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Les chasseurs de l'ombre de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 01/11/2015 à 09:32
» Dernière mise à jour le 26/03/2019 à 23:10

» Mots-clés :   Action   Drame   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 3 : L'assassin
Lilura suivait l'homme à distance depuis un certain temps, trop impressionnée pour s'approcher davantage, mais trop apeurée par l'idée de rester seule pour ne pas le suivre. Lilura avait toujours été doué pour chasser, aussi elle savait suivre une proie sans faire de bruit. Mais c'est homme n'était pas un homme ordinaire. Il s'arrêta et se retourna, alors que Lilura était sûre de n'avoir fait aucun bruit. Elle fila derrière un arbre.

- Tu penses que je t'entends pas, gamine ? Lança-t-il. Arrête de me courser, ou tu vas passer un sale quart d'heure.

L'homme se détourna et s'en alla. Lilura lui laissa une petite longueur d'avance, puis continua à le suivre. Cet homme lui donnait l'impression de pouvoir la semer quand il voulait, mais il n'essaya pas, comme si elle n'existait même plus, comme si elle n'était rien pour lui… ce qui était sûrement le cas. La nuit tombée, il s'arrêta dans un bois, sans feu, se contentant de s'asseoir pour manger une conserve. L'estomac de Lilura gronda, même si elle ne sentait rien de là où elle se trouvait. Elle aurait bien aimé se rendre auprès de lui pour mendier quelque chose, mais même si elle n'arrivait pas à laisser cet individu s'en aller sans elle, il l'effrayait. Aussi passa-t-elle une nouvelle nuit le ventre vide.

Le matin, après son départ, elle continua de le suivre à distance. Lilura se demanda vaguement quel était son but. Pistait-il les Rockets en pleine nature ? N'étaient-ils pas plutôt réfugiés dans une ville ou une base ? En tout cas, pour avoir passé des mois dans la forêt, Lilura pouvait clairement sentir l'instinct de chasseur qui se dégageait de cet homme. Parfois, comme pour jouer avec elle, il la semait puis réapparaissait un peu après derrière son dos, sans qu'elle n'ait pu comprendre comment ni même l'entendre. Certaines fois, il lui lançait des morceaux de nourritures comme s'il aurait nourri un chien.

Il ne voulait pas d'elle, mais ne la chassait pas non plus. Lilura savait que s'il voulait la semer, il aurait facilement pu. La jeune fille ne se posait plus de question de toute façon. Elle suivait cet homme parce qu'il l'avait sauvée et qu'il la nourrissait, comme un animal. Mais alors que la nuit tombait, Lilura le perdit de vue. Un instant, il était là, et une seconde plus tard, il n'y était plus. Mais cette fois, il ne réapparut pas derrière elle pour la surprendre. Elle regarda autour d'elle, elle le chercha, désespérée. Elle se mit à pleurer bruyamment. Longtemps. Des heures. Puis d'un coup, une main se plaqua sur sa bouche, et elle sentit le bout d'un canon froid contre sa nuque. Elle se figea, terrorisée. La voix de l'homme lui murmura à l'oreille :

- Voilà ce que je suis gamine. Un tueur, un assassin. Tu sais ce que c'est, n'est-ce pas ? Va crever où tu veux, mais cesse de me suivre. Si je te revois, je te jure que je te brise le cou sans même que tu t'en rendes compte !

Cette fois, Lilura eu trop peur pour le suivre. Elle resta là, dans la nuit sombre, à se lamenter. Puis c'est alors qu'elle entendit des coups de feu et des cris un peu plus loin. Poussée par la curiosité, elle courut vers le bruit. Il y avait un bâtiment devant. Un petit immeuble entouré de barbelés, et certi d'un R rouge. L'assassin se battait. Il était entouré de Rockets, au moins une dizaine, qui étaient tous armés et dont certain avaient des Pokemon, alors que lui ne tenait rien. Et pourtant, c'était lui qui menait la danse. Il bougeait à une telle vitesse que ni les Rockets ni les Pokemon ne pouvaient le suivre. Il tuait en se servant uniquement de son doigt, qu'il enfonçait dans le cœur de ses victimes.

