Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak

Tranchodon



Etape un : mettre le feu à la forêt pour les piéger.
Etape deux : les encercler totalement, que ce soit sur terre ou dans les airs.
Etape trois : les écraser joyeusement.

Les plans les plus simples étaient toujours les meilleurs. Le Général Légionair, en grand stratège qu'il était, ne m'aurait sûrement pas approuvé, mais en l'occurrence, nul besoin de stratégie trop savante. Mon armée était immensément supérieure aux Paxen. Ils pouvaient bien avoir quelque Pokemon dangereux dans leurs rangs, il me suffisait de les acculer sous le nombre. Comme leur base était sur le dos d'un Pokemon, ce serait d'autant plus facile de la détruire, surtout qu'il s'agissait d'une cité antique sans aucun système de défense digne de ce nom.

Tuer Jartobylon ne serait pas bien compliqué, tant ce Pokemon était lent et énorme. Bien sûr, il devait être un sac de PV et de défense en tout genre, mais face à des milliers de Pokemon qui allaient l'entourer, il serait impuissant. Une fois le Pokemon Merveilleux à terre, tout le reste allait s'effondrer rapidement. Je n'aurai peut-être même pas besoin de me servir de la Gemme Noire. Ceci dit, je restais quand même sur mes gardes. Le stratège ennemi était sans doute Anthroxin. Ce serait une erreur de prendre ce Pokemon à la légère, lui qui avait été une Etoile Impériale et le plus grand chercheur de tout l'Empire ! Et puis, il y avait aussi le traitre Cernerable. Un autre Pokemon à ne pas sous-estimer, qui avait été le professeur du Général Légionair lui-même. Deux renégats que je me ferai une joie de châtier moi-même.

- Mon colonel, me dit mon nouveau second, le major Tarpaud. Nos troupes au sol progressent et seront bientôt en vue de leur base. Doit-on lancer l'assaut aérien ?

Je soupirai mentalement. Ce nouveau second était particulièrement lent d'esprit. Le commandant Pandarbare, bien que moins gradé que Tarpaud, n'aurait pas eu à poser cette question. Mais Pandarbare avait mystérieusement disparu, et était soupçonné de désertion. Probablement qu'il n'avait pas dû supporter les révélations de l'hologramme de Xanthos. Dommage. Il avait été un bon officier, et maintenant, pour éviter qu'il ne parle de ce qu'il avait vu, sa tête avait été mise à prix.

- L'assaut aérien doit être lancé en même temps que l'assaut terrestre, répondis-je. Nos Pokemon volants avec les plus grosses défenses devant, les skippers à l'arrière. Au sol, je veux une garde avancée pour chacun de nos Pokemon Glace.

- Euh... nos Pokemon Glace, mon colonel ? Répéta le Tarpaud, perplexe.

Je me retins de lever les yeux au ciel. Les sous-officiers des cohortes du Général étaient-ils si incompétents que ça, ou c'étaient mes Pokemon qui étaient plus intelligents que la moyenne ?

- Oui, nos Pokemon Glace, sinistre idiot ! Jartobylon est de type Sol et Plante. Il craint doublement la glace.

- Comme c'est intelligent, mon colonel ! Les Paxen n'y verront que du feu !

- Imbécile. Ils auront sans doute déjà placé la plupart de leurs Pokemon Acier, Roche, Combat et Feu en prévision. C'est pour cela que je veux des escortes solides sur chacun de nos Pokemon Glace.

- Je vois, acquiesça le major Tarpaud. Très ingénieux.

- Faites avancer notre skipper, ordonnai-je. Il attaquera en même temps que les autres.

Le major me regarda comme si j'étais dingue.

- Mais euh... mon colonel, nous sommes à l'intérieur...

- Et alors ?

- Eh bien, si jamais notre skipper venait à être détruit... Je pense que nos morts auraient des conséquences néfastes sur cette bataille.

Pas la tienne en tout cas, pensais-je. En plus d'être incompétent, ce major était un couard. Plus que jamais, je regrettai Pandarbare.

- Même si le skipper est détruit, je survivrai, dis-je. Ma peau et mes écailles me protégerons.

- Mais, et moi ?

Le dominant de toute ma taille, je lui servis un rictus effrayant.

- Vous voulez peut-être mourir tout de suite, major ?

- N-non, mon colonel. À v-vos ordres, mon colonel !

