Chapitre 10 : Convoitise et identité
La science des Primordiaux leur permet donc de vivre indéfiniment. Ils sont parvenus à matérialiser cette science en un pouvoir, qui permettrait de faire bénéficier à des êtres inférieurs comme les humains de cette immortalité. Et pas qu’une immortalité de vieillesse, mais l’impossibilité pure et simple de mourir, quelle qu’en soit la cause.
*****
Veframia était le nom donné à New Safrania, la nouvelle capitale de Kanto, rebâtie sur les ruines de l’ancienne après la guerre contre les Dignitaires. Désormais, plus que la capitale de Kanto, elle était la capitale du Grand Empire de Johkan, où la Dirigeante Suprême, Lady Venamia, exerçait son autorité. En ce moment, la dictatrice était au plus haut de son Palais Suprême, à regarder toutes les troupes qui se massaient en bas. Militaire de profession, Venamia avait toujours su apprécier les rangées d’hommes qui marchaient d’un pas calculé, les lignes de tanks qui paradaient et les avions de chasses qui décollaient les uns après les autres.
Venamia était, officiellement, la dirigeante de la Team Rocket. Mais officieusement, la Team Rocket avait disparu. Il ne restait plus que le Grand Empire de Johkan que commandait Venamia, et en son sein, il n’y avait plus ni civils ni Rockets : seulement des serviteurs de Venamia. C’était plus simple comme ça. Un peuple, un pays, un commandant. Point. Bon, évidement, dans la pratique, c’était un peu plus complexe. Venamia devait toujours compter sur les opinions de Vilius, l’homme avec qui elle avait mené son Coup d’Etat. Naturellement, c’était elle qui avait le dernier mot, mais écarter Vilius ou le faire tuer lui aurait posé quelque problèmes avec les nostalgiques de l’ère Rocket, et il y en avait beaucoup. Elle préférait donc le garder avec elle, tant qu’il ne devenait pas trop embarrassant.
Et bien sûr, il y avait aussi les Agents de la Corruption avec qui Venamia devait traiter. La Dirigeante Suprême avait passé une alliance avec leur chef, le Marquis des Ombres. En échange de son soutien et de ses forces pour conquérir le globe, Venamia allait propager la corruption partout où elle passait. Le Marquis se fichait de conquérir des pays ; il voulait simplement un monde corrompu où son sombre maître Horrorscor pourrait ressusciter. Venamia partageait son âme avec Horrorscor, et elle n’était pas ignorante de la sournoiserie de ce Pokemon. Mais pour le moment, elle avait besoin de lui et de ses sbires, les premiers étant les Sept Démons Majeurs, des Pokemon monstrueux à la puissance incroyable. Grâce à eux, Venamia balayait ses ennemis comme elle voulait. Ses conquêtes simultanées d’Hoenn et d’Elebla se déroulaient à merveille.
Évidemment, ça, c’était la partie facile. Venamia n’ignorait rien du fait qu’en ce moment même, dans la région de Bakan, Erend Igeus, son ennemi de toujours, se préparait une armée pour la lancer contre elle. Igeus avait avec lui la traitresse Estelle Chen, ancienne Agent 005 de la Team Rocket, la base G-5 de Tender avec la X-Squad, l’armée de Bakan, l’armée de Cinhol, les champions d’arènes de Kanto, le Pokemon génétique Mewtwo, la Quatrième Flotte de Stormy Sky et diverses petites armées de différentes régions sans trop d’importance. Et tout ce petit monde avait pris le nom de Confédération Libre, et était officiellement dirigée par Eryl Sybel, devenue Reine de l’Innocence. C’était eux, les véritables ennemis de Venamia. Quand la guerre allait réellement débuter entre ces deux camps, ça allait faire mal.