Lilura était ébahie. Il était si fort, si rapide ! Ce n'était pas normal, non, pas normal. Puis elle comprit alors pourquoi il lui avait demandé de partir maintenant. Parce qu'il avait trouvé les Rockets, et qu'il ne voulait pas qu'elle soit blessée. Oui, c'était pour ça, forcément ! Il n'allait pas la tuer, au contraire, il voulait qu'elle vive ! Ravie de cette certitude, Lilura courut vers lui. Elle sortit son couteau. Elle voulait l'aider. Mais alors qu'elle s'approchait, elle vit quelque chose qui n'allait pas. Il y avait un Rocket caché près d'elle. Il tenait un long fusil avec un gros viseur, qu'il pointait vers l'assassin. Lilura hurla. Son cri alerta l'assassin, qui se retourna rapidement, et s'écarta in extrémis de la ligne de tir du Rocket. La balle passa de trèsprès, mais le rata. Le Rocket au sniper jura et se tourna vers Lilura.

- Sale gosse !

Il pointa son fusil vers elle. Lilura ne put faire un geste. Il tira, mais un couteau envoyé par l'assassin l'atteignit aux bras juste avant, et la balle fut déviée. Lilura la reçut tout de même, à l'épaule gauche. Elle tomba au sol en poussant un cri de douleur. L'assassin, qui en avait fini de son coté, fut sur l'agresseur de Lilura en quelques demi-seconde. Il lui prit son fusil, dont il fit un scoubidou avec ses seules mains, puis se pencha vers le Rocket effrayé.

- Tu voilais rejoindre Giratina en ayant au moins tué quelqu'un, même une gamine ? T'en es même pas digne, vermine.

Il reprit son poignard du bras du Rocket. Mais avant qu'il n'ait pu l'achever, Lilura se précipita, armée de son propre couteau. Puis elle frappa le Rocket. Une fois. Deux fois. Puis elle ne les compta plus. Elle le martela de coup au torse, au cou, aux bras, aux jambes, sans prendre compte des cris du Rocket ni du sang qui giclait sur elle. Elle était comme possédée, et se mit à crier elle aussi. Quand elle se calma enfin, le Rocket était mort depuis longtemps, et Lilura observa son œuvre, presque stupéfaite d'avoir commis pareil carnage. L'assassin aussi l'observait, d'un air calculateur. Cette gamine l'avait sauvé, pas de doute possible. Il n'avait pas remarqué le sniper. Sans son cri, il serait mort. Et puis cette hargne, cette colère... Elle savait se servir d'un couteau, elle savait pister quelqu'un, et elle se fichait de la douleur. Intéressant... L'assassin lui tendit la main.

- Viens avec moi.

La fillette la prit avec un grand sourire.


***


L'assassin l'amena avec lui jusqu'à Mauville, où il retira la prime pour le meurtre des Rockets. Puis il loua une voiture noire au préfet local, et amena Lilura jusqu'à Doublonville, la capitale de Johto. Lilura fut ébahie par tant d'immeubles à la ronde, par tant de gens. L'assassin lui paya des vêtements propres, et un copieux repas dans un restaurant. Il la reprit sévèrement quand Lilura commença à manger avec les mains, habituée depuis à la vie dans la forêt. Elle dut réapprendre à se servir de couverts.

L'assassin ne parla pas beaucoup, mais Lilura put obtenir son nom. Il s'appelait Dazen. Lilura se fichait pourquoi il l'avait amené ici, ni quels étaient ses projets, du moment qu'elle pouvait rester avec lui. Enfin, tandis qu'elle mangeait, il lui demanda de lui parler d'elle, de comment elle avait atterri dans ce village désolé et où étaient ses parents. Lilura n'avait plus parlé depuis longtemps, et ce fut difficile de recommencer. Mais au fur et à mesure de son récit, elle retrouva son babillage enfantin, et ne s'arrêta pas. Elle lui parla de sa vie d'avant, de ses parents, de ses amis, du meurtre qu'elle avait commis malgré elle, de sa fuite et de sa vie dans la forêt.

- Je peux te ramener chez tes parents, si tu veux, proposa enfin Dazen.

Mais Lilura secoua la tête.

- Non. Ils m'ont abandonné. Ils ne sont pas venus me chercher. Et moi, j'ai tué quelqu'un. Les policiers vont me rechercher. Je veux rester avec toi !

Dazen l'observa attentivement.

- Si tu restes, je vais t'amener dans ma cache, à Kanto. Ceux qui y sont entrés ne sont que deux types de gens : des cibles, ou des assassins. Si tu y rentres, tu ne pourras pas en ressortir tant que tu ne seras pas devenu comme moi. Je peux te former. Tu es forte.

Devenir un assassin ? Ses parents lui avaient toujours dit que tuer était mal, mais elle l'avait déjà fait. Deux fois. C'était fini pour elle. Donc autant poursuivre dans cette voie, avec cet homme qui était son sauveur.

- Oui, amène-moi avec toi ! Je veux devenir comme toi !