Et nous nous lançâmes dans la bataille avec les autres skippers. Même si je ne faisais rien d'autre qu'observer la bataille au plus près, je répugnais à rester à l'arrière. Un bon commandant ne devait jamais rien demander à ses hommes qu'il ne fasse pas lui-même. Et puis... les batailles m'excitaient. La vue de tout ce sang, des explosions, des Pokemon qui se retrouvaient démembrés, la délicieuse odeur de la chair brûlée des humains, les cris, le bruit, l'adrénaline... Tout cela me rendait heureux. Au milieu de la mort, j'étais dans mon élément.


***


Ludmila



Le hurlement de Brouhabam, l'un de nos Pokemon Paxen, donna dans toute la cité le signal du début du siège. Immédiatement après, les canons commencèrent à chanter, les attaques à pleuvoir. Le ciel étoilé, rougi par la lueur des flammes de la forêt, se zébra de centaines de lueurs et de trainées multicolores, symboles des attaques de Pokemon qui se croisaient et s'entrecroisaient. Tout cela n'était pas sans une certaine beauté. Mon père m'avait dit une fois qu'une bataille peut être assimilée à de l'art. Penombrice et moi, nous étions au centre de commandement du premier niveau, avec plusieurs autres officiers Paxen. Anthroxin était à la tête d'une dizaine de Pokemon très axés en informatiques, et surveillaient plusieurs écrans à la fois à l'aide de ses bras couverts de visages.

- Contact avec les premières lignes ennemies aux pieds avant, dit d'une voix artificielle et monocorde Porygon-Z, notre chef analyste. Mise en place des Protection et Mur Lumière tout autour.

- Jartobylon a-t-il un attroupement ennemi en vue ? Demanda Anthroxin.

Porygon-Z posa la question à l'un de ses nombreux Pokemon psy messagers postés à différents points de Jartobylon via ondes mentales. Il entendit la réponse, puis hocha la tête.

- Affirmatif.

- Alors, paré à son attaque Ecosphère.

Porygon-Z transmit l'ordre, et une minute plus tard, l'énorme Jartobylon cracha de sa gueule une sphère verte d'énergie de la taille d'une maison. L'explosion d'énergie végétale qui en résultat fut d'une portée satisfaisante, et dut annihiler une centaine de Pokemon ennemis d'un coup. En cela, la tête de Jartobylon était notre plus puissant canon. Le problème était toujours le même : il fallait un moment à Jartobylon pour attaquer une nouvelle fois, et pourtant, Ecosphère était son attaque la plus rapide.

En tant que Pokemon Sol et Plante, Jartobylon pouvait se servir d'une large gamme d'attaques. Mais les attaques Sol étaient à éviter car elles impacteraient autant nos troupes que ceux de l'Empire. En dernier recours, Jartobylon avait aussi son attaque Vege-Attack, la plus puissante du type Plante. Avec la dimension de Jartobylon, cette attaque avait de quoi provoquer des ravages considérables. Mais si elle était lancée, Jartobylon ne pourrait rien faire après, tant elle lui demanderait de puissance.

- Bataille aérienne lancée, dit Porygon-Z. Cent skippers ont été déployés au dessus de la base.

En effet, on commençait déjà à sentir le choc de leurs canons sur les attaques Protections qui entouraient la cité. Mais nos propres troupes aériennes n'avaient pas encore décollé.

- Qu'attendent nos Pokemon ? Demandai-je à Anthroxin. Pourquoi ils n'ont pas bougé ?

- Patience, jeune Ludmila.

Je retins une réplique acerbe. C'était avec ce genre de phrase qu'Anthroxin s'adressait le plus souvent à moi.

- Nos Pokemon au sommet de la base sont-ils prêts ? Demanda Anthroxin à Porygon-Z.

- Prêts et parés, monsieur.

- Alors au travail.

- Lancement des attaques Gravité dans trois, deux, un...

D'un coup, les skippers ennemis au dessus de nous tanguèrent dangereusement, le nez en avant, comme s'ils étaient attirés par une force quelconque vers le sol. Il en fut de même pour les Pokemon impériaux qui escortaient les vaisseaux, sauf que eux tombèrent d'un coup. Sur un autre écran, je voyais au dernier niveau de la cité plusieurs Pokemon, principalement de type Psy, qui restaient immobiles, concentrés par une attaque Gravité multiple.

- Très ingénieux, commenta Penombrice. L'attaque Gravité annule le type Vol ou le talent lévitation de l'adversaire, et apparemment, ça marche contre les skippers.

- Nos Pokemon ne sont pas assez nombreux pour pouvoir les crasher au sol, expliqua Anthroxin, mais assez pour les immobiliser un moment et les forcer à concentrer tous leurs réacteurs pour ne pas tomber. Leur bouclier seront à puissance minimale, et nous pouvons en profiter pour utiliser les canons. Leurs Pokemon, en revanche, subissent l'attaque de plein fouet, et sont en train de tomber sur nous. Nous en éliminerons le plus possible, et ensuite seulement, nous enverrons nos forces aériennes.

