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Giovanni Boss de Volug



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Informations

» Auteur : Volug - Voir le profil
» Créé le 11/02/2017 à 23:30
» Dernière mise à jour le 11/02/2017 à 23:33

» Mots-clés :   Kanto   Policier   Slice of life   Suspense

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Chapitre 6 : L'Ancêtre
Elle l’observait manger, ses sourcils broussailleux et ses cheveux charbon lui conféraient un air sévère. Il semblait ne pas s’être régalé de la sorte depuis un moment. Ses baguettes enfilaient les boulettes de riz les unes après les autres, sans aucune latence. L’homme releva ses manchons violets puis s’attela à engloutir chaque grain qu’il eût pu rester dans son bol. Elle lui tendit alors le plat, dans lequel il se resservit furtivement, avant de la remercier. Son châle carmin tombait de son épaule ; d’un geste brusque, il le remit en place. Un parfum enivrant parvint aux narines de la demoiselle à la robe pourpre.

« Je savais que tu viendrais, j’ai eu une vision il y a trois ans », déclara-t-elle.

Elle était également assise à la table, en face de lui. Elle l’avait interrompu pour la première fois depuis une dizaine de minutes. Il n’avait de cesse de lui raconter son périple au cours de ces dernières années, sa rencontre avec un maître d’arts martiaux en arrivant à Parmanie ou celle avec le professeur Chen, qui lui avait apporté beaucoup plus qu’il n’eût pu en espérer.
Il quitta alors son assiette des yeux pour se plonger dans le regard de la jeune femme qui arborait par ailleurs un sourire mesquin aux lèvres. Le moment fut aussi intense que bref, il s’en détacha à contrecœur lorsqu’elle saisit sa coupe, et la vida de son contenu. L’homme s’attarda alors sur sa chevelure bleutée, elle lui avait tant manqué ! Ses fines boucles retombaient telles des rubans de soie lorsqu’elle secouait la tête. Agissant comme un pendule sur notre homme, on aurait pu croire que c’était volontaire de sa part. Elle leva à nouveau le regard, et entrouvrit les lèvres, sans dire un mot. L’homme semblait hypnotisé.

« Je n’attendais que ça, mon amour », lui répondit-il.

La demoiselle ne releva pas ce surnom, elle n’en semblait en effet pas offusquée. C’est pourquoi elle l’incita à poursuivre son histoire, tout en jouant avec ses boucles. Les minutes défilaient, le repas disparaissait, mais les tourtereaux continuaient à échanger des regards sulfureux, ce qui provoquait bien souvent des pauses dans le discours de l’homme.
Puis elle repoussa la chaise, se leva, et tourna les talons, permettant à son partenaire d’entrevoir une scissure jusqu’à la cuisse dans la robe pourpre qu’elle arborait. Lorsqu’il vit la face arrière de la chevelure marine et qu’il fit l’association de ces deux visions, l’homme sembla pantois. Cela lui rappelait en effet la dernière fois qu’ils avaient partagé une même éclipse passionnée.
Il jeta un coup d’œil à son bol, et bien qu’il fut encore rempli au tiers, l’homme se hâta fougueusement de suivre sa dulcinée.

***

La conférence venait de se terminer. Giovanni restait sceptique quant à ce qu’il venait d’entendre, comment la gente pouvait-elle débourser des sommes folles pour venir écouter ces charlatans ? Et ces interactions du public ?
« Quel lien pouvez-vous établir entre le psychisme, la génétique et la séduction ? » avait été demandée par une femme derrière lui.
Il avait heureusement étouffé un rire car l’audience était restée très silencieuse.
Selon lui, seul l’un des intervenants était digne de respect. C’était d’ailleurs pour le rencontrer en personne qu’il était venu.

En effet, quelques jours auparavant, son contact d’Irisia, militaire depuis peu, lui avait fait parvenir un courrier, contenant un petit papier déchiré sur lequel était inscrit « AMBRE » ainsi qu’une unique place pour assister au 17ème congrès annuel de la recherche génétique transcontinentale. Giovanni avait alors saisi l’occasion pour venir assister au discours de l’éminent scientifique. La publication de certains de ses travaux avait permis à notre baron de la pègre d’imaginer moult alternatives quant à la domination des humains sur les pokémons.
Lorsqu’il arriva dans le hall d’entrée, il ne fut guère surpris par la foule qui s’était déjà agglutinée devant le pupitre de chêne entre les escaliers principaux, tous deux fondés de marbre. Il savait pertinemment que de nombreux journalistes avaient accosté sur l’île dans le but d’extraire quelques informations révolutionnaires à la cohorte de chercheurs plus ou moins renommés qui étaient présents ce soir.