- Ma formation est difficile, la prévint Dazen. Difficile et éprouvante, surtout pour une gamine de ton âge. Si tu échoues, tu meurs. Et même si tu réussis, la dernière épreuve peut t'être fatale. Tu es sûre ?

Mais Lilura n'en avait rien à faire des risques. Elle ne voulait plus quitter Dazen.

- Oui ! Je veux être avec toi !

- Soit. À partir de maintenant, tu devras m'appeler « chef », et me vouvoyer. C'est clair ?

Lilura hocha la tête, très sérieuse.

- Oui chef !

Puis ils prirent le train magnétique à grande vitesse qui reliait la capitale de Johto à Safrania, celle de Kanto. Lilura n'avait jamais pris le train. Elle ignorait même que de tels engins existaient. Et quand elle fut à Safrania, encore plus grande et stupéfiante que Doublonville, elle ne sut plus où donner de la tête. Il y avait tant de gens... Pour ne pas se perdre, elle resta collée à Dazen. Non, à son chef. Il l'amena dans une maison collé entre deux immeubles. L'intérieur était minable, même pour Lilura qui avait vécu dans la campagne et dans la pauvreté. Mais le chef ouvrit une trappe sur le plancher moisi, dévoilant un escalier qui descendait loin en dessous. Là, ce n'était plus du bois, mais du métal. Le chef atteint une porte, qu'il ouvrit à l'aide d'un clavier. Ils étaient donc dans la planque du chef. Une salle spacieuse, brillantes, avec pas mal d'ordinateurs et de machines que Lilura ne connaissait pas. Il y avait deux autres salles plus loin. Et, assis sur une chaise en train de pianoter sur un ordinateur, il y avait quelqu'un d'autre. Il se leva à leur arrivée.

- Ah, chef ! Je commençais à m'inquiéter... Tout ce temps pour quelques Rockets ?

- Y'a eu quelques complications, répondit le chef.

Le nouveau observa Lilura avec perplexité. C'était un garçon, un adolescent proche de l'âge adulte. Il avait les cheveux noirs ébouriffés, et portait le même costume que le maître.

- C'est qui, cette gamine ? Demanda-t-il.

- Une nouvelle recrue.

- À son âge ? Vous plaisantez ?!

Le ton de ce garçon, qui sous-entendait qu'elle était incapable, hérissa les poils de Lilura.

- Je suis forte, protesta-t-elle en répétant ce que le chef lui avait dit. J'ai déjà tué deux personnes !

Dazen ricana.

- C'est vrai, à ceci près que l'un était un gamin et l'autre un Rocket désarmé et blessé.

- Mais chef, insista l'adolescent. Vous n'avez jamais testé le traitement sur une fille. On ignore si ça peut marcher.

- Justement, ça sera l'occasion d'essayer. Et puis, elle n'en est pas encore là. Elle va vivre avec nous désormais. Fais-lui visiter et apprend-lui les règles.

Le garçon ne put que s'incliner tandis que Dazen partait. Lilura se sentait mal quand il était pas avec elle, et aurait bien aimé le suivre, mais elle devait obéir à ses ordres maintenant. Elle devait être forte. Le garçon aux cheveux noirs la regarda, désemparé, comme s'il ne savait pas trop quoi faire d'elle.

- Bon, eh bien... bienvenu à la Shaters, fit-il finalement.

- La Shaters ? Répéta la petite fille sans comprendre.

- C'est le nom de notre organisation. Son nom comprend le « Sha » de Shadow et le « ters » de Hunters, ce que nous sommes. Du moins, ce que le chef est. Moi, je ne suis encore qu'un apprenti, pas un vrai Shadow Hunter. Oh fait, je m'appelle Trefens. Et toi ?

- Lilura...

- T'as du faire une sacré impression au chef. Depuis que je suis ici, je ne l'ai jamais vu ramené personne.

- Il n'y a que vous deux dans la Shaters ? S'étonna Lilura.

- Oui. Il n'y a toujours eu que deux personnes, même avant moi. Autrefois, le chef bossait avec quelqu'un d'autre. Il s'appelait Acutus, et c'est lui qui m'a trouvé et amené ici pour y être formé. J'avais douze ans, et j'étais un gamin des rues, à faire du pickpocket. Sauf que je l'ai fait sur la mauvaise personne. J'ai cru qu'Acutus allait me tuer, mais il a jugé ma technique très bonne. En échange de service que je lui rendais, il me laissa en vie. Puis au fur et à mesure, j'ai intégré l'équipe.

- Qu'est-il arrivé à Acutus ?

Le visage de Trefens s'assombrit.

