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La légendaire quête du cookie au miel d'Apireine de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 23/09/2016 à 18:20
» Dernière mise à jour le 20/02/2021 à 20:43

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Humour   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 17 : Les problèmes n'arrivent jamais seuls
« Le président de Krénios a annoncé un nouveau projet de loi qui fait polémique : il veut que les travailleurs aient le droit de prendre des jours de vacances. Non mais c’est du délire ! Je comprends la colère des habitants du pays ! Personne n’accepterait de se reposer tout en étant payé, c’est un scandale ! »

Extrait d’un débat organisé par des journalistes en colère sur NawakTV.


***


Caratroc fondit sur Keunotor, et le choc des deux Pokémon provoqua une onde de choc qui envoya valser les autres vers l’entrée de la salle du trône.

Gontran atterrit sur Tadmorv, qui servit de matelas, pour la énième fois depuis qu’il avait rejoint le groupe, contre son gré. Comme il commençait à s’habituer, il ne jugea même pas utile de crier ou d’insulter le chevalier. Antoine bondit sur ses pieds et pivota vers les portes fermées :

— On doit sortir ! Keunotor nous rejoindra plus tard, quand il aura vaincu Caratroc ! Mais il faut ouvrir ces portes…

Gontran éclata de rire :

— Laissez-moi faire ! Je suis chevalier et cette porte, bien qu’elle mesure cinq mètres de haut et trois d’épaisseur, ne résistera pas à ma technique !
— Quôa, tu vas essayer de la défoncer ? demanda Ticho. C’est vrai que ça pourrait marcher, vu ton poids !
— Diantre, non ! Je comptais faire ceci.

Le chevalier posa la main sur la poignée et l’abaissa.

Rien ne se passa.

Ticho soupira :

— La porte est fermée, trou du c…

Il s’interrompit. Alakazam venait d’abattre son gourdin sur la porte.

Le battant en fonte ne bougea pas d’un millimètre. Le gourdin, lui, explosa en petits copeaux de bois. Alakazam l’observa tomber à ses pieds, les larmes aux yeux.

— COMMENT MOI TAPER MAINTENANT ? se lamenta-t-il.
— Attention ! cria Julie. Baissez-vous !

Les compagnons se retournèrent et obéirent. Une boule de feu fit exploser la porte et leur ouvrit le passage vers l’île des Origines. Un Séisme secoua les entrailles de la forteresse au moment où ils se ruaient dehors en courant. Pour une fois, les têtes de Dodrio semblaient bien coordonner leurs pattes. Le Sage 33 prenait même de l’avance sur les autres.

Mais ils furent obligés de s’arrêter net à cause d’un Pokémon qui venait d’apparaître sur le chemin. Dodrio se figea. Alakazam et Mackogneur faillirent lui rentrer dedans, alors que Cumulo, qui tenait toujours son Pétabull, trébucha et se ramassa par terre sous les railleries de Ticho. Antoine, Julie, Terry, Insolourdo, Azurill et Tadmorv freinèrent à temps et purent éviter toute collision.

Le Pokémon en question était Rattata.

Le troisième des Pokémon Légendaire Ultime.

Il retroussa les babines et fit apparaître des crocs longs de plus de trois mètres :

— VOUS NE PASSEREZ… PAS !



***


Jack se redressa maladroitement après l’onde de choc provoquée par la collision entre Caratroc et Keunotor. Son analyse de la situation lui indiqua que la forteresse allait s’effondrer dans peu de temps.

Il remarqua que la porte qui bloquait la sortie était cassée ; ses « compagnons de route » l’avaient oublié. Le sac d’Antoine était resté à côté du trône, lui aussi abandonné. Le garçon, sans doute accaparé par son idée de repartir avec la recette, en oubliait ses affaires et un de leurs compagnons.

Keunotor passa en vrombissant au-dessus de Jack et un éclair s’abattit non loin, avant que Caratroc ne réplique avec des attaques Psy qui désintégrèrent presque un mur dans son intégralité.

L’ordinateur interne de Jack travaillait à plein régime.

