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La légendaire quête du cookie au miel d'Apireine de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 30/09/2016 à 17:13
» Dernière mise à jour le 20/02/2021 à 21:19

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Humour   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 18 : La Communauté du Cookie
« Toutes les bonnes choses ont une fin. Et aussi les mauvaises ! Heureusement, parce que sinon ça fait longtemps que je me serais défenestré ! »
Discours de fin de mandat du président de Krénios.


***


Sur une plage, à quelques kilomètres au sud de l’À-Pic Pic-Pic, des planches de bois et des cordes étaient échouées sur le sable. Et près des débris de cette frégate réduite en charpie, treize aventuriers dormaient par terre, trempés et épuisés.

Gontran fut le premier à être réveillé ; un Kraboss qui passait par là jugea bon de lui pincer l’oreille en riant, avant de fuir à toute vitesse vers un terrier lui servant de maison.

L’ex-chevalier de la Table Carrée se redressa, regarda autour de lui, puis sourit. Avant de lâcher un grand rire tonitruant qui réveilla d’un coup ses amis épuisés :

— Merveilleux ! Compagnons d’épopée ! Nous voilà de retour sur la terre ferme ! Réveillez-vous, que dis-je, montrez-vous dignes des aventuriers que nous sommes ! Nous sommes revenus vivants de cette quête digne de celle du Saint Crââde !

Les autres râlèrent face à ce discours stupide. Julie était horrifiée :

— J’ai du sable dans les cheveux, partout ! C’est dégoûtant ! Il me faut une douche, immédiatement !

Terry soupira :

— Je connais des choses plus dégoûtantes que le sable. Monsieur l’oiseau connaît aussi d’ailleurs. C’est lui qui s’est lâché sur Ramoloss, paraît-il.

Ticho se vexa.

— Toi, le pêcheur, retourne donc à tes Léviator, compris ?
— Ma frégate est en miettes. J’espère que vos cookies seront bons, histoire que je ne finisse pas perdant dans cette histoire !

Antoine calma le jeu.

— Oui, ne vous en faites pas.

Il prit Jack dans ses bras et porta une main à son épaule, presque surpris :

— Va falloir que je me rachète un sac à dos… Ça fait bizarre de se retrouver sans rien.

Le garçon pivota vers ses amis et sourit :

— On se retrouve dans deux semaines, compris ? J’habite dans une maison en périphérie d’une petite ville, au centre de Krénios.
— Et qui s’appelle ? demanda curieusement Insolourdo.
— Ssitédaifleur.

Ticho jura, avant d’ajouter :

— Je suppose que c’est fleuri, une ville avec un nom de merde pareil ?
— Oui. Vous ne pourrez pas rater ma maison, elle est juste à l’entrée de la ville, à côté d’un grand arbre à barres chocolatées.

Ticho s’étrangla :

— Quôa ? Un arbre, ça donne des barres chocolatées, chez vous ?
— Parfois, oui, tête de piaf, cracha Julie.

Antoine regarda ses compagnons un à un, l’air grave :

— Vous serez tous là ?

Bizarrement, tout le monde acquiesça.

Julie et Insolourdo n’hésitèrent pas une seconde : ils avaient trop hâte de dévorer un cookie légendaire.

Gontran avait une idée précise en tête, et souhaitait partager la récompense de leur quête avec ses compagnons de voyage.

Alakazam voulait manger avec ses amis, et Mackogneur viendrait car il fallait surveiller son maire un peu attardé. Et l’empêcher de s’envoler pour aller se cogner dans les nuages.

Cumulo était sans domicile fixe, et il n’allait pas refuser un repas gratuit. Même avec ceux qui lui avaient volé son prototype IA RX 5226.

Tadmorv le cuisinier, bien qu’encore haineux envers les autres, était curieux de savoir ce que donnerait ce cookie provenant de la recette qu’il avait créée dans un état second.

La Sage 33 voulait bien entendu revoir ces camarades sympathiques et partager avec eux un moment de détente autour d’une table.

Azurill, désormais renvoyé de son culte de sataniste, n’avait plus de but dans la vie. Alors, bon… Pourquoi ne pas manger un cookie ?

