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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 19/06/2016 à 18:36
» Dernière mise à jour le 14/12/2017 à 17:52

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre -31 : Réminiscences
Musique d'ambiance fortement conseillée

Aujourd'hui, c'est mon anniversaire, et pour fêter ça, Lacroy m'a emmené dans un des bars d'Omnia avec quelques potes.

Je suis jeune, j'ai vingt-trois ans, et je suis ivre mort. Lacroy me crie quelque chose que j'entends à peine par-dessus la musique. Il me montre un truc en direction du comptoir.

Et là, je l'aperçois. Elle a à peu près mon âge. Brune. Ses longues jambes s'agitent tandis qu'elle discute avec une amie à elle. Elle est belle.

Lacroy m'a grillé. Il me force à me lever et me pousse vers elle. Je proteste, alors il m'accompagne. C'est lui qui entame la conversation. Il raconte quelque chose au sujet d'une fille qui était en classe avec nous à l'Académie. Elles rient. Je ne comprends rien.

Je suis complètement bourré. La conversation m'échappe totalement. Lacroy et l'amie de la brune s'en vont, me laissant seul avec cette fille. On discute. Bon sang, ce qu'elle est jolie.

Je le lui dis sans m'en rendre compte.

« T'es plutôt craquant aussi, tombeur. » répond-elle en riant.

Je ne le suis pas. Je suis une épave dont l'avenir immédiat se résume à une sévère gueule de bois. Elle le sait. Elle se moque de moi ? Sûrement. Je suis un piètre dragueur.

Elle me commande une pinte.

Une semaine plus tard, Diane et moi sortons ensemble.

~*~
Je sonne à la porte. Mathilde vient m'ouvrir. Elle me dit en ricanant que sa sœur se fait belle depuis une demie-heure. Je souris et accepte le verre qu'elle me propose. Ce soir, j'emmène Diane au cinéma.

Le film n'est pas terrible. Mais ni elle ni moi ne nous en préoccupons. Après la séance, elle m'emmène au bar où l'on s'est rencontrés il y a presque trois semaines.

On commande une pinte. Une autre. Et encore une autre. Chaque éclat de rire que je lui décroche me donne d'impression d'être ailleurs. Avec elle, je suis bien.

On sort du bar. Il fait nuit, et les passerelles sont désertes. On rit fort. Elle s'accroche à moi pour ne pas tituber, mais je crois qu'elle le fait un peu exprès.

Sans m'en rendre compte, je la ramène chez moi.

Cette nuit-là, nous faisons l'amour pour la première fois.

~*~
Fenrir a complètement adopté Diane. Elle-même n'a pas de Pokémon, ce qui est assez rare chez les Elitiens. Mon bon gros Caninos adore jouer avec elle. Pour un peu, je serai presque jaloux.

On aime bien promener Fenrir dans le parc artificiel, le soir. C'est le seul endroit de la ville où les Pokémon sont autorisés. Deux ou trois fois par semaine, on va là-bas, on s’assoit sur un banc en regardant Fenrir gambader, et on savoure.

Diane change de coupe de cheveux et de teinture tous les deux mois. Je n'ai jamais vu de fille aussi indécise. Mais ses yeux, ses beaux yeux bleus, eux, brillent toujours du même éclat rieur.

C'est une Elitienne extrêmement douée, mais nous ne parlons jamais du boulot quand nous sommes ensemble. On évite de parler de notre relation au Commissariat. Ça pourrait causer des problèmes.

Je suis fou amoureux.

~*~
Diane et moi emménageons ensemble. J'ai vingt-six ans, et je n'imagine plus ma vie sans elle.

On lui a proposé une promotion dans une brigade spéciale. Elle a accepté. L'augmentation de salaire lui permettra d'aider sa mère malade.

Peu de temps après, on me propose la même promotion. J'accepte, bien évidemment. Faire partie d'une escouade d'intervention d'élite est un honneur absolu. Le service spécial ne compte qu'une vingtaine de membres. Le chef de mon escouade, l'agent Garvin Keithr, est un gars très sympa. Diane, lui et moi devenons rapidement amis.