Mais Venamia s’y préparait déjà. Elle avait une espionne à Bakan, la propre assistante d’Igeus, Velca Seleis, qui l’informait de tous ses faits et gestes. Une idiote, cette femme. Elle pensait réellement que Venamia allait, avec l’aide d’Horrorscor, ressusciter l’homme qu’elle aimait, le demi-frère d’Igeus. Venamia ne savait même pas si c’était possible, et de toute façon, n’avait aucunement l’intention de le faire. C’était comme quand Zelan avait promis à Zeff de ramener Livédia Crust, sa mère adoptive, en échange de son allégeance. Les gens amoureux étaient décidément bien naïfs…
- Heureusement, je n’ai plus ce défaut, hein Horrorscor ? Demanda Venamia.
L’esprit du Pokemon ne répondit pas, mais Venamia put clairement sentir sa désapprobation. Oui, il avait raison. L’amour n’avait pas encore totalement déserté Venamia, qu’on surnommait pourtant Cœur de Glace. Elle avait renié son père, son frère et sa sœur, ses amis, et même son amant Octave, dont elle était en train de conquérir son empire. Pourtant, il y avait toujours une zone sensible dans le cœur de Venamia : son fils, Julian, en ce moment même entre les mains d’Igeus à Bakan. La X-Squad le lui avait odieusement enlevé il y a six mois, et Venamia comptait bien le récupérer. Il était tout ce qui la rattachait encore à son ancienne elle, et la certitude vivante qu’Horrorscor n’avait pas réussi à la faire sombrer dans la corruption la plus totale.
Venamia avait été quelqu’un d’autre autrefois. Une fille nommée Siena Crust. Une cadette de la Team Rocket, qui l’avait intégrée en même temps que son frère et sa sœur : Mercutio et Galatea. Siena avait été une fille sérieuse et travailleuse, forte, mais aussi aimante, envers sa famille et ses Pokemon, et loyale envers ses supérieurs, dont le Boss Giovanni. Les souvenirs de ce qu’avait été Siena Crust semblaient étrangers à Venamia, comme s’ils étaient ceux d’une inconnue. Horrorscor avait su lui montrer qu’elle pouvait être bien plus que Siena Crust. Il lui avait montré son réel potentiel, et les sacrifices qu’elle devrait faire pour y parvenir. C’est après avoir tué son propre père adoptif, le commandant Penan, que Siena avait abandonné son nom pour prendre celui de Lady Venamia.
Désormais, tout était bien plus clair, bien plus facile : il y avait elle, et il y avait les autres. Lady Venamia avait un système de classement des individus très simple. Il y avait deux catégories. La première était celle des Instruments. Elle comprenait toutes les personnes, Pokemon, organisations ou autre, qui pouvaient lui être utile. La seconde était celle des Bâtons-dans-les-Roues. Elle comprenait tous ceux qui n’entraient pas dans la première catégorie. Il n’y avait pas de troisième catégorie. Et très bientôt, il n’y aurait plus de seconde non plus, car faire partie de la seconde catégorie était synonyme pour Venamia d’une condamnation à mort.
Alors que Venamia était plongée dans ses rêves de conquête et de grandeur, un bouton sur son brassard multifonction se mit à clignoter. C’était son mini-holoprojecteur portatif. Quelqu’un essayait de la joindre. Et ceux qui connaissaient sa fréquence personnelle étaient peu nombreux. Aussi Venamia ne fut pas étonnée de voir la miniature de Velca Seleis qui s’inclina brièvement devant elle.
- Dirigeante Suprême, j’ai des nouvelles.
***
L’Agent 007 de la Team Rocket avait toujours eu une vie assez simple : son devoir était d’obéir aux ordres du Boss, et quand il n’en avait pas, il pouvait faire ce qu’il voulait. Son statut, sa puissance et sa célébrité lui permettait d’avoir quasiment tous les droits, que ce soit avec les Rockets ou avec les civils. Alors il pouvait s’amuser. Non pas que 007 soit un sadique ; il aimait juste la compagnie des femmes, et celles-ci le lui rendaient bien. De l’avis général, 007, avec ses cheveux blancs, ses yeux d’or en fusion et son visage d’albâtre sans défaut, était l’un des plus bels hommes de tout Johkan, et sa propension au charme faisait qu’il s’était donné pour mission de conquérir le cœur de toutes les femmes du continent.
