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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 18/02/2016 à 15:35
» Dernière mise à jour le 14/08/2016 à 19:02

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 3 : La force des faibles.
Brazoro


Et voilà. Artich avait été capturée. Cool. Génial. La teuf intégrale. Tralala. Résultat, j'étais le seul résistant restant. Je ne voulais pas dire, mais les choses commençaient légèrement à paraître compliquées. Cette imbécile de Mysdibule en qui Artich avait confiance avait finalement tout fait foirer. Enfin, ce n'était pas comme si la situation n'était pas désespérée bien avant son arrivée.

J'avouai avoir moi aussi espéré que cette étrangère réglât son compte à ce Carchacrok. Elle était forte, paraît-il. Mais non, elle avait perdu, retour à la case départ. Je savais que je n'avais pas trop le droit de critiquer quelqu'un qui s'était battu pour nous, malgré sa défaite, mais bon. Quand je repensais à son air hautain et son attitude de mademoiselle je-pète-plus-haut-que-ma-mâchoire, je ne pouvais pas m'empêcher de penser que c'était bien fait pour la sienne, de mâchoire.

Pour en revenir à nos Wattouat, et bien... c'était la mouise. Je devais faire quelque chose, c'était certain, mais quoi ? Combattre Carchacrok de front était impensable. J'étais pas dingue non plus, comme cette Mysdibule. Il me faudrait des alliés, beaucoup d'alliés. Du moins, suffisamment pour submerger l’ennemi. Seul, je ne pouvais rien faire.

Et il n'y avait qu'un endroit où je pouvais trouver des alliés ici : les plantations de baies. Beaucoup d'anciens rebelles y étaient emprisonnés, cependant, ces lâches avaient aussi tous abandonnés le combat. Ça allait être coton de les convaincre de revenir se battre. Au pire, je pourrais toujours récupérer Artich – et la Mysdibule si le cœur m'en disait. Comme ça, on retourne à notre situation initiale, toujours moins pourrie que celle où j'étais actuellement.

Donc, je devais libérer les prisonniers. Super. Plus facile à dire qu'à faire, ils étaient gardés H24 par les Carmache. Mais me plaindre ne faisait pas avancer les choses ! J'avais déjà passé beaucoup trop de temps à bouffer des pommes dans cette pseudo-base rebelle, il était temps d'agir. Enfin, demain, pas tout de suite.

Pas parce que j'y mettais de la mauvaise volonté mais il faisait nuit. Et j'aimerais bien agir avec un minimum de discrétion, pour une fois. Eeeet... ce n'était pas vraiment facile d'agir avec discrétion, la nuit, lorsqu'on était un Chimpenfeu, c'est-à-dire se baladant presque avec une torche dans le cul...


_____________________


Cassis

Ma première nuit au cachot me rappela vaguement l'école du Roi d'Argent, là où j'avais appris à me battre. La couche y était aussi confortable, quoiqu'un peu plus humide. Chaque disciple dormait à même la roche, et se réveillait deux heures avant les aurores afin de débuter toutes une séries d'échauffements.

Par nostalgie, ce fut la première chose que je fis en me levant. Malheureusement, ma mâchoire était encore enchaînée et pour leur faire croire qu'ils me tenaient à leur merci, je ne pouvais pas la libérer. Alors, je fus contrainte de faire la base de la base : des longueurs.

Heureusement, le cachot dans lequel j'étais enfermée était assez grand, et les prisonniers avaient décidé de tous s'endormir au fond, contre le mur, ce qui me laissait donc beaucoup d'espace pour courir. Je matérialisai mentalement mon parcours, et je m'élançai.

Cela faisait du bien de se défouler un peu les jambes, surtout de grand matin. Cela purifiait le corps et le préparait à endurer les épreuves de la journée.

J'avais cependant oublié un petit détail. Les Carmache m'avaient attaché deux gros boulets aux pattes. Rien de bien handicapant pour moi, bien entendu, mais lorsque je courrais ça faisait un bruit du tonnerre. Sans m'en rendre compte, j'avais réveillé toute la prison, qui me regarda un long moment, perplexe. Même les Carmache qui nous surveillaient ne savaient quoi dire.

Voire une Mysdibule faire des longueurs de bon matin, comme si de rien n'était, des boulets accrochés aux pattes ne devait pas être leur quotidien.

Je m'arrêtai finalement, un peu gênée. Un éclat de reproche brillait dans les yeux de mes colocataires. Je m'empressai de m'excuser de les avoir réveillés avant de retourner vivement de coucher. Les conditions de vie en prison étaient bien plus dures que ce que je m'imaginais.


