Pikachu
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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 14/05/2017 à 18:38
» Dernière mise à jour le 15/05/2017 à 09:48

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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50.— PERDRE L'AMOUR & LA VIE
Séréna, de retour de l'hôpital où elle avait laissé Sacha faire sa batterie d'examens, découvrit le dessin de Jacky par terre. Elle appela Ondine sans obtenir de réponse. A chaque fois que son regard se posait sur le portrait, elle eut peur que ce morceau de papier soit un signe funeste. L'expression d'Ondine qu'elle y voyait lui fit détourner les yeux.

« Allô Daisy, Ondine n'est pas avec toi ?
- Non. Pourquoi ?
- Elle n'est pas à la maison.
- Peut-être est-elle sortie ?
- J'ai un mauvais pressentiment. Elle m'aurait prévenu sinon. »

Daisy rejoignit l'artiste qui s'inquiétait de cette soudaine absence.

« Peut-être est-elle allée voir Sacha à l'hôpital ?
- Si Gary s'en était pris à elle ? »

La blonde sembla ahurie d'entendre une telle supposition. Gary n'aurait jamais fait de mal à Ondine. Certes il lui en voulait mais il n'oserait jamais lever la main sur elle.

« Il l'a peut-être emmené. Pikachu m'a fait comprendre certaines choses. Il a vu son ravisseur. »

Daisy ouvrit la bouche sans laisser s'échapper le moindre mot. Elle attendit la suite de cette terrible confidence. Séréna paraissait navrée de lui apprendre que celui qui était l'auteur de cet enlèvement était...

« Gary ! C'est pas possible !
- Je crois Pikachu. Pourquoi nous mentirait-il ? Gary a cru bon de ne pas se méfier de lui. Après tout, faire parler un Pokémon n'est pas chose facile. Heureusement, je connais suffisamment Pikachu pour le comprendre. »

Daisy pâlit, ne sachant quoi répondre. Elle ne garantissait plus la sécurité de sa soeur. Si effectivement le jeune homme avait enlevé Ondine, il fallait s'en inquiéter.

« Tu n'as pas une idée d'où ils pourraient être ? demanda Séréna, anxieuse.
- Ils ne doivent pas être à l'entrepôt puisque la police continue ses recherches. Gary a dû l'emmener dans un endroit discret. »

Elle mit un moment avant de passer en revue tous les lieux que Gary connaissait et qui était éloigné d'Azuria. Lui vint à l'esprit le lac, tout proche du Mont Sélénite. Le lieu était aux yeux du jeune homme l'endroit idéal pour être tranquille et se rappeler de bons souvenirs.

« Dépêchons-nous, je vais prendre ma voiture ! »

Séréna attrapa la Pokéball de Musteflott tandis que Daisy ramassa celle d'Otarlette, posée sur une commode.

• • • • • • • • • •
Ondine entendit un clapotement indistinct avant d'ouvrir les yeux. Elle fut éblouie par le soleil qui la frappait au visage. Comment se faisait-il qu'elle se retrouvait dehors ? Le soleil cognait si fort qu'elle transpirait alors qu'elle avait les bras nus et qu'on était en plein mois de Janvier.
Tout était confus. Elle se souvint du dessin qu'elle examinait dans le salon puis le reste devint flou. Elle avait dû s'assoupir.

La jeune femme se redressa, dégageant sa vue du soleil qui l'aveuglait. Elle sentit le sol trembler, presque tanguer sous ses fesses. Où était-elle ? En écoutant les bruits alentours à défaut d'avoir une vue parfaite, elle comprit qu'elle n'était pas sur la terre ferme mais sur une étendue d'eau.

Sa posture devenait inconfortable. Ses pieds étaient recroquevillés, manquant de place pour s'étendre complètement. A mesure que les nuages bouchaient l'arrivée des rayons, elle discerna des pièces du puzzle. Elle se trouvait sur une barque en bois. Plus loin elle reconnut une forêt et même un parterre de bleuets. Ceux-ci avaient dépéris, blanchis par une mince couche de givre.