Mais aujourd’hui, c’était différent. Depuis que Lady Venamia avait pris le pouvoir, 007 était un peu perdu dans sa routine. Il ne savait plus s’il était encore un Agent Spécial. Il ne savait même plus si la Team Rocket existait toujours. Venamia avait provoqué tellement de changements que c’était un peu le bordel. Une chose était sûre, cependant : sa patronne, c’était Venamia. De ça, il n’y avait pas à douter. Donc quand 007 la vit rentrer dans ses quartiers du Palais Suprême, tandis qu’il se la coulait douce avec quatre jolies filles à ses cotés, il se leva immédiatement, congédia les filles et s’inclina parfaitement.
- Dirigeante Suprême ! Quel honneur et quel plaisir de vous voir dans mes modestes appartements…
007 aimait les femmes. Il en était un grand amateur, et savait discerner dans chacune d’entre elles une part de beauté qui leur était propre. Lady Venamia était ce qu’il pouvait qualifier de « beauté glacée », avec son maintien rigide, son visage pâle et fermé, et ses inquiétants yeux vairons, l’un d’un bleu glacial, l’autre rouge, ce qui lui avait valu son surnom de Cœur de Glace. Oui, Venamia était belle, mais d’une beauté dangereuse, qui valait mieux observer de loin et ne surtout pas tenter de s’approprier. 007 l’avait bien compris, et n’avait jamais risqué sa vie en tentant de la draguer.
De plus, l’Agent n’aimait pas trop la nouvelle patronne. Trop directive, trop prompte à la colère, trop instable. 007 avait entendu une rumeur de l’équipage du Mégador, le vaisseau amiral de Venamia, comme quoi la Dirigeante Suprême aurait fait griller sur place une de ses subordonnées avec son sacré Pokemon Ecleus, parce que cette dernière aurait commis une simple erreur qui n’avait même pas été de sa faute. Et apparemment, la subordonnée en question était le lieutenant Fatra Rebuilt. 007 avait tellement eu de conquêtes parmi le personnel féminin de la Team Rocket qu’il était difficile de se rappeler d’une en particulier, mais celle-ci, il s’en rappelait bien. Quel dommage, une si jolie fille…
- J’ai une mission pour vous, dit Venamia en allant droit au but.
007 pesta mentalement, tout en lui servant son plus beau sourire.
- Naturellement. En quoi puis-je vous être utile ?
Venamia ne répondit pas et fit un moment le tour de l’appartement, parfois allant fouiller dans les tiroirs ou dans l’armoire. 007 était plus amusé qu’autre chose. Qu’espérait-elle découvrir au milieu de ses caleçons ? Une preuve qu’il était un traître ?
- Dîtes-moi, comment vous appelez-vous, en vrai ?
007 fut surpris par la question.
- Je vous demande pardon ?
- Votre nom ? Continuer à utiliser 007 n’est plus souhaitable. J’ai décidé de ne plus utiliser le système des Agents Spéciaux, un archaïsme datant de l’époque de Giovanni et de sa mère avant lui. Que ce soit Vilius, Silas ou Bornet, tous ont été démis de leur chiffre d’Agent, pour servir mon Empire d’une nouvelle façon.
- Vraiment ? S’étonna 007. Et Judicar, l’Agent 001 ?
- J’ai décidé de ne plus faire appel à lui. Cet individu est dangereux et n’est d’aucune loyauté. Si vous voulez une place dans mon nouveau système, il vous faudra évoluer. Je peux vous donner un travail officiel, un titre ou un grade, mais je veux votre nom. Tout se fera dans la lumière et la clarté maintenant. La Team Rocket, c’est du passé. Nous ne sommes plus une mafia, nous sommes l’Etat lui-même.
007 haussa les épaules. Peu importait comment on l’appelait. Il n’avait jamais jugé utile de prendre un surnom, alors que c’était chose courante parmi les Agents Spéciaux. Ce nom de 007 lui convenait. Allez savoir pourquoi, il avait toujours résonné dans son esprit comme le nombre digne d’un agent secret aux multiples talents qui séduisait toutes les filles qui passaient à coté de lui. Bref, un nombre fait pour lui. Mais s’il devait reprendre son vrai nom, eh bien ainsi soit-il. Mais il trouvait que Venamia était assez gonflée d’exiger les vrais noms de ses collaborateurs alors qu’elle avait abandonné le sien il y a quelque temps déjà…
- Lucian, répondit-il enfin. Lucian Weiss, à votre service, Dirigeante Suprême.