~*~
J'ai mal. Ce connard de chauve m'a tiré une balle dans l'épaule. Je l'ai bien amoché, mais il a réussi à s'enfuir.

Diane débarque avec Garvin. Ils m'aident à me relever. Elle me dit que tout va bien aller. Ils m'emmènent à l'hôpital.

Je passe les trois semaines suivantes en congé. Lacroy est affecté à notre escouade pour me remplacer. Diane décide de s'occuper de tout ce qu'il y a à faire à l'appartement : ménage, bouffe, et caetera.

Elle cuisine presque encore plus mal que moi. Dès que mon bras va mieux, j'insiste pour préparer les repas. Nous en rions beaucoup.

~*~
Fenrir est un Arcanin, désormais. Notre petite vie à trois me paraît idéale.

Nous allons toujours au bar descendre des pintes entières, mais moins souvent. Diane m'a emmené dans un vieux café, une reconstitution d'un diner du siècle dernier. Le Daisy's.

Elle adore ce genre d'antiquité. Elle a ramené plein de vieux meubles à l'appartement. Un canapé en cuir, une commode en bois vermoulu. Je ne suis pas aussi fan qu'elle de ce genre de vieilleries, mais c'est vrai que ça a un certain charme.

Une fois, elle m'a dégoté un vieil imperméable marron et un chapeau à bord large. Elle m'a plus ou moins forcé à les enfiler, en prétextant que je « ressemblerai à un détective des vieux films ».

J'étais absolument atroce, habillé comme ça. Elle était morte de rire. Elle avait beau me répéter qu'elle trouvait que ça m'allait bien, hors de question que je porte ça un jour.

~*~J'ai vingt-huit ans.

Un soir, alors qu'on regarde Fenrir courir dans le parc, Diane me demande ce que je penses des enfants.

« Les enfants ? Ces petits trucs idiots qui courent partout ?
- Oui. Ça ne te dirait pas ? Nos petits idiots à nous ? »

Je lui réponds que ça me rendrait terriblement heureux. Mais je me dis qu'il y a autre chose que j'aimerai faire avant.

Le lendemain de cette conversation, j'achète une bague. Un bel anneau en or, incrusté de pierres précieuses. Diane va le détester, elle qui est si pragmatique. Mais je veux faire les choses correctement.

~*~
Aujourd'hui, c'est le grand jour. Ce soir, après le service, j'emmène Diane dîner, et je lui ferai ma proposition.

Lacroy, qui n'a jamais quitté l'escouade même lorsque je suis revenu de mon congé, a vu la boîte à bijoux dans mon vestiaire. Il a tout de suite compris. Garvin m'a félicité, ravi. J'ai dit que je n'étais pas sûr qu'elle dise oui. Lacroy a répondu que si on allait au Daisy's, ce café de vieux, comme il dit, alors on était prêts à passer notre vie ensemble.

Diane nous rejoint à midi pour manger. Elle a à peine le temps de terminer son assiette que le biper de Garvin sonne. Prise d'otage à la Chancellerie. Le sénateur Taylor, candidat favori à l'élection, est retenu prisonnier avec sa femme et sa fille. Du sale.

On décolle immédiatement.

~*~
D'après les informations de Riviera, l'Officier en charge du département d'intervention, les preneurs d'otage sont trois. Diane est désignée négociatrice ; elle a toujours eu un don pour ces choses-là. Lacroy et moi sommes postés devant l'entrée de la salle où sont retenus les otages avec trois autres Elitiens réguliers. Garvin coordonne les troupes.

« Fais attention à toi, tombeur, d'accord ? » me sourit Diane avant que j'aille me mettre en position.

Elle m'appelle toujours tombeur, en souvenir de notre première rencontre. Je lui réponds que tant qu'elle ne les énerve pas trop au téléphone, je ne cours aucun danger. Elle m'embrasse et me dit qu'elle fera de son mieux.

