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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 13/03/2017 à 17:37
» Dernière mise à jour le 14/03/2017 à 17:58

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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45.— ATTENDRE UN HEUREUX ÉVÉNEMENT & TRUQUER
« Une vive impression de douleur, de colère, de rancœur. Ces mauvaises énergies prennent de plus en plus de place. Il faut que tu sois capable de les repousser. Sinon elles t'amèneront à commettre le pire. Je l'ai vu. Tout ce que je peux te dire c'est de combattre le mal qui germe en toi. »

Depuis son entrevue avec la championne de Céladopole, il ne faisait que ressasser. Ce qu'il avait voulu comme une pause dans sa tourmente n'avait été qu'un nouveau plongeon dans les abîmes de ses peurs. Que pouvait-il faire mis à part garder ces avertissements dans un coin de sa tête et s'en souvenir au bon moment pour "combattre le mal" ?

Dès qu'il revint à Azuria, il reçut l'appel de Violette. Otaquin avait évolué mais était dans un état grave. Las de revivre le même scénario, il se rendit au chevet de l'habituel blessé du Centre Pokémon. Ondine devait rentrer dans la journée.
C'était comme une boucle qui se renouait ; Gary ne retrouva pas le même Pokémon mais la situation était similaire. Des perfusions. Un visage pâle. Les médicaments qui assomment.

Quand il vint rendre visite au survivant, celui-ci dormait. Il fut surprit devant ce nouveau Pokémon. La collerette écarlate avait donné naissance à une sorte de tutu de danseur. Il trouva étonnant de voir des couettes à l'emplacement des oreilles. Son visage avait la couleur d'un tas de linge qu'on aurait posé sur sa tête pour soulager ses maux. Gary ne réussit pas à fixer longtemps son regard au-dessus du corps souffrant d'Otarlette.
Il préféra rentrer plutôt que d'affronter seul la spirale infernale qui les entraînerait de nouveau dans un quotidien difficile.

Lorsqu'il retourna à la maison, il vit le sac de sa femme posé négligemment sur la table du salon, à moitié ouvert. Il avait tellement de choses à lui dire : Otarlette, Sacha, Violette. Par quoi devait-il commencer?

« As-tu fait bon voyage ? demanda-t-il alors qu'elle s'était enfermée dans la salle de bain. »

Il ne se doutait pas qu'elle accomplissait un acte qui changerait leur vie. Elle répondit un "oui" embarrassé avant d'ouvrir la porte. Elle avait bien fait attention de ne pas laisser traîner le test de grossesse.

« Ça va ? Tu es toute pâle, s'inquiéta la jeune homme avant de l'embrasser.
- Je n'ai plus l'habitude de voyager sur les routes. J'ai l'impression d'être une grand-mère. »

Elle cachait son angoisse sous un voile léger, riant. Elle devait être sûre de son état avant de le lui annoncer. Elle irait à l'hôpital passer des examens plus approfondis.

« Je suis désolé de te contrarier avec ça alors que tu viens de rentrer et que tu es fatiguée. Mais Otaquin, enfin, plutôt devrais-je l'appeler Otarlette, a eu un accident. »

De nouveau, le tourment recommença. Pour qu'elle comprenne la gravité de la situation, il l'emmena directement dans la chambre du blessé. Le revoir encore dans le même état qu'auparavant provoqua un choc. Elle perdit connaissance.
Une section du Centre Pokémon, dédié aux malades humains, l'accueillit. La jeune femme était si exsangue qu'on eut peur pour sa santé. Une batterie d'examen s'en suivit.

Måns Zelmerlöw – Broken Parts
Gary était là, à traverser les couloirs qui menaient aux deux chambres, hagard. Il ne comprenait plus rien. Il n'osait poser des questions aux médecins et aux infirmiers qui circulaient sans le voir. Pourquoi tout foutait le camp ?
C'est parmi cette débâcle de ceux qu'il aimait le plus sur Terre qu'il apprit la nouvelle qui devait le rendre père.

Ondine l'avait convoqué dans sa chambre quelques heures après son malaise. Elle voulait le rassurer. Elle prit une voix douce et enjouée mais n'était pas sûre que ce qu'elle s'apprêtait à lui apprendre lui fasse autant plaisir qu'à elle.

« Ce malaise... En fait, depuis quelques jours j'ai remarqué que mon corps avait changé. »

Il était assis au bord du lit, ne comprenant qu'à demi ses propos. Elle saisit ses mains dans une étreinte.

« Je suis enceinte, Gary ! Nous allons avoir un enfant ! »

Il eut du mal à réaliser la portée de cette annonce. Malgré son état encore faible, Ondine était rouge d'allégresse. Enfin une once de gaieté dans ces derniers moments de malheur !
Lorsqu'il quitta la chambre de son épouse, il eut comme un puissant électrochoc. Il n'avait pas eut l'air de réagir face à elle mais maintenant qu'il comprenait que sa vie, que leur vie à tout les deux, allait profondément changer, il ne put résister à l'envie de retourner sur ses pas pour l'embrasser.