Quant à Terry Lancepelle, il était envieux de se faire rembourser sa frégate. Et il comptait bien goûter ces cookies pour savoir s’ils se vendraient bien, pour pouvoir se payer un navire tout neuf ensuite.

Jack bipa :

— UN DES INGRÉDIENTS EST JUSTE ICI.

Antoine, qui s’apprêtait à partir, regarda la plage, surpris.

— Ah bon ? Où ça ?
— TICHO LE TIENT.

Le regard des autres tomba sur le poireau de Ticho. Ce dernier ébouriffa ses plumes, mécontent.

— Quôa ?

Antoine s’avança et tendit une main dans sa direction :

— Donne-le moi.
— Hors de question !
— Ticho. Ne me force pas à sortir Keunotor.

Le Pokémon oiseau, outré, devint tout rouge, avant de se mettre à crier :

— J’ai jamais rien demandé à personne, moi ! Je suis venu dans ce monde sans mon consentement, je t’ai aidé à trouver cette recette de dingue, et maintenant tu me demandes de te donner mon précieux partenaire ?
— Dans deux semaines, tu le retrouveras dans un cookie au miel d’Apireine, puis au fond de ton estomac. Il ne te quittera pas totalement !
— Si, une fois que j’aurais…
— … été aux toilettes ? proposa Insolourdo. Vous n’aurez qu’à… garder le résultat dans un bocal.
— Jamais de la vie, tichôôôô !
— On t’en trouvera un autre, tête de piaf, s’agaça Julie. Les poireaux, ça court pas les rues, mais ça court bien les champs !

Ticho remarqua l’air déterminé d’Antoine. Il baissa les yeux sur son poireau bien-aimé.

« C’est pour la bonne cause, hein ? » pensa-t-il avec amertume.

Il donna son poireau, le cœur lourd. Antoine le remercia d’un hochement de tête, puis s’éloigna sur la plage :

— À dans deux semaines !



***


Antoine savourait l’air frais alors que la mer disparaissait dans son dos. Qu’il se sentait bien, seul au milieu des arbres, après des jours et des jours passés à marcher au rythme de ses amis !

Il avait la recette qu’il cherchait depuis si longtemps ! Il avait encore bien du mal à y croire. Mais un sourire béat s’affichait sur ses lèvres.

— Quels ingrédients nous manquent, Jack ?
— UNE RACINE DE PLANTE À PET, DU SUCRE DE NAVET BLEU, DU MIEL D’APIREINE, DU CHOCOLAT CARAMELISÉ, DE LA CHOUCROUTE FERMENTÉE…
— D’accord, d’accord… On va y aller étape par étape. On se servira de Keunotor pour voyager sur de longues distances. Commençons par le plus difficile, ok ?
— OK. JE POURRAI GOÛTER AU COOKIE, MOI AUSSI ?
— Euh… oui. Je ne suis pas sûr que tu puisses vraiment manger, mais…
— PFF. LES ÊTRES SENSORIELS ME DÉGOUTENT.
— Tu es jaloux ?
— PAS DU TOUT !

Antoine sourit :

— Commençons par les plantes à pet. Les Collines Kisantpabon, c’est pas à côté !



***


Deux semaines plus tard


— Alors, c’est ici ?

Ticho était en train de voleter devant une maison qui devait être celle d’Antoine. Un champ de fleurs poussait non loin et des habitants se promenaient dans une rue calme. L’air embaumait le sucre. Le Pokémon Vol remarqua un grand arbre proche. Des barres chocolatées poussaient entre les feuilles.

— Beurk, lâcha-t-il.

Il avait passé les deux dernières semaines chez le Sage 33, à Hon-népaloindelamèrr, en compagnie d’un Gontran exténuant et d’un Azurill dépressif. Il ignorait où s’étaient rendus les autres durant ce temps. Une chose était sûre ; il était apparemment le premier arrivé à la maison d’Antoine.

Et il ne se remettait pas encore de la perte de son cher poireau.

Il s’envola au-dessus du portail extérieur et s’engouffra par une fenêtre ouverte de la maison.