- Eh bien Lucian, parlons franchement, vous et moi. Nous n’en avons jamais eu l’occasion encore. Vous avez décidé de me rester fidèle, et de ne pas rejoindre la bande de traîtres d’Estelle Chen, comme Domino la Tulipe Noire. Vous attendez donc quelque chose de votre loyauté. Que voulez-vous, au juste ?
- Bah, en premier, mon salaire, répondit Lucian très sérieusement. Ensuite, des moments de libre pour que je puisse le dépenser. Rien de bien exotique…
- Vraiment ? Plus de pouvoir ne vous tente pas ? Des terres peut-être ?
- Que pourrai-je bien faire de terres ? Cet appart me suffit. Il me suffit juste que j’ai un pieu assez grand pour y faire rentrer deux personnes… et plus à l’occasion. Quant à plus de pouvoirs… non merci. C’est chiant de commander, sauf votre respect. Je suis bien comme je suis.
Lucian vit que Venamia était troublée. Elle qui avait une ambition dévorante et une soif insatiable de conquêtes, elle ne comprenait pas les gens comme Lucian qui se satisfaisaient de leur condition actuelle.
- Vous êtes étrange, Lucian Weiss, dit-elle enfin. Tous les humains ont des désirs.
- Bah le mien, c’est être pénard. J’aime pas le changement. Tant que j’ai ma paie et mes jours de congés, je bosse pour vous. Ceci dit, si vous voulez vraiment m’augmenter, j’ai rien contre hein ?
Le regard de Venamia se posa sur les mains gelées de Lucian. Elles étaient toujours comme ça. Lucian lui-même les avait gelé avec de la Glace Eternelle, une matière rare qui ne pouvait pas fondre. Ainsi, en tant que Modeleur de Glace qu’il était, il avait toujours une source à disposition pour créer et manipuler son élément.
- Je me demandais : ce n’est pas embêtant d’avoir les mains gelées en permanence ? Les filles que vous invitez dans votre lit doivent frissonner à chaque fois que vous les touchez. Ou encore quand vous allez au petit coin, ça doit pas être évident de tenir le bonhomme.
- C’est un grand honneur que de penser que la question de savoir comment je tiens mon tuyau d’arrosage quand je vais pisser puisse hanter vos nuits, Dirigeante Suprême, ironisa Lucian. J’adorerai discuter de cela longuement avec vous, mais je m’en voudrai de vous retenir alors que vous avez un monde à conquérir. Vous ne m’avez pas parlé d’une mission pour moi ?
Venamia hocha la tête et s’assit sur une chaise sans y avoir été invitée ; mais Lady Venamia n’avait besoin d’aucune invitation. Tout ce fichu palais démesurément énorme - sur lequel elle avait tué à la tâche des milliers de travailleurs pour qu’il soit fini en quelque mois seulement - lui appartenait.
- Mon espionne à Bakan m’a fait part de nouvelles étranges, commença la Dirigeante Suprême. Des sbires d’Igeus auraient été attaqués dans le nord de la région par une sorte de robot extraterrestre.
- Euh… un robot extraterrestre hein ?
- Oui, enfin, celui-là aurait été créé sur Terre, mais il n’en reste pas moins que lui et ses potes seraient le fruit d’une technologie qui ne vient pas de notre monde. Ces créatures métalliques s’appelleraient Akyr, et il y en aurait en ce moment même un certain nombre cachés dans les terres gelées du nord de Bakan. Igeus a réussi à en capturer un, et doit déjà être en train de l’étudier à fond. Qui sait ce qu’il pourrait découvrir ? Peut-être ces êtres pourraient être utilisés comme armes si on arrive à les reproduire ? Je ne peux pas laisser la Confédération Libre être les seuls à posséder cette technologie. Donc…
- Donc ? Répéta Lucian tout en craignant la réponse.