***


Le quotidien de ce village était décidément fort ennuyeux. Au premier rayon du soleil, les Carmache nous avait emmené aux plantations de baies. Nous faisions exactement la même chose que hier, c'est-à-dire arroser les plants, arracher les mauvaises herbes, cueillir les baies... des tâches simples cependant rendues éreintantes par la grandeur des champs. A vu de nez, je dirais que ces plantations étaient presque deux fois plus grandes que le village en lui-même.

— Tu nous as vraiment surpris ce matin ! me lança le volatile travaillant à côté de moi. Courir comme ça, avec les boulets !

Encore une fois, je lui rendis un sourire poli pour ne pas paraître trop froide. Artichtote semblait vraiment ne plus vouloir me quitter depuis hier, à mon grand désespoir.

— Dis, tu viens d'où en fait ? De quelle ville ? Où as-tu appris à te battre ?

Je soupirai. Cette pipelette était sans doute la pire épreuve m'ayant été envoyée dans ce village perdu.

— Et hier, j'avais l'impression que toi et Carchacrok vous vous connaissiez déjà, non ? C'est vrai ? Il t'avait donner un autre nom, c'était quoi encore... euh... Stalh... Stalhtruc...
– Stalhblume, maugréai-je.
– Ah voilà, c'est ça ! s'illumina Artichtote. Stalhblume ! … tiens, c'est étrange mais ça me dis vaguement quelque chose... on dirait presque un surnom de Maire...

Je levai les yeux au ciel. Bon, parti comme c'était, autant tout lui dire. Avec un peu de chance, elle me laissera tranquille une fois qu'elle aura ce qu'elle voudra.

— J'ai été Maire pendant trois jours, avouai-je. Mais efface tout de suite les étincelles dans tes yeux, je ne l'ai été que par défaut.
— D-De quelle ville ?! s’enthousiasma t-elle en ignorant mon ordre.

Mais pouvais-je la blâmer de se montrer si exaltée ? Les Maires étaient l'un des plus grands symboles de pouvoir à Iræ, mais tous n'étaient pas logés à la même enseigne. Les Maires des petits hameaux indépendants, comme Herz, étaient souvent ignorés et non-reconnus par les régions centrales. Seuls les Maires des villes importantes avaient un réel poids politique, et pour le souligner, on leur donnait un surnom. Stalhblume était le mien.

Bien que mon cas soit une exception à plusieurs niveaux. Déjà, je venais non pas d'une ville mais d'un village indépendant. Or, mon village était très estimé grâce à l'école de Maître Königeld, le Roi d'Argent, un maître d'art martiaux ayant inventé foule de techniques inédites, comme la Danse Magnétique. La rumeur courait qu'il était aussi puissant qu'un Président, mais que par humilité, il préférait enseigner aux plus faibles plutôt que de conquérir le continent.

J'étais sa seconde, sa meilleure disciple, bien que mon niveau fût infiniment inférieur au sien. Mais c'était ce statut de seconde qui me permit de prendre sa place de Maire lorsqu'il... disparut. Ce fut ainsi que je devins Stalhblume, la Maire qui n'aurait jamais du l'être.

— Je vois..., réfléchit Artichtote. J'ai déjà entendu parlé de cette école lors de mes pèlerinages à travers le contient... Elle a été détruite, non ?

Mon regard s'assombrit immédiatement. Je détournai les yeux, serrant les dents. Je me plongeai plus attentivement dans mes tâches agricoles.

— Oh ! s'agita soudainement Artichtote. J-Je suis désolée, je ne voulais pas ! Aaah... qu'est-ce que je peux être tartiflette des fois... !

Je ne pris même plus la peine de la regarder en face. De toute façon, je n'étais pas sûre qu'elle aurait aimé témoigner de mon regard glacial.

Une heure passa sous le soleil. Beaucoup de Pokémon étaient déjà épuisés, bien que midi devait être encore bien loin. A ce rythme, cela ne m'étonnerait pas qu'un ou deux ne s’évanouissent dans quelques minutes.

Carchacrok avait définitivement perdu la raison pour les exploiter comme ça. Il avait toujours été en quête de pouvoir, oui. Mais je me souvenais aussi de sa fierté et de son honneur. Il ne s'attaquait pas à n'importe qui, n'importe comment. Il défiait les Maires, en bonne et due forme, comme le voulait la loi d'or de Iræ. Et même dans la défaite, il restait digne.

