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Bleuet fané de M@xime1086



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Informations

» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 13/11/2016 à 10:08
» Dernière mise à jour le 13/11/2016 à 10:08

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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33.— MONTER UN PROJET & SUBIR UN ULTIMATUM
Le lendemain, comme convenu, Ondine retourna à la salle débarrassée des restes de la veille. Jeff l'attendait déjà.

« J'ai plusieurs endroits qui pourraient t'intéresser. Dis-moi ce que tu cherches exactement. »

La championne détailla ses envies. Un lieu vaste avec des gradins et un bassin. S'il pouvait être large et profond pour permettre des combats sur ou sous l'eau... L'idéal serait que tout soit déjà installé sur place.

« Une sorte de piscine municipale ?
- Je sais que celle d'Azuria n'a qu'un seul bassin et qu'il est déjà utilisé. »

Jeff s'arrêta de marcher. Ils traversaient paisiblement la ville comme si les indications de la jeune femme guidait leurs pas vers un lieu précis.

« J'ai bien un gymnase à te proposer. Il servait autrefois aux compétitions de foot. Il y a des gradins et le toit peut s'ouvrir. Il faudrait aménager la piscine. »

Ondine devait se faire une raison. Jamais elle ne trouverait la perle rare. Cette proposition était déjà plus proche de ce qu'elle espérait trouver pour qu'elle puisse la refuser.

Le gymnase dont parlait Jeff se situait au nord de la ville. Il avait l'air abandonné depuis des décennies. Heureusement la bâtisse ne tombait pas encore en ruines.
A l'intérieur, tout était poussiéreux mais en bon état. Le matériel sportif avait été enlevé. Il ne restait que les gradins en pierres grises. La salle était nue. On devinait au sol le marquage des lignes de foot.

Il fallait envisager de faire un devis puis entamer la construction du bassin. Et mettre la main au porte-monnaie.

Le mariage leur avait pompé une grande partie de leurs économies. Avant de se lancer pleinement dans ce projet, il fallait trouver un financement. Deux choix lui étaient possible : celui de demander un prêt à sa banque. Etant une championne, assurée de garder sa fonction jusqu'à sa démission ou sa retraite, elle n'aurait aucun mal à rembourser un crédit sur plusieurs années. Ses matchs lui rapportaient un bon salaire, l'arène étant toujours aussi attractive. Et puis elle ne perdait qu'à de très rares occasions, ses challengers étant des gamins en culottes courtes pour la plupart.

Ou rester championne à l'arène actuelle. Elle attendrait alors d'avoir suffisamment d'argent de côté pour s'engager dans cette longue affaire. Mais deux problèmes pouvaient la bloquer : si Jeff trouvait quelqu'un d'intéressé ? Parce que mettre suffisamment d'économies allait lui demander des mois voire des années...
Violette était la seconde barrière. Reprendre de manière permanente son poste de championne après ses absences et l'organisation du mariage allait lui coûter, avec sa sœur dans les parages.

« Ton offre m'intéresse beaucoup mais je dois t'avouer que l'achat de ce gymnase et la construction d'un bassin sont au-dessus de mes moyens. Je vais trouver une solution dans les jours à venir.
- Aucun problème. Ce genre de bâtiment ne trouve pas preneur avant des semaines et des mois. Prend ton temps. »

• • • • • • • • • •
Gary avait trouvé le lit vide à son réveil. Il s'étira avant de se rappeler qu'Ondine De Bofford avait rendez-vous avec un ami de ses parents pour dégoter un endroit où établir son arène.

Ondine De Bofford.

Cela sonnait bien. Il sourit. La veille, ils étaient rentrés euphoriques des réjouissances.

« Comment vous appelez-vous, mademoiselle ? avait-il demandé avec tendresse et humour.
- Madame, s'il-vous-plaît. Madame Ondine De Bofford, avait répondu sa femme en l'embrassant. »

Puis ils l'avaient fait, rassasiés par ce nouveau lien qui les unissait. Après l'amour, elle s'était lovée entre ses bras en silence. Il lui avait baisé les cheveux, incapable d'arracher ses lèvres de son corps.
Elle lui glissa alors comme une confidence, la proposition de Jeff pour le lendemain.

Leur mariage avait-il déclenché des changements dans leurs vies ? Cette bonne nouvelle tombée du ciel, Gary avait du mal à le croire. Pour ne pas briser l'enthousiaste de sa femme, il avait fait taire son scepticisme.

Maintenant qu'ils étaient mariés, Gary espérait qu'enfin ils prendraient un peu de temps pour penser à eux. Il avait très envie de partir en voyage. Cette nouvelle, qui annonçait de potentiels changements dans la carrière de la championne, risquerait de compromettre ses projets d'exil momentané. Il attendrait avant de lui en parler ; ils vivaient ensemble, c'était l'essentiel. Le voyage serait pour plus tard.

