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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 19/02/2016 à 19:12
» Dernière mise à jour le 14/08/2016 à 19:03

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 4 : Graine de stratège.
Cassis

La fureur accumulée du peuple depuis des semaines explosa brutalement. Pendant ce temps où ils avaient été bien dociles, ils n'étaient cependant pas que des poupées vides, des esclaves sans volonté. D'apparence, ils pouvaient y ressembler, mais en eux, dans leur cœur, la colère, la rage, l'indignation, l'humiliation, tout s'accumulait, couche par couche, tel un mélange détonnant.

Et, sous l'impulsion de ce Capidextre, ce mélange explosa.

Les Carmache les surpassaient largement en force, ils étaient même presque aussi nombreux que les villageois. Cependant, ces derniers, mus par une détermination héroïque, semblaient invincibles. Les dragons étaient dépassés ; ils avaient beau les frapper, encore et encore, les villageois vengeurs se relevaient sans cesse, ignorant leurs blessures. Ils se battaient pour leur liberté, pour leur dignité. Le reste n'avait pas d'importance.

Bien sûr, je n'étais pas non plus en reste. Ma mâchoire se plaisait à happer, mordre, projeter tout dragon osant entrer dans son périmètre. Cependant, je ne pouvais détacher mes yeux des villageois ; je trouvais vraiment leur fouge incroyable et exemplaire. Si seulement nous nous étions battus avec la même fureur pendant la tragédie de l'école du Roi d'Argent...

Non, ce n'était pas le moment de me plonger dans la nostalgie. Ce qui était fait était fait.

Les Carmache se firent rapidement submerger par la masse villageoise, j'étais évidement en grande partie responsable de leur déroute, mais l'aide des anciens prisonniers m'était précieuse ; je parvins à m'en tirer sans blessure de cet affrontement, et je n'aurais pas été certaine de pouvoir en dire de même si j'avais été seule.

Quelques dragons avaient réussi à fuir vers la mairie, sans doute pour prévenir Carchacrok de l'insurrection. Tant mieux, j'avais justement quelques mots à lui dire. Et quelques crocs à lui planter dans ses écailles.


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Artichtote


Ce soulèvement me donnait vraiment du baume au cœur ! Depuis le temps que nous rêvions de ce jour, Brazoro et moi !

J'avais longuement étudié les guerres dans de nombreux bouquins, de grands affrontements épiques entre de puissants chefs redoutables. Mais c'était la première fois que je voyais une bataille de mes propres yeux, et non pas à travers des lignes écrites. Et en vrai, c'était beaucoup plus prenant ! Cette lutte pour la liberté me faisait pousser de nouvelles ailes, je me surprenais même à picorer quelques Carmache dans la foulée ! … en prenant bien soin de fuir toutes sortes de représailles par la suite.

Les Carmache étaient au sol, entourés par les autochtones. La victoire nous tendait les bras, nous étions tous exaltés. Du moins, jusqu'à ce qu'un petit détail ne vînt gâcher la fête.

Brusquement, un fracas tonitruant se fit entendre ; la terre trembla terriblement ; un énorme et épais nuage de poussière nous aveugla. Je reculai d'un pas, le bec grand ouvert. Je ne le voyais pas encore, mais un seul être ici était capable d'une telle démonstration de puissance : Carchacrok.

Le gredin avait sûrement du bondir de la mairie jusqu'ici pour provoquer un tel séisme.

Le monstre draconique attendit dix secondes avant de bouger, le temps que tout le monde prenne bien conscience de sa présence et que la poussière se dissipe. Il semblait encore plus dément que d'habitude, une sourire carnassier creusant sa gueule prédatrice, un éclat infernal illuminant ses yeux et il avait ce mystérieux orbe d'un violet tourbillonnant insérée dans sa poitrine, à même la chair, entouré par d'affreuses nervures proéminentes.

— Stalhblume..., vociféra t-il entre deux souffres erratiques, alors tu n'as toujours pas compris qui était le plus fort...

Cassis ne prit même pas la peine de lui répondre et fusa telle une flèche, mâchoire en avant. Les deux Pokémon, titan draconique et fée d'acier, se livrèrent dans des enchaînements dantesques, fulgurant. A chaque fois que la mâchoire de Cassis croisait une griffe de Carchacrok, il se produisait une onde de choc qui semblait distordre l'air lui-même. Et cela se produisait souvent, très souvent. Personne n'osait intervenir, de toute façon, personne n'était capable de suivre ce combat des yeux.