Gary se tenait devant elle, l'air sombre. Quand elle le découvrit assis là, face à elle, la jeune femme se jeta sur lui pour l'embrasser. Il la repoussa doucement, lui montrant le lac sur lequel ils se trouvaient.

« Te souviens-tu de cet endroit ? »

Cette question l'étonna. Elle s'attendait à d'autres mots, à des gestes qui manifesteraient une quelconque tendresse. Mais rien, juste une question froide, celle qu'un bourreau pose à un condamné à mort.

« C'est ici que nous avons eu affaire à Octillery et que tu as protégé Psykokwak. Nous avions déjeuné sur l'herbe. »

Tout deux, émus de ces souvenirs qui remontaient à près de deux ans, regardaient au loin, cherchant encore quelque anecdote. Puis le regard d'Ondine se posa sur Gary. Il avait maigri. Sa barbe mangeait une partie de son visage tandis que ses yeux verts avaient perdu de leur superbe. Il paraissait serein, à regarder ainsi l'endroit où ils avaient été heureux. Ses paupières papillonnaient d'un endroit à un autre sans parvenir à se poser, tant chaque lieu regorgeaient de souvenirs.
Son regard s'assombrit lorsqu'il comprit qu'elle l'observait.

« Pourquoi m'avoir amené là ? demanda-t-elle doucement.
- Pour te dire adieu. Je vais repartir sur les routes et quitter la région. »

Il la vit déglutir puis faire "non" de la tête. Elle attrapa ses mains, les retenait dans les siennes, l'obligeant à la regarder.

« Tu ne peux pas partir, et nous ? Que fais-tu de notre couple ? De notre famille ?
- Je t'ai pardonné beaucoup de choses. Seulement je ne peux pas accepter cette situation. »

Il désigna le ventre de son épouse, chauffé par le soleil.

« Tu ne me crois pas ? Je t'ai pourtant dit qu'il ne s'était rien passé entre Sacha et moi !
- Il faut que tu saches la vérité sur ce qui s'est passé. Tu avais raison quand tu supposais que j'avais tué Sacha. J'étais prêt à le faire. »

Elle serrait ses mains plus fort.

« Mais tu ne l'a pas fait ! Je me suis trompée et je le regrette.
- Je vois que tu es soulagée de m'avoir revu une dernière fois. »

Il se leva, faisant tanguer l'embarcation. Son regard se faisait lointain. Dans un flot aussi rapide qu'inattendu, il lui déballa toute la vérité. Son plan d'enlèvement, l'enregistrement qu'il avait entendu, la tentative de meurtre.
Elle parut sonnée par tant de révélations. Elle crut défaillir lorsqu'elle entendit prononcer le prénom de sa sœur.

« Alors Violette était ta complice ? Elle a bien réussit à te manipuler... Tu es devenu aussi retors qu'elle ! Je ne peux pas le croire ! clama-t-elle, rouge d'indignation.
- Elle m'a ouvert les yeux. Sans elle j'aurai continué à croire que je serais un jour père, répondit amèrement Gary. »

Elle s'était elle aussi levée.

« Tu préfères la croire elle plutôt que moi ? Tu aurais dû l'épouser !
- Et toi, tu aurais dû te marier avec Sacha. »

S'en était trop pour Ondine. Elle agrippa son compagnon, lui crachant tout son dépit à coup de poing. Ceux-ci n'avaient pas la force de le blesser mais réussirent à le bousculer. Il la repoussa doucement, faisant tanguer la barque de plus belle.
Dans la colère qui l'aveuglait, elle se jeta de nouveau sur lui, lui posant une question qui l'ébranla.

« Tu as couché avec elle, c'est ça ?
- N'inverse pas les rôles ! »

La querelle reprit de plus belle si bien qu'à force de se repousser, la frêle embarcation se renversa, les plongeant tout deux dans une eau glacée. Les éclaboussures les recouvrirent très vite dans un fracas qui brisa la tranquillité des environs. Les cris qu'ils avaient poussés se trouvaient avalés par une grosse vague qui les unissait dans une nappe azurée.