Il y a une vingtaine d'otages. On ne sait toujours pas comment des individus armés ont pu pénétrer dans l'immeuble le plus surveillé d'Omnia. A priori, les portiques de sécurité ont été sabotés et n'ont rien détecté sur eux.

Les revendications des trois types sont étranges. Leur discours est confus, leur chef a l'air paniqué. Certainement pas un professionnel, du moins c'est pas l'impression que ça donne. L'interlocuteur de Diane exige un hélico pour s'enfuir. Des dizaines de drones se massent à la fenêtre. Je n'en ai jamais vu autant de ma vie. Toutes les chaînes de télé sont là, et une centaine de curieux se massent sur la passerelle qui mène à la Chancellerie.

On est étroitement surveillés. Pas grand-chose à faire, à part attendre, et laisser Diane faire.

~*~
Garvin commence à s'énerver. Il a demandé un hélico à Riviera il y a une heure, mais il n'est toujours pas là. Les preneurs d'otages menacent d'exécuter un prisonnier si on ne se presse pas. Diane déploie des trésors de diplomatie. Les otages seraient déjà tous morts si elle n'était pas là.

~*~
Ces cons ont exécuté un otage. Les snipers postés dans le bâtiment d'en face ont répliqué en tirant sur un preneur d'otage. Le gars est touché, mais d'après les images des drones, il n'est pas mort.

Garvin a hurlé à tout le monde de se calmer. Diane commence à perdre pieds. L'hélico arrive enfin. Les preneurs d'otage sont furieux. Ils exigent une garantie.

Ça fait cinq heures que l'on est là. Je crois que ce n'est pas ce soir que je demanderai Diane en mariage.

~*~
Ils veulent que la négociatrice les rejoigne dans la pièce, en guise d'assurance qu'on ne les descendra pas quand ils iront rejoindre l'hélico sur le toit. Dans mon oreillette, j'entends Diane accepter sans hésiter.

Je m'y oppose.

Mais elle ne veut rien savoir.

« Je ne risque rien. » me dit-elle.

Si elle ne le fait pas, ils tuent deux autres otages. Ce sont des forcenés. Ils savent qu'ils sortiront les pieds devant, ou avec perpétuité. On n'a pas vraiment d'argument face à ce genre de gars.

Garvin hésite. Diane insiste, mais ce n'est jamais le négociateur qui décide, on nous l'a appris à l'Académie. C'est Riviera qui donne l'ordre. La moitié de la classe politique d'Algosya est là-dedans. On ne peut pas courir le risque qu'ils mettent leurs menaces à exécution.

Lacroy et moi la regardons nous rejoindre devant la porte, l'ouvrir et disparaître dans la pièce. Je suis profondément mal à l'aise. Tout le monde est sur les nerfs. Garvin reprend les négociations.

Quelque chose me dérange dans la manière dont répondent les criminels, mais je n'arrive pas à dire quoi.

~*~
Tout le monde est sur les rotules. A côté de moi, Lacroy peste contre les snipers qui ont tout foutu en l'air. Garvin s'évertue à calmer tout le monde. Le plan qui se profile est simple : les preneurs d'otage libèrent tout le monde et décollent en hélico. Peu importe où ils iront, on les retrouvera.

Visiblement, ils ont oublié que tous les appareils des Elitiens étaient équipés de puces GPS.

Garvin essaye de gagner du temps. Il tente tous les subterfuges que Diane n'a pas déjà appliqués. La résistance au stress des individus décline rapidement après plusieurs heures, et il le sait.

Malheureusement, les ravisseurs font tout pour exiger de partir immédiatement. Ils sont conscients que le temps est notre allié, pas le leur. Ils sont incroyablement tenaces. Garvin ne domine plus les négociations. Plus ils parlent, plus leur chef a l'air de prendre l'assurance.

Je commence à sérieusement m'inquiéter pour Diane. D'après les images des drones, elle est indemne et essaye de réconforter les otages.