— Elle... sait vraiment se battre, me lança Brazoro en se plaçant à mes côtés.
— Oui, confirmai-je. Sa précédente défaite était de ma faute, si je n'étais pas intervenue, elle l'aurait déjà vaincu...
— Et je rêve où... elle vole ?! s'étonna mon ami.
— Mmh, la Danse Magnétique, sûrement ! réfléchissais-je. C'est l'un des As de l'école du Roi d'Argent, une amélioration drastique du Vol Magnétique. Celui qui maîtrise la Danse devient presque comme un oiseau, c'est un art très pratique !

Néanmoins, j'étais inquiète. J'avais comme l'impression que Carchacrok accélérait légèrement sa cadence, tandis que Cassis faiblissait petit à petit. Mais peut-être me trompai-je, et je n'avais pas très envie de tout gâcher une seconde fois...

… quoique. Cette fois-ci, j'étais présente. J'étais suffisamment proche pour comprendre la situation, je n'allais pas agir dans la précipitation comme hier ! … Oui, je pouvais le faire !


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Cassis

Je n'arrivais pas à le croire, Carchacrok semblait encore plus puissant que la veille. Ses mouvements étaient plus réfléchis, moins hasardeux, sans parler de ses Déflagrations calculées pour me couper la voie des airs.

Mais je ne me laissai pas impressionner. Moi aussi, j'étais différente. La passion de ce village avait réveillé celle qui était endormie en moi ; je ne pouvais pas perdre.

Concentrée comme jamais, je prédis un coup de griffe, je le contrai de ma mâchoire, profitai de l'instant de latence afin d'effectuer un rapide salto avant afin d'abattre ma mâchoire d'acier sur le crâne de mon adversaire, Carchacrok s'esquiva de justesse, me cracha une Déflagration, je bondis vivement en hauteur ; une fois hors de danger j'usai de Mur de Fer pour alourdir mon corps et je fondis sur mon adversaire en tournoyant verticalement sur moi même à une vitesse folle, une nouvelle fois Carchacrok recula et me laissa fracasser le sol, y creusant un trou de presque un mètre de profondeur.

Ce combat me demandait une attention de tout instant, je n'avais pas une seconde à moi, pas une seconde pour respirer. Tout instant pouvait être fatal.

— Alors, Stalhblume que t’arrive-t-il ? se moqua le dragon géant. Tu faiblis déjà ? Ton Maître aurait honte s'il te voyait !

Je m'efforçai de serrer les dents pour ne pas répondre. Le salaud, il jouait sur la corde sensible. Cependant, il n'avait pas tord, Maître aurait déjà terrassé cet arrogant dragon à ma place. Et je me prétendais être sa seconde, sa disciple la plus puissante ? Ridicule. Je ne maîtrisais même pas encore totalement les Neuf As, les techniques avancées que Maître avait inventé.

… mais alors ? Même si ma force n'était pas optimum, même si ce Carchacrok était plus puissant que moi, je ne pouvais pas abandonner. Brazoro me l'avait rappelé. Il fallait se battre, toujours se battre. Si l'on tombait à terre, alors, il suffisait simplement de se relever, même contre l'avis de son propre corps. Il fallait se vaincre avant de vaincre.

Brusquement, Carchacrok sauta et s'écrasa lourdement sur le sol. Je reconnu l'attaque m'ayant terrasser la dernière fois, une version amplifiée de Lame de Roc.

J'abandonnai mon visage impassible et, d'un rapide appui sur le sol fracturé, je bondis aussi haut que je le pouvais, jusqu'à me perdre dans le ciel, juste avant que d'affreuses fissures ne vinrent annoncer l'ire des Lames de Roc titanesques.

Parmi les nuages, je vis arriver des dizaines et des dizaines de lames rocheuses géantes pleuvant de la terre. Je me calmai, expulsant toutes peurs m'envahissant.

— AAAAH !!

Et poussant un cri guerrier, je plongeai. Ma vision était entièrement concentrée droit devant moi, analysant chacun élément. Je voyais tout, je sentais tout. Le moindre changement de vent, la moindre poussière émanant des Lames de Roc. Rien ne m’échappait.

