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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 15/01/2017 à 10:41
» Dernière mise à jour le 17/01/2017 à 16:12

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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38.— AVOIR LES MAINS COUVERTES DE SANG & S’ÉTREINDRE
Gary ne quittait plus son nouveau badge des yeux. L'étoile de Jade, décernée par Luana, le rendit tout fier. Il n'avait pas ressenti ça depuis longtemps. Le devoir d'un dresseur accompli. Lucario et Ohmassacre furent conviés à un bon bain dans les sources chaudes ainsi qu'à des massages. Ils voulaient fêter leur victoire dignement.

Lucas les rejoignit, admiratif du combat dont il avait été l'unique spectateur.

« Jusqu'au bout j'ai cru que tu allais perdre. Luana avait l'avantage d'avoir disputé des matchs en double avant toi. Tu nous as surpris ! Si un jour mon rêve se réalise, il faudra que tu viennes me défier dans mon arène !
- Je n'y manquerais pas. »

Le brun prit un air sérieux.

« C'est grâce à toi si j'ai gagné. Je ne sais pas comment te remercier. Tu m'as beaucoup apporté, sache-le. Je suis content de t'avoir rencontré. Tu es une personne formidable. Tu m'as fait grandir et m'a appris à ne pas laisser tomber, à me battre. Tu m'as redonné goût au combat. Jamais je ne l'oublierais. »

Lucas lui avait permis de faire évoluer Lampéroie ; il l'avait motivé toutes ces heures, lui avait donné envie de se surpasser. Il le considérait plus que comme un simple collègue dresseur. Lucas était devenu un ami précieux. A l'idée de se séparer dans quelques jours, de ne plus continuer leurs entraînements, l'affectait davantage que les lapins posés par Ondine.

Lucas devait repartir dans trois jours. Il allait rejoindre des amis pour s'entraîner dans les montagnes. Il proposa à Gary de les rejoindre.

« Je ne peux pas. Je suis en vacances avec ma femme. »

Lucas parut déçu mais comprit que la vie de couple devait passer avant le reste. Gary aurait aimé qu'Ondine le pense elle aussi. Son visage semblait soucieux. Pour le sortir de ses amères réflexions, le blond lui tapa affectueusement dans le dos.

« Ne t'arrête jamais de te battre, l'ami, lui confia Lucas avec un grand sourire dévoilant toutes ses dents. »

Maintenant qu'il avait retrouvé le plaisir de se battre, Gary n'avait pas l'intention d'arrêter en si bon chemin. Ses Pokémon, trop contents d'avoir livré bataille contre une championne redoutable, ne le supporteraient pas. Lui non plus. Il était fait pour être dresseur. C'est ce qu'il avait réalisé durant toutes les heures passées en compagnie de Lucas. Il lui avait apprit à redécouvrir ce que c'était que de vibrer en même temps que ces Pokémon, d'avoir un objectif commun. De tout faire pour l'atteindre. La sensation que l'on vivait pendant un combat était tout simplement grisante.

Les deux amis avaient l'intention de remettre leurs entraînements les jours suivants, jusqu'au départ du dresseur électrique.

Gary regagna la chambre, décontracté par les massages. Lorsqu'il entra, Ondine lui jeta un regard noir. Terrible. Accusateur.

« C'est à cette heure que tu rentres ! dit-elle sans desserrer les dents.
- Il n'est pas tard. J'ai eu une dure journée. Je suis fatigué. Je n'ai pas le cœur à entendre tes remarques. »

Il prit sa douche sans prononcer un mot de plus. Une fois sorti de la salle de bain, Ondine lui lança, cinglante :

« Où étais-tu ? Je peux le savoir ? »

Il ne supporta pas ce ton de reproche. Alors qu'elle avait tant à se faire pardonner. Il jeta au sol la serviette qu'il avait à la main, monta lui aussi dans les tours.

« Et toi ? Je peux connaître ton emploi du temps ?
- Je n'aime pas quand on me surveille. Je n'ai pas de compte à te rendre. »

Il se mordit la lèvre inférieure. C'était bien la première fois qu'ils s'aboyaient dessus avec autant de hargne. Deux Snubbull se disputant un os.

« Quand tu me poses un premier lapin, puis un second sans me donner d'explications, sans m'avertir, sans t'excuser, j'ai le droit de savoir. Encore Sacha, c'est ça ? »

Il cria plus fort, donnant l'impression qu'il crachait le prénom de son rival. De celui qui demeurait entre eux. Elle se mit à rougir. Ce simple aveu lui suffit.