Il se retrouva dans une belle salle à manger, où était dressée une grande table conviviale. Des bouteilles de jus de fruits et des assiettes en carton attendaient déjà. Une bonne odeur, très appétissante, flottait dans la maison. Ticho entendait un four tourner et le bruit de quelque chose qui bouillait sur un feu.

— Y’a quelqu’un, tichôôô ?

Aussitôt, Keunotor déboula dans la pièce. Il montrait les crocs, alors qu’une aura de puissance l’enveloppait dans une vive lumière.

Puis, reconnaissant Ticho, il se calma et se permit une sorte de sourire. Un peu effrayant, mais un sourire quand même. Ticho sentit une goutte de sueur perler à son front.

— Oh, salut Keunotor ! Comment tu vas ? Antoine est… là ?

Le Légendaire fit demi-tour, volant à travers la pièce. Ticho le suivit dans une cuisine spacieuse. Antoine, concentré, s’affairait autour d’une marmite et vérifiait régulièrement le four. Jack, le robot, était debout dans un coin de la pièce, donnant visiblement des instructions pour suivre la recette.

Antoine vit Ticho et sourit :

— Salut, tête de piaf. Tu pourrais attendre dans la salle à manger ? J’ai presque fini.
— Oui, mais… les autres ?
— Ils devraient arriver. Tu t’occupes de leur ouvrir ?
— Si j’avais su que je servirais de portier, je serais pas venu… grommela Ticho en faisant demi-tour.
— LOL, lança Jack alors que Ticho s’éloignait.

Peu de temps après, quelqu’un tambourina à la porte comme un sauvage.

Ticho attendit un peu avant d’ouvrir :

— Hm… Cet imbécile d’Alakazam, peut-être ?

Il ouvrit et tomba nez à nez avec un Gontran vêtu d’une armure rutilante :

— OH, MON VIEIL AMI !

Gontran serra Ticho dans ses bras en l’étranglant.

— On s’est vus ce matin, tichôôô !
— Je le sais bien, diantre ! Mais j’ai eu une telle frayeur pour toi, lorsque tu es parti sans prévenir, et en faisant cet étrange geste dans ma direction !
— Quoi, tu parles du doigt d’honneur ?
— Oh, c’est donc ainsi que cela s’appelle ? Je vois ! C’est pour montrer qu’on est un homme d’honneur envers ses camarades !

Le chevalier fit un doigt d’honneur à Ticho en riant. Le Pokémon fronça les sourcils :

— Non, pas vraim…

Gontran s’était déjà engouffré dans la maison sans l’écouter plus longtemps.

Ticho rit quand il entendit Antoine s’énerver :

— Va ranger ton armure et va attendre à table ! Et pourquoi tu me fais un doigt d’honneur, hein ?

Ticho soupira et referma la porte de la maison.

— Plus qu’à attendre les autres imbéciles…



***


— Le service est fort long, ma parole ! se plaignit Insolourdo.

Tadmorv acquiesça :

— Dans mes restaurants, le service est très rapide, vous savez.
— On s’en fout, tichôôô.
— Un peu de politesse, voyons ! s’indigna doucement Dodrio.

Il ne restait plus qu’Alakazam et Mackogneur. Tous les autres invités étaient attablés et discutaient gaiement : Azurill, qui avait retrouvé un semblant de sourire, ainsi que Cumulo Nimbus qui venait de débarquer vêtu d’une blouse blanche ramassée dans le caniveau. Même Terry Lancepelle était là, ponctuel et aimable.

Julie soupira et s’exclama en tournant la tête vers la cuisine :

— Toinou, j’ai faim !
— M’appelle pas comme ça ! répliqua le garçon depuis l’autre pièce. Sinon je vais te faire attendre !

Un bruit résonna devant la maison. Ticho s’envola :

— Je vais ouvrir, ça doit être les derniers !

Il s’avança pour abaisser la poignée de la porte. Il n’eut eu pas le temps.

La porte explosa.