— TEMPS ESTIMÉ POUR ATTEINDRE LA SORTIE À PIED : 3 MINUTES. TEMPS ESTIMÉ DE LA CHUTE DE LA FORTERESSE : 35 SECONDES. POURCENTAGE DE CHANCES DE SURVIE : 2,7%.

Jack chercha quelque chose pouvant l’aider dans les environs. Son regard tomba sur les sangles du sac à dos d’Antoine. Il s’approcha et les toucha. Elles étaient un peu élastiques.

Il observa le trône près de lui. Ou plutôt les toilettes. Une idée germa dans sa tête.

— MDR, lâcha-t-il avant de se mettre à l’œuvre.



***


— Si vous cherchez vos amis Caratroc et Keunotor, ils sont à l’intérieur, indiqua Antoine.

Le Rattata, furieux de l’apprendre, s’envola au-dessus d’eux, droit dans la forteresse qui commençait à se craqueler derrière eux.

— Courez ! beugla Gontran avant de dignement prendre la fuite comme tout bon chevalier qui se respecte.

Les autres le suivirent, peu enclins à décéder, mais Ticho croassa :

— Où est Jack ?

Les autres regardèrent autour d’eux. Mais Antoine avait abandonné son sac dans la salle du trône. Ce dernier haussa les épaules :

— Tant pis ! C’est trop tard pour y retourner, de toute façon.
— HO HO HO, mon chef d’œuvre ! se plaignit Cumulo Nimbus.

Malgré son envie de faire demi-tour pour récupérer le droïde, le professeur avait conscience de la situation : aussi, il préféra courir à toutes jambes, tenant plus à la vie qu’à sa reconnaissance mondiale. Pour une fois.

Une puissante explosion provoquée par les Légendaires embrasa la forteresse d’un seul coup, l’englobant dans un torrent de feu. En jetant un œil en arrière, Ticho remarqua une frêle silhouette passer à travers les flammes, à contrejour.

Jack volait.

Ticho, stupéfait, regarda le robot faire un dab en plein vol, puis il entendit juste après son cri de terreur ; le droïde s’écrasa contre un arbre avec un bruit sourd. Sain et sauf, mais sûrement cabossé.

La forteresse noire s’effondra juste après, et un immense nuage de poussière et de débris s’avança vers le groupe. Antoine désigna Jack :

— Ticho, va le chercher, tu voles vite ! Nous, on part droit devant, ok ?
— Ok, tichôôô !

Le Pokémon Vol fonça vers Jack, le saisit entre ses serres et battit puissamment des ailes pour s’éloigner le plus vite possible. Le grand manteau de poussière arrivait vers eux avec lenteur, mais des morceaux du château retombaient un peu partout comme des météores miniatures.

— Comment tu t’en es sorti ? s’écria Ticho tout en essayant de rattraper les autres qui détalaient.
— J’AI UTILISÉ L’INERTIE DES SANGLES ÉLASTIQUES DU SAC A DOS D’ANTOINE POUR ME PROJETER A L’EXTÉRIEUR, ET L’ANGLE CUMULÉ À LA GRAVITÉ ET À LA FORCE CENTRIFUGE M’A PERMIS DE…
— Pitié, réponds en moins de dix mots, tichôôô !

Un morceau de porte atterrit violemment très près d’eux. Ticho et Jack poussèrent un cri de peur et le Pokémon accéléra soudain. Il aurait pu faire honte à Métamorph, le Pokémon le plus rapide du monde.



***


Les compagnons couraient à en perdre haleine, suivis de près par Ticho et Jack. Ils passèrent en courant près d’un Chenipan réduit à l’état de purée, et rejoignirent en un éclair le croisement des quatre routes menant au nord. Sauf que là, ils tentaient plutôt de fuir cet endroit au plus vite que de se préoccuper des panneaux indicateurs.

Ils pouvaient rejoindre les escaliers formés par les rochers en une dizaine de minutes s’ils ne s’arrêtaient pas. C’était en tout cas ce que pensait Antoine au milieu du groupe.

