réputation dans la région, pouvait-il se révéler utile
? Utile à sa collection de Mutants ?

Garûnd, spécialiste du pugilat et de tous les sports de combat qui existaient, ne tarderait pas à lui dire ce qu’il pensait du Rôdeur. Si jamais il disait qu’il était doué, qu’il lui restait quelque chose, alors Mervald réfléchirait sérieusement à son sujet…

Le Rôdeur, son ancien ennemi, deviendrait alors un Mutant à son service. Quelle idée amusante !

Son ennemi serait son esclave. Il serait même envisageable de l’effacer une deuxième fois pour se présenter à lui comme un père ou un ami.

Oui, ça lui plaisait.

Le Rôdeur tomba face contre terre, exténué. Garûnd lui parla brièvement, certainement moqueur, puis quitta l’Arène alors que l’Effacé se relevait, l’air pantelant.
Mervald fit un signe de la main ; des soldats se chargèrent d’escorter le garçon jusqu’à la cellule collective. Puis Garûnd revînt auprès du gouverneur, qui lui demanda :

— Que penses-tu de lui ?
— Il est fort, maître. Mais même si ses techniques sont élaborées et ses coups vifs et puissants, il a des défauts. Il attaque sans réfléchir. Il n’a pas de stratégie et ne s’adapte pas à l’adversaire.
— C’est dû à son absence de souvenir, je suppose, répondit Mervald, pensif. C’est avec l’expérience qu’on acquiert cela, et il n’a plus d’expérience en tant qu’Effacé. Mais tu penses qu’avec des pouvoirs et de l’entraînement, il serait utile ?
— Oui, certainement, maître.
— Et tu n’as rien décelé chez lui ? Pas un reste de ses capacités ?
— Si, une vitesse anormale… pas à mon niveau, mais au-delà de ce qu’un humain est capable de faire.
— Ce qui explique qu’il ait survécu aux premiers tournois, d’ailleurs…

Mervald se tint le menton, sceptique et en pleine réflexion.

— Je suppose que tout ceci disparaîtra peu à peu… Parfait. J’irais voir mes laboratoires dans quelques jours, et en fonction des avancées, je verrai si je transfère l’Effacé dans l’un d’eux. Molch m’a dit que ses concoctions étaient bientôt prêtes.

Le gouverneur se leva et son escorte le suivit. Garûnd, sans un mot, lui emboîta le pas.

L’Arène resta vide derrière eux.



***


— Comment s’appelle-t-il ? questionna Lacrya, intriguée.
— Garûnd.

Othéus acquiesça.

— C’est bien lui. C’est le nom du Mutant Combat. Un homme dangereux, mais que j’ai rarement vu.

Hank soupira. Les mains tendues vers les flammes, il tourna la tête vers Lyco avec lassitude.

— Tu ne sais vraiment pas pourquoi il t’a combattu ?

Le garçon haussa les épaules.

— Non. C’était une sorte de test, si j’ai bien compris. J’ignore dans quel but…

Les autres restèrent silencieux. Si le retour de Lyco n’était pas passé inaperçu, aucun des prisonniers solitaires ou des autres groupes ne savaient ce qu’il avait fait durant la demi-heure qui s’était déroulée. Seul le groupe d’Othéus l’avait appris de sa bouche.

Le vieil homme posa une main sur l’épaule de Lyco, pour se montrer rassurant.

— Tu es encore dans un sale état, p’tit. Tu devrais te reposer un peu.

Le garçon acquiesça avant de s’allonger sur son matelas. Les autres se rassemblèrent près du feu pour discuter des Mutants. Il se retrouva légèrement à l’écart, ce qui aurait certainement expliqué pourquoi une voix qu’il ne s’attendait plus à entendre résonna doucement tout près de lui.

— Tu vas bien ?

C’était Amelis. Surpris, il se redressa en croisant son regard brillant.

— Euh… oui, à peu près.

Les pillards l’observaient. Darren et Boralf aussi. Avaient-ils envoyé la jeune fille à lui pour qu’elle sache ce qui lui était arrivé dans l’Arène ?

— Il s’est passé quoi, avec le gouverneur ? demanda Amelis, indécise et hésitante.
— Je… on m’a emmené dans l’Arène. Un… Mutant m’a combattu. Une sorte de test, je ne sais pas pourquoi.

Il songea soudain qu’il n’aurait peut-être pas dû lui en parler ; elle était un peu une rivale dans cette cellule, puisqu’elle appartenait à un autre groupe que le sien. Mais bizarrement, la vérité était sortie de sa bouche naturellement. Il aurait difficilement pu se résoudre à l’ignorer.

Peut-être que par le passé, il n’avait jamais menti à cette fille ? Ou avait trop confiance en elle pour omettre la vérité ? Après tout, il savait qu’il avait été un camarade, selon elle. Peut-être même une sorte de confident, vu ses sous-entendus.