Je ne voyais qu'une seule explication à ce changement de comportement : l'Orbe. Tant que ces artefacts maudits existeraient, Iræ ne serait jamais en paix. Ils étaient la plus grande menace que nous autres Pokémon, devions affronter. Et il était de mon devoir de les anéantir.


_____________________

Brazoro

J'observai les Carmache de loin, bien caché derrière un gros rocher. Je déglutis. Il y en avait vraiment un bon gros paquet ! Dix ? Vingt ? Trente peut-être ? Par la barbe de mes ancêtres, jamais je ne réussirais ma mission !

J'avais passé la nuit à tenter de réfléchir à un plan, mais ce n'était pas mon fort. J'étais une tête brûlée moi, qui fonçait dans le tas, envers et contre tout ! Les stratégies, je les laissais au placard !

—... je suis courageux, je suis courageux... !, me répétais-je en boucle comme un sort.

J'étais Brazoro, le héros de feu, le chevalier de la justice ! Ce n'était pas ces dragons qui allaient me faire peur, avec leur crocs acérés, leurs écailles d'acier, leurs griffes aiguisés, leur regard acéré, leurs muscles d’athlètes... argh ! Je devrais vraiment arrêter d'y penser...

Pourquoi devais-je être aussi impressionnable ? Je suis un mâle que diable ! Le combat était censé être dans mes gènes ! Et puis, pourquoi avais-je décidé de me battre pour ce village, alors que je ne venais même pas d'ici ? Pour la justice ! Pour défendre les opprimés ! Pour être un héros !

Voilà, c'étaient ces émotions combatives qui devaient prédominer en moi, et rien d'autre ! J'étais fort après tout, je devais l'être, car j'étais un héros ! Si cette Mysdibule avait bien pu combattre les Carmache, alors moi aussi, je pouvais le faire !

Sans réfléchir plus, je gonflais mes muscle, et je m'élançai à la recherche de Carmache à castagner. Finis les pleurnicheries, ils allaient voir de quel bois je me chauffais !


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Artichtote

Ma malheureuse gaffe de tout-à-l'heure semblait avoir encore refroidi ma relation avec Cassis. Je n'étais vraiment pas douée pour discuter avec elle, et dès fois, j'avais même l'impression que je l'ennuyais. Mais ce n'était qu'une impression, au fond de moi, j'étais sûre qu'une petite partie d'elle m'appréciait !

Après tout, la pauvre se retrouvait prisonnière, dans un village qu'elle ne connaissait pas. Les études à ce sujet étaient très claires, nous étions beaucoup plus aptes à affronter des situations difficiles en groupe que seuls !

Soudain, un puissant cri guerrier nous firent tous lever la tête. Je manquai de faire une crise cardiaque ! Braz' ? Mais qu'est-ce qu'il faisait ? Ne me dites pas qu'il comptait affronter les Carmache à lui tout seul ! Cela ne lui ress...

... en fait non, cela lui ressemblait. Comme Cassis, Brazoro était un vagabond, qui était venu se reposer au village il y a quelques semaines, peu après la venue de Carchacrok. Il avait tout de suite été révolté de la dictature imposée et avait même convaincu les villageois de fonder la rébellion.

Cependant, plus les jours passaient, et plus les villageois abandonnaient, ne voulant plus lutter. Cela avait été un véritable coup dur pour Braz', qui ne comprenait pas comment l'on pouvait préférer vivre en esclave plutôt que de se battre. Lorsque le dernier villageois quitta la rébellion, il emmena avec lui le moral de Braz'. Depuis, il passait le plus clair de son temps à paresser à la base, sans aucune motivation.

Cela me faisait plaisir de le revoir comme au premier jour, enflammé de détermination, la justice au poing ! Je me demandais ce qui avait bien pu le réveiller. Le fait qu'il fût le dernier des rebelles ? L'arrivée de Cassis au village ? Peut-être que savoir que quelqu'un d'autre voulait se battre l'avait galvanisé.

Cependant, là, il avait peut-être un peu trop laisser parler son cœur.

Tous les Carmache se mirent en position de combat. Je frémis.


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Brazoro

Le poing en feu, je bondis sur l'un des dragons, la rage au ventre. Lorsque mon poing entra en contact contre ses écailles robustes, une vague de nostalgie résonna en moi.

Aaah, à quand revenait mon dernier combat ? Je ne parvenais même pas à m'en souvenir. J'avais passé ces derniers jours à broyer du noir, dans cette pseudo-base rebelle terreuse, tellement que j'en avais oublié le frisson de l'action.

— Oh ? Nous avons un invité ?