Usant de la Danse Magnétique à son apogée, je slalomais furtivement entre les stalagmites meurtrières, si l'une d'entre elle me bloquait la route, ma mâchoire l'éclatait d'un seul coup, et si je ne pouvais la détruire, je prenais vivement appui sur le flanc d'une autre Lame de Roc, me permettant de bifurquer complètement.

Rapidement, Carchacrok fut en vue. Il était surpris. Sûrement pensait-il que son assaut démentiel aurait raison de moi. Mais il se trompait.

Ma mâchoire chargea un Mitra-Poing se gonflant à vue d’œil.. Carchacrok grogna de plus bel, accumulant une infâme spirale d'énergie violette dans sa griffe. L'ultime confrontation.

— Stalblumeee !!
— Carchacroook !!

Nos deux assaut finaux se heurtèrent. Mâchoire et griffe. Une onde de choc démentiel fusa, balayant tout sur son passage. Je pouvais entendre certains bâtiments en péripétie du village s’effondrer, tandis que les arbres à baies du champs se déracinaient violemment.

La pression était terrible, ma mâchoire souffrait affreusement, la douleur déformait mon visage. Mais Carchacrok était logé à la même enseigne ; lui aussi, il devait puiser dans toutes ses forces pour ne pas sombrer.

Le sol sous ses pieds se fracassait et se creusait de plus en plus dans des éclats toujours plus tonitruants, bientôt, nous nous tenions dans un véritable cratère, où aucun de nous ne voulait lâcher. Je ne pensais plus qu'à ma mâchoire, l'imaginant surpasser les griffes draconiques de mon adversaire.

Ce fut mon erreur. J'étais si concentrée que lorsque Carchacrok cracha un jet de flamme de sa gueule infernale, je fus totalement prise au dépourvue. Avant même que je ne pusse me maudire, Carchacrok écrasa sa griffe sur mon corps d'acier. Je fus projeter hors du cratère, gravement affaiblie.

— ...ha...haha...HAHAHA !

Soudain, Carchacrok poussa un rire victorieux si puissant qu'il résonnait sans cesse dans ma tête. Le dragon géant avançait lentement vers moi, plus carnassier que jamais.

Je m'efforçai de me relever, de reprendre le combat. Je ne voulais pas abandonner. Pas après être aller aussi loin ! Je soufrais le martyr, mais je m'évertuais de me dire que ce n'était rien. Finalement, j'arrivai par miracle à tenir à nouveau sur mes pattes, bien qu'extrêmement instable.

— Tu vois ! s'esclaffa Carchacrok. Tes efforts sont vains, je resterais à jamais le plus fort, le vainqueur ! Tu aurais dû accepter ma gentillesse et vivre comme esclave jusqu'à la fin de tes jours, Stalhblume Malheureusement, ta rébellion me force à sévir...
— Pas si vite, gros balourd ! nous surprit une voix arrogante.

Subitement, Brazoro s'interposa entre nous, et cracha un jet de flamme sur Carchacrok.

— Sale petit primate ! Comment oses-tu ?!
— Comment ? Comme ça !

Sans se démonter, Brazoro lui tira la langue et projeta une large quantité de boue sur le visage du dragon. Je restai interdite, ne comprenant pas ce qu'il essayait de faire. Ce n'était pas comme s'il allait vaincre Carchacrok de cette façon, au pire, il ne ferrait que l’énerver d'avantage ! Mais je n'eus pas le temps de m'interroger plus que cela que Brazoro fonça vers moi, me prit par la taille et bondit au loin.

Un puissant et ferme cri brisa soudain l'atmosphère.

— Équipe B !

Dans la seconde qui suivit, un intense jet de pression aquatique fusa vers Carchacrok, qui ne pouvait qu'être confus devant ce retournement de situation.

— Qu... ! , grogna t-il.
— Équipe C ! hurla à nouveau la voix.

Soudainement, quatre épais Murs Lumières et Protections s'érigèrent autour du dragon, l'emprisonnant dans un triangle irisé. Un petit Pokémon s'avança alors, fier et déterminé. J’écarquillai des yeux. Je ne rêvais pas, c'était bien... Artichtote ?!

— Ton règne despotique s'achève ici, Carcharcrok ! lança t-elle. Abandonne, tu ne pourras jamais briser ce mur !
— … la bêtise de Stalblume est contagieuse, siffla le dragon. Je vais devoir durcir ma politique... Pensez-vous honnêtement que ce simple tour de passe-passe pourra m’arrêter ?!