« Nous allons être parents ! répétait-il, des larmes glissant sur son visage fatigué. »

Ils étaient plus unis que jamais dans ce lit d'hôpital, enlacés, exprimant ce que de simples mots étaient incapables de décrire, de retranscrire. Bientôt la vie leur sourirait enfin !

• • • • • • • • • •
La famille d'Ondine fut rapidement mise au courant. Frédéric et Éliane se réjouissaient de l'arrivée d'un petit bébé qu'ils cajoleraient et couvriraient de cadeaux. Quel plaisir d'être grand-parents ! Daisy fêtait cette nouvelle inattendue avec beaucoup d'espoir en l'avenir. Violette s'estimait bienheureuse d'avoir à déclencher la bombe à retardement qu'elle avait minutieusement préparée dans le but de la faire exploser en pleine effervescence que prévenait cette future naissance.

Le couple vivait ses plus beaux moments depuis leur mariage. Le temps de l'insouciance était bien loin aujourd'hui ! Ils se prêtaient à la rêverie alors que la grossesse ne faisait que débuter. Ils avaient besoin de se projeter pour sentir leur couple renaître du tas de cendres. Les doutes de Gary s'évanouirent aussi vite que l'annonce lui avait semblé une heureuse nouvelle. Il en oublia les prédictions d'Erika ainsi que les questions qui restaient en suspens quant à la bagarre des deux sœurs.

La plus grosse menace du couple s'éloigna à mesure qu'ils retrouvaient une vie à deux. Le mari prenait soin de sa femme, toujours inquiet pour sa santé. Le fait qu'Ondine refusait de manger tel ou tel aliment le surprit au début, peu habitué à ce qu'on lui ramène un plat à peine entamé. Il paraissait soucieux qu'elle perde appétit alors qu'il fallait s'alimenter pour deux, maintenant.

Il subissait ses sautes d'humeurs. Bien souvent il ne préférait pas répliquer pour ne pas la contrarier. Quoiqu'il imposait ses limites.
Enfin, les trois premiers trois mois de la grossesse se déroulèrent sans accrocs. La première échographie eut lieue dans une ambiance mêlée d'impatience et d'appréhension. Gary se montra encore plus anxieux que sa femme, surveillant ces habitudes avec minutie, lui épargnant toute fatigue inutile.

Le grand jour vint. Ce fut l'émerveillement qui prit le pas sur la peur et l'inquiétude. Voir le profil, la petite silhouette qui se dessinait à peine, hésitante, les rendit patraques. Mais ce qui les bouleversa pour de bon fut d'écouter le cœur de leur enfant. Chaque battement arracha des larmes à Ondine tandis que Gary portait la main de son épouse à sa bouche, le souffle court, les yeux humides.

Ils avaient pris la décision ensemble de connaître le sexe du bébé avant la naissance.

« C'est un garçon, leur annonça le obstétricien en examinant le petit être à travers l'écran. »

• • • • • • • • • •
Depuis qu'ils avaient fixé une identité, un possible visage, une apparence sur cette idée abstraite qu'était leur bébé, ils y croyaient pour de bon.
Le père voyait en cette grossesse une seconde chance pour leur couple. Il était seul déjà à songer à l'aménagement de la future chambre ainsi qu'au prénom. Ondine trouvait touchant de le voir s'investir autant mais il ne fallait pas oublier qu'il restait encore du temps avant de préparer l'arrivée de l'enfant.
Emballé par ce futur qui leur tendait la main, Gary exigeait que tout soit installé lorsque leur fils verrait enfin le jour.

Ondine avait du mal à le canaliser. Au moins, se disait-elle avec soulagement, il songeait à quelque chose qui allait les tirer vers le haut. Il n'était plus obnubilé par cette jalousie qui n'avait pas lieu d'être.

« J'ai fait une liste de prénoms, lui dit-il un jour. Que penses-tu de Jonas ou de Bastien ?
- Je n'y ai pas vraiment réfléchi... »

Elle paraissait légèrement désabusée. Cela lui passait au dessus de la tête pour l'instant. N'était-ce pas trop tôt pour songer à ce genre de détails ?

« Ce genre de détails ? Mais on parle du prénom qu'il portera toute sa vie ! s'indigna-t-il.
- On a le temps, ne te précipite pas. N'oublie pas que j'ai aussi mon mot à dire.
- Les prénoms ne te conviennent pas ? s'inquiéta-t-il. »

Elle était assise sur le canapé, à bouquiner. Il prit place à côté d'elle, comme sonné par un coup qu'il aurait reçu en pleine tête. Quand il s'agissait du bébé, il prenait la mouche et tout devenait dramatique.

« Ils sont très jolis. Laisse-moi y réfléchir seule et je te proposerai moi aussi des prénoms. Peut-être que nous nous mettrons d'accord. »

Elle l'embrassa, mettant fin de manière pacifique à cet éternel débat. Dès qu'il trouvait un nouveau prénom, il souhaitait lui en faire part. C'était adorable. Il s'emportait comme un enfant qui découvrait de nouveaux mots et qui les répétait en boucle pour montrer qu'il les connaissait.
Avec le temps, il devint moins pressant et attendit le moment où Ondine reviendrait vers lui pour en discuter.

