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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 08/08/2016 à 14:06
» Dernière mise à jour le 08/08/2016 à 20:18

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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18.— SE QUESTIONNER & S'INSTALLER
Pour le couple, une nouvelle vie commença. Ondine, progressivement, vint apporter quelques affaires chez son compagnon : vêtements, accessoires de toilette et autres objets du quotidien.
Toutes ses habitudes changeaient en même temps qu'elle déménageait. Cela lui fit quelque chose de vider sa chambre à l'arène au fur et à mesure. Pas exactement un pincement au cœur puisque le gymnase n'avait jamais été l'endroit le plus fertile en souvenirs heureux.
En triant ses affaires, elle avait l'impression d'avoir pris dix ans, d'être devenue enfin une adulte. Elle ne serait plus l'éternelle adolescente espérant avec ferveur que l'amour existe. Puisqu'il existait bel et bien. Qu'il s'incarnait en la personne de Gary.

Daisy était la seule à voir le départ de la championne comme l'impossibilité d'arranger les choses dans cette famille déchirée.
La sœur blonde s'était rapprochée dernièrement de sa cadette et maintenant que cette dernière partait, un vide lui fit prendre conscience qu'Ondine lui manquerait. Ne plus la voir au petit-déjeuner, ne plus avoir de discussions le soir dans son bureau...

« Tu pourras toujours venir, la porte te sera grande ouverte ! la rassura Ondine. Tu seras bien la seule. »

Foreigner - I Want To Know What Love Is
Au milieu du fourmillement d'excitation qui secouait Ondine, quelque chose, peut-être une infime partie d'elle-même lui susurrait que tout allait trop vite. Elle ne connaissait Gary que depuis quelques mois tout au plus. Tout cela était conclu de manière brusque, précipitée. Elle aurait dû réfléchir, prendre le temps, repenser à tout ce que cela engageait. Mais si elle n'avait pas répondu tout de suite, que se serait-il passé ? Gary aurait été déçu.

L'autre Ondine, la plus enthousiaste, répondait en manière de réquisitoire, qu'il aurait compris qu'elle ne donne pas une réponse tout de suite. Cela lui faisait tellement plaisir d'avoir dit « oui » sur le qui-vive. Parfois les décisions les plus importantes sont prises en quelques secondes, dans le tas. Peu importait combien de temps elle aurait eu à tergiverser, le résultat aurait été le même : elle aurait emménagé avec lui tôt ou tard.

Leur couple devenait bien plus sérieux qu'une amourette. Et pour qu'il évolue, il fallait passer des étapes. Vivre ensemble était sûrement la plus dure. Elle avait tout à apprendre d'une réelle vie à deux : les habitudes à partager, faire attention à l'autre, un quotidien qui était à construire. Ils étaient comme deux enfants qui apprenaient une nouvelle chose de la vie. Une nouvelle leçon à inscrire sur leurs cahiers.

Gary, lui aussi, avait la même voix un peu trop sérieuse qui lui soufflait à l'oreille : qu'as-tu fait, malheureux ? Inviter une femme chez toi, que tu connais depuis peu ! N'aurais-tu pas l'impression d'avoir brûlé des étapes ? La prochaine fois, c'est quoi ? Le mariage, les enfants ?

Le jeune homme préférait ignorer les avertissements. Le bonheur s'acquiert en faisant des sacrifices ? Eh bien, il sacrifierait son existence solitaire pour la troquer contre une vie à deux, qu'il désirait plus que tout. Pour la première fois de sa vie, il avait l'impression d'avoir pris une décision d'adulte, d'homme. Pas le même genre de dilemme qu'il pouvait se poser en préparant un plat : poulet ou poisson ? Non. Quelque chose de bien plus grand, de plus imposant, quelque chose qui avait fière allure mais qui le dépassait aussi.

Une question martelait sans cesse le jeune couple : et si la cohabitation ne leur convenait pas ? Il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Jusqu'à maintenant, tout s'était bien passé. Ou si quelque chose avait mal tourné, c'était la faute de Violette. Vivre ailleurs qu'à l'arène allait écarter le danger une bonne fois pour toute.

Gary était conscient que de nombreux couples ne supportaient pas la vie à deux, le quotidien trop rébarbatif. Il n'avait pas ressenti de lassitude depuis qu'il était avec Ondine. Ils se voyaient régulièrement sans toutefois vivre ensemble. C'était prendre des risques. S'ils ne se supportaient pas l'un l'autre, il ne leur serait pas possible de faire machine arrière. Le plus important était de s'aimer, non ?