Les bruits du combat qui opposaient les Trois Légendaires Créateurs retentissaient derrière eux. Loins mais très puissants. Des éclairs grondaient, des explosions pétaradaient, et un vent surnaturel s’était levé, soufflant sur l’Île des Origines avec force.

Antoine était bien conscient que fuir de l’île allait être un souci ; ils n’avaient plus de navire. Et Keunotor, le seul à pouvoir les protéger ou les aider à traverser l’océan, était occupé ailleurs.

Mais comme les problèmes ne viennent jamais seuls et que le destin est souvent une ordure, le groupe de compagnons fut confronté au retour d’un Pokémon Légendaire mécontent.

Un Ramoloss tout sec revêtu d’une armure de papier-toilette lui donnant un air de momie.

Le groupe pila devant lui.

Ramoloss fronça les sourcils :

— J’ai une vengeance à prendre ! Où est donc cet oiseau de malheur qui a osé uriner sur moi ?

Azurill et Tadmorv pointèrent aussitôt du doigt le responsable en question.

— Tichôôô, j’ai pas fait exprès, moi !

Les autres se tournèrent vers lui. Antoine semblait choqué :

— Tu as fait quoi, Ticho ? J’ai bien entendu ?
— C’est bon, ça va, quôa…
— NON ! rugit Ramoloss en lévitant. ÇA NE VA PAS DU TOUT !

Alakazam sourit, béat :

— LE DÉGUISEMENT DU POKÉMON ÊTRE RIGOLO !

Ramoloss vira au rouge. Mais là encore, le destin se montra perfide.

Sancoki bleu débarqua. Celui-là même qui leur avait servi des Roucarnage rôtis dans sa cabane de dix étages. Il arriva par la voie des airs, comme tout Légendaire qui se respecte, et sourit en voyant le groupe d’aventuriers :

— Oh, vous voilà ! Je vous cherchais, justement ! Alors, vous avez cuisiné des choses et envoyé des invitations à des amis ? Je suis si impatient que j’ai décidé de venir vous donner un coup de main !

Antoine toussota, très mal à l’aise.

— Euh… On a presque terminé.
— Oh, mais qui voilà ? Un Pokémon momifié ? Je ne le connais pas !

Ramoloss se tourna vers Sancoki et rugit :

— C’est moi, Ramoloss, le maître des cieux, crétin !
— Oh, pardon !
— Tu sais que je te déteste, Sancoki ! Dégage, Légendaire de l’océan. Je suis allergique à l’eau.

Sancoki montra les crocs, changeant radicalement de comportement :

— RÉPÈTE POUR VOIR, DIEU DE PACOTILLE !

Les deux Légendaires s’attaquèrent brutalement. Sancoki cracha des flammes — puisqu’il était le dieu des océans — et Ramoloss cracha des lasers par les deux orifices capables d’en produire. Cela arracha un rire nerveux à Ticho avant que le groupe n‘en profite pour s’enfuir discrètement.

Deux combats de Légendaires au même moment, à quelques centaines de mètres de distance, ça risquait de causer de sacrés dégâts.



***


Les aventuriers atteignirent enfin les escaliers rocheux qui descendaient de l’Île des Origines vers l’océan. Ils étaient essoufflés, et secoués par les tremblements de terre qui agitaient irrégulièrement l’île volante. Dans leur dos, au loin, des arbres s’envolaient de temps à autre, ainsi que des morceaux de la forteresse noire, visibles à travers un rideau de flammes. Ce devait vraiment être le chaos, là-bas.

— Vite ! cria Antoine en commençant à sauter de rocher flottant en rocher flottant. On doit s’éloigner le plus possible !

Mackogneur se chargea d’aider Tadmorv à avancer avec les autres, puisque le cuisinier ne savait pas sauter. Ticho commençait sérieusement à peiner, à force de porter Jack à bout de serres.

Cumulo trébucha et lâcha son Pétabull ; l’invention révolutionnaire roula, rebondit sur un rocher, se cogna contre une pierre, chuta…

Cumulo hurla :

— NOOOOOON ! HO HO HO !