Le froid paralysa le couple par la surprise de l'accident. La température de l'eau fit réaliser à Gary la gravité de la situation.
Il avait réussi à émerger de la surface son visage crispé. Il tourna la tête dans toutes les directions possibles, cherchant des yeux sa femme. Comme il ne l'apercevait pas, son inquiétude redoubla. Il plongea à plusieurs reprises, cria son nom désespérément mais ne retrouva pas sa trace dans les eaux troublées.

Le lac était l'habitat de nombreux Pokémon que les dresseurs avaient relâchés. Il se souvint alors d'Octillery, de la brûlure faite à son dos, de l'entêtement forcené du poulpe ; tout cela le fit déglutir. Là, dans cette eau trop fraîche, ils risquaient d'être des proies faciles.

Pendant qu'il tâtait les poches de son pantalon, le jeune homme comprit une nouvelle fois son erreur : il avait laissé ses Pokéball à l'écart négligemment dans la voiture.

Il revint vers l'embarcation, craignant qu'elle se soit retrouvée ensevelie dessous ; il la repoussa pour découvrir qu'Ondine avait une blessure à la tête. Un filet de sang coulait de sa tête meurtrie. Il la tira contre lui, constatant son état d'inconscience. Il baisa son visage endormi, le cœur battant. A présent il regrettait de s'être emporté. Il voulut à tout prix la réchauffer par ses baisers ; la jeune femme semblait morte dans ses bras, comme apaisée d'avoir trouvée le repos des derniers jours. Gary la serra tout contre sa chemise trempée, puis, comme son cœur battait la chamade, il eut l'incroyable sentiment que le cœur d'Ondine repartait, suivant le rythme qu'indiquait le sien. Ils cognaient pareillement dans leur poitrine.

Nager lui demanda un effort presque surhumain, ses habits étant trempés. Entendre deux battements frapper leur peau le rendit aussi vigoureux qu'un diable. Il ne soupçonnait pas son avancée spectaculaire jusqu'au ponton de bois où ils avaient plongé pour se baigner, des mois plus tôt. Il se souvint, un large sourire au bout de ses lèvres frémissantes, de la ruse à propos de la bague de fiançailles.

« On va y arriver, ne pars pas, j'ai besoin de toi. Ne me quitte pas. »

Il lui parlait en même temps qu'il se rapprochait à grandes brassées, du seul bras qui lui permettait d'avancer.

Måns Zelmerlöw - Waiting For The World To End
Cependant, le froid ralentissait ses mouvements si bien que ce qu'il redoutait arriva : un Pokémon le tira sous l'eau. Il sentit un poids le tirer sous la surface ; il crut tomber à des lieux de la Terre. Pour se débattre et ne pas faire plonger sa femme avec lui, il avait dû la lâcher.

Il réussit à se dégager et à remonter en vitesse, inquiet de laisser Ondine trop longtemps seule au milieu de prédateurs. Bientôt un banc de Pokémon se forma tout autour d'eux. Octillery était celui qui dirigeait les opérations et qui l'avait retenu prisonnier sous l'eau. Le retrouver maintenant alors que le poulpe souhaitait prendre sa revanche annonçait une catastrophe.

Tous passèrent à l'attaque. Gary voulut attraper le bras de sa femme pour la protéger des offensives mais les Bulles d'O la firent dériver si bien qu'elle disparut de son champ de vision. Il n'avait autour de lui que des créatures hostiles. Il réussit à sortir du cercle dans lequel il était enserré mais Ondine n'était plus là ; il l'appela, craignant que d'autres prédateurs s'en soient prit à elle.

Enfin, après des regards d'inquiétudes jetés ça et là, il aperçut un Mustéflott qui l'emmenait sur le monticule herbeux, à l'abri. Le corps inerte d'Ondine reposait sur la partie émergée de la bouée gonflable.