Pendant qu'Ondine s’acclimatait, Gary réfléchissait. Maintenant qu'il était en couple pour de bon, fini le laisser-aller. Toutefois, il n'était pas le style d'homme à laisser traîner ses sous-vêtements sous les coussins du canapé ou à abandonner une part de pizza dans un carton, au milieu des tapis. Cette vie à deux ferait naître des concessions. Il était prêt à en faire, ayant déjà réfléchi à la question. Il garderait les habitudes qu'il jugerait bonnes et les autres seraient remplacées par celles qu'il adopterait pour ou avec Ondine.

Il n'arrivait pas à se défaire d'un choix qu'il s'était aussitôt imposé : arrêter sa quête des badges. Il ne pouvait laisser Ondine seule alors qu'il venait tout juste de lui demander de s'installer avec lui. Il allait devoir mettre entre parenthèses son voyage.
Rester enfermé dans sa belle maison n'allait pas lui convenir. Il avait besoin de grand air, de bouger.

• • • • • • • • • •
Pendant plusieurs jours il resta chez lui, entraînant ses Pokémon, essayant de combler un vide. Les journées paraissaient interminables. Ondine rentrait éreintée par les combats quotidiens à l'arène. Elle s'écroulait sur le canapé sans se rendre compte de l'ennui qu'avait éprouvé Gary pendant la journée.
Elle lui posait bien des questions. Il répondait de manière évasive pour ne pas l'inquiéter. C'est seulement quand la championne rentrait que la maison retrouvait un semblant de vie.

Gary s'occupait du dîner ou bien ils sortaient en amoureux dans différents restaurants de la ville, renonçant à goûter à chaque fois la même cuisine. Les soirées étaient les moments qu'ils préféraient. Les nuits, surtout. Ils auraient tout deux aimé prolonger leurs nuits toute la journée durant mais les obligations de la championne sonnaient comme un carillon infernal. Alors que Gary, lui, n'avait rien de prévu.

Il n'était pas amer car les moments passés aux côtés de la jeune rouquine le satisfaisaient pleinement. Il arrivait à en oublier les heures creuses de la journée. Une fois il l'exhorta à rester avec lui, toute une journée. Depuis qu'ils habitaient ensemble, elle ne s'était jamais absentée de son poste. Elle était aussi rigoureuse qu'une horloge remontée, égrenant les minutes. Il connaissait bien des champions qui n'avaient pas tant de scrupules et qui manquaient à leur devoir.

« Avoue que tu aimerais te reposer dans ce lit confortable.
- Ne me prend pas par la ruse. Si je n'y vais pas, qui va affronter ces bambins en culotte courte ?
- Daisy peut s'en charger, elle t'a déjà vu combattre. Tes Pokémon sont suffisamment bien entraînés pour se débrouiller sans toi. »

Il lui baisait l'épaule, le cou, la poitrine.

« Si je veux avoir ma propre arène, je dois me montrer exemplaire. Mes revenus doivent être réguliers.
- Je t'aiderai ! »

Ondine soupira, fatiguée. Elle ne voulait pas qu'il l'entretienne.

« C'est par amour que je veux t'aider. Pas par devoir. Que vont penser tes sœurs ? Et Violette ? »

Il avait pris un air terrifié, se terra sous les draps. Il se doutait que cette tentative détournée allait porter ses fruits.

« Je me fiche de ce qu'en pense Violette après tout ce qu'elle m'a fait subir ! rétorqua la rouquine, agacée d'entendre le nom de sa sœur de si bon matin. »

La championne fut tellement en rogne qu'elle frappa d'un grand geste la bosse que formait le dos de Gary sous les couvertures. Il se redressa.

« C'était mon dos. »

Elle s'excusa mais il ne voulut rien entendre. Si elle voulait avoir une chance de se faire pardonner, elle devait rester ici, toute la journée.

« Si tu te fiches de ce que peuvent penser tes sœurs, je ne vois pas pourquoi tu ne restes pas. Une journée, ce n'est pas la mort. Tu risques plus facilement de trépasser avec Violette dans les parages qu'avec moi. Quoique. »

Il l'embrassa tendrement avant qu'elle ne se dégage, méditative. Assise en tailleur, la jeune femme pesa les arguments qu'il lui présentait. Ils étaient minces mais à l'idée d'enfreindre pour une fois la règle ne lui déplaisait pas. Se reposer, être avec Gary, allait la rendre d'attaque pour le lendemain.
Il faisait sa tête de Ponchiot battu. Qui pourrait y résister ?