- Donc j’en veux un moi aussi, acheva Venamia. Vous allez partir à Bakan, incognito, et m’en ramener un.
- Vous voulez que je me rende dans la région qui sert de base à notre ennemi, pour que j’aille me perdre en pleine banquise et vous capturer un robot martien ?
- Tout à fait ça, confirma Venamia. Ça ne devrait pas vous poser de problème : vous êtes l’Icemod, et je vous envoie dans un glacier.
Décidément, Lucian n’aimait pas Lady Venamia. Elle seule avait l’incroyable capacité d’énoncer des ordres insensés sur un ton incroyablement raisonnable, comme si elle le commissionnait simplement pour aller lui chercher son sandwich à l’épicerie du coin.
- Je vois… Mais euh… Sait-on quelque chose sur les capacités au combat de ces trucs ? Parce que moi, combattre des robots, c’est pas mon domaine de prédilection, et s’ils sont plusieurs…
- Il parait que mon frère Mercutio a battu celui d’Igeus assez facilement.
- Sans doute oui, mais hélas, y’a pas écrit « Mélénis » sur mon front.
- Il vous suffira d’en congeler un, c’est tout. La glace gèle tout aussi bien la chair que l’acier, surtout votre Glace Eternelle. Ah, et également, il paraitrait que le Glacier Infini de Bakan soit le lieu où reposerait la légendaire cité d’Atlantis, enfouis sous la glace. C’est cette cité qui serait la base de ces Akyr. Si vous pouviez la dénicher, ça m’arrangerait aussi.
Lucian commença à perdre patience.
- Naturellement. Et si j’ai le temps après ça, je peux aussi me pointer à Fubrica pour assassiner Igeus et vous faire gagner la guerre avant qu’elle ne commence ?
- J’ai toute confiance en vous. Et vous aurez Bornet, l’ex-Agent 006 avec vous pour vous assister. En tant qu’ancien chef des Renseignements Rocket, il est bien au fait des façons pour infiltrer un pays ennemi.
Lucian se retint de lever les yeux au ciel. 006 était le mec le plus chiant de toute la Création. Faire une mission commune avec lui allait être un truc d’enfer, Lucian le sentait.
- Pourquoi ne pas envoyer vos gars de la GSR sur une mission aussi importante ? Demanda-t-il quand même.
Venamia balaya la question d’un geste agacé de la main.
- Il n’y a plus de GSR maintenant ; elle a été dissoute dans mon armée. Il ne reste plus beaucoup de mes anciens officiers. Sharon est morte, Althéï en fuite et Faduc m’a trahi. Ian Gallad est au front à Lunaris, et Naulos à celui d’Hoenn. Et ce n’est certainement pas à Esliard que je confierai ce genre de mission.
Soit, mais Venamia n’était pas entourée que par ses anciens francs-tireurs de la GSR. Lucian avait entendu des rumeurs comme quoi elle aurait fait alliance avec une organisation se nommant les Agents de la Corruption, des types franchement pas sympathiques, qui possédaient quelques pouvoirs effrayants ainsi que sept Pokemon qui valaient une armée chacun. Mais sans doute que Venamia n’allait pas mettre ses nouveaux copains au courant pour cette histoire de robots aliens. S’il y avait quelque chose à en tirer de bénéfique, elle voulait être la seule sur le coup.
- Bon, et si nous tombons sur des gars à Igeus, on doit se battre ou se tirer au plus vite ? Demanda Lucian.
- Ça dépend lesquels, fit Venamia en sortant.
***
Cela faisait déjà un moment que D-Zoroark se cachait dans la Team Rocket sous une autre identité. Pokemon Mécha doté des mêmes capacités d’illusions que le Pokemon du même nom, il était capable d’infiltrer n’importe quelle organisation en prenant l’apparence d’un allié. La liste de ses multiples identités chez les humains était si longue que même D-Zoroark n’aurait pas pu toutes les citer, et ce malgré son super-cerveau électronique. Récemment, il s’était même fait passer pour l’ancien Chef d’Etat de Kanto, et avait permis à Lady Venamia de mener à bien sa prise de pouvoir.