Amusé par la naïveté des villageois, Carchacrok s'esclaffa une nouvelle fois et fracassa ses griffes sur l'alliage de Protections et Murs Lumières. La piège transparent résista au premier coup, mais se fissura dangereusement. Le second mit fin à sa courte existence.

— Alors, petit oisillon, siffla le dragon avec un sourire au lèvre, on fait moins la...
— Équipe D ! hurla Artichtote.
— … qu...

Carchacrok poussa soudain un terrible hurlement de douleur. Derrière lui, cinq de Pokémon maîtrisant des Laser Glace crachaient leur rayon polaire comme si leur vie en dépendait. Ce qui n'était pas faux, dans un sens.

Le rayon était si concentré que de la glace commença à se former dans son dos. Artichtote serrait les dents, je pouvais voir de la sueur perler sur son plumage.

— N-Noon ! vociféra Carchacrok. J-Je ne plierai pas !!

En dépit de son infâme douleur, le dragon forcené se débattait formidablement. Il... il allait réussir à s'en sortir, je le voyais bien. Sa volonté était admirable, je pouvais au moins admettre cela. Artichtote était plus tendue que jamais, je doutais fortement qu'elle avait prévu une autre stratégie. L'assaut surprise de Laser Glace devait être sa carte maîtresse, ça passait ou ça cassait.

Et en l’occurrence, il y avait toutes les chances pour que ça casse.

Réunissant mes toutes dernières force, j’enclenchai une dernière fois ma Danse Magnétique et ignorant les protestation de Brazoro, je fusai vers mon ennemi.

Non, je ne pouvais pas laisser Carchacrok gagner. Je ne pouvais pas laisser l'Orbe détruire un autre village. Ils s'étaient tous donnés corps et âme, rivalisant de courage, transcendant leurs faiblesses, les transformant en forces ! Leur idéal de liberté devait être exaucé, c'était mon devoir de le leur accorder cela !

Je m’arrêtai à un mètre de la gueule de Carchacrok, flottant sereinement à mi-hauteur. Il me fixa de ses petits yeux de prédateur enflammés par la rage. Je fermai les miens. Je n'étais plus très en forme, pour ne pas dire épuisée, mais il fallait que je le fis. Je n'avais pas le choix.

En plus des Neuf As, Maître tenait à ce que chacun de ses disciples développait indépendamment son « Zehnte », le Dixième As, une technique indépendante et propre à chacun.

J'expirai doucement, tentant de prendre conscience de mon corps dans ses moindres détails, jusqu'à sentir précisément ma circulation sanguine ou le parcours qu'arpentait l'air jusqu'à mes poumons. Je ne me concentrai plus que sur moi et sur ma cible, rien d'autre ; comme si j'étais dans un monde de néant ou seul Carchacrok et moi-même avions une existence physique.

Lentement, ma mâchoire s'éleva, grossit, et se plaça au dessus de ma tête. Elle crépitait légèrement, de multiple éclairs violacés, cyans, écarlates, ocre et ébène la serpentaient. Puis, les éclairs s'affolèrent, devinrent fougueux, ma mâchoire s'élargit encore tandis que ses crocs s'illuminèrent.

Je rouvrai les yeux, mortelle. Au dessus de moi, ma mâchoire trônait démoniaquement, faisant trois fois ma taille. Elle bougeait à sa guise, comme si elle était animée d'une vie propre. Chacun de ses énormes crocs étaient recouverts soit d'une foudre crépitante, soit de flammes ardentes, soit d'une glace mordante, soit de poisons suintants ou soit de ténèbres ensorcelantes.

Doucement, sans prendre en compte l'air horrifié de Carchacrok, je prononçais calmement et fièrement le nom que j'avais donné à mon Zehnte :

— Divine Jaw.

Sous mon ordre, ma mâchoire titanesque se redressa, s'ouvrit goulûment et croqua fermement Carchacrok par le haut du crâne jusqu'au bas de son torse. En plus de l'affreuse morsure, toutes les énergies élémentaires explosèrent brutalement à l'intérieur de ma mâchoire. Un piège mortel, impossible à éviter. Le rugissement de Carchacrok fit résonner la terre.

Petit à petit, ma mâchoire reprit sa taille normal ; je tombai au sol, épuisée. Carchacrok chuta en même temps que moi. Ces écailles de dragon lui avaient permis de survivre à mon Zehnte. L'on ne pouvait pas dire autant de l'Orbe incrustée dans sa poitrine.