• • • • • • • • • •
« Comment ça, vous allez déménager ? »

Cette question lâchée comme un cri, déconcerta Violette.

« Enfin, déménager est un bien grand mot. Daisy ne t'a pas mise au courant ? »

La championne eut l'impression d'atterrir en pleine tempête. Violette avait le sourire fin des plans longtemps mijotés.

« Elle ne t'a pas dit que nous allions ouvrir une seconde salle de spectacle ?
- Pourquoi ne pas m'avoir averti plus tôt...
- Tu étais tellement occupée par ton mariage, soupira-t-elle, ironique. Dois-je te rappeler que tu ne fais plus plus partie de la troupe des Sœurs Sensationnelles depuis belle lurette ? »

L'uppercut fut lourd à encaisser pour la cadette. C'était comme si on la foutait dehors à coups de pieds.

« Où avez-vous trouvé cette nouvelle salle ? demanda-t-elle d'une voix dépourvue d'intérêt, soudain lasse.
- C'est monsieur Novelli , répondit sa sœur, toujours le même sourire peint sur les lèvres. »

Ondine ouvrit de grands yeux, réalisa enfin. La personne à qui Novelli avait loué la salle qu'elle avait convoité pendant des semaines était sa propre sœur ! Il l'avait appelé il y a des mois de cela pour lui apprendre qu'il avait loué la salle à quelqu'un d'autre. Ce ne pouvait pas être une coïncidence !

« Tu l'as fait exprès ! Tu savais que je cherchais un endroit où m'établir !
- Mais pas du tout, comment l'aurais-je su ?
- Daisy te l'a répété. »

Violette haussa les épaules, visiblement dépitée d'être injustement accusée.

« Pourquoi aurais-je fait une chose pareille ? Tu ne crois pas que me débarrasser de toi serait dans mon intérêt plutôt que de te garder là, dans mes pattes ?
- Tu es perverse et retors. »

Violette allait s'en aller, ayant eut sa dose de satisfaction personnelle pour la journée mais Ondine la retint.

« Et pour l'arène ?
- Soit tu restes ici comme avant, soit tu cherches ailleurs.
- Restez ici ? jeta-t-elle avec dédain. Plutôt mourir ! »

Elle appellerait la banque tout à l'heure pour prendre rendez-vous et demander un prêt. Pour le moment elle rentra déjeuner à la maison, épuisée de cette énième accrochage avec Violette.

• • • • • • • • • •
Ludovico Einaudi – Una Mattina
Ondine revint de son rendez-vous avec une mine défaite. Elle jeta son sac sur le canapé, déboutonna sa veste qu'elle coucha sur le dos d'une chaise. Gary lui servit à boire avant de lui poser des questions.

« Elle m'a dit qu'un prêt était envisageable au vu de ma situation professionnelle.
- Alors pourquoi cet air abattu ? demanda-t-il, étonné. »

Elle avala le contenu de son verre, essuya ses lèves humides d'un revers de la main.

« Pour débloquer ce prêt, il faut que la banque soit assurée que je rembourse dès les premières mensualités, c'est-à-dire, au moment des travaux. Or si travaux il y a, je ne peux pas recevoir mes challengers dans une arène en plein réaménagement. »

Son mari fronça légèrement les sourcils dans l'attente de tout comprendre.

« Je suis condamnée à travailler avec mes sœurs encore un certain temps. Jusqu'à ce que les travaux se terminent. C'est le seul moyen que j'ai pour les financer. »

Il la prit dans ses bras, désolé de son impuissance. S'il avait la possibilité de gagner plus d'argent avec son salaire de serveur... Il savait qu'être dresseur pouvait lui permettre très vite de générer des économies. Mais partir loin d'elle alors qu'ils venaient seulement de se marier... il n'en avait pas le cœur. Jamais il n'irait quémander de l'argent à ses parents ; Séraphine lui aurait refusé son aide, Théophile l'aurait fait. Mais c'était retourner en arrière, lorsqu'il était sous leur joug.

Comme si elle avait lu en lui, elle leva la tête pendant qu'il la serrai contre lui.

« Je veux me débrouiller toute seule.
- Même si je peux alléger la durée de ton enfer chez tes sœurs ? Dois-je te rappeler l'article 212 du Code Civil : les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance. Je serais un bien piètre mari si je te laissais seule dans cette difficulté. »

Pour toute réponse, elle plongea son visage au creux de son cou. Elle attendait depuis des mois de pouvoir voler de ses propres ailes et voilà qu'on les lui atrophiait pour une durée indéterminée.

Après la consécration de leur amour, il y eut le temps des projets à embrasser. Celui d'Ondine était le même depuis des mois. Ce prêt que lui accordait la banque était comme la dernière ligne droite passée sous un tunnel sans lumière.