« Ce combat était important pour moi ! Tu n'as pensé qu'à toi et à lui. Et moi dans tout ça ? Ces vacances étaient censés nous rapprocher et nous voilà aussi éloignés que deux étrangers. Explique-moi ! »

Elle avait tout simplement oublié. Deux fois. Comment le lui avouer ? Elle n'avait pas d'excuses et pourtant elle en cherchait, quitte à lui mentir.

« Je n'ai pas eu que Sacha au téléphone. Séréna aussi, Jacky, le professeur Chen...
- Arrête ! Je ne te crois pas ! Tout le Bourg-Palette y est passé, aussi ? Tu as discuté avec Pikachu ? Comment-va-t-il ? »

L'ironie lui transformait le visage. La colère s'y mêlait, dominant ses traits crispés. Ondine, en manière d'armure, sortit ce qu'elle pensait être un motif valable.

« Tu n'es pas là. Je ne te vois plus. Je suis toute seule, tu me laisses.
- Le déjeuner de la veille et le match d'aujourd'hui étaient un moyen de passer un moment ensemble. Tu les as gâchés. »

Les cris avaient tiré Azurill de sa sieste. Au lieu de demander à être cajoler, il demeura caché derrière la porte de la kitchenette mis à la disposition des clients de l'hôtel. Otaquin avait lui aussi entendu la dispute et voulut préserver le bébé.

Ondine quitta la chambre tandis que Gary se posta au balcon, plongé dans la contemplation du panorama paradisiaque. Il avait besoin de calmer ses nerfs. Dehors, l'île était bruyante. On entendait de la musique forte, des cris.

Otaquin tenta de rassurer Azurill sans parvenir à le calmer. Le bébé pleurait sans s'arrêter. Il réclamait les bras d'Ondine. On sentait une tristesse infinie le secouer d'avoir assisté à la première vraie querelle du couple. Otaquin lui aussi était peiné que ses deux parents adoptifs aient des différents qui les séparaient.

Psykokwak apparut au plus mauvais moment pour essayer de consoler le bébé. Les deux Pokémon rivaux se chamaillèrent et laissèrent le petit s'échapper de la kitchenette. Azurill sortit de la chambre en bondissant malgré les tremblements que lui arrachaient les larmes. Psykokwak, trop occupé à griffer la truffe du starter eau, ne remarqua rien. Otaquin lui fit comprendre qu'Azurill avait disparu ; le canard jaune ne voulait rien entendre : il voulait en découdre.

L'otarie, exaspérée, quitta lui aussi la chambre, poursuivant le bébé. Psykokwak, tout seul, se résigna à les suivre, n'ayant rien d'autre à faire.

• • • • • • • • • •
L'hôtel Citrus n'était qu'à deux pas de la plage. La nuit était déjà bien avancée mais le calme ne régnait pas en ville. Le silence ne s'imposait que plus loin, vers les eaux.
Azurill, aveuglé par les larmes, se trouva sur le sable sans comprendre ce qu'il faisait là. Au moment de rebrousser chemin, une vive lueur rougeoyeante attira son attention. Une tache sanglante, éclatante, noyait les eaux calmes de la mer.

Le bébé s'approcha par petits bonds ; il entra dans l'eau. Plus loin, Otaquin venait d'apercevoir quelque chose bouger dans l'onde. Il se précipita, manqua de trébucher à plusieurs reprises. Des touristes peu respectueux de l'environnement avaient laissé traîner par terre des canettes vides.

Azurill se rendit compte qu'il n'avait plus pied. Il était trop tard. Un banc de Colhomard l'encercla, empêchant sa fuite. Un Staross, enfoui dans les eaux avait allumé son joyau pour attirer la proie de ses complices, les bandits des mers.

Otaquin, en voyant les ombres de ces prédateurs que la lune projetait à la surface, plongea dans l'eau. Déjà les Cohlomard saisissaient leur victime entre leurs pinces. Ils l'emmenaient vers leur chef : un énorme Moyade. Ce dernier patientait que ses sbires viennent lui apporter son dîner. Le bébé se débattait et sanglotait. Il éclaboussait avec sa queue prisonnière le visage impassible de ses bourreaux.

Otaquin lâcha une attaque Ecume avec sa truffe pour montrer sa présence. Quelques Pokémon se retournèrent, appréciant leur seconde prise. Ils se concentrèrent sur le starter qui devint prisonnier lui aussi. Il tenta des Ecras'Face inefficaces. Ce fut lui qui se retrouva devant le chef, considéré comme plat digne d'être consistant. Le chef du gang ouvrit sa bouche, soulevant son énorme moustache blanche, prêt à avaler l'énergie vitale du Pokémon qui lui était présenté.