Puis le professeur se jeta littéralement dans le vide, faisant preuve d’un courage inattendu.

Il rattrapa au vol son Pétabull et atterrit brutalement sur une plate-forme rocheuse.

Un mètre plus loin, il aurait fait une belle chute de cinquante mètres dans l’océan.

— Et bah, tichôôô, faut arrêter la science et se mettre à la gymnastique !
— Certes ! rit Insolourdo. Ce vieux savant n’est pas un mauvais bougre !
— CHUTE DU MONSIEUR BIZARRE ÊTRE RIGOLOTE ! renchérit Alakazam.
— Tu trouves tout rigolo depuis un moment, toi, remarqua Ticho en grommelant.
— Fermez-la et avancez !

Julie paraissait avoir l’esprit clair, pour une fois. Son rappel à l’ordre refroidit tout le monde, et chacun se concentra à descendre petit à petit. Un grand « boom » résonna au loin, et les compagnons accélérèrent. Il était vrai que rester dans les parages avec cinq Légendaires furieux n’était pas très prudent.

Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent sur le dernier rocher qui était à moitié immergé dans l’eau. Les compagnons se retrouvèrent là, bras ballants, à chercher du regard quelque chose qui pourrait les aider à s’enfuir.

— NOUS PAS NAGER ? demanda Alakazam.
— Non, monsieur le maire, souffla Mackogneur, dépité. Nager trente kilomètres pour rejoindre la côte est au-dessus de nos forces, je pense.

Antoine se gratta le sommet du crâne, pensif.

— Keunotor pourrait peut-être nous aider, mais il est occupé et j’ai peur qu’il ne soit trop exténué s’il revient ici…
— Au fait, vous avez trouvé ce que vous cherchiez ? interrogea Terry Lancepelle.

Antoine sourit et déplia la recette qu’il montra à ses amis l’espace d’une seconde, avant de l’enrouler :

— Il s’agit d’elle, oui. Je ne vous la montre pas plus longtemps, je veux être le seul à connaître la recette.
— C’est égoïste, tichôôô.
— M’en fiche. C’est mon trésor.

Gontran tonitrua :

— Holà, compagnons ! Comment allons-nous quitter cet archipel maudit ? L’océan me paraît contenir moult dangers ! Que ne donnerai-je pas pour me laisser pousser des nageoires, actuellement !

Les autres levèrent les yeux au ciel. Sauf Azurill, qui afficha un sourire mauvais :

— Ignorants que vous êtes ! Ma queue sert de bouée. Je peux m’en sortir, moi ! Adieu !

Azurill sauta à l’eau.

Et comme, encore une fois, les soucis arrivent toujours à la chaîne, il fut percuté par un ennemi venu des profondeurs.

Michel, le Roi Magicarpe, venait prendre sa revanche.

Sans son armée, sans sa grand-mère, mais avec une folle envie de tuer des humains.



***


Keunotor faiblissait.

Caratroc, blessé et ayant déjà utilisé trop de Soin pour s’en servir à nouveau, ne représentait plus qu’une gêne, et pas vraiment une menace. Mais Rattata était en pleine forme. Sans compter sur les deux autres Légendaires qui se battaient à proximité et intervenaient parfois dans la bataille : Ramoloss et Sancoki.

La fine fleur de la mythologie Kréniosienne !

Keunotor évita une attaque Spatio-Rift, dépassa le mur du son pour briser en deux une immense Lame de Roc, puis lança un Détricanon vers Rattata. Ce dernier fut touché, voulut riposter, mais un Ramoloss déguisé en momie lui rentra dedans en crachant des lasers, avant de le faire chuter dans ce qu’il restait de la grand forêt qui couvrait l’Île des Origines.

Keunotor profita du chaos ambiant en contrebas pour préparer une contre-attaque…

Puis il sentit qu’Antoine était en danger. Son instinct de Légendaire lui criait que cet humain qu’il accompagnait depuis des mois avait besoin d’aide.

Keunotor soupira. Il remettrait sa vengeance à plus tard. C’était puéril, de toute façon.