C’est à cet instant qu’il vit une touffe de cheveux grisonnants hirsutes traverser la foule en direction de l’escalier de l’aile ouest du manoir. Giovanni s’empressa alors de la rattraper, coupant la foule à vive allure, c’était la raison pour laquelle il était venu.

Il posa la main sur l’épaule du scientifique, qui se retourna aussitôt, l’air apeuré. Il feignit alors une débâcle afin de faire immédiatement signe à un vigile qui surveillait la foule. Giovanni comprit et montra la morceau de papier déchiré à l’homme. Ce dernier s’interrompit alors, prenant le temps de lire plusieurs fois l’inscription et de laisser son regard effectuer des aller-retours entre Giovanni et le document rapiécé. Il décida donc de signaler au vigile une fausse alerte, et saisit la manche de l’inconnu afin de l’emmener avec lui.

L’homme traînait de son petit pas fréquent Giovanni dans un long couloir, ils ne prirent pas l’escalier, bien trop voyant pour ce genre de situation. Ils arrivèrent devant une sortie de secours, qui donnait sur un escalier métallique en colimaçon. Ils grimpèrent au deuxième étage, et le savant ouvrit une porte, tirant Giovanni à l’intérieur.
Il avait alors immédiatement senti un mélange d’odeur de papier vieilli et de sueur séchée. De longues heures, journées et certainement nuits avaient dû être vécues par le scientifique dans cette pièce. Elle grouillait d’ailleurs d’objets en tous genres, certains documents s’étaient envolés lorsque les deux hommes étaient entrés, laissant un courant d’air frais jouer avec les feuilles de papier qui n’étaient pas sous chemise. Des relevés numériques étaient annexés à des fiches couvertes de graphes plus incompréhensibles les uns que les autres. L’endroit semblait vivant tant le désordre y était omniprésent. Seul un cyca revoluta situé près de l’entrée laissait présumer une bouffée d’oxygène au savant s’il s’accordait une quelconque pause pendant ses recherches.

Ce dernier ne demanda pas de renseignements à Giovanni, il n’en semblait d’ailleurs pas très curieux. On aurait pu croire qu’il était tel un robot, programmé pour débiter le flux d’informations qu’il avait initié. Ses bras moulinaient au fur et à mesure que son discours s’élaborait, il marchait sur quelques mètres puis faisait demi-tour, si précipitamment que certaines feuilles s’élevaient de temps à autres.

« L’adénine, la thymine, la guanine, et la cytosine sont des molécules, appelées nucléotides, qui sont l’élément de base d’un acide nucléique. Dans le cas présent, cet acide nucléique est l’ADN. Dans un même brin d’ADN on constate un ordre de ces molécules dans ce que l’on appelle une séquence, cela caractérise un génome bien particulier. Cette information est valable de manière générale. »

Giovanni avait quelques connaissances dans le domaine de la recherche scientifique, cependant ces dernières étaient limitées, c’est pourquoi il n’interrompit pas l’homme. Celui-ci était un éminent érudit, il avait reçu au cours de la dernière décennie plus de sept prix annuels de la découverte la plus profitable quant à l’avenir de la vie. Giovanni n’était pas intimidé, mais éprouvait un surprenant respect pour ses propos.

« Toutefois, chez les pokémons, la microtérasine remplace l’adénine ! Vous rendez-vous compte ?C’est une découverte très récente ! Avant nous pensions que les pokémons possédaient les mêmes nucléotides que nous, humains, ce qui nous laissait supposer qu’ils étaient le fruit d’une évolution biologique. Cette découverte nous informe sur l’origine de leurs pouvoirs, pouvant être qualifiés de magiques voire même de divins ! »

L’homme fixait Giovanni, il se retourna précipitamment, saisit une bouteille d’eau dont la condensation qu’elle contenait laissait supposer une ouverture assez ancienne. Il but plusieurs gorgées, s’interrompit puis observa le goulot en clignant rapidement des yeux. Il reposa la bouteille sur le bureau puis secoua la tête.

« La force surnaturelle de certains d’entre eux ne vient pas nécessairement de ce nouveau nucléotide, elle résulte sûrement d’un codage génétique spécifique, qu’il nous serait possible d’obtenir par des remaniements de notre génome, de telle sorte à acquérir, bien que tout ceci reste purement théorique et assez schématique, la puissance d’un animal, tel un ours ou un éléphant par exemple. Vous me suivez toujours ? »

Giovanni acquiesça. Il commençait à franchement s’intéresser aux propos de l’homme.