Azurill dérivait et tentait de regagner le large. Les Colhommard se jetèrent de nouveau sur lui, savourant d'avance les restes que leur offrait Moyade. Le bébé serait un plat suffisant pour eux. Otaquin regardait impuissant la scène. Il se sentit inutile. Il plaqua ses deux nageoires sur les oreilles, ferma les yeux dans une grimace, appuyant ses paupières pour ne plus rien entendre ni rien voir de l'horreur.

Les pupilles vitreuses du Moyade fixaient sa victime avec délectation. Il posa ses deux nageoires gélatineuses sur le corps paralysé d'Otaquin, prêt à l'opération. Otaquin pensa fort, à Ondine, à Gary, à sa faiblesse de cet instant, à son ancienne vie, à tous ses moments heureux passés avec sa famille adoptive. Il ne regrettait qu'une chose : ne pas avoir pu sauver le petit Azurill.
Un son guttural annonça le début du processus.

Brusquement, l'emprise du Moyade devint plus lâche. L'otarie leva un oeil et découvrit qu'on avait frappé le chef. Avec les rayons de la lune, il reconnut la forme de Psykokwak sur le sommet du crâne de Moyade.
Le canard assommait la méduse géante à coups de Psykoud'Boul. Les Colhomard laissèrent Azurill, cherchant à venger leur supérieur. Otaquin, une fois libre, récupéra et déposa sur la plage le bébé inconscient. Il repartit en mer, assister son camarade.

Le canard de la championne ne se débrouillait pas si mal et avait même réussit à blesser sérieusement le Moyade. Les Colhommard, immunisés contre les Psykoud'Boul, ripostèrent avec leurs grandes pinces carmin. Otaquin éloigna le troupeau à l'aide de Voix Enjôleuse. Mais les Feintes le blessèrent gravement. Certains Colhommard renoncèrent, suffisamment amochés pour la soirée. D'autres, pour le plaisir de frapper plus faible qu'eux, s'acharnèrent sur l'otarie jusqu'à la laisser inconsciente, baignant dans une tache couleur sang, qui ne faisait que s'étendre dans la mer. Psykokwak, d'un Vibraqua, les chassa pour de bon.

Le canard traîna le corps mutilé de son rival jusqu'à la plage. Il le laissa à côté de celui du bébé. Les deux Pokémon semblaient morts. Que devait-il faire ?
Comme à chaque fois qu'il réfléchissait intensément, il porta ses doigts palmés à son crâne, inclina la tête à droite puis à gauche, dans un balancement que la situation aurait rendu amusante si deux cadavres n'entachaient pas le sable à ses pieds.

Il leva la tête. L'hôtel Citrus se détachait des autres bâtiments par sa taille colossale. Posté sur la rambarde d'un des balcon, Gary avait peut-être assisté à la scène. Ou alors était-il trop loin, n'avait-il rien remarqué ? La lumière émise par le Staross, les attaques projetées à la surface de l'eau lui avaient-elles parus floues ?
Ou tout simplement avait-il fermé la porte-fenêtre et était-il en train de dormir à cette heure ?

Pour obtenir des réponses à toutes ces interrogations qui échauffaient son crâne vide, Psykokwak marcha d'un pas rapide vers l'entrée de l'hôtel. Il s’essouffla vite et dût ralentir sa course. Les lustres accrochés dans le hall attirèrent son attention pendant de longues minutes. Il avait envie de s'amuser dessus, de se balancer avec.

Il attendit l'ascenseur aux pieds de clients surpris de voir un Pokémon s'extasier sur les boutons qui clignotaient progressivement à la montée des étages. Mais à quelle étage se trouvait la chambre du couple ? Il avait une piètre mémoire.
Il vagabonda à tous les étages, effrayant et bousculant des clients dans son périple. Au bout d'un énième couloir, il reconnut le numéro de la chambre, la 112. Il fit un saut maladroit pour atteindre la poignée et réussit malgré tout à s'introduire à l'intérieur.

Tout était calme et plongé dans le noir. Il crut s'être trompé de chambre. Étaient-ils sortis ? Un froissement très léger attira son attention. Quelqu'un dormait dans le lit. Psykokwak sauta sur le matelas. Le corps de la personne dessinait des courbes dans les draps.