Un plaisant crissement, suivit d'un doux éclat de verre m'arriva aux oreilles. Et puis, plus rien, le noir total. Je tombais dans un siphon infini.


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Affienns

Lorsque Carchacrok chuta lourdement sur le sol, un long moment de silence alourdit l'atmosphère. C'était presque un recueillement. Puis, un cri énorme, des acclamations de joie, des accolades enjouées. Je me surpris même à sourire.

Cependant, je me précipitai vers la Mysdibule ayant courageusement combattu pour mon village. Quel Pokémon serais-je si je laissai notre sauveur agoniser ! Artichtote était déjà à son chevet, complètement paniquée.

— M-Monsieur le Maire ! bafouilla t-elle en m'apercevant. E-Elle ne respire presque plus !
— Calme-toi, tentai-je de la calmer avant de me retourner et crier. Patch ! Patch ! Viens, vite !

Aussitôt, Patch le Pachirisu, le médecin du village, accourut. Son instinct médical comprit rapidement la situation et il ausculta rapidement notre sauveuse.

— Tout va bien, nous rassura t-il. Elle est simplement endormie. Cependant, elle a des blessures à traiter d'urgence, il faudrait la transporter dans ma hutte.

J’acquiesçai, soulagé. Je fis signe aux deux frères Maraistre non loin, leur expliquai rapidement la situation et ils portèrent la Mysdibule jusqu'au cabinet de Patch, suivis de ce dernier et d'Artichtote.

Je m'autorisai enfin à soupirer. La Mysdibule était hors de danger, Carchacrok était vaincu. J'exulterais bien de joie comme mes camarades mais la réalité d'après guerre me hantait. Le village avait grandement souffert, de même que nos champs. Tout reconstruire et replanter allait prendre du temps.

Et plus que tout, nous avions perdu des vies. Trois étaient mort durant notre captivité. Lassie, un Ponchiot qui s'était épuisé jusqu'au sang aux champs ; et un couple de rebelle, Ristant et Tiseul, un Vigoroth et une Kirlia, avaient péri de la main même de Carchacrok.

Eux, nous ne pourrions jamais les retrouver, qu'importe nos efforts. Les blessures de ce genre ne se refermaient pas si facilement, d'ailleurs, leurs parents proches se tenaient en retrait, sombres, incapables de prendre part à la fête. Il faudrait concentrer nos efforts à leur construire un mémorial digne de ce nom, les érigeant en héros de guerre. Une bien maigre compensation comparée à la perte de leur vie, mais c'était mieux que de les oublier.

Mais alors que je pensais que tout était fini, un grognement me fit frémir. Mon cœur s'arrêta une seconde.
Carchacrok... il se relevait ! Ce monstre était donc immortel ?!

— Stalh..blume...

Tout le village s'était retourné, pétrifié. Carchacrok serrait les crocs dans une expression d'intense haine en se tenant fermement et douloureusement la poitrine. Bien que personne ici irait le plaindre. Il titubait. Malgré sa carrure imposante, il ne pouvait cacher son état d'extrême faiblesse. Ceci me soulagea légèrement, au moins, nous pourrions nous défendre si jamais il nous attaquait.

— N-Non..., grognait-il. L'Orbe... l'ORBE !! Elle... disparu !

Il se mit brusquement à quatre pattes, recueillant dans des mouvements affolés des éclats de verre violacés entre ses griffes. Nous nous regardâmes tous, interloqués, incapables de comprendre.

— Cette Stalhblume !! Elle... elle me l'a prit ! M-Ma puissance, non... je... je ne veux pas redevenir faible !! GAAAAAAH !!

Le dragon se tint violemment le crâne, hurlant. Et avant même que nous puissions le comprendre, il s'enfuit à une vitesse folle, abandonnant le village et ses Carmache.

Un petit goût amer me resta en travers de la gorge. Je devais avouer que j'aurais aimé.... la vengeance. Carchacrok avait envahi notre village, bafoué nos droits, tué des membres de notre grande famille. Et là, il fuyait, tout simplement. Ma soif de justice me frustrait affreusement.

Cependant, ce n'était pas le moment de se laisser porter par ses émotions. Nous avions un village à reconstruire et... il nous restait encore le problème des Carmache. Maintenant que leur chef les avaient abandonnés, qu'allions-nous faire d'eux ?