Garvin ne les retient pas longtemps. Il négocie qu'ils libèrent tout le monde sur la plate-forme de décollage. Quand il évoque le cas du pilote d'hélico, l'un des ravisseurs lui dit qu'ils n'en ont pas besoin, qu'ils savent conduire ce genre d'engin. On approche du dénouement.

Et j'ai l'impression que quelque chose cloche chez ces preneurs d'otage. Mais quoi ?

~*~
Ils sortent. Je les vois. Fusils d'assaut. Ils sont trois, et n'ont pas l'air paniqués du tout. C'est bizarre. Leur chef avait l'air plus stressé que ça au téléphone. Je fais signe aux autres de les laisser passer. Diane est parmi eux. L'un des preneurs d'otage a son flingue braqué sur sa tempe. Nos regards se croisent. Elle a perdu son air confiant. Elle me murmure silencieusement quelque chose. Je n'entends pas, mais je lis sur ses lèvres.

« L'agent Sunderland dit qu'ils comptent emmener Taylor et d'autres otages avec eux dans l'hélico. » annoncé-je à voix basse en retransmettant ce que me murmure Diane, tentant de cacher mon inquiétude.

Dans mon oreillette, j'entends toute l'équipe dire que c'est hors de question. Riviera ordonne qu'on les laisse faire. Il est Officier, mais Garvin commande sur place. L'idée de les abattre est évoquée. Lacroy est pour. Je suis pour. Garvin hésite.

On a une minuscule fenêtre temporelle pour agir. Ils se dirigent vers les escaliers. Les snipers ont déjà perdu leur ligne de tir. Les otages sont complètement paniqués, et les Elitiens commencent à perdre pied. Il faut en finir avant que ça ne dérape. On a franchement dépassé le seuil tolérable de risque.

Garvin hésite encore.

On ne peut pas les laisser partir. Pas avec les otages. Pas avec Diane.

Je m'énerve contre Garvin, qui ne prend pas de décision.

Il y a quelque chose qui ne va pas avec ces preneurs d'otages, je le sens, je le sais. Depuis le début, ils ont joué les amateurs, mais ils sont étonnamment au courant de nos techniques.

Je le dis aux autres. Riviera m'accuse de ne pas être objectif. Je lui dis d'aller se faire foutre. Il ordonne de quitter ma position.

Je jette un regard à Diane. Elle me murmure quelque chose.

« Brouilleur. Brouilleur ! » parvins-je à lire en boucle sur ses lèvres.

Soudain, tout s'éclaire. Elle aussi, elle a compris.

« Garvin, ces gars-là sont des pros ! Ils ont un brouilleur GPS ! Si on les laisse monter à bord de l'hélico avec Taylor et les autres, on ne les retrouvera jamais ! »

J'ai parlé trop fort. Les preneurs d'otages m'ont entendu. Grave erreur.

Ils tirent les premiers. Ou peut-être est-ce moi. C'est flou.

Tout part en vrille. Une balle me touche au bras gauche.

Lacroy réplique, abat un type. Dans mon oreillette, j'entends Garvin hurler de donner l'assaut. La fusillade éclate. Je m'abrite derrière une plante verte juste à temps. Un Elitien tombe à côté de moi, mais il vit encore. Les preneurs d'otages commencent à exécuter leurs prisonniers.

Je sors de ma cachette pour apercevoir leur chef qui tient la gamine de Taylor en joue. Il y a plusieurs cadavres par terre. Diane gît au sol, ensanglantée. Je crie son nom.

J'aperçois la peur de la fille de Taylor lorsque je lève mon arme vers elle. Le preneur d'otage se sert d'elle comme bouclier humain. J'entends le sénateur nous crier de faire ce qu'il dit.

Du coin de l’œil, je vois Diane qui rampe difficilement vers l'un des fusils d'assaut d'un criminel tombé à terre.

Le preneur d'otage la voit aussi.

A l'instant où il tourne la tête pour l'abattre, je tire.