« Dans le cas présent, cela concerne la caractéristique que l’on pourrait qualifier de spéciale, on traite ici de la capacité qu’ont la plupart des pokémons, de manière plus ou moins aboutie, à jouer avec la matière, à la contrôler, la déformer, l’utiliser comme un outil de prolongement d’ordres cérébraux.
Le premier exemple qui me viendrait à l’esprit, sans mauvais jeu de mot, serait un mouvement psychique, comme l’attaque Psycho par exemple. »

Un document glissa du meuble adjacent au scientifique. Ses nombreux mouvements de bras ne s’estompaient pas, il possédait une énergie débordante. L’homme remarqua la mouvement de la feuille, s’interrompit puis la ramassa. Il posa un doigt sur sa bouche, écarquilla les yeux durant quelques secondes puis posa le papier sur son bureau, inscrivant une note au passage, puis reprit son monologue.

« De la même manière, en jouant avec la matière, il leur est possible de se propulser dans l’espace. De plus ! Ils peuvent combiner cette capacité avec des aptitudes d’ordre physique, comme la vivacité, dans le but de les améliorer, d’accroître leur efficience. On voit donc apparaître des mouvements tels que l’attaque Reflet dans le cas présent, ou la Danse-Lame dans un objectif nettement plus offensif.
Cependant, nous sommes encore dans l’inconnu quant à leur capacité à jouer avec le temps en plus de l’espace. Je ne suis pas fier de vous dire ceci, mais le Téléport est encore une réelle énigme pour notre communauté ! »

Giovanni était subjugué, les propos du savant le fascinaient. Il voyait en eux des applications infinies quant à son désir de pouvoir. En effet, il appréciait particulièrement le travail de la matière. C’est pour cela que ses pokémons étaient pour la plupart de type Sol, les rendant capables de jouer efficacement avec le terrain sur lequel ils évoluaient au cours d’un combat. C’est également de cette manière que Giovanni avait établi sa principale stratégie lors de duel : la création d’instabilité, visant à produire un déséquilibre, poussant alors le relief en sa faveur.
Toutefois, il était conscient que cela ne fonctionnait pas contre tous les opposants, il lui fallait donc trouver une alternative.

« Par ailleurs, tout comme l’homme, qui aurait un ancêtre commun avec les primates, suivant l’apparition des différentes évolutions du génome ; les différentes espèces de pokémons que nous connaissons aujourd’hui auraient également un ancêtre commun qui leur est propre, dont nous avons d’ailleurs peut-être trouvé une trace.

- Pardon ? s’interloqua Giovanni.

- Et bien il semblerait que nous ayons extrait un brin d’ADN inconnu d’un fossile ambré, qui présente, en tout cas, en l’état actuel de nos recherches, des gènes communs à des pokémons très proches, mais également et surtout, des gènes communs à des pokémons dont les similitudes génétiques étaient encore inexistantes il y a quelques jours. »

Ce fut au tour de Giovanni d’écarquiller les yeux. Il ne savait pas s’il était plutôt stupéfait ou confus.

« Pardonnez-moi de cette question mais, cela signifie-t-il qu’il existe un pokémon, si toutefois il a survécu au fil des âges, qui aurait un pouvoir regroupant ceux d’une imposante partie de ses congénères ? »

Le savant sembla désarçonné par cette question. Puis il tourna les talons, se précipita de son pas claudiquant vers l’immense bibliothèque murale du fond de la pièce, y prit le troisième ouvrage depuis la droite de la quatrième rangée. Il commença à le feuilleter puis soupira, et jeta le livre dans la pièce. Il tourna la tête en direction de Giovanni, resta stoïque et silencieux, puis reprit ses recherches dans la bibliothèque.

« Ah, le voilà ! » s’exclama-t-il.

Il se rapprocha de son interlocuteur, un livre ouvert à la main. Giovanni pu apercevoir des symboles runiques sur la quatrième de couverture. L’homme tourna encore quelques pages puis lui tendit l’ouvrage.

« Si un tel pokémon existe, il est similaire à ceci. »

***

« Que vas-tu faire ? », lui demanda-t-il tandis qu’elle enfilait une autre robe.

Il aurait voulu suivre ce mouvement toute la journée s’il le pouvait. Le tissu épousait délicatement ses courbures voluptueuses. Elle prit le temps de se redresser, afin d’attacher ses cheveux en une queue haute, dévoilant au mieux ses pommettes saillantes et ses sourcils parfaits. L’homme se retrouva instinctivement dans un état similaire à celui de la veille. Naturellement, un sourire victorieux apparut sur son visage, faisant scintiller ses canines.

« Et bien j’ai plusieurs idées Ko, assura-t-elle, un important congrès est organisé, où il est entre autres traité de l’impact primordial du psychisme dans nos vie, et je t’épargne tout le vocabulaire scientifique de la chose. Évidemment, il faut que je commence par dérober.. enfin, soulager quelqu’un d’un billet d’entrée, que je n’ai guère eu le temps d’acheter ; puis de trouver un moyen de transport depuis Parmanie jusqu’au lieu défini.

- Et où se déroule-t-elle, cette ambassade ?

- Dans un manoir, au pied du volcan de Cramois’Île. »