— Un Mutant ? s’étonna Amelis.
— Oui, un Mutant. Il y en a trois sous les ordres de Mervald, d’après ce qu’on m’a dit. Chacun avec des pouvoirs d’un type de pokémon particulier.
— Ça existe, ça ? Je croyais que ce n’étaient que des rumeurs.
— Apparemment, oui. Des expériences faites par Mervald, je crois.

Amelis sembla choquée. Il était vrai que ce ne devait pas être commun, dans le monde extérieur. Après tout, les prisonniers en parlaient comme s’il s’agissait de mythes ou de personnes plus dangereuses que n’importe quel Tournoi Spécial. Preuve que ces « Mutants » étaient rares à l’endroit même où ils semblaient avoir été créés.

Amelis le regardait bizarrement. Lyco crut lire dans son regard une anxiété sincère à son égard.

— Tu es blessé, on dirait. Tu es raide. Tu as des côtes de cassées ? demanda-t-elle en désignant son ventre.
— Peut-être une ou deux, oui, répondit-il en soupirant. Mais c’est presque une habitude. Molch va venir nous soigner avant demain, de toute façon. Il le fait avant chaque tournoi.

Amelis le fit tressaillir quand elle posa sa main sur son front. Il resta immobile, trop surpris pour se dégager.

Le contact de sa peau était frais. Pendant un instant, il eut l’impression d’avoir déjà vécu cette scène. Un souvenir effleura la surface de sa conscience, juste avant qu’il ne s’efface et disparaisse…

— Tu as un peu de fièvre, lâcha-t-elle sans percevoir son trouble. On est vraiment mal soignés, ici… j’espère que tu…

Darren gronda dans son dos :

— Amelis.

La jeune fille rougit, et sans regarder Lyco, ni lui parler, elle se releva et retourna vers son groupe. Le garçon croisa le regard haineux de Boralf, et celui méfiant de Darren juste avant de se rallonger pour profiter de quelques heures de sommeil.



***


Lacrya bailla. Un regard sur le côté lui apprit qu’elle était l’une des seules de la cellule à être encore éveillée. C’était la nuit, dehors. D’après le peu de choses qu’elle apercevait par la fenêtre étroite et minuscule à ras de plafond, du côté des toilettes derrière le muret. Un rayon de lune s’infiltrait dans la cellule. Des milliers de poussières dansaient dans la faible clarté.

Un cri lointain retentit dans la cellule, provenant des entrailles de la prison. Lacrya pencha la tête sur le côté, croyant à une hallucination due à la fatigue.

Un cri retentit de nouveau. Un cri alarmé.

Puis un troisième. Un hurlement de douleur, cette fois-ci.

Que se passait-il donc ? Les soldats étaient habitués à chanter, brailler, rire aux éclats… mais crier de la sorte ?

Soudain, le sol se mit à vibrer.

Un grondement sourd monta des profondeurs de la terre, les murs tremblèrent, le sol vacilla. De la roche craqua, les barreaux en acier de la cellule grincèrent terriblement, tirant du sommeil les prisonniers éberlués.

Lacrya comprit avec horreur qu’il s’agissait d’un tremblement de terre.

Elle serra les dents, tentant de ne pas imaginer les tonnes de roches et de béton qui pouvaient s’effondrer sur leurs têtes à tout instant. Les bruits et les vibrations s’intensifièrent, s’étendirent sur des secondes qui devinrent de longues et pénibles minutes.

Des soldats hurlaient, passaient en courant devant la cellule, appelaient ou demandaient de l’aide. Des grondements lointains, comme une voix très grave et profonde, donnèrent des frissons à Lacrya.

Elle était certaine que la chose qui avait fait ce bruit n’était pas humaine.

Pourtant, elle eut la réponse très vite.

Le séisme cessa d’un coup, si nettement qu’il en devînt irréel. Les prisonniers, rassemblés en plusieurs grappes dans la pièce, s’immobilisèrent.

Hank bégaya :

— C’était… c’était quoi, ça ?

Un soldat leur offrit une réponse dans le couloir. Il vérifiait déjà que les barreaux tordus de la porte étaient assez résistants pour les maintenir enfermés.

— Ça, c’était un prisonnier.
— Quoi ? s’étonna Karyl qui semblait avoir oublié que son bras était atrocement blessé.

Le soldat recula, s’assombrit et posa une main sur son épée. Révulsé et en même temps effrayé, il aurait pu passer son chemin et ignorer Hank. Pourtant, après une hésitation, il daigna répondre.

— Le Condamné a tenté de s’échapper.

Puis, comme gêné ou effrayé par ses propres paroles, le soldat s’éclipsa rapidement, laissant planer un silence de mort derrière lui.