Le type s'effondre et lâche la fille Taylor. Lacroy hurle quelque chose.

Autour de moi, le monde tourne, les otages fuient, s'affolent. J'ignore la douleur de mon bras. J'ignore les ordres qu'on me hurle dans l'oreillette. Seule compte Diane. Je me précipite vers elle.

Je m'agenouille à ses côtés et la prends dans mes bras. Ses cheveux sont poisseux et maculés de rouge. La balle l'a touchée en pleine poitrine. Elle crache du sang et me sourit.

J'appelle un médecin, désespéré. Elle me souffle qu'elle a du mal à respirer. Je panique, j'arrache un bout de tissu de la robe d'un cadavre, j'essaye de panser la plaie. J'appuie frénétiquement sur la blessure, mais peu importe ce que je fais, le sang continue de s'écouler.

Elle pose sa main sur ma joue en souriant. Je l'embrasse. Les larmes salées qui coulent sur mes joues se mêlent aux siennes. Elle me dit qu'elle m'aime, si bas que je l'entends à peine. Ses doigts ensanglantés tracent des sillons rouges sur mon visage alors que son bras retombe mollement. La lueur rieuse dans ses yeux bleus s'éteint doucement.

~*~
Lorsque Lacroy revient avec le médecin, il me trouve agenouillé, en pleurs, le cadavre de la femme de ma vie dans les bras, et les mains pleines de son sang.

~*~
L'enterrement se fait par un beau jour de soleil, comme si le ciel avait décidé de se foutre de moi.

Il y a du monde. Diane était quelqu'un de très aimé. Je ne connais pas la moitié de ces gens, mais eux me regardent avec hostilité.

Huit civils sont morts dans la fusillade, dont la femme de Jack Taylor. Le plus grand fiasco de la décennie, a dit Riviera en me retirant mon badge.

Je comparaîtrais en cour martiale dans trois jours. Les rapports sont confus, et je ne me rappelle moi-même pas très bien de ce qui s'est passé à la Chancellerie. Mais plusieurs témoignages s'accordent à dire que j'ai tiré le premier, avant l'ordre de Garvin. Je ne sais pas si c'est vrai. Je m'en fous. J'ai l'impression que ma vie est finie.

La cérémonie a lieu à des kilomètres d'Omnia, près du Lac Makna. Un prêtre d'Arceus prononce un discours que je n'écoute même pas. Je suis dans un état second, depuis plusieurs jours. Je n'ai même pas aidé aux préparatifs. C'est Mathilde, du haut de ses quinze ans, qui a quasiment tout fait. Je la vois, avec sa mère cancéreuse, qui me regardent d'un œil noir.

Garvin et Lacroy sont là, à côté de moi. Ils font partie des rares Elitiens présents sur place à avoir témoigné en ma faveur dans leur rapport, et ils m'ont promis qu'ils me défendraient au tribunal. Je ne ressens même pas de gratitude envers eux. Je ne ressens plus rien.

Je la vois, là, dans le cercueil. Elle avait arrêté d'aller chez le coiffeur tous les deux mois. Ses cheveux étaient à nouveau bruns, comme quand on s'était rencontrés ce soir là, au bar. Ses paupières sont fermées. J'aurai aimé revoir ses yeux bleus une dernière fois.

Je ne supporte pas de la voir ainsi. On dirait presque qu'elle dort.

La presse ne cesse de parler de ma responsabilité dans cette affaire. Le procès n'a pas encore eu lieu, mais je suis déjà coupable de faute professionnelle gravissime aux yeux de beaucoup. Les rumeurs sont atroces, mais je n'en ai cure. Après la cérémonie, Mathilde me prend à part et me demande si la mort de sa sœur est arrivée à cause de moi.

Je lui réponds que oui.

Elle me hurle dessus. Je ne me défends pas. La haine l'aidera à surmonter son deuil.

~*~
Le jour du procès, je porte l'imperméable marron et le chapeau que Diane m'avait offerts. C'est vrai que j'ai l'air d'un détective des vieux films.