« Psy ? Ko ? »

Le canard secoua le bras de l'inconnu pour le réveiller. Ce dernier, profondément endormi, ne réagissait pas. Le Pokémon le frappa en plein sur le front avec un Coup d'Boule. La personne poussa un cri, se redressa et alluma la lumière. Quand il reconnut Gary, le canard lui sauta au cou.
Le jeune homme se frotta la tête, là où une bosse apparaîtrait d'ici quelques jours.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi me réveilles-tu ? »

Soudain, au milieu des effusions, Psykokwak se souvint d'Otaquin et d'Azurill, morts sur la plage. Il fit des gestes pour expliquer la situation. Gary baillait, ne comprenait rien. Il essuyait ses paupières fatiguées. Et remarqua qu'Ondine n'était pas là.
Il vérifia l'heure. Il était dix heures passées.

Pour avoir la paix, il suivit le Pokémon qui le guida jusqu'à l'extérieur. Il n'avait même pas enfilé de vêtements si bien qu'il se déplaça dans l'hôtel et à l'extérieur en sous-vêtements et torse nu. Heureusement la température avoisinait les vingt degrés.

La plage était déserte. Les Colhomard n'avait pas eut envie d'emmener au large les corps inertes des deux Pokémon. Gary, lorsqu'il reconnut le profil des deux créatures sous la lumière blafarde de la lune, crut défaillir. Il se précipita, passa la paume de ses mains sur leurs blessures encore chaudes. Ses doigts furent trempés de sang. Des perles rouges tombaient en petite pluie sur le sable.

« C'est pas possible... »

Psykokwak restait à l'écart, le goût du devoir accompli dans le bec. Il observait la lune éclatante. Le disque dégageait une pureté qui rendit le Pokémon aussi admiratif que s'il contemplait sa gamelle de nourriture. Il entendit des bruits de pas puis tourna la tête. Gary portait dans ses bras couverts de sang les corps sans vie des deux victimes.

« Allez, viens, on a assez perdu de temps. »

Pyskokwak aurait bien aimé prolonger sa contemplation de l'astre lunaire. Il baissa la tête, regrettant d'avoir gâché cet instant magique par sa bonne conscience et la bonne action qu'il avait faite. De toute manière, il fallait être aveugle pour croire qu'Otaquin et Azurill étaient encore en vie. Même Psykokwak, dépourvu d'un cerveau réactif, le savait. A quoi cela servait-il de les transporter ? Lui avait envie de dormir dans sa Pokéball.
Laisser la mer les recouvrir, qu'ils retournent là où se trouvait être leur place de Pokémon eaux, lui semblait une meilleure option pour leurs funérailles.

Il avait presque envie de sauter de joie à l'idée de ne plus avoir de rival. Il remercierait à l'occasion les Colhomard pour cette aide précieuse. Maintenant le couple allait s'occuper de lui tout le temps, comme avant. Il n'y aurait plus ce pitre au nez rose pour l'empêcher de vivre avec eux. Il n'avait pas eu à se salir les mains.

Loreen – Heal
Gary se mit à courir, la vue brouillée par les larmes qui glissaient le long de son visage douloureux. L'impression que lui aussi était meurtri lui marquait la peau.
Il se précipita sans connaître la direction du centre Pokémon. Par chance ou par une heureuse coïncidence, il trouva le bâtiment au toit rouge et s'y engouffra. Il sonna à l'accueil, attendit de longues secondes avant de voir apparaître derrière un rideau de perles une infirmière Joëlle à la peau bronzée.

« Queche qu'ya ? dit-elle, baillant à s'en décrocher la mâchoire.
- Ces Pokémon ont besoin de soins de toute urgence !"

Il lui présenta les corps des Pokémon concernés. L'infirmière retrouva son sérieux, demanda au Leveinard qui l'avait suivit depuis la chambre de repos d'aller chercher un brancard. Gary les regardait faire, ayant peur qu'elle ne les blesse davantage en les lui enlevant de ses bras tremblants. Il regarda Leveinard s'éloigner avec l'envie de le suivre pour ne pas les laisser seuls, sans surveillance. S'ils se réveillaient et qu'ils ne le voyait pas ? Ils croiraient à un abandon. La blessure serait plus grave encore, incapable de cicatriser.

Joëlle enfila une paire de gants tout en scrutant le dresseur pour le caser dans une catégorie. Celle des irresponsables, des inconscients ? Ou celle des sans-cœur ?