D-Zoroark vivait chez les humains depuis des années sous ordre de Père. Sa mission : utiliser ses multiples identités pour provoquer un conflit sanglant entre humains, et faire prospérer les plans des Agents de la Corruption, des alliés indirects des Pokemon Méchas. D-Zoroark s’y était donné à cœur joie, d’abord en manipulant ce grand crétin de Zelan, l’ancien Agent 002 de la Team Rocket, puis ensuite le Conseil des Dignitaires de Kanto en le poussant à la guerre. Mais voilà : D-Zoroark s’était tellement amusé à jouer avec les humains qu’il ne voulait plus rentrer parmi ses frères Pokemon Méchas. Il n’avait pas écouté les ordres de Père, et ce dernier avait envoyé il y a quelque mois D-Palkia, un nouveau frère, pour le ramener. D-Zoroark avait résisté, et depuis était en fuite, se dissimulant du regard de Père parmi les humains.
D-Zoroark avait conscience que défier Père était une folie. Avant lui, D-Deoxys avait essayé, et avait fini en pièces détachées. Père était le premier des Pokemon Méchas, D-Arceus, créé à l’image du Dieu Suprême, connu aussi sous le nom de Diox-BOT par la Team Rocket qui l’avait conçu il y a des décennies. Père était l’être le plus puissant de cette planète, mais tout puissant était-il, il n’était pas omniscient. Car si D-Zoroark décidait de se cacher, il n’allait pas pouvoir le trouver. Mais pour plus de sécurité, D-Zoroark ne se limitait plus qu’à une seule identité humaine : celle qu’il avait dans la Team Rocket.
Il se cachait donc à l’insu de Lady Venamia, qui comme tous ces semblables, n’y voyait que du feu. Pourtant, Lady Venamia était au courant de son existence, et connaissait ses pouvoirs de dissimulation. Mais D-Zoroark ne voulait pas se dévoiler à elle. Il préférait l’observer discrètement. C’était une humaine fascinante, cette Venamia. D-Zoroark s’était pris d’affection pour ces chers humains, et avait hâte de voir si cette femme serait capable de réunir autour d’elle tous les humains de la planète. Pour cela donc, il acceptait de l’aider. Pas plus tard qu’aujourd’hui, elle lui avait même confié une mission, croyant bien sûr avoir à faire à l’un de ses hommes.
Une mission qui avait intrigué D-Zoroark. Il était question de robots qui seraient en partie faits de Sombracier. Ce métal était immensément rare, et sans doute le plus résistant de tout l’univers. C’est grâce au Sombracier que Père avait été conçu, et qu’il avait créé à son tour tous ses fils Pokemon Méchas, dont D-Zoroark lui-même. Même Père ignorait d’où provenait le Sombracier, et que d’autre êtres mécaniques aient pu eux aussi en bénéficier était curieux. D-Zoroark voulait en savoir plus. Peut-être dénicherait-il une nouvelle et immense source de Sombracier ? Ce serait son assurance vie si jamais Père venait à le retrouver. Il pourrait marchander sa clémence en échange de tout ce Sombracier. Ou alors il pourrait carrément s’en servir contre lui ?
Dans tous les cas, D-Zoroark avait accepté cette mission avec enthousiasme. La destination était la région Bakan, le fief de la toute jeune Confédération Libre qui prétendait se dresser face à Venamia. D-Zoroark se présenta dans la cour du Palais Suprême pour y retrouver son coéquipier devant l’hélicoptère qui devait les amener.
- Allez, on se bouge, 006, grinça l’ex-Agent 007 avec mauvaise humeur. Ou bien dois-je t’appeler Bornet maintenant ? La patronne m’a briefé sur le fait qu’on est plus Agents.
- Appelez-moi comme vous voudrez, cher confrère, répondit D-Zoroark en faisant s’afficher sur son visage humain un sourire mielleux. J’ai eu beaucoup de noms dans ma carrière…