Le Carmache que j'avais frappé me regarda, un petit sourire en coin, moqueur. Il n'avait certainement rien senti. Mais je n'allais pas me laisser abattre ! Malgré ses ricanements, je continuais de faire pleuvoir mes coups sur lui. La fureur. La justice. La détermination. Je les redécouvrais après ma longue apathie.

— Mais c'est qu'il s'énerve le petit !

D'un coup de patte, le Carmache me projeta au sol. La chute fut violente, je me relevai. Sans me laisser démonter, ignorant la douleur, je m'élançai à nouveau, hurlant toujours ma rage.

— Tsst, misérable insecte...

Une nouvelle frappe, je mordis une nouvelle fois la poussière. .. et alors ? J'étais le héros de feu, le chevalier de la justice ! Je n'allais pas me laisser abattre pour si peu !

— GRAAAH !!

Poussant un nouveau hurlement, je repartis à l'assaut. Je sentais les regards des prisonniers sur moi. Des regards de pitiés. Ils me voyaient faible. Ils pensaient mon combat inutile.

— Oui ! hurlai-je. Je suis faible ! Mais alors ?! Pourquoi cela doit-il m'empêcher de me battre ?! Pourquoi les forts doivent-ils forcément dominer ?! Pourquoi les faibles doivent-ils forcément s'écraser ?! Cela vous plaît-il vraiment de servir d'esclave ?! Êtes-vous fiers de vous?! N'avez-vous aucun regret ?! Bordel, mais quand est-ce que vous décideriez enfin d'affronter la fatalité ?!
— SILENCE !

Le Carmache me donna un puissant coup de griffe en plein ventre, pensant couper mon souffle.

— N-Non..., grognai-je. T-Tu ne me feras pas taire..., j-je ne cesserais pas de me battre... jamais... !

Le dragon pesta et aussitôt, trois autres Carmache s’avancèrent vers moi.


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Cassis

Le Chimpenfeu se faisait proprement massacrer. Je ne m'étais pas trompée, il ne faisait pas le poids. Les villageois observaient le lynchage d'un œil morne ; le soupir était leur unique réaction. Seule Artichtote semblait révoltée et se démenait pour aller l'aider... sauf que le boulet à sa patte l'empêchait de parcourir plus d'un mètre par minute.

Ou non, quelqu'un d'autre était révolté par la situation. Moi. Je devais avouer que j'avais été très attentive à son petit discours. Il m'avait ouvert les yeux.

Je voulais monter une armée, c'était pour cela que j'avais commencé mon voyage à travers Iræ. J'étais en quête de Pokémon puissants. Mais qu'était-ce que la puissance ? Juste la force brute ? Si je suivais ce point de vue, ce Chimpenfeu serait un faible.

Et pourtant, lorsque je le regardais s'efforcer de se relever – malgré les coups en série – et sans jamais se départir de son éclat de détermination, toujours à combattre malgré l'inutilité évidente, je ne parvenais pas à attacher l'étiquette de faible sur son nom.

Non, j'avais oublié le plus important. La volonté. Le courage. La marque des vainqueurs. Peut-être que ma défaite contre Carchacrok venait de là. J'avais tellement était certaine de ma force que j'avais occulté le reste. Pourtant Maître ne cessait de nous le répéter, un combat se jouait à 80% dans le mental, et à seulement 20% dans les muscles.

Ce type, Brazoro, il avait le mental, c'était certain. Il me le fallait dans mon armée.

Je ne pouvais pas l'abandonner. D'un coup, ma mâchoire s'ouvrit, brisant les chaînes l'entravant et elle dévora les boulets attachés à mes pattes. Tous les regards furent tournés vers moi.

— Vous êtes des lâches.

Ce n'était pas aux Carmache que j'avais asséné à cette phrase, mais aux villageois.

— Ce Pokémon se bat pour vous, et vous l'ignorez. Il souffre pour vous, et vous lui tournez le dos. Il se sacrifie pour vous, et vous vous en moquez. Avez-vous encore ne serait-ce encore qu'un soupçon de dignité ?! Ne devriez-vous pas le soutenir, vous battre tous ensemble contre l'adversité ?!

Tous baissèrent la tête, gênés.

Je bondis vers Brazoro, et d'une frappe de mâchoire circulaire, je fis envoler les quatre Carmache l'entourant. Je ne prêtai pas la moindre attention aux dragons et je tendis une main à Brazoro.

— Non, lui déclarai-je calmement. Tu n'es pas faible, au contraire, je t'avais mal jugé. Relève-toi à présent, ton combat n'est pas terminé. Et cette fois, tu n'es pas seul, je me battrai à tes côtés.