« Comment se fait-il que ces Pokémon soient dans cet état ? Sont-ils à vous ? »

Il ne savait pas par quoi commencer. Devant son hésitation, elle tenta de le rassurer. Les larmes qui sillonnaient ses joues pâles prouvaient qu'il n'était pas un sans-cœur. Il s'inquiétait véritablement pour le sort de ces Pokémon.

« Je dois vous avouer qu'en constatant leurs blessures, je me fais plus de soucis pour Azurill, encore petit.
- Otaquin a des antécédents médicaux. »

Cela ne présageait rien de bon. Elle le laissa ruminer de sombres espérances.
Il devait appeler Ondine. Il prit place devant un poste en PVC, composa le numéro de l'hôtel puis demanda à parler à sa femme, Ondine De Bofford. L'attente fut longue. Il perdait sa dose de courage et d'énergie à mesure que les minutes filaient.

« Allô ? Gary ? Où es-tu ? »

Sa mine défaite dévoilait une inquiétude bien remarquable dans la voix. Il se mit à trembler, ses mains s'agitaient, sa voix devint chevrotante. Elle l'exhorta à expliquer la raison de son appel.

« Viens au Centre Pokémon. C'est trop grave pour que je puisse t'en parler comme ça. Dépêche-toi, c'est au sujet d'Otaquin et d'Azurill. »

Psykokwak faisait coucou à sa dresseuse derrière l'écran, un sourire comblé au bec. Il voulait faire la fête pour célébrer la disparition impromptue de son pire ennemi.
Ils raccrochèrent, tous deux angoissés. Lui par la nouvelle qu'il risquait d'apprendre à chaque seconde ; elle par cet appel urgent passé au milieu de la nuit.

Il resta debout, en face du comptoir, à examiner ses mains sanguinolentes.

« C'est ma faute. J'aurai dû les surveiller. Ils étaient sous ma responsabilité. Au lieu de ça j'ai dormi. Je les ai tués. »

Un Leveinard lui passa un mouchoir pour qu'il essuie ses mains. Il jeta le papier dans une corbeille puis entendit le cri aigu et euphorique de Psykokwak. Ce dernier accueillit sa dresseuse par un gros câlin.

« Qu'est-ce qui se passe ? J'ai fait aussi vite que j'ai pu.
- Psykokwak m'a amené à la plage et ils étaient là, gisant dans une mare de sang... lui confia-t-il en recouvrant un peu de sang-froid. »

Incapable de sortir la moindre parole, Ondine laissa son sac glisser au sol avant de trouver un peu de réconfort dans les bras de son mari. Lui, semblait étonné qu'elle ne lui reproche rien. Se sentait-elle aussi responsable de ce qui s'était passé ? Après tout, la dispute n'avait pas qu'un seul fautif.
Il n'était pas l'heure de se rappeler les querelles. Il fallait se souder.

La sensation d'être dans les bras l'un de l'autre, de sentir la proximité de leurs corps, les rendit confus. Ils eurent l'impression que, serrer l'un contre l'autre, plus rien ne pourrait les atteindre, que le plus important leur avait été rendu au milieu du drame. La querelle et ses raisons, le dresseur à la casquette, disparurent pendant un court instant ; ils oublièrent de penser à ce qui les préoccupait pour ne s'occuper que de leurs retrouvailles dont ils avaient attendu l'arrivée.

Gary voulait paraître fort mais n'arrivait pas à retenir ses larmes ; des larmes de soulagement liés aux retrouvailles mais surtout des larmes amères et de peur. Qui traduisait son angoisse. Ses mains qui avaient trempé dans le sang chaud serraient Ondine dans une étreinte qu'il aurait voulu capable d'effacer ces traces de vie qui s'échappaient à chaque seconde. Quand elle sentit les mains de son mari qui commençaient à se dérober, tremblantes, dépourvues de force, la jeune femme fit en sorte de ne pas le lâcher. Elle avait peur que tout s'arrête, qu'elle découvre son visage noyé par la crainte de l'avenir. Plus rien ne serait pareil s'ils ne repartaient pas d'ici sans leur famille au grand complet. Il n'y avait que Psykokwak qui levait les yeux vers eux, voulant partager leur câlin parce qu'il se savait seul survivant d'une heureuse hécatombe.

« Il vont s'en sortir, j'en suis sûre. »

Elle resserra son étreinte, plus fort. Le couple entendit alors derrière eux un léger toussotement. Ils se retournèrent vers l'infirmière Joëlle qui demandait un peu d'attention. Elle reprit son souffle avant de leur annoncer de quoi il retournait. A sa figure soucieuse, on redouta la pire des nouvelles.