C'était en effet un bon plan. Et ça m'énervait, car les bons plans étaient trop souvent l'apanage d'Anthroxin. Mais en même temps, c'était de la triche : ce fichu avait Pokemon avait trois cerveaux au lieu d'un seul.

- Jartobylon est prêt pour un second tir, nous renseigna Porygon-Z.

- Qu'il vise un skipper, ordonna Anthroxin. Avec leur bouclier au minimum, ils ne résisteront pas à une de ses Ecosphère.

Et en effet, la sphère d'énergie verte tirée vers le ciel fit exploser quatre vaisseaux ennemis en plus d'en faire se crasher deux autres. Ce n'est que cinq minutes plus tard, après que nos canons s'en soient donnés à cœur joie, que notre unité aérienne d'une centaine de Pokemon Vol se lança à l'assaut, tous pourtant des uniformes impériales afin de provoquer la confusion chez l'ennemi. Encore une idée d'Anthroxin... Je remarquai sur un écran que Cielali faisait partie du nombre. Je ne m'attendais pas à ce que cette petite princesse décide de se battre en première ligne. Elle n'était pas aussi douillette que je l'avais imaginé.

- Nos troupes de la patte avant droite commence à être submergée, intervint un officier Paxen humain du nom de Kakroun.

Il désigna un écran où on voyait clairement les défenseurs Paxen perdre inlassablement du terrain sur les forces impériales. Anthroxin, occupé à visionner le déroulement de la bataille aérienne, tendit son bras gauche pour voir cet écran situé plus loin. Moi, je remarquai que les Pokemon Acier, Roche et Feu placés là par Anthroxin prenaient tout leur sens face à plusieurs Pokemon Glace que Tranchodon avait envoyé pour neutraliser Jartobylon le plus rapidement possible. Ça commençait à m'énerver vraiment, qu'Anthroxin ait raison sur chaque points. Et je ne pouvais même pas espérer qu'il se trompe, car ça reviendrait à une catastrophe pour nous.

- Qu'ils se téléportent à la patte avant gauche, ordonna notre stratège en chef. Que Jartobylon se prépare à lever sa patte.

Dès que nos troupes de la patte avant droite se furent toutes téléportées grâce aux Pokemon pouvant user de Téléport dans le groupe, la patte en question retomba d'un coup contre le sol, écrasant plusieurs Pokemon impériaux et provoquant un tel séisme qu'il ne resta auteur que peu de Pokemon debout. Immédiatement après, les troupes Paxen se retéléportèrent, et purent regagner du terrain sur les impériaux sonnés. Anthroxin répéta le même stratagème avec toutes ses autres pattes. Même si malgré moi j'étais impressionnée, j'en avais assez de rester là à contempler les succès d'Anthroxin. Officiellement, j'étais un officier, mais rester dans la salle de commandement à donner des ordres tandis que d'autres se battaient, ce n'était pas mon truc. Et j'avais hâte de tester mon Chendesgen en situation réelle.

- Bon, dis-moi où me rendre, Anthroxin, intervins-je. Mon Escouade Zéro est prête.

- C'est trop tôt pour les renforts, Ludmila. L'Escouade Zéro est censée protéger les points sensibles de la cité en cas d'invasion.

- T'as vu les forces qu'on doit affronter dehors ? Plus vite on participera au combat, mieux ce sera ! Astrun et Cernerable sont déjà au front eux !

En effet, on voyait sur l'un des écrans, sur le front est, Astrun qui chevauchait Cernerable au milieu de la bataille. Voir deux des leaders Paxen devant eux aurait du pousser les impériaux à redoubler d'efforts pour les éliminer, mais c'était en fait le contraire. Cernerable avait un talent spécial unique, Intimidation Aggravée. Contrairement à la simple Intimidation qui réduisait l'attaque de l'adversaire, Intimidation Aggravée effrayait tous les ennemis qui tentaient de s'en prendre à lui. Cernerable possédait en effet une aura telle que peu de Pokemon pouvaient lui tenir tête.

- Nous avions besoin dès le début de l'Intimidation Aggravée de Cernerable, expliqua Anthroxin, et leur présence donne du courage à nos soldats. Si tu sors avec l'Escouade Zéro, nous serons vulnérables si les impériaux attaquent ici.

- Allons, tu es là toi. Le pauvre troufion impérial qui serait capable de te vaincre n'est pas encore né, et je cherche pas à te flatter.

C'était vrai ça aussi. En plus d'être un brillant stratège, Anthroxin était terrifiant au combat. Normal après tout ; c'était une ancienne Etoile Impériale. Mais s'il se battait rarement, c'est qu'il y avait une raison : il ne pouvait pas se battre et mener le bon déroulement d'une bataille en même temps, même avec trois têtes.

- Je ne sors pas de la base, lui concédai-je. Donne-moi juste un point chaud à défendre, dans lequel les ennemis ne vont pas tarder.

- Très bien, acquiesça finalement Anthroxin. Au troisième niveau alors, notre centre de fabrication des Desgen. La bataille est promise à durer longtemps, et on aura besoin de ravitaillement de là-bas. Les impériaux ont des Pokemon poison capables de repérer le Desgen. Ça ne m'étonnerai pas qu'ils attaquent ici.

- Va pour le troisième niveau. Mais si ça chauffe trop dehors, je file.

- Prends garde à ne pas mourir. Ce serait dommageable pour...

- Oui oui, je sais, le coupai-je, agacée. Lignée Chen, moral des troupes, image des Paxen, tout ça. Si jamais je crève, n'hésite pas à m'engueuler après.

Je sortis de la salle, Penombrice sur mes talons. À l'entrée, mon escouade personnelle m'attendait. L'Escouade Zéro était la seule chose qui m'appartenait chez les Paxen ; un privilège que m'offrait mon nom. C'était une unité spéciale composée de douze Paxen : six humains et leurs partenaires Pokemon. Ils étaient surentraînés pour le combat, et leur unique mission était d'obéir et de protéger le Chen en activité. L'escouade avait été formé par mon arrière-grand père, Tancrid Chen. Reconnaissable à leur manteau immaculé, ils formaient l'élite des Paxen, et y entrer était un grand honneur.

C'était toujours au Chen qui la dirigeait de choisir les nouveaux membres. L'ayant hérité de mon père, je n'avais fait que remplacer ceux qui étaient tombés au combat. Il restait deux humains et trois Pokemon qui avaient servi sous mon père. Les autres, c'était moi qui les avait choisis, et qui les avait entrainés. Ils m'étaient tous totalement dévoués, et pour moi, ils étaient mes plus proches frères d'armes. Avec Penombrice et moi-même, nous formions, à quatorze, l'unité la plus puissante de toute la rébellion. Dès que je fus là, ils se mirent au garde à vous.

- On y va, leur dis-je. On défend le centre des Desgen. Pour le moment.

- Bien, commandante Chen ! Dirent-ils tous à l'unisson.

Anthroxin craignait que je meures ? Comme s'il pouvait m'arriver quelque chose quand j'étais entourée de mon escouade...


***


Kerel



Je ne connaissais pas bien cet Anthroxin qui avait conçu le plan de défense des pattes de Jartobylon, mais c'était sans aucun doute un génie. Il avait mis dans chacun des quatre groupes deux Pokemon maîtrisant l'attaque Téléport. Un seul pouvait téléporter le groupe entier ; l'autre servait dans le cas où le premier était tué. Les quatre groupes alternaient les téléportations d'une patte à l'autre, juste au moment où Jartobylon abattait son pied sur le sol pour écraser les impériaux. Avec ce système, il n'y avait que les Pokemon de l'Empire qui dégustaient les coups de pieds de Jartobylon, tandis que sur les autres fronts, les assaillants étaient tout à coup déstabilisés par l'arrivée soudaine d'un groupe de Paxen. De plus, l'Empire ne pouvait pas reproduire cette stratégie, car un Pokemon maîtrisait Téléport ne pouvait se téléporter que vers un endroit qu'il connaissait. Or, les impériaux ne connaissaient rien des alentours, contrairement aux Paxen.

Armé d'un bâton Desgen, ma mission était de repousser tous les impériaux qui s'approcheraient trop près de la patte arrière gauche de Jartobylon. Le commandant de mon groupe, un vieux Scarhino bourru, nous avait recommandé d'attaquer en priorité les Pokemon Glace, car c'était là le point faible de Jartobylon. Malgré la ruse des téléports, nous étions en sous-effectifs évident face à l'afflux d'impériaux. Je n'avais pas un moment de répit. Il fallait toujours bouger, esquiver les attaques, et attaquer. De ce que j'en savais, j'avais dû tuer à moi seul deux ou trois Pokemon, et en avoir blessé une dizaine. Beaucoup de Paxen autour de moi étaient déjà tombés. Un avait été découpé en deux par une attaque Coupe-Vent qui était passée tout près de ma tête. Je n'avais jamais pris part à une bataille de ce type, et il ne me fallu pas longtemps pour arriver à cette conclusion : la guerre était une horreur. Mais je continuais à me battre, en sachant qu'en haut, Cielali faisait de même.

- Ahhhh, au secours ! Oh mon dieu, aidez-moi ! Je ne veux pas mourir ! J'ai trop d'argent pour ça !

Ça, c'était Cresuptil qui s'égosillait non loin de moi, accroupi par terre, la tête sous ses bras tout fins. Les Paxen n'avaient que sept Pokemon maîtrisant l'attaque Téléport. Une jambe de Jartobylon n'aurait donc eu qu'un seul Pokemon capable de se téléporter, ce qui était risqué. Ayant appris de Ludmila que Cresuptil connaissait Téléport, les Paxen lui avaient proposé de prendre part à la bataille en échange d'une importante somme d'argent. Tout lâche qu'il était, Cresuptil était incapable de résister à l'attrait des jails, même si en ce moment, il devait le regretter. Je m'efforçais de le protéger autant que possible. D'une part, parce qu'il était important pour la bataille, mais aussi parce qu'il était l'un des liens vivants avec mon passé. Je ne l'appréciais pas plus que ça, mais je l'avais toujours connu comme maire de Ferduval, et aussi étrange que cela puisse paraître, j'étais content qu'il soit avec nous. Il avait fait partie de notre groupe avec Sol. Il était un de nos compagnons.

- Attaques Glace sur la droite ! Hurla quelqu'un.

En effet, plusieurs rayons de glace avaient été tiré du coté impérial, et fondaient droit sur la jambe de Jartobylon. Plusieurs Pokemon Paxen attaquèrent pour les contrer, certains faisant même bouclier de leurs corps. Moi, je repérai l'auteur des tirs le plus proche. C'était un Kaorine qui enchaînait les attaques spéciales avec ses multiples yeux. Me baissant, je fonçai vers lui. Il me vit, et m'attaqua avec Pouvoir Antique, qui fit léviter des rochers dans ma direction. Ma vitesse et mes réflexes de combattant d'arène ne me firent pas défaut, et je parvins à tous les éviter. Quand je fus à portée, je tendis mon bâton Desgen. Le Kaorine était fichu. Il ne pourrait pas l'éviter, il le savait. Alors, il fit la seule chose qui lui restait, à laquelle je ne m'attendais pas. Il utilisa son attaque Explosion.

Je parvins à me tourner au dernier moment et à m'éloigner de trois pas avant l'explosion, mais je n'échappa pas à l'onde de choc et à la brûlure dans mon dos. J'atterrit ventre en avant dans la terre boueuse, en plein milieu de la mêlée. Pas le temps de souffler. Qu'importe mes blessures ; si je baissais ma garde une seconde, j'étais mort. Je roulai à temps pour éviter l'énorme pince d'un Kraboss et lui arracha une de ses pattes avec mon bâton Desgen. Le Pokemon Eau couina et se convulsa, mais tenta quand même de m'embrocher avec ses autres pattes, avant de se faire éliminer par un Insécateur Paxen qui lui enfonça sa lame dans l'un de ses trous oculaires.

- Préparez-vous pour la téléportation ! Nous hurla le commandant Scarhino.

Le changement de zone pendant quelque secondes nous permettait de souffler et de reprendre temporairement le dessus sur nos ennemis après le choc du pied de Jartobylon. Mais nous étions débordés de plus en plus rapidement, et de fait, les téléportations s'effectuaient plus vite. Nous n'allons pas tenir ce rythme bien longtemps. Nous avions beau être plus efficaces que les impériaux, le nombre jouait contre nous. Quand un Paxen mourrait, il n'était pas remplacé. En revanche, quand un impérial tombait, dix prenaient sa place.

Je me disais qu'Anthroxin était bien conscient de ça, et qu'il avait d'autres plans en réserve. Il valait mieux pour nous, sinon, la bataille était déjà perdue avant même que nous la commencions. Sacrifier ma vie, j'en étais capable, mais la sacrifier pour rien, ce n'était pas terrible, même pour le pauvre humain insignifiant que j'étais. Mais le souvenir de Sol m'interdisait de cesser de combattre. L'émotion et l'adrénaline me tenaillaient, et je redoublai d'effort quand nous nous retéléportions à la patte arrière gauche. Concentré comme je l'étais dans le combat, je ne remarquai pas que le bout de mes doigts avaient pris une étrange teinte verte fluo, pas plus que je ne remarquai ma soudaine et inexpliquée poussée de force.