Il devint invisible et se dirigea vers son dresseur.

Il survola l’Île, aperçut le groupe d’aventuriers bloqué sur un rocher flottant au même niveau que la mer, et il s’approcha en remarquant un Magicarpe doré qui tournait autour d’eux.

Mais la fatigue eut raison de Keunotor ; il s’évanouit en plein vol et se sentit chuter.



***


— Je suis Michel, le Roi Magicarpe ! brailla le Pokémon en sortant la tête de l’eau.
— On sait, tichôô.
— Keunotor ! cria Julie en montrant le ciel.

Le petit Légendaire tombait tout droit sur eux, apparemment évanoui. Antoine se plaça sous sa trajectoire et l’accueillit dans ses bras pour l’empêcher de se fracasser sur le rocher.

— Je… je crois qu’il n’est pas en forme… lâcha-t-il, dépité.

Magicarpe rougit de colère :

— Ne m’ignorez pas, ignobles bâtards ! Je suis ici pour génocider la race humaine !

Terry toussota, gêné :

— Ah oui ? Nous ne sommes que quatre humains, ici.

Il désignait Julie, Antoine et Gontran, et lui-même. Il ajouta en souriant :

— Il en faudrait des milliers de plus pour que ça ait le mérite de s’appeler un « génocide ».

Ticho ricana :

— Et il faudrait réussir à tuer ne serait-ce qu’un seul d’entre eux, pour commencer !

Magicarpe devint furieux.

— Grrr ! Un génocide, ça doit commencer en douceur ! Tuer quatre humains, c’est un bon début !

Et sur ce, Magicarpe utilisa l’attaque signature de son espèce…

Trempette.

De l’eau éclaboussa les jambes d’Alakazam :

— OH ! MOI ÊTRE MOUILLÉ !
— C’est normal, monsieur le maire, l’eau ça mouille, répondit Mackogneur d’un air las.

Antoine soupira, avant de rappeler Keunotor dans sa Ball. Puis il remarqua des débris qui flottaient à une dizaine de mètres de leur position. Des planches, des tonneaux, et d’autres fragments de bois dérivaient.

— Des morceaux du navire !

Un long cordage serpenta tout près d’eux, tirant avec lui un grand morceau de bois flottant.

— Ça pourrait nous servir pour fuir de l’Île, maintenant que j’ai ma recette !

Magicarpe remarqua alors le rouleau de parchemin que le garçon tenait précieusement à la main.

— YIHAAAAAA ! lança le Pokémon Eau avant de frapper la surface de la mer avec sa queue.

Une belle quantité d’eau fut projeté droit sur Antoine… et sur la recette.

Le parchemin vieillissant en pâtit sérieusement. L’encre se dilua, et l’ensemble parut se liquéfier.

— Non ! s’exclama Antoine.

Tournant le dos à Michel, il secoua doucement son parchemin, projetant des gouttelettes partout autour de lui.

Mais c’était trop tard ; les écritures dégoulinantes étaient déjà illisibles.

Antoine devint livide. Puis, sous le regard stupéfait de ses compagnons, il laissa retomber la recette inutile par terre, avant de se retourner vers le Roi Magicarpe.

— Hé, Michel !
— Quoi, humain ? Tu veux que je te génocide, c’est ça ?
— Tu vas regretter !

Antoine se jeta dans la mer sur le poisson. Des coups de poings, des coups de nageoires, des éclaboussures…

Jamais Ticho n’avait vu Antoine en colère. Bon, le garçon n’avait pas l’air de posséder une force anormale, ce qui le rassura — il aurait eu peur s’il avait sorti des pouvoirs de nulle part comme tous ces Légendaires misérables. Mais il y mettait de l’énergie, et son visage rougi était loin de ressembler à l’expression placide ou fatiguée qu’il affichait d’habitude.

Ticho observa la recette trempée. Elle était fichue. Il avait beau plisser les yeux, déchiffrer ces tâches trempées relevait de l’impossible.

Toute cette longue quête n’avait donc servi à rien ?