En levant les yeux plus haut, il reconnut la silhouette de Séréna ainsi que celle de Daisy. Il vit à leurs côtés Otarlette qui plongea, sans doute dans l'espoir de le sauver. Maintenant qu'Ondine était hors de danger, il n'avait plus rien à craindre. Peut-être que tout n'était pas fini ? Restait-il un espoir pour leur couple ? Il devait rester en vie pour en avoir la certitude.

Savoir qu'Otarlette et Musteflott viendraient le soutenir lui redonna le sourire. Il cria aux deux jeunes femmes qu'elles trouveraient son Hyporoi dans la voiture qu'il avait garé plus loin. Séréna partit à la recherche du véhicule avec ses Pokémon.

Le courage revint, si bien qu'il fit face à tous ses opposants sans sourciller. Il se sentit pousser des muscles capables de démolir chacun de ses adversaires.
Mais le soulagement de savoir Ondine en sécurité fut bien de courte durée : deux Colhomard s'approchèrent et lui retinrent les bras fermement. Que comptaient-ils faire de lui ? Pendant qu'Otarlette approchait, un gigantesque Moyade bleu émergea devant Gary. Devant l'imposante méduse, Gary perdit son sang-froid. Le sang quitta son visage, décomposant et décolorant ses traits auparavant déterminés.

Trois Colhomard firent barrage derrière le jeune homme pour empêcher toute intrusion de la part d'Otarlette. Ce dernier s'arrêta net, paralysé. Le souvenir de cette nuit à la plage de l'île Citrus lui revint. Il regardait la scène, sachant d'avance ce qui se passerait. C'était un film qui déroulait sa pellicule. Il avait tant de fois fait le cauchemar lié à un pareil scénario.

Musteflott, après avoir déposé le corps d'Ondine sur l'herbe, reprit le chemin du lac. Les Colhomard invectivèrent leur chef d'en finir rapidement avec le prisonnier, ne garantissant pas de maintenir la barrière face à un Musteflott visiblement bien entraîné. Le Moyade ne se fit pas prier. Il déploya ses nageoires d'un geste grandiose et cérémonieux. Elles étaient essentielles pour puiser l'énergie vitale de ses victimes.

La grosse méduse posa la première nageoire sur la poitrine de Gary puis la seconde. Ces précautions terrorisèrent Otarlette posté seulement à quelques mètres de la scène. Le jeune homme se débatait. L'otarie pouvait encore intervenir pour couper le processus mais le cauchemar de l'île Citrus le hantait et bloquait chacun de ses gestes, si bien qu'il regarda mourir sous ses yeux impuissants celui qu'il considérait comme son père. Les Colhomards n'avaient pas besoin de le repousser. Ils regardaient avec appréhension la forme dessinée du Mustéflott qui nageait vers eux.

Daisy criait son nom, une main masquant sa bouche ouverte d'effroi tandis que Musteflott filait sur l'eau aussi vite qu'il le pouvait. Séréna arriva avec la Pokéball du dresseur mais c'était trop tard. Ni Mustéflott, ni Séréna n'étaient arrivés à temps.
Moyade, à l'aide de ses tentacules, transperça la poitrine de Gary d'un large trou, avalant son énergie vitale à l'aide de sa moustache immaculée, en passant ses nageoires sur les blessures béantes.
Quand l'opération fut terminée, les Pokémon retournèrent sous les eaux teintées de rouge.

Les deux jeunes femmes peinaient à tenir debout devant la tragédie dont elles avaient été les malheureuses spectatrices. Elles sanglotaient, les mains portées à leurs visages défaits. Otarlette ne cessait de trembler, la tête plongée dans ses nageoires qu'il mouillait de larmes.
Le petit protégé du couple avait regardé les Pokémon plonger entre deux cris déchirants tandis que Musteflott ramenait le corps inanimé de Gary sur l'herbe, non loin du parterre de bleuets qui se mouraient.