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Bleuet fané de M@xime1086



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Informations

» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 29/07/2016 à 11:10
» Dernière mise à jour le 29/07/2016 à 12:48

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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16.— ÉVEILLER LA STUPEUR & L’INCOMPRÉHENSION
A deux jours d'intervalle, ce fut au tour d'Ondine de retrouver ses parents pour un déjeuner. Ils vivaient à Carmin-sur-mer. Ses parents avaient choisi cette ville car ils voulaient pouvoir admirer l'immensité de l'océan tous les jours. Frédéric et Éliane habitaient une petite maison, près du port.

Dès qu'ils se levaient, ils tiraient leurs rideaux et passaient de longues minutes à contempler la mer, étendue comme une nappe bleue. Quand il ne faisait pas trop frais le matin, ils ouvraient leurs fenêtres pour laisser les murs s'imprégner des embruns marins. Les chants des Goélise traversaient les pièces, égayant les meubles.

L'intérieur de la maison correspondait à leur goût pour la mer et son univers. Des filets de pêche s'étalaient sur les murs, des coquillages ornaient les miroirs ainsi que les étagères. Des trophées de compétitions de pêche auxquelles ils avaient participé en binôme étaient chouchoutés par ces retraités.

Ils gardaient précieusement la collection de poupées Pokémon qu'Ondine leur avait envoyé lors de son voyage avec Sacha. Elle l'avait gagnée lors d'un tournoi le jour des Princesses. Aux côtés de ces jouets en porcelaine figuraient les portraits de leurs enfants, dans des cadres séparés ou en photo de groupe.

Même à la retraite, ils restaient actifs. Rester chez soi à tricoter ou à lire n'étaient pas des activités pour eux. Ils faisaient les marchés, sortaient saluer les marins qui rentraient ou partaient en mer, pêchaient, assistaient à toutes sortes de spectacles ou de fêtes organisées toute l'année dans la cité portuaire. Carmin-sur-mer regorgeait d'activité. Parfois, ils regrettaient de ne pas avoir vécu ici bien avant. Azuria était bien calme à côté de ce fourmillement de vie que représentait le port.

L'arène du Major Bob existait déjà lorsqu'ils avaient voulu créer la leur. Deux arènes dans une même ville n'étaient pas bien perçues par le comité de la Ligue Pokémon. Ondine leur avait raconté le conflit opposant l'arène Yas et l'arène Kas à Sombreville.

Grâce à leur arène, Azuria était devenue un passage incontournable pour les dresseurs. Le fait que leurs filles aient eu l'idée de former une troupe de spectacle pour accroître la popularité du gymnase les rendaient fiers que l'héritage soit passé entre de bonnes mains. A cause du travail de leurs quatre filles, ils ne les voyaient que très peu souvent.

Éliane était une femme active. De longs cheveux blonds descendaient en cascade derrière la nuque jusqu'à son dos. Elle n'était pas très grande et plutôt mince. Son mari, Frédéric, était un peu plus "entassé". Il était bon vivant et aimait manger les bonnes choses qu'offraient la vie et l'océan. Ils n'aimaient pas se restreindre et profitaient de la vie comme elle venait. Dans leurs assiettes ne se trouvaient que des aliments qu'ils avaient cœur à savourer.

Ce matin, ils avaient cuisiné tout en regardant l'horloge accrochée au mur. Impossible de ne pas éprouver de l'impatience ni du plaisir à se retrouver tous ensemble. Ils s'étaient rendus au marché pour se procurer des produits frais. Il n'y avait aucune raison que ce déjeuner familial ne se passe pas comme ils l'avaient prévu.

Frédéric ouvrit la porte après que la sonnette ait retenti. Leurs quatre filles étaient réunies. Quelque chose dans leur attitude l'interpella. C'était comme si la confrérie s'était scindée en deux. Cependant, leurs visages exprimaient un réel plaisir de retrouver leur père. Ondine semblait être la plus préoccupée. Elle n'arrivait pas à sourire aussi facilement qu'auparavant. Elle jetait des regards méfiants à Violette.

Frédéric les fit entrer en les embrassant chacune à leur tour. Quand vint le tour de la cadette, la pâleur de ses joues l'alarma. Pendant que les autres sœurs se mettaient à l'aise, rejoignaient leur mère dans la cuisine, il discuta quelques instants avec elle.

« Quelque chose ne va pas ? »

Pour la première fois depuis qu'elle était arrivée, elle le regarda vraiment en face. Ses yeux d'habitude d'un bleu vif avaient perdu de leur éclat et de leur brillance. Elle répondit que tout allait bien, qu'il fallait rejoindre les autres.

• • • • • • • • • •
Décidément, elle n'arrivait pas à manger le moindre met posé sur la grande table. Quand elle levait les yeux vers ses sœurs, elles avaient toutes la bouche pleine. Violette avait un appétit féroce. Il lui arrivait de jeter un coup d’œil amusé à Ondine, constatant son manque d'appétence. Éliane invitait sa plus jeune fille à goûter au plat sans parvenir à faire lever la fourchette à cette dernière.

Dans le bruit confus des couverts, Violette déclara :

« Elle pense à son prince William. »

Frédéric qui n'avait pas cessé d'être inquiet depuis l'arrivée d'Ondine, lui demanda qui était William. Éliane intervint.

« Voyons mon chéri, si elle ne veut pas en parler, c'est son droit. Elle n'est plus une petite fille.
- Tu as vu son état ? Ce William rend notre fille malade ! »

Il venait de frapper la nappe avec le manche de son couteau. Ondine leva enfin les yeux de son plat. Elle fusilla Violette un moment. Elle sourit à ses parents pour les rassurer.