— Bah merde alors, grogna le Pokémon Vol. J’ai l’impression d’avoir totalement gâché mon temps depuis le début de cette aventure…

Ticho n’eut pas le temps de voir le smiley clin d’œil qui apparut sur Jack ; du bruit derrière lui avait attiré son attention. Julie et Gontran venaient de se jeter à l’eau pour ramener Antoine, qui martyrisait ce pauvre Michel impuissant.

Évidemment, un instant plus tard, Gontran et son armure rouillée coulèrent, et Terry, en bon marin qu’il était, se jeta à l’eau pour aller le récupérer dans les profondeurs. Ticho secoua la tête :

— Ah, on ne change pas une équipe qui perd, tichôôô…



***


Quelques heures plus tard, le groupe d’aventuriers dérivait sur des planches de bois, perdu dans l’immensité de l’océan. Michel avait fui depuis longtemps, effrayé par « la puissance inattendue de ce petit humain exécrable », et la recette détruite avait été laissée en arrière.

Antoine déprimait sur une planche, le regard dans le vide ; Julie avait essayé de lui parler, mais il restait obstinément silencieux. Les autres se taisaient, sombres, veillant simplement à ne pas trop bouger pour éviter que les différentes planches et autres débris flottants ne se séparent les uns des autres. Ce n’était pas le moment de se retrouver seul en pleine mer.

— Le courant nous mène dans la bonne direction, fit remarquer Terry Lancepelle, essayant de positiver, après un grand silence.

Ticho soupira en réponse, perché sur le Pétabull de Cumulo.

Au bout d’un moment, alors qu’il commençait à faire nuit, Jack émit un bruit bizarre, mais discret.

Personne ne lui fit de remarque. Peut-être que le droïde se mettait enfin à dérailler, ce qui était normal puisqu’il avait été inventé par Cumulo Nimbus, le pire scientifique du monde.

Mais le bruit devint plus fort et Ticho fut le premier à comprendre ce que c’était :

— Tu rigoles, Jack ? Pourquoi ça ?
— JE M’APPELLE PROTOTYPE IA RX 5226.
— Ouais, ouais, tichôôô… t’avais pas sorti cette réplique depuis un moment, tiens.
— JE RIGOLE DE VOTRE DÉSESPOIR, PTDR.
— Pardon ? s’étonna Insolourdo.
— QUAND ANTOINE A DEPLIÉ LA RECETTE DEVANT NOUS TOUT À L’HEURE, J’AI JUGÉ UTILE DE LA PRENDRE EN PHOTO DISCRÈTEMENT.

Un hologramme apparut dans les airs, montrant la recette en trois dimensions, sous tous les angles. Les écritures y étaient très visibles. Antoine bondit sur ses pieds, en colère :

— Et c’est maintenant que tu le dis !

Jack émit un rire, puis le garçon croisa les bras.

— Éteins-moi ça tout de suite ! Je dois être le seul à la connaître.

Jack obéit :

— MAIS JE LA CONNAIS AUSSI, MAINTENANT.
— Tant pis. Dès qu’on aura mis pied à terre, on ira à la recherche des ingrédients qu’il nous faut, rien que nous deux. Pour garder le secret.

Un rayon de soleil éclaira l’horizon : les côtes étaient en vue. Ticho apercevait déjà une longue plage de sable fin, prête à les accueillir. Antoine tourna la tête vers les autres, ayant l’air d’avoir retrouvé le moral :

— Vous tous ! Merci pour votre aide. Du moins pour ceux qui ont été utiles.
— C’est bizarre mais je me sens visé, lâcha Tadmorv en contemplant sa poêle.
— Sacrebleu, non ! le rassura Gontran. Vous avez été utile pour amortir bien des chutes douloureuses.
— Pfff, cracha Azurill. Ignorants.

Antoine se rassit et lança :

— Donnons-nous rendez-vous dans 15 jours ! Ce jour-là, nous mangerons ensemble notre premier cookie au miel d’Apireine !
— MOI CONTENT ! cria Alakazam.

Ticho, lui grommela :

— Génial, un goûter chez un copain, ouais…