— Monsieur le maire ! Qu’est-ce que vous avez fait ? s’écria la voix de Mackogneur. Je vous avais dit de taper à la porte, pas de la défoncer !
— MOI DÉSOLÉ, MOI PAS CONTRÔLER MA FORCE. MOI AVOIR TAPÉ, MAIS PORTE PAS SOLIDE !
— Mais enfin ! Pourquoi avoir pris dix mètres d’élan avant de toquer à cette pauvre porte, alors ?
— MOI VOULOIR ÊTRE SÛR QUE PORTE SOLIDE. MAIS BON, PAS TRÈS SOLIDE !

Ticho secoua la tête, le cœur battant à tout rompre. Il avait évité le battant de peu ! Quelques centimètres à gauche et Alakazam aurait été signalé pour homicide involontaire…

Antoine dérapa dans l’entrée et pointa un doigt accusateur vers Alakazam :

— Toi ! Tu ne repartiras pas d’ici sans l’avoir réparée, compris !
— MOI D’ACCORD. MOI BIEN AIMER RÉPARER LES PORTES !

Le sourire béat d’Alakazam ne disparut pas quand le maire de Machomière se rua sur une chaise pour attendre un cookie. Mackogneur serra la main d’Antoine :

— Désolé.
— Pas grave, répondit le garçon. Allez vous asseoir, ça arrive.

Les invités s’attablèrent. Les paroles échangées enflèrent quand Bob et Marcel, les têtes latérales d’Albert, se disputèrent pour savoir qui mangerait le plus gros gâteau, alors que Julie répétait qu’elle avait faim et qu’Alakazam criait des choses stupides à un Gontran euphorique.

Ticho, bizarrement, se sentit plutôt à l’aise avec ces personnes qu’il considérait presque comme… des amis.

Presque, parce qu’il ne fallait pas abuser non plus.

Il fallait dire que certains d’entre eux étaient lourds, quand même.

— J’arrive !

Antoine et Jack sortirent de la cuisine. Le garçon tenait un plateau fumant à la main. Il le posa au milieu de la table.

Les compagnons regardèrent le résultat, se turent puis fixèrent Antoine avec scepticisme. Insolourdo se racla la gorge, gêné :

— Euh, mon garçon… Ils ont été un peu trop longtemps au four, si je ne m’abuse ?

Les cookies, une vingtaine en tout, étaient noirs et dégageaient une forte odeur de grillé. Antoine se gratta la tête, dépité :

— Disons qu’avant aujourd’hui je n’avais jamais cuisiné autre chose que des pâtes, alors… J’ai mal réglé le four, je pense.
— C’est une blague, tichôôô…
— Goûtons avant de juger ! dit Dodrio.

Chacun en prit un, sauf Jack, et tout le monde mordit dedans. Sauf Jack.

La totalité des invités grimacèrent — sauf Jack, mais est-ce utile de le préciser ? — et Antoine rougit de honte.

— Désolé. C’est dégoûtant.
— J’aurais plutôt dit dégueulasse, tichôôô.

Gontran bondit sur sa chaise :

— Mais que vois-je, au milieu de ces cookies brûlés ? Diantre, ne serait-ce pas un cookie intact ? Le Saint Crââde de ce goûter entre compagnons d’aventure ?

En effet, au milieu du tas de gâteaux brûlés siégeait un unique cookie gros comme une paume de main, dont la couleur dorée prouvait une cuisson parfaite. Antoine disparut dans la cuisine et revint avec un couteau.

— On va partager en… quatorze, vu que le Sage 33 a trois becs, et que Jack ne compte pas.
— RIP.

Les invités se retrouvèrent très vite avec un minuscule morceau de cookie au miel d’Apireine.

Si minuscule qu’ils commencèrent à se dire qu’ils ne le sentiraient même pas.

— Bon… souffla Terry Lancepelle.
— C’est parti ! lança Julie.

Le cookie fut avalé par les compagnons.

Ticho crut que sa gorge allait imploser de bonheur.