« Ce n'est pas lui le problème. C'est Violette. »

Éliane eut l'impression de retourner dix ans en arrière, lorsque ses filles se dénonçaient mutuellement quand elles n'assumaient pas leurs bêtises. Ondine, dans les grandes lignes, leur raconta l'altercation de l'autre jour : la gifle, les cris. Elle leur parla brièvement du comportement puéril et mesquin de sa grande sœur à l'égard de Gary. C'était une complète délation.

Par la bouche de leur plus jeune fille, les parents avaient la désagréable sensation de ne pas reconnaître Violette. La personne qu'Ondine décrivait était un monstre. Ce portrait était loin du tableau angélique que Violette voulait bien faire croire.

Ils ne savaient pas s'ils devaient la croire ou douter de ses affirmations. Daisy vint appuyer les déclarations de sa sœur.

« Depuis que Gary s'intéresse à Ondine, elle ne supporte plus personne. Elle persécute le couple, surtout Ondine. »

La rouquine fut touchée de cette intervention inespérée. Elle n'était plus seule, une de ses sœurs prenait les armes à ses côtés. Violette haussa les épaules tout en buvant un verre.

« Si tu savais ce que Gary me disait... Tu ne réagirais pas de cette façon.
- Je ne te crois pas ! »

Les chaises s'étaient reculées de la table et les deux femmes se faisaient face. Derrière elles se trouvait un buffet où s'étalaient la collection de poupées Pokémon qu'Ondine avait remportée lors de la journée des Princesses. Les filets de pêche pendus aux murs s'étaient agités comme pendant une tempête en mer.

Les voir se crêper le chignon les étonnèrent. Ils croyaient que les vieilles rancunes s'étaient dissipées depuis belle lurette. Une telle rivalité amoureuse n'avait jamais opposé auparavant Ondine à Violette. La vie à l'arène semblait calme d'après ce qu'elles leur disaient au téléphone.

« Si je te disais qu'il me faisait du pied sous la table du petit-déjeuner, qu'il a voulu me rejoindre sous la douche une fois...
- Tais-toi ! Il ne ferait jamais ça ! J'ai plus confiance en lui que je n'en ai jamais eu en toi ! »

Daisy se leva également de table, d'abord pour les séparer, puis pour faire taire Violette.

« Je sais ce que tu fais la nuit quand ils dorment à l'arène. Je t'ai vue. »

Tout à coup la sœur aux cheveux bleus pâlit. Ondine était tout ouïe. Elle redoutait encore un coup bas, quelque chose de répugnant qui la révolterait.

« Avoue donc à ta petite sœur ce que tu fais derrière la porte de leur chambre. Vas-y. »

Ondine, sans savoir pourquoi, eut les larmes qui lui brûlaient les yeux. Frédéric et Éliane n'osaient intervenir, attendant des explications.
Violette n'eut pas le courage d'avouer.

« Puisque tu es trop lâche pour révéler à Ondine, je vais le faire. Violette vous écoute derrière la porte. Quand vous... »

Violette baissa la tête, amère. Les autres se tournèrent vers la championne, attendant une réaction. Le poing serré devant sa bouche, des larmes coulaient, silencieuses.

« Comment tu as pu faire ça, Violette ? essayait de comprendre leur mère.
- Tu veux qu'on croie à toutes tes accusations contre Gary ? Ce n'est pas crédible. »

Violette quitta la table. Ondine, encore sous le choc, eut du mal à contenir son incompréhension. Jamais sa sœur n'allait arrêter ses persécutions ! L'idée d'ouvrir une arène indépendante lui revint à l'esprit, comme un éclair salvateur sorti de l'ombre. Elle en confia l'initiative à ses parents.

« Ce ne serait qu'un déménagement de formalités. J'aurais un local à part pendant que les spectacles continueraient dans l'actuel bâtiment qui sert de gymnase. »

Lily fut la seule à s'opposer à cette idée. Les Sœurs Sensationnelles étaient les championnes, elles formaient un tout. Ondine répliqua sèchement qu'elle était la seule à avoir le niveau pour exercer cette fonction. Qui s'occupait des challengers ? Elle seule.

La situation au sein de la confrérie n'était plus vivable pour la rouquine. Gary non plus ne supportait plus cet ambiance. Elle voulait avant tout préserver son couple. Pour une fois qu'elle avait la chance d'être enfin heureuse avec un homme qui l'aimait. Elle ne laisserait pas Violette tout gâcher.

« Et ce Gary, alors ? demanda Frédéric au dessert. »

Maintenant que Violette n'était plus là, la jeune femme pouvait confier ses sentiments à ses parents sans être jugée. Elle le décrivait tel qu'il était — quoique avec un regard de femme amoureuse — : brave, bel homme, intelligent, sensible. Toutes les semaines passées à roucouler furent évoquées avec tendresse. Ses parents voyaient bien qu'elle était comblée. Violette avait à leurs yeux l'allure d'un Cornèbre de mauvais augure.

Elle ne passa pas sous silence la fois où il l'avait secourue au bord du lac. A voir les expressions émues de Frédéric et d’Éliane, Gary avait le rôle du gendre idéal.

Au moment de se séparer, Ondine avait repris des couleurs et semblait plus légère qu'à son arrivée. Violette ne lui cachait plus rien, à présent. Elle savait tout et devrait continuer à se méfier. Elle était fixée.
Ses parents avaient accueilli la perspective d'un beau-fils dans la famille avec ravissement. Ils étaient prêts à le rencontrer.

Durant le trajet du retour, dans la voiture, les quatre sœurs restaient silencieuses. Violette s'en voulait d'avoir grillé aussi facilement sa couverture. Daisy pressait le bras de sa cadette, lui apportant une source inépuisable de soutien. Ondine en aurait besoin pour mener à bien son projet qui, elle en était sûre, allait rendre son avenir plus viable.