Ce jour arriva plus tôt qu'il ne l'avait cru. Ils regardaient un bulletin d'informations lorsque Gary reconnut son ami Lucas, interviewé alors qu'il inaugurait son arène.

« Tu le connais ? demanda sa femme alors qu'il se penchait en avant pour saisir chaque mot que délivrait le champion à l'écran.
- Bien sûr que je le connais ! Je n'y crois pas ! Il a réalisé son rêve ! »

Ondine parut soudain pensive quoiqu'elle prêtait attention à l'entretien télévisé. Lorsque les journalistes conclurent l'entrevue, la jeune femme se tourna vers son conjoint pour lui communiquer une idée qui venait de lui traverser l'esprit. A voir le véritable élan que Gary portait à cette nouvelle inattendue, elle ne doutait pas que sa remarque ne lui fasse un plus grand plaisir encore.

« Lucas est un joli prénom pour un garçon, tu ne trouves pas ?
- O-oui, je n'y pas pensé mais c'est un très beau prénom, en effet. »

C'était bien la première fois qu'elle abordait la question de son propre-chef. L'émotion était grande et palpable pour Gary.

« Est-ce une proposition ? demanda-t-il, très sérieux mais avec une pointe de malice dans la voix.
- Peut-être bien. De tous les prénoms que j'ai put entendre, c'est mon préféré. »

Tout deux eurent un coup de cœur. Appeler son fils par le prénom d'un ami qui l'avait soutenu dans ses rêves et ses projets de dresseur était lui rendre hommage. Il n'aurait pas mieux choisi. Le fait que ce soit sa femme qui l'ai proposé le soulagea : au moins il ne lui aurait pas forcé la main ni n'aurait eut à la bousculer

C'est avec un grand plaisir que Gary entama une correspondance avec son ami champion. Depuis son apparition à l'écran, le futur papa voulait renouer contact. Maintenant qu'il connaissait l'endroit où le dresseur électrique habitait, il se mit à lui écrire. Lucas lui répondit avec tout autant de satisfaction que pouvait laisser imaginer ces retrouvailles épistolaires.

• • • • • • • • • •
L'homme pénétra précautionnellement dans le bâtiment que lui avait indiqué une heure plus tôt son client. Il s'agissait de faire preuve de discrétion. Il était tard, le soleil avait déjà déserté le ciel, laissant planer de légers nuages annonciateurs d'une prochaine averse.

Sous sa redingote grise, l'homme tentait de dissimuler une grande enveloppe. Le travail de plusieurs semaines pour satisfaire une cliente exigeante. Exigeante mais patiente.

« Vous avez les photos ? demanda-t-elle dès qu'il fut à sa portée. »

Avant de lui répondre, il voulut être payé. Dans l'ombre qui tombait de la salle, la jeune femme fouilla dans un coffre pour en extirper elle aussi une enveloppe. L'homme n'arrivait pas à distinguer les traits de cette inconnue qui lui tendait à présent son salaire. Les fenêtres n'avaient pas de rideaux ni de volets. La lune jetait par intermittence une pâleur sur les murs.

Il crut discerner une chevelure bleutée dans un flash lumineux. Peu importe qui elle était ; le travail s'était achevé sans difficultés et il avait été payé.
Pour répondre à sa demande, il lui présenta à son tour l'enveloppe, fruit d'une longue recherche et d'une technique minutieuse.
La cliente jeta un œil aux clichés sous les feux de la lune, visiblement satisfaite.

« Ces clichés ont l'air vrais.
- Mon travail est l'un des meilleurs. Pour vous expliquer, j'ai d'abord prit en chasse ce jeune dresseur et son amie puis quand je les ai surpris, il ne m'a pas fallu bien longtemps pour comprendre qu'il ne se passait rien entre eux. »

La cliente semblait ennuyée de cette explication. Elle n'eut pas le temps d'arrêter le détective qu'il continua son récit sans prêter attention à son l'agacement.

« Pour truquer correctement ces photos, j'ai fait en sorte de noter toutes les caractéristiques de ces deux personnes pour les transposer sur celles d'autres individus qui avaient l'attitude que vous souhaitiez. Le décor n'avait pas de mal à s'implanter...
- Merci pour ce travail. Je n'ai pas besoin d'en connaître toutes les ficelles. Le résultat, seul, compte à mes yeux. »

C'était une manière un peu brutale de stopper l'entretien. L'homme, froissé d'être ainsi interrompu, ne se fit pas prier pour prendre la porte.

« Tu verras que j'arriverais à le faire mien, songea Violette en renfermant l'enveloppe. »

Cette phrase prononcée il y a plus d'un an maintenant, n'était plus d'actualité. Ce qu'elle voulait ce n'était pas l'époux mais bien atteindre le père. Le mari deviendrait sa chose ; un pantin dont elle userait, arrachant les membres un par un pour qu'il n'en reste rien. Puis, lorsque la destruction finale aura fait de son jouet un tas de charpie, la poubelle aux odeurs pourries et infâmes lui fournira une ultime demeure.

Avec ces photos, l'implosion de la petite famille était assurée.