Le goût sucré à souhait était tellement empli de saveurs, si riche, qu’il crut fondre sur place. C’était un délice, un pur délice ! Il se crut au paradis pendant quelques secondes. S’il avait eu des vêtements, ceux-ci se seraient déchirés en lambeaux. Ce cookie légendaire méritait bien son titre ! Et encore, il ne s’agissait même pas d’une bouchée ! Ticho imaginait difficilement comment il aurait réagi à un cookie entier… Il se serait évanoui de bonheur, certainement.

Un silence admiratif emplit la salle à manger. Seul Jack boudait. Gontran leva sa chope de jus de pomme :

— Une véritable merveille, ce cookie ! Les amis, j’en profite pour faire une annonce que me tient à cœur !

Le chevalier se mit debout sur sa chaise, avant de se dire que ce n’était pas assez haut. Il se mit debout sur la table, les chaussures presque dans le plat de cookies carbonisés, en ignorant les vociférations d’Antoine :

— Mes amis ! Que diriez-vous de fonder avec moi notre propre organisation ? La Communauté du Cookie ! Qu’en pensez-vous ? Nous ferons de ce monde un monde meilleur !

Ticho grommela :

— Meilleur dans quel sens ? Non, parce que vu le bordel qu’est ce monde…

Gontran attendit la réponse des autres. Insolourdo hocha la tête :

— J’ignore tout de cette Montagne du Festin, mais… former une communauté, ma foi, c’est une belle idée !

Julie bondit de sa chaise :

— Comme ça, je pourrais appeler Antoine comme je veux ? Genre… Toinou ?
— Quoi ? rétorqua l’intéressé. Certainement pas !
— Mais si ! lança Gontran. Tout est permis pour les membres de la Communauté du Cookie, voyons !

D’un accord commun, et malgré les réticences d’Antoine, de Ticho et de Jack, Gontran fonda donc la Communauté du Cookie. Sans cesser d’enchaîner les chopes de jus de pomme.

Ticho soupira.

— Si j’avais su, je serai pas venu.
— POURQUOI ? dit Alakazam en tapant si fort l’épaule de Ticho qu’il crut qu’elle allait se briser sous le choc. COMMUNAUTÉ DU COOKIE ÊTRE RIGOLO !
— Si tu le dis, tichôôôô…



***


— Et voilà, mes petits canards, vous connaissez toute l’histoire, maintenant. J’ai été entraîné dans cette aventure contre mon gré, j’ai rencontré des psychopathes et des imbéciles, avant de former avec eux une guilde ringarde et inutile !
— Et votre poireau, m’sieur ? demanda un enfant au fond de la classe.
— Il a fini dans le cookie, tichôôô.

Des soupirs tristes résonnèrent dans les rangs d’élèves. La salle de classe, petite, accueillait des Pokémon et des enfants humains. Une petite Kirlia leva la main. Ticho le regarda :

— Quôa ?
— Et vous avez revu des Légendaires après votre histoire ? Ils sont revenus pour vous attaquer ?
— Hé bien, ça fait un mois qu’on est revenu de l’Île des Origines et non, on n’a encore revu aucun de ces stupides Pokémon. Tant mieux, d’ailleurs.

Un petit garçon leva la main et parla aussitôt :

— Le professeur Azurill est malade ?
— Non, tichôôô. Il m’a demandé de vous tenir occupé une petite heure le temps qu’il enfile sa cape. Il a choisi le jaune fluo, maintenant. Il dit que ça colle bien à l’ambiance de la Communauté du Cookie. Il devrait pas tarder, cet abruti.

Les enfants furent choqués. Leur professeur, un abruti ?

— Oups ! se reprit Ticho. Je voulais dire… enfin… ouais, si, c’est un abruti, tichôôô.
— C’est pas très gentil, remarqua une fille.
— La vérité est souvent douloureuse à entendre, répliqua Ticho.

Quelqu’un toqua à la porte. Azurill, ayant revêtu sa cape fluo, entra sans attendre.

— Gloire au seigneur Azurill ! lancèrent les élèves en se levant de leurs chaises. Bonjour, grand serviteur de l’Infâme !