- Il y a eu une dispute entre le chef et lui. Ils se sont battus. Acutus a sacrément morflé, et même le chef a du rester au lit pendant une semaine après ça. Acutus est parti. J'ai choisi de rester avec le chef... Bon, je m'égare. Si tu dois nous rejoindre, tu dois avoir des questions. Vas-y. Que veux-tu savoir ?

- Qu'est-ce que fait la Shaters, exactement ?

Trefens sourit, comme s'il trouvait la question d'une touchante naïveté.

- Des meurtres. Et parfois, des enlèvements ou des vols, s'ils sont bien payés. Nous sommes des mercenaires assassins, Lilura. Nous tuons contre de l'argent. Au début, il parait que le chef et Acutus bossaient pour le gouvernement, mais quand ça s'est su, les Dignitaires leur ont fait débarrasser le plancher. Pas une très bonne pub que d'engager des assassins. Donc maintenant, nous travaillons pour tous ceux qui demandent nos services, quels qu'ils soient.

Trefens observa attentivement la réaction de sa nouvelle condisciple.

- Ça ne te dérange pas, de tuer pour de l'argent ?

Lilura parut indécise.

- Mes parents ont toujours dis que tuer n'était pas bien...

Trefens éclata de rire, surpris par cette sincérité d'enfant.

- Et ils ont sans doute raison. Tuer c'est mal. Mais je ne sais faire que ça. C'est la seule chose qu'on ne m'ait jamais enseigné. Sans ce boulot, je continuerai peut-être à voler les gens et à dormir près d'une poubelle le soir. Quand tu tueras quelqu'un, il faudra faire disparaître tous tes sentiments. Devenir toi-même une arme.

- J'ai suivi le chef parce que je n'avais plus que lui, dit Lilura. Je préfère tuer que retourner dans ma forêt où je vivais avant. Et au moins, il m'entraînera. Je deviendrai forte comme lui !

Trefens lui ébouriffa les cheveux.

- C'est pas demain la veille, gamine. Le chef est l'homme le plus fort du monde.

- Parle-moi de lui ! Je veux tout savoir sur le chef !

Trefens hésita.

- Il ne m'a pas parlé souvent de son passé, et il n'aime pas qu'on parle d'ailleurs... Je sais juste qu'avant de fonder la Shaters, Acutus et lui faisaient parties d'une certaine secte d'assassins, le Cercle Rouge.


***


Le Premier Fratex Yisho priait avec ferveur dans son bureau. En fait, Yisho passait la grande majorité de son temps à prier. Il priait son dieu, le puissant Orohydrus, dieu du meurtre et de ceux qui l'apportaient. Il le priait de lui donner la force de tuer encore plus, pour sa seule gloire et celle de ses Elus. Car tous ceux du Cercle Rouge étaient des Elus, les victorieux qu'Orohydrus avait désigné pour tuer en son nom et lui apporter le plus de sang possible. Les Elus tuaient les Perdants, les gens du commun, pour la gloire et la renaissance d'Orohydrus. Et Yisho, l'envoyé d'Orohydrus sur Terre, était le chef du Cercle Rouge. On tapa à sa porte. Yisho fronça les sourcils. L'interrompre dans sa prière n'était pas conseillé. Si c'était un apprenti, il le paierait de sa vie. Si c'était un prêtre ou un fratex, ça devait être important. C'était un prêtre, reconnaissable à sa longue robe rouge sang et au symbole d'Orohydrus dessus : celui d'un être reptilien à huit têtes.

- Premier Fratex. Pardonnez-moi de vous interrompre dans vos prières...

- Si c'est pour la gloire d'Orohydrus, il comprendra, fit Yisho en se levant. Parle.

- Un nouvel arrivant, Premier Fratex. Il veut se vouer à notre dieu. Nous avons besoins de vous pour le rituel.

Yisho hocha la tête. Les nouvelles recrues étaient assez rares hors enfants que le Cercle élevait lui-même. Yisho devait présider la renaissance en Elu de tout nouveau serviteur.

- Loué soit Orohydrus qui, dans sa bienveillance, attire sur la voie des Elus de pauvres Perdants, dit Yisho, cérémonieusement.

- Loué soit-il, acquiesça le prêtre.

Yisho n'ignorait rien des raisons qui poussaient les gens à vouer un culte à Orohydrus. Le Cercle Rouge était la plus puissante organisation d'assassin du monde, et nombreux étaient ceux qui voulaient louer leur service. Des gens venaient parfois les voir en les suppliant de tuer quelqu'un ou de sauver un autre. Mais le Cercle Rouge n'acceptait que les grosses sommes, des sommes que peu de gens pouvaient payer. Le seul autre moyen était de vendre son âme à Orohydrus en devenant un Elu, ce que bien peu de gens étaient prêts à faire.