« N'oublie pas mon dos. Décidément, je vais finir par croire que c'est la partie du corps que tu aimes bien martyriser.
- Ça va pour aujourd'hui. Mais aujourd'hui SEU-LE-MENT. »

A la tête que faisait Gary, à la joie que dégageait son sourire, Ondine songea à un gamin réussissant à faire plier ses parents pour obtenir un nouveau jouet. Il était tellement content d'avoir brisé la rigidité de la championne pour un temps !
Ils prolongèrent leur nuit qui leur avait parue trop courte et eurent du mal à quitter les bras de Morphée.

Ils préparèrent un pique-nique et déjeunèrent près d'un point d'eau. Psykokwak put de nouveau s'exercer malgré le traumatisme qui le hantait toujours. Le couple s'endormit sous un arbre puis leva le camp. Les promenades s'enchaînèrent jusqu'à la nuit tombée.
Ils rentrèrent avec le sentiment que tout était allé trop vite. Ils étaient épuisés mais comblés. Ondine ne regrettait pas de s'être vue imposer une pause dans sa routine. Ils dînèrent à la maison et se couchèrent très tard, n'arrivant pas à s'endormir malgré la fatigue.

Ce fut une journée éclatante par sa forme impromptue. Gary en savoura le souvenir les jours suivants. Il n'osait pas refaire une telle demande à Ondine qui s'était montrée intransigeante. Une fois mais pas deux. Pour qu'il puisse profiter de sa complète présence, il aurait fallu qu'elle tombe malade. Ce qu'il ne lui souhaitait pas. Parce qu'Ondine malade voulait dire rester à la maison avec une femme d'une humeur de Granbull. Elle ne pourrait rien faire d'autre que dormir et avaler des médicaments.

Il se mit à chercher un travail. Comme pour le local, il écuma les petites annonces dans les journaux, envoya des candidatures sans obtenir la moindre réponse. Son père le harcela pour qu'il reprenne le flambeau mais ça, Gary le refusait. Il ne savait pas ce qui serait pire entre devoir enfiler un costard-cravate, rencontrer des fournisseurs, rester assis derrière un bureau jusque tard le soir ou devoir embrasser Violette.

S'il suivait l'invective de son père, il serait obligé d'être en contact constant avec ses parents qui étaient regardants sur l'état de l'entreprise. Gary était indépendant et tenait à le rester. Son père, par esprit de vengeance face à ce rejet catégorique, refusa de l'aider dans sa recherche d'emploi.

Le jeune homme cherchait n'importe quel travail sans expérience, pourvu qu'il puisse se faire un peu d'argent. En effet, depuis qu'il avait arrêté d'affronter des dresseurs, sa bourse avait diminué. Ce travail avait pour second but de l'occuper la journée, pendant les heures creuses. Du moment qu'il n'était pas derrière un bureau, à fixer l'écran d'un ordinateur toute la journée, tout était susceptible de lui convenir.

Ondine l'encourageait quand il perdait espoir. Elle le réconfortait en essayant de manier le wok bien que Gary soit encore obligé de la guider. Ces efforts maladroits lui rendaient le quotidien plus supportable.

Un jour, en fin de matinée, il eut une bonne nouvelle. Un employeur à qui il avait envoyé son CV et une lettre motivation souhaitait le rencontrer expressément. Le soir Ondine le retrouva avec un sourire non dissimulé.

« J'ai trouvé un travail dans un bar-restaurant. Comme serveur. Rien de bien extraordinaire. »

Cette trouvaille inespérée le soulageait, quoi qu'il en dise. Peu importait au fond, qu'il soit serveur ou bien éboueur. Aucun travail n'était dégradant.
Ce n'est pas ce que pensait sa famille. S'ils apprenaient qu'il "faisait la bonniche", lavait des tasses de café derrière un comptoir, cela aurait de nouveau créé un ras-de-marée. Il s'en fichait bien et s'en garderait de le leur apprendre.
Suite à l'arrêt de sa carrière de dresseur et à l'installation d'Ondine chez lui -qui devenait leur chez-eux-, peut-être qu'enfin sa vie allait prendre un nouveau départ.