Ticho se gratta le crâne :

— Hé, machin bleu. T’aurais pas un peu abusé sur le narcissisme ? On dirait que tu les as transformés en bons petits soldats, ces gosses. Comme s’ils avaient subis un lavage de cerveau.
— Mais c’est le cas ! répliqua Azurill. Ils m’obéissent au doigt et à l’œil !

Pour prouver ses dires, le professeur Azurill fixa un Taupiqueur au fond de la salle :

— Toi, là-bas ! Saute par la fenêtre !
— Oui, seigneur !

Taupiqueur ouvrit la fenêtre et sauta. Son cri résonna longtemps avant qu’un bruit n’indique qu’il avait atterri dans la cour. Ticho soupira :

— Azurill, tu te souviens qu’on est au quatrième étage ?
— Ah oui, vraiment ? J’étais persuadé d’être au rez-de-chaussée…
— Bah, au moins, j’aurais eu l’occasion de voir à quoi ressemblaient les pieds d’un Taupiqueur, maintenant. Ils étaient drôlement…

Il fut interrompu. La porte s’ouvrit brutalement. Gontran, vêtu de son armure massive, tendit le bras vers Ticho :

— Mon ami ! Tu avais oublié ceci dans le couloir !
— Ah…

Le chevalier lui tendait un poireau en plastique, une pâle imitation de son ex-compagnon de voyage. Ticho le saisit, sentant le regard plein de jugements des enfants sur lui. Il s’assombrit un peu, conscient d’avoir dévoilé une faiblesse.

— Machin bleu, je te laisse faire cours.

Ticho et Gontran quittèrent la salle de classe, rejoignant le couloir du bâtiment principal de leur Communauté de l’Anneau. Le canard émit un profond soupir.

— Si seulement je pouvais enfin trouver un nouveau poireau à ma convenance…
— Tu cherches encore, mon ami ? s’étonna Gontran. Ce joujou ne te convient pas ?
— Bien sûr que non ! Ça n’a strictement rien à voir avec un vrai poireau ! Ça fait pouêt-pouêt dès que je le serre trop fort, en plus…

Gontran s’arrêta, pensif. Il s’approcha d’une fenêtre, laissant son regard couler sur la cour à l’extérieur, où Alakazam jouait le prof de sport devant une foule subjuguée de Groudon pom-pom girls.

— J’ai déjà essayé d’aller sur des marchés, tichôôô. Mais tu sais… il me faut un réel coup de cœur pour que je décide de m’attacher à un nouveau poireau. Jusque-là, aucun ne m’a donné envie.
— J’ai peut-être une solution pour toi, mon ami ! Tu as entendu parler du mythique poireau en or massif ?

Ticho, perché sur la poignée de la fenêtre, se figea de stupeur.

— Que… un poireau en or ? Ça existe pour de vrai ?

C’était une chose qu’il n’avait imaginé que dans ses rêves les plus fous. Un légume brillant, qui se promènerait partout avec lui, dormirait avec lui, rirait avec lui. Et ce fantasme était réel, et atteignable ?

— Le Poireau Flamboyant, il me semble ? tenta de se souvenir Gontran.

Le chevalier fouilla dans les poches de son armure ; il en extirpa une affichette en papier, et la déroula devant le visage ébahi de Ticho.

— « Le Poireau Flamboyant sera remis aux vainqueurs des Jeux Pokélympiques », lut Canarticho avec difficulté. Quôa, pour de vrai ?
— Ça se passe à Kassos, cette année.
— Kassos ?
— Un autre pays, loin au nord. De l’autre côté de la mer.
— Quel nom de merde…

Pourtant, la nouvelle enchantait Ticho.

Il essayait de ne pas le montrer, mais il déprimait, depuis la fin de son aventure folle pour la recette du cookie au miel d’Apireine. Il était triste d’avoir perdu son poireau, une de ses raisons de vivre.

La soif d’aventure, et surtout, l’espoir d’obtenir un autre poireau, en or en plus… il ne pouvait pas se permettre de l’ignorer.

Il se décida.

Lui, Ticho, avait besoin de ce Poireau Flamboyant.

Il était prêt à rouler sur n’importe quelle compétition internationale pour ça.

— Je sens que je vais enfin retrouver goût à la vie, tichôôô.