Son train de vie se transforma. Non seulement elle s'occupait de l'arène chez ses sœurs mais devait surveiller les travaux. Les mois s'écoulèrent avec la même rage de verser une partie de son salaire pour payer les mensualités. Heureusement que Gary travaillait et qu'elle avait consenti qu'il l'aide de cette manière : en s'occupant des coûts de la vie quotidienne. Son salaire était plus utile à la maison que dévorer par la main gourmande de la banque.

Être sur deux fronts à la fois l'épuisait. Le matin elle se levait souvent plus tard que lui, déjà partit faire l'ouverture du bar-restaurant. Le vide dans les draps la faisait regretter les grasses matinées du début.

Le midi, heureusement, elle avait le temps de manger avec lui, une heure, pas plus, lorsqu'il commençait sa journée en début d'après-midi. Leurs horaires étaient décalés. Le seul moment dans ces journées chargées où ils avaient la possibilité de se retrouver, Ondine le passait à vérifier l'agencement de son arène. Elle restait une heure, parfois deux, debout à regarder les ouvriers défoncer le sol à l'aide de Pokémon perceurs tels que Rhinoféros, Triopikeur ou Minotaupe.

Il n'y avait pas que le bassin à creuser ; les gradins devaient être remis en état pour des raisons de sécurité. Quand elle rentrait de ces heures d'inspection, c'était pour s'occuper de la paperasse administrative. Il fallait écrire aux autorités dirigeante des arènes ainsi qu'à la Ligue et leur apprendre qu'elle déménageait dans un autre endroit, sans quitter pour autant la ville.

Après toutes ces démarches pénibles mais nécessaires, elle soufflait. Mais il était tard ; elle devait se coucher pour être en forme le lendemain. Et ainsi de suite. Jusqu'à donner l'impression à celui qui vivait à ses côtés de ne pas être remarqué. Il ne pouvait lui en vouloir de réaliser l'une de ses ambitions. Partir en voyage maintenant alors que leurs moyens financiers s'effondraient comme un château de cartes lui semblait irresponsable et déplacé.

La situation devint épineuse, surtout pour Ondine. Violette avait programmé avec Daisy et Lily -en ayant soin d'exclure sa sœur cadette- un voyage d'un mois pour fêter le succès de leurs shows et l'ouverture prochaine de la seconde salle de spectacle.

« Tu te chargeras de l'animation, on compte sur toi, petite sœur.
- Comment ça ? Je ne m'occupe plus des représentations depuis belle lurette comme tu me l'as dit. Je ne fais plus partie du groupe des Sœurs Sensationnelles puisque vous m'avez exclue de votre voyage. D'ailleurs ce n'est pas juste envers les danseuses qui travaillent dur que vous partiez en vacances pendant qu'elles triment. »

La leçon de moral ne lui fit ni chaud ni froid. Ondine se plierait à la requête sinon l'arène du même coup fermerait pendant leur absence.

« Je ne fais plus partie de la troupe, je ne vois pas pourquoi je devrais m'occuper du show. Les danseuses peuvent très bien gérer seules votre absence.
- Non. Elles ont besoin d'être guidées, d'avoir une poigne de fer qui les cadre. »

Violette sortit de sa poche le trousseau de clé et l'agita sous le nez de sa cadette.

« On peut très bien changer les serrures pour que tu n'entres pas. »

Elle savait que Violette en était capable. Que devait-elle faire ? Céder ? Sans salaire pendant un mois, ses travaux allaient prendre du retard.

« Et puis tu vérifieras aussi l'avancée de nos travaux à nous, rajouta-t-elle en voyant sa sœur faiblir. »

Au dîner, elle en discuta avec Gary. Lui préférait qu'elle reste à la maison plutôt qu'elle ajoute encore sur ses épaules d'aussi lourdes responsabilités.

« Je ne veux pas être un poids pour toi. Ne pas dépendre d'un homme est important à mes yeux.
- Tu n'es pas un poids, voyons. »

Il lui demanda en la regardant franchement :

« Tu vas te plier à ses exigences ? Te rabaisser après tout ce que Violette t'a fait, nous a fait ? »

Elle se leva de table, furieuse. Il vint s'excuser et comme à chaque fois qu'ils se disputaient, il la trouva assise sur le lit, les genoux repliés sur sa poitrine.

« Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Je ne veux plus que Violette te persécute, c'est tout.
- J'ai besoin de cet argent. Je ne peux pas me permettre de prendre du retard. J'ai des responsabilités vis-à-vis de la Ligue. Maintenant que la machine est lancée, je ne peux plus reculer. »

Elle se sentait prise à la gorge. Ce besoin impérieux d'en finir au plus vite avec ce projet qui s'éternisait la fit accepter du bout des lèvres l'ultimatum de sa sœur.