Brazoro me fixa, le visage bien amoché, mais toujours aussi fier.

— Psst, siffla t-il en se relevant de lui même – sans prendre ma main –, ne crois pas que je suis à tes ordres, mais... merci quand même.

Je souris légèrement face à tant de caractère. Décidément, les premières impressions pouvaient être bien trompeuses.

La totalité des Carmache nous entourèrent, bien plus prudents cette fois. Je fis bruyamment claquer ma mâchoire.


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Affienns

C'était comme si je m'étais pris un coup de massue sur le crâne. La vérité que je refusais, non, que nous refusions tous d'entendre éclatait au grand jour. Des lâches. Oui, sans doute, que nous l'étions. Que nous était-il arrivé ?

Je me souviens encore de ce jour maudit comme si c'était hier. Lorsque ce Carchacrok était venu de nulle part avec son armée de Carmache et qu'il m'avait défait, moi, le Maire de Herz. Nous avions tenté de résister, bien sûr, notre terre était en danger ! Cependant, nous étions bien trop faibles. Quel piètre Maire fais-je, incapable de protéger mon propre peuple !

Nous avions fini par abandonner, à succomber à l'adversité, à y voire une fatalité. Nous ne pouvions lutter, alors, nous devions êtres esclaves. C'était soit ça, soit la mort.

Mais baisser les bras, tourner le dos à sa fierté, abandonner son identité, n'était-ce pas une mort en soi ? N'étions-nous pas ceux qui avions accéléré notre chute en nous livrant à Carchacrok ? Comment avions-nous pu être aussi aveugles ?!

Ces deux jeunes, Brazoro et cette Mysdibule, ils ne venaient même pas d'ici. C'était des étrangers. Et pourtant, ils se battaient. Ils accomplissaient notre devoir, à notre place. Étions-nous tombés si bas, au point de regarder des étrangers se battre pour nous, alors que nous nous tournions les pouces ?! Non ! Le peu d'honneur qu'il me restait ne pouvait l'accepter !


_____________________

Cassis

Le nombre de Carmache avait de quoi donner le vertige, et il en venait continuellement de nouveaux – sûrement des Carmache chargés de garder le village qui avaient été alertés. Et bien soit, qu'ils viennent ; moi et ma mâchoire les attendions de pieds ferme !

J'allais partir à l'assaut lorsque soudain, un Carmache vola au dessus de moi, et s'écrasa durement au sol. Surprise, je tournai la tête à la recherche d'une explication. Je la trouvai facilement.

Un Capidextre borgne se tenait fièrement devant les dragons. La chaîne brisée à sa patte témoignait qu'il avait brisé son boulet. Je peinai à le reconnaître. Je l'avais pourtant déjà vu, hier soir, dans le cachot. Un Capidextre borgne et blessé, qui se lamentait dans un coin. Mais là, il était tout autre, comme auréolé de lumière.

— Peuple de Herz ! tonna t-il puissamment. Ouvrez vos cœurs ! Souvenez-vous de vos origines ! Regardez ce que nous sommes devenus ! Des esclaves à la solde d'un tyran ! Et pire que cela, nous l'acceptons ! Ces deux étrangers ont raison, nous sommes des lâches ! Je vous pose la question, mes frères, acceptons-nous vraiment d'être des lâches ? De quoi avons-nous peur ? Encore une fois, regardez ce que nous sommes devenus ! Pouvons-nous tomber plus bas ? Non ! Même la mort serait une libération par rapport à ce que nous subissons ! Je vous le demande solennellement, mes frères : battons-nous ! Affrontons la fatalité ! Peut-être que nous mourrons, mais au moins, nous mourrons dignes !

Un long moment de flottement suivit. Chacun restait interdit, choqué. Et puis, un cri énorme, le cri d'un peuple. Les villageois abandonnèrent les champs. Ceux qui le pouvaient brisèrent leur chaîne et aidaient ceux qui ne le pouvaient pas à faire de même. Tous se réunirent derrière le Capidextre comme un seul Pokémon.

Encore une fois, je restai soufflée. Mon jugement était faux depuis le début, pas uniquement pour Brazoro, mais aussi pour tout ce village. J'avais honte de l'admettre, mais j'avais été tellement sûre de ma propre force que je n'avais pas su la voir chez les autres. Pas que la force brute, mais les différentes formes de force. Ce village avait décidément beaucoup à m'apprendre.

Subitement, le Capidextre donna un signal, et la marée villageoise se mouva grandiosement vers les envahisseurs. Le soulèvement commença.