Une fois qu'on rejoignait le Cercle Rouge, il n'y avait plus aucun retour en arrière. On était irrémédiablement transformé, son âme vouée à jamais à Orohydrus. Il n'y avait que les plus désespérés et les plus haineux qui acceptaient une telle offrande. L'homme d'aujourd'hui était sans doute dans l'une des deux situations. Mais Yisho se fichait de ce qu'il voulait. Et le Cercle n'allait rien faire pour lui. S'il servait bien Orohydrus, celui-ci le récompenserai sûrement en exhaussant son souhait.

Yisho se rendit dans la salle centrale du culte, là où se tenait, menaçante et splendide, la statue d'Orohydrus. Celle d'un Pokemon semblable à un serpent géant, portant des plaques d'armure, et ayant huit têtes. Le dieu du meurtre, celui qui tirait sa force du sang de ses victimes. Et le but du Cercle Rouge était de lui en fournir en quantité. L'on disait que lorsque le sang des morts aura entièrement recouvert la statue dans l'immense piscine dans laquelle elle se trouvait, Orohydrus reviendrait parmi les vivants. Actuellement, la piscine était à moitié remplie. Mais encore six ou sept années de plus, et le sang déborderait.

L'homme consentant au sacrifice de son âme était attaché à plusieurs chaînes au dessus de la piscine de sang, entièrement nu, face au regard des huit têtes d'Orohydrus. L'homme était encore jeune, et avait dans ses yeux une lueur désespérée et effrayée, mais aussi prête à tout, de celle des hommes qui n'ont plus rien à perdre. Tout autour de la piscine, les prêtres psalmodiaient des formules à la gloire de leur dieu. Le Premier Fratex s'avança jusqu'à l'homme.

- Toi qui te tiens devant Orohydrus, dis-moi, pourquoi es-tu là ?

La peur était bien présente dans la voix de l'homme, mais elle ne trembla pas.

- Je suis venu demander une faveur au Cercle Rouge. Une faveur à Orohydrus.

- Et qu'es-tu prêt à lui offrir en échange de cette faveur ?

- Tout. Mon corps. Mon âme. Tout ce qu'il veut.

Yisho hocha la tête, satisfait.

- Alors, que ton vœu soit exhaussé. Ainsi commence ta renaissance en tant qu'Elu. Loué soit Orohydrus.

Ce fut le signal. On fit descendre l'homme avec ses cordes métalliques, jusqu'à qu'il soit totalement immergé dans la piscine de sang. Les marmonnements des prêtres devinrent plus sonores, plus hystériques. Alors, les seize yeux d'Orohydrus s'illuminèrent d'une lueur sanguine, et la piscine de sang sembla s'enflammer. Le chant des prêtres devint de plus en plus sourd, et toute la grande salle sembla gémir. Yisho savait que le pouvoir d'Orohydrus était à l'œuvre. Le Pokemon, bien qu'emprisonné dans un sommeil éternel par ceux qui, effrayés par sa puissance, voulaient l'entraver, était toujours là, ou du moins, son esprit et sa volonté. Il était en train de transformer ce Perdant en Elu.

Quand on remonta les cordes, l'homme était changé. Il semblait avoir grandi. Ses muscles ressortaient bien plus qu'avant. C'était surtout son visage qui était différent. Plus aucune trace de peur dans ses yeux, mais une saine et froide assurance : celle de servir le seul vrai dieu et de se considérer comme un Elu. Et comme tous les assassins du Cercle qui avaient subit le rite d'Orohydrus, ses yeux avaient désormais la couleur du sang. Quand le nouvel Elu fut posé devant lui, Yisho le bénit.

- Quelque fut ton nom, il est à présent effacé. Il est mort en même temps que ton indigne passé de Perdant. Tu es à présent un Elu, un fier assassin du Cercle. Dis-moi... que vas-tu faire maintenant ?

L'homme répondit d'une voix morne et sans vie.

- Je vais accomplir les souhaits de notre dieu. Je vais tuer pour lui.

- Oui. Tu tueras en son nom, et tu lui ramèneras le sang de ces Perdants impurs qui ont été crée seulement pour mourir de la main des Elus. Aujourd'hui, tu vas prendre ton nom d'assassin du Cercle. Par la voix et la volonté d'Orohydrus, je te nomme Acheros, et tu seras le poignard de notre dieu.

- Loué soit Orohydrus.

La phrase fut reprise en cœur par tous les prêtres, et les yeux rouges d'Orohydrus